Les trois rois; mission de rang B, équipe Tanuki

Les Trois Rois

Des parchemins explosifs égrainés au vent, comme une poignée de sable dansant entre mes doigts. Je plaçais peu à peu mes pions là où ils étaient le plus utiles, là où le plan qui naissait derrière mes yeux me menait. Une lente marche sous la voûte céleste et milles et une chandelle lointaines. Je continuais de suivre cette intuition, cette petite voix qui me murmurait des idées, qui me susurrait des encouragements. L’impression d’un chant cacophonique d’un tambour rugissant dans mes oreilles, je me sentais comme une guerrière émérite et accomplis marchant vers le combat la rage au ventre.

Une caresse sur la croupe et la robe de Marengo de nouveau à mes côtés. Notre danse continuait, j’avais l’impression de valser au milieu des tentes, évitant les lumières des torches, voltigeant entre la toile et les échos du sommeil des participants. Je secouais ma tête dans un rythme que je semblais être la seule à entendre, la seule à distinguer. Je continuais ma danse, tenant de deux doigts, le bout de la manche d’Hayato, qui nous assurait de passer inaperçus.

Une cajolerie sur le bois flotté, l’étreinte de mes doigts sur la hampe des flèches, chatouillant ma paume avec les plumes d’aigles. Je faisais comprendre à Hayato que j’étais prête moi aussi. Mon cœur semblait voler derrière mon sein droit, c’était à se demander s’il battait encore, la lente pression sur la jonction entre mon cou et ma tête m’apprit que j’étais toujours en vie. Lentement, posément, il battait : il m’envoyait un message de quiétude. Mes doigts restaient aussi immobiles que les roches du désert, inflexible comme la météo et la terre. Alors même que mon âme, toujours étrangère à la peur qui la tiraillait quelques heures auparavant, tel le vent de nuit, virevoltait, ne tenait pas en place, songeait à cela et ceci avant de se concentrer sur encore autre chose.

J’étais le désert, libre et volant, intangible, changeant d’apparence et d’humeurs comme les dunes voyageaient et rendaient alors la tâche de se repérer entre du sable et du sable, fort compliqué. Plus rien n’avait d’emprise sur moi, j’étais libre, complètement libérés de mes chaînes et de mes carcans. Peut-être même si je lâchais la manche d’Hayato, je m’envolerais, que je monterai au ciel tant j’étais légère. Cette idée faillie me faire glousser… Lâcher Hayato pour monter au ciel, c’était presque une métaphore grivoise. Je me mordis l’intérieur de la joue pour ne pas éclater de rire, il fallait être calme.

Ce fut à cet instant, qu’une pâle lumière émergea, alors même que nous étions à proximité de la tente du chef, de ce corniaud à qui il fallait mettre fin à ses jours. Médusée par les paillettes de soleil qui comme moi semblaient voltiger, emporter par le vent, mais demeurant, je murmurais :

« Oh… la belle blanche… »

Je détournais le regard en un instant, lorsqu’une voix me parvint, d’un regard papillonnant, j’aperçus le dénommé Nobi qui nous avait fait si bel accueil. Il ne tarda pas à me demander si j’étais là pour apercevoir la beauté des étoiles, non sans au passage me complimenter. Je souris à pleines dents devant les compliments de l’homme. Voilà, quelqu’un qui avait tout compris de moi, j’étais belle et c’était ma principale qualité, l’autre meilleure qualité, était que j’étais du vent ! Une jolie petite brise, un saphir ou une alizée, peut-être tout à la fois.
Ce que je veux voir, c’est un feu d’artifice et pouf, tout voir s’envoler comme moi !

« Oh oui, je veux voir les étoiles, elles sont justes magnifiques… Mais c’est vrai qu’elles font pâles figures à côté de moi. »

Je gloussais, avant de me rendre compte que plusieurs autres hommes avaient tourné le regard vers nous et que d’un coup, la réalité m’apparut, Hayato et Yukio étaient avec moi et eux, n’étaient pas capables de s’envoler comme moi… Je devais réfléchir. Le plus simple était encore que j’attire l’attention sur moi pendant que les deux frères Nozomo faisaient ce que nous devions faire. POUF !

