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[FB] Héritage [PV Chinoike Hitagi]

Chinoike Etsu
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Ft Chinoike HitagiComme une course de relais
Héritage
Une énième dispute avec Buntaro, comme beaucoup dès que nous avions des avis divergents. Cela était si courant que personne n'y faisait vraiment attention, et pourtant, cette fois-ci, il semblait m'en vouloir beaucoup pour la décision que je voulais prendre.

" Tu es devenue complètement dingue. Hitagi ? Vraiment ? Tu la vois comme une héritière ? C'est une gamine dans sa tête, elle est immature. Et c'est moi qui dit ça ! Tu t'en rends compte ? Elle est trop impulsive pour agir convenablement, tu l'as déjà noté dans vos missions, non ? Je te suis pas sur ce coup. "

Il n'avait jamais eu sa langue dans sa poche, ni moi dans la mienne.

" Je ne t'ai pas tellement demandé ton avis et tu ne vois même pas plus loin que ton nez. Je ne dis pas que Hitagi est la candidate parfaite, mais elle peut le devenir. Elle est de la jeune génération de notre clan, elle a du courage, elle a de la volonté et elle veut protéger les nôtres. Et puis, je ne vais pas la lâcher comme ça sur les fauves, je compte bien la former. "

" J'aurais jamais cru te dire ça un jour, mais t'es trop optimiste… et tarée aussi. "

" Tu es un crétin. Et je te ferais remarquer que tu l'as été bien plus que moi en me soutenant jusque-là. Pourquoi je ne pourrais pas lui donner cette chance aussi ? Je refuse de faire les mêmes stupidités que Manami. "

" Encore tu radotes avec elle ? C'est du passé. C'est toi la chef de notre clan. "

" Peut-être aujourd'hui, mais qu'est-ce qu'il en sera demain ? Je refuse de laisser le hasard décider pour moi. S'il doit m'arriver quelque chose... "

Je n'eus pas le temps de finir ma phrase que Buntaro me coupa la parole en me faisant des yeux noirs comme si j'évoquais quelque chose de terrible.

" Il t'arrivera rien du tout. "

Je ne pus m'empêcher de lâcher un soupir, tout en soutenant son attention avec sérieux.

" Ce n'est pas le moment de réagir comme un gamin. Tu sais très bien que c'est des choses qu'on ne peut pas prévoir. Je préfère anticiper. Je veux que si il devait m'arriver quelque chose, je suis assurée que le clan sera dirigé par une personne de confiance. "

Buntaro se mit à secouer la tête, grommelant, mais il ne put se retenir de me faire un nouveau commentaire avant de quitter mon bureau.

" Je continue de croire que tu vises sur le mauvais cheval. Tu ne peux pas changer les gens, Etsu. "

Mais moi, je voulais y croire. Peut-être que j'étais trop prétentieuse en imaginant que je pouvais avoir une influence sur mon amie, parce que j'étais parfaitement consciente de sa colère. Je la comprenais. Toutefois, je pensais pouvoir l'aider à la dépasser, la temporiser et l'aider à murir pour devenir la femme que je voyais en elle. Buntaro n'avait qu'une image trop superficielle d'Hitagi, j'en étais convaincue. Malgré nos chamailleries et le fait que nous n'étions pas tombés d'accord, je demeurais celle qui était à la tête de notre clan à cet instant-là. Ma décision était déjà prise, bien que j'aurais aimé qu'il me soutint comme il avait toujours fait.

Quoiqu'il en fut, j'avais donné rendez-vous à Hitagi à l'extérieur du village. J'avais prétexté l'emmener pour faire une tournée de routine pour vérifier si les caches de survie que nous avions disposés un peu partout dans le territoire était toujours là. L'hiver s'approchant avec son lot de tempête, il fallait que nous prenions nos précautions dans le cas où nos camarades se feraient surprendre. L'Isthme était toujours aussi cruel.

Emmitouflée dans un manteau chaud, je l'attendais près du lac gelé, les mains négligemment dans les poches et le regard posé un peu au loin. Je réfléchissais comment aborder les choses sans l'effrayer, ni qu'elle ne commença à se faire de fausses idées sur mes intentions. Peut-être que je devrais d'abord par commencer par une banale discussion entre filles ? Je sentais que j'allais encore me ridiculiser si je partais sur ce terrain-là.

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L'héritage  

   




   
~ feat. Etsu la meilleure et plus belle <3





    



Je ne me reconnaissais plus. Quand je passais devant un miroir, quand j’ouvrais la bouche, quand j’entendais mes pensées, je ne me reconnaissais plus : ce n’était pas moi que je voyais, ou entendais, mais bien quelqu’un de bien meilleure, quelqu’un que j’avais toujours rêver de devenir, comme une possibilité enfouie au fond de moi de ce que nous pouvions devenir. L’être qui se tenait à ma place, qui parlait, qui agissait était quelqu’un de bien différente de moi, de celle que j’avais été, bordélique, violente, irréfléchis. Elle était si différente, que j’arrivais à me demander si c’était encore moi, ou si je n’étais pas une personne complètement différente. Après tout, elle était, euh, j’étais bien plus réfléchis, bien plus guidé par de belles idées, bien plus consciente du monde et de ce qui m’entoure. J’avais énormément changé et je me sentais encore mué par cette pulsion sauvage au fond de moi, une pulsion qui m’invitait à continuer dans la voie que je m’étais choisis, à persister dans cet élan libérateur qui rugissait en moi. Comme si toute ma haine, ma colère, ma frustration, toutes les choses en moi, qui vivait indépendamment, sur lesquels je n’avais jamais vraiment eu de contrôle avait maintenant un exutoire, me faire avancer dans une direction que je savais bonne, une direction qui m’apparaissait comme une évidence… Me menant presque inexorablement sur un sentier qui seras badigeonné de sang, le mien comme celui de bien d’autres personnes, mais la seule voie possible pour nous libérer du carcan éreintant du monde. Je savais au fond de moi que je finirais par me lever contre une force qui me dépassera moi comme les miens, mais je ne peux pas accepter de laisser cette force indépendante de moi dicter mes actions et qui je dois être : Je suis libre, n’importe qui devrait l’être !

J’avais un rêve, celui de bâtir avec mon sang et ma sueur, un monde ou les enfants ne devront pas subir les conséquences des crimes de leurs parents, ou ils n’auront pas à se battre dans une guerre absurde, où chacun pourra vivre comme il l’entend ! Ou plus personne ne sera contraint par une justice et un système déloyal ! Ce monde, c’était celui que je rêvais depuis que j’étais petite sans jamais réussir à mettre des mots dessus, sur ce vague sentiment au fond de moi et de mon cœur ! Mais ce monde, même s’il n’est qu’une chimère de mes fantasme idéaliste née de mon éducation à la liberté, je ne peux m’empêcher de continuer le combat pour essayer de lui donner forme ! Pour épargner le futur, et empêcher le passé de recommencer, je vais m’attaquer au présent ! J’essaierai au mieux, de vivre pour aller dans ce sens, c’est là, ma nouvelle raison de vivre ! Celle de libérer mon clan des chaînes qui le retienne ! Je voulais avoir confiance en moi et dans ce rêve, je ne pouvais pas être la seule à ambitionner cette utopie !

Mais je n’étais rien, qu’une poussière dans le monde, une femme seule contre l’immensité ! Un affrontement revisité de David contre Goliath ou la demeurée que j’étais, bien que consciente de quelques choses dans le monde, n’en restait pas moins peu futée et sans aucune idée d’arriver à ses ambitions. Il y avait juste cette pulsion sauvage et animal qui résonnait comme seul moteur et certitude, mais sinon rien. Je n’étais rien, rien d’autre qu’Hitagi. Hitagi a-t-elle le pouvoir de changer le monde de ses propres mains ? Surement que non, il me fallait être réaliste ! J’étais dans une impasse, à peine ouverte au monde, que déjà j’étais brûlée au nectar atroce et acide de la vérité, ce que j’ambitionnais était à peine possible avec des moyens, mais seule, c’était pire !

Démoralisée, car traversant la désillusion que les esprits normaux comprennent plus jeune que moi, mais ma candeur et mon innocence intellectuelle que je découvrais en tant que jeune adulte battait de l’aile et j’en étais triste et aigrie ! Je ne pouvais pas accepter cette fatalité, je la refusais et coute que coute, je me battrais comme elle.

Mais broyé du noir, ne me servirait à rien, Inazo me l’avait assez dis, lui qui m’avais ouvert les yeux le savait mieux que moi, Mugi aussi se rendait compte que tel un poison, mon ambition démesuré pouvait à la fois m’offrir des forces insoupçonné, comme me dévorer mon énergie, dans le gouffre béant de cette folie bien aimée qui était la mienne !

