Tomber sur un os [Pv : Aburame Hako, Tadake Kyoshiro et Yuriko]

Certes le jeune homme était capable de rester discret lorsque la situation l'exigeait, comme tous les guerriers de l'ombre avaient appris à le faire, récoltant des informations pour établir une stratégie, mais le souci était de savoir quoi faire de ces informations. Il resta là à attendre, jusqu'à ce que quelques échanges parviennent à ses oreilles et, comme il s'en doutait, la présence du trio avait été repérée. Cela n'avait rien d'étonnant car les shinobis n'avaient pas essayé d'être discrets, la furtivité n'allant pas de paire avec l'objectif qui les amenait dans cette région mais, s'il put noter une information, au moins, ce fut un nom qui fut dévoilé. Saburo ? Était-ce l'homme que sa sœur et Hako-chan étaient parties interroger ? C'était une théorie comme une autre, mais qui ne l'aidait guère à définir un plan d'action.
Tout impatient qu'il était, il aurait pu en avoir assez d'attendre et repartir d'où il venait mais, pour le bien de la mission qu'il avait amené ici, le Tadake se fit violence et resta là, sous terre, un moment de plus. Tendant ses oreilles encore davantage, il se concentra sur sa perception pour se rendre compte que l'homme qu'il écoutait parler avait un chakra assez fort pour faire de lui un challenge intéressant, mais surtout une menace, sans oublier sa maîtrise de l'eau et d'autres domaines dont l'aveugle n'avait pas connaissance. Duel eau contre eau ? Cela ne lui était pas arrivé depuis Baransu et, au vu de la menace que représentait ce clan, Kyoshiro ne se faisait aucune illusion quant à la possibilité que cette situation se résolve pacifiquement.

En revanche ce qui retint davantage son attention et le força à rester fut l'information d'une volonté d'attaquer le camp que les shinobis venaient de quitter, afin d'en finir avec cette branche cadette. Fronçant les sourcils à cette idée, le jeune homme décida de rebrousser chemin en se focalisant sur cette menace future, sans trop savoir quand est-ce qu'elle allait avoir lieu. Mais de toute façon, qu'elle différence cela pouvait-il faire ? Cette rencontre allait finir en combat à n'en pas douter alors, quitte à le provoquer, autant le provoquer le plus loin possible du campement, non ?

En un rien de temps Kyoshiro s'écarta du camp et ressortir de terre, laissant ses sens l'avertir de la présence de Hako-chan et de sa sœur. Bien entendu il leur emboîta le pas et essaya de les rattraper, jusqu'à ce qu'elles arrivent à l'entrée du camp. Se drapant d'une expression aussi froide et concentrée qu'on attendait d'un guerrier tel que lui, le Tadake s'avança jusqu'à l'entrée et, montrant le trio d'un signe de tête, s'annonça d'un froid :

« Je suis avec elles. »

Si ce clan ne comptait que sur la force, alors cette première rencontre allait être intense. Se murant dans un silence en s'approchant de sa sœur, signalant sa propre présence par une simple main posée furtivement sur l'épaule de sa jumelle, le senseur releva la tête en attendant la suite des événements. Allait-il se charger de montrer de quoi les shinobis de Konoha étaient capables ? Peut-être bien, il était le leader de l'équipe après tout mais, si quelqu'un d'autre souhaitait intervenir, il n'était pas assez un tyran pour empêcher cela.

Il était un leader, pas un monarque.

Contrairement à certaines missions dont l'objectif était déjà flou, les shinobis de la feuille savaient très bien dans quoi ils s'embarquaient. Ils n'avaient simplement pas encore les détails, pour le moment, mais ils savaient que le but était de trouver une faction de pouvoir avec laquelle s'allier, dans ces contrées, pour étendre l'influence de Konoha un peu plus loin. Seulement voilà, là où cela se compliquait était que deux factions présentes pourraient faire des alliés potentiels, l'une étant simplement ouvertement plus agressive que l'autre. Qui privilégier, dans ce cas ? L'équilibre, ou le potentiel de danger envers quiconque s'aventurant dans ces contrées ? À dire vrai les deux se valaient, et c'était pour cela que le trio vint à la rencontre de la seconde faction, afin d'avoir toutes les cartes en main avant de prendre une décision.
Au moins il n'y avait pas de question à se poser, car le trio savait déjà que cela finirait par partir en eau de boudin, compte tenu de la façon dont cette façon leur avait été décrite. Kyoshiro ne fut donc pas surpris lorsque la nécessité d'un duel fut lancée, pour qu'ils prouvent leurs valeurs et, puisqu'il était le dernier arrivé sur place, il fit le choix de laisser cet honneur à sa sœur. Honneur ? Non, en vérité il savait qu'elle était plus forte que lui lorsqu'il s'agissait de corps à corps aussi, essayant de ne pas se laisser absorber par l'énergie de Hako-chan, l'aveugle ne fut pas surpris lorsque sa jumelle ne fit qu'une bouchée de son adversaire. En d'autres circonstances il aurait sourit ou même rit face à cette violence déculottée mais, aujourd'hui, il retint un sourire en voyant de quelle façon était traité le perdant.
Le village de la feuille voulait-il réellement ce genre de raclure comme alliés ? Ce n'étaient pas les valeurs que le trio souhaitait défendre mais, pour l'heure, c'était encore trop tôt pour prendre une décision qui pourrait couper court à leur mission. Ainsi, lorsque le chef de cette bande de joyeux psychopathes invita le trio à se grouiller, ce fut avec la même sécheresse dans la voix que Kyoshiro répondit :

« Cela tombe bien. Nous n'avons pas de temps à perdre, non plus.»

Plus longtemps il restait en territoire ennemi et plus grandes étaient les chances de se retrouver pris au piège, il ne voulait donc pas que cela dure plus que le strict nécessaire. Il emboîta donc le pas du leader de cette bande de tarés, jusqu'à un lieu plus discret et, une fois à l'abri des oreilles indiscrètes, Kyoshiro prit la décision d'aller à l'essentiel autant que possible.

« Comme ma sœur a pu vous le dire, nous sommes ici pour échanger et tisser des liens, au nom de Konoha. Je pense que vous pouvez voir l'intérêt d'une telle offre. »

Cet homme était peut-être sans cœur mais, pour gérer une bande de fous, il devait au moins avoir un brin d'intelligence. Voilà en tout cas ce que le jeune aveugle supposait, alors qu'il laissait quelques secondes s'écouler pour laisser le temps à son interlocuteur de comprendre la raison de leur présence ici. Une fois que cela fut fait, les sens toujours en alerte, Kyoshiro redressa la tête et en vint au point le plus important.

« Mais pour tisser ces liens, nous devons partir sur de bonnes bases. Cela commence par savoir ce que vous avez l'intention de faire de vos...cousins, si le terme est approprié. Rien ne peut se créer, si le chaos règne. »

Qu'allaient-ils faire de l'autre clan ? Kyoshiro n'était pas assez stupide pour penser que son interlocuteur allait lui avouer ses plans, comme cela, mais il fallait bien débuter la conversation quelque part, non ? Et la tension entre ces deux branches était le premier point à régler, d'une façon ou d'une autre, avant que les négociations ne puissent commencer.