Lâchant la manche, d’Hayato, je fis deux pas pour me montrer plus proche du feu ou était Nobi, avant de m’asseoir à ses côtés, puis quelques secondes après, siffla alors que Marengo, comme un chien fidèle me rejoint. Un grand sourire.

« Je n’avais pas vraiment sommeil et le ciel est toujours magnifique à ce moment de l’année ! »

Que mon beau, mon merveilleux, mon attendrissant et splendide cheval me rejoigne quelques instants après moi, servait avant tout à ce que la lumière persiste quelques instants et que les deux Jonin se faufilent derrière lui et pénètre la tente, alors que moi, j’attirais l’attention par ma lumière, ma grâce, ma beauté à en faire pâlir la princesse Kaguya de la Lune !

Mais, il me fallait toujours un autre moyen de distraction, pour être sûre que tous les regards seraient braqués sur moi…

Le beau Nobi te dévore du regard, dévore-le à ton tour, uhuh

Je me rapprochais du bel homme rapidement, puis sautant à moitié sur lui, approcha dangereusement mes lèvres des siennes… Il ne pouvait pas refuser ma beauté et qu’il refuse et je lui hurlerai qu’il était le plus grand des goujats, qu’il accepte et je crierai que je n’étais pas dans mon état normal et qu’il abusait de moi… Comme si j’étais dans mon état normal, je gloussais.

« Mon… mon mari s’occupe si peu de moi en ce moment… Mais vous… vous… vous semblez avoir d’autres saveurs… Je… je serais intéressée pour goûter un peu de quel hydromel vous semblez fait… Vous pouvez parler de ma beauté, vous n’êtes pas en reste… ohoh ! »

C’était un peu follement excitant pour moi, je piquais un fard et lentement, doucement, telle une vipère affamée, me tortillant, je remontais jusqu’à son cou et ses lèvres.

Dépêchez-vous Yukio, Hayato, je n’ai aucune idée de ce que je fais, on va tous mourir et j’ai envie de glousser. Quelle aventure quand même, belle soirée pour mourir !

Récapitulatif combat:

Les Trois Rois

J’hoquetai de surprise alors que le beau guerrier ne détourna pas les lèvres et que lentement, une légère caresse tendre se fit entre nous. Tout disparaissait dans ma tête pour ne plus que me concentrer sur l’instant alors que la cavalcade des tambours dans mes oreilles pulsait une nouvelle mélodie, plus douce, enivrante, chaude, me montant à la tête doucement comme un bon vin avec des dates mûres et juteuses. Je retenais mon souffle, alors que front contre front, je descellais mes lèvres alors qu’un léger filer de vent sortais. Je papillonnai des yeux un instant, mais ne me détournais pas, il y avait quelque chose de magnétique dans le sourire de l’homme… Puis, la saveur de ses lèvres, elle était exquise, sucré comme le miel et doux comme un nuage. Je passais lentement ma langue sur ma lèvre supérieure pour goûter de nouveau à cette saveur. J’avais l’impression de flotter, de sentir mon corps se détacher du sol !

YOUHOU JE SUIS UN NUAGE !

Il se releva alors, me soulevant à moitié entre ses bras et avec douceur plaqua sa main entre mes reins, alors que je rougissais de plus belle. Qu’est-ce que je devais faire déjà moi ? Je fronçais à moitié les sourcils, persuadée que je ne devais pas juste embrasser l’homme ici présent, mais déjà, sa voix pulsait avec douceur dans mes oreilles et que je ne pus m’empêcher de glousser devant les murmures tendancieux du bel homme. J’avais un plan non ? C’était qu’il savait extrêmement bien me parler lui quand même. Puis… puis sa présence était agréable, ses lèvres savoureuses. Pourquoi me détournerais-je de lui ?

