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[CONQUETE DIPLOMATIQUE] La Rançon sanglante

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Chinoike Hitagi
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Chinoike Hitagi
La rançon sanglante

J’avais l’impression que plus rien ne battait dans ma poitrine, juste un grand vide, un grand blanc. Plus d’son, plus d’image, plus rien d’autre que l’air froid dans mes narines et l’odeur ferreuse de sang. Du sang, il devait y en avoir partout tant j’avais badigeonné la poudreuse et le monde autour de moi de ce qui coulait dans mes veines ! Je me sentais absente de mon corps, exsangue d’énergie comme de sang. Le froid m’enveloppait peu à peu, presque délicieusement à mesure que mes sensations disparaissaient une à une. Mes paupières encore fermées étaient si lourdes, je voulais m’allonger par terre en chien de fusil et ne plus bouger, juste me reposer, prendre quelques secondes pour dormir…

Cependant ce n’était pas possible et la sensation d’un battement isolé tout au creux de mes pectoraux me rappela à l’ordre, mon cœur battait, un coup à la fois contre ma cage thoracique. Je n’étais pas encore morte, du sang coulait dans mes veines et tant que la moindre étincelle de vie persistera dans ma carcasse brisée par la douleur, je continuerai de me battre, telle est ma voie, la voie d’Hitagi ! L’heure de se reposer n’était pas encore venue…

Dans un élan de rage venu du fond du cœur, puisé dans ma douleur physique, je tirais l’énergie la plus rance dont j’étais capable : je devais brûler les dernières choses que je pouvais brûler pour bouger et continuer le combat ! En rouvrant les yeux, je voyais rouge et pas qu’à cause du sang que j’avais versé ! La rage me dévorait, prenant le pas sur la peur et la crainte et en même temps que la rage me montait à la tête, je fis un pas, puis deux avant de lancer un hurlement bestial et me lancer ! La mort allait accueillir de nouveaux locataires et je comptais bien ne pas en faire partie ! J’étais la prédatrice de ces terres et il était temps de chasser.

Malheureusement, personne n’était mort de ma dernière attaque et c’était bien le problème ! J’avais juré qu’aucun ne survivra et c’était le cas, jusqu’à brûler mes dernières forces, personne ne s’échappera de cet endroit et de cet affrontement : tous, ils devaient tous mourir ! Et la première à le faire était le sabreur qui misérablement se dirigeait vers Tsumi, prêt à le pourfendre alors même qu’il n’avait pas été perforé par mes attaques : VENDETTA.

Sans réfléchir et sans prendre en compte mon état de fatigue, je me lançais à l’assaut de l’autre, au moment où la lame allait atteindre le Borgne : je devais être le bouclier qui allait le protéger et surtout la lame qui allait occire la vie de ceux qui m’affrontaient. Je devais l’isoler de tous pour lui régler son compte ! L’acier déchira largement ma chair, mais fut néanmoins stoppé par mon bras gauche qui stoppa l’assaut, non sans trancher jusqu’à l’os. Lançant ma main droite sur mon flanc, je dégainais d’un coup mon nodachi, en profitant pour donner le coup le plus fort possible pour faire reculer le sabreur et sans lui laisser le temps de riposter, attrapa fermement la garde à deux mains et verticalement, lança ma lame vers la tête de l’autre. J’allais le coupé en deux, séparer ces deux hémisphères et le laisser rejoindre les pauvres fous qui s’étaient jeté sur mon chemin ! PERSONNE N’EN RECHAPERA !

Je me concentrais sur mon adversaire, espérant que derrière moi, mon cousin saurait ôter les vies qui restaient ! Surtout qu’à mes pieds, le froid montait et je sentais peu à peu, la glace monter le long de mon pied, mais j’étais trop fatiguée pour faire quelques, il fallait espérer que la mort touchera l’autre avant que je ne sois complètement prisonnière du givre !

La rage ne décroissait pas et je sentais mon sang couler par toutes les blessures et balafres qui couturaient mon corps. Cet affrontement était d’une rare violence et même si je prenais grand plaisir à séparer les gens en deux, il fallait en finir, car à jouer trop longtemps les funambules sur le fil de la vie et la mort, on risquait de tomber ! Il fallait prier pour que ni moi, ni Tsumi ne tombions ! Dans un frisson et un sanglot persistant, je remarquais que je n’avais pas envie de mourir… J’avais encore tant à faire, ce n’était pas le moment de quitter ce monde !
Récapitulatif combat:


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Chinoike Etsu
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J'étais toujours aux prises de l'individu masqué, ignorant - et peut-être le valait mieux - ce qu'il se passait en ville. Je n'allais décidément que peu m'entendre avec le personnage, aussi borné que moi. Bien entendu, je mis en doute les attributions qu'il semblait se donner. J'étais une femme de preuve, pas de belles paroles. Sur mes gardes, je le vis alors sortir de sous sa veste une broche dont je reconnus rapidement les armoiries. Là, il me la tendit, me permettant de l'observer. Paranoïaque, je n'osais la prendre directement dans mes mains. Jusque-là, il avait joué les hommes de l'ombre et ses méthodes étaient aussi vicieuses que ce que l'on pouvait s'attendre d'un shinobi. J'étirais donc la manche de mon manteau comme pour m'en faire un gant et réceptionné l'objet. La broche semblait authentique, je le lui rendis avant de reculer à nouveau.

" Vous semblez bien prompt à vouloir condamner cet homme et étonnamment zélé en mentionnant le pouvoir qui vous a été conféré. "

Je fis un petit signe d'un menton en direction de la poche où il avait rangé la broche.

" Le fait que vous déteniez cette broche ne signifie rien. N'êtes-vous pas un shinobi ? Elle pourrait être un cadeau ou un objet volé. Vous auriez aussi très bien pu attaquer ou dépouiller un homme travaillant pour notre seigneur. Alors je vous le demande ? Que prouve une broche ? Rien si ce n'est que vous êtes un homme habile. "

Les mains se serrèrent plus fermement sur mes kunaïs alors que je resserrais ma position défensive.

" Et permettez-moi de vous corriger. Si vous êtes ici de votre propre chef, alors chacune de vos décisions et chacun de vos actes le sont. Vous agissez de votre propre initiative et abusez donc du pouvoir que vous aurez donné notre daimyo. Le cas échéant, alors permettez-moi de signaler que vous êtes tout aussi en faute que l'imbécile qui se trouve ici. Si les civils attaqués étaient si innocents et cette milice si inoffensive ce que je doute fortement, vous n'avez pas votre devoir en intervenant. Vous vous êtes contenté d'observer ces gens se faire frapper alors que vous auriez dû l'arrêter. Et puisque vous êtes un shinobi, cela était largement dans vos cordes. "

Mon regard se durcit de plus belle.

" Ne vous méprenez pas. Je ne vous ai pas demandé de fermer les yeux sur le forfait commis, mais demander de collaborer. Et sachez ceci, je n'ai peut-être pas de broche étincelante, mais je pourrais tout aussi bien effectuer un rapport à votre sujet sur votre inaction. Et il est hors de questions que nous vous servions de bouc émissaire. Alors ceci sera aussi mon dernier avertissement : laissez-nous faire notre travail et si vous êtes la moitié de l'homme que vous prétendez être auprès de notre daimyo, vous devriez l'avertir des agissements de la famille Heizemon pour qu'il envoie des forces s'occuper de cet immonde château. De notre côté, nous tâcherons de regrouper toutes les preuves nécessaires pour appuyer leurs ignobles agissements. "

Je fronçais des sourcils alors que le ton de ma voix devint plus sombre.

" Si vous servez véritablement le daimyo, vous sauriez qu'il y a une plus grande priorité à protéger son peuple qui meurt sous les coups d'un tyran, qu'arrêter un crétin qui a participé à une bagarre de bar. "

De toute façon, je n'avais pas besoin de cet homme pour m'occuper de Ryuku. Je comptais lui botter les fesses moi-même et c'était la pire punition qui pourrait lui arriver. N'importe qui dans mon clan aurait pu le lui dire.

Récapitulatif:

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Chinoike Ryuku
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Gogogo Conquête de tout le glacier !



Son corps pivote légèrement. Son regard se pose une fraction de seconde au loin avant de faire le focus sur le spectacle qui lui fait face. Une ambiance sombre se dégage, on entend faiblement les gouttes de sang couler le long de son gant avant de s'écraser au sol. Une brise discrète fait flotter sa cape. Ce décor lugubre n'a pas l'air d'émouvoir notre héros. Son faciès ne montre qu'un homme taciturne. Sa lance encore plantée dans le sol, il s'approche d'une des victimes allongée à quelques pas de lui. Couché sur le ventre, d'une main, il le retourne. Oreille au-dessus de sa bouche, il écoute. Cet homme respire encore, pourtant son thorax est gravement ouvert, comme la plupart des victimes. Au vu de la quantité de sang qui s'écoule de leur plaie, sans soin rapide, ils vont mourir ainsi.


Vous êtes surpris de voir le chauve rester aussi impassible ? Pourtant, il serait étonnant qu'il en soit autrement. L'hypocrisie n'est pas un sentiment qui habite le cœur de Ryuku. Sa seule bonté d'âme va pour des êtres qu'il a jugé « bons ». Autrement dit qui ne sont pas envahit par le mal Dieu, malheureusement pour les gens de ce monde, seuls les Chinoikes font principalement partis de cette chaste. Ceux cherchant a se mettre en travers de leur route, ne pourront être libérés de ces chaînes que d'une seule manière … la mort.


Lentement, il se relève toujours aussi impassible devant ce plan macabre. Sans aucune pitié, tournant les talons, il retourne auprès de sa lance. Sortant alors un bout de tissu dont ne sait où il essuie le sang trop en abondance sur ses vêtements. Il pourrait aisément mettre un terme à l’existence de tous ces malheureux derrière lui, mais il préfère laisser le destin décider de leur sort. Dans leur état, ils ne sont plus une menace.


En parlant de menace. Il a beau prendre son temps, il ne faut pas le prendre pour un total idiot. Il a remarqué cet homme masqué à une dizaine de mètres qui semble faire face à Etsu. Le chauve ne sait pas trop à quoi s'en tenir. Un ennemi supplémentaire ? Une ancienne conquête de l'intendante ? Son accoutrement trop peu voyant n'inspire pas confiance à notre héros. Avec fermeté, Ryuku empoigne sa lance avant de se rapprocher du fameux individu.


Levant légèrement la tête, le Chinoike essai tant bien que mal de capter le regard de l'inconnu.


Ryuku ▬ Un problème Etsu ? Je peux m'en charger si tu veux.


Lance en main, poser sur l'épaule droite, le regard du chauve ne trahit aucune émotion. Il est prêt à en découdre, le sang n'a pas encore assez coulé apparemment.
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La rançon sanglante


Plongé au cœur d’un combat épique et sanglants, Tsumi et Hitagi redoublaient d’ingéniosité pour parvenir à bout de leurs adversaires. D’abord un fuinch, suivi tout de suite d’un gros BAM puis là bzzzzr. Mais c’était sans compter sur le sbire alors du coup : oh ! Mais Hitagi arrive et AHRG ! Puis chbla chbla et enfin le silence. Une absence totale de mouvement qui tranchait violemment avec toute l’agitation des dernières minutes. Au sol, se répandait le sang des vaincus créant bien vite une flaque aux reflets pourpres du plus bel effet. Victorieux, ils étaient pleinement victorieux ! En mauvais état certes, mais victorieux ! Si de son côté Tsumi, handicapé par son œil en moins ne put le distinguer. Hitagi elle, put se rendre bien vite compte d’une chose.

Voilà déjà plusieurs minutes qu’en plein cœur de la bourgade, au vu et au su de tous. Nos deux compères Chinoike déballaient à grand renfort de techniques aussi bruyantes que visuellement impressionnantes tout leur savoir-faire meurtrier. Alors pourquoi diable… n’y avait-il plus personne ?! Bien entendue, la population apeurée avait vite fait de partir se réfugier dans leurs demeures, zieutant depuis les fenêtres le spectacle morbide. La place était-elle pour autant vidée de tout être vivant ? Non, Hitagi ne s’y laisserait pas prendre ! Un sentiment la tiraille et faisant volteface elle découvre que demeurant parfaitement placide alors que dans ses iris se reflétaient les flaques d’hémoglobines : Un porc. Un joli porc. Sans doute à demi sauvage, à en juger par son poil hirsute noir tout juste tacheté de blanc. Il poussa un couinement presque attendrissant avant de s’avancer de son pas lourd vers les cadavres. Saviez-vous que les porcs mangent de tout ? Si vous l’ignoriez, vous allez bien vite vous en rendre compte.

Mis à part l’intrus porcin, nos deux combattants pouvaient profiter d’une minute de répit. Qu’allaient-ils donc choisir de faire désormais ? En tout cas, en amont de la bourgade, dans ce qui pourrait être appelé le fort. Les lumières se multiplient et un brouhaha lointain parvient en écho jusqu’à la basse ville. Les frasques de nos héros auraient-elles alerté tous les environs ?

Pendant ce temps, dans la forêt au sud de la scène chaotique… Une autre scène chaotique. Etsu et Ryuku, toujours à proximité d’une masse informe de corps dégoulinants (de civils innocents rappelons-le), faisaient désormais face à un bien mystérieux personnage. Le visage voilé, il était demeuré parfaitement tranquille, cherchant visiblement un terrain d’entente avec la cheffe Chinoike. Malheureusement, celle-ci ne l’entendait pas de cette oreille ! Déposer les armes ?! Et puis quoi encore ! Retournant les arguments de son interlocuteur à son désavantage, elle alla jusqu’à le suspecter de mensonge ! La broche n’aura visiblement pas suffi à la persuader de l’identité du bonhomme masqué. Bien qu’elle ne pût, pour des raisons évidentes, pas discerner ses traits, la déception de celui-ci transparut dans sa voix.

"Vous commencez à me fatiguer…"

En un instant, alors que rien ne l’avait laissé présager, l’ombre s’agita. Tout d’abord, nos amis purent ressentir aux tréfonds de leurs entrailles une peur indicible. Très clairement, le guerrier n’était pas du même acabit que les miliciens ! C’était un pro… Pire, c’était un shinobi. Le chakra qui émanait de sa silhouette portait un message des plus limpides : Il n’était pas là pour enfiler des perles. Tout de suite après, il tira de sa besace un étrange objet sphérique qu’il fit éclater en l’air. La détonation laissa place à une lumière aveuglante qui éclaira la forêt plus encore qu’elle ne l’aurait été en plein jour.

"Au nom du Daimyos et pour vos multiples crimes, vous êtes en état d’arrestation."

La voix assurée du combattant ne laissait aucune place à l’hésitation. Méthodique et consciencieux, il se contentait de toute évidence d’effectuer son travail. Peut-être que nos amis ne purent le distinguer, mais en même temps qu’il avait exprimé les droits du chauve. Le police ninja avait fait s’activer une partie du tissu lui couvrant le dos, ainsi que des bandelettes supplémentaires se trouvant dans sa besace. La cible de cette prison improvisée ? Qui d’autre que le shinobis tueur de soulards et de miliciens ? Sortant une dague des plus affutée, il prit une posture défensive en attendant la suite.



Récapitulatif combat:
         

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Chinoike Hitagi
Chinoike Hitagi
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Chinoike Hitagi
La rançon sanglante

Mon coup fait mouche, le sabreur se fait séparer en deux, les deux partis de son être s’écroulèrent en même temps que sa cervelle comme ses boyaux se rependirent sur le sol, salissant mes bottes désormais écarlates virant vers le noir de sang… Je lâchais un ricanement en même temps que je me pliais en deux de fatigue, à deux doigts de vomir, mais à pas à cause du sang. Du sang, j’en étais couverte, il continuait de couler des quelques plaies qui persistait sur mon corps, la tête me tournait affreusement. Ma tête était lourde comme l’acier et mes paupières menaçait de se fermer éternellement, du barbelé se serrait dans ma tête et roulait dans mes tripes, les écorchant. Vu la violence de mon coup, mes bras tremblaient, lame cliquetait contre les pavées au sol. J’étais exténuée, si fatiguée, ma poitrine se bloquait et je respirais difficilement, à grande inspiration, un nouveau combat à chaque fois. Je n’entendais rien d’autre que ma propre respiration, rauque et lente, profonde et sifflante… le voile rouge de la rage sur ma vision se dissipait et je remarquais qu’il n’y avait plus âme qui vive aux alentours, tout était vide, pas un humain rien… Mes yeux me piquaient, j’avais survécu, j’étais en vie… j’avais envie de me laisser couler au sol et pleurer, pleurer comme je n’avais jamais pleuré parce que putain, j’étais heureuse d’être en vie, j’avais eu si peur, mais tellement peur que j’avais crus à la fin que je serais celle qui m’effondrerait au sol.

Je fronçais les sourcils, puis d’un coup de pied, brisais la couche de givre qui n’avait pas eu le temps de m’enfermer dans un cocon de glace. A quelques mètres de moi, devant Tsumi, le père comme le comptable était étalé par terre, les yeux ouverts sans la moindre lueur de vie… ils étaient morts tous les deux… ils avaient rejoins le sabreur que j’avais séparé en deux et les autres soldats au sol, vidé de leurs sangs, une mer pourpre s’étalait tout autour de nous. On avait triomphé ! On avait gagné ! La joie déchira mon visage par un sourire carnassier et violent ou se reflétait toute l’amplitude de ma fureur. J’étais si fière de moi, fière d’avoir massacré sans la moindre vergogne, ceux que je devais tuer ! La crainte avait presque disparu, tant cette fierté rance et sauvage me montait à la tête.

Et alors que prête à fêter ma victoire et sauter sur Tsumi pour le prendre dans mes bras et probablement plus vu comment j’étais refaite, heureuse de cette victoire, voir même ivre de la mort. Un frisson me parcourut l’échine et je m’ébrouais en me retournant, apercevant un cochon sauvage devant l’océan de mort, tranquillement, il lapait le sang à rythme régulier. Je déglutis un instant, consciente que ce genre d’animaux pouvaient être dangereux. Je plongeais mes yeux dans les siens, puis renifla et posant ma main sur l’épaule d’un Tsumi toujours immobile, murmura avec gravité, mais à la fois pétillante d’excitation : 

« C’est fini… On doit dégager… ni toi ni moi on survivra à un aut’ affrontement… »

J’avais ôté la vie aujourd’hui, j’avais tué sans le moindre remords et j’en étais contente, bordel c’que j’en étais fier de les avoir crevés, d’avoir achevé ces misérables salauds, j’étais beaucoup trop contente pour une gonzesse qui venait de crever au fil de ma lame des gens. La folie sauvage qui m’animait ne laissait pas de place pour l’humanité, c’était tué où être tué, chassé où être chassé… J’étais une prédatrice dans l’isthme, j’étais celle qui chassait tout le monde !

Le borgne se retourna vers moi et semblant lui aussi conscient du danger de rester là, au milieu de la rue, à la vue de tous. Il nous fallait fuir, aller loin, se reposer, refaire nos forces, parce que la chasse n’était pas finie, pas encore… d’autres personnes devaient mourir. Il m’expliqua alors qu’il avait un endroit pour se réfugier, le temps que la température descende un peu. J’hochai la tête, soulagée de me dire que j’allais pouvoir panser mes plaies et me reposer un peu, tout mon corps était tendu et rendu dur comme le fer, j’avais du mal à faire des mouvements. Mais je claquais aussi la langue, mécontente de devoir partir sans prévenir Etsu de ce qui s’était passé ! J’imaginais sans peine sa fierté lorsqu’elle apprendra avec quelle férocité on s’était battus pour arracher la vie de nos cibles, de ceux qu’on devait tuer !

Quelques secondes plus tard, le temps de fouiller le corps du notable et du patron à la recherche d’un quelconque indice pour la suite, espérer savoir si on pouvait savoir ou trouver le fils pour le tuer et nous voilà partis du plus vite que nos corps nous le permettaient. Tsumi était salement amoché et les taches de sangs sur son manteau étaient inquiétantes, mais il semblait avoir encore un peu de force, il détalait devant, un paquet providentiel dans les bras, il courrait bien plus vite que moi, qui traînait à moitié des pieds, tant j’étais lourde, mais qui cependant n’avait pas tant de blessures que cela et savait qu’au bout d’un moment, le borgne s’effondrera de douleur, je détalais aussi vite que je pouvais, poursuivant cet homme qui me menait en sécurité…

Nous formions quand même une sacrée équipe et ensemble, rien ne pouvait nous arrêter !

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Chinoike Tsumi
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Conquête
ft.Chinoike

« This is the war...
MOOVE !»





Le temps s'arrêta pour le jeune Chinoike qui resta statique un instant qui lui paru une éternité. Figé dans une stupeur des plus impénétrable, son regard se posa sur les deux corps inertes, meurtris par le combat qui venait tout juste de se terminer. Pourtant, dans son esprit, tournaient encore les images au ralentis de cet affrontement. Pourquoi s'était-il lancé ainsi sans réfléchir dans la mêlée ? Pourquoi avait-il tant oeuvré à faire couler le sang de personnes dont il ne connaissait rien ? Méchantes ou bonnes, était-ce une raison pour faucher ces âmes qui avaient sans doute encore tant de choses à vivre ? Pendant ce long moment, Tsumi oublia ce que lui avait dit Etsu, sur la raison de leurs venues dans ce village qui avait déjà assez souffert par le passé. Il ne restait que le duo de cadavres amochés par le métal et suintant du sang, qui peu à peu se mêla à la neige fondue.

Un spectacle terrifiant, mais qui pourtant, éveillait quelque chose de puissant chez le Borgne.

Car à l'intérieur de lui, une voix s'était élevée, répétant la même phrase comme un mantra qui jamais ne s'arrête. C'était à la fois une vérité et un terrible mensonge pour le garçon qui demeurait une véritable statue meurtrière au milieu de ses victimes. Ce son, il pouvait l'entendre au plus profond de lui-même, grignotant ce qu'il fut pour laisser place à ce qu'il devait forcément devenir. Bien entendu, il n'en voulait pas, et pourtant, une question demeurait : Excepté embrasser la mort, de quoi sommes nous vraiment obligés en ce bas-monde ? L'idée qui grattait de plus en plus dans son esprit commença à lui faire tourner la tête, provoquant une véritable envie de vomir qui fut stopper par une présence. Une simple main posée sur son épaule, qui le réveilla de ce cauchemars.

Tournant la tête, il put voir sa camarade, son amie, recouverte du sang de ses victimes et le sommant de partir dès maintenant. Elle avait raison, aucun des Chinoike en l'état ne pourrait survivre à un autre affrontement du même genre. Ils avaient tout donner pour survivre, pour pouvoir voir le soleil se lever le lendemain et embrasser un nouveau jour. Tout ça au prix du sang. Hochant la tête, Tsumi força sur ses jambes pour se relever, regardant autour de lui le massacre qu'ils venaient de réaliser. « Diplomatie », ce mot sonna comme une vieille blague dans l'esprit du Borgne qui pour autant, devait se concentrer à nouveau sur la raison de leurs présences ici.

« Je sais où aller... »

Nul besoin d'autres mots pour que les deux jeunes adultes se comprirent. Ils avaient passé trop de temps à se chamailler et à se battre pour ne pas comprendre l'autre dans le moindre de ses gestes ou de ses murmures. Finalement, ce fut peut-être leur rivalité qui leurs avaient permis de survivre à cette nuit. Cette idée fit légèrement sourire le Borgne qui posa son regard sur celui de son amie, montrant d'un geste de menton les deux cadavres avec un certain dédain. Depuis quand agissait-il ainsi ? La voix dans sa tête continuait son psaume que le Chinoike semblait vouloir ignorer sans vraiment le pouvoir. Ensemble, ils fouillèrent les corps, alors qu'une sombre idée marqua l'esprit du Loup Solitaire qui soudainement, s'arrêta sur le corps de leur première cible.

Jetant un œil vers une autre victime, il vit le pauvre homme, arme toujours en main, la tête plongée dans la boue tandis qu'un semblant de porcin commençait à se repaître de sa chair. Une vision d'horreur qui ne fit aucunement sourciller le Borgne qui s'avança vers ce dernier, récupérant la lame de son katana, laissant l'animal finir son repas sanguin tout en se rapprochant de celui qui semblait être à l'origine de cette mission. Son crâne était déjà bien amoché, alors que Tsumi pu voir des bouts de ses griffes implantés sur le haut de sa tête. Le combat avait été rude pour tout le monde, mais la mort avait décidé de les épargner.

En temps normal, jamais le jeune homme n'aurait fait ce qu'il s'apprêtait à faire. Amoureux de la vie, de la nature et de tout ce qui se rapprochait de la sérénité, il n'avait jamais été friands des ébats sanguins de son Clan. Pourtant, lorsque la lame se leva dans le ciel, ce n'était plus le Borgne étrange qui semblait se dessiner devant les yeux d'Hitagi et d'autant moins lorsque le katana trancha net la tête du cadavre, se plantant dans un vrombissement de tonnerre dans le sol. Déchirant les vêtements de l’étêté, Tsumi y plongea la tête de celui qu'il apprit être le père des prochaines victimes de son Clan. Pourquoi une telle atrocité ? Pour faire passer un simple message. Une promesse, qu'il voulait bien faire comprendre à qui de droit, aussi, il plongea deux de ses doigts dans le liquide carmin, dessinant les kanji sur le torse du sans-tête à l'attention de celui qui serait bientôt, sa prochaine victime.

« あなたは次です»
« Tu es le prochain. »


Se relevant, le Borgne regarda son message morbide, puis croisa son regard avec celui de la guerrière, lui faisant signe de le suivre. Sans un autre regard, il commença sa course, faisant fit de ses muscles qui hurlaient de douleur, ou de la fatigue qui commençait à le plonger de plus en plus profondément dans cet abysse dont il s'était toujours protégé. Il ne voulait penser à rien, juste avancer, encore et toujours, laissant derrière lui ce qui venait de se passer, ne gardant contre lui que ce paquet rougit par le sang détenant la tête de leur cible. Pourquoi un tel acte venant de Tsumi ? C'était à ne plus rien y comprendre, peut-être même que lui-même ne se comprenait plus vraiment. Très vite, il retrouva le chemin jusqu'à cette petite maison où des mois auparavant, il avait fait la connaissance d'une jeune fille et de son père. Au plus profond de lui, il espérait peut-être y trouver un quelconque réconfort ? Quoi qu'il en fut, ils arrivèrent devant la porte de la charmante petite maison et d'une main frêle, il tapa à la porte du médecin du village. La porte s'ouvrit, et l'homme, étonné de voir cette ombre surgir du passé ne sut dire qu'un seul mot :

« Tsumi ? »
« Pardonnez-moi, mais nous sommes blessés et avons besoin de... »

Il ne sut finir sa phrase que son corps et son esprit se mirent à vaciller, le faisant plonger dans les bras de l'homme qui le réceptionna par réflexe, voyant avec horreur le sang qui s'écoulait du corps du garçon, tandis que son esprit sombrait dans des abîmes, où la voix continuait de chanter le même refrain...

« Tu es un meurtrier maintenant... »

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Des entêtés, j'en avais connu. Des idiots aussi. Mais en matière d'excès de zèle, il me semblait que nous étions tombé sur un sacré phénomène. Je n'avais jamais vu un homme aussi buté et aussi peu à l'écoute de nos arguments, à croire que nous ne parlions pas la même langue... ou bien l'avais-je blessé dans son égo ? Qu'importait. Même s'il était bien l'homme qu'il prétendait être, il devenait un obstacle sur notre route auquel on ne s'attendait pas. C'était frustrant. Terriblement frustrant parce que je me sentais coincée. S'il était bel et bien un homme du Daimyo, nous ne pouvions clairement engagé le combat... à moins d'être certain de le faire disparaître mais.... je ne pouvais m'y résoudre.

Une preuve de faiblesse ? Non. Il me fallait aussi reconnaître mes pairs et s'il était un agent de l'Isthme de Gel, il était aussi, au même titre que les autres, un citoyen... même si dans l'immédiat, je lui aurais bien lancé quelques kunaïs à la figure. Il serait une erreur stratégique de se mettre définitivement à dos un homme du seigneur de la région.

" Qu'est-ce que vous pouvez être buté ! "

Je fronçais toujours des sourcils, affichant très visiblement mon irritation face à la situation. Je ne pouvais le cacher de toute façon. Mais comment réagir ?

" Je vous signale tout de même que cet homme a quitté la ville afin d'éviter tout combat mortel, il a quitté le village pour qu'aucun civil ne soit blessé. Cette bagarre valait tout au plus un combat d'ivrognes ! Ces hommes ont continué à le pourchasser  malgré sa fuite. Bon sang, il n'allait pas se laisser empaler sur leur lance ! "

Cette milice avait eu la chance d'abandonner leur traque, mais ils avaient volontairement continué. Même si l'attitude de Ryuku avait été un peu... extrême dans sa réponse, on pouvait aisément parler de légitime défense. Oh, bien sûr, la puissance des combattants n'était pas la même, mais il était un peu facile de faire porter toute la faute à un seul des parties.

Mais ce fut à ce moment-là que le chauve que je tentais de défendre du mieux que je pouvais se rapprocha de nous. Toutefois, qu'importait mes interjections, l'inconnu ne semblait pas désireux de  se laisser convaincre. Pire ! Ce fut mon égo qui s'interloqua. Moi ? Le fatiguer ? Je n'eus pas le temps de lui dire le fond de ma pensée - encore - qu'il lança subitement une bombe lumineuse. Surprise par la violence de la luminosité, mais aussi par l'étrange aura qui me paralysa sans comprendre de quoi il s'agissait sur le moment, je ne pus retenir quelques râles. Me voilà aveugler et incapable d'utiliser notre Dojutsu... et immobiliser. Cependant, je n'avais pas le temps de me remettre de sa mise en scène, qu'il nous délivra nos droits et nous attaqua sans sommation supplémentaire.

" Vous faites de l'abus de pouvoir ! "

J'étais peut-être aveugle, mais je ne comptais pas rester simplement silencieuse. Toutefois, mon inquiétude était plutôt du côté de Ryuku dont j'étais incapable de prévoir le comportement. Il était... particulièrement volubile. Et je ne désirais pas que nous envenimions beaucoup plus la situation.

" NE LE COMBAT PAS RYUKU ! VAS-T'EN ! "

Je préférais de loin qu'il fuit la situation plutôt qu'il se fit arrêter. Nous en payerions sans doute le prix, moi la première, mais on ne pouvait définitivement engager ce combat-là. Malgré mes angoisses, je continuais à réfléchir autant que je le pouvais. Je n'étais pas libre de mes mains, ni même de mes yeux et je n'avais pas l'intention de me battre... même si cela me démangeait un peu. Mon égo sans doute.... mais j'étais aussi une intendante. Je devais agir comme telle. Le regard encore ébloui, je cherchais la silhouette de l'homme masqué pour me tourner vers lui.

" Je suis Chinoike Etsu, intendante du clan Chinoike. Je suis une gardienne et une citoyenne de l'Isthme de Gel et je suis aux ordres du Seigneur Matsuda Muneyuki. "

Ma voix se fit subitement plus autoritaire, mais au moins, maintenant les présentations étaient faites dans les règles.

" Si vous êtes un shinobi, vous devez avoir un ordre de mission. Je vous somme en conséquence de nous indiquer la raison de votre présence dans ce domaine. "

Étant donné que notre propre mission n'était pas officielle, nous ne pouvions être la raison... cela signifiait que lui devait avoir sous surveillance quelqu'un d'autre et nous arrêter ne devait pas faire partie de ces projets. Est-ce que j'essayais de gagner du temps ? Oui. Mais je désirais avant tout essayer de calmer les choses. On ne pouvait pas avoir fait tout ce chemin pour se retrouver arrêter-là.... et je ne savais même pas ce qu'il en était pour Hitagi et Tsumi. J'espérais que tout allait bien pour eux...si seulement je savais...

Récapitulatif:

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Au milieu d’une bourgade laissait déserte par un affrontement sanglant, deux Chinoike tout de pourpre vêtu prirent La décision qui s’imposait. Fuir. Laissé exsangue par un combat qui n’avait que trop duré, les deux adeptes du liquide ferreux n’aspiraient plus qu’au repos et à la sécurité ! Par chance, le petit borgne était un homme de relation et il avait dans ce même petit village, quelques relations. Menant donc sa comparse d’un pied chancelant, ils arrivèrent à la porte de cette charmante famille. Ce fut le père qui le premier, ouvrit la porte pour découvrir cette vision d’horreur. Deux inconnus encore dégoulinants d’hémoglobine, haletant et le regard torve, s’ancraient devant lui. Il faillit pousser un juron en refermant vigoureusement cette porte qui l’avait mené tout droit en enfer, mais sous le ruissellement pourpre, il crut reconnaitre des traits connus. Marqué par la stupeur, il laissa s’écouler quelques secondes avant de lâcher, incrédule.

"Tsumi ?"

Si celui-ci avait essayé dans un dernier éclair de lucidité de rendre son intrusion moins étonnante, il avait en réalité fortement surestimé ses capacités. En effet, après un bredouillement incompréhensible, il s’était tout simplement laissé tomber, presque à la manière d’un cadavre. Rendu alerte par son afflux d’émotion, le père de famille parvint cependant à le retenir avant de rester statique, le corps presque sans vie entre les bras et ses yeux clignotants en direction de la seconde intruse.

"Qu’est-ce que…"

Ce fut à cet instant que la jeune fille, alertée par le bruit de la chute, fit irruption dans l’entrée. Son regard se para immédiatement d’une méfiance sans bornes, tout de suite effacée à la vision de son ami évanoui.

"Tsumi ?! Qu’est-ce qui lui est arrivé !? "

Rendue comme par miracle courageuse, la voilà qui volait au secours du borgne et injuria presque quelques secondes plus tard son père afin d’obtenir son aide.

"Mais ne le laisse pas comme ça ! Il a besoin de soins ! "

Tous deux alors, transportèrent la pauvre âme à l’intérieur et l’étendirent sur une couche. Sans doute un peu coupable, mais néanmoins tout aussi épuisée, Hitagi avait sans invitation, décidé de suivre le mouvement et pénétra à son tour dans la demeure, refermant derrière elle, la petite porte. À l’abri des regards et enfin en sécurité, les deux Chinoike allaient donc pouvoir profiter de l’aide providentielle de cette petite famille. Ils auront en premier lieu pu profiter de quelques soins sommaires ainsi que d’un repas chaud. Aménageant en hâte deux couches proche de l’âtre, ils pourront également se réchauffer et profiter d’une minute de tranquillité, alors que père comme fille seront occupés à la préparation de quelques vivres.

__________________________________________________________

Pendant ce temps, perdu dans la forêt, un face à face semblait sur le point de s’engager. L’homme, qui se présentait comme représentant du Daimyos, était passé des paroles aux actes et avait sans sourciller exécuter un enchaînement rodé. Se fut non sans surprise qu’il put constater que son stratagème avait été une réussite et que sa cible était désormais saucissonnée dans ses bandes. Rassuré par cette réussite, il se montra peut-être un poil plus affable envers la pauvre cheffe d’équipe qui, tant bien que mal, tentait de mener sa barque. Quand celle-ci aboya presque à l’abus de pouvoir, il répondit presque courtoisement.

"Écoutez… Je ne fais que mon travail. "

Toujours dans son attitude sereine et toujours sans une once d’agressivité. Il vint s’avancer à pas lent vers sa prise, tout en écoutant la suite du discours. Il savait que la jeune fille, partiellement aveuglée, n’aurait guère pu le retenir bien longtemps. S’il l’avait voulu, il aurait pu se volatiliser avec sa proie et il entendait le lui faire comprendre. Plaçant une main au sommet du cercueil, il attendit la qu’Etsu retrouve totalement sa vue et plante à nouveau ses prunelles dans les siennes. Face au ton autoritaire emprunté par l’intendante Chinoike, le pauvre damne ne put que soupirer. Portant la main à sa veste, il en tira avec force précaution un petit parchemin qu’il tendit en sa direction.

"Je n’ai aucune envie que tout ceci escalade encore davantage, alors voilà. En revanche je vous demande de garder cela pour vous. Pour vous seule."

Son ton excluait toute négociation et peut-être la jeune femme reconnaitrait-elle à son tour le même ton impérieux dont elle avait fait l’usage quelques secondes plus tôt. Avec prudence, celle-ci avait tiré le bout de parchemin et lut les quelques lignes. Le commanditaire était inconnu, mais le parchemin décrivait avec force détails une personnalité bien connue, qu’il était urgent visiblement de récupérer : Ryuku Chinoike. Si le message n’explicitait pas clairement les raisons de l’enlèvement, rien ne laissait à entrevoir une quelconque intention néfaste. La supplique était plus proche de l’invitation que de l’enlèvement. Devait-on mettre les manières peu courtoises de l’exécutant sur le compte d’une personnalité froide ? Peut-être bien. Après avoir soupesé son colis, le shinobi prit le temps de s’expliquer davantage.

"Si j’ai bien compris vous êtes en mission vous aussi. Si vous le voulez je peux faire transmettre un message à votre clan. Il était grand temps que quelqu’un s’occupe de cette famille."

Se figeant sur place, il écouta et recueillit peut-être ledit message, puis telle l’ombre au zénith, disparu entre les arbres. Seule et les bras ballants, Etsu se sentit une seconde comme libéré d’un poids. Elle n’aurait su dire exactement pour quelle sombre raison elle avait laissé partir cet homme sans demander plus de compte. Y avait-il du ninjutsu derrière toute cette histoire ? Une seule chose devait lui paraitre néanmoins sûr. L’homme qu’elle venait de rencontrer était d’un tout autre niveau. Rien qu’à l’idée de se remémorer toute sa puissance, elle devait sans doute s’en sentir quelques vertiges. Il ne fallait pour autant pas qu’elle en oublie sa mission première ! Qu’allait-elle faire désormais ? Comment allait-elle retrouver ses amis ? Le voudrait-elle seulement ? Avait-elle fait quérir l’aide d’un énième Chinoike ?  La suite au prochain épisode.
________________________________________________

Le voyage ne dut guère paraitre bien long à notre ami chauve. Tout juste quelques minutes ? Peut-être une heure ? Toujours était-il que soudainement, la lumière irradia d’entre quelques interstices laissé par le tissu jusqu’à s’effeuiller totalement en retombant lourdement à ses pieds. Devant lui se tenait alors trois hommes. Le premier, encore encapuchonné, n’était autre que son ravisseur. Le second, une jeune femme qui arborait un voile bleu pale et des yeux de même couleur, pointait vers lui un katana. Le dernier, de petite taille et un sourire espiègle carré sur le visage, pris le premier la parole.

"Monsieur. Nous avons une mission pour vous."

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Chinoike Hitagi
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Je n’avais pas dit un mot depuis plusieurs heures, j’étais restée muette, ayant laissé le borgne s’occuper de notre fuite, nous ayant amené en plus chez un médecin, sans vraiment donner trop de détail sur comment il le connaissait, pourquoi il nous acceptait aussi facilement sans poser trop de question. Et vu qu’il s’était effondré à cause de ses blessures, il ne pouvait pas vraiment me répondre, je bouffais mon frein alors, je patientais.

J’avais regardé l’homme et sa fille s’occuper du borgne, j’avais fermé la porte derrière moi et lentement, je m’étais laissé glissé le long de ce qui nous séparait de dehors, de la violence qu’on avait laissé échapper, là ou on avait laissé libre cours à notre haine et colère. J’avais fermé les yeux un instant, le sabre entre les mains, gardant l’entrée de notre sanctuaire providentielle. Je m’étais assoupi facilement et je ne rouvris les yeux, que lorsque la jeune femme s’inquiéta de me voir inerte. J’ouvris les yeux quand elle posa sa main sur mon épaule et plongeant mes yeux dans les siens, une grimace déforma mon visage, un sourire atroce remplit de joie et de cruauté, puis articula sans un son, des remerciements, puis me levant, je jetais tous mes vêtements par terre, alors que devant moi, elle hoquetait autant devant les cicatrices qui couturait déjà ma peau, que des plaies ouvertes qui saignaient.

Méthodiquement et lentement, elle lava chaque entaille et fit même quelques points de suture là où c’était le plus profond, avant de bander mon corps et j’eus tôt fait de ressembler à une momie. L’image me fit rire et je lâchais un petit gloussement, non sans que la jeune fille me jette un regard effrayé. La frayeur que je produisais en elle me faisait rire, sachant que j’étais toujours grisée de notre victoire, mais elle et son père venait de nous soigner, les effrayer n’était pas correct. Avec toute la douceur dont j’étais capable, je répondis alors :

« Ne crains rien, on ne va rien t’faire, ni à toi, ni à ton père. Merci pour les soins… Une fois qu’on sera en forme, on dégagera ! »

Je la laissais terminer mes soins, puis une fois cela fait, achevant de me faire ressembler à une créature couverte de bandelette. Je manquais cruellement d’énergie pour ma part, je devais me reposer, mais le risque qu’ils nous retrouvent existait et Tsumi comme moi, devions nous reposer, aucun de nous ne pouvait et devait faire de tour de garde, je pris donc la responsabilité sous le regard médusé des habitants de la maison, de barricader les issues. J’attrapais une commode, quelques chaises, barricada l’entrée, puis baissa les rideaux, vérifiait le domicile et toutes les entrées et sortis possible, au cas ou nous devrions fuir et une fois cela fait, satisfaite sans un mot de plus, j’attrapais mon sabre, puis m’allongeai à côté de Tsumi, si proche que je pouvais sentir l’odeur de son sang autant que son souffle. Nos épaules se touchaient et je posais mon sabre de l’autre côté de mon corps.

Tel une chienne protégeant son maître, j’étais prête à m’interposer au moindre problème, mon corps était solide et j’étais moins blessée que le borgne, je devrais donc le faire. Je commençais à l’enlacer, plaçant mon bras sous son dos, sans trop savoir pourquoi je faisais cela, ça me venait spontanément avec la fatigue, je posais ma face contre son flanc, me recroquevillant en chien de faïence. Mais je le faisais aussi en remerciement, sans lui, jamais je n’aurais réussi à gagner, je le savais, je serais morte là-bas et je lui en étais reconnaissante, mais je n’étais pas forte avec les mots, j’étais une femme de silence et d’insulte et comme un animal, seul un geste pouvait montrer ce que j’avais sur le cœur. Il avait les yeux fermés, il dormait, je fermais les miens, puis attrapa sa main que je serrais dans la mienne un instant, avant de m’endormir moi aussi, sans lâcher les doigts de mon partenaire et sauveur du jour. Je sombrais dans le sommeil tant j’étais exténuée.

Il me fallait dormir pour refaire mon énergie avant de retrouver Etsu. Nous allions sûrement attendre la nuit avant de fuir et repartir… La mission continuait, nous n’avions fait qu’un petit pas.

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Chinoike Etsu
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Je détestais ce sentiment, je détestais me sentir ainsi acculer par une situation face à laquelle je n'avais pas la main. J'avais beau me répéter qu'au cours d'une mission, on devait s'attendre à tout, mais j'étais amère de constater que c'était comme si mon propre camp se retournait contre moi. Alors lorsque ce type me lança qu'il ne faisait que son travail, je me mordis la joue. Je n'aimais pas cette rengaine, je l'avais toujours beaucoup trop entendu, digne d'une excuse toute trouvée pour s'ôter toute responsabilité.

" Et je ne fais que le mien également. "

Est-ce qu'un jour je paierais ma fierté ? Sans doute, mais il ne me restait que cela, alors j'étais prête à me battre bec et ongle pour les miens. Seulement, alors que les fumigènes commençaient à s'estomper, je pus m'apercevoir que Ryuku n'avait guère eu le temps de fuir, enroulé dans des mètres de tissu. Je me mordis un peu plus alors que j'étais incapable de regarder ce soldat autrement qu'avec de la colère. Je maudissais ce lâche derrière son masque, mais il se décida enfin à me montrer un document officiel, du moins, qui en avait l'air.

Mes yeux, inquiets, passèrent à la fois sur les lignes du message comme sur mon interlocuteur afin de m'assurer qu'il ne guettait pas mon inattention. Par contre, je ne pouvais nier mon étonnement par la force des détails qui décrivaient mon compagnon. Ryuku était recherché ? Pourquoi ? Aucune explication, aucun commanditaire. Toutefois, il ne semblait pas question d'un assassinat ou d'un règlement de compte, simplement... une recherche. Alors pourquoi tout cet excès de zèle ? Je ne pus m'empêcher de conserver mon regard noir.

" Si vraiment vous cherchiez cet homme, n'était-il pas plus simple de clairement le lui dire ? "

Toujours méfiante, je rendis le parchemin, mais je n'aimais pas du tout ce qu'il se passait là, ni même le ton avec lequel il s'adressa à moi.

" Si quelque chose devait lui arriver, sachez que vous aurez tout un clan sur votre dos. "

J'avais beau pensé que le chauve était un idiot, mais c'était un idiot de Chinoike, et je savais que je lui devais beaucoup. Il avait toujours agi pour les nôtres, même si c'était parfois avec imprudence. Cependant, à cet instant, j'avais les mains liées et il ne me restait plus qu'à espérer qu'il ne s'était pas fourré dans des problèmes plus graves que ceux que j'affrontais à l'instant même. Par contre, l'homme de l'ombre souleva un point contre lequel je ne pouvais manifestement pas le rabrouer. Il me retirait un bras armé et je me trouvais seule.

" Puisque vous m'enlevez un de mes hommes, il serait en effet d'usage que vous me permettiez de faire appel à un autre. "

Sans cacher mon agacement, je commençais à chercher dans mes affaires afin de trouver de quoi écrire. Un message simple, sans fioriture, que je signais de l'empreinte de mon pouce après l'avoir couvert de mon sang. Ainsi, celui à qui je l'adressais saurait qu'il n'y avait pas de supercherie.

" Tenez. Donner ce message à l'un de mes hommes, ils sauront. "

Je pliais le message et le tendis au shinobi qui disparut sans demander son reste. Qu'avais-je écrit ? Un message en partie codé, rien de bien compliqué en soi, mais dont la réponse ne pouvait se trouver que sur place.

" Ce message s'adresse au bonhomme de neige. Que ce dernier aille fondre dans mon bureau et que son regard se porte derrière l'envol des oiseaux. Troisième rangée sous la patte du corbeau. "

En substance, je fournissais à Toshiro l'endroit où j'avais rangé l'ordre de mission. Il trouverait la clef derrière un tableau au-dessus de la cheminée, et devrait ouvrir le troisième tiroir d'un casier où prônait un corbeau empaillé. Il y trouverait les données principales ainsi que les coordonnées des lieux. Pour le reste, il devrait être un assez grand garçon pour me retrouver moi ou bien mes camarades.  

D'ailleurs, je n'avais pas la moindre idée de ce qu'il était advenu d'eux, et le fait qu'ils n'étaient pas revenus sur la grande place avant que Ryuku ne fut poursuivi me laissait présager le pire. Que me restait-il à faire ? Je ne pouvais décemment pas rester en forêt, me souvenait parfaitement des paroles de la vieille apothicaire qui me déconseillait ce lieu et il m'était impossible de savoir quand pourrait arriver les renforts. Il ne me restait plus qu'à utiliser mon seul avantage : celui de ne pas avoir été repéré. On ne m'avait pas vu suivre furtivement Ryuku, et j'étais entrée en ville seule. Quant à Tsumi, il ne m'avait adressé la parole que lorsque j'étais parmi la foule, étonnée d'y voir du monde en quémandant ce qu'il se passait.

J'avais toujours avec moi les herbes médicinales que j'avais acheté, je pouvais encore me faire passer pour une voyeuse de passage et continuer mes investigations. Mais avant de retourner en ville, il me fallait cacher les corps des soldats qu'avaient tué Ryuuku et fouiller leur poche. Peut-être pourrais-je y trouver quelque chose d'utile, ou même quelques ryos qui me permettraient d'économiser une chambre dans une auberge parce qu'il m'apparaissait évident que j'étais coincée pour quelque temps...

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Ma journée n’avait pas très bien commencé. Pourquoi ? Bah, j’ai soigné madame Ririko qui avait un furoncle aussi gros que le crâne chauve de Ryuku sur la jambe. Je vous passe les détails, mais il a littéralement explosé. Et après, je pensais pouvoir me la couler douce, mais Fuyu est arrivée en me demandant de l’aider avec de la paperasse. Quand Etsu n’est pas dans la grotte, les choses partent en cacahuète. MOI ? De la paperasse ?! Autant vous dire que c’était loin d’être le fun.

Donc, une fois les papiers finis, je sortis du bureau de la vieille bique et à peine quelques pas plus loin, mon pied s'enfonça dans la seule crotte de chien de la caverne. Je veux dire, il n'y avait pas beaucoup d’animaux ici. (Si on enlève les autres abrutis de l’équation.) Et il fallait que ce soit pour ma pomme. M’enfin bon, je continuais ma route pestant et insultant le monde entier lorsque que le gamin qui jouait au messager se planta devant moi.

-Toshiro-sama, j’ai un message de la plus haute importance pour vous. Qu’il disait.

J’attrapais la lettre en basculant légèrement la tête en guise de remerciement et me remis à marcher tout en lisant le message.

-Cette écriture ! Elle n'est pas censée être en mission ?

Ça ne sentait pas bon. Je me mis à courir dans le bureau d’Etsu pour essayer de trouver ce qu’elle voulait que je trouve.

-L’envol des oiseaux. Dis-je en regardant autour de moi.

On ne pouvait pas dire que son bureau était bien rangé, il y avait des papiers un peu partout. Mon regard se porta sur un tableau où l’on pouvait voir des oiseaux prendre leur envol depuis une petite mare. Derrière, une sorte de coffre incrusté dans le mur avec une clé et des papiers à l’intérieur. Je pris la clé et cherchai son corbeau empaillé.

Je me suis toujours demandé pourquoi elle avait ce truc dans son bureau, ça faisait froid dans le dos.

-Troisième rangée sous la patte du corbeau. Murmurais-je.

J’ouvris le tiroir et sortis le rouleau qui était placé soigneusement à l’intérieur. C’était un ordre de mission. Si elle m’a fait chercher ce rouleau de mission, ce n’était pas anodin et elle avait sûrement un souci. Je commençais à m’inquiéter, alors, sans attendre une seconde de plus, je partis rassembler mes affaires.

Je sortis de la caverne en trombe et débutai, à toute vitesse, mon voyage pour rejoindre Etsu. Cette situation m’était un peu désagréable. Si elle m’avait demandé comme ça en pleine mission, c'était qu’il s'était passé quelque chose. Connaissant mes camarades, je me mis à courir aussi vite que possible jusqu’au village le plus proche de la base ennemie, ce qui me prendrais un jour ou deux.

Le trajet se passa sans encombre, j’étais un petit peu claqué, mais il fallait que je me dépêche. Sur la route, j’avais croisé deux campements où j’ai pu me restaurer. En partant du dernier, un type m’expliqua que la ville n’était qu’à quelques heures de marche. J’y étais presque !

Après un petit sprint final, j’arrivais à Kobeshiki, un petit village à ne pas piquer des hannetons. Fallait que je retrouve Etsu ici ? Ce n’était pas une tâche impossible, mais j’allais d’abord commencer par prendre un truc à manger dans l’auberge du coin pour nourrir mon ventre qui criait famine et peut être dormir vite fait, histoire d’être en forme.

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La panique provoquée par les mystérieux assassins retombait doucement dans la cité. À peine quelques heures après le drame. Le nouveau chef de la famille Masaru Heizaimon, accompagné de son frère et de sa soeur, étaient descendus avec l’ensemble de leurs hommes d’armes récupérer le corps sans vie d’un de leur membre. Une scène haute d’émotion durant laquelle cris et pleurs s’entremêlèrent. Stoïque, le père avait regardé les gardes emporter le corps de son père dont certaines parties manquaient déjà. L’odieux porc qui avait osé profaner le cadavre fut condamné sommairement et abattu. Littéralement sous le choc, Kagamiko se trouvait inconsolable. Goutant sans discontinuer au sel de ses propres larmes.

Si nul habitant ne se risqua dehors et qu’aucun ne semblât disposé à rendre les hommages indus. Claquemuré dans leurs habitations, ils espionnèrent pourtant depuis les fenêtres, ne ratant pas une miette du spectacle macabre. Peu d’entre eux s’émurent devant la représentation familiale. Ils l’avaient bien cherché ! Un juste retour des choses ! Ils n’avaient qu’à pas exploiter nos enfants !
En parallèle à l’indignation grandissante, quelques pleurs cependant, discrètement essuyé d’un revers de main. Les âmes les plus pures ne pouvaient ignorer la peine immense que ressentait la jeune fille endeuillée. Seul membre de cette odieuse famille, à n’avoir jamais ne serait-ce que tourner un regard compatissant vers les habitants.

C’était alors qu’une véritable chasse à l’homme fut lancée. De toute part et dans chaque habitation les gardes déferlèrent et fouillèrent le moindre recoin. La population opposait de fait une résistance passive, rechignant à ouvrir leurs portes ou insultant à foison les hommes d’armes. La panique naquit dans le petit foyer qui abritait alors deux membres de l’escouade Chinoike. Un peu précipitamment, la fille et le père enfermèrent les deux fautifs dans la cave, les enjoignant à rester à l’abri dans quelques barriques. Dans le même temps ils avaient mis au feu tout ce qui pouvait trahir la présence de blessés. Enfermer dans leurs tonneaux, les Chinoike purent entendre le basculement des meubles et le piétinement intensif des gardes. Des coups également, contre cet homme qui avait visiblement opposé résistance à l’opération. Ils purent entendre au moins deux hommes qui descendirent dans la cave, le craquement du bois sous leurs pas ne laissait que peu de doute quant à leur équipement. Armuré lourdement, le sol semblait trembler sous leurs pieds. Alors que l’un d’eux s’approchait dangereusement de la barrique contenant Hitagi. Une voix grave perça le brouhaha ambiant.

"Revenez dehors ! L’un d’eux a été vu dans la forêt !"

Un moment de stupeur sembla accueillir les propos, puis tout de suite après le silence retomba dans la maisonnette.

Devant l’habitation, un nombre croissant de civils avaient été enjoints à se regrouper. Rangés en ligne, un garde au visage dur semblait alors s’évertuer à les interroger. Sous la menace de voir toute la population punie, les langues avaient finit par se dénouer et des voix peu assurées commencèrent à apporter quelques éléments de réponse à la question sur toutes les lèvres : Qui ?

"Des étrangers ! Je n’ai pas vu leurs visages !"

"C’était des Shinobis je pense !"

"J’ai vu leurs silhouettes partir vers le nord !"

Titubant encore à moitié, l’un des soulards qui avait fait l’heureuse rencontre de Ryuku ajouta.

"Y avait un chauve ! Il est parti vers la forêt suivi par des gardes !"

Tout juste eut-il conclu sa phrase qu’il avait été emporté de force avec la garde. Il devrait identifier les coupables en accompagnant la troupe dans sa battue. De son côté, la famille avait retrouvé son château, sans se départir cependant de sa garde rapprochée.

Pendant que la cohue résonnait donc dans le village, dans un calme princier une cheffe Chinoike s’affairait à cacher les corps sans vie. Chance pour elle, peu des hommes avaient succombé à leurs blessures. Visiblement maître de lui-même, le chauve était parvenu à blesser sans tuer. Dans les poches, l’intendante de sang put trouver quelques babioles sans intérêt, jeu de dés, cartes, papiers… mais aussi quelques ryos et même un onguent à l’odeur épicée. Quittant le couvert des bois, elle s’était alors approchée du village mais avait bien vite rebroussé chemin devant le mur d’homme qui avançait en sa direction. Son intuition avait été juste et elle parvint à éviter l’esclandre. Caché au sommet d’un pin, elle put discerner l’objectif des hommes. Ils cherchaient les coupables d’un crime odieux. Le père de la famille était mort. Un chauve serait l’assassin. Patiente, elle attendit donc que le calme retombe avant de s’aventurer de nouveau au milieu des chaumières.  

Les multiples corps, bien que caché, furent finalement retrouvé et transporté d’urgence jusqu’au château. Les témoins ne manqueraient pas de rapporter leurs souvenirs. La couverture d’Etsu était donc potentiellement mis à mal. Pourtant, lorsqu’elle retourna dans la zone habitée, nul ne sembla la reconnaitre. Pesant se faisait cependant le regard des habitants sur son passage. Savaient-ils ? Ou soupçonnaient-ils ? En tout cas, aucun d’entre eux ne sembla vouloir la dénoncer. Durant ses rares errances extérieure, Etsu put remarquer la présence accrue de garde dans le village. Ceux-ci ne semblaient plus avoir le moindre espoir de retrouver les coupables et leurs rondes servaient principalement à maintenir le calme.  Quelques pancarte avaient été placardées dans les rues, montrant un homme de bonne stature au crane chauve, visiblement considéré comme l'instigateur principal de l'attentat.

Deux jours s’étaient finalement écoulés quand le chant d’un coq réveilla en sursaut la pauvre Hitagi. Elle et son camarade avaient eu la chance de trouver un abri sûr dans cette charmante famille. Père et fille avaient, du mieux qu’ils purent prodiguer soin et confort à leurs hôtes infortunés. Limités par leurs moyens et leurs compétences, ils ne purent cependant pas chasser parfaitement les douleurs et le repos des deux guerriers fut donc entrecoupé d’insomnies dévastatrices. Pour autant, ils étaient de nouveau en état d’agir et prudemment, la mieux portante avait essayé de renouer contact avec le reste de son équipe. Le père de famille s’y été sévèrement opposé et avait assuré qu’il s’en occupait. Quand les shinobis l’interrogèrent plus avant, il avait fini par confier, un peu méfiant, qu’il existait un réseau souterrain d’information dans le village et qu’il s’en servirait pour transmettre un message.

De son côté, la matinée fut tout en surprise pour l’intendante Chinoike. Seule et sans information elle avait passé ses deux jours dans une inquiétude permanente. Véritable torture, elle ruminait en faisant le tour de sa petite chambre dans l’auberge du village. Mais la roue de la fortune semblait avoir initié un nouveau tour, quant au matin elle eut l’immense surprise de remarquer la présence d’un visage connu qui avait visiblement lui aussi trouvé refuge dans le bouge. Encore plus incroyable, le message transmis par une petite fille aux deux couettes blondes retombant dans son dos.

"Bonjour madame ! Vous devez être si jolie ! Dommage que vous ayez l’air d’un cadavre ambulant ahah ! Dites, dites ! Vous saviez que notre médecin avait reçu deux nouveaux onguents il y a de ça deux jours ? Ça serait le top pour vos immenses cernes ! hihihi ! Passez une bonne journée !"

Repartant en claudiquant, la jeune enfant disparue aussi vite qu’elle était apparue, sans manquer bien sûr de répandre son rire cristallin sur son sillage. Etsu parviendrait-elle cependant à capter l’importance de ce message couvert d’insultes déguisées ? Elle aurait au moins la chance de pouvoir partager cette anecdote avec son nouveau compagnon. Assis à table et prenant un petit déjeuner bien mérité, Toshiro lui fit signe d’approcher.

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La rançon sanglante


Ces dernières heures n’avaient pas été de tout repos, mon cœur me faisait atrocement mal, je me sentais fatiguée et pas vraiment bonne à quelque chose. J’avais aperçu ma gueule dans un miroir et vu les cernes que j’avais, j’me demandais comment je tenais encore debout. Depuis qu’on avait buté l’autre, je n’avais pas bien récupéré, j’avais vu Tsumi se remettre plutôt bien, tandis que moi je stagnais, mes plaies me brûlaient et je restais allonger dans un coin en chien de chasse, dormant en boule, tentant de réprimer les frissons qui me traversait. Parfois je me réveillais pleine de sueur, réentendant les pas claquer sur les pavés de la cave, alors qu’enfermer dans des tonneaux, je déglutissais, priant pour qu’on ne me retrouve pas, moi et ma gueule, moi mon corps cassé. Je lâchais des regards mauvais aux membres de la maisonnée, parce qu’à moitié alitée, je ne pouvais rien faire, j’étais qu’un point, un genre de sac de merde sans trop d’intérêt, qui restait là, allonger.

Je n’en voulais pas au daron et à sa pisseuse, ils avaient fait de leurs mieux, ce coup-ci, je n’avais pas de bol, c’est tout. Prise d’insomnie, j’avais quelquefois perdu la notion du temps et une fièvre tendait à me dévorer, j’avais perdu la notion du temps, traînant la patte comme une chienne galeuse, ne lâchant jamais mon sabre, tel un grigri que j’emplissais de prière silencieuse pour pas crever comme une conne, pas me faire chopper. Je tirais la gueule et j’attendais le moment d’être plus en forme pour me tirer de là, éviter que d’autres innocents crèvent dans l’affaire, que Tsumi et moi brisions d’autres familles.

La mort des gardes était nécessaire, je remuais pas vraiment un couteau dans la plaie, je savais bien que c’était la réalité, complète et absolue, mais des gosses étaient orphelins, des zouz veuves et nous on avait survécu. C’était un mal nécessaire en soit, on avait pas vraiment le choix et ils avaient leurs lots de crime qu’il fallait que la justice brutale du clan rétablisse. Mais peut-être que ces types qu’on avait crevés gardaient en vie d’autres et qu’en les butant, on avait créé une chaîne de causalité qu’allait enterrer fissa des gens. Tout ce que je voulais, c’était que nos bienfaiteurs malgré eux ne soient pas des dommages collatéraux de ce qu’on avait fait. En les fusillant du regard, s’ils se faisaient prendre, je savais qu’ils n’auraient pas tant de remords à me balancer pour sauver leurs vies. C’était le truc à faire de toute façon, c’était la vie ma pauvre Lucette.

Quand je ne délirais pas trop, j’essayais d’échanger quelques mots avec Tsumi, de trouver la chaleur de son corps, lorsque je frissonnais… je cherchais comme une chienne à avoir le moindre petit signe d’affection, la moindre caresse pour continuer à me battre le temps que je retrouve Etsu. Il était le seul sur lequel je pouvais compter, le seul et unique. J’avais une confiance absolue en lui, pas une confiance dans son sang, dans le fait qu’il était un Chinoike, mais bien une confiance dans l’être qu’il était, pétrie de défaut, de qualité, d’humanité. J’avais confiance, parce que c’était lui. Lorsqu’on se bat aussi longtemps contre quelqu’un, on finit par le connaître par cœur, il en était de même entre nous. J’avais l’impression qu’on était deux sortes de chien qui se protégeaient l’un l’autre, sans vraiment dire un mot. De toute façon, causer, c’était pas mon truc, pour ça que je fermais ma gueule le plus souvent. Puis, pour quoi dire ? Ça servait à rien de causer pour rien dire.

Mais la plupart du temps, je dormais, puis c’était tout, comme une chienne exténuée après une balade, je dormais, le temps de me rétablir. Parce que je comprenais bien que plus le temps passait, moins on avait de chance de prendre de vitesse les autres, plus on perdait l’effet de surprise pour terminer la mission. Plus je prenais de temps à me retaper, plus on avait de chance qu’on nous retrouve et si on devait se taper toute la force armée de la ville, sûrement qu’on n’aura pas autant de chance que la première fois et que se serait la fin de l’aventure.
Mais bon, parmi tous les problèmes que j’avais au coin de la gueule, ma santé ne me préoccupait pas vraiment, c’était surtout la fatigue qui vraiment me posait un problème, tous mes canaux de chakra me faisaient mal, comme si mes sinus étaient bouchés et que j’en avais partout sur le corps. J’avais puisé beaucoup et j’en payais le résultat, la pilule n’avait pas fait du bien en moi. Tout ça pour dire, que bon, le chakra c’était bien le minimum dont j’avais besoin, j’étais solide quand même, je saurais survivre un peu fiévreuse et blessée, sans chakra, je donnais pas cher de ma carcasse…

Du coup, je me replongeais dans mes songes et délire, espérant à chaque réveil me sentir mieux, sans trop d’espoir quand même. On pouvait pas avoir tout le temps de la chance, s’en était la preuve, vu que j’étais dans la merde.


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Conquête
ft.Chinoike

« For the clan..»






Combien de temps s'était-il retrouvé ainsi à dormir ? Des minutes ? Des heures ? Des jours peut-être ? Cette torpeur incontrôlable, il essayait tant bien que mal de la combattre. Mais chaque fois qu'il trouvait la force d'ouvrir ses paupières, ces dernières se refermèrent, ne laissant que quelques images fugaces imprégner son esprit. Et à chaque fois, les semblants de rêves qu'il semblait faire, commencé avec l'ultime image de ses moments de consciences. Pour autant, il y eût aussi ce moment où, sans doute à cause de son état de fatigue, il crut entendre la voix de sa douce Kaori lui parvenir à ses oreilles. Un doux mirage que sa petite sœur orchestrée malgré elle. Il devait se faire une raison, tout ce qui s'était passé n'était pas un rêve, et son premier amour, reposait non loin de la petite maison.

Sans trop avoir conscience du temps qui passait, Tsumi ne cherchait plus vraiment à se débattre contre lui-même. Laissant ses songes prendre le dessus sur sa conscience qui, de toute manière, ne cessait d'être tourmenter par la voix de cette ombre qui lui répétait comme un mantra une vérité qui lui rongeait l'âme. Il était devenu un meurtrier. Ses actes, ils les revivaient quelques fois, comme des flashs. La violence dont il avait été capable, la puissance dévastatrice et mortelle qu'il avait pu extraire de son être pour faire du mal à d'autres. Tout ça tournait, comme un derviche tourneur, ne sachant pas au fond de lui s'il avait fait, ou non, le bon choix.

Puis il y eut cet instant, lorsque, enfermés dans la cave de la petite maison, le Borgne et sa camarade s'étaient retrouvés acculés par les gardes de la ville. La tension était tellement palpable qu'il en eût le souffle coupé durant un long moment. Mais ce qui le maintenait dans cet état n'était pas la promesse d'une morte certaine. Non. Ses pensées, bien qu'encore embrumées par l'épuisement, se tournaient vers la jeune femme qui ne l'avait pas quitté depuis leur combat. Pendant un instant, il s'étonna à penser qu'il n'aurait pu rêver meilleur compagnie face à la faucheuse. Pour autant, il ne s'empressa pas de lui faire part de tout ceci, préférant garder le silence face aux gardes qui finirent par partir. Un court moment de soulagement, qui replongea le Chinoike dans les bras de Morphée.

Ce ne fût que quelques heures plus tard qu'il se fit réveiller d'une bien curieuse manière. La tête de la pauvre Hitagi venait de heurter son épaule, provoquant un choc qui perturba le jeune homme, qui resta pantois face à la scène. Puis, l'étonnement laissa place à une sorte d'affection alors qu'il se mit à contempler les mèches de cheveux noirs qui entrecoupées le visage apaisée de la bretteuse. Elle avait semble-t-il trouvé un peu le sommeil, si bien qu'il se força à rester éveillé, juste pour ne pas bouger. Durant ce long moment, il ne cessa de la regarder, lui souriant pendant son repos, ressassant dans sa mémoire tous les instants de leurs vies qui les avaient opposés. Il était ironique de se rendre compte, qu'après toutes ces batailles, et toute cette violence, les rivaux se retrouvaient ainsi, l'un contre l'autre, luttant ensemble pour survivre, une fois de plus.

C'était en repensant à la bataille du lac que Tsumi prit peur. Un mauvais mouvement pour pallier à l'engourdissement de son épaule avait provoqué la chute de la tête de la jeune femme. Très vite, il la récupéra avant qu'elle ne le heurte, posant gentiment le visage de sa camarade sur sa cuisse, la laissant prendre une position foetale tout en grelottant. Doucement, le Borgne se délestait de son manteau, le faisant voler délicatement jusqu'à ce qu'il se posasse sur la kunoichi. Ce n'était pas grand chose, mais au moins, cela lui permettrait peut-être de dormir un peu. S'étonnant à passer ses doigts dans sa chevelure, le Loup solitaire se mit à sourire. C'était peut-être de ça, dont parlait Etsu lorsqu'elle disait de prendre soin des autres ?

Les heures s'écoulèrent et l'esprit vagabond du jeune homme n'en pouvait plus de rester statique. Pourtant, le père de Kaori avait été clair, ils ne devaient pas bouger et laisser faire le réseau souterrain. Une solution sûre, mais qui n'allait en rien aider à la situation actuelle. Ce fût à un petit matin, laissant la bretteuse se reposer, que l'ombre décida de se mettre en action. Faisant attention de ne pas réveiller Hitagi, il déposa sa tête délicatement sur un coussin que la petite sœur de Kaori lui avait apporté. Puis, sans un bruit, il se glissa jusqu'à la chambre du père, fouillant dans ses affaires pour trouver quelques vêtements plus passe-partout, espérant trouver quelque chose qui lui permettrait de se fondre dans la masse. Ce ne fût qu'après qu'il se décida à sortir, vérifiant en premier lieu que les gardes n'étaient pas dans le coin. Puis, il s'engouffra dans la ruelle, gardant à l'abri des regards indiscrets le paquet qu'il avait glissé dans un sac en bandoulière, contenant la tête de sa première victime.

Pourquoi était-il donc parti ainsi ? Laissant derrière lui la pauvre jeune femme recouverte de son manteau ? Beaucoup dirons qu'il ne s'agissait que des actes d'un Loup Solitaire qui avait pour habitude de faire cavalier seul. Mais au fond de son cœur, l'unique chose qui motivait ses pas, était de s'éloigner lui, et la menace que représentait l'objet qu'il détenait de la famille de Kaori, mais aussi, et surtout, de protéger son amie.

Où allait-il donc se rendre ? Les idées fusaient dans son esprit, allant des plus sages, aux plus atroces, mais celle qui revenait sans cesse, semblait être la plus bête à choisir. Pour autant, il chercha à rejoindre le lieu où tout avait commencé, il y a de cela deux jours. Faisant attention à ne pas tomber nez-à-nez avec des gardes, il trouva avec un peu de mal, un chemin sûr qui le mènerait jusqu'à l'auberge. Que ne fût pas sa surprise lorsqu'il vît son amie attablée avec un allié dont il ne s'attendait pas à voir la tignasse blanche. Et si dans d'autres situations, la venue d'une telle aide aurait pu le remplir de joie, il n'en fût rien. Ses pieds s'arrêtèrent à plusieurs mètres de cette fenêtre donnant sur une myriade d'autres possibilités, sans que Tsumi ne franchisasse le pas.

Etait-ce la honte ? La culpabilité ? Quoi qu'il en soit, quelque chose l'empêchait de retrouver les membres de son clan. Pour autant, malgré tout le ressenti que les deux hommes pouvaient avoir l'un pour l'autre, Toshiro restait le médecin du Clan. Pour sûr qu'il serait en mesure d'aider la pauvre Hitagi pour laquelle ces deux jours avaient été un véritable calvaire. Mais comment faire ? Agir, il en était incapable. Regardant la main qui avait tenu le katana, des larmes commencèrent à perler de ses yeux. Il était devenu ce que tous, dont Toshiro, n'avait cessé de le qualifier : un meurtrier. Il n'avait pas la force de lui donner raison. Pas aujourd'hui. À la place, il attendit que la barmaid de la taverne sortisse pour se diriger vers elle, la saluant chaleureusement comme il avait l'habitude de le faire. Puis, tout en restant à l'écart et en essayant de ne pas se faire trop entendre par les passant, il lui demanda une chose qui la surprit quelque peu. En échange de quelques faveurs, elle devait remettre un message au couple assit à une table du bar : « Des Higanbanas ont fleurit non loin de la demeure du Médecin. Vous devriez aller voir, le spectacle vaut vraiment le détour. »

Puis, s'inclinant respectueusement, le Borgne disparu de la rue, espérant que la jeune femme délivrasse son message à Etsu pour qu'elle puisse retrouver sa camarade. Mais qu'allait-il donc faire en attendant cela ? La mission était pourtant clair : Ils devaient mettre fin au règne d'une famille en utilisant la force pour tuer les membres les plus belliqueux, et la ruse pour mettre à la tête du pouvoir, l'enfant le plus manipulable. Une stratégie que ne l'enchantait guère mais qui allait sans doute se révéler concluante dans le futur, du moins l’espérait-il. Ce fut donc le cœur lourd et l'esprit tourné vers sa mission que Tsumi se rendit non-loin de la demeure des seigneurs, profitant d'un crottin de cheval non-loin pour s'en peindre le corps, déchirant maladroitement quelques pans de ses habits. Son but ? Paraître le plus insignifiant possible. Dans quel objectif ? Forçant sur sa jambe gauche comme s'il boitait, le Chinoike se présenta devant les gardes de la grande porte du domaine du seigneur, sans armes, ni protections d'aucune sorte, forçant ses membres à trembler tandis qu'il prit une voix enfantine et frêle, son œil borgne augmentant son aspect d'infirme mendiant.

« J-..je... L-Le...On m'a..d-d-dit d-d-de vous d-d-d-donner ç-ç-ça... »

Et ainsi présenta-t'il le sac, contenant la tête décapitée.

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La rançon sanglante
Je ne savais pas si je pouvais parler de miracle, mais les gardes de Kobeshiki n'avaient pas été mortellement blessés. Sévèrement, oui, mais ils survivraient. Curieusement, cela me rassura, quand bien même j'avais offert un long discours sur les risques du métier pour sauver Ryuku de ses exactions. Je n'avais pas de colère particulière à l'égard de ses hommes, à ceci près que je pouvais tout de même leur reprocher de servir une famille aussi pathétique que celle des Heizeimon. Avec mes maigres forces, je m'attardais néanmoins à les dissimuler pour deux raisons : gagner du temps et pas les laisser pourrir à la vue de tous. J'étais shinobi mais pas dénuer de tout sens moral. Si je ne les achevais pas, ce n'était pas pour les laisser se faire dévorer par des animaux sauvages et puis... ils étaient des gens de l'Isthme.

" Vous avez vraiment de la chance d'être encore en vie... "

Un murmure, une parole d'encouragement. Je ne savais pas trop comment moi-même je devais interpréter mes propres mots à l'égard de ces gens. Sans doute de la pitié. Ce fut d'ailleurs ce même sentiment qui, alors que je fouillais leur poche, me poussa à laisser l'onguent dans la main de l'un des gardes.

" Vous en aurez plus besoin que moi. "

Mes derniers mots avant de les dissimuler sous des branchages et de me décider enfin à quitter la forêt avec les ryos que je leur avais... remprunté. Mais mon karma joua contre moi et m'envoya de la visite bien armée. Ma petite taille, ma finesse et ma furtivité me permirent néanmoins de passer sous le radar de leur attention, et tel un oiseau de proie, j'étais montée sur un arbre, me dissimulant derrière les aiguilles de pins. Bien que je n'étais pas dotée d'une ouïe spécialement aiguisée, je ne fus pas sourde à leurs discussions : le patriarche de la famille Heizemon avait été assassiné et le coupable visiblement désigné serait un homme chauve. C'était.... à ne rien comprendre. Ma logique me poussa à croire que Hitagi et Tsumi étaient sans doute les responsables de la fin du chef de famille, mais pourquoi ces gens pensaient que c'était Ryuku ? Cyniquement, cela me semblait être une aubaine, même si je trouvais frustrant qu'il accusa cet imbécile. Mais puisqu'il n'était plus là, peut-être que la famille enverrait des hommes à sa recherche loin d'ici, retenant ainsi leurs yeux vers un faux coupable.

Toutefois, cette subite pensée me fit aussi trembler un peu. Est-ce qu'il était arrivé malheur à mes amis pour qu'il ne chercha que Ryuku ? Est-ce que je devais envisager le pire ? Est-ce qu'ils étaient morts ? Je secouais la tête négativement, convaincue que cela ne pouvait pas être le cas, un déni qui me permettait de garder mon sang froid. Ils étaient des Chinoike, ils étaient forts et j'avais confiance en eux. Il me fallut tout de même atteindre quelques heures sur mon perchoir avant de pouvoir retrouver le monde des humains. Les soldats avaient trouvé le corps de leurs camarades et les avaient transportés jusqu'au château. Ce ne fut que lorsque je fus certaine que tout le monde s'en était allée que je revins en ville, mes achats sous le bras comme pour montrer que je revenais de faire quelques courses. Cependant, l'atmosphère était lourde et le poids des regards qui s'attardèrent discrètement sur moi m'inquiétèrent un peu. Est-ce que ces gens se doutaient de quelque chose ? Aucun d'entre eux ne vinrent à ma rencontre et j'en fis de même.

Ce fut sur mon chemin, en direction de l'auberge principale de Kobeshiki, que je m'aperçus que la sécurité avait été renforcée et que des affiches venaient d'être placardées. La tête de Ryuku était mise à prix. Le portrait était sacrément vilain. En attendant, cela me fit comprendre que je ne devais pas rester plantée là trop longtemps avant de devenir suspecte à mon tour, et que je devais continuer à jouer mon rôle jusqu'à l'arrivée de Toshiro.

Deux jours. Deux longs jours à tourner comme un lion en cage dans la chambre que je louais. Pas d'Hitagi, pas de Tsumi à l'horizon. Aucune information sur ce qui leur était arrivé. Seuls les papotages de quelques badauds m'avaient indiqué que le patriarche avait été enterré et que le reste de sa famille s'en était retournée au château. Je commençais à désespérer sur les devenir de notre mission... jusqu'à ce que le miracle survint quand Toshiro débarqua enfin. Mais cela faisait deux jours que j'étais cloîtrée, deux jours que les propriétaires des lieux devaient se demander ce que j'attendais. Il me fallait trouver... une idée.

Sauf qu'une drôle de petite fille me stoppa dans mon élan. Surprise, je fis les yeux ronds avant de froncer des sourcils devant ses remarques. Quelle impolitesse ! Mais je fis mine de ne pas m'intéresser à l'information, seulement m'en offusquer.  Est-ce qu'il y avait un message codé dans les paroles de cette petite délinquante à couette ? Je le pensais, mais je ne m'attardais pas. Il me fallait rejoindre Toshiro qui mangeait tranquillement son petit déjeuner.

" Ha ! Mon chéri ! Mais depuis quand es-tu arrivé ! Cela fait deux jours que je m'impatiente ! Et toi tu manges tranquillement ? "

M'approchant de lui avec un empressement que je feins à moitié, je le pris dans mes bras pour exprimer une affection propre à un jeune... couple. Je ne vous mentirais pas en disant que cela me coûtait beaucoup parce que j'avais toujours eu beaucoup de mal avec ce genre de proximité, surtout avec... des hommes. Jouant la comédie, je lui adressais tout de même mon plus beau sourire.

" Je commençais à me sentir bien seule. "

C'était ma manière de lui indiquer que malheureusement, je n'étais pas en compagnie de nos autres camarades, et Toshiro me connaissait pour comprendre que pour le coup, mon sentiment n'était pas feint. Je m'inquiétais sincèrement. Je profitais alors de ses instants pour m'assoir à côté de lui, une façon aussi de facilité des discussions que nous pourrions avoir à voix basse. Si on passait pour un couple, cela ne choquerait pas le moins de monde et donnerait l'impression que nous... minaudions. Affligeant de consternation, mais nécessaire. Il fallait parfois faire le sacrifice de son égo. Chassant néanmoins ma gêne, je tentais du mieux que je pus de lui faire un résumé de la situation, ou plutôt de la mienne, ainsi que l'étrange message de la fillette quelques instants plus tôt. Il me semblait y voir une sorte de commission de sa part, nous invitant à aller voir le médecin de la ville pour avoir des nouvelles de mes camarades. Mais, et s'il s'agissait d'un piège ?

Tandis que j'échangeais avec Toshiro, ce fut à ce moment-là qu'une serveuse vint nous délivrer un curieux message, un message que je compris, cette fois, être celui de Tsumi...

" Des Higanbanas... "

Mon première réflexe fut de regarder partout dans la salle et de demander à la jeune femme de m'indiquer qui était la personne qui lui avait donné le message. Je n'eus pas besoin de description pour comprendre, mais elle m'indiqua qu'il était déjà parti.

" Je crois que nous devons rendre visible à un médecin. "

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Chinoike Toshiro


L’auberge était éclairée par de fins rayons du soleil qui peinaient à pénétrer dans la pièce à cause de la crasse présente sur les fenêtres. J’étais assis à ma table devant une pinte de bière et des trucs à grignoter. Et inlassablement, je patientais. Il n'y avait pas mal d’agitation et malgré ça, je sentais le regard de quelques habitants se poser sur moi. Je ne leur en voulais pas, après tout, un beau gosse tel que moi était habitué à ça. Il ne devait pas y avoir d’aussi bel éphèbe que moi de passage dans cette bourgade.

Enfin bref. Avalant quelques gorgées de bière, j’attendais impatiemment l’arrivée de notre cheffe sacrée que je vis détaler les escaliers menant aux chambres. Je lui fis un petit coucou pour qu’elle puisse me repérer parmi la foule.

Une petite fille arrêta la progression d’Etsu lui faisant remarquer qu’elle ne semblait pas être fraîche. Pouffant de rire, je bu une gorgée assez vite pour retenir un fou rire et donc une remontée de bretelles. Mais soudain, et ce fut un choc pour moi, je la vis arrivée, toute souriante. C’était bizarre ! Un genjutsu ? Nan, ça m’étonnerait. Un ennemi qui se serait transformé ? Possible.

-Ha ! Mon chéri ! Mais depuis quand es-tu arrivé ! Cela fait deux jours que je m'impatiente ! Et toi, tu manges tranquillement ?

Je la regardais d’un air dubitatif, mais au vu de l’ambiance qui régnait ici et son message, elle devait sûrement jouer la comédie. Ceci explique cela ! CQFD !

-Désolé mon amour. J’ai marché pendant un moment sans même prendre le temps d’avaler quelque chose pour te retrouver. Dis-je en abordant un grand sourire.

Héhéhéhéhé, elle était gênée du coup forcément, c'était amusant. Elle se colla à moi, me faisant renverser quelques gouttes de bière sur la table.

-Je commençais à me sentir bien seule. Me dit-elle.

Prenant ça comme un signal, je m’empressais de répondre.

-Si tu veux, j'ai quelques minutes à tuer, on pourrait aller dans ta chambre et ….. Oh, je vois ce que tu veux dire ! Dis-je en posant ma main sur sa tête. Ne t’inquiète pas, je suis là maintenant.

Un message codé, forcément. Si elle avait demandé des renforts, c'était parce que les autres manquaient à l’appel. Alors autant Tsumi ça m’en touchait une sans faire bouger l’autre, autant hitagi et le chauve ça me faisait chier. Elle me fit, à sa façon, un petit résumé de ce qui s'était passé. La situation était plus grave que ce que je pensais. On avait perdu le chauve, et Hita et Tsumi étaient cachés quelque part.

Notre discussion fut interrompue par la serveuse qui ramenait une fleur à notre table.

-Bien que l’intention me touche, je me vois dans l’obligation de vous dire que j’ai déjà quelqu’un. Dis-je avant de voir la réaction d’Etsu.

Un autre message caché, décidément. Elle avait reconnu cette fleur et se leva d’un bond avant de me dire qu’on devait passer chez le médecin. J’aurais pu faire pas mal de vanne sur cette phrase, mais je repris mon air sérieux avant de suivre notre cheffe. Savoir qu’Hita était probablement blessée quelque part me faisait un peu peur.

-En route alors.

La route se passa sans trop de soucis, avec Etsu à mon bras, on passait discrètement dans les foules et nous arrivions rapidement à la maison du doc.

Etsu toqua à la porte et quelqu’un vint ouvrir. Elle essaya d’expliquer la situation et après quelques minutes, on nous conduisit à une Hita en mauvais état.

-Hum. Grognais en posant un genou à terre et en commençant à faire des mudras.

Avec toute la délicatesse qu’il m’était possible de déployer et tout mon savoir-faire, j’utilisais mes deux techniques favorites afin de remettre notre Hitagi sur pied.

-Ne t'inquiète pas, je vais te remettre comme neuf en pas longtemps.

Elle avait subi de lourds dégâts, mais absolument rien qui ne pouvait me résister.

-Il n'est pas là l’autre emo ? Il ne doit pas être frais non plus, je me trompe ? J’espère qu’il n'est pas en train de faire un truc stupide qu’on va tous regretter dans quelque temps. Marmonnais-je en passant mes mains sur Hita. Quoi qu’il en soit, Etsu m’a tout expliqué ce qui s'est passé de son côté, raconte-moi qui t’as mise dans cet état et j’irais m’en occuper. Dis-je en soupirant.

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La rançon sanglante

Après leurs exploits particulièrement mouvementés, les Chinoike devaient se regrouper et faire le point.
Ils avaient réussit à glaner un peu de repos et plus ou moins pansés leurs blessures pour certains... Heureusement, un spécialiste de l'art médical du clan venait en renfort.
Toshiro retrouva d'abord Etsu, avant qu'ils ne rejoignent ensemble la planque d'Hitagi.
Cette dernière vit son sommeil réparateur perturbé par l'arrivée du tatoué aux cheveux blancs. Néanmoins, le spécialiste en Iroujutsu fit merveille après une auscultation précise, son chakra médical refermant les plaies à vue d'oeil et ressoudant les os. Au final, il ne resta plus que de magnifiques bleus bien douloureux et cicatrices irritées sur le corps de l'épéiste.

Il était maintenant tant de faire le point, mais à la grande exaspération d'Etsu, Tsumi avait disparu on ne sait où, pour provoquer on ne sait quelle autre catastrophe à la manière d'un chauve.
Lui et Hitagi avait apparemment réussit une partie de leur mission, assassinant sauvagement Heizaimon Ginjirô, ainsi que ses gardes du corps. Le tout en pleine ville, et devant témoins, en faisant usage de techniques de ninjutsu bien voyante et d'une brutalité sans nom. Pire encore : ils avaient fait usage en public de l'art secret des Chinoike.
Un petit malin risquait donc de se rendre compte de qui venait de brutalement se mêler des affaires de la régions...

Il était clair qu'il fallait faire des immondes Heizaimon un exemple... Mais hélas les Chinoike étaient bien loin de s'être posés en sauveurs. L'assaut furieux et sanglant de Hitagi et Tsumi ne les avait guère fait passer pour des chevaliers blancs... Si la populace se réjouissant en secret du meurtre, estimant que Ginjirô l'avait bien cherché, elle tremblait suite à l'arrivé de ces shinobi étrangers...
Les gens préféraient parfois un mal connu à l'inconnu, surtout quand celui-ci semblait manier le sang, les éclairs et la mort...
Les frasques et rixes de Ryuku n'avait également pas aidé, mais le lancier chauve avait été (heureusement ?) écarté de l'équation.

Enfin, pendant que Tsumi et Hitagi dormait, la répression avait été terrible. L'attentat contre son père avait placé Heizaimon Masaru, son premier fil, à la tête de la famille et de la Libre Compagnie des Fourreurs et Tanneurs du Lac Gelée. Après s'être barricadé dans son manoir, ses premiers ordres furieux avait été de réclamer la tête des assassin de son père.
Ses soudards avaient fondus sur la ville de Kobeshiki, molestant sans vergogne ses habitants à la rechercher du moindre indice pour mettre la main sur les coupables. La garde seigneuriale se vit offrir un pont d'or pour fermer les yeux et aider aux recherches.
Très vite, des portait dessiné (et heureusement peu ressemblant, l'épéiste avait l'air particulièrement hommasse) de Tsumi et Hitagi commencèrent à orner les murs de la citée.

Par chance, ils avaient trouvé refuge chez des alliés fidèles, mais cela ne durerait pas, en plus de les mettre en danger.
Même si les gens haïssaient les Heizaimon, la promesse d'assez de ryô pour leur échapper en échange des ninjas faisaient tourner bien des têtes...
La peur aussi : Hitagi ne pourrait plus se plaindre du manque de choix de l'étal du boucher. Se dernier et tout ça famille avait agonisé pendant des heures, crucifié et mutilé aux portes de la ville par les sbires sans âmes des Heizaimon, tout comme le boulanger et les siens. Leurs commerces avaient été saccagés et même brûlé de rage.
Juste parce qu'ils avaient été vu croisant la Chinoike avant l'attentat.
Tout ça n'était bien sûr qu'un plan de Heizaimon Masaru, pour pousser à la délation et asseoir son autorité sur le peuple terrorisé.

Etsu prit une difficile décision : il lui fallait regagner les terres du clan et partir tasser les choses avec le Daimyo.
Outre le soucis avec Ryuku, ces lâches d'Heizaimon avaient envoyés moult messagers pleurnicher auprès de nobles avec qui ils s'étaient acoquinés. Les ryô tachés du sang des travailleurs parfois réduit en esclavage achetait à grand frais des faveurs ou promesses de soutien (ou à défaut, de non-intervention).
Les Chinoike ne pouvaient laisser des inquisiteurs du Daimyo, potentiellement corrompus, ou des soldats de famille nobles envoyés en "renfort" débarquer ici.
Etsu confia donc la suite de la mission à Tsumi, Hitagi et Toshiro, pendant qu'elle s'en allait déployer des trésors de diplomatie pour contrer les appels à l'aide des Heizaimon...

Quand aux autres, ils devaient poursuivre le plan. Mais comment ?
Le calme avait commencé à revenir dans la cité, les soudards et la soldatesque corrompus n'ayant pas réussit à débusquer les ninjas... C'était peut-être l'occasion d'essayer de réveiller un peu les aspirations à une vie meilleure du peuple ? L'avantage aussi c'était que personne ne recherchait Toshiro...
Ou alors, les Chinoike pouvaient se concentrer sur les assassinats et les élèvements pour achever au plus vite leur mission, en espérant que leur action passent cette fois pour celles de sauveurs et non de nouveaux bourreaux...

De son coté, Tsumi n'avait pas attendu l'arrivée de sa cheffe. Il restait un shinobi aussi s'esquiver de la cité ne fut pas bien difficile, malgré les patrouilles de gardes et de "volontaires".
Seul, le sang et l'esprit bouillonnant de doute, il avait décider d'agir, emportant avec lui la tête du défunt.
Le Chinoike déchira ses vêtements et se souilla, pour se fabriquer un déguisement hâtif de mécréant du bas-peuple, sans doute soudoyer par les assassins pour porter leur message et leur macabre trophée.
Le chemin en solitaire vers le manoir des Heizaimon fut long et froid.

En arrivant en vue de la riche demeure, Tsumi ne put constater que son aspect martial particulièrement renforcé.
Cela grouillait d'hommes et femmes en armes, à la mine du dernier des patibulaires. Certain avaient l'air redoutablement compétent.
Des chiens de chasse rodaient dans les jardins, accompagnée de patrouilles d'au moins quatre personnes à chaque fois.
Les portes et même les fenêtres étaient barricadés, comme pour tenir un siège et l'accès tant à la demeure qu'aux terres alentours étaient gardés en permanence. Des esclaves sous le joug du fouet abattaient des arbres alentour, pour donner un meilleur champs de vision aux gardes du manoir ou empêcher à l'inverse l'espionnage.
Les Heizaimon avaient basculé dans la paranoïa la plus totale. Ils craignaient visiblement les Chinoike... Mais se préparaient aussi à la bataille. Le domaine abritait une véritable armée !
Quelqu'un avait chié dans leurs bottes et ils n'aimaient pas du tout ça.

"N'avancez plus !" beugla un lancier, pointant son impressionnant naginata en direction du soi-disant manant tremblotant. Son ton ne souffrait d'aucune discussion
"Mains en évidence, la fripouille !" tonna ordonna son compère, qui avait dégainé son katana dès qu'il avait vu Tsumi s'avançait.
Deux archers mirent en joue le Chinoike puant. D'un ton sec, le samouraï au katana ordonna à un jeune soldat d'aller examiner cet étranger messager et son présent. Un autre alla quérir à toute jambe un supérieur au manoir.

"Bon sang, qu'est-ce qu'il pue..." marmonna le jeune écuyer le nez plissé de dégout, armé d'un tantô. "Files ton truc, le bouseux !"
Il inspecta le sac et pâlit, faisant immédiatement un bond en arrière et manquant de s'étaler dans la boue.
"Putain ! C'est la tête du boss !"
Immédiatement, les arcs se tendirent, les mains se rafermirent sur les hampes de lances et sur les gardes de katana.
La voix impérieuse d'une femme empêcha le massacre.
"Attendez !"

Petite mais très sûre d'elle, la nouvelle venue avançait sans se presser. A coté d'elle, totalement essoufflé, le messager qu'on avait envoyé à la demeure. Il s'agissait sans doute d'une femme important dans la hiérarchie des Heizaimon.
Les cheveux d'un vert vénéneux, trop court vêtue pour la saison et l'endroit, elle se mouvait comme un félin en chasse, ses yeux couleurs améthystes se régalant d'un supplice à venir. Un masque noir lui faisait un sourire démoniaque.
Elle jaugea Tsumi d'un regard méprisant avant de donner ses ordres.
"Tranchez-lui les jambes mais essayez de le garder vivant. Il sait peut-être quelque-chose sur ceux qui nous font ce délicieux présent. Il faut le soumettre à la question. Il ne sait peut-être rien, mais au moins, ça nous distraira un peu..."
Souriant avec malveillance, l'homme au katana acquiesça du menton et fondit sur le Chinoike déguisé, bien décidé à exécuter les ordres de la demoiselle.
"Tsst, j'vais pas souiller ma lame avec du sang de mendiant... Issen !"

   
Récapitulatif combat:
         

   
Feat.
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Chinoike Hitagi
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Chinoike Hitagi
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La brûlure du chakra fut ce qui me ramena à la réalité, en même temps que je sentis mon cœur battre plus vite, plus fort avec plus d’assurance et qu’une vague de vitalité déborda de mon corps alors que j’hoquetais en me redressant d’un coup, ouvrant les yeux, haletante, encore à moitié endormis, tombant nez à nez avec Toshiro. Je fronçais les sourcils, depuis quand il était sur cette mission lui ? Mais cette question fut de courte durée car je sautais à moitié sur Etsu présente, comme une chienne ferait la fête à sa maîtresse après une longue absence. J’étais si heureuse de la revoir, pour sûr, si bien que je lâchais bien une petite larme ou deux. Mais le temps n’était pas trop à l’émotion, car l’absence de Tsumi m’apparus bientôt et je fis la moue, déçue qu’il ne soit pas resté à mon chevet, je gonflais les joues et grommela, tentant de rassembler mes pensées pour faire un topo sur ce qui s’était passé :

« J’sais pas ou est passé le borgne, j’ai été dans les vapes un moment… Il a été plus chanceux que moi dans les soins du doc, ses blessures se sont refermées plus vite et je crois qu’il était moins fatigué que moi. Tu peux bien essayer de t’occuper de ce qui m’as mis dans cet état là, mais faudrait vraiment que tu kiffe profaner les cadavres pour sûr, on a les as tous crevé avec l’autre. Au début j’ai attaqué le père, j’croyais l’buter en un coup, mais j’ai pas réussis à le crever rapidement, du coup ça sentait la merde à genre 1 contre 5, mais l’autre à débarqué de j’sais pas ou et m’as aidé, au final, on les a tous crevé, bien que ça ait été vachement chaud… Au moins on a tuer une de nos cibles, c’est ça de pris ! »

J’avais finis le topo et j’avais même finis de me rhabiller et retirer toutes les bandelettes ridicules qui me recouvrait et dont je n’avais plus besoin grâce aux talents en iroujutsu de Toshiro. Mais la situation nous apparus rapidement comme avoir passablement dégénéré pendant que j’étais dans les vapes. Un simple regard dehors me permis de comprendre que c’était la merde, j’apperçu même un avis de recherche avec ma trogne, mais j’avais juste l’air d’être un type, j’étais une jeune femme pure et innocente moi ! Bon, ok, je l’étais pas, mais j’étais pas un type moi, genre vraiment pas. On avait foutu la merde avec Tsumi et Etsu à peine arrivée dû repartir pour aller sauver la mission auprès du Daimyo, ne me laissant plus qu’avec Toshiro. On devait du coup gérer comment tuer le fils et prendre en otage sa fille… Ne soit pas vraiment une mince affaire, surtout qu’on ne savait pas où était passé Tsumi.

Je fis la grimace, ne sachant pas trop quoi faire, avant de me décider à quitter la maison du doc, non sans avoir refait une petite sieste et me refaire des réserves d’énergie. C’était mieux qu’on se casse avec Toshiro plutôt rapidement, l’histoire de ne pas les mettre plus en danger. Avant de sortir, je lançais un henge, prenant l’apparence d’une jeune femme, bien plus belle et petite que moi, l’histoire qu’on ne reconnaisse pas ma trogne et me mis à déambuler suivis de Toshiro dans le village, dans l’espoir providentiel de retrouver une Heizanémon, qui sait, peut-être la chance me souriait ces derniers temps. Qui sait, peut-être mon joli minois fera venir le type, j’en savais trop rien et j’attendais de voir si Toshiro qui avait bien plus de neurones que moi pourrait avoir une meilleure idée. Sinon, j’étais bonne pour aller dans la forêt, espérer que le fils aille y chasser, tomber sur lui et le crever, j’aimais bien cette idée, mais c’était peu probable, snif !

J’avais plus qu’à voir si une idée brillante me viendras en voyant la situation.


Récapitulatif combat:


kyro. ldd 017
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Chinoike Toshiro
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Chinoike Toshiro


Que je passais mes mains minutieusement sur ses blessures, Hitagi m’expliqua la situation.

Plus son récit avançait et plus, je tombais de haut. Que l’autre chauve déconne et manque de faire foirer une mission aussi importante, ce n'était pas très étonnant, mais qu’Hitagi attaque un des types sans réfléchir, c’était… Ok, je n'ai rien dit.

- Donc, pour résumer un peu la situation, le cyclope est parti, on ne sait où, et toi, tu te retrouves dans un sale état, tout ça… Je me retournai vers les habitants de la demeure pour m’excuser d’avance en secouant légèrement la tête. Chez des gens que vous ne connaissez pas et qui vous ont sauvés juste comme ça ? Excusez-moi ! C’est super sympa de votre part et on ne pourra jamais vous remercier assez.

Je me tournai vers Hita en me massant les tempes quelques secondes avant de reprendre mes soins.

-Mais bon sang, qu’est-ce qui vous a pris d’attaquer des gens dans tous les sens, d’abord le chauve et maintenant toi. Heureusement que maman et papa sont arrivés pour vous sauver les miches alors.

Je tiquais sur une blessure qui avait l’air de mal se refermer malgré les soins du médecin de cette maison.

-Ils ne t'ont pas ratés, mais bon, je n'imagine même pas dans quel état est leur cadavre. Dis-je n'essayant d’adoucir l’atmosphère.

Pourquoi la sermonner alors qu’elle venait de se prendre un uppercut trois quarts face dans la tronche par le karma.

Une fois les soins terminés, je me relevai et allai parler à Etsu qui était restée en retrait. Elle semblait préoccupée, sûrement par le sort du chauve à la cape.

-Hum ! J’ai un truc à te proposer. Je m’occupe des deux débiles et je te laisse aller voir ce qu’ils vont faire de l’autre trou du cul. Je me mis soudainement à sourire. Je ne dis pas ça très souvent, mais laisse-moi faire ! Je te promets de te ramener Hitagi en vie. L’autre, je m’en fous complétement, mais je ferais un effort. Promis !

Etsu acquiesça et partit voir le Damiyo. Pendant ce temps, je m’approchais du chef de famille et le remerciais lui et sa famille d’avoir caché les deux garnements et de les avoirs soignés. Je lui tendis une petite bourse de ryos que je gardais pour soudoyer des gens et me retourna vers Hitagi qui semblait un peu plus fraîche.

Le médecin que j’étais lui aurait préconisé du repos, mais on avait clairement ni le temps, ni l’effectif pour se la couler douce. De plus, rester sur place mettait encore plus en danger la famille qui les avait accueillis. Le visage d’Hitagi étant maintenant connu de tous, elle se transforma en une autre jeune femme tandis que je remis ma capuche. Ensemble, on avançait sans avoir de plan et sans trop savoir où aller.

-Un sur trois hein ?! Vu le bordel que vous avez foutu, ils doivent être retranchés chez eux, claquant des dents, on va aller voir du côté de leur baraque pour déterminer s’il y a du mouvement et s’il faut qu’on s’infiltre pour buter le troisième et amener la jeune femme avec nous.

Un plan simple, mais sans plus d’information sur la position de nos cibles, nous ne pouvions pas nous permettre d’avancer sans prendre quelques précautions.

Résumé:

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Chinoike Tsumi

Conquête
ft.Chinoike

« For the clan..»






Les menaces ne manquaient pas. Deux archers, un épéiste, un lancier et un jeune soldat faisaient face au Borgne déguisé en mendiant. La sombre histoire semblait se répéter alors qu'aucune possibilité d'avancer ne se manifestait. Mais était-ce vraiment le but ? Au fond de lui, le Chinoike savait que son plan n'avait rien de bon. Il avait agit à l'instinct, se saisissant de ce qui était pour lui une possible opportunité. Du moins, c'était ce qu'il croyait en cet instant. Et ce fût mue par cette croyance qu'il resta dans son personnage, levant les mains, jouant la peur et le désarroi face à la piètre menace du tantô qui s'agitait trop près de son visage. La main du jeune homme se posa sur le sac et l'arracha de ses mains, tandis que l'homme au katana avait donné des ordres. Dans ce genre de situation, il était bon d'observer ses possibles adversaires. Visiblement, le sabreur était plus haut dans la hiérarchie. Les deux archers, de part leurs nombres n'étaient que des soldats, tout comme le pauvre bleu qui peinait à rester proche du Loup Solitaire. Les menaces réels commençaient à se montraient, tandis que la peur se lit sur le visage de l'homme à la dague.

Avait-il seulement déjà vu une tête soustrait de son corps ? La question restait entière. Pour Tsumi, il était cruciale de rester dans son personnage quoi qu'il arrive. Aussi, il joua l'étonnement, comme s'il n'avait pas chercher à regarder dans le sac. Un mendiant trop naïf, motivé par l'appât du gain était le scénario le plus plausible. Le plus cliché également, certes, mais là résidait la force de ces tableaux que tous connaissaient que trop bien. À force de répétitions, ils devenaient d'avantage plausibles. Aussi, il lâcha le sac, laissant tomber le contenant qui se délesta de son contenu qui vint rouler dans la boue. Le visage faisait face au bleu qui avait manqué de s'étaler, affichant une grimace horrifié maintenu par la rigidité cadavérique de cet instant où Ginjiro avait vu son heure sonner. Le Borgne, lui, tomba en arrière et chercha à reculer de peur, montrant ses mains, les agitant  pour montrer sa panique. Ce fût alors qu'une voix féminine se fît entendre et changea la donne.

Les cheveux d'un vert improbable, les yeux d'une couleur améthyste des plus perturbants, elle s'avançait vers la scène, son corps bien trop découvert, laissant à l'oeil du Borgne la possibilité de constater que la vraie menace de ce groupe, c'était belle et bien elle. Sa voix trahissait un sadisme propre aux gens de son espèce. Le genre à avoir vécu le pire, mais qui ont gravi les échelons et qui peuvent maintenant faire bien pire aux plus faibles qu'eux. Comprendre son ennemi, un autre enseignement de son maître que le Chinoike aurait aimé avoir à ses côtés en cet instant. Mais non. Il avait choisi d'être seul et devait en subir les conséquences. Ces dernières vinrent de la petite femme qui ordonna qu'on tranchasse les jambes au faux mendiant. Bien conscient de la portée d'un tel acte, Tsumi resta cependant dans son personnage qui commença à gesticuler, demandant pitié en bégayant tout en cherchant à se relever. Un spectacle burlesque pour les esprits les plus viles de ce monde qui prenaient plaisir dans la souffrance des autres. Montrant une certaine pénibilité, il arriva cependant à se relever, faisant volte-face, cherchant à courir comme l'aurait fait une pauvre victime de la vie avec une jambe faible. Mais la voix de l'épéiste trancha l'air tout comme la lame de chakra qui vint faucher le shinobi.

Hurlant de douleur, il se laissa tomber sur le sol, face dans la boue. La douleur n'était pas feinte, mais bien réelle et ses suppositions exactes. Le bretteur connaissait les arcanes shinobi. Et bien que l'Issen ne soit pas une technique compliqué à apprendre, elle trahissait ses capacités. Une chance que la rivale du Borgne soit une amoureuse des lames... Les paumes contre le sol, le Loup Solitaire cherchait à se saisir des pavés qui constituaient le sol. Comme une pauvre proie qui cherche à s'enfuir alors que son destin était tout tracé. Le sang commençait à s'écouler de ses plaies, créant des traînés cramoisies qui se mélangeait à la crasse du sol. Un spectacle pitoyable, qui amuserai sans doute la chienlit qui gardait le passage jusqu'à la prochaine cible de Tsumi. Mais l'heure n'était pas à l'altercation. Pour le moment, il fallait laisser faire les choses, et surtout, laisser le loup se saisir de l'appât.

« P-p-p-p-pi-pi-p-pitié ! N-n-n-ne-ne me t-t-t-t-tuez p-p-p-p-pas!... »



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Grâce aux bons soin de Toshiro, Hitagi se remettait doucement de son brutal exploit, l'assassinat en pleine rue de Heizaimon Ginjirô.
La guerrière aurait bien aimé se reposer d'avantage mais comme lui fit remarquer son confrère, trainer au lit chez des gens assez généreux pour les avoir accueillit et pas dénoncer pourrait vite s'avérer dangereux.
Pour les Chinoike autant que pour leur allié de circonstance.
Plusieurs fois, des gens vinrent toquer à la porte de façon particulièrement inamicale et inquisitrice. Des gardes de la ville aux visages de soudard corrompus et des brutes qui ne s’embarrassaient même pas d'une quelconque justification.
Il fallut aux ninjas plusieurs fois se cacher dans des celliers ou placard pendant le "questionnement" qui devenait de plus en plus insistant et à la limite de la brutalité au fur et à mesure que les hommes des Heizaimon perdait patience en ne trouvant pas la trace des assassins.

Bien sûr, les Chinoike auraient pu défaire promptement ces mécréants imbus de leur autorité conféré par l'argent et la force. Cependant, cela aurait mit (fatalement) en danger leurs bienfaiteurs, aussi pour l'instant ils s'abstinrent d'une nouvelle bataille rangée.
Néanmoins il était clair que leur planque n'était plus sûre.
Après avoir raconté ses exploits à Toshiro, Hitagi quitta son lit de convalescente pour se déguiser en douce et belle jeune fille, en opposition à son avis de recherche assez peu flatteur pour une demoiselle, à moins d'aimer les culturistes.
Accompagnée de Toshiro,  elle fit un petit tour dans le village pour prendre la température et, qui sait, peut-être tomber sur une autre de leur cible.

L'ambiance de la cité était particulièrement morose et les Chinoike ne tardèrent pas à découvrir les exactions des troupes des Heizaimon enragés par l'assassinat du chef de la Libre Compagnie des Fourreurs et Tanneurs du Lac Gelée.
Il y avait plus de "volontaires" et "miliciens" à l'aspect brutaux dans les rues de garde de la ville, qui baissait le regard tout comme les rares habitants trainant dans les rues.
Ce n'était plus une oppression plus ou moins discrète ou une exploitation des plus faibles, mais une véritable prise de contrôle de la ville qu'avait ordonné Heizaimon Masaru.
Bien sûr quelques nobles bourgeois ou dirigeant de la pègre locale s'en était émue et avait menacé de porter l'affaire à la Cours du Daimyo.
Les premiers avaient reçu des "explications" les rassurant (ou pas) de l'aspect temporaire de cet "état d'urgence".
Les autres avaient soit reçu un message similaire plus ou moins polis, soit se balançait aux arbres devant les portes de la cité, le cou brisé.

En déambulant dans les rues, Hitagi fut abordée plusieurs fois, autant pour la draguer que pour la questionner sur les assassins.
Ainsi, les Chinoike purent distinguer (outre les malheureux habitants terrorisés) trois groupes d'inquisiteurs patrouillant dans les rues désertés.
Les premiers était les rares gardes de la cité. Moins nombreux, un rien dépassés, peu fiers ou au contraire bombant le torse et beuglant pour faire respecter "l'ordre public". Leur zèle à chercher les ninja étaient.... discutable. Il se pliait de plus ou moins bon gré aux désirs et à l'argent des Heizaimon mais tenté aussi (assez vainement) de protéger la population et de limiter les exécution sommaire ou les "interrogatoires" trop musclés.
Pris entre le marteau et l'enclume, on sentait quand même poindre un certain agacement envers les "libertés" prise par les troupes des Heizaimon... Mais pour l'instant, ils coopéraient bon gré, mal gré, n'osant se dresser contre la tyrannie. Et bien sûr, ils haïssaient les ninjas, autant par crainte ou superstition que pour leur meurtre sanglant qui avaient précipité la ville dans le chaos.

Venait ensuite les "volontaires". Une sorte de milice composée d'employés les plus rustres et les plus fidèles aux Heizaimon de la Libre Compagnie des Fourreurs et Tanneurs du Lac Gelée.
Nul doute que certain n'étaient là que pour se faire bien voir du nouveau patron ou s'assurer qu'on ne s'en prendrait pas à leur famille. D'autres s'avéraient déjà grisés par leur nouveau pouvoir de terreur.
Nombreux, ils étaient mal équipés mais ils étaient fort craint de la populace. De plus, c'est eux qui connaissait le mieux les gens et le terrain. Nul doute qu'avant la fin de la journée, on réglerait dans une ruelle de vieux compte, voire que des "coupables" ou des "complices" seraient découverts et jeter en pâture à la colère de Heizaimon Masaru.
Ils se déplaçaient en terrain conquis, invectivant les gens et même les gardes, certain que leur patron et son or couvrirait le moindre débordement. Tant qu'il ramenait des résultats, quitte à en inventer. C'est à eux que l'on devait la mise à sac et l'exécution du boucher et du boulanger qui avaient eux le malheurs de croiser Hitagi.

Enfin les ninja remarquèrent un autre groupe, plus discret et le moins nombreux.
Il se composait à part égale d'homme à l'apparence presque soignée ou à l'inverse de solides gaillards burinés et couvert de cicatrice témoignant un amour de la vie au grand air ou de la guerre.
Quelques questions anodines informèrent les Chinoike qu'il s'agissait d'amis (ou parasites) bourgeois ou nobles de bas rang de Heizaimon Masaru et de leur escorte ou de chasseurs expérimenté.
Masaru semblait apparemment un grand amateur de chasse et il n'était pas rare qu'il y convie des connaissances, le tout encadré par de véritable professionnel et des gardes.
Hélas, l'assassinat brutal de son père avait un peu bouleversé les plans du nouveau chef des Heizaimon. Il avait donc recruté ses amis et leur escorte pour l'aider à traquer les meurtriers.
Ces derniers n'étaient guère zélés : ce n'était après tout pas vraiment leur problème, même si certains étaient excités par la chasse à l'homme ou n'auraient rien contre l'argent sale des Heizaimon.
Si les nobles ne semblaient guère dangereux ou particulièrement compétent (même s'il fallait se méfier, certains étaient issus de famille samouraï), c'était une autre histoire pour les pisteurs aguerris qui les accompagner. Il n'était pas à exclure que certain maîtrise le ninjutsu ou dispose de talents inhabituels...

Les Chinoike remarquèrent aussi un absence dans les ruelles sombres de la ville : la pègre faisait profil bas.
Si feu Ginjirô y avait ses contacts et travaillait sans scrupules avec eux, Masaru était beaucoup plus tiède et méfiant. En effet, la pègre s'avérait un peu trop proche du monde de l'ombre et des shinobi à son goût... Et craignant son ire, la mafia locale faisait profil bas.
Si le père était cruel, vicieux et sans scrupule, le fils était plus sanguin et brutal. Plus arrogant aussi : Ginjirô savait négocier, Masaru se plaisait à ordonner, à briser.
Néanmoins, en laissant traîner un peu leurs oreilles, les Chinoike apprirent qu'un pont d'or avait (supposément) était versé à un malfrat  de la région que l'on surnommait le Chasseur de Sorcière. Sa mission, évidemment : débusquer les assassins shinobi. Il serait déjà en ville, bien que peu actif et aurait embrigadé quelques-uns des "volontaires" de la Libre Compagnie des Fourreurs et Tanneurs du Lac Gelée pour lui servir d'escorte et de guide.

Une fois leur tour de la ville effectué, Toshiro suggéra d'aller voir du coté du manoir des Heizaimon.
Pour la suite de leur mission, il leur fallait localiser leurs cibles. Nul doute pour l'instant que Masaru se trouverait au fief de la famille, trônant comme un nouvel empereur et avide de vengeance.
Mais les ninjas n'avaient aucune information sur Heizaimon Kagamiko, la fille qu'ils devaient enlever. Ni d'ailleurs sur Heizaimon Yasuo, le second fils qu'ils devaient propulser à la tête de cette famille décadente...


De son coté, Tsumi poursuivait son plan. Jouant le rôle d'un mendiant crotté, il avait apporté la tête du défunt Heizaimon Ginjirô au porte de son manoir.
Il constata rapidement que la place était devenue une véritable forteresse gardée par une armée privée, assez disparate mais nombreuse et visiblement compétente. La paranoïa suintait du castel et il était évident qu'ayant douloureusement appris l'existence d'une menace shinobi, les possibilités d'infiltration étaient prise très au sérieux.
De plus, Tsumi découvrit l'existence d'une demoiselle venimeuse qui puait la kunoichi vicieuse...
Sans coup férir ni la moindre pitié envers le pauvre hère qu'il était sensé incarner, elle ordonna à ses sbires de trancher les jambes du mendiant porteur de son sinistre présent.

L'onde de chakra fondit sur le Chinoike déguisé, mordant cruellement ses chairs et rependant son sang sur le sol.
Le shinobi aurait probablement pu esquiver d'une manière ou d'une autre l'assaut, plutôt banal pour un ninja de sa trempe, mais il espérait ainsi conserver sa couverture de gueux. Une agilité surhumaine ou des techniques d'esquives auraient sans nul doute alerter la kunoichi stipendié des Heizaimon.
De même, le Chinoike avait été malin d'user de déguisement classique, à base de crasse, de bouse et de vêtements du cru transformé en haillons crasseux par des méthodes tout à fait "naturelle".
Eut-il utilisé un henge qu'il aurait probablement signer son arrêt de mort, le choc et la douleur dissipant ce genre d'entourloupe. De plus, certains ninja particulièrement doué ou méfiant pouvait voir au travers et pour l'instant il n'avait pu jaugé la force de ses ennemis.

Enfin si, globalement : le gamin au tantô était visiblement un bleu, enfin plutôt plus un verdâtre vu sa figure après avoir découvert la tête tranché de son ex-patron.
Les archers semblaient tout à fait banals, ne dégageant pas l'aura inquiétante de tireur d'élite ou de Gurain. Le lancier semblait plutôt musclé et brandissait une arme lourde avec aisance, mais sans non plus la fluidité ou la nonchalance d'un expert : il semblait se reposer essentiellement sur la portée et la puissance de son arme plus que sur ses talents martiaux.
Le gars au katana qui lui avait abîmé les jambes était d'un autre calibre, bien que comparer à Hitagi, sa technique avait eut l'air bien mollassonne. Il était néanmoins un bon sabreur et entraîné à manier le chakra.
La sans doute kunoichi aux durs yeux violets restaient un mystère, mais il était visible qu'elle donnait les ordres et étaient haut placé chez les Hiezaimon.

L'attitude de Tsumi ne lui apporta qu'un reniflement de mépris de cette dernière, qui s'empara nonchalamment de la tête tranchée.
"Oh, mais nous n'allons pas te tuer. Pas tout de suite du moins..." lança-t-elle d'une voix ronronnante sans même le regarder, se préparant à rentrer au manoir et à informer son maître de l'odieux présent amené par le mendiant.
"Eh, cette vieille carne puante est plus solide qu'il n'y parait... Putain de cancrelat, à grouiller au sol. La plèbe, ça me débecte..." grogna le sabreur, visiblement peu satisfait de son assaut. Il avait espérer faire voler en arc carmin les jambes du loqueteux. Aurait-il manqué son coup ? Ou n'avait-il pas assez appuyé sa technique... C'était mauvais, face aux yeux améthystes inquisiteur de sa supérieure...

Heureusement pour lui, elle ne sembla pas prendre ombrage de son "échec". Aussi, il fit se que faisait tout les petits chefs : s'en prendre à plus bas dans la hiérarchie.
"Atsuô, ramasse cette loque, qu'on l'engeôle !" ordonna-t-il séchement au porteur de tantô qui s'avança rapidement vers Tsumi. Il se tourna vers la probablement kunoichi, cette fois tout servile et doucereux.
"Mademoiselle Riko, je vais faire prévenir le bourreau... Souhaitez-vous assister vous-même à la séance ?"
"Plus tard peut-être, lieutenant Noritomo. Cela pourrait être... distrayant. Commencez par le basique sans moi, je dois informer maître Masaru de... l'état de son père. Peut-être qu'il décidera de laisser la vie sauve au messager qui permet d'enterrer dignement son paternel, alors ne l’abîmez pas plus que de raison. D'un autre coté, il voudra peut-être le voir brûler pour avoir souiller de sa présence les restes de son père..."

Elle fit volte-face pour se diriger vers le manoir, abandonnant le futur captif à ses hommes. Atsuô, le gamin au tantô s'approcha pour le traîner de force. Bien sûr, physiquement le ninja était plus puissant que lui et n'aurait aucun mal à se défaire de la prise.
Les deux archers commençaient à se détendre, alors que le lancier reprenait sa garde fixe devant la porte. Noritomo, le sabreur, hésitait entre aller aider le jeunot à trimballer le mendiant blessé ou juste le houspiller pour qu'il s'active.
Tsumi se retrouvait face à un choix : devait-il se laisser embastiller ? D'un coté, il pénétrerait le manoir. De l'autre, il serait sans doute longuement torturé (et peut-être même exécuté) et il devrait trouver un moyen de s'échapper des geôles, le tout sans donner l'alerte.
De l'autre, l'ambiance s'étant un poil détendu et la kunoichi aux cheveux verts s'éloignant, il pourrait tenter de fausser compagnie aux gardes. Bon, par contre pas dit que ça soit crédible avec sa condition de manant gémissant et blessé... Mais au moins, il aurait la vie sauve et éviterait de se frotter aux forces des Heizaimon...

Pendant qu'il réfléchissait, Hitagi et Toshiro finissait leur balade en s'approchant le plus innocemment et discrètement possible du manoir.
Eux aussi purent admirer les chiens de garde et l'armée privée qui gardait ce palais bourgeois transformé en blockaus.
Leurs yeux aguerris de shinobi ne tardèrent pas à remarquer l'esclandre aux portes de la propriété. Leur vision experte ne fut pas trompé par le déguisement loqueteux de leur collègue : ils reconnurent Tsumi, visiblement grimé en nécessiteux puant, légèrement blessé et entouré d'hommes à l'allure peu sympathique qui ne lui voulait pas que du bien.
Devaient-ils intervenir d'une manière ou d'une autre ? Il risquait cependant de compromettre quelque plan subtil de leur coéquipier en agissant de manière imprévisible.
De plus, s'ils engageaient le combat sous les murs du fief des Heizaimon, l'alarme serait sans doute rapidement déclenché et le nid de frelon alerté. Il risquait alors de faire face à une véritable armée d'enragés ravis de venger leur sinistre maître (il était même probable qu'il y ai une prime pour ça)...



   
Récapitulatif combat:
         

   
Feat.
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Chinoike Tsumi
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Conquête
ft.Chinoike

« For the clan..»






Et ce fût une réussite. Pas de celles que l'on espérait venant de puissant shinobi capable de manier les éclairs et le sang, mais une belle victoire pour le Borgne qui, comme l'aurait dit son maître, a encore réussi à atteindre son objectif à sa manière. Certes, elle était douloureuse, mais la pauvre technique du sabreur n'avait pas réussi à égaler le quart de la puissance de sa rivale. Une aubaine que les deux se soient si souvent affrontés. Un léger rictus trahit le visage du Borgne qui était encore dans la boue recouvert par sa chevelure grisâtre. Il écoutait, patiemment, l'ego et la fierté de ces gens dicter la suite de leur destin. En terme de hiérarchie, les échanges qu'ils eurent démontrait une fois de plus que la personne dont il fallait se méfier n'était autre que la fille aux cheveux verts. Elle avait la possibilité d'obtenir un entretien avec le premier fils Heizamon sans trop de problème. Pour Tsumi, elle serait sans doute un problème pour atteindre sa cible, mais pour l'heure, elle était la clé qui lui ouvrait les portes de la forteresse.

Celui qui se faisait appeler Atsuô se vît ordonner de récupérer le pauvre manant pour le tirer vers les geôle. Même sans voir sur qui l’épéiste et apparemment Lieutenant déversait sa colère, le Chinoike devina assez aisément qu'il devait s'agir du pauvre garçon qui avait failli tourner de l'oeil un peu plus tôt. Au bout d'un instant, il sentit ses mains se poser sur lui et le tirer vers le haut. Il était amusant de constater le manque de force du gamin que le Borgne eût dû aider pour qu'il ne se ridiculisa pas. Se laissant faire, il fût relever, et profita de l'instant pour défaire ce qu'il avait commencé à mettre en place. Loin d'être totalement bête, il avait laissé son Dojutsu colorer ses pupilles d'un rouge écarlate alors qu'il gisait dans la boue. Juste au cas où, quelqu'un ou quelque chose aurait fait tourner les choses de manière non désirée. Une prudence qu'il cessa alors, préférant jouer la souffrance et les larmes, essayant de se débattre mollement sans chercher à vraiment opposer une réelle résistance.

Ce fût ainsi qu'il les vit, dans une dernière fausse tentative de fuites. Deux ombres au loin qui regardait la scène. Pendant ce laps de temps qui ne dura qu'une micro seconde, Tsumi eût un pincement au cœur. Il savait au fond de lui, que rien ne lui assurait qu'il ressortirait vivant de cette bâtisse. Pour sûr, rien ne l'attendait d'autres qu'énormément de souffrance. Pour autant, c'était le choix qu'il avait fait, non pas par soucis de masochisme, mais bien parce qu'il savait qu'au fond de lui, il était le seul à être capable de pouvoir faire ça et de s'en sortir. Il avait subit le pire et saurait aujourd'hui le gérer. Du moins, c'était ce qu'il s'était dit, mais alors que l'ombre d'Hitagi et de Toshiro disparaissaient derrière une mèche de cheveux, une véritable larme s'échoua sur le sol, laissant dans l'écho de son éclat résonner les dernières pensées du Chinoike.

« Pardonnez-moi... »


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Chinoike Hitagi
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Chinoike Hitagi
La rançon sanglante


La situation était de pire en pire, ça nous traquait, Tsumi avait été emporté quasiment devant nos yeux et je crois bien qu’il me fallut toute ma volonté, toute mon intelligence et un coup de taloche de Toshishi pour que je ne me jette pas dans une nouvelle mêlée, prête à tout pour aller sauver le borgne. Voyant les portes se fermer, impuissante, je serrais les dents, les faisant grincer jusqu’à l’extrême, contractant ma mâchoire comme une putain de dingue ! Puis, passé le gouffre de solitude et de terreur que de voir pourtant un être que j’exécrais autant que j’aimais disparaître, je fis demi-tour, l’air déterminée, enfin, c’était ce que je voulais être, déterminée !

Avec les ragots à droite à gauche, il devait bien y avoir un moyen de faire avancer le schmilblick, non ? Moi j’en étais persuadée, ça valait ce que ça valait ! Mais vu que la situation dégénérait un peu partout et que le climat était à la délation, à la guerre civile et à l’anomie, fallait que je bouge mon cul ! Et la seule chose que ça m’évoquait, c’était que je devais reprendre le contrôle de tout ça, qu’on devait avec le toubib reprendre le contrôle avant que tout ne parte à veau l’eau ! Et pour cela, la seule idée qui me traversait la caboche, c’était d’aller voir les forces de l’ombre, l’état profond de la région et de leurs faire adhérer au projet d’Etsu ! Fallait leurs filer du miel à gober pour qu’ils nous suivent pendant que nous on fait nos trucs ! C’était ceux les plus à même de nous aider, pas de loyauté personnelle, que du profit, c’était des mercenaires payés au plus offrant et en tant que mercenaire, c’étaient les seuls que je pouvais comprendre, ma seule option, aussi délirante et ridicule que ça paraissait être ! C’était même là un caprice de ma part que de me lancer à la recherche de la pègre pour les appâté !

Faute de mieux, j’allais le faire, je pouvais pas me tourner les pouces à attendre que Tsumi crève dans son coin, il m’avait sauver la vie, j’allais sauver la sienne, j’allais retrouver son œil troué et sa putain de carcasse et je la ramèneras en vie à Etsu et en un seul morceau ! En désespoir de cause, je pouvais faire quoi ? Rien, j’étais impuissante et cela me rendait malade ! Comment ça j’étais impuissante ? Cela me déplaisait affreusement ! J’allais régler ça, même si je devais en canner !

« Bon Toshishi, on est pas plus avancé avec l’aut’ con d’capturé… On va voir la mafia qui a tout à perdre dans ce climat de peur et on leurs faits les yeux doux ? »


S’il avait mieux, qu’il propose, mais vu comment c’était partis, c’était moi qui menais les rennes et putain, ce que ça pouvait nous mener au désastre, mais sur un miracle, ça pouvait marcher !

Nous voilà donc lancer à la recherche de la mafia, alliée du père, celle qui se faisait un peu discrète, c’était à eux que je voulais demander une alliance ! Ca pouvait marcher comme échouer, mais la vie de mon ami était en jeu et je n’avais plus le temps de perdre ! Il me fallait avancer !



Récapitulatif combat:


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Chinoike Etsu
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Chinoike Etsu
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 Nous nous étions lancés dans une mission difficile, peut-être trop ambitieuse pour nous, mais je n'imaginais pas que cela serait à ce point. Non seulement, notre équipe s'était disloquée au fur et à mesure, à cause d'erreurs stupides dont je me sentais responsable puisque je les dirigeais, et voilà que nous étions presque compromis. Lorsque Toshiro et moi étions parvenus à retrouver Hitagi et qu'elle nous avait par de la situation, il me fallut tous les efforts du monde pour contenir ma colère. Tout allait de travers et il me fallait essayer de rattraper ce qui me parût quasiment... irrattrapable. Un véritable fiasco.

Seulement, tout ce que nous faisions là était important. La population pâtissait du fléau que représenter la famille Heizaimon, et l'avenir allait me donner raison. Peu de temps après le combat de ma jeune camarade et de Tsumi, peu de temps après avoir tout de même défait le patriarche, la fureur du fils aîné s'était déchaîné sur des innocents. Ce qui me mit le plus en colère ? C'était que je ne pouvais rien. Rien faire, car notre mission se devait d'être exécutée dans l'ombre et nous lancer à visage découvert mettrait tout notre clan en danger. Nous étions déjà craints par nos techniques, et il n'était pas de mon devoir de faire des Chinoike des monstres qu'ils n'étaient pas. Face à ce constat, je savais que je n'avais nul autre choix que tenter d'être plus rapide que les rumeurs, plus rapides que les colporteurs. Il me fallait noyer les murmures, déformer la réalité pour que l'on n'imaginât pas les Chinoike responsables de l'horreur perpétrée par le démon qui vivait dans son manoir fortifié.

J'avais dû abandonner Hitagi et Toshiro pour leur laisser la main sur la suite des évènements, car de mon côté, il me fallait à tout prix essayer d'arrêter l'hémorragie de notre disgrâce aux yeux du peuple et pour cela, je devais me rendre moi-même auprès du daimyo. Il me fallait plaider ma cause, notre cause, mais aussi être le témoin qui pourrait lui rapporter toutes les exactions qui avaient lieu en ce moment-même dans ces coins reculés de notre région.

J'étais donc partie, en toute hâte, auprès des nôtres. J'avais dû expliquer la situation auprès de notre conseil et des anciens. J'avais également tenté de faire appels à plusieurs hommes et femmes de notre clan pour les envoyer aux quatre coins de notre territoire pour essayer de débusquer les hommes de Heizaimon et mettre un terme à leur tentative de corruption. À défaut, il ne me fallait que gagner un peu de temps, assez pour que je pusse moi-même me rendre auprès du daimyo. Est-ce que mes mots pourraient compter ? Il me fallut dans tous les cas jouer de tous mes mots, de toute ma persuasion pour convaincre. Il ne s'agissait pas là que la vie de mon clan, mais de toute la population du Lac gelé. Il me fallait lui montrer que la corruption des Heizaimon entachait sa réputation, que nous étions prêts à le débarrasser de la source de son problème et que je rassemblais les preuves de leurs méfaits. Si nous échouions, nous mourrions sans doute de leur main et nous ne serions affiliés en rien à son autorité. Bref. Il me fallait le convaincre que quelque fut le résultat, il n'en sortirait pas affaibli, mais que nous ne désirions qu'une chance de rendre de la grâce à ce pays gelé.

Aussitôt mon entretien avec les hautes autorités fini, il était hors de question pour moi de demeurer chez nous. Comment m'aurait-il été possible de me regarder en face alors que je les savais potentiellement en danger ? Ma chance était de ne pas avoir été vu au village comme associée à Hitagi et Tsumi. Ma furtivité m'avait permis de dissimuler mon chakra et de passer pour une simple femme mariée au bras de Toshiro. Le temps ayant un peu tassé les choses, je pouvais prétendre revenir, plus humble que la première fois, mais avec l'idée en tête de retrouver mes camarades. Ma seule angoisse était qu'ils furent attrapés... si seulement je savais...

Lorsque je revins, l'atmosphère du village avait totalement changé. Pour une raison obscure, plusieurs groupuscules s'étaient formés, et le peu que je compris était que certains étaient des opportunistes qui n'attendaient que leur paie, d'autres, par contre, semblaient un peu plus intéressés par le sang comme le maître à qui ils obéissaient : Masaru. Que l'on eut semé le chaos par notre présence, je le comprenais, mais quand j'appris toute l'horreur de la vengeance de Masaru, je n'étais que plus convaincue qu'il fallait se débarrasser de lui. Mais, quid de son frère et de sa cadette. Heizaimon Kagamiko et Heizaimon Yasuo. Je m'étais étonnée que personne ne les mentionna.

Je mettais rendus dans une auberge différente de la première où je m'étais rendue, prenant soin de modifier mon apparence pour avoir l'air plus "normale", une allure d'une femme tout à fait ordinaire, une voyageuse itinérante aux traits fatigués, les cheveux coiffés un peu n'importe comment et des habits plus abimés. Si l'on me reconnaissait, je pourrais toujours faire mine que je m'étais disputée avec mon mari et que j'étais partie imprudemment sur un coup de tête. J'avais tenté de faire la conversation avec les locaux. Bien modestement toutefois.

" Le village me semble bien triste... Le seigneur Masaru doit avoir bien affaire avec tout ce qu'il se passe. Je le suppose bien épauler par son jeune frère et sa cadette. La perte de leur père a dû être un choc pour leur famille. "

Une apparente pitié pour la situation, mais je devais avouer qu'il me fallait aussi en savoir un peu plus sur eux. Puisque j'avais ouï-dire que Masaru se terrait pour le moment, il nous fallait essayer un autre cheval de bataille, au moins le temps que je retrouvasse Hitagi et Toshiro.

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La rançon sanglante

Sans ménagement mais aussi sans prudence, le jeune Atsuô traîna un Tsumi blessé par delà les murs de la propriété fortifiée des Heizaimon.
Le gamin peinait, soufflant et grommelant pour se plaindre de la puanteur du mendiant ensanglanté. Tout à sa corvée, il ne remarqua pas le regard  virant au carmin du Chinoike, pas plus que le "pauvre hère" l'aidait en fait à avancer.
Pour sa peine et ses protestations simulée, Tsumi reçu un coup brutal de la garde du tantô du garde dans les dents.

"Bouges toi, gamin !" houspilla le lieutenant Noritomo, fermant la marche mais sans faire le moindre geste pour aider son sbire. "On a pas la journée et on est de garde. Tu auras p't'être la chance de seconder le bourreau bien au chaud mais moi je dois retourner vite à mon poste. Tu sais comment Masaru-sama est à cran et je veux pas que Mademoiselle Riko lui rapporte qu'on tire au flanc..."
Ils amenèrent donc promptement et sans ménagement Tsumi vers une cave du manoir. Pas d'entrée par la grande porte pour le Chinoike.
Le ninja aux yeux pourpre eut la surprise de se retrouver devant un donjon fort bien équipé en cellule aux murs épais et aux barreaux de fer bien épais. Pas de literie ou même de quoi s'asseoir : juste un tas de paille moisie et puante.

L'endroit sentait le fauve, la décomposition, le sang et le renfermé.
Il ne servait visiblement pas très souvent mais des animaux avaient été enfermé là avant lui. C'était assez logique : les Heizaimon était les maîtres de Libre Compagnie des Fourreurs et Tanneurs et ils aimaient sans doute la chasse la plus cruelle.
Vu les rumeurs sur leurs dépravations, nul doute qu'ils devaient s'amuser à faire des combats d'animaux ou de fausses parties de chasses avec quelques nobles débauchés, lâchant de malheureux animaux jusqu'à alors captifs.
Et vu les anneaux et chaînes aux murs, les prisonniers de ces sombres cachots devaient parfois avoir été humaine.
Tsumi savait que cette sinistre famille trempait aussi dans le trafic d'esclaves.

D'une rude bourrade, on le jeta contre le mur moisie d'une cellule.
"Attaches-le, on sait jamais." ordonna sèchement Noritomo, le nez pincé devant l'odeur de la geôle.
"C'est vraiment nécessaire ? J'suis sûr qu'il grouille de poux et avec ses jambes en charpies, il irait pas bien loin et se ferait bouffer par les chiens même s'il arrivait à sortir de la cellule..."
"T'as entendu les ordres de Mademoiselle Riko : on prend aucun risque et on suit les procédures à la lettre."
Soupirant, le jeune garde tordit les bras du Chinoike pour les forcer à passer dans des bracelets de fer fixés au mur, écartelant presque le shinobi.

Comme Atsuô n'était pas spécialement attentif ou méfiant, le Chinoike pu discrètement tester les fers en faisant semblant de se débattre, apeurée.
Malgré sa force issus d'un entraînement inhumain, le genin aux yeux pourpres constata qu'il ne pourra pas s'en défaire seul une fois les bracelets refermés et verrouillé. Pas plus qu'il ne pourrait les arracher des murs.
De plus, dans sa position, les bras et mains bien séparés et collés au mur, il lui serait extrêmement difficile, voire impossible de composer des mudra...
Si Tsumi se laissait faire, il serait bel et bien cloué au mur, à la merci de ses bourreaux.

"Dis-moi, Atsuô, t'aime la viande grillé ?" laissa tombé le lieutenant Noritomo. Il venait d'allumer un petit brasero de sinistre augure et d'y plonger deux lames plus que vulgaires. Plus des morceaux d'acier vaguement tranchant qu'autre chose.
"Comme tout le monde, pourquoi ?" répondit le jeune garde au tantô, masquant difficilement une pointe d'agaçant alors qu'il attachait Tsumi.
"Bien ! J'vais aller prévenir le bourreau, mais faut pas que notre invité se vide de son sang. Quand tu l'auras bien menotté, cautérise ses blessures avec ça. Mais joues pas trop avec, faut en laisser pour les autres !"
Et ils partirent d'un bon gros rire bien gras, ne considérant déjà plus le mendiant comme un être humain...


*******


De leur coté, soigneusement en retrait pour ne pas éveiller d'avantages les soupçons des gardes du manoir des Heizaimon. Hitagi et Toshiro avaient regardé sans bouger leur camarade se faire embastiller.
Peut-être s'agissait-il d'un plan du genin ?
En tout cas, vu comme la propriété avait été fortifié, avec son armées de brutes et des chiens de garde, un assaut brutal et direct serait... délicat.
En plus, une esclandre pourrait coûter la vie à Tsumi. Ils décidèrent donc de s'abstenir et d'aviser plus tard.
Le genin restait un shinobi, capable d'endurer pour un temps un peu de prison et de torture... Tant que cela ne durait pas.
Non pas que Tsumi risquait de se mettre à table, un ninja ne le faisait quasiment jamais, mais ses bourreaux risquaient de perdre tout simplement patience.

Il leur fallait donc de l'aide et Hitagi voulu s'intéresser à la pègre locale. Dépravé et sans aucun scrupule, Heizaimon Ginjirô y avait certaine des contacts et partenaires commerciaux.
Mais le brutal assassinat en pleine rue du riche bourgeois changeait complètement la donne. Opportunité ou danger ? Pour l'instant, la mafia du cru faisait plutôt profil bas, de crainte d'être associé à l'attentat.
Masaru était un chasseur et un paranoïaque : sa brutalité et ses soupçons risquait de lui coûter des partenaires... Une situation que les Chinoike pourraient peut-être exploiter.

Hitagi n'était pas la plus séduisante des kunoichi, avec sa taille impressionnante et sa gouaille vulgaire digne d'un soudard, mais elle restait une demoiselle.
Ainsi elle n'eut guère de mal à se faire draguer par Keito, un jeune tire-laine un peu aviné dans une taverne où il officiait en grappillant quelques bourses de marchands de passage ou en les arnaquant aux dès pipés. Pour rouler des mécaniques devant l'étrangère, laissa tomber quelques bon ragots et se vanta de "connaître des gens".
De fils en aiguilles et de bières en sake, la Chinoike obtint deux noms.

D'abord, le plus dangereux pour les Chinoike : le Chasseur de Sorcière. Bien que n'étant pas un local, il s'agissait apparemment d'un brigand ou mercenaire de renom de la région. On murmurait son nom à voix basse, on parlait de mauvais oeil.
C'était lui qu'on envoyait pour punir, pour traquer les traîtres à la pègre. Un tueur et un traqueur silencieux et mortel, efficace et coûteux et doté d'une chance insolente ou d'un étrange sixième sens.
Les mots "ninja" ou "shinobi" ne furent pas prononcé, mais largement sous-entendu.
D'après la gamin qui se vantait en louchant sur les formes d'Hitagi, il serait arrivé cette nuit et se reposerait pour l'instant dans les bureaux de la Libre Compagnie des Fourreurs et Tanneurs du Lac Gelée non loin des lieux du meurtres, où il terrorisait déjà les employés. Il n'allait sans doute pas tarder à se mettre en chasse.
On racontait que Masaru lui avait offert un pont d'or pour retrouver les coupables, passant par dessus les chefs de bandes locales...

Chose qui avait apparemment déplut à Ikura, l'homme qui se considérait comme le maître des bas-fond de la ville.
Il avait jusqu'à présent maintenue une entente cordiale avec le riche et puissant Heizaimon Ginjirô. Pourquoi en effet s'aliéner un client et celui qui semblait devoir devenir le seigneur de ces terres ?
Son assassinat et l'arrivée brutale au pouvoir d'un Masaru haineux et paranoïaque avait boulversé les relations entre la pègre et la Libre Compagnie des Fourreurs et Tanneurs du Lac Gelée.
Bien qu'ayant protesté de leur innocence, la mafia du cru n'avait pas plus été capable de retrouver rapidement les coupables que la milice corrompue de la ville... Masaru les avait donc jugé inutile, voire suspect et avait mandé son propre expert. Nul doute qu'Ikura sentait son poste menacé...

Pour lui et l'instant ses hommes faisaient profil bas, pour ne pas s'aliéner le Chasseur de Sorcière et le fils de leur riche partenaire d'autrefois. Il espérait vraisemblablement que les choses se tassent, que Masaru se calme et que soit ses hommes, soit ce maudit Chasseur de Sorcière dénichent les coupables de l'assaut. De préférence ses hommes, plutôt qu'un étranger à la ville. Cela lui permettrait de retrouver les bonnes grâce des Heizaimon et éviterait que quelqu'un propose son poste à un autre...
Hitagi apprit qu'il était possible de rencontrer Ikura au Lys Vernis, une soit-disant boutique d'apothicaire discrète en périphérie de la ville... Mais on y trouvait plus de quoi s'évader d'une existence usante sous le joug des tyranniques Heizaimon que de véritables médicaments.


Ayant prévenu son clan de manœuvrer pour empêcher les rumeurs de se propager et bloquer les recours au Daimyo des Heizaimon, Etsu était revenu en toute hâte en ville.
La cité se remettait fort doucement de ses tourments : la soif de sang vengeresse de Masaru avait laissé des traces, des corps et esprits brisés par la violence. Des accusations en l'air avait condamné des gens à la rossée, la torture ou pire encore.
La ville était encore en état de choc, aussi on ne remarqua pas spécialement la kunoichi.
La Chinoike s'était posée au Pas du Cavalier, une auberge modeste, près des portes de la ville et essentiellement fréquenté par des marchands de passage et des courriers.

L'aubergiste fatigué eut du mal à masquer un reniflement de mépris quand Etsu parla du jeune frère et de la cadette des Heizaimon, mais il n'osa rien dire à leur sujet.
"A votre place, je parlerai pas trop du seigneur Masaru et de sa peine." conseilla le tenancier en baissant la voix par reflexe. On lisait la peur dans ses yeux. "Moins on en parle..."
Il ne fini par sa phrase mais le message était clair : il ne dirait rien sur les Heizaimon, de peur d'Etsu soit une sicaire venue enquêter sur l'attentat. Ou trouver un coupable à tout prix.

C'est alors qu'un éclat de rire gras et aviné attira l'attention d'Etsu, ainsi que la présence d'une grande silhouette féminine à l'air un peu trop martiale.
Dans un coin isolé de la grande (et unique) salle de l'auberge, Hitagi servait et resservait un adolescent attardé aux longs doigts d'étrangleur ou plus vraisemblablement de pickpocket.
Les deux Chinoike échangèrent un regard et en s'installant non-loin, Etsu pu suivre discrètement l'interrogatoire du jeune Keito.

Profitant d'un moment où le gamin de la pègre s'absenta pour satisfaire un besoin naturel (et vomir), Etsu pu discuter un instant avec sa coéquipière et lui glisser deux-trois questions à transmettre au freluquet, notamment à propos des autres membres de la famille Heizaimon.
Un peu de sake plus tard, Keito ne se fit pas prier pour répondre à Hitagi, tout en lançant hélas un peu trop d'allusions pas subtiles du tout au fait de "devoir prendre une chambre bientôt".
"Oh ouais, Yasuo... Ouais, sûr il doit être éploré. Moi j'dis plutôt qu'il doit s'être mis une murge ou tremble la tête sous ses coussins d'soie de son baise-en-ville! J'l'ai déjà vu, vous savez, c'est un client régulier du Lys Vernis. Parait qu'il stresse facile et que c'est un intello., un artiste.. Tout l'inverse de Masaru !"

La mention de Kagamiko amena un sourire niais et béat sur le visage du jeune malfrat.
"Elle, j'l'ai vu qu'une fois, quand je me faisais eng... quand j'assistais Ikura pour une livraison à la Pomme Rouge. C't'un lupanar cossus. Jolie donzelle, mais l'air princesse pimbêche, pas commode et sa garde du corps encore moins. Une putain d'armoire à glace, à se demander si c'était bien une femme. Elles font p't'être des truc ensembles, c'est connus que Kagamiko a l'feu au cul et aime les muscles... Parait qu'elle a réussit à s'faire virer d'un temple où son père l'avant envoyée étudier."


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