Corriger la faute ~ ft. Maho

La musique démontrait encore une fois son pouvoir unificateur, même si dans le cas du moine, la beauté de la demoiselle aidait énormément à cette surprenante amabilité. Il était suffisamment rare que quelqu'un passât outre l'apparence du moine, et voila que la demoiselle semblait... charmée? Bien-sûr il ne pouvait en être sure, mais il ne serait pas le premier à briser ce jeux. Continuant ainsi cet ambigu jeux de séduction, Maho se laissa transporter jusqu'à l'autel, alimentant la conversation tout en prenant bien soin de cartographier les lieux. Même pour un ninja, se repérer dans cette forêt était un sacré challenge. Heureusement ce chemin avait été parcouru suffisamment de foi pour laisser un chantier d'érosion, ce qui faciliterait grandement la tâche du duo eusse-t'il le besoin de revisiter les lieux.

"Merci beaucoup dame Imai, ce fut un réel plaisir."

Pour le coup Maho n'eut nullement besoin de contrôler sa voix, vu qu'il avait sincèrement apprécié la présence de la demoiselle. Pour tout dire, il aurait bien aimé prolonger cette rencontre, mais il était hélas trop vieux pour choisir un bon minois à l'accomplissement de son devoir. L'autel quand à lui n'avait rien de bien particulier, un mélange de bois et de pierres somme toute rudimentaire, mais suffisamment entretenu pour témoigner de l'usage régulier de ce lieux. Une grande coupe trônait au centre, accueillant quelques offrandes dont l'odeur témoignait de quelques plats fraîchement cuisinés. En tant que prêtre, Maho savait pertinemment ce qu'il advenait des offrandes déposées quotidiennement au Temple. Il avait lui même, alors qu'il n'était qu'un aspirant, nettoyer les autels, ajoutant ses dons aux entrepôts du bois bleu.
Cela ne faisait désormais plus aucun doute qu'il y avait une patte humaine derrière ces esprits, et si cette simple pensée assombrissait la face de l'Ocertan, cela l'encouragea néanmoins à inspecter les alentours. Il ne lui fallut que quelques secondes pour découvrir les kunaïs cachés dans l'herbe, et il ne sut retenir le soupir agacé provoqué par cette infâme mise en scène. Il savait bien que les Shinobis n'étaient pas regardant sur les moyens nécessaires à leur travail, mais cela ne l'empêchait pas d'enrager devant une aussi flagrante insulte au divin.

"Il semble que nous ayons une piste... Ces insolents impies le paieront cher."

Parlant bien plus pour lui même que pour son partenaire, l'envoyé de Jashin se mit à chercher les alentours. Il commença tout d'abord par se saisir des Kunaï, conscient que s'il s'agissait là d'un piège, le déclencher aurait le mérite d'attirer ici quelques âmes à faucher. Dans le cas contraire, il continuerait à fouiner aux alentours, à la recherche du moindre indice signalant la présence de shinobi. Il savait fort bien qu'un enfant de l'ombre pourrait sans mal circuler dans la forêt sans laisser de traces, mais si ceux-ci étaient suffisamment idiots pour laisser traîner des kunaïs, peut-être bien qu'ils firent d'autres erreurs?

Spoiler:

Elle avait encore menti, la gueuse ! Sachi était tourmenté par cette remarque, heureux d'un côté que cette mission prenne enfin une tournure intéressante mais énervé de voir qu'à deux reprises, la fille avait osé mentir à des hommes qui représentaient la foi. Y a plus d'époque !

Pour le moment, il ne dit rien, réfléchissant à la manière avec laquelle il pourrait lui tirer les vers du nez. Une bonne illusion ? Non, il se fatiguerait pour rien et risquerait de lui foutre la peur de sa vie. Il avait besoin qu'elle soit toujours en état de parler après. Un kunai maintenu sous la gorge ? Pas assez persuasif et, surtout pas original pour un sou. Bah, il trouverait autre chose sur le coup. L'improvisation, ça avait toujours été son fort. Autrement, jamais n'aurait-il survécu dans son milieu.

Les deux moines suivirent donc Imai jusqu'à l'autel dans la forêt, sans manquer d'acheter des pâtisseries auparavant. Ils sont drôlement voraces, ces esprits, se dit le saltimbanque. Il semblait y avoir autre chose derrière et, pourtant, la jeune fille était si heureuse avec ses petits gâteaux qu'il ne pouvait pas – pour une fois – douter de sa sincérité. Croyait-elle réellement nourrir des esprits ? En tout cas, quand ils arrivèrent à l'autel, elle y déposa sagement ses petits paquets sucrés et prit congé des étrangers. Il démangeait à l'illusionniste de lui crier "PAS SI VITE, MA GRANDE", mais il se retint.

A la place, il attendit quelques secondes que la demoiselle s'éloigne dans les fourrées et activa son mode furtif. Sans même consulter son partenaire, il lui fit signe de s'occuper des recherches pendant que lui suivait leur guide. Deux yeux suffisaient pour analyser un édifice religieux, a fortiori si ces yeux étaient déjà éclairés par la lumière divine. Bon, Jashin n'était pas réel, mais au moins l'Ocertan devait avoir l'habitude de contempler de telles constructions. De son côté, le marginal marcha derrière Imai pendant quelques centaines de mètres, pas plus. Il avait besoin de rester à une distance raisonnable pour deux raisons. La première, c'était que moins il s'éloignait, plus il avait de chances de retrouver son chemin après. La seconde, c'était que grâce à ses oreilles affutées, il était toujours à portée d'entendre si jamais le mi-moine mi-cadavre se faisait embusquer.

Il sortit deux parchemins de sa sacoche et bondit devant la jeune fille. Au passage, il lui donna une petite tape gentillette dans le dos, durant laquelle il lui colla un papier explosif. Enfin, il se posta à quelques centimètres à peine de son visage, tout content, et agita l'autre parchemin sous ses yeux.

"Tu vois, ça ? C'est un parchemin explosif, et tu en as un autre accroché à ton dos. Tu bouges d'un pouce pour essayer de l'enlever, et je le fais exploser, toi avec, dit-il avant qu'elle n'ait l'occasion de tenter quoi que ce soit de stupide. Il recula de quelques pas pour se mettre hors de portée de l'explosion, au cas où. Cela devrait lui faire peur. Maintenant, je tiens à te remercier de nous avoir amenés jusqu'ici. Mais, parce qu'il y a toujours un mais, je vais te demander de me dire rien que la vérité et toute la vérité ! Haha ! Il ricana quelques secondes avant de se reprendre. Ce type est instable, devait-elle se dire. Vois-tu, ma jolie, j'ai le pouvoir de savoir quand tu mens, alors si tu dis un mot de travers, BOOM ! Quel est ton lien avec le seigneur et, surtout, qui est-il réellement ? Au fait, tu sais pas s'il y a des shinobi dans le coin ?"