Je le suivais alors, toute souriante, de plus en plus légère, à deux doigts de m’envoler pour ne jamais redescendre. Eh, mais j’étais toute proche du septième ciel moi. Je gloussais de plus belle comme une cruche, je me laissais faire, docile. Je me laissais enivrer des mots, des paroles, des soupirs, des caresses sur ma peau. Nous finîmes par arriver dans une tête, alors que je continuais d’écouter les phrases et mots insensés qu’il pouvait me murmurer, sans que je ne puisse détourner les yeux comme le regard, lentement je me retrouvais au sol, papillonnant des yeux, sans vraiment comprendre ce qui se déroulait réellement.

Cet homme est bon pour moi, Hayato ne me mérite pas

Alors que les tendres caresses continuaient, que je ne disais rien, gloussant toujours comme une cruche, dévoré par mille et une flammes et que je cherchais de la langue à goûter de nouveau aux lèvres de l’homme, rien d’autre ne me fascinait plus que cela, que ses lèvres que j’avais envie de goûter encore et encore. Lentement, doucement, je sentais ses mains, défaire mes boutons, alors que rapidement, je me retrouvais sans coiffe, juste en chemise blanche, vulnérable, légère comme un nuage.

Une explosion retentit. C’était sympa de tirer un feu d’artifice pour moi, Nobi savait y faire, il n’y avait pas à dire. Rien d’autre n’existait que lui, je ne croyais qu’en lui. Enfin, un homme beau m’aimait, enfin, ce n’étaient plus des sédentaires minables qui essayeraient de me voler des baisers. Mais comment je côtoyais des sédentaires moi ? J’étais une nomade, non ?

Je suis un zéphyr virevoltant, je suis libéré du monde terrestre.

A cet instant précis, j’étais presque prête à laisser Nobi finir de me retirer mes vêtements, pour faire ce qu’il voulait faire et ce que je voulais aussi. Je voulais savoir ce qu’était vraiment un homme. Sans Père pour les effrayer, je pouvais enfin découvrir ce que ça faisait d’être désiré. Au fond de moi, j’avais toujours souhaité cela, qu’un homme avec douceur, lentement me dérobe, qu’il m’emmène là ou le contact est agréable, là ou les caresses sont délicieuses, c’était l’occasion, celle de découvrir un peu la vie d’une certaine manière.
Mais à l’instant où Marengo hua, sûrement à cause de tous les gens qui fuyaient et bougeaient partout à cause de l’explosion. Cela fit comme un électrochoc, aussi délicieux et agréable cet homme était, j’avais une mission : protéger Marengo. Je stoppais sa main et soufflant, un peu haletante, murmura :

« Désolée, mais mon cheval a besoin de moi… Je l’entends hurler… »

Il était ma moitié, celui avec qui je ne faisais qu’un, s’il hurlait, je devais le rejoindre, s’il mourait je devrais le suivre. Je roulais sur moi-même et me rhabillais à la hâte. Un nuage ne pouvait pas exister sans son pégase, je devais le rejoindre.

ATTENDS-MOI MON BEBE, MAMAN ARRIVES !

Avec un ultime regard en arrière, toujours fasciné par cet homme, je m’excusais :

« Désolée… Tu es magnifique, j’aurais adoré aller plus loin, mais je dois y aller. »

Et je sautais alors dehors, mon carquois battant sur les hanches et mon arc à la main, puis apercevant mon beau Marengo, lui sauta dessus et attrapant les rênes. Libéré de la vision du beau Nobi, je pouvais reprendre à peu près le cours de mes pensées et la mélodie du tambour était encore différente. J’avais une mission, j’avais réussi, attirer l’attention pour qu’Hayato et Yukio puissent faire le travail de tuer. Je n’aurais donc pas à tuer un animal cette fois-ci. Cette explosion, c’était surement Hayato et Yukio, d’un mouvement de la main, j’invoquais le katsu pour faire exploser le parchemin que j’avais caché et encore plus provoquer l’anomie. Il valait mieux que personne ne me remarque en train de fuir.