Autant l’avoué que quand Etsu me fit mander pour aller travailler et servir le clan, je ne refusais pas, ni ne réfléchis plus que quelques secondes, l’instinct naturelle avait bien perçu que pour ne pas stagner et finir par faire demi-tour, je devais avancer et occuper mon esprit, vivre pour étoffer le plan, ma vision de la vie, vivre pour mieux comprendre comment l’utopie de liberté était possible ! La tâche à faire était simple, faire le tour des caches à nourritures et vérifier leurs états, c’était gratifiant et un travail important, le faire avec celle que j’affectionnais plus que moi étant le boost qu’il me fallait pour tenter d’avancer, coute que coute !

Je la rejoignis alors au pas de course, car elle m’attendait devant la grotte, en passant devant mon miroir, je remarquais alors la lueur triste dans mes yeux, l’ancienne Hitagi n’aurait pas eu cette lueur, mais l’ancienne Hitagi aurait aimé avoir un but dans sa vie, un but à elle et ne pas vivre pour les autres, juste les autres, mais bien pour elle. Cette souffrance était surement nécessaire et je l’acceptais, foi d’Hitagi, j’pouvais bien être conne, souffrir était mon dada !

A peine arrivé dehors, déjà que la neige nous cinglait le visage et que mon pif virait écarlate comme ma mèche ! Mais la nature et ses lois durs ne me faisait pas peur, il fallait l’affronter, elle qui était implacable et invaincus ! Mais là, Etsu m’attendait je ne l’avais pas beaucoup vu ces derniers temps, mais la voir ainsi me fit alors me rendre compte qu’elle me manquait horriblement, que mes vadrouilles m’avaient éloigné de ceux que j’aimais, je devais alors resserrer le lien que j’avais desserré moi-même pour changer ! C’était important pour moi aussi, pour ne finir folle !

Je me plantais devant elle, puis dénudant mes lèvres, lui livra mon plus grand sourire, me retenant de l’enserrer dans mes bras ! J’étais toujours plus démonstrative de mes émotions que de mes mots et je choisis alors minutieusement mes quelques éclats de paroles enrouée :

« Etsu ! Ça fait trop longtemps qu’on ne s’est pas vu toi et moi ! Ça me fait plaisir de te revoir ! »

Ça sonnait presque faux, ce n’était pas très spontanée, mais je ne voulais pas ou plus joué le rôle de celle que je n’étais plus ! J’étais nouvelle et fière de moi et il faudra m’accepter telle que je suis à point, c’est tout ! Sans vraiment plus de cérémonial, nous nous engageâmes toutes deux dans la neige et le froid de l’hiver, il fallait agir et partir pour ne pas geler sur place !



   

   

   


   
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J'avais le regard tourné vers le lac quand Hitagi arriva près de moi. J'étais un peu perdu dans mes songes à cause de ma nouvelle situation. Pour le moment, rien n'avait réellement fuité ou pas encore. Si tel était le cas, personne n'osait m'en parler tant que je ne l'avais pas fait moi-même. Toutefois, cela me satisfaisait ainsi, cela me permettait de préparer les choses et l'avenir de mon amie en faisait partie. Je savais qu'elle serait toujours là pour moi, surtout si je le lui demandais. Cette fois-ci, je voulais que cela fut le contraire. Non pas comme une chef à sa subordonnée, mais comme une sœur à une autre. C'était ce qu'elle était devenue à mes yeux.

" Ha ! Hitagi. Moi aussi, je suis heureuse de te revoir. Il est vrai qu'il devient de plus en plus difficile de se trouver du temps pour parler. "

J'affichais un petit sourire alors que je me resserrais le manteau d'un mouvement de bras, refusant de retirer mes mains de mes poches. Le froid restait mordant, quand bien même on était habituée des lieux.

" J'espère que cela ne te dérange pas que je t'ai appelé pour ce contrôle de routine ? J'aurais très bien pu confier cela à quelqu'un d'autres, mais j'y ai vu une occasion pour se retrouver... entre nous. "

Il m'était impossible d'aborder le réel sujet de nos retrouvailles aussi aisément. Je voulais en premier lieu m'enquérir d'elle, de comment elle était, de ses projets. Sur mes mots, nous commençâmes à prendre la route, marchant d'un pas tranquille. Nous savions toutes deux parfaitement où se trouvaient les points de ravitaillement de secours, c'était comme le faire les yeux fermés.

" Alors ? Dis-moi un peu. Es-tu des choses à me raconter ? Est-ce que tout va bien pour toi ? "

Cruel était la vie d'une chef de clan, car quand bien même l'on se donnait à fond pour chacun de ses membres, au final, je m'excluais un peu de chacun d'entre eux en voulant faire le bien pour toute la collectivité. Peut-être étais-ce à cause de ma façon de faire, parce que j'avais toujours eu peur de me tromper, de ne pas être à la hauteur. Je voulais tellement tous les protéger que je m'en oubliais moi-même, reproche que l'on me faisait bien assez souvent à vrai dire. Et je ne parlais même pas de Buntaro.

" Parfois, lorsque j'ai l'occasion de croiser ton grand-père, je lui demande directement... mais je ne suis pas sortie beaucoup de mon bureau ces derniers temps. "

Et je ne parlais même pas des visites que j'allais effectuer auprès de Toshiro. Finalement, il était le seul véritablement au courant. Lorsqu'il m'eut annoncé mon problème, on était resté muet comme des imbéciles… et je ne manquais pas de lui donner un violent coup de pied quand il me demanda qui était le responsable. Comme si cela pouvait résoudre le problème.

" Comme cela fait un moment, je voulais que l'on fasse un peu le point toutes les deux. Je veux savoir si tu ne manques de rien. "

C'était aussi vrai que je ne savais pas encore comment j'allais aborder le reste. Mais je savais que Hitagi était une jeune femme naturelle, je me laisserais emporter par sa spontanéité, moi qui en manquais beaucoup.

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L'héritage  

   




   
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Je lâchais un sourire franc devant ses paroles, recroquevillant un peu mes épaules et rougissant légèrement. Savoir qu’Etsu était heureuse de me revoir me faisait du bien, c’était agréable, c’était une douce et lancinante chaleur qui s’imprégnait en moi. Si bien que la neige comme le froid ne semblait plus avoir de prise sur moi, l’émotion surmontait l’inconfort. Mais en même temps, une pointe de tristesse se glissa en moi, cela faisait tellement longtemps que je n’avais pas revu Etsu qu’il me semblait que c’était dans une vie antérieur la dernière fois, je m’en voulais à moi-même de ne pas avoir pris le temps de la voir plus. Mais en même temps, je m’étais lancé sur un chemin difficile, si bien que j’avais perdu de vu beaucoup de choses, de gens, tant j’avais des préoccupations à m’en faire tourner la tête et chopper le tournis.  J’étais plus ou moins sûre au fond de moi-même que je n’avais pas gérer et que c’était là un bel échec.

Je secouais la tête pour faire taire ces pensées, je devais avancer, ne pas regarder en arrière mais continuer à marcher encore et encore jusqu’à laisser ces problèmes derrières moi et les régler en faisant mieux et en me rattrapant, c’était là le plan ! Surtout que rien n’importait plus ou presque que le présent, l’ici et maintenant. J’pouvais pas me permettre de gâcher ma relation avec Etsu en étant distraite et en ne l’écoutant pas. Surtout que devant moi, ma sœur semblait douter et le temps qui s’annonçait semblait lui tenir à cœur, tout comme moi. J’avais aucune idée du pourquoi du comment, mais ma présence semblait lui importer ! Je plaçais une main sur son épaule, puis avec un grand sourire, lui répondis :

« Ça m’dérange pas du tout ! Moi ça m’fais même plutôt plaisir de r’tourner à des trucs simples comme ça, surtout si c’est avec toi. »


Je plongeais mon regard dans celui de ma cheffe, souris. Sans vraiment plus en dire, les yeux plissés, un grand sourire, je fis un premier pas dans la neige et commença à marcher, à rester planter comme des piquets dans la neige et le vent, on allait finir toutes les deux comme des stalactites, on auraient bien l’air maline tient ! Et alors que le vent sifflait, nous nous mîmes à discuter, elle se demandait ce que je devenais. C’était une grande question que tout ça, par ou commencer, par ou terminé, je ne savais plus trop, j’avais tellement vécu de choses que j’étais presque sans voix.

« Des choses à raconter ? J’en ai des centaines, mais j’saurais plus trop par ou commencer. Ma foi on peut dire que ça va bien. J’ai beaucoup appris ces derniers temps, sur moi, sur ce que je voulais. J’ai pas mal voyagé et connus des situations assez folles et j’en suis ressortis plutôt changée… Je suis devenu si forte ces derniers temps que j’ai un peu de mal à me reconnaître ! »

Je fis une pause, puis me retournais, commençant à marcher en arrière, je me sentais un peu gênée de parler de moi comme ça, mais si je ne pouvais pas en parler à Etsu, à qui est-ce que je pouvais en parler ? J’haussai les épaules mécaniquement pour me rendre plus à l’aise.

« Et toi de ton côté, quoi d’neuf ? »

Pas grand-chose de toute évidence vu qu’elle restait enfermée dans son bureau. Mais elle avait croisé quelques fois. Je culpabilisais de ne pas le voir autant que je le voulais, mais j’étais devenu grande, j’avais un amoureux, une vie sexuelle et romantique, voir le vieux était de plus en plus compliqué, j’avais pas particulièrement le temps, je m’en voulais, j’étais tellement aveuglé sur moi que j’en avais oublié tout le monde autour de moi :

« Ah Papy ! Je le vois pas aussi souvent que je le voudrais aussi… c’est moche de grandir… »

Plus la conversation avançait, plus quelque chose clochait, il y avait en Etsu, une douceur et une fragilité que je n’avais encore jamais vue. Elle était qui parfois terrible et impétueuse, elle paraissait si fragile et gracile. Je fronçais les sourcils, n’arrivant pas à mettre le doigt sur ce qui n’allait pas. Je n’avais pas de raison de me plaindre, mais il persistait ce curieux sentiment de ne pas tout comprendre. Je ne m’en formalisais pas pour autant. Il y avait quelque chose de très maternel dans ses paroles à s’inquiéter pour moi et savoir si je ne manquais de rien. Cela me donnait envie de la serrer dans mes bras et la protéger, même si je devais en mourir.

« Hum, non je ne manque de rien, je n’ai pas passé beaucoup de temps dans la grotte ces derniers temps vu qu’j’étais en vadrouille, mais j’ai trouvé les réponses que je cherchais dans ma vie… Il ne me manque rien, à part peut-être la possibilité d’une vie paisible au soleil à cultiver un champ… On dirait entendre Ryuku. Je soufflais un petit coup, gloussant, je n’ai pas spécialement à me plaindre de quoi que se soit. »

Après tout, je ne mentais pas, je ne manquais de rien, je n’avais besoin de rien, à part d’espoir et de certitudes, des choses impossibles à avoir tant le monde dans lequel nous vivions allait mal, terriblement mal, que pouvais-je faire de plus ? Rien, ainsi, je me contentais de ce que j’avais, faisant de mon mieux pour changer les choses, je n’avais donc besoin de rien.




   

   

   


   
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Comme j'aurais pu le deviner, Hitagi resta fidèle à elle-même, enjouée et chaleureuse comme la main qu'elle posa sur mon épaule. Bien que nous n'avions pas une si grande différence d'âge, je me surpris à penser qu'elle avait bien grandi. Peut-être que c'était réel ou bien juste un fait de mon imagination. Dans tous les cas, je savais qu'elle avait fini par gagner en maturité, raison de mon choix et de la confiance que je lui accordais. À mes yeux, elle ne pouvait que devenir meilleure de jour en jour et je souhaitais demeurer l'amie qui l'épaulerait à chaque fois dans sa transformation.

" Alors cela me ravit. "

Je lui rendis son sourire alors que nous commencions notre route. Je ne pus m'empêcher de retenir un léger rire lorsqu'elle m'avoua avoir une multitude de choses à me raconter. Bizarrement, cela ne m'étonnait pas du tout. Elle avait toujours été une femme active alors le contraire aurait été plus étonnant.

" Changée ? Vraiment ? Qu'entends-tu par là ? "

Je ne sus pourquoi, mais cette affirmation m'inquiéta un peu, tout en admirant la pleine honnêteté d'Hitagi. Il était bon pour moi de savoir comment elle se percevait et vérifier par moi-même si je ne me fourvoyais pas. Les paroles de ce satané Buntaro me trottaient toujours. Si devant lui, je m'étais montrée tout à fait certaine de moi, je devais avouer qu'il y avait aussi une petite part de trouble en moi. J'avais tout donné pour parvenir à ce poste, sacrifier mes jeunes années pour me concentrer à l'ultime but de devenir la chef de ce clan qui m'était si cher. Mais je n'étais pas une femme avare de pouvoir et je savais qu'un jour, je me devrais de faire passer le flambeau. Je n'avais tout simplement pas imaginé que je me sentirais obligée de le faire... si tôt. Cependant, je refusais de prendre le moindre risque à cause de mon futur état et du désordre qui pourrait me guetter. Il me fallait quelqu'un de sûr.

Mais voilà, je me fis surprendre par ma propre question, et je ne pus m'empêcher de tiquer un peu. Devais-je lui dire déjà ou bien attendre encore un peu ? Je ne me sentis que la force d'esquiver, sans mentir toutefois.

" Oh tu sais... la paperasse. Beaucoup de paperasse et la gérance du clan en ce qui concerne notre organisation. Rien de bien nouveau de ce côté-là. "

Rien de nouveau hormis le fait que je n'étais pas malade comme on le croyait depuis quelque temps. Je devais avouer que j'étais toujours partagée entre être sincèrement heureuse de ce que ma situation représentait et paradoxalement un peu amère que cela arriva si tôt. Et je ne parlais même pas sur la manière de vivre cela avec Tsumi. D'ailleurs, comment nous pouvions définir notre situation ? Cela me donnait mal à la tête.

Changeant rapidement de sujet, Hitagi m'avoua qu'elle-même ne voyait pas son grand-père autant qu'autrefois. Elle ironisa même sur ce détail, chose qui me fit doucement sourire. Plus on devenait responsable, plus on se détachait inconsciemment de sa famille proche. On se laissait submerger par le travail et ainsi de suite.

" Te voilà maintenant une femme bien occupée. Néanmoins, n'hésite pas à prendre un peu de temps pour aller lui rendre visite. Tu as encore la chance d'avoir un membre direct de ta famille, et je ne voudrais pas que tu regrettes de ne pas lui avoir rendu autant visite que tu l'aurais voulu. Et c'est moi, le bourreau de travail qui te le dit. "

Ironique. Mon seul avantage était de ne plus avoir personne autour de moi, ou tout du moins, de ma lignée. Cela m'avait permis d'avoir bien moins de scrupules concernant le temps que je donnais à mes ambitions, même si Buntaro avait toujours été là pour me le faire remarquer. Tsumi aussi d'ailleurs.

" Je suis contente de l'entendre. Vraiment. Je dois t'avouer que j'ai l'impression que tu es plus apaisée qu'avant et ça me rassure. "

J'avais bien entendu une arrière-pensée pour les Uchiha car je savais qu'il s'agissait d'un sujet hautement sensible pour Hitagi. C'était peut-être ce qui me freinait le plus. Sa colère. Je ne voulais pas qu'elle la dévora si je lui confiais la tête de notre famille.

" Te sens-tu toujours aussi en colère contre les Uchiha ? Je veux dire... est-ce que tu me tiens toujours rigueur de ma politique ? "

Je savais qu'il y avait encore des détracteurs au sein des Chinoike, comme Kamejiro, à rêver d'une revanche directe et agressive. Mais je maintenais, malgré ma propre rage, que cela pourrait une nouvelle fois nous amener à notre perte. J'avais, sûrement, moi aussi un peu grandi sur le sujet, me laissant convaincre par la raison plutôt que l'émotion, même si c'était toujours pénible.

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Qu’est-ce que j’entendais par « changer », c’était une grande question. Parce que cela se basait sur un ressenti assez vague, mais aussi sur une remarque que je m’étais faite, je n’étais plus la même, définitivement, cela n’était pas possible d’être la même couillonne qu’avant vu tout le chemin que j’ai parcouru. Et purée j’étais heureuse de plus être la même, je vivais mieux d’être moi depuis quelque temps, j’acceptais mieux mes forces comme mes faiblesses. J’avais grandi et surmonter le mal être évident qui m’avait toujours travaillé, depuis ma naissance. J’avais enfin trouvé un sens à ma vie, quelque chose qui me dépassait, sans que cela n’implique de perdre qui j’étais en chemin. J’avais enfin trouvé ma place dans ce monde et ce que je voulais faire de cette vie qui n’avait pas toujours été très bonne avec moi.

Mes pieds faisant crisser la neige sous mes pieds, la buée formant un petit nuage autour de mes lèvres, j’haussais les épaules, presque insouciante, peu capable de trouver ce que je voulais dire. Comment exprimer à Etsu, tout ce que j’avais traversé jusque-là, pour être en paix avec moi et capable de me mater la gueule dans un miroir sans avoir honte d’être bête, faible ou quoique ce soit d’autres. Mais signe des changements que j’avais vécus, je sus que je serais sotte de ne pas être honnête, je devais juste faire parler mon cœur et c’est tout. C’était un de mes mantras l’honnêteté après tout.

« J’sais pas comment bien dire ça mais… mais j’ai l’impression d’avoir grandi, d’enfin accepter ma vie avec ce qui est cool et ce qui craint. Je sais enfin ce à quoi je tiens vraiment, ce qui vaut le coup que je me batte. J’me sens plus en paix avec moi-même, j’ai réglé la disproportion de mes accès de colères. J’arrive enfin à être heureuse… j’ai plus ce mal être et l’impression d’être perdu qui me courrait dans la trogne depuis que je sais penser… J’arrive enfin à être moi-même et à savoir qui je suis vraiment ! »

C’était là, un discours très personnel que j’avais partagé. Mettre des mots sur toute cette réalité à l’intérieur de ma poitrine et de ma trogne, c’était quelque chose qui m’aidait à y voir plus clair à mesure que je causais. D’un coup, l’immensité du voyage que j’avais parcourus depuis cette fois-ci ou j’avais quasiment en tête de quitter ma vie qui craignait avant que je ne croise Etsu… Tout était partis d’elle, parce qu’elle avait su me tendre la main, j’étais devenu qui j’étais. C’était là un effet papillon à en m’en faire tourner la caboche… Mais surtout, les yeux vers le grand ciel, Etsu m’apparaissait comme  central dans mon acceptation de moi et cela me tira une larme, qui coula le long de ma joue. Je déglutis, souris puis darda mes prunelles vers mon intendante :

« C’est un peu grâce à toi que j’ai pu grandir pour être fière de moi… j’suis vraiment reconnaissant pour ça… j’ai une dette éternelle pour avoir su me tendre la main, croire en moi et me permettre de donner du sens à ma vie et m’empêcher que je me perde en chemin… Sûrement que sans toi j’aurais déjà crevé dans mon coin à cause de mes problèmes d’émotion… Merci, Etsu, vraiment, tu pourras toujours compter sur moi ! »

Je me retournais au cas où mes yeux criant en face qu’à leurs têtes et que d’autres larmes me soient arrachées. Je me sentais à l’aise de montrer mes failles à Etsu, d’être complètement moi-même avec elle. Les réponses d’Etsu à mes questions, me permirent de me remettre un peu d’aplomb, pour reprendre la discussion. Je fronçais les sourcils, étonné que rien dans sa vie ne soit nouveau, tant il y avait un côté maternel qui transperçait son être et une douceur qui émanait d’elle. Une nouvelle facette d’elle était devant moi, loin d’être un dragon, c’était une jeune femme marquée par la vie qui se trouvait devant moi.

Mais je ne me formalisais pas de mes impressions qui savaient être fausses, sûrement que c’était moi qui avais changé mon regard sur Etsu, plus qu’elle avait changé. La conversation avança alors et je sentis un petit pincement au cœur quand elle me fit remarquer que je devais profiter de ma famille, me rappelant que j’avais de la chance de toujours avoir une famille. Elle n’avait pas tort, je m’étais tellement concentré sur moi-même que j’en avais oublié les autres personnes qui gravitaient autour de moi, si je me connaissais mieux, je pouvais ainsi dire que oui j’étais égoïste et que mon propre accomplissement m’importait, quitte à mettre de côtés, d’autres choses. Je grimaçais alors de me voir presque jeter au visage ce défaut et répondis du bout des lèvres :

« Je ferais de mon mieux pour en profiter… »

Je rougissais un peu, surtout de honte, comme une gosse reprise pour avoir volé une sucette, j’avais honte de moi et de ma chance. Mais elle avait raison, je ne voulais plus rien regretter, je devais alors dévorer la vie et l’existence du mieux que ce que je pouvais !
Mais Etsu touchait du doigt quelque chose, j’étais apaisée, réellement. Elle était beaucoup plus clairvoyante que moi, peu importais les efforts que je produisais. Mais d’un autre côté, savoir que j’ai pu l’inquiéter ne me fis pas du bien, j’étais responsable de ce que je faisais ressentir aux autres et je devais y faire attention pour ne pas faire souffrir autrui, c’était important.

« Je suis désolée si j’ai pu t’inquiéter… »

Mais alors qu’à moitié enfoncé dans mes pensées, songeant à comment je pouvais faire pour qu’elle s’inquiète un peu moins pour moi, la voix d’Etsu retentit et j’en fus bouche bée tant la question qu’elle me posa alors n’était pas prévu et était à mille yeux de ce que j’avais pu penser ces derniers temps. Depuis combien de temps n’avait pas songé aux Uchiha, à ma haine pour eux, au dégout qu’ils m’inspiraient ? Depuis combien de temps, l’objet de ma haine n’avait-il pas traverser mon esprit. Et pourquoi une telle question maintenant ? La situation était étrange. Je fronçais les sourcils, m’arrêtant d’un coup de marcher, essayant de faire le point sur toutes les émotions qui me traversaient, quoi répondre ? Quoi ressentir ? je ne savais plus trop et je décidais de me laisser tranquillement emporter par l’honnêteté pour répondre et faire le point sur ce que je ressentais et pensait au fur et à mesure.

« Cela fait si longtemps que je n’ai pas songé à eux pour être honnête… Cela fait si longtemps qu’ils n’ont pas traversé mon esprit… »

Je fis une pause, réfléchissant le plus possible pour offrir une réponse satisfaisante autant pour Etsu que pour moi. Après quelques instants, un fil dans mes pensées apparus, je m’en emparais et le suivis :

« On ne peut pas blâmer un sabre de trancher et faire du mal, ce n’est qu’un outil… On ne peut blâmer que la main qui tient le sabre et procure douleur et violence avec. Ils sont des outils, nous sommes des outils en tant que shinobi. Je mentirais si je disais que je les détestais autant qu’avant, lorsque mon monde tournait autour de mon envie de vengeance… La vengeance ne me ramènera ni ma pitoyable mère, ni mon père… Ni ne rendra la vie à tous nos morts… »

C’était compliqué de bien formuler pour rendre justice à ma vision des choses beaucoup plus nuancée qu’elle ne l’avait jamais été. Mais je m’y attaquais le mieux possible, fasciné par ma propre capacité à penser par moi-même.

 « Je pense que ta politique était juste, on ne peut pas ressasser le passé et espérer avancer… Tu as su guider le clan pour nous empêcher de nous perdre dans une lutte impossible à gagner… Je n’avais jamais vraiment compris pourquoi tu faisais cela, mais maintenant que j’y songe, c’était la bonne chose à faire, je pense… »

J’étais plutôt satisfaite de comment cela tournait dans ma tête et comment cela se formulait, mais ma vision n’était pas aussi idyllique que cela :

« Pour autant, cela n’enlève rien au fait qu’ils ont accomplis leurs tâches avec zèle et cruauté. Je ne saurais ignorer leurs malveillances, ni leurs crimes. Pour certains, ceux qui ont participé, ils sont coupables et ils resteront coupables. Je ne les pardonnerai jamais ces actes, je ne pourrais pas promettre que si je savais avec certitude ou était l’assassin de mon père, si c’était abordable, je n’irais pas l’exécuter. Pour les autres, je pense qu’il serait absurde de se venger d’innocent, nous ne vaudrions pas mieux qu’eux. Mais même s’ils sont innocents, je ne pense pas pouvoir un jour apprécier ces gens-là et je les détesterais toujours, mais pas au point de vouloir leurs morts… »

Je fis un pas en avant, recommençant à marcher, regardant le grand ciel gris et nuageux, j’étais différente et bien plus grande :

« J’ai durant mes voyages, acquis une certitude, c’est qu’une force plus grande que nous ordonne le monde, peu importe ce que c’est. Je pense qu’un jour viendra ou nos assassins devront payer, qu’une force bien plus grande que moi rétablira l’équilibre sans que nous n’y soyons pour quelque chose. Les Uchiha sont des gens méprisant, hautain, violent, zélé, mais ils ne sont qu’un rouage d’un système décadent qui cultive la mort autour d’elle. Je les hais, mais je crois haïr encore plus ceux qui ont ordonné la mort des nôtres, c’est cette main-là que je déteste le plus. C’est cette injuste main là qu’il faudrait couper, pas tant l’outil… »

Je me retournais vers Etsu, me faisant la réflexion qu’on irait un peu dis Inazo à parler comme ça : le vieux samouraï avait laissé une marque indélébile en moi. Peu importe, c’était ce en quoi je croyais fermement, je ne renierai pas mes convictions nouvellement acquises ! Cependant, j’avais une question, qui se formait en moi, pourquoi maintenant toutes ces interrogations ?

« Pourquoi toutes ces questions Etsu ? Il y a-t-il un problème ? »

Je ne savais pas à quoi m’attendre, ni ce que cela pouvait signifier, mais je voulais qu’Etsu me fasse confiance et discute avec moi et partage ce qu’elle avait sur le cœur comme je l’avais fait pour elle. Mais cela me taraudait l’esprit de savoir le pourquoi du comment, parce que je passais à côté de quelque chose, je le savais, mais cela m’échappait encore, je n’avais aucune idée de ce que ça pouvait bien être !




   

   

   


   
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Je continuais à lentement marcher avec ma camarade, aussi pensive qu'attentive à vrai dire. L'entendre dire qu'elle-même reconnaissait avoir grandi, d'avoir pris le recul nécessaire pour en arriver à cette conclusion, me prouvait que cela était en partie vrai. Il était toujours difficile d'être juge de soi-même, mais au moins, elle connaissait ses faiblesses. Cela ne faisait que tendre à me prouver qu'elle était apte à devenir un plus grand élément encore pour le clan. Je savais que cela ne serais peut-être pas forcément aisé de convaincre les autres, parce qu'ils ne connaissaient pas Hitagi comme je la connaissais. Mais j'étais sa première alliée, et il était évident que je l'accompagnerais tout au long de ses décisions, tout du moins, tant qu'elle acceptait mes conseils.

En réalité, je savais que ce serait bien plus difficile pour moi de lâcher prise. J'avais donné tant d'année pour me hisser à la tête des Chinoike, tant d'année à convaincre que j'étais apte et fiable... et voilà que je me devais de renoncer. Mais je renonçais à raison, parce que je ne désirais pas prendre des décisions influencées par mon état futur. Cela me rendait un peu amère, je le reconnaissais sans mal et pourtant, je savais que je portais en moi la graine d'un espoir et Hitagi en était une autre.

D'ailleurs, alors que j'étais concentrée sur mes pas, la confession que mon amie me toucha en plein cœur. Voilà qu'elle se mettait à verser une larme et que je me devais de contrôler les miennes. Je ne pouvais prétendre dire que j'étais cheffe pour pouvoir entendre ce genre de paroles réconfortantes, mais nier que cela ne me fit pas du bien serait mentir. Un peu gênée, je ne pus m'empêcher de tourner la tête, tandis que je passais ma main sur mon visage pour m'empêcher de renifler. Ce n'était clairement pas le moment de craquer, cela ne me ressemblait pas.

" Je n'ai pas fait grand-chose. Tu avais déjà tout ce qui était nécessaire. Il te fallait juste croire en toi et tes capacités. Personnellement, je n'en ai jamais douté. "

Comme je ne doutais d'aucun Chinoike... quoique... Il n'y en avait quelques-uns qui méritaient de sérieux coups de savate. Mais je supposais que bientôt, cela ne serait plus le cadet de mes soucis, enfin... si j'en étais capable. Il y avait des habitudes dont on se défaisait difficilement. Il en était de même pour mes inquiétudes habituelles, et cela me prêta à sourire quand Hitagi s'excusa.

" Tant que tu ne prends pas de risques inconsidérés, tu n'as pas à t'excuser. De toute façon, ce n'est pas comme si j'étais capable de ne pas m'inquiéter... "

J'en avais conscience, moi aussi, de cette faiblesse. Mais, en attendant, je voulais me concentrer sur celles de mon amie. Si ma question sur les Uchiha l'avait quelque peu surprise, cela ne l'empêcha en rien de me répondre avec son honnêteté habituelle, tout en remarquant la différence de son discours, entre celui qu'elle put me tenir autrefois, et celui qu'elle me contait présentement. Hitagi finit même par m'étonner et me faire sourire quand elle évoqua comprendre ce que j'avais tenté de faire.

" Mmm... il n'a jamais été question pour moi de pousser les Chinoike à refouler leur colère, juste... un peu l'atténuer ou la rediriger vers quelque chose de plus... constructif, même si je sais mieux que personne que ce n'est pas facile du tout. "

Je baissais alors la tête, le regard un peu plus mélancolique.

" Même si je n'en parle jamais, je suis toujours hantée par cette nuit sanglante. Les images de ma mère, mon père, mon frère et... mon ami... tous... et tous ces Uchiha.... cela me brûle toujours la poitrine si je viens à y penser, ou même quand je croise les yeux d'un Uchiha. On a beau essayer d'être le plus raisonnable possible, on n'oublie jamais. On ne pardonne pas non plus, mais on peut essayer d'avancer et de ne pas tomber dans un cercle vicieux… et cela demande beaucoup d'énergie. "

Beaucoup trop peut-être, mais sans doute parce que je faisais partie de cette génération qui avait connu l'horreur. Si nous pouvions amener les nouveaux enfants de notre clan vers une voie plus construite, plus sereine et ne pas leur transmettre notre rage, alors nous aurions gagné un sacré pari sur l'avenir. Encore fallait-il que nous ayons de bonnes personnes à nos postes à responsabilité, et je souhaitais avoir confiance dans les miens.

Ce fut alors que mon amie me demanda le pourquoi de tout ceci. Il fallait bien qu'à un moment ou un autre, on arriva au vrai sujet. Je m'arrêtais de marcher et je finis par me tourner vers Hitagi pour la regarder droit dans les yeux.

" Je ne suis pas certaine que l'on peut qualifier cela de problème... "

Je me raclais la gorge, un peu gênée.

" Je... je suis dans une situation qui va m'obliger à quitter mon rôle. Ça me coûte d'en arriver là mais...  Je ne vais plus pouvoir diriger notre clan et je souhaiterais proposer ta nomination pour prendre ma place. "

Mes yeux rouges se perdirent avec sérieux dans ceux de mon amie.

" Je n'en ai pas encore fait part à notre conseil, bien entendu. Pas sans ta réponse. Je ne vais pas tout lâcher immédiatement, mais il nous faut une nouvelle personne à la tête des nôtres, et j'ai une totale confiance en toi. Bien sûr, tu es libre de refuser, mais je pense que tu pourras faire la différence. Je me contenterai pour ma part... d'une place au sein du conseil. "

Je savais que l'on ne me refuserait pas cette place, et c'était une façon aussi de permettre une meilleure transition de pouvoir. Moi, je serais sans nul doute un peu moins frustrée tout en étant toujours utile à mon amie, en la conseillant. Sur un plan plus personnel, cela me donnerait... plus de temps… même si j'étais encore résolument perdue.

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~ feat. Etsu la meilleure et plus belle <3





   



Décidément, Etsu était aujourd’hui pleine de surprise, à même de se confier à moi, ce qui n’arrivait pas si souvent que cela. Emmitouflé dans son grand manteau, seul sa petite tête et ces petites mains dépassaient et accentuant encore cette impression de fragilité, comme une fleur fragile survivant au milieu d’un blizzard. Elle qui m’avait toujours paru plus grande qu’elle ne l’était réellement, mais là à cet instant précis, ses yeux dans le vague, la main crispée vers sa poitrine, elle paraissait si frêle, comme si le poids de ses fonctions faisait voûter ses épaules de manière inexorable. Quelle mouche pouvait bien l’avoir piqué pour agir de la sorte ? Où était donc passé celle que Toshiro surnommait le dragon ? A la place d’être sortis d’un bambou, il semblait qu’une princesse Kaguya était sortie du blizzard et du cœur d’Etsu.

Elle était si douce et semblait irradier d’une beauté surnaturelle alors même que son nez était tout rouge et qu’elle avait les cheveux aux vents, on aurait une princesse, bien loin de l’image autoritaire qu’elle avait pu revêtir à de nombreux instants avec moi ou avec les autres. Elle ressemblait enfin à une jeune femme qui n’était pas plus vieille que moi, elle ressemblait enfin à quelqu’un de son âge. J’en restais bouche bée, médusée par la transformation qui se faisait devant mes prunelles incrédules. Que diable lui arrivait-il ?

La voilà, qui disait alors avoir toujours cru en moi, semblait persuadée que j’avais surmonté tout par ma seule force, c’était faux, j’avais eu besoin d’une impulsion, d’une raison de vivre pour surmonter mes failles. Elle semblait presque plus reposée, comme si ces épaules étaient voûtées qu’à son habitude, elle justifiait ces choix politique, elle exprimait ses peurs et faiblesses : elle s’ouvrait à moi. Balourde comme j’étais, je ne savais pas comment réagir, quoi répondre. La situation était trop particulière pour que moi, à peine capable de bien parler de mes émotions, je sois capable de discuter de celle d’Etsu. Dans ma tête, tout semblait tourner, incapable de surmonter le tournis sans fin que cela me provoquait. Je ne pus que répondre :

« Tu as fait ce qui te semblait le plus juste pour toi et pour nous, c’est admirable. Tourner le dos à la haine est la chose la plus dure à faire. »

Etsu m’apparaissait terriblement comme moi d’un coup, avec ses souffrances, ces douleurs, ces failles, ces traumatismes. Moi qui l’avais toujours portée aux nus, mise sur un piédestal, je découvrais ici qu’elle n’était pas différente de nous toute, qu’elle doutait parfois, qu’elle faisait de son mieux. Elle n’en parlait juste pas, gardant tout pour elle, portant ce fardeau toute seule. Etsu était en fait comme tout le monde, c’était quelque chose d’assez fou pour moi que de le découvrir. Quelle raison pouvait bien la pousser à partager autant avec moi ce qu’elle avait sur le cœur ? Je n’y comprenais plus rien.

A être bousculé par autant de changement, je finis par lui demander ce que mon cœur et ma tête m’hurlait de lui dire depuis le début de cette journée : la raison de tout ces changements, pourquoi ces questions ? Pourquoi spécifiquement aujourd’hui, Etsu n’était plus l’Etsu que j’avais connus, cependant, une Etsu que j’aimais encore plus que la précédente, parce que je reconnaissais enfin des réels points communs entre elle et moi que j’avais toujours admiré, j’étais au moins en partie comme celle que j’avais toujours admiré. C’était profondément agréable que de percevoir en moi comme en Etsu, de l’humanité qui avait toujours été caché par son sérieux pour elle, comme sa brutalité pour moi. Etsu m’avait menti, car elle avait du vivre au moins une chose pour l’avoir fait changer autant, seul un évènement majeur pouvait l’avoir changé à ce point. Qu’avait-elle vécu que je n’avais pas su ?

A cet instant-là, Etsu s’arrêta, puis se tourna vers moi, plongeant ces yeux dans les miens, puis commença par tourner un peu autour du pot, elle ne voyait pas de problème, mais quelques instants plus tard, après s’être raclé la gorge, visiblement, légèrement rougissante, puis s’élança et ces mots tombèrent comme une massue sur moi alors que mes yeux s’écarquillèrent et que ma face se décomposa. Elle ne pouvait plus être cheffe de clan et voulait que je prenne sa place. Je restais à moitié muette, babillant de surprise.

« Qu... Qu… Quoi ? »

Et alors qu’elle continuait à parler, je ne disais rien, ne pensais à rien, même incapable de réfléchir ou d’écouter, encore sous le choc de la nouvelle. C’était impossible et improbable que cela puisse arriver, Etsu avait dédié sa vie à devenir cheffe et nous guider, cela ne pouvait pas être vrai… Je fronçais les sourcils, d’un coup paniquer par la tâche qui serait la mienne si j’acceptais, je sentis ma tête tourner, et je fis alors trois pas en arrière avant de tomber sur mes fesses, toujours incapable de réagir, perdue.

« Moi cheffe ? Mais… mais… tu m’as bien regardée, je suis une benête tout juste bon à tenir un sabre et se battre, alors diriger tout le clan, tu penses bien… Il y a à peine un an, je me faisais punir pour traîtrise et maintenant tu me demandes de prendre ta place parce que tu ne peux plus ? C’est quoi cette blague ? Tu as toujours voulu être cheffe ? Qu’est-ce qui peut être si grave pour que tu abandonnes ta place ? Je pige plus rien moi… »

J’enfonçais mon visage entre mes moufles, réfléchissant à la situation dans laquelle j’étais. J’avais toujours rêvé de pouvoir faire plus pour le clan, encore plus depuis que j’avais fait un énorme travail pour moi, mais je ne m’imaginais pas me retrouver dans cette situation aussi rapidement pas comme ça. Ça allait trop rapidement pour moi et je ne savais plus où donner de la tête.

« Je suis flattée que tu penses à moi, vraiment… mais c’est si soudain… serais-je à la hauteur ? le conseil m’acceptera-t-il ?  Suis-je apte et compétente pour faire ça ? Oh, qu’est-ce que je vais faire ? »

Etsu m’avait demandé de prendre sa place et je ne pouvais pas refuser, elle avait tant fait pour moi, je ne pouvais pas refuser sa requête. Mais aussi, parce que j’avais toujours rêvé de cela, d’être utile pour tous, de donner de moi pour le clan, c’était prématuré et une promotion aussi improbable que rapide pour moi, mais au fond de moi, entre l’angoisse et la terreur, je su que c’était ce que je voulais. J’étais juste prise de cours et j’avais du mal à y voir clair. Je levais la tête, lançant un regard implorant vers Etsu :

« Tu resteras à mes côtés pour m’aiguiller, hein ? Peu importe les raisons qui te pousse à quitter ton poste, tu resteras toujours avec moi pour m’aider à ne pas faire n’importe quoi et à prendre les bonnes décisions pour le bien de tous, hein ? »

Je replongeais mon visage entre main, sans l’écouter, toujours piéger dans ma trogne, puis commença à baragouiner pour moi toute seule, à la recherche de solutions et de calme pour moi-même, pour savoir ce que je voulais vraiment :

« Moi cheffe ? Vraiment ? je ne m’y attendais pas, suis-je à la hauteur ? Purée ce que ça me fout les chocottes… Mais c’est une occasion unique qui ne se représentera jamais Hitagi, si tu veux tous les aider, c’est maintenant et tu auras Etsu à tes côtés, tout ira bien ! Tout ira bien ! »

Je vidais mes poumons, puis je me relevai, plantai mon regard dans celui d’Etsu, puis déclarais, l’air moins sûr de moi que je ne l’aurais voulu :

« J’accepte Etsu, parce que tu me le demandes et parce que je sais qu’avec toi a mes côtés, tout ira bien. J’ai plus ou moins toujours rêvé de cela, mais c’est si soudain… mais… mais je veux le faire pour tous nos frères et sœurs qui ont besoin de quelqu’un pour les aider… si je peux être cette personne, alors je ferais de mon mieux pour l’être ! »

Je me retournais alors, me mettant à glousser de manière incontrôlable tant j’étais à bout de nerfs, puis je me calmais, restant dans le silence sans rien dire pendant plusieurs secondes, regardant le ciel couvert et la tempête de neige faisant vibrer les pins, puis d’une voix douce et calme, murmura :

« Qui l’eût cru il y a trois ans que l’abrutie violente que j’étais se retrouve un jour à ce point de sa vie ou elle peut faire de grande chose, parce que sur son chemin, elle a été guidée et éclairée par tant de rencontres et de personnes qui l’ont forgé… J’ai parfois l’impression que cela date d’une vie antérieure, cette perte de sens dans ma vie, incapable de concevoir un futur pour moi autre que la mort le sabre à la main. Mais, quand je regarde maintenant l’avenir pour moi, j’y vois quelque chose de plus radieux et des possibilités pour être heureux. Je ferais de mon mieux pour transmettre ces possibilités pour être heureux au clan, quitte à y dédier toute ma vie… Je rêve d’en finir avec ce monde et ces règles, j’ai envie de penser d’autres possibilités pour nous Etsu… Et si tu es à mes côtés pour me guider et me conseiller, j’ai envie de croire que nous sommes invincibles ! »

Je me retournais vers mon aînée, puis m’approchant d’elle, la serra dans mes bras, ne la lâchant pas, lui murmurant à l’oreille :

« Merci Etsu pour ta confiance, tu n’auras pas de raisons de te plaindre de moi, je ferais de mon mieux pour être digne de tes attentes à toi et à tous… »

Après quelques instants, je me séparais d’elle, toujours incrédule de la tournure de cette balade. J’étais toujours sur le cul de ce qui se passait dans ma vie, c’était un truc de fou. Toutes mes interrogations sur le comportement d’Etsu étaient résolus et alors que je m’apprêtais à reprendre ma marche, un dernier éclat d’interrogation me revint en tête :

« Au fait j’ai pas écouté tout à l’heure, pourquoi tu quittes le poste de cheffe ? »






   

   

   


   
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Ma proposition la surprenait, et le contraire aurait été étonnant. Personne n'attendrait que je cédasse les rênes subitement de la sorte, et de l'aveu de Buntaro lui-même, personne ne s'attendrait non plus que je choisisse Hitagi pour me succéder. Il ne fallait que peu s'étonner pour que la principale intéressée soit un peu sous le choc. Bien évidemment, le doute fut la première chose qui s'empara d'elle. Je ne pouvais pas réellement savoir ce que cela faisait. Moi, je désirais ce poste depuis l'enfance et je m'étais donnée les moyens de l'obtenir. Il n'y avait rien de surprenant, si ce n'était que je voulais surtout bien faire les choses. La seule approbation dont j'avais besoin était celui de mes pairs. Ici, on faisait les choses différemment. Je voulais transmettre un idéal, celui que je m'étais évertuée à bâtir avec mes camarades.

" Oui, j'ai toujours voulu être à la tête de ce clan. Tu imagines bien que je ne t'ai pas choisi à la légère. "

Je laissais échapper un soupir parce que je savais que j'en garderais de l'amertume mais... c'était pour le mieux, j'en étais convaincue. De plus, il ne me fallait pas être amoureuse de ce pouvoir, sinon je ne vaudrais pas mieux que mes prédécesseurs ou bien tout autre chef de clan. J'essayais simplement de me convaincre que j'avais la sagesse de savoir quand me retirer.

Je me tournais vers Hitagi et posai l'une de mes mains sur son épaule quand je la sentis un peu paniquer. Il fallait qu'elle gardât la tête froide, tout n'était pas encore joué mais elle aurait mon appui. Je supposais que cela pouvait compter.

" Ne panique pas. On n'apprend pas à diriger tout un clan en une nuit, mais il faudrait que tu commences à avoir un peu plus confiante en toi, comme moi je le fais déjà. Quant au conseil, je m'en occupe. Ils ne seront pas un frein, mais il est évident qu'ils t'auront sans doute plus à l'oeil que moi. "

Ils connaissaient tous le tempérament de feu d'Hitagi, ils douteront de ma décision et mettront un veto sur le sujet, ou en tout cas, Kamejiro n'hésiterait pas à le faire comme un garde-fou. Si elle décevait ou ne convenait pas, alors il prendrait la décision de placer quelqu'un d'autre. Cependant, j'étais confiante, non seulement parce que je la savais forte mais aussi parce qu'elle avait tout simplement gagné en maturité. Elle n'était plus la même femme, plus celle qui était rongée par une colère incontrôlable. Elle avait... grandi.

" Bien évidemment que je ne vais pas t'abandonner. Je resterai à tes côtés. Je t'épaulerai et je t'aiderai tant que tu estimerais avoir besoin de moi. De toute façon, le temps que je m'occupe de convaincre le conseil, cela nous laissera un peu de temps pour te préparer. "

Jamais je ne serais assez cruelle pour tout lui laisser sur les bras, sans aide, sans explication, sans rien. Je ne possédais pas ce venin dans mes veines et puisque j'avais déjà commencé à poser les premières pierres de notre reconstruction, je lui cèderais juste les outils qui étaient les miens.

En tout cas, cela me rassurait de pouvoir percevoir ses doutes et sa détermination grandir au fur et à mesure. Je ne pus m'empêcher même de rire quand elle me déclara qu'elle accepta. Là, je la reconnaissais bien. Ce fut alors que je lui souris, hochant de la tête dans un oui qui signifiait que c'était parfait. Cela me soulageait que ma proposition ne tomba pas à l'eau parce que sinon, je n'aurais su vers qui me tourner. La seule personne qui aspirait à prendre le pouvoir, c'était Kamejiro et il était la dernière personne que je voulais voir à la tête du clan.

Mais voilà, suite à notre échange et les propres réflexions qu'Hitagi eut pour elle-même, elle me prit dans ses bras par surprise, me serrant chaleureusement contre elle. Il me fut étonnamment naturel de lui rendre son étreinte, alors que j'étais assez connue pour ne pas trop aimer que l'on me touchât. Cependant, Hitagi était comme une petite sœur.

" Je n'ai aucun doute, Hitagi, vraiment aucun. J'ai hâte de voir ce que tu feras. "

Le réconfortant simplement, on s'apprêtait à reprendre notre route quand elle finit par me poser LA question. Je me raclais un peu la gorge, gênée de devoir avouer dans quel état j'étais, sans me rendre compte que mes joues rougirent de plus belle.

" Oh... euh... Hmm... et bien, en fait... je... je suis enceinte. "

J'avais l'impression d'avoir commis une faute terrible et je n'osais porter mon regard sur mon amie. Est-ce qu'elle allait me juger ? Je n'étais même pas mariée, je dérogeais à toutes les règles, et surtout... le père était celui qui souffrait de bien des jugements du clan lui-même. Tout ceci était une vraie folie.

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Chinoike Hitagi






   
L'héritage  

   




   
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 Savoir qu’Etsu resterait à mes côtés et qu’elle mettait en moi une aussi grande confiance avait de quoi me faire tourner la tête et me filer de ces chocottes : j’étais terrifiée. Ce n’était pas peu rien comme responsabilité à vrai dire, à l’instant où j’avais dit oui, j’avais senti mes épaules se crisper sous le poids qui était désormais le mien, c’était mon fardeau de faire au mieux pour leur offrir une vie meilleure.

Mais ma sœur avait raison, je devais avoir confiance en moi. Quand je regardais derrière moi, il y avait un tel chemin que j’avais parcourus, sans mourir, sans trop déconner, en regardant devant moi, un chemin au moins aussi long s’étendait et il y avait moyen de faire de belles choses, de grandes choses. J’avais la possibilité, la force de faire changer les choses pour faire ce dont je rêvais une réalité. Je continuais de calmer ma respiration, cela allait bien se passer, le fait qu’Etsu ait rêvée toute sa vie de ses responsabilités et qu’elle me les laisse témoignaient effectivement de sa confiance pratiquement aveugle en moi, autant que je me sentais capable de mettre ma carcasse et mon âme entre ses mains expertes, elle se sentait à me rendre la pareille, mais aussi de mettre la vie de tous ceux qui croyaient en elle dans les miennes aussi. Puis effectivement, je ne pouvais pas prendre la pleine mesure de mes nouvelles responsabilités en un jour, ce sera un apprentissage de tous les jours, pour être à la hauteur et j’étais sûre d’avoir la meilleure des professeures, la plus sérieuse et dévouée. Rien ne pouvait et ne devait nous arrêter.

Je devais et pouvais avoir confiance en nous. Peu importais finalement pour ma gueule et moi de devoir marcher sur des œufs, le mérite de gagner ma place n’en sera que plus grande. Le conseil aurait raison de me garder à l’œil, l’inverse serait stupide, une telle décision, leurs vies ainsi que celles de leurs compatriotes étaient désormais dans mes mains. Ce n’était pas quelque chose qu’on pouvait prendre à la légère et cela me rassurait de sentir derrière moi une armature aussi solide et puissante pour me soutenir dans l’avenir que je poursuivrais de mes mains. Ce monde-là existera, ou tout du moins je ferais de mon mieux pour le faire advenir.

Lorsqu’elle racla la gorge, je me retournais vers Etsu, j’avais été perdue dans mes pensées durant un instant, mais le froid mordant et le temps de chien de l’isthme était de retour. En me tournant vers elle, je remarquais alors qu’elle était rouge, comme une tomate, elle n’était pas aussi rouge quelques instants plus tôt. Aurait-elle trop froid ? Je m’apprêtais à lui dire que nous devrions recommencer à marcher, pour nous réchauffer, lorsque ma sœur ouvrit la bouche, parla, puis ferma la bouche. Je restais immobile quelques instants, ne comprenant pas dans un premier temps le sens de ces paroles, jusqu’à ce que je comprenne, que mes yeux s’exorbitèrent.

De toutes les explications données par Etsu, ce fut à la fois la plus simple, pourtant la plus improbable et celle que j’attendais le moins : une grossesse. Je me mis à bégayer, le rouge me montant moi aussi aux joues, gênée et abasourdis par la situation :

« Oh par Bishamonten cela veut dire que… tu as déjà… oh, mais bien sûre tu es une jeune femme, je suis bête… évidemment que tu as déjà dû… »

Je reculais de trois pas, me sentant prête à tomber sur le cul après cette nouvelle. Je n’avais jamais discuté de telles choses avec Etsu et le faire là dans la neige, après que j’ai appris qu’elle avait couché avec quelqu’un me mettait légèrement mal à l’aise, je ne savais pas vraiment sur quel pied danser, c’était vraiment la situation la plus improbable dans laquelle je pensais ne jamais me retrouver. Découvrir que Ryuku était une femme m’aurait sûrement moins surprise que cette nouvelle-là.

« Fé…félicitation ? Je… oh je ne sais pas comment réagir ma sœur… Je me sens trop perdue, je ne pensais jamais avoir à discuter de cela avec toi. »

Je fis un tour sur moi-même, ricanant de manière incontrôlable, sans pouvoir m’arrêter. C’était vraiment une drôle de journée qui achevait de me faire comprendre pourquoi Etsu avait été bizarre toute la journée depuis ce matin. Il y avait de quoi être retournée, pour elle comme pour moi. Mais il y avait encore quelque chose que j’ignorais et pas des moindres, qui était le père ? Je n’avais jamais vu un homme autre que Buntaro rôdé aux alentours d’Etsu, pourtant il n’y avait entre eux pas la moindre étincelle de romance, il n’y avait pas cette électricité perceptible entre deux amants, alors qui cela pouvait-il être. Serait-ce possible que… ?

« Oh non Etsu, je t’en supplie, dis-moi que le père n’est pas Ryuku ? Est-ce que toi et lui, vous avez déjà… oh je ne veux pas imaginer ça… »

L’idée paraissait presque sensée, tant la haine et embêter quelqu’un pouvait être une forme d’amour. L’aurait-il toujours aimée en secret et brûlait-elle du même feu que lui cachant elle aussi ces sentiments ? Tout cela me faisait tourner la tête, quelle terrible histoire, je ne savais plus ou me mettre moi, ça n’avait aucun sens…





   

   

   


   
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Chinoike Etsu
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Ft Chinoike HitagiComme une course de relais
Héritage
J'avais réussi à le dire, j'avais réussi à avouer l'état dans lequel je me retrouvais. Je supposais que n'importe qui aurait été capable d'assumer la chose avec plus de fierté, mais pour une raison obscure, j'avais honte. C'était ridicule, je le savais bien, mais dans ma tête je n'arrêtais pas d'imaginer que l'on put me prendre pour une débauchée ou une femme de petite vertu. Je n'étais pas mariée après tout, personne ne me connaissait de compagnon. Je ne vivais que de mon travail et là, je devais justifier, ou tout du moins, je pensais devoir me justifier de mon état. Bien évidemment que je m'attendais à ce que l'on me demanda comment c'était possible et c'était peut-être ce qui me gênait le plus. Comment expliquer être enceinte quand on menait une vie comme la mienne ?

Si je devais être honnête, il me fallait assumer l' "accident". Toutefois, reconnaître la façon dont tout était arrivé... c'était encore plus gênant, et cette simple pensée me faisait rougir. Je me sentais si stupide... Devais-je regretter ? Je m'étais rendu compte que je n'y arrivais pas, même si cela bouleversait tous les plans qui étaient les miens. Je portais en moi la vie d'un Chinoike... seulement, je n'avais espéré cette consécration que bien plus tard... et dans une réalité bien moins folklorique. Si ma nature bourreau de travail m'avait préservée - ma pudeur aussi - j'avais imaginé me préserver pour un mariage diplomatique afin d'offrir plus de force et puissance au mien, une alliance au travers de laquelle le sacrifice de ma vie personnelle n'aurait été que peu de chose. C'était totalement raté.

J'étais pourtant ambitieuse, je l'avais toujours été. J'aurais pu taire mon secret, j'aurais pu l'enterrer, n'en parler à personne. J'aurais pu continuer mon rôle et rester à la tête des Chinoike et continuer dans la voie que je m'étais décidée depuis des années. J'aurais pu me faire porter pâle pour un temps, trouver la force de m'en remettre et continuer. Juste continuer. Je n'avais pas réussi à m'y résoudre, à me convaincre que j'aurais supporté cela. Mon souhait était de protéger les Chinoike. Comment aurais-je pu ne pas sauvegarder celui que je portais ? Inconsciemment, je savais aussi que le poids de cette décision reposait aussi sur l'identité du père.

Par contre, je devais avouer que je ne m'attendais pas du tout à une telle réaction de la part de Hitagi. Bien que j'avais le visage empourpré, je ne retins pas un froncement de sourcil.

" J'ai déjà quoi ? "

La question était rhétorique. Je n'avais aucune envie de m'étendre sur la question. J'étais déjà bien assez embarrassée.

" Si cela peut te rassurer, je ne m'attendais pas non plus... à ce que cela arrive... enfin pas si tôt. Je ne le voulais pas, mais c'est arrivé. Enfin je ne le voulais pas... je ne sais pas comment l'expliquer. "

Je ne retins pas une petite moue ennuyée. Voilà que je commençais moi-même à chercher des excuses. Mais des excuses de quoi ? Il n'étais pas si choquant qu'une jeune femme comme moi eut une vie, non ? Par contre, mon choc fut d'autant plus grand quand elle osa imaginer le pire.

" QUOI ? Ryuku ? Vr... vraiment ? Tu crois vraiment que j'aurais pu fauter avec ce crétin !!! "

J'étais furibonde. Comment pouvait-elle croire que j'aurais pu tomber dans les bras de cet idiot de chauve, d'autant plus qu'il était aussi bête que ses pieds et que, qu'importait la situation à imaginer, jamais O grand jamais cela aurait pu être crédible. Même sous un genjutsu !

Je croisais alors les bras, maugréant dans la barbe et lui tournant le dos.

" Je rêve !! Ryuku !! De tous les noms, c'est le sien qui te vient à l'esprit ? C'est avec lui que tu me verrais être ? C'est Tsumi bon sang ! Tsumi ! Ryuku... quelle horreur... "

Dans mon emportement, je ne m'étais même pas rendue compte que j'avais donné le nom de mon ami... enfin ami... pouvais-je toujours l'appeler ainsi ? Par tous les dieux de l'Isthme, je ne savais absolument pas comment me situer dans toute cette histoire...


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 Mais si je ne savais pas ou me mettre, Etsu non plus ne savait pas non plus ou se mettre, tant elle fronçait les sourcils et sautait d’un pied sur l’autre, reprenant certaines de mes phrases sans que je ne sois capable de lui répondre, cela aurait équivalu à discuter de sa vie sexuelle avec elle et plus que tout je n’avais pas envie du tout de faire ça. Entre elle et moi, les choses n’étaient pas comme ça, nos relations ne ressemblaient pas à cela. Devant moi, la jeune femme enceinte semblait presque attristée par cette nouvelle, qui semblait lui tomber dessus aussi brusquement que le poste de cheffe tombait sur moi. Elle était prise de cours de toute évidence, perdue et voir quelqu’un que j’avais toujours admirée en partie parce qu’elle savait ce qu’elle faisait, ce qu’elle devait faire, la marche à suivre, la voir si perdue était déchirant. C’était comme si elle était résignée par sa situation et cela me peinait.

Ma déduction était de toute évidence mauvaise, vu comment elle explosa à la mention du nom de Ryuku, de toute évidence, elle ne brûlait pas d’un grand feu d’amour pour lui. Cette colère soudaine et ce choc me firent sourire, tant cela lui ressemblait bien d’être choquée de la sorte par pareille déduction ratée. Elle était malgré cela toujours la même. Je ne pu m’empêcher de noter cependant qu’elle voyait cette grossesse comme une faute, comme si un contrat l’empêchait d’aimer. Ce fut à mon tour de froncer les sourcils. J’avais déjà de la peine pour cet enfant si sa mère considérait sa création comme une faute. Etsu était douée, douce, agréable et présente, mais malgré tout, elle n’était pas exempte de défaut et avoir toute donnée pour le clan, jusqu’à sa vie privée l’avait rendu peu douée sur tout ce qui était du versant de l’émotion et cela se voyait, elle était perdue. Cela achevait de me rendre triste pour cet enfant qui était une super nouvelle, parce que cela voulait dire qu’Etsu aimait, elle n’était pas du genre à s’offrir à quelqu’un sans l’aimer, je la connaissais bien. Et pourtant, elle ne semblait pas le voir de cette manière.

Elle était tant choquée et sûrement un peu énervée sur le moment qu’elle se retourna, croisant les bras. Son comportement un peu enfantin me fit rire, elle continua à se plaindre jusqu’à ce que j’apprenne le nom du père et de l’amant et à ce moment-là, les bras m’en tombèrent. Tsumi. Je savais qu’elle et lui étaient proche, vu qu’elle lui avait littéralement sauvée la vie et avait redonné du sens à son existence, mais de là à les voir ensemble ? Je n’étais pas particulièrement du genre observatrice, tant j’avais déjà du mal à vivre ma vie et savoir ce que moi je ressentais, mais une fois la surprise passée cela ne me choquait pas. J’étais une des seules dans le clan à être capable de voir ce que Tsumi avait de meilleur, de pire, mais aussi de meilleur et c’était une bonne personne. Mes deux meilleurs amis s’étaient tellement rapprochés de leurs côtés et j’avais été si aveugle, cela acheva de planter une stalactite dans mon cœur, me maudissant pour mon égoïsme à m’être seulement concentrée sur moi-même. Finalement si les deux étaient heureux, c’était le principal. Je décidais de m’approcher d’Etsu, puis l’enserrait doucement par-derrière, pour l’empêcher de fuir, avant de murmurer à son oreille, en rigolant :

« Je suis désolée si je t’ai choquée avec Ryuku, je suis soulagée d’une certaine manière, ce serait un couple un peu trop excentrique. Je ne suis pas vraiment du genre observatrice, voir ce qui est devant mes yeux est parfois difficile. »

Je lâchais un petit rire, puis repris :

« Tu sais Etsu, j’ai pas la science infuse, mais je ne pense pas qu’aimer au point de s’offrir à quelqu’un soit une mauvaise chose, ni même une faute. Aimer ce n’est pas fauter, aimer c’est juste magnifique. Et même si c’était une erreur, ce que je ne pense pas, un enfant, un tout petit bébé ce n’est pas une faute, c’est une chance incroyable ! »

Je la libérais, tournoyant sur moi-même sous les flocons qui pleuvaient du ciel gris.

« Tsumi est une bonne personne, particulière parfois, mais une bonne personne, il s’occupera bien de vous deux et si ce n’est pas le cas, je viendrai lui botter les fesses ! Cela m’a surpris sur le moment, mais ça ne m’étonne pas, depuis votre rencontre, depuis que tu l’as libéré, il ne vit que pour toi, tu l’as sauvé ce bon vieux Borgne, tu le rends sûrement heureux Etsu et si lui te rends heureux, alors c’est le principal. »

L’avenir se dessinait pour le clan, tout changeait, tout évoluait, un nouveau monde se dessinait, dans lequel un peu de douceur était présent, ou les naissances et l’amour façonnait le monde. Je n’étais pas dérangée par ces évolutions qui faisaient de l’isthme un lieu ou il faisait meilleur et ou il était plus agréable de vivre.

   

   

   


   
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