Ce qu'elle ne savait pas bien sûr, c'était que si le parchemin qu'il tenait dans sa main était bien réel, celui accroché dans son dos était factice. Quel délice !

Récapitulatif:

Presque déçu que les Kunaï ne fussent pas piégés, Maho continua son inspection. Hélas les responsables de cette mascarade s'avérèrent un tant soit peu capables, puisque aucun autre indice ne vint trahir leur présence. Néanmoins, alors qu'il avait son nez fourré dans l'herbe, le sixième sens du moine s'activa. Il y avait une présence à la périphérie de sa zone sensorielle, un être dont le chakra flamboyait suffisamment pour trahir une maîtrise, ne serait-ce que partielle, de ce dernier. Cela ne pouvait être une coïncidence. Même s'il ignorait comment, ces Kunaïs avaient provoqué quelque chose qui ameuta cette chatoyante présence.

Au départ l'Ocertan se contenta de continuer sa recherche, faisait le tour de l'autel comme si de rien était. Il s'agissait évidemment d'une scène de théâtre, mais il ne voulait pas effrayer ce chaton trop curieux. Les hurlements de la demoiselle le renseigna sur les agissements de son partenaire, provoquant au passage un rictus de désapprobation. Sachi avait surement une bonne raison d'embêter la demoiselle, après tout il était celui capable de discerner les langues perfides, cependant le balafré espérait qu'il n'abîmerait pas pareille beauté.
La présence s'avança légèrement, trop lentement pour que Maho pût espérer que l'inconnu ignorait qu'il fut aux côtés de l'autel. Ce type devait surement l'observer. Et bien s'il n'avait pas l'intention d'attaquer, pourquoi ne pas tenter un coup de poker?

"Sachi, arrêtes de tourmenter la demoiselle! Nous avons la localisation du village de toute-façon! Demain dès que les renforts arrivent, un régiment de samouraï détruira une fois pour toute ces foutus shinbois!"

Peu importe que cela ne fut qu'un bluff, si Sachi pouvait déceler le mensonge dans la voix de son partenaire, l'étranger lui n'avait surement pas cette capacité. Dans tous les cas, s'il était lié au clan de Shinobis, il ne pourrait rester sans rien faire. Qu'il attaquât, l'Ocertan saurait comment l'accueillir, qu'il prît la fuite pour alerter les siens, le hérault de Jashin se lancerait immédiatement à sa poursuite. Sa vitesse hors norme et son don de senseur lui assurant après tout de ne pas perdre sa cible. Maintenant il fallait seulement espérer que Sachi comprît le stratagème...

Spoiler:

Sachi s'amusait. Il avait visiblement fourré son nez dans une affaire de famille bien compliquée, mais qui, malheureusement, ne lui apporterait aucune information nouvelle sur sa mission. Il aurait bien creusé un peu le sujet pour satisfaire sa curiosité mal placée, cependant il se dit qu'il en avait déjà fait assez et qu'il gagnerait plutôt à rejoindre son partenaire, même s'il était bredouille. Espérons que lui avait eu plus de chance de son côté malgré le monde de faux semblants constants dans lequel ils évoluaient. Du reste, les battements surpuissants du coeur de la jeune fille l'épuisaient. Il était désolant de contrôler si peu ses émotions, aussi il entreprit de la rassurer.

- Oh, pardonnez-moi, madame la duchesse, dit-il tandis qu'il soulevait son chapeau en s'inclinant. Permettez-moi de vous débarrasser de tous ces artifices... dangereux. Il se rapprocha d'elle et arracha le parchemin qui était collé à son dos. Il le mit à côté du précédent et les agita tous deux sous les yeux effrayés de la jeune fille. Regarde, haha ! Ils sont différents. Il les pointait du doigt l'un après l'autre. C'est un faux, je n'aurais jamais fait exploser une dame aussi noble que vous ! Bon, allez, fille, ma grande ! Bon vent ! finit-il par s'exclamer en riant. Aaaah que cette mission, si infructueuse était-elle, pouvait être amusante !

Le marginal en finissait juste avec sa captive lorsqu'il entendit la voix de son compagnon, qui s'adressait directement à lui. Sa façon de parler était étrange, depuis quand se parlaient-ils avec tant de familiarité ? Et puis, surtout, quel gros bobard il venait de nous sortir ! Ils n'avaient absolument aucune idée de la localisation du village. C'était justement bien le problème, pardi !

Heureusement pour notre duo, le marginal n'était pas dupe. Il en avait certes l'air, mais il était bien loin d'être stupide. Tout cela n'était qu'illusions et manipulations malvenues. En fait, il avait des facultés largement supérieures à n'importe quel bouseux qu'ils avaient pu croiser dans ce village.

Quelque chose n'est pas clair... conclut-il simplement. Il fallait s'approcher pour résoudre ce mystère. Toujours furtivement, se déplaçant plus lentement, Sachi reprit la direction de l'autel. Il s'arrêta dans un buisson environnant, goûta une baie sucrée qu'il reconnut à sa couleur violette, et s'installa confortablement pour le spectacle. Merde, j'me suis taché !

L'envoyé de Jashin était toujours seul, mais pour le saltimbanque il ne faisait aucun doute qu'il avait parlé de la sorte parce qu'il y avait quelqu'un dans les environs. Ou alors, peut-être était-il moins intelligent qu'il ne le pensait...

Spoiler:

L’appât fut bien lancé, seulement rien n'y mordit, la simplicité du stratagème étant sans doute insuffisante pour le savoir-faire de shinobis. Toutefois l'Ocertan et son partenaire étaient également des ninjas, il possédait ainsi plus d'un tour dans leur manche. N'entendant que trop tard le sifflement de la flèche, Maho parvint certes à éviter le tir, mais pour la fumée... Il tenta bien de retenir sa respiration, mais il était trop tard. Une inspiration avait suffi emporter l'air fétide dans ses poumons. Vielle amie, la douleur s'invita dans son corps, suivant le chemin du feu dévorant qui envahissait sa trachée. Un autre que lui aurait sans doute plier face à la souffrance, seulement nous parlions de l'Ocertan de Jashin. Le dieu sombre ne lui pardonnerait jamais de fléchir pour si peu!