Je devais fuir, d’un mouvement du pied, je fis bondir Marengo et tenta de fuir le plus loin possible du camp, je devais partir, Hayato et Yukio s’en sortirait, je les retrouverais. Après tout, le vent ne se perdait jamais !

Récapitulatif combat:

Les Trois Rois

Personne ne me stoppa, la panique et le chaos était total, des cris montaient et hurlaient de partout, les autres parchemins qu’Hayato avait disposé un peu partout sautaient eux aussi. De grands hurlements à la gloire des Kaigan d’une voix que je connaissais un peu trop bien et voilà que je sortais du camp. Hayato comme Yukio avait déversé un torrent de flammes et de vents qui dévoraient tout autour d’eux, les cris de pauvres innocents dans les flammes me fendirent le cœur. Le tambour dans mes oreilles paraissait plus proche que jamais, plus rapide. Tous fuyaient, se déversaient hors du camp, couraient pour échapper aux langues de flammes qui allaient tout réduire à néant :
L’œuvre d’un seul homme disparaissait avec sa mort, tout ce qu’il avait bâti s’effondrait, nul héritage, rien qu’une note de bas de page dans le grand livre de l’histoire.

Je déglutis, alors que peu à peu, l’effet de mes champignons et herbes se dissipait et qu’une grande vague de mélancolie me prenait. Il était toujours triste de voir un héritage s’effondrer, que tel un château de carte, sa horde se disloque si facilement. Mon père risquait la même chose, à sa mort, il pouvait très bien voire tout ce qu’il avait bâti disparaître, que Raho n’arrive pas a reprendre le contrôle. Je ne souhaitais pas ça, aussi longtemps que je serais en vie, je ferais tout pour protéger l’héritage de Père.

Je restais là, à patienter, à attendre les deux frères Nozomo et alors qu’ils s’approchaient de moi, je remarquais le visage blafard de Yukio qui semblait exténué. Il avait dû pas mal tirer dans ses réserves de chakra et cela se voyait, il avait des petits yeux et le retour jusqu’à Suna serait assurément compliqué pour lui. Je plissais les yeux, puis sautant au sol, d’un mouvement de la tête, l’invita à monter :

« Tu en as plus besoin que de moi. »

Mon arc toujours dans mon dos et mes flèches à la ceinture, prête à prendre les armes si jamais on devait nous défier, je ne demandais même pas si le chef était bien mort, l’apocalypse était assez marquante pour le deviner. Nous avions réussi, nous avions triompher de notre mission, nous avions gagné. Enfin eux avaient gagné, j’avais été une demoiselle en détresse tout du long, j’avais été faible et à part aller dans les bras de Nobi, je n’avais rien fait d’autres, ce n’était pas très glorieux, j’avais même eu du mal à maîtriser ma peur qui m’avait littéralement dévoré de l’intérieur. Je… je n’avais pas été la meilleure qui sois sur cette mission mais… mais je m’étais découvert quelques talents, quelque caractéristique. Si l’aide d’herbes m’avait permis de me rassurer, cela voulait dire qu’il y avait cette force en moi, qu’elle était juste un petit peu cachée. Que je pouvais la trouver. Les herbes avaient un avantage, mais aussi un désavantage, je n’étais pas dans mon état normal, je l’avais senti je… je devais réussir à atteindre ce niveau de confiance sans herbe, je devais cultiver cette force qu’il me semblait désormais apercevoir par moi-même. Je… je pouvais devenir quelqu’un, je le voulais.

« Rentrons chez-nous, vous avez bien mérité de vous reposer ! »

Et sans un mot de plus, tirant la bride de Marengo, je nous fis doucement avancer vers la suite de nos aventures. Et espérant que la prochaine fois, je ne serais pas une plante verte à ne servir à rien !

Récapitulatif combat: