Mifuyu attendait ses élèves, Otohime, Masami et Sanada, devant la porte principale de la tour du Kage. Ici, à un étage inférieur, ils rencontreraient Uzumaki Katsumi ainsi que les quelques personnes au village qui avaient connu personnellement Hisame Shinka, désormais l'un des fugitifs les plus recherchés par le village. Un incapable, pensait la Sorcière. Il était un homme qui avait désiré s'emparer des secrets du clan Uzumaki et qui, pour se faire, avait épousé l'une des leurs et lui avait sacrifié ainsi de longues années. Une telle stratégie, trop détournée, presque malsaine, ne pouvait en aucun cas mener vers le succès. La chirurgienne elle-même comptait un jour mettre la main sur les arcanes mystérieuses du clan à la grande longévité, mais, quand elle le fera, ce sera sans aucun doute avec bien plus de franc-agir et d'efficacité.

Bientôt, les trois gamins se pointèrent tour à tour devant elle et attendirent que le groupe soit complet. Quand tout le monde fut arrivé, la doyenne, qui jusque-là était restée silencieuse, se lança dans l'une de ces leçons de morale que font les personnes âgées avant de demander quelque chose – comme pour faire croire que leur requête serait bénéfique à tout le monde.

- Bon. Vous le savez sans doute déjà, mais le village d'Handoru, c'était une sacrée connerie. Masami, tu n'étais pas là, mais notre mission précédente, c'était pas terrible non plus. Ce qu'il manque à cette équipe, c'est un peu de jugeotte, un peu de discrétion, dit-elle en appuyant le dernier mot tandis qu'elle fixait la rousse d'un regard accusateur. Nous avons une nouvelle mission : considérez-là comme votre dernier test, car si vous échouez, y a des chances pour que vous ne reveniez jamais au village.

Elle marqua une pause, pendant laquelle elle repensait à sa brève entrevue avec le Kage. Celui-ci, à sa surprise, n'avait opposé aucune résistance au projet de la vieillarde. Au contraire, il s'était montré bienveillant, pourtant au courant des tendances explosives de l'équipe Tsubaki. Elle se disait que s'il avait été si arrangeant, c'était probablement car il espérait qu'elle échoue et qu'elle se ridiculise. Peut-être même souhaitait-il sa mort. Après tout, pourquoi pas ? Elle ne souhaitait pas la sienne, mais ne souhaitait pas sa vie pour autant. Vivant ou mort, cet homme était un obstacle pour elle, tout comme la Sorcière était un obstacle pour lui, pour sa paix bien-pensante.

- Meyo Tsuri a accepté de passer outre ses a priori pour nous confier la traque d'Hisame Shinka. Otohime, tu devrais le connaître, il était le mari de Katsumi. C'est un shinobi dangereux et, si personne jusqu'ici n'a été en mesure de le retrouver, il y a fort à parier que c'est parce qu'il a bénéficié d'un peu d'aide. Autrement dit, c'est sans aucun doute la mission la plus dangereuse que nous aurons à faire en tant qu'équipe Tsubaki. En traque, il n'y a qu'un maître mot : la discrétion. Des questions ? Non ? Bien, termina-t-elle sans leur laisser le temps de réfléchir et en ignorant leurs potentielles demandes de clarification.

A la place, elle poussa la porte de la tour et incita ses élèves à entrer. Elle monta quelques étages et emprunta un dédale de couloirs à toute vitesse, sans prendre la peine de vérifier que tout le monde la suivait. Elle arriva devant une porte en fer vierge, récemment nettoyée, et toqua de ses maigres doigts. Un homme dont le nez était parcouru d'une cicatrice en diagonale vint lui ouvrir et accueillit la petite troupe avec une chaleur qui contrastait l'attitude froide – presque mourante – que l'Omura s'était efforcée de garder jusqu'ici.

- Bonjour. Omura Mifuyu, se présenta-t-elle. Et voici l'équipe Tsubaki, prête pour la traque.