Faisant confiance au son sens mystique, Maho s'élança aussitôt à la poursuite du fugitif. S'extirpant en un éclair de la fumée, il évoluait à toute vitesse dans les arbres, dévoilant le résultat d'années d'entraînement. Prédateur en quête de sa proie, il se fichait fort bien de la toue qui brûlait sa gorge, ou encore du bruit que pouvait faire les larges enjambées qu'il prenait au travers des arbres. Bien au contraire, il souhaitait affoler le lièvre, car contrairement à ce dernier il percevait les déplacements d'un autre individu.
Bien que sa vitesse lui permettrait surement de rattraper le fugitif, Maho préféra simplement lui faire peur. Aujourd'hui il chassait en groupe, et s'il feignait de foncer vers sa proie, il le dirigeait en réalité dans les griffes d'un certain Sachi. Sa sensorialité lui permettait de percevoir son compagnon malgré son mode furtif, et donc de coordonner aisément ses mouvements avec ce dernier.

Récapitulatif combat:

Sachi fut dérangé par le bruit aigu d'une flèche filant à toute allure vers sa cible. Il crut ensuite l'entendre exploser pour dégager un nuage de fumée qui, il s'en doutait, ne serait pas agréable à respirer. Le saltimbanque ne pensait pas être dans la zone sinistrée qui s'étendait autour de l'Ocertan mais, dans le doute, il s'éloigna légèrement et toujours discrètement. Il ne se faisait aucun souci pour son partenaire : jamais l'envoyé du dieu de la destruction ne tomberait pour si peu.

D'ailleurs, encore une fois grâce à son oreille attentive, il distingua que le religieux courait – très rapidement – un peu plus loin vers le cœur de la forêt. L'ennemi venait donc de là-bas ? Instinctivement, l'illusionniste partit à sa poursuite à son tour, tout en restant toujours à une distance raisonnable de son compagnon. S'il s'éloignait un peu et faisait de sa trajectoire une courbe tournée vers l'extérieur, peut-être arriverait-il à prendre leur ennemi en tenaille. Maho courait plus vite que lui, malheureusement, mais une drôle de force semblait pourtant l'attirer dans la même direction. Se pouvait-il qu'il puisse le repérer à une telle distance, alors même qu'il camouflait son chakra et qu'il n'avait pas semblé remarquer un quelconque sens particulièrement développé chez l'homme ?

Qu'importe, tant qu'ils attrapaient leur proie. Car Sachi l'attendait. Il attendait que l'homme-cadavre mène sa cible jusqu'à ses griffes. Équipé de son kunai, qu'il tenait entre ses dents tandis qu'il courait en laissant ses bras aller vers l'arrière, il était prêt à le cueillir en route.

Résumé :

Comment se fasse-t'il qu'un gamin, aussi shinobi qu'il fut, parvint à surpasser la vitesse d'un Ocertan? Au diable si le moine le savait. C'était comme si un Dieu omnipotent ignorait les lois de la logique, permettant à ce gringalet d'échapper non pas à la prise d'un, mais de deux ninjas entraînés, et ce sans que le balafré ne perçût la moindre utilisation de chakra. Ce n'avait aucun sens, mais tout comme dans ces jeux de rôles ou parfois le maître de jeu n'en faisait qu'à sa tête, Maho supposa que les Dieux avaient leur propre logique.
Pistant l'énergumène assez aisément, un malandrin courant à toute vitesse dans la forêt n'étant pas la chose la plus difficile à repérer, le poursuivant s'arrêta au détour d'un arbre, à l'entrée d'un tunnel sorti de nul part. Son sens mystique lui indiquait la présence du fuyard.

"Et bien nous voila au terrier du lapin. Pour qu'il décide aussi brusquement d'arrêter de courir, je suppose que nous allons droit dans un piège. J'aimerais bien capturer ce jeune homme vivant afin de lui délier la langue, une idée?"

Maho avait bien quelques idées pour attraper le fuyard, mais vu l'ardeur du jeune homme, l'usage de la force risquait bien de lui ôter la vie. M'enfin dans le pire des cas, ils pourraient toujours utiliser son corps comme appât. Au moins maintenant le duo savait qu'il y avait bien quelques shinobis dans la région. Brûler la forêt, raser le village, ils trouveront bien un moyen de repérer ces rats des champs.

Récapitulatif combat:

Dans cette course poursuite effrénée entre les deux personnages mystiques et le petit lièvre armé d'un arc de bois, Sachi était bien plus dérangé par le bruit puissant et irrégulier de sa propre respiration plutôt que par les divers éléments du décor qui semblaient faire tout leur possible pour le faire trébucher à chacun de ses pas. L'homme qu'ils pistaient était rapide, plus que lui et au moins autant que l'Ocertan. Heureusement, comme par un heureux coup du sort – ou par une nouvelle fourberie qui surpassait même celles du saltimbanque – le gibier finît par rejoindre son terrier en s'enfonçant dans une sorte de grotte camouflée dans la forêt. L'illusionniste retrouva son partenaire à l'entrée et lui adressa la parole avant d'y poser le premier pied. Il n'y avait pas de temps à perdre, rien ne leur prouvait qu'un tunnel secret n'avait pas été creusé dans cet abris naturel par une bande de shinobi adeptes de l'embuscade et de la fuite.

- Un piège… oui, c'est certain, même. Mais laissez donc l'artiste faire son numéro, dit-il joyeusement à l'envoyé de Jashin en parlant de lui-même à la troisième personne.

Décidé, il fit un pas, puis deux, puis trois, puis reprit enfin sa course à l'intérieur de la grotte. Si des ennemis l'y attendaient embusqués, il comptait bien sur le cadeau divin qu'il avait reçu de son dieu pour l'en informer. A moins d'être parfaitement immobiles sur une longue durée, il était impossible que son oreille ne relève pas les mouvements d'hommes parmi la roche, si tant était qu'il y en avait.

Bientôt, Sachi arriva à bonne distance de celui qui allait être sa victime. Il ignorait si Maho le suivait, bien qu'il n'en douta pas, et se concentra sur ce qu'il devait faire. A l'image d'un prodige qui n'a jamais été initié au solfège, le marginal en connaissait bien peu sur le fonctionnement du chakra et des techniques ninjas. Il avait simplement remarqué qu'il lui était possible, certaines fois, de terroriser voire de mettre à genoux les hommes par la simple parole. C'était d'ailleurs un pouvoir qui lui avait permis à plusieurs reprises de conclure de bonnes affaires. Comment s'étonner, en voyant ce dont il était capable, qu'il se prenait pour un véritable prophète ?

Comme il ignorait si le piège était bien réel ou non, il lui faudrait atteindre sa cible à une plus grande distance, et ce, sans se dévoiler. Se camouflant derrière un rocher, il effectua quelques mudra qui suffirent à faire porter sa voix en zigzagant sur les parois de la grotte, jusqu'à atteindre l'oreille du jeune fuyard. La voix était celle de Sachi, avec un léger revêtement aiguë qui le faisait sonner malicieux.

- Dainichi t'ordonne de t'arrêter, mon enfant. Accepte d'écouter la voix de Dieu et renonce à te battre, ordonna-t-il calmement, la voix chargée d'une énergie mystique qui, s'il l'avait entendue, suffirait à le plonger dans une puissante illusion. Si cela réussissait, les trois hommes n'auraient guère à se battre et pourraient même glaner quelques précieuses informations.

Récapitulatif combat:

Ce piètre jeux du chat et de la sourie prenait enfin fin, même si l'Ocertan ne fut pas aussi utile qu'il eut espérer. Il savait parfaitement comment ôter la vie, de façon cruelle ou paisible, avec honneur ou malice, mais tout son talent pour la destruction se révélait caduque dans cette situation. Son partenaire au contraire s'avoua bien plus fin, et tandis que Maho le suivait discrètement, maintenant une certaine distance afin de ne pas effrayer leur proie, il laissait le maître agir.
Pour quiconque ignorant les arts ninjas, ceci passerait réellement pour un don divin, et le moine savait trop bien comme il était facile d'épater les foules. Les membres de son clan utilisaient le ninjutsu d'une façon qui ressemblait à s'en méprendre à une intervention divine. Seulement voila les mudras ne trompaient personne, sauf peut-être ce jeune garçon qui passa, sous les yeux ébahis du prêtre, d'un martyre prêt à mourir pour son clan à une loque humaine.

Ignorant comment fonctionnait ce miracle, Maho s'approchait prudemment du suicidaire envouté. Il se gardait bien d'émettre le moindre son, et alors même qu'il remarqua la fiole trônant entre les dents du pauvret il se fit violence pour ne pas bondir sur place et l'ôter de sa bouche. Qui sait ce qu'un mouvement brusque pouvait produire en ce moment, mieux valait laisser l'auteur de ce charme jouer avec sa magie. Maho lui se contenta de marcher lentement vers les armes du ninja, prenant une trajectoire circulaire afin de ne pas sembler trop agressif.
Le danger immédiat restait la fiole de poison plantée dans sa bouche, seulement si jamais il revenait à lui, le lionceau devra arracher l'arc des mains de l'Ocertan. Ce dernier laissait néanmoins pour l'instant la place à Sachi, après tout il l'avait capturé, il était désormais le propriétaire de cette vie.

Récapitulatif combat:

Le saltimbanque avait veillé à garder ses distances, il avait même utilisé ses meilleurs techniques de pisteur, lui qui était habitué à la traque depuis bien des années en compagnie de son illustre compagnon, Maika. Cette fois, si la fin avait été atteinte, ce ne fut pas sans accroc. Le gamin qu'il pourchassait savait lui aussi se défendre et, au moment où le charme était prononcé, il passait à la contre-attaque. Sans même le savoir, il venait d'utiliser sa dernière carte avant d'être totalement à la merci de l'illusionniste aux habiletés vocales divines.

Une flèche. Il ne suffisait que d'une flèche, et l'homme pouvait passer du chasseur à la proie, de la vie à la mort, de l'humain au déchet pourrissant qui ne tarderait pas à se faire dévorer par des millions de créatures infiniment petites qui, tout autour de lui, n'attendaient plus que de voir cet être gigantesque se décomposer pour en faire leur festin et le ramener à son état naturel. Heureusement, cette flèche, la lâche flèche du garçon n'atteignit pas Sachi dans un point vital. Lui aussi, ou plutôt lui surtout, était aimé de Dieu. Aimé de la Grande Illumination qui lui avait fait don de son oreille, de ce sens qui faisait de lui un de ces humains qui s'étaient affranchis de leur statut pour se rapprocher ne serait-ce qu'un peu de la divinité. Cette oreille lui permit d'entendre l'arc se bander, la corde se tendre et se frotter au contact de la flèche. Instantanément, et alors que son incantation magique et illusoire prenait fin, il se rangea derrière son rocher, juste à temps pour que le projectile n'effleure que son épaule droite, laissant échapper une quantité importante de sang – bien peu, comparé à ce qui aurait pu arriver. Sachi, en proie à la douleur, joignit malgré tout ses deux mains et inclina lentement sa tête en guise de respect et de remerciement à sa divinité protectrice.

Alors, il s'approcha finalement du garçon en même temps que son compagnon. Comme lui, il remarqua la petite fiole cachée au fond de sa gorge grâce à un léger reflet de lumière qui se réfléchissait contre elle. Il resta pensif quelques secondes, se demandant comment faire pour régler cette situation. Il pourrait tenter de la lui enlever de la bouche à la main, mais il ne souhaitait pas prendre le risque de lever l'envoûtement. D'ordinaire, il lui aurait simplement tranché la gorge, mais cela s'était avéré ne pas être une tactique très efficace pour récupérer des informations…

Il ne restait qu'une solution : le dialogue. La violence, jusqu'ici, n'avait guère su faire ses preuves, aussi il lui faudrait innover. Heureusement pour lui, quand il ne se lançait pas dans des menaces pieuses, il maniait parfaitement l'outil oratoire : n'était pas artiste de rue qui le voulait. C'était au moins un avantage à sa condition de hinin. Il tendit la main au garçon et, sur un ton tout à fait monocorde, s'adressa à lui. Il avait compris au cours de ses précédentes rencontres que cette technique pouvait être brisée si l'on élevait trop la voix ou si l'on provoquait un choc chez sa victime. Il s'appliqua donc à être le plus neutre possible.

- Mon garçon, ne veux-tu pas cracher ce que tu as dans la bouche ? Parle-moi plutôt de tes amis, et où ils sont. Je ne leur veux aucun mal, mais ils ont quelque chose que je recherche. Je le récupère, et me voilà parti, et vous tous en vie. Ok ?

Mensonges, mensonges, mensonges. Une fois de plus, il inclina sa tête pour se repentir de ces viles paroles. Sa religion ne laissait normalement guère de place aux mensonges, à l'exception seule de quand ils permettaient d'accomplir la volonté de Dainichi. Dans ce cas, il s'agissait des mensonges les plus purs qui puissent exister, puisqu'ils serviraient à punir des impies.

Récapitulatif combat:

Sentinelle de bronze aux côtés du saltimbanque, le moine observa la scène dans un silence de tombe, admira un maître de la déception à l'œuvre. Quelques adeptes de Mino maniaient certes l'alambiqué Genjutsu, cependant peu s'en servaient pour exprimer le penchant obscur de leur Dieu. La manipulation était certes le domaine de £egok-Mino, mais ses disciples occultaient volontier ce trait. Au moins les adeptes de Jacin avait le mérite d'honorer toutes les facettes de leur foi.

L'Ocertan observait donc son partenaire, d'autant plus confiant que les informations ne tardèrent pas à tomber. Ils avaient certes écumé la forêt, mais même leurs sens aiguisés ne purent rien face au labyrinthe verdoyant. Si le temple du Bois bleu était aisé à trouver, il ne faisait aucun doute qu'on ne tombait pas par hasard sur un clan de Shinobi. Si ces derniers souhaitaient réellement rester dans l'ombre, il ne fut guère étonnant que le duo ne trouva rien durant sa promenade champêtre. Seulement désormais ils avaient non seulement une indication, mais la certitude que ce maudit clan exista. Cette confirmation pouvait sembler bégnine, mais toute chasse aux trésors devenait bien plus aisée si l'existence du convoité trésors se trouvait confirmée.
Maho voyait bien que le jeune homme luttait contre l'envoutement, seulement ignorant tout du fonctionnement de ce dernier, il n'osait point agir. Même lorsqu'un éclair de lucidité embrasa ses yeux, le balafré resta de marbre. Trop tard, le moine n'eut pas le temps de faire un pas que les dents se refermèrent sur la fiole. Il n'y avait aucun doute quand au contenu du récipient, et alors que l'enfant retombait au sol, Maho se précipita à ses côtés, l'attrapant par le col, agrippant sa tête de son autre main.

« Pourquoi?! Pourquoi sacrifier la pérennité de votre clan, les vies d'enfants, pourquoi tout mettre en péril pour une simple amourette? Ton clan serait donc prêt à abandonner un shinobi dans la fleur de l'âge pour protéger les états d'âmes d'une princesse?! »

Bien que sa poigne fut ferme, le ton de l'Ocertan n'était pas tant accusateur qu'empreint de pitié. Il venait de voir un gamin parfaitement capable s'ôter la vie, et s'il comprenait fort bien qu'un shinobi puisse en arriver là pour les siens, il se demandait sincèrement quels monstres sacrifieraient les leurs pour protéger une simple romance? Certes il ne s'agissait pas là d'un clan majeur, mais tout ninjas savaient que malgré leurs pouvoirs, ils n'avaient pas le luxe de s'opposer aux Daymos. Ceci était d'autant plus vrai pour un groupuscule sans nom et réputation.
Ce garçon ignorait peut-être la raison de leur venue, mais si il était suffisamment clairvoyant pour choisir la mort, il devait surement se rendre compte de l'absurdité de la situation. Quels êtres sensés accepteraient d'abandonner un adolescent, mais seraient prêts à tout risquer pour les beaux yeux Etsukazu Aimi? Il devait y avoir d'avantage à cette histoire, ou alors cette bande d'ignares méritait largement le jugement de Jacin.

Qu'il parlât ou non, le jeune homme expira son dernier souffle, laissant à l'Ocertan l'occasion de lui ôter ses vêtements. S'il fouilla à la recherche d'éléments lui permettant de localiser le village, l'équipement et tout autres objets personnels restèrent insouillés. Il était l'Ocertan de Jacin, pas un vulgaire pillard. Il s'abstint toutefois de préparer un quelconque rituel, car si le Dieu sombre honorait les guerriers et ceux tombés au combat, il n'avait que faire d'un lâche prenant sa propre vie.

« Les villageois étaient donc au courant. Si nous ne trouvons rien au Nord, j'enseignerai avec plaisir la peur du divin à ces imbéciles. »

Des mots sombres qui, énoncés par un homme-démon, semblaient d'autant plus funestes. Toutefois le temps passé aux côtés de Sachi enseigna à Maho qu'il n'avait pas à ménager son partenaire, ce dernier semblait aussi capable que lui d'incarner la face sombre des Dieux. Après avoir fini sa fouille, le balafré planta un Kunaï dans la aorte du cadavre, le retirant délicatement en utilisant les vêtements du décédé pour nettoyer le sang.

« Pardon si mes actes offensent Dainichi, mais dans mon cas, Jashin ne sourit pas aux suicidaires. J'ai une idée sur comment approcher ce village. Une tactique plutôt simple, mais qu'importe, massacrer ces idiots reste toujours un excellent plan B. »

Tandis qu'il discutait les détails du plan, le moine mit de côté les vêtements et l'arc du cadavre, avant d'examiner longuement les traits du jeune homme. Joignant ses mains, il s'assura d'avoir en tête chaque détail de l'anatomie étrangère, avant d'activer une technique vielle comme le monde. En quelques secondes, l'effrayant Ocertan prit les traits de l'adolescent. Plutôt ressemblant non? Demanda-t'il, nu comme un ver, avant de se vêtir des habits souillés de sang du décédé. Bien qu'il eut préféré laissé là toutes les possessions de l'enfant, il se saisit toutefois de l'arc et des flèches, conscient de l'importance de l'arme dans la crédibilité de son déguisement.

Ce fut ainsi que le duo se mit en chasse. Maho laissa à son collègue le soin de décider du sort du cadavre, puis ils se mirent de nouveau à explorer la forêt. Son sens divin activé, l'Ocertan n'avait toutefois pas besoin de ralentir sa foulée, puisqu'après tout il incarnait un jeune shinobi. Au contraire, le sang sur ses vêtements signifiait qu'il sortait tout juste d'un affrontement, et la frénésie de sa course signalait un état de choc, ou de stress, surement provoqué par une rencontre importune.
Le moine se fondait donc dans le rôle du jeune éclaireur retournant au bercail après avoir triomphalement échappé à l'ennemi. Cela pouvait fonctionner, à condition bien-sûr qu'ils trouvassent effectivement quelque chose au Nord de cette maudite forêt…

Récapitulatif combat:

Il avait fini par parler, ce lâche. Il n'avait pas supporté le poids de la défaite, de la culpabilité, et avait préféré s'ôter la vie. Il y avait une certaine forme d'honneur au suicide quand il servait à protéger quelques informations, mais dans le cas présent… le type avait parlé et après s'était suicidé. C'était à n'y rien comprendre.