Kyoshiro n'était pas chez lui, il arrivait en ce terrain inconnu comme un challenger et, fort de ce constat, il se devait de laisser la supériorité de Konoha derrière lui, car rares étaient les locaux très friands d'un nouveau colon hautain et imbu de sa personne. Certes le Tadake n'avait aucune once d'ego dans tout son corps, aussi n'aurait-il pas agir ainsi même s'il l'avait voulu, mais c'était un fait qu'il devait garder en tête alors qu'il faisant face au chef de cette troupe de joyeux sociopathes. Il devait manier ses mots avec précaution car il ne connaissait pas encore le potentiel du chef de famille, ici, il n'était donc pas absolument certain de remporter la prochaine bataille si celle-ci venait à à faire rage.
Certes il pouvait parfois être un peu trop direct et manquer de tact, bien qu'il ne pense pas que le tact soit nécessaire face à un interlocuteur aussi bougon, mais même s'il était chef d'équipe il comptait sur le soutien de sa sœur et Hako-chan pour rediriger la conversation si elle voyait qu'il ne la menait pas correctement. Après tout il n'était pas du genre à imposer une tyrannie au sein d'une équipe, les shinobis étaient plus efficaces quand ils agissaient de concert et d'une même volonté. C'était pour cette raison que l'aveugle laissa Hako-chan poser la question de la raison de cette opposition entre les sociopathes et leurs cousins volcanologues, admettant qu'il aurait pu commencer par cela pour poser la décor et avoir conscience de la situation dans laquelle il mettait les pieds.

Malheureusement la réaction du chef de faction, bien que maîtrisée, fut assez claire et, lorsqu'il s'avança vers Hako-chan, l'instinct protecteur du Tadake fut de se mettre devant elle, pour montrer qu'il n'était pas du genre à se laisser impressionner par la démarche puissante de son interlocuteur. Il pouvait jouer les gros durs, Kyoshiro en avait vu d'autres. Enfin pas vu à proprement parler mais....vous m'avez compris ! Kyoshiro resta donc de marbre jusqu'à ce que sa camarade ne se fasse traiter de microbe par l'homme en face d'eux et, en réponse à ces mots, Kyoshiro fronça les sourcils et s'avança d'un pas vers le chef, en lui sifflant froidement :

« Insultez-la encore et je vous fais bouffer vos dents. »

Certes il savait que ces Kaguyas respectaient la force et qu'il fallait savoir leur tenir tête, mais ce n'était même pas pour cela qu'il avait répondu de la sorte. Il ne supportait pas que l'on marche sur la figure des guerriers de l'ombre de Konoha et, si c'était le cas, il était prêt à protester pour faire entendre sa voix. Conscient néanmoins que la présence du lutin n'arrangerait pas les choses, il se tourna vers sa jeune camarade en lui demandant :

« Hako-chan, peux-tu aller rejoindre ma sœur ?  »

Qu'elle parte ou non, l'aveugle se concentra de nouveau vers son interlocuteur qui, de toute évidence, ne mâchait pas ses mots lorsqu'il s'agissait de donner son opinion sur ses cousins. Ce n'était pas la première fois qu'il voyait une telle animosité, ce genre de chose pouvait arriver mais, dans le cas présent, il se devait de s'y intéresser pour le bien de la mission qui amenait le trio ici.

« Vous êtes des combattants et vous avez votre fierté, je le conçois. Mais admettez que cette situation instable n'est profitable à personne. Ils ont des capacités différentes des vôtres, à n'en pas douter, mais ne restent pas t-ils vos parents ? Ne seriez-vous pas plus forts,plus stables, avec eux à vos côtés ? Vous avez partagé un passé commun, une histoire commune, jadis, non ? »

Il savait que ses paroles tomberaient dans l'oreille d'un sourd, cela crevait les yeux, mais ne pouvait-il tout de même pas essayer ? Il ne serait pas dit qu'il n'aurait pas essayé d'arranger les choses afin que le sang le coule pas davantage. Cependant, face à la froideur de l'homme qui lui faisait face, il se devait de clarifier la situation autant que possible, en ayant une réponse à la seule question qui l'importait.

« Aussi longtemps qu'ils seront en vie, aucun accord ne sera envisageable. Je me trompe ? »

Même encore aujourd’hui le jeune aveugle ne comprenait pas pourquoi on lui avait donné le leadership de cette mission à l’importance significative car, s’il se savait capable de manier les mots pour arriver à ses fins, le Tadake savait aussi que son manque de patience pouvait souvent lui être préjudiciable. Il était conscient que l’art de la diplomatie était fait d’échanges et de concessions, afin de parvenir à un accord qui conviendrait aux deux parties et, dans le cas présent, le marché le plus logique aurait été de s’accorder avec le groupe le plus puissant, à savoir la faction à laquelle il rendait visite, au risque de voir la branche totalement oblitérée. Seulement voilà la puissance n’était pas le seul point à prendre en compte dans le cadre d’une alliance, d’une conquête ou d’un accord commercial et, désireux de voir les choses dans leur ensemble, Kyoshiro s’était donné le bénéfice du doute. Le problème c’était qu’il n’avait pas sa langue dans sa poche et, forcément, lorsque sa jeune camarade fut attaquée et rabaissée par le chef de ces extrémistes, l’aveugle ne put faire la sourde oreille et fut contraint de réagir.
Comment ses alliés pourraient-ils vouloir le suivre et le respectait s’il ne les protégeait pas ? S’il ne les assurait pas de son soutien, contre vents et marées ? Et, à titre un peu plus personnel, tout conciliant qu’il était, aucun des deux Tadake n’était du genre à se laisser marcher dessus. Il savait que ce moment arriverait tôt ou tard et, s’il ne regrettait nullement ce genre, le ton dans la voix de son interlocuteur était sans ambiguïté : la négociation venait d’échouer avant même d’avoir commencé. Le temps n’était pas venu de s’en vouloir ou de s’apitoyer de son sort, car il était de la responsabilité de l’aveugle que de trouver un nouvel angle d’approche, de nouvelles idées car une conciliation entre branche et faction semblait purement impossible.

Ne répondant nullement aux derniers mots du chef de la faction, Kyoshiro pivota et suivit la demoiselle l’éloignement de son belliqueux interlocuteur. Avait-elle reconnu l’aveugle, comme celui qui l’avait suivi jusqu’ici ? Le senseur était à peu près sûr que non, mais il pouvait sentir l’inconfort de la demoiselle dans ses quelques mots. Prenant une profonde inspiration pour chasser la tension et l’agacement accumulés lors de la courte mais récente conversation, l’aveugle suivit la demoiselle jusqu’à la tente qui lui fut assigné, les sens toujours en alerte. Il se força à sourire pour détendre l’atmosphère, avant de poser une question sur un ton volontairement léger :

« Merci. Dites-moi, il est toujours d’aussi bonne humeur, votre patron, ou c’est juste moi ? »

En vérité la réponse ne changerait rien car, si cette fermeture d’esprit était constante ou générée par l’aveugle, le mal était déjà fait. Pourquoi poser la question, alors ? Pour créer le contact car, si le chef de faction était le leader de cette bande de fous, il n’était pas le seul avis à prendre en compte. Pénétrant dans la tente qui fut assignée à son groupe, pour l’occasion, l’aveugle invita la demoiselle à le suivre, d’un simple signe de tête et, une fois enfin seuls, il lui demanda doucement :

« Avant que vous ne me laissiez, pouvez-vous rester un instant ? J’ai besoin d’un avis…extérieur, disons. Votre patron semble fermé à la possibilité d’une entente avec vos cousins de la branche. Selon vous, est-ce l’avis qu’ont la majorité des gens de votre faction ? »

Il avait besoin de savoir si le chef était incroyablement buté, ou si c’était la faction dans son ensemble qui était aussi…fermée aux compromis. Il avait besoin d’avoir d’autres avis, d’autres perspectives, d’autres prismes par lesquels regarder la situation, en attendant que ses deux camarades ne reviennent à lui. Aussi, afin de rassurer la demoiselle qui ne serait peut-être pas prête à s’ouvrir, il conclut par un :

« Vous pouvez vous exprimer en toute liberté. Vos mots ne sortiront pas de cette tente. »