Mission de traque :

Mifuyu ne souleva ni les étranges remarques de la Fuma, qui visiblement se perdait dans ses propres paroles, ni les procédés détournés et compliqués du Masamune, ni les élucubrations consternantes de l'Uzumaki. Au contraire, elle se concentrait sur le comportement de leur interlocutrice, sur son langage corporelle, sur le feu vengeur qui brillait derrière ses pupilles. Malgré sa méfiance naturelle, liée à son grand âge mais également à l'expérience incessante de la guerre, elle avait tendance à croire que cette Katsumi les aiderait si elle le pouvait. Elle connaissait la trahison pour l'avoir commise. Elle s'était détestée pour cela et n'avait jamais blâmé ses ennemis de le faire aussi. Elle imaginait bien ce que cette femme pouvait ressentir à l'égard du père de son enfant.

Elle fit tout de même un signe de la tête à la Fuma, lorsque celle-ci proposa d'enquêter dans ses anciennes missions. C'était une excellente idée : il y avait fort à parier qu'il se servait de ces moments loin du village pour communiquer avec ses éventuels complices. Identifier un schéma des lieux où il se rendait régulièrement pourrait aider à le localiser.

Pour l'heure, il fallait changer de stratégie. La subtilité, la compassion et le tact ne serviront pas pour interroger la rousse, dont la beauté égalait presque celle d'Otohime – non pas que cela eut un quelconque intérêt pour Mifuyu. La Sorcière était loin de se préoccuper du physique des membres de ce clan ; non, ce qu'elle voyait jusqu'à présent, c'était à quel point les femmes de cette famille étaient stupides, exception faite de l'intendante du village qui semblait se débrouiller pas trop mal. Cette Katsumi s'était laissée séduire par un traître et en avait payé le prix fort. C'était bien fait, si vous voulez l'avis passéiste d'une vieillarde. Faire entrer du sang neuf dans un village en construction, c'était beau sur le papier, mais c'était pas fiable. Au moins, chez les Omura, tout le monde gardait une certaine valeur de la famille, du clan et de l'héritage. Un tel scandale ne pourrait jamais avoir lieu au sein de son illustre ascendance.

Mais revenons à l'interrogatoire. S'ils voulaient obtenir des renseignements valables, il faudrait faire du rentre-dedans, plus que Sanada, mais tout de même avec plus de finesse qu'Otohime. Mifuyu, par un drôle d'esprit pédagogique, avait la volonté de laisser faire son équipe, en tout cas tant qu'on était encore à Uzushiogakure. En dehors, par contre, elle privilégierait la réussite à l'enseignement, elle ne pouvait pas prendre le risque que les idioties de ces quelques gamins les mènent vers la tombe. Pour l'instant, donc, elle restait passive, prenant simplement soin de rectifier les erreurs de ses élèves et de diriger la conversation quand cela était nécessaire, par exemple pour faire oublier la grossièreté de celle qu'elle prenait pour une petite pimbêche vulgaire.

D'un ton sec mais pas agressif, la doyenne questionna Katsumi. Elle voulait de l'efficacité, elle voulait aller droit au but, peu importait si cela ravivait des souvenirs douloureux pour l'Uzumaki. Son mari était un traître et elle une Jonin du village, elle devait être en mesure de mettre ses émotions de côté.

- Quand vous le côtoyiez, a-t-il déjà reçu des correspondances étranges ? ou régulières ? Faisait-il des voyages récurrents ? Avez-vous déjà rencontré sa famille, ou a-t-il fait mention de sa mère ? de son lieu de naissance ?

Pour la suite, elle laissait le reste de l'équipe reprendre les rennes de la conversation.

Même en prolongeant l'interrogatoire de Katsumi, le duo de l'équipe Tsubaki qui était resté ne parvint pas à obtenir de nouvelles informations intéressantes. Cette femme ne savait-elle donc rien de son mari, si ce n'était qu'il maîtrisait le Fuinjutsu, information que n'importe quel membre de l'administration Uzujin aurait été en mesure de leur fournir ?