"Cet hérétique-là n'a pas sa place au royaume de Dainichi" dit simplement Sachi quand le jeune homme expira. Dainichi ne supportait pas le suicide : face à l'absurdité apparente de la vie, il y avait deux solutions. La première, le suicide, était celle de la lâcheté, de celui qui reniait ce monde en bloc ainsi que son existence. L'autre solution, c'était Dieu. Dieu expliquait tout, le mal comme le bien. Se suicider, c'était renier Dieu, renier que tout a un sens, même si on ne le comprend pas. La Grande Illumination ne peut avoir créé qu'un monde parfait, quand bien même les humains n'en saisissent pas toutes les subtilités. Cette incompréhension est normale. S'il comprenait le sens caché du monde, qu'est-ce qui les séparerait alors de Dainichi ?

Ainsi, quand l'Ocertan laissa au saltimbanque la responsabilité de décider de la dépouille du garçon, il se contenta de hausser les épaules. "Je ne rendrai aucun honneur à un lâche. Il gira ici, sans sépulture, pour l'éternité." Puis ils partirent tous deux, après une transformation impressionnante de la part de son compagnon. Il maîtrisait évidemment cette technique lui aussi, mais ne s'en était jamais réellement servie. Il l'avait utilisée uniquement lorsque son guide la lui avait apprise, dans les premiers mois de son apprentissage. Il se dit alors qu'il songerait dorénavant à s'en servir plus souvent, lui qui était un adepte de la tromperie.

Concernant la marche à suivre, les deux hommes étaient d'accord. Le Jashiniste prendrait l'apparence de leur victime et tenterait de s'introduire dans le village shinobi, tandis que le hinin resterait en retrait, faisant usage de ses dons de furtivité pour observer, ou plutôt écouter, sans se découvrir inutilement. Il ne doutait d'ailleurs pas de la capacité de l'Ocertan à se défendre seul si jamais quelque chose ne se passait pas comme prévu. Les partisans de ce dieu-là étaient bien souvent de féroces combattants, bien plus que lui. Il le lui prouva d'ailleurs en mentionnant un potentiel plan B, sur lequel l'artiste de rue tomba encore une fois en accord.

"Dainichi ne pardonne pas le mensonge, mon bon ami. Il ne prêche toutefois pas les meurtres non nécessaires, mais si les villageois nous mentent à nouveau, il s'agira d'une offense que je ne saurai pardonner. Il faudra qu'ils paient de leur sang."

Le duo prit enfin la direction du Nord de la forêt. Il doutait que le garçon lui ai menti, d'abord car il était sous l'effet d'une puissante illusion puis parce que son oreille ne lui avait rien indiqué en ce sens – bien que cette mission avait la fâcheuse conséquence de remettre son don en question depuis le début. Ils voyagèrent d'abord côté à côté puis, alors qu'ils se rapprochaient de leur destination présumée, Sachi ralentit volontairement la cadence pour prendre un peu ses distances avec son compagnon. Il guidait ses pas en écoutant le chemin qu'il empruntait, se fiant aux branches cassées et aux feuilles froissées qu'écrasaient ses pieds lourds.

S'ils parvenaient à localiser le village, l'illusionniste laisserait l'Ocertan y pénétrer seul. Lui se camouflerait en haut d'un arbre d'où il obtiendrait une vision plongeante sur ce qu'il s'y passait. Il écouterait également du mieux qu'il pourrait les éventuelles paroles prononcées ou au moins tacherait-il de déduire l'ambiance générale des lieux au vu des quelques bruits qui s'en échappaient.

Récapitulatif combat:

Le duo parcourut de nouveau la forêt, bien plus silencieux cette fois, et en ce qui concernait l'Ocertan, avec un goût amer en bouche. Non seulement il venait de voir un enfant s'ôter stupidement la vie, mais la vilénie des villageois fut révélée, souillant d'une encre hideuse l'exquise chanteuse précédemment rencontrée. Ces mécréants devraient remercier tous les Dieux que le duo arrivât à destination, leur évitant ainsi les raffinements du courroux de Jashin.
Le chemin jusqu'au nid de rats fut relativement tranquille, les pièges ingénieux s'avérant caduques face au savoir faire d'un Ocertan et la malice d'un démon souriant. La forêt s'ouvrit sur quelques collines, dévoilant un manoir surprenant au vue de sa localisation. Bien qu'un mur entourait le domaine, l'édifice se rapprochait d'avantage de la maison de campagne que du repère de shinobis. Toutefois ce n'était pas un homme déguisé qui se fierait aux apparences, d'autant plus que sa sensorialité lui révéla rapidement le chakra tournoyant au sein de ce repère.

Une terrible épreuve l'attendit néanmoins aux abord du nid de vipères. Hideux et énorme, un monstre gargantuesque s'agita au niveau des remparts, brandissant son bras odieux en drapeau de bataille. Débordant de rire et de malice, cette chose nommée Moemi vint à sa rencontre... Quelle cruel destin que, du haut de sa gloire, il dût jouer le grand frère.
La joie fébrile de ce mioche ne laissait aucun doute quand à sa relation avec le défunt adolescent. Ceci représentait à la fois une aubaine et un grand danger, car s'il pouvait prendre la peau du jeune homme, le moine ne saurait imiter sa voix. Faisant au mieux pour masquer ses piètres talents d'acteur, l'usurpateur façonna un sourire, puis il laissa de nouveau le poids de la fatigue jeté son dévolu sur sa face. La réussite de ce plan dépendait de sa capacité à se rendre misérable, or heureusement s'il était un piètre acteur, le Kaice connaissait parfaitement fatigue et douleurs. Il prenait volontairement des respirations trop courtes afin de sembler essoufflé, posant une main lourde sur l'épaule de Moemi, autant pour lui faire sentir son exhaustion que pour le garder proche de lui.
Maho ignorait sincèrement combien de temps il pouvait continuer ce ménage, mais heureusement la porte s'ouvrit, lui laissant pénétrer le domaine. Ses sens aux aguets, l'Ocertan prit soin de laisser le garçon entrer avant lui, ne souhaitant pour l'instant donner son dos à personne. L'Henge était un outil formidable pour les ninjas, cependant il souffrait de sa popularité, et s'il était aisé de tromper un civil, se jouer du regard aguerri de shinobis restait une autre histoire.