Kyoshiro avait peut-être la langue trop bien pendue pour son propre bien mais, quand il s'agissait d'évoluer dans un univers qui lui était totalement étranger, les mots pouvaient être aussi révélateurs que le silence. Bien entendu avant que le silence ne lui tombe dessus il préférer glaner autant d'informations que possible et, en cet instant, cela commença par essayer de cerner le chef de cette bande de tarés. Était-il né grognon, ou était-ce la présence des shinobis de la feuille qui avait fait ressortir cet aspect-ci de sa personne ? De ce qu'il pouvait en dire, au vu des propos de la demoiselle qui l'accompagnait, il était soupe-au-lait à peu près tout le temps, mais ce fut la fin de la tirade qui le força à étouffer un rire franc. Trop fragile, lui ? S'il n'avait pas été ici en mission diplomatique il aurait brisé et humilié ce supposé chef depuis bien longtemps, en lui montrant que s'il maniait les os l'aveugle savait comment briser chacun d'entre eux, mais au final le senseur préféra s'abstenir de tout commentaire. C'était sans doute préférable que le groupe soit sous-estimé pour le moment, cela pousserait peut-être cette bande de tarés à baisser leur garder, pour permettre aux shinobis de la feuille de frapper plus efficacement, si le besoin s'en faisait sentir.
Puis vint le moment de rentrer dans le vif du sujet et, de ce qu'il pouvait comprendre, tout ce groupe était soumis au chef et à son charisme autoritaire, pour des raisons évidentes, mais une transition pouvait être envisageable sur l'autorité de ce chef venait à être sapée. Restait à savoir encore comment faire, mais au moins quelques brèches étaient présentes et il reviendrait au trio de choisir comment s'y engouffrer. Ne régissant pas le moins du monde quand la femme Kaguya faussa compagnie au trio enfin réuni, le Tadake resta silencieux pendant un moment, alors qu'il faisait un tri dans les informations qu'il venait de glaner.

Enfin au, bout d'un moment, se frottant doucement la nuque alors qu'il s'asseyait là où il le pouvait, l'aveugle redressa légèrement la tête et souffla à voix basse :

« Aucune négociation possible avec le grand chef. En revanche, si le groupe est soumis à son autorité, que ce soit par crainte ou pour assouvir leur désir de violence, une entente n'est pas impossible pour le reste de la communauté.  »

Encore fallait-il que les propos de la demoiselle soient corrects et qu'elle ne cherche pas à me mener en bateau, ce qui était déjà assez incertain. Certes le chef de ce groupe était l'autorité absolue et probablement leur plus puissant combattant, aussi rassembler les forces nécessaires pour entraîner sa chute serait une entreprise des plus complexes. En attendant les réactions de ses collègues, il enchaîna avec :

« Si l'autorité du chef venait à être sapée, nous devrions trouver un terrain plus...favorable à la négociation. Mais, en l'état actuel des choses, aucun n'osera se rebeller contre lui.   »

Bien entendu il allait rentrer davantage dans le détails et leur donner toutes les informations qui lui sembleraient pertinentes mais, pour l'heure, il préférait poser un terrain en demi-teinte. Des ouvertures étaient possibles, mais comment s'y engouffrer ? Le débat était donc lancé et les suggestions ouvertes, quant à la marche à suivre pour la suite des événements. Kyoshiro tendit donc l'oreille en direction de la proposition assez osée de Hako et également des informations relayées par sa propre soeur, avant de les enregistrer dans un coin de sa tête. Des dissensions au sein de ce groupe ? Cela pouvait être utilisé à leur intérêt, mais le nœud du problème résidait dans la façon dont ils pourraient aider le nouveau challenger à détrôner le chef de cette bande de tarés. Au final l'aveugle tourna son visage vers Hako-chan, pour lui montrer qu'il s'adressait à elle, avant de lui demander :

« Je ne suis pas très familier avec tes capacités et je m'en excuse. Que peuvent accomplir tes insectes, au vu de la situation qui est la nôtre ? Aspirer le chakra est une option à considérer, mais quel genre d'information peuvent-ils glaner ? L'important restant, bien sûr, de rester le plus discret que possible car, si notre participation est découverte, nous savons tous comme cela va se finir. »

Un challenger pas assez fort et ayant besoin de soutien, une faction divisée en deux et un chef désireux d'asseoir son pouvoir. Le souci était que, si leur participation était découverte, cela finirait en bataille rangée et beaucoup trop de sang allait couler. Que pouvaient donc accomplir les insectes du lutin, sans trahir leur participation au changement de direction qui se profilait ?

Tout comme sa sœur et Hako-chan, sans doute, si on le lui avait laissé le choix le jeune aveugle aurait mille fois choisi de se battre contre le chef de cette bande de psychopathes, plutôt que de laisser un autre le faire mais, malheureusement, les circonstances n'étaient pas toujours telles qu'il le souhaitait. Oh oui il aurait pu provoquer ce chef, ce grognon en défi, mais à quel prix ? Il savait bien que ces guerriers ne suivraient que l'un de leurs et l'un des leurs seulement, ce qui forçait le trio de Konoha à agir au travers d'un autre. Un autre qui, de toute évidence, était trop faible pour remporter une victoire à la loyale, ce qui forçait les guerriers de l'ombre à réfléchir autrement. Certes, tous les moyens étaient bons pour parvenir à leurs fins, l'honneur n'avait pas de place ici mais, malgré tout, le Tadake n'appréciait guère de devoir recourir à la ruse pour gagner ce qu'il désirait. Il préférait nettement la pureté d'un affrontement absolu et frontal, quand il avait son adversaire en face de lui et qu'il pouvait sentir sa rage à plusieurs mètres de là mais, à mesure que le plan se dessinait, Kyoshiro comprenait assez rapidement qu'il ne serait qu'un simple spectateur, cette fois-ci. Que pourrait-il de faire, de toute façon, pour changer la donne avec ses capacités de senseur ? Rien de très utile, assurément.
Tout devait donc reposer sur les insectes de Hako-chan, car ni les capacités martiales de sa jumelle ni les sens de l'aveugle ne pourraient changer la donne. Se faisant une raison, Kyoshiro accepta donc silencieusement le plan qui se dessinait petit à petit, le seul qui avait des chances de fonctionner en tout cas. Les sens toujours en alerte, n'ayant aucunement l'intention de baisser sa garde aussi longtemps qu'il serait dans l'enceinte de ce camp, l'aveugle nota dans un coin de sa tête la présence plus ou moins proche d'une personne qui semblait avec quelques compétences, ou au moins une puissance qu'il pouvait capter sans une réelle difficulté. Qui était-elle ? Un autre champion potentiel ? Une forte tête à mater ? Un informateur du chef de cette bande de brutes ? Difficile à dire, pour le moment. Il eut dans l'idée de se faufiler dans le camp à nouveau, de se rapprocher pour essayer de surprendre et sonder davantage cette personne qu'il sentait s'approcher, mais l'arrivée de Saburo dans la tente l'empêcha de prendre une décision.

Le couperet venait de tomber : le champion, l'homme qui représentait l'espoir en un futur meilleur était mal en point. Coïncidence, ou attaque sournoise de l'ennemi ? Difficile à dire, pour le moment. Se redressant immédiatement à cette nouvelle, les sens toujours en alerte, Kyoshiro se tourna vers Hako pour l'inviter à poursuivre son œuvre.

« Nous te laissons travailler, Hako-chan. »

Plus que jamais maintenant, les renseignements qu'elle allait pouvoir obtenir étaient essentiels pour la réussite de leur plan. Elle ne devait pas dévier du plan, pas maintenant en tout cas. Suivant Saburo et sa sœur, le jeune homme débarqua dans la tente et s'approcha immédiatement du champion brisé, essayant de sentir son énergie dans le but de grappiller quelques maigres indices. Sans relever la tête, il s'adressa à sa sœur.

« En quoi puis-je aider, Yu' ?   »

Il savait qu'il n'avait que très peu d'utilité dans une situation comme celle-ci, mais il préférait proposer son aide plutôt que de rester passif. En attendant une réponse, il s'adressa à Saburo d'un :

« Que s'est-il passé ? Avez-vous noté quelques changements, chez lui ?   »