Elle leur parla ensuite de deux organisations, dont Mifuyu avait évidemment entendu parler. Les Arpenteurs des Six Chemins, d'abord, pourraient être impliqués. Peut-être Hisame en était lui-même un, ce qui expliquerait son attirance pour le Fuinjutsu et sa recherche de maîtrise des arcanes secrètes du clan Uzumaki. A sa connaissance, cependant, les Arpenteurs n'étaient pas toujours des mauvais bougres ; il y avait bien celui-là qu'elle avait écrasé sur l'île de Fusuke et qui avait tenté de recruter Sanada, autrement, il était étonnant qu'une organisation de cette renommée s'en prenne à un village aussi puissant qu'Uzushio. Peut-être avait-il agi seul, alors, ou simplement aidé de quelques compagnons aussi corrompus que lui. C'était définitivement une piste à creuser, d'autant plus que l'organisation était plus facilement joignable que Keshi, la deuxième dont il était question.

La Sorcière connaissait les Keshi de réputation, mais n'avait jamais eu le plaisir d'en rencontrer un. Du moins, elle le croyait, mais d'après les légendes sur ses membres, il était bien possible qu'il en existe plus proches d'elle qu'elle ne le pensait, tout en ignorant complètement leur affiliation.

Les Keshi, donc, étaient des invididus plus difficiles à attraper. Pour la réussite de leur traque, il valait mieux miser pour le moment sur les Arpenteurs, en espérant que c'était à eux que leur cible était liée. Retrouver les Keshi était proche de l'impossible – elle avait bien quelques contacts, mais elle préférait les garder pour l'avenir, quand elle aurait besoin d'eux à titre personnel, et non dans l'intérêt du village. Les Arpenteurs, quant à eux, seraient sans doute plus faciles à retrouver, d'autant plus que la cohésion entre ces chercheurs, de par la nature même de leurs activités, devait être plus développée. Mifuyu, en tant que scientifique de renom, savait pertinemment que la science, comme toutes les autres innovations, n'avançait que grâce au contact des autres, au partage d'informations, de techniques, et que rares étaient les plus grandes avancées issues de l'esprit d'un individu seul. Elle-même avait eu besoin des connaissances de Fusuke pour concocter ses techniques ultimes.

Et puis surtout, un arpenteur, Mifuyu en connaissait un. Elle en connaissait un qui avait même tenté de la recruter dans le temps, et qui aurait toutes les raisons du monde pour cacher sa connaissance d'une affaire impliquant le vol des connaissances des Uzumaki. Le seul problème, c'était qu'elle n'était plus sûre qu'il exerce ses activités, bien que la Sorcière elle-même était la preuve que l'on ne pouvait jamais arrêter pleinement un rêve scientifique.

Ainsi, elle se rendit chez Omura Ijuro, vieil homme d'une soixantaine d'années, ancien progressiste aujourd'hui officiellement neutre, qui avait échappé de peu à la rafle organisée par les Ethiques et perpétrée par Mifuyu en jurant allégeance au "nouveau gouvernement". Elle toqua à la porte de bois, qui donnait sur l'une des paillasses les plus modestes du grand et pourtant prospère domaine Omura. La guerre, ça ne lui a pas réussi… j'imagine qu'il en a gardé une rancune tenace, ça peut me servir. Au bout de quelques secondes, elle entendit un "J'arrive !" faiblard, suivi de quelques bruits de pas lourds se rapprochant de la porte. Il a l'air d'avoir mal vieilli, le bougre, pensa-t-elle si fort qu'elle eut peur qu'il ne l'entende.

Ijuro ouvrit finalement la porte, dévoilant une main ridée, propre et ornée d'un bel anneau d'argent qui, pour qui en connaissait le secret, était l'aveu de son appartenance à l'organisation érudite. Seulement, lorsque l'homme aperçut le visage de Mifuyu, il voulut refermer immédiatement la porte. Elle s'était attendue à cette réaction. Lui qui, comme Fusuke, était l'un des plus proches alliés de la Sorcière, elle l'avait profondément déçu lorsqu'elle avait été rattrapée par ses névroses et avait fini par se vendre aux éthiques afin de prolonger sa vie. Elle était celle qui avait tué Fusuke et qui avait dénoncé Ijuro. Bien qu'elle comprit son énervement, elle ne s'en sentait nullement coupable car, voyons les choses en face, si ce n'était pas elle qui l'avait dénoncé, il aurait quand même été découvert rapidement par Leiko.

Avant que la porte ne claque dans un fracas tonitruant, la dirigeante en second de la DAPHU la bloqua en y plaquant son avant-bras avec la puissance qui lui appartenait. Ijuro afficha un visage effrayé et balbutia : "Mi-mifuyu… va-t-en… tu ne vois pas que le vieillard que je suis ne veux plus avoir affaire à toi ?" La Sorcière ne put contenir son rire.
- Toi ? Un vieillard ? Allons, Ijuro, ne me prend pas pour une demeurée. Arrête ton petit numéro, je sais bien que tu es plus en forme que jamais. Nous sommes pareils.
- Ne me compare pas à toi… je n'ai pas trahi mes amis.
- Je l'ai fait seulement parce que je le devais. Ecoute-moi, maintenant, s'il te plaît.
- Eh bien maintenant, tu vas en payer le prix. Pourquoi je devrais t'écouter ? toi, la traîtresse ?
- Enfin, soyons sérieux… tu sais bien que je n'ai cédé qu'à Leiko pour gagner sa confiance… hein ? Elle n'était pas certaine de pouvoir tout lui dire, mais il était nécessaire de gagner sa confiance. Et puis, ce n'est pas pour ça que je suis là, c'est une affaire pour le village qui m'amène.
- Mais gagner sa confiance pour quoi ? Maintenant, nous sommes faibles, tu nous as condamnés ! Par nous, évidemment, il fallait comprendre les progressistes. Il avait totalement occulté la seconde partie de l'affaire.
- Et si je te disais que nous n'étions pas faibles ? Que nous allions bientôt renaître de nos cendres ? Je sais pertinemment que toi non plus, tu n'es pas faible. Je n'y crois pas une seule seconde.
- Hein? Qu'est-ce que tu mijotes, encore ?
- Je ne peux pas te le dire maintenant. Laisse-moi entrer. Si tu m'aides pour cette mission, je te raconterai tout à mon retour… Tout ce que je peux te dire pour l'instant, c'est que j'ai retrouvé les notes de Fusuke.
- Ne prononce pas son nom ! Enfin, vas-y, rentre. Je t'écoute, mais fais-ça vite.

Il rouvrit la porte avec une vigueur impressionnante, bien différente de celle du petit vieillard qui avait peiné pour venir l'accueillir. Les deux progressistes s'installèrent sur un tapis par terre, autour d'une petite table. "Je ne te propose pas de thé, car je n'ai pas envie" lui dit-il simplement, ce qui fit une nouvelle fois rire la doyenne.
- Pas de problème. Ecoute-moi juste : j'ai besoin que tu me dises ce que tu sais sur Hisame Shinka, tu sais, le type qui s'était infiltré dans le village et qui avait tenté de voler le Hidden Uzumaki. Le Kage m'a chargé de sa traque et j'ai reçu des informations qui me disent qu'il pourrait faire partie des Arpenteurs, ou avoir été aidé par eux. Est-ce que tu sais si c'est le cas ? Si quelqu'un a pu lui donner un coup de main ? J'imagine que beaucoup cherchent à découvrir les secrets des Uzumaki…? Nous-mêmes, dans le temps… enfin, tu sais de quoi je parle. Je me dis que si des arpenteurs sont venus dans le village, tu devrais le savoir.
- C'est encore pour me trahir, cette histoire ?
- Oh non, mon cher Ijuro, c'est même tout le contraire. J'ai envie que nous reformions notre équipe. Avec cette mission, je gagne la confiance du Kage et en plus je récupère les informations d'Hisame. Ces infos, elles pourraient t'intéresser, non ?
- Bien, je vais te répondre…

Elle n'avait en réalité aucun intérêt pour les arcanes du clan Uzumaki, maintenant qu'elle avait découvert le secret pour vaincre la mort. Toutefois, il fallait bien dire ce qu'il fallait pour convaincre un vieil homme buté comme celui-ci. Si elle ne lui avait rien proposé en échange, jamais n'aurait-il accepté de lui répondre.

Mifuyu écoutait religieusement les informations que lui confiait, peut-être à contre-cœur, son ancien allié Ijuro. Il lui confirma ce qu'elle avait suspecté, c'est-à-dire que le traitre qu'elle pistait avait effectivement eu des liens avec les arpenteurs, qu'il avait fait partie du cercle d'argent de l'organisation. Bien qu'elle ne connaissait que de loin le fonctionnement de l'organisation, elle avait déjà rencontré quelques-uns de ses membres, aussi elle avait une petite idée du rôle et de l'assignation de chacun des cercles qui la composaient. "En aucun cas les arpenteurs ont pu demander de faire un vol de cette ampleur" avait-il ajouté. Oui, c'était probablement vrai, Mifuyu était prête à le croire. Elle doutait qu'une organisation si renommée oserait s'en prendre directement à Uzushio, et ce même si la couverture avait été bonne, car toute opération finissait toujours par être découverte dans ce monde de ninjas, tôt ou tard. En revanche, cela n'ôtait pas la possibilité que ce puisse être un acte d'un groupe isolé au sein des arpenteurs, de rogues avides de connaissances interdites, que ce soit pour les revendre ou pour mener d'autres expériences – finalement, des types un peu comme la vieillarde.

"Les Keshi aideraient les arpenteurs ? Hum, ça ferait pas notre affaire, ça. Va nous falloir rencontrer quelques arpenteurs, en effet." La doyenne fit mine de réfléchir, plaçant son menton dans sa main droite et marquant une pause d'une vingtaine de secondes. "C'est d'accord. J'aurais bien besoin de ta recommandation. Malheureusement, je regrette mais je ne peux pas t'apporter le corps de mon "petit protégé", comme tu l'appelles. J'ai encore besoin de lui. Mais je devrais pouvoir te trouver quelqu'un oui, ce n'est pas un problème. Tu n'auras qu'à passer dans mon bureau à la DAPHU, je te montrerai les spécimens dont nous disposons."

Bien sûr, elle ne pouvait garantir le succès de l'opération – à vrai dire, elle n'avait aucune envie de s'y risquer. D'abord parce qu'elle préférait se concentrer sur sa transformation personnelle avant de songer à quelqu'un d'autre, ensuite parce qu'elle ne faisait pas vraiment confiance à ce vieil homme. Il lui avait été d'une grande aide autrefois, certes, mais elle l'avait trop souvent trahi pour qu'il demeure fiable, bien qu'elle ne doutât pas que l'appât du gain pût suffire à le motiver à lui apporter son aide. Quoiqu'il en soit, elle espérait qu'il accepterait et, après la mission, elle n'aura qu'à faire échouer l'opération ou, plus directement, l'éliminer, pour s'éviter tout problème.

"Mieux encore, si tu le souhaites, je pourrais essayer de te trouver quelqu'un lors de notre mission de traque. Un jeune shinobi d'un village voisin, ça pourrait être intéressant, non ? Pour démarrer une nouvelle vie ? Je n'aurais qu'à le transporter jusqu'à Uzushio. Si je ne croise personne, il reste toujours les marginaux du village, que tu peux trouver à la DAPHU, ou je peux faire appelle à un réseau – je connais quelqu'un de Konoha qui pourrait nous aider à ce sujet – mais il faudra que tu me donnes un peu plus de détails sur ce que tu recherches. Quant à Sanada, je vais te demander de le laisser en paix, au moins pour un temps."

Satisfaite, Mifuyu saisit le parchemin que lui tendait le vieil Omura. Elle était parvenue à lui tirer les vers du nez grâce à l’appât du gain. Pour le clan de médecin, point d’argent dans le viseur, c’était une nouvelle enveloppe charnelle qu’il avait fallu proposer à ce vieux progressiste. Quant à savoir si elle tiendrait sa promesse… elle était même surprise qu’il l’ait crue, l’ayant déjà trahi une première fois, il aurait dû se douter que sa parole n’était pas à prendre trop au pied de la lettre. Enfin, comme je ne veux pas que vous croyiez que la Sorcière planifie des trahisons à longueur de journée, il convient de préciser qu’à ce stade, elle n’avait toujours pris aucune décision. Peut-être l’aiderait-elle, peut-être pas. Elle s’en moquait, en réalité, il fallait simplement que ce ne soit pas trop pénible pour elle. Sinon, elle dirait à Leiko qu’elle avait découvert les velléités progressistes du bonhomme, et pour cela qu’elle avait été forcée de l’exécuter. Personne ne la blâmerait pour ce médecin appartenant à une génération déchue – évidemment, la doyenne ne se comptait pas dans ce lot. Elle était vieille, mais toujours révolutionnaire.

Elle salua l’Omura et, sans encore regarder le contenu de la carte, elle partit en direction de la tour où les membres de son équipe s’étaient séparés. Elle doutait qu’un Keshi acceptât de lui révéler des informations sur un déserteur – après tout leur boulot était de les cacher – aussi elle savait que toutes les informations qu’elle obtiendrait de cette manière devraient être prises avec une certaine distance. D’un autre côté, son ancien collègue lui avait assuré avec conviction que cette recommandation portant son nom devrait suffire pour que le nukenin accepte de se livrer. Il n’y avait qu’à espérer que cela fonctionne. Dans le cas contraire, elle rejoindrait les membres de son équipe.

A ce propos, en arrivant au pied de la tour, elle aperçut un parchemin qui avait été accroché à un arbre à l’aide d’un kunai. « Pour Mifuyu » indiquait-il d’une écriture quelque peu enfantine, avec des grosses boucles et tout le tralala – un peu plus et elle s’attendait à voir des cœurs à la place des points sur les i.

Le parchemin contenait des informations pour diriger Mifuyu. Apparemment, ses élèves tenaient une piste. Très bien. Comme elle avait confiance en eux, en tout cas en Sanada, elle se dit qu’elle allait continuer un peu de son côté – aussi parce qu’elle voulait être la seule à rencontrer le Keshi, non pas de peur de mettre en danger ses élèves, mais simplement parce qu’elle serait peut-être forcée de faire certaines révélations compromettantes pour obtenir ses informations – et se rendre dans la grotte qui était indiquée sur la carte. Elle rejoindrait le reste de l’équipe Tsubaki dans ce fameux cimetière un tout petit peu plus tard.

Il fallut peu de temps pour que la Sorcière rejoigne la grotte où était supposé résider le déserteur de son clan. Il était étrange qu’un nukenin s’installe si proche de son village, mais soit, c’était sans doute pour bénéficier avec plus de facilité des réseaux Omura. Elle n’allait certainement pas le blâmer pour cela, elle serait bien mal placée de le faire. Et puis, ne dit-on pas que ce qui est le mieux caché se trouve juste sous nos yeux ?

La chirurgienne fit quelques pas dans la grotte, doucement, balayant les environs de son regard perçant. La cavité rocheuse se révéla plus grande qu’elle ne l’avait imaginée depuis l’extérieur – c’était effectivement un endroit particulièrement adapté pour se cacher. Après quelques minutes et s’être enfoncée un peu plus loin dans le canal souterrain, elle entendit le crépitement des braises. De fait, à quelques mètres d’elle, après un ultime virage dans la roche, elle pouvait observer des flammes danser et révéler les quelques dessins guerriers qui ornementaient les parois de la grotte. Derrière, encore trop éloignée pour qu’elle l’aperçoive avec précision, se tenait une ombre, assise, en train de griffonner sur un carnet.

Qui pouvait bien être cet Omura ayant quitté le village sans qu’elle ne le sache ?

Quand elle le saurait, elle pourrait discuter un peu avec lui, ou elle, lui demander les informations dont il disposait en lui tendant la recommandation qu’elle avait obtenu d’Omura Ijuro. Quel pouvait bien être le lien qui unissait les Arpenteurs aux Keshi ?

Résumé :