N'ayant pas le loisir de la réflexion, Maho opta pour la carte de l'épuisement. Pour l'instant il ne devait surtout pas dire le moindre mots, car cela grillerait tout de suite sa couverture. Ainsi il sorti son propre parchemin de mission, le tendant à Moemi juste avant de s'effondrer. Bien-sûr il n'avait pas réellement perdu connaissance, mais il devait juste gagner du temps. Son but était de faire comprendre aux Gareki que la princesse était recherchée, afin de provoquer un mouvement de troupes vers elle.
Il ignorait où se trouvait Sachi, mais ce dernier observait surement la situation, et il pourrait alors déterminer la position de leur cible. Pour la suite, il leur suffisait d'écraser les chenilles, pour capturer le papillon.

Récapitulatif combat:

Sachi se guidait à travers la forêt en écoutant les mouvements de son partenaire. Il restait en arrière, afin que celui-ci se présentât seul à l'entrée du village, toutefois il se devait de maintenir une distance raisonnable en cas de difficulté imprévue. L'illusionniste était intelligent et, pourtant, tête en l'air. Sa concentration n'était pas très stable : tantôt il concentrait son don d'écoute pour suivre les pas de l'Ocertan, tantôt pour écouter la Nature, cette incroyable manifestation de la puissance de Dainichi qui se révélait à lui dans chacun des bruits de la forêt, des cris d'oiseaux aux crissements des feuillées écrasées – à qui il avait presque envie de s'excuser, d'ailleurs.

Puisque l'envoyé de Jashin n'avait émis aucun son particulier, donc, le saltimbanque n'était pas inquiet plus que cela. A tort. Il ne s'en rendait pas compte car il ne le voyait pas, mais ses quelques mouvements irréguliers s'expliquaient par ses efforts pour éviter les pièges tendus dans la forêt par ces foutus ninjas qui, il fallait l'avouer, se la jouaient insaisissables alors qu'ils finiraient rôtis dans le même chaudron d'ici à peine quelques heures. Ces efforts pour éviter les pièges, Sachi ne les reproduisit pas, simplement car il n'en vit aucun. Ainsi, alors qu'il s'approchait enfin du repaire ennemi, il trébucha violemment sur un fil de fer qui avait été tendu et camouflé sous les herbes. Le contact de ce fil avait déclenché une salve de shuriken qu'il ne parvint qu'à esquiver partiellement, les autres se fichant avec douleur à l'intérieur de sa cuisse. Il dut lutter de toutes ses forces contre son instinct d'acteur qui l'incitait à hurler, à exprimer sa douleur – bien qu'elle fût somme toute assez maigre – afin d'inspirer la pitié de son public. Problème, ici, il fallait mieux que le public ne sache pas que l'artiste se trouvait dans les parages. Alors, en bon shinobi, bien qu'il détestât cette appellation qui puait l'embourgeoisement, il ôta délicatement les projectiles de sa jambe qu'il recouvrit d'un bandage.

Un marginal tel que lui était habitué à la douleur de son enfance. A une douleur bien pire que la douleur physique, celle de l'humiliation, du piétinement de sa dignité ; aussi, ce n'étaient pas quelques shuriken qui l'empêcheraient d'avancer. Il passa donc outre la douleur aiguë que provoquait chacun de ses pas pour reprendre sa course, revenant progressivement à son rythme de croisière précédent. Cette fois, il fit plus attention. Il parvint même à localiser un coin de terre retournée surplombée de quelques feuillages suspects, qu'il contourna. Il n'en avait aucune preuve, mais il songea qu'il venait d'éviter une fosse creusée par ces maudits shinobi, et il en fut bien content.

Bientôt, il aperçut au loin un modeste manoir, probablement entouré d'autres habitations plus discrètes, dont il était encore trop éloigné pour les distinguer. En s'approchant, il ralentit la cadence, voulant s'assurer que son compagnon était en avance sur lui. En se concentrant, il put entendre une voix, probablement d'un enfant, qui s'adressait à Maho – il se mit instantanément à prier pour que le jeu d'acteur de l'Ocertan ne le compromette pas, même s'il avouait sans difficulté que cela le ferait bien rire ! Il se mit à rêver d'être à la place, lui dont la comédie était le métier et le seul plaisir. Enfin, tant pis, il se contenterait pour l'instant de le suivre à distance.

Voulant rester discret, il maintint son chakra pour éviter d'être repéré par ses ennemis qui, il l'espérait, seraient trop occupés avec Maho pour se soucier de lui. De son côté, il mobilisa son énergie spirituelle sur sa voute plantaire pour entreprendre l'ascension secrète de la muraille. En même temps, il restait bien sûr concentré sur tout bruit qui pourrait l'alerter d'un danger ou signaler que son compagnon était en situation délicate.

Récapitulatif combat:

Bien qu'il fut en apparence au sol, l'usurpateur était encore alerte. Il n'avait pas perdu de vu qu'il était seul au beau milieu d'un camps de shinobi, et que le moindre relâchement pouvait lui être fatal. Lorsqu'on le souleva, il prit bien soin de garder ses mains libres, les deux porteurs se contentant de l'attraper au niveau des épaules afin de le relever. Plus que jamais il était aux aguets, et le pauvre être tentant de se faufiler dans son dos l'apprit à ses dépends. Sa pseudo-discrétion fonctionnait sans doute contre ces pecnots de villageois, mais face à un Ocertan tout ceci s'avéra caduque.

Alors que la lame pénétra sa chair, l'usurpateur explosa dans un nuage de fumée, révélant à sa place une souche de bois, usant d'une ruse aussi vielle que le monde. Maho attrapa sa faucille juste après le Kusarigama, profitant de la surprise pour la planter dans le cœur de l'enfant. Ce dernier n'eut donc pas le temps de monter jusqu'aux murailles. Il avait d'ailleurs repris son apparence, un démon noir aux cheveux blanc, qui ne connaissait pas la pitié.
Il planta son croc sans la moindre hésitation dans le corps de l'enfant, et même pire, le sourire à peine caché maquillant ses lèvres criait une absence totale de remords. Expulsant le corps transpercé d'un puissant coup de pied, le moine exécuta rapidement des mudras particuliers à son Temple, laissant la faucille de son arme pendue à ses hanches. Une sphère de chakra apparut dans sa main droite, irradiant d'une lumière malsaine et maléfique : l'aube de Jashin.

«   Kirot Miete  »

Prière glaciale à un Dieu sombre, à peine fut-elle prononcée que la sphère explosa en une myriade d'aiguilles, élégantes promesses de mort. Alors qu'il contemplait la pluie de funeste, Maho prépara son Kusarigama au combat, déroulant la chaîne tout en laissant une petite partie autour de ses hanches, afin de pouvoir lâcher l'arme sans la perde. De sa main droite il tenait la faucille, prête à mordre quiconque s'approcherait de lui. De l'autre il brandissait le poids, baiser mortel qu'il se ferait une joie d'envoyer sur un pauvre fou trop chanceux. On pourrait penser que ses actions avaient un but, mais en réalité il se laissait tout simplement guider par une furieuse soif de sang, content d'avoir enfin une excuse pour offrir des vies à son Dieu.

Récapitulatif combat:

L'illusionniste, après une rapide grimpette sur le rempart qu'il avait espérée plus discrète qu'elle ne le fut – après tout, il n'était pas stupide : il n'avait fait aucun bruit, avait bien fait attention à ne pas montrer juste sous le nez de la première sentinelle venue – fut tout de même alerté par l'exclamation de ce sale gamin qui, pourtant dans la cour intérieure où Sachi n'avait pas encore pointé le bout de son nez, révéla à l'entièreté du village sa présence. Merde ! étouffa-t-il du haut de son rempart alors qu'il visualisait déjà les divers moyens de fuite qui pouvaient se proposer à lui. En effet, le saltimbanque n'était pas féru du combat rapproché à face découverte, c'était même tout le contraire.

Heureusement pour lui, son partenaire et homologue Jashiniste avait lui aussi grillé sa couverture et venait de faire preuve d'une violence extrême afin d'empêcher ce même gamin de rejoindre le marginal comme il l'avait prévu. Il reconnut bien là le sang froid ainsi que la cruauté d'un disciple du dieu vengeur. L'envoyé de Dainichi avait beau ne pas accorder de crédit à sa religion, il fallait pourtant avouer que les valeurs qu'elle enseignait étaient fort loin de lui déplaire.

Il profita alors de ce moment de répit durant lequel il n'était pas assailli par la horde de shinobi qu'ils venaient de se mettre à dos pour descendre lui aussi dans la cour intérieure et se placer derrière un chariot rempli de foin. Il se doutait qu'il s'agissait d'une bien piètre cachette, mais peu importait : l'important était de gagner du temps et de la distance. D'ailleurs, si ses ennemis avaient une once de discernement, ils comprendraient rapidement que la véritable menace ne reposait pas sur l'énergumène au costume de bouffon, mais bien sur le vilain cadavre à la grande faux. Du moins, il espérait qu'ils réagissent comme ça.

Placé donc à une certaine distance, donc, il infusa sa voix de chakra. Grâce à ses prédispositions auditives impressionnantes, il imita à la perfection la voix de l'homme qu'ils avaient poursuivi jusqu'à la grotte et qui avait fini par leur indiquer leur planque.

"Pourquoi a-t-il fallu que vous me laissiez mourir seul ?" s'écria-t-il en projetant sa voix dans tous les sens, qui semblait alors arriver à ses ennemis depuis des directions absolument opposées à la sienne – comme si c'était réellement une voix de l'autre monde qui s'élevait.

L'objectif était bien entendu de troubler ses adversaires, c'était d'ailleurs bien la spécialité d'un illusionniste, mais pas seulement. Il ajouta à ses paroles une dose de chakra destinée à plonger ceux qui l'entendraient dans un genjutsu dont il avait le secret. Il s'agissait d'une illusion cruelle s'attaquant à ce que les hommes avaient de plus précieux et, bien souvent, de plus fragile : leur ego. Comment réagirait toute cette troupe face aux complaintes infernales de leurs proches ou de leurs victimes, entre autres possibilités ?

Récapitulatif combat:

Recap:

Un frisson parcourut l’Ocertan alors qu’une symphonie de cris s’élevait vers les cieux. Chaque fois qu’une des épines divines touchait la chair, elle faisait danser le sang, invoquant une ode au massacre. Pourtant le meurtrier dut constater qu’il avait sous-estimé ses proies. Si la majorité fuyait pour sa vie, quelques braves se dressèrent face à l’adversité. L’honneur était également le domaine de son Dieu, et lorsqu’un vieillard se présenta en face de lui, le visage aussi serein qu’une montagne, le Kaice ne put que lui accorder son souhait. Il aurait pu continuer sa boucherie, mais il ne pouvait décliner une demande en duel.
Un simple claquement de pied ébroua le sol, déployant une vague de sable et de poussière, forçant le moine à abaisser son centre de gravité pour ne pas perdre l’équilibre. Certes il perdait l’avantage de la vue, seulement celle-ci ne lui était pas indispensable. Réveillant son sens divin, il inspira profondément l’air parfumé de sang, ouvrant sa perception au chakra environnant. Alors que les tornades s’approchaient de lui, le sable et la poussière brouillant sa vue, il effectua de rapides mudras, soufflant discrètement des mots d’une autre langue.

«   Ruesif se Oesae »

Une lueur blanchâtre enveloppa ses pieds, les chaussures spectrales lui permettant de marcher sur cet amas de sable comme si de rien n’était. Attrapant les armes pendues à ses hanches, Maho observa une dernière fois le vieillard. Il ne condamnait pas leur entêtement, bien au contraire, il y avait un certain honneur à refuser d’abandonner une femme, fut-elle une infidèle. Seulement n’était-ce pas hypocrite que de défendre une princesse en sacrifiant tant de vies ?

« Vous savez très bien pourquoi nous sommes ici. Etsukazu Aimi vaut-elle réellement l’anéantissement de votre clan ? »

Sa voix était sincère, puisqu’il arrêterait vraiment ce massacre si on lui livrait la demoiselle. Dans le cas contraire, le moine s’élancerait par dessus la poussière, usant de sa vitesse et de son agilité pour tenter de se faufiler au travers des tornades. Bien-sûr cela ne lui permettrait pas d’atteindre le viellard, mais il avait juste besoin de se rapprocher. L’emprisonner ne serait pas si facile, maintenant que chaque mur, chaque surface, verticale ou oblique, était son terrain de jeu. Dans sa main droite une faucille attendait de mordre, dans l’autre un poids virevoltait au bout d’une chaîne meurtrière.

Récapitulatif combat: