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Un plan au-delà des plans [Mission C - le Tailleur]

Mori Jorō
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C'est avec une certaine appréhension que je toque à la porte de l'atelier de celui que l'on surnomme l'Epouvantail. Je me répète silencieusement les ordres secrets de l'Intendant Hayato et me prépare au pire, entre mon toc toc et le moment où on me permettra d'entrer. Je ne suis certes pas des plus frileux lorsque vient le temps d'affronter plus fort que moi, mais à l'hésitation de mon senpai, j'hésite à tourner les talons et accomplir cette mission seul, au meilleur de mes capacités. Puis l'idée de ma défaite contre Yukio me rappelle que contre l'adversité réelle, j'ai bien peu de chances. Alors j'attends que l'on vienne m'ouvrir ou que l'on m'ordonne d'entrer. Puis le temps s'étiole dû à ma nervosité et ma vigilance devient importante. Mon nez aux aguets, je perçois au travers de l'épaisse porte en bois des notes florales qui émoustillent mes sens, comme le font les décoctions de Père. Malgré ses envies de meurtre envers Mère, mon géniteur n'est pas un mauvais bougre lorsque vient le temps de parfumer la maison, mais il a cessé depuis des années désormais que mon nez est aussi fin que celui de Jiji et que ces mélanges m'étourdissent.

Hayato a fait référence à un problème entre le clan et mon nouveau sensei, mais au contraire de ce que peut penser mon aîné, j'ignore complètement cet événement. Déjà bien préoccupé par mes petites vengeances personnelles et le temps à consacrer pour gagner en force et les accomplir, je ne me fiche royalement des autres Nozomo et leurs aventures. J'ai été élevé dans la plus pure des traditions du clan, où l'individu prime et où les rixes sont coutumes. Mes parents gloussent au moindre coup de pute ; j'ai deux doigts, un oeil et beaucoup de morceaux de chair manquants pour appuyer mon point. Si je ne m'élève pas dans les bonnes grâces de Jiji, je ne peux espérer devenir un Nozomo respectable.
Pour les deux cousins adoptés, notre fierté semble différente. Yukio possède cette nonchalance à s'éloigner des principes fondamentaux de nos combats et Hayato... bah, il a un arc quoi. J'ai beau les admirer, jamais je ne peux en parler, car Jiji m'a déjà réprimandé en me paralysant de ses intentions meurtrières. Autrement dit, la tendresse que me portent les frères m'apaise autant qu'elle me dérange. Rencontrer le Tailleur, avec cette boule au ventre de frayeur inavouée, est plus de mon répertoire.

Perdu dans mes pensées, la réponse se fait longue et je toque à nouveau.

SENSEI! C'MOI, BUNBEI, OUVREZ OU J'DÉFONCE-SHAAA!

Quoi dire de plus ? Quand j'ai peur, j'aboie. Des fois, je me demande si je suis tant différent de ce coyote que j'ai traqué, l'autre jour. Mais j'aime aussi mettre en scène les menaces que je profane.
Il peut paraître étrange qu'un genin minuscule profane ainsi la tranquillité du voisinage, surtout lorsque le-dit genin n'a jamais rencontré le propriétaire de la porte. Une simple note, au parfum étrange, lovée dans la malle, pour lui annoncer la formation d'Itami, sa nouvelle équipe, et de récupérer un parchemin de mission avant de venir le retrouver, lui, son sensei. Est-ce un jeu de la part de Dakuwanda-sensei ? Quel type d'homme peut-il bien être ? Est-ce un test, du genre retrouve-moi si tu veux être mon élève, attrape ces clochettes à ma ceinture, un truc de confiance et de force de caractère à l'eau de konohajin ? J'en doute.
Mon poing se serre et cette fois je laisse exprimer ma colère d'être ainsi en plan.

BORDEL MAIS TU VAS M'OUVRIR ??!!

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Dakuwanda Kirai
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Il est des situations pour le moins amusantes qui pour autant, reste remplis de myriades de possibilités. Le Tailleur le sait, rien n'arrive par hasard. Pourtant, il arrive que parfois, le hasard pousse à des situations pour le moins... Incongru. Comme un instant où les bras de sa douce Erisa tentent de le retenir, cherchant une fois de plus à se repaître d'un appétit que l'Epouvantail ne tiens pas à honorer. Pas cette fois, pas maintenant. Les idées bouillonnent dans son esprit et les récents événements l'empêchent même de dormir. De quoi s'agit-il ? Et bien, de beaucoup de choses. Mais parmi le tas de concept qui s’amoncellent, celui d'un Hayato aux commandes d'un village ne cesse de le laisser pantois. Certes, il n'est pas chef, mais le poste de l'Intendance qu'il détient met en avant bien d'autres opportunités qui ne vont pas tarder à pousser Kirai à l'action. Il en est persuadé.

Cependant, le manque de sommeil le pousse a s'extirper de son atelier. Une fois n'est pas coutume, c'est auprès de Mana qu'il va se recueillir. La légiste s'avère être devenu une connaissance des plus agréables, tendant plus vers la sincère amitié, saupoudré par quelques liens d'intérêt sur les travaux du Dakuwanda. Mais lorsque la nuit ne porte plus conseil, il est des substances que les médecins de Suna aime à garder pour eux. Des concoctions dont il aime s'abreuver de temps à autre, laissant son esprit soufflé l'espace d'un instant, assez pour trouver le sommeil. Et par conséquent, oublier que le lendemain à l'aube, un ignoble petit cafard doit venir le quérir pour une mission des plus banales...

Et pendant alors que les ombres laissent place à la lumière, une jeune présence se retrouve à la porte de l'atelier, inconscient de ce qu'il s'apprête à déchaîner...

À demi-nue, encore bercée par les bras de la nuit, une jeune femme à la peau aussi pâle que la lune bouge délicatement sur le matelas. Le simple draps de soie qui la recouvre suffit à dessiner les courbes majestueuses de ce corps de déesse, alors que sa longue chevelure s'étend sur les coussins, cachant son visage endormie. Paisiblement, elle rêve à Kirai, son frère, à toutes les possibilités que peut-être, un jour, elle aura avec lui. Le songe est doux, presque sucré, alors que doucement, elle se voit se rapprocher de ses lèvres pour en goûter le nectar. Mais alors que la tension est à son comble, un bruit tonitruant vient à secouer son esprit, lui faisant presque perdre le fil de sa pensée. Non, elle est trop proche du but, elle ne peut pas s'arrêter sur ça ! Cependant, le cruel destin décide de provoquer un nouveau vacarme qui finit par la tirer de ce magnifique paradis, pour la ramener auprès du commun des mortels.

Agacée, très fortement, elle pousse sur ses bras pour se relever légèrement. Ses cheveux tombes de par et d'autre de son visage, ne laissant apercevoir qu'un seul œil vitreux scrutant ce qui a bien pu la réveiller. Elle retombe face contre le matelas, étouffant un soupire alors qu'une voix se fait entendre au dehors. La colère prend le pas sur tout et d'un mouvement, elle se relève, simplement vêtu d'un bas alors que le reste de son corps est à peine caché par de longues mèches blanches et noires, recouvrant de manière plutôt habile ses atouts. Et alors que la colère se transforme en haine, elle ouvre la porte, découvrant le frêle petit homme qui lui fait face. L'oeil encore égarée, elle le regarde de haut en bas, révulsant un instant une expression de dégoût tandis qu'elle voit une lettre dont elle reconnaît le papier. Soudainement, tout se connecte dans son esprit embrumée et elle se saisit du jeune homme par le col, le faisant rentrer prestement, le jetant sur un fauteuil en cuir velours sombre. Que peut voir le jeune homme ? Pas grand chose le temps que ses yeux ne s'habitue au manque de lumière de l'atelier. Toujours dans la pénombre, l'ombre de la jeune femme se dandine un instant, se baissant outrageusement pour ramasser une brassière qu'elle enfile.

« Alors... Tu dois être le nouvel élève de Kirai c'est ça ?... Tu sais, ce n'est pas très gentil de réveiller les jeunes femmes comme ça... »

Sa voix est mielleuse, poussant l'esprit à imaginer tous les vices auquel le garçon pourrai s'adonner avec elle. De dos, il peut s'apercevoir de ses formes angéliques, alors que la courbe de ses reins se dévoilent. À quoi peut bien penser la douce demoiselle alors qu'elle laisse à l'appréciation du jeune freluquet ses courbes de femme ? Allez savoir, attendant la réponse elle se retourne, s'avançant vers le Nozomo.

« Qu'importe... Kirai n'a pas voulu jouer avec moi hier soir alors... » dit-elle d'une voix presque enfantine, ne cachant pas le caractère alambiqué de ses propos. Doucement, tel un serpent, elle pose son genou d'un côté du garçon et le chevauche, ses cheveux cachant toujours une partie de son visage. Délicatement, elle glisse sa bouche vers l'oreille de l'élève de Kirai, prenant la voix la plus sensuelle qu'elle puisse avoir alors qu'une de ses mains se posent sur son torse, pendant que l'autre vient chercher l'arrière du fauteuil. « Je pense que je vais calmer certaines frustrations avec toi. » Son doigt actionne un bouton qui enclenche un mécanique du fauteuil, entravant les poignets et les chevilles du garçonnet. Et doucement, le visage de la jeune femme recule, alors qu'il bascule sur le côté gauche, ses cheveux dévoilant son œil aussi noir que la nuit dont la pupille est d'un rouge sanguinaire. Mais le pire reste à venir pour le Genin qui voit alors l'autre partie du visage de la jeune femme, parcouru d'une cicatrice des plus horribles descendant le long de sa joue vers sa nuque, alors que sa dentition lui apparaît à cause de l'absence de joue et de tout tissus préservant sa bouche de l'extérieur. Une vision d'horreur, appuyé par la taille de toutes ses dents en pointes, lui offrant un visage de démon alors qu'elle affiche un large sourire carnassier. « Tu veux bien ? »

Rapidement, elle se retire du fauteuil, permettant au Nozomo de voir que son corps, bien que parfait, est parcouru de dizaines de cicatrices alors que son bras, après un rapide coup d'oeil, ne semble pas être le sien et est rattaché par des coutures rougeâtres. Délicatement, la jeune femme s'attaque les cheveux dans deux couettes parfaitement symétriques, puis, délicatement, ouvre un tiroir de l'atelier dont elle sort une immense scie japonaise qu'elle n'hésite pas à lécher avec sa langue dans un spectacle des plus horribles. « Hm... Je sens qu'on va bien s'amuser. » finit-elle en commençant à s'approcher de son futur jouet...

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Mori Jorō
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Je cogne cogne cogne et mon poing serré d'énervement finit par manquer un battement sur la porte qui s'ouvre enfin.  Stoppé dans mon mouvement, je capte de l'oeil la silhouette féminine désinhibée qui m'accueille d'un mauvais ton.  Un jeu d'échange de regard plus tard (ou plutôt j'ai le mien rivé sur ses grands cheveux clair-obscurs, comme hypnotisé par son audace) et elle m'agrippe pour m'attirer à l'intérieur, sans que je ne connaisse les pas de la valse qu'elle me force à danser vers le fauteuil.  Je remarque toutefois les grands morceaux de tissus qui pendent ci-et-là, dans la pénombre de l'atelier et mon nez capte les relents des teintures et autres potions que peut bien utiliser un Tailleur.  Qui est-elle ?  Que fait-elle ?  J'ai la tête qui tourne à tomber dans le fauteuil et mes mains se coincent entre mes cuisses.  Je détourne l'oeil, dans un souhait mal avoué de lui laisser un peu d'intimité alors qu'elle enfile sa dentelle.  Elle jacasse et me déstabilise.

Heu... t'es aussi une élève de sensei ? dis-je d'un ton innocent, alors qu'elle s'approche a nouveau et que ma respiration s'accélère.  Elle ne me répond pas et commence à grimper ; la chaleur dans mes joues me rappelle la vilaine fièvre après que Père m'aie tailladé le dos par accident.  Tes... tes frustrations ? parvins-je seulement à articuler devant ses avances peu subtiles — mais au combien efficaces !  Ah non... touches-moi pas comme ça... je*

Clic.

Nani ?  Mes membres sont soudainement paralysés par des étaux en fer et la belle inconnue perd automatique tout son charme, malgré la proximité de nos corps.  Lentement, je découvre l'horreur derrière ce masque chevelu et j'avale de travers, plus tétanisé par la situation que par la vision.  Mais merde, pourquoi y'a que des barges chez le sexe opposé ? me dis-je, en bon ignorant des relations homme-femme.  Son sourire trop grand s'étire d'avantage, repoussant le peu de peau qui lui reste dans un rictus qui me glace l'échine, puis elle me démonte et mon oeil désormais adapté à la pénombre, analyse ce morceau de chair rapiécé.  D'abord, un tremblement imperceptible agite ma main droite.

Je suis un peu impuissant devant le spectacle, comme un animal pris au piège.  À l'académie, j'ai appris que certains animaux n'hésitent pas à se ronger la patte pour se sortir de pareilles situations.  Le tremblement de ma main s'accentue.

La folle s'équipe de sa scie et je ne peux m'empêcher, lorsqu'elle l'enduit de sa bave qui ne me parait plus aussi sensuelle qu'au début de notre rencontre, à ce bon vieux Nozomo que tous connaissent, qui a fini par mourrir du tétanos à trop lécher ses couteaux.  Ma main tremble désormais tellement que le métal clique.

BAKAYARO-SHAAA!! cries-je de tout l'air de mes poumons ! T'ES TELLEMENT TARÉE QUE T'AS MÊME PAS REMARQUÉE QUI ME MANQUENT DEUX DOIGTS POUFIASSE !

Au même moment, ma main droite glisse loin de sa menotte, et par une rare occasion, je remercie Baba de m'avoir amputé de l'annulaire et de son frangin l'auriculaire.  Dans un cri guttural qui transmet à la fois ma peur et ma colère, je lui présente d'abord un doigt d'honneur un peu solitaire sur cette main mutilée, avant de la projeter derrière le fauteuil et elle tâtonne à peine.

Re-clic.

Les étaux s'ouvrent et je roule vers le côté dans ce fauteuil au tissu étrange.  C'est pas la plus gracieuse des escapades, mais c'est bien assez pour me permettre tel un chat de me tortiller pour prendre une position de combat plus avantageuse.  Elle a sa scie, moi j'ai ma chaîne, qui siffle et tournoie dangereusement dans l'espace clos.

HEY !  J'COMPRENDS POURQUOI KIRAI NE VEUT PAS D'TOI, FAUT ÊTRE FOU POUR TE VOULOIR DANS UN LIT !! que j'ajoute aux insultes ; puis d'un claquement qui s'enchaîne immédiatement à mes paroles, je fais revenir ma faux dans une main avant de me projeter d'un bond puissant au-dessus du fauteuil. BUNBEI SPECIAL : DOROPPU KIKKU-SHAAA!!!

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Dakuwanda Kirai
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Que n'est pas sa surprise lorsque son joujou en devenir finit par se défaire de ses liens. La surprise se lit sur son visage alors qu'elle s'arrête net, regardant l'énergumène s'agiter avec une frénésie des plus soudaines. A-t-elle dit quelque chose de mal ? Elle le regarde se défaire du mécanisme avant de lui présenter un doigt d'honneur qui la choque bien moins que l'insulte des plus horribles qu'il vient de lui jeter au visage.

« Pou...pouffiasse ?... » répète-t-elle choquée comme un murmure à elle-même.

Le regard dans le vide, Erisa repense à toutes ces fois où les Kunoichi du village se sont moqués d'elle, à toutes les fois où elle a subit la haine et l'incompréhension de personnes dont elle voulait être ami. Encore une fois, la même réaction, face à elle, sa singularité, son visage qui n'est pas ce qu'il devrait être. Et les larmes commencent à monter doucement, alors que sa main se resserre sur le manche de la scie japonaise. Face à elle, le jeune homme fait tournoyer sa chaîne, ne manquant pas de rappeler l'arme qu'a utilisé l'immonde goujat qui l'a défigurer. L'agacement se transforme en colère alors qu'elle va pour répondre à ses insultes. Mais très vite, la voix du garçon se délit et la blesse au plus profond d'elle-même.

Encore des moqueries, encore des méchancetés. Pourquoi tout le monde est si horrible avec elle ? Kirai pense-t-il la même chose que lui ? Est-ce pour cela qu'il ne veut pas d'elle ? Ses yeux s’embrument de larmes qui commencent à couler le long de ses joues, trouvant le chemin a travers de la chair mise à nue jusqu'à sa langue. Elle est un monstre, elle le sait et ça lui fait du mal, beaucoup trop de mal. La goutte d'eau fait déborder le vase et l'élève du Tailleur se jette à corps perdu dans la mêlée dans un coup puissant pointé directement vers son cœur.

« Ne crois pas que tu vas me le briser toi aussi ! » dit-elle en esquivant l'attaque, laissant le garçon s'exploser dans la table de l'atelier et dans tous les meubles qui se trouvent sur son chemin. Attendant qu'il se remette un peu de sa chute, elle lui tourne le dos, laissant son corps de femme se dévoiler sous les quelques rayons de lumières qui passent par les persiennes des volets.

« Tu es méchant... Je voulais simplement m'amuser avec toi... Je sais que je ne suis pas belle mais... On ne m'a pas laisser le choix d'avoir ces cicatrices et toi... toi... Tu te moques de moi ?... Tu vas le payer... Hanayome... Débarrasse moi de cet avorton ! »

« Hihihihihihihihi bien maîtresse ! » répond une voix fluette sortie des ténèbres alors qu'entre Erisa et Bunbei se dresse dans les airs un pantin à l'allure macabre dont les vêtements ne manquent pas de rappeler une tenue de mariée alors que dans sa main gît un énorme couteau de cuisine. « Hihihihihihahahahaha alors mon petit ? Tu as été méchant avec ma maîtresse ? Ce n'est pas gentil d'être méchant ! Tu vas payer pour ça ! À l'ATTAQUE ! » hurle-t-elle alors que d'autres petits pantins s'élèvent dans les airs, tous armés jusqu'au dent avant de se jeter contre le gamin.

Pendant ce temps...

« Hm... »
« Tu es enfin réveillé ? » demande la directrice de la morgue à son ami endormi sur son canapé.
« Ah... ma tête... »
« Ne me dit pas que tu as mal dormi, tu as presque fait le tour du cadran ! » répondit-elle en lui présentant une tasse de thé qu'il s'empresse de prendre après s'être assit.
« Non ça va... Je suis juste un peu engourdi par les effets des médicaments. » lui avoue le Tailleur alors que le liquide chaud embrase ses entrailles et l'extirpe peu à peu de ses songes.
« Ca devrait passer. D'ailleurs tu m'excuseras mais il est tard, je vais devoir te laisser j'ai d'autres choses à faire. »
« Hm ? Mais il est quelle heure ? »
« Tard ! Ou très tôt, mais toujours trop tard quand il s'agit de gâcher mon temps si précieux ! » rétorque la femme en lui jetant son manteau à la tête. « De plus, tu ne devais pas recevoir ton nouvel élève aujourd'hui ? »
« Ah mince, il est vrai... Rah... Je n'ai pas envie... »
« Ca se voit... Pourtant, va falloir y aller ! »
« Oui... Surtout que j'ai laissé Erisa toute seule. »
« Boarf, tu crois vraiment que ça peut poser problème ? »
« Tout dépend de comment elle s'est réveillée ce matin... »



Hanayome - Attention image pouvant choquer:
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Dakuwanda Kirai
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La porte de l'atelier s'ouvre sur une ombre vêtu d'un chapeau. Pour ce dernier, le choc est à la mesure de son agacement matinale. Devant lui, se dresse un capharnaüm qui il y a peu de temps était sa maison. Mais son sanctuaire se retrouve souillé, du sang tâche les murs tandis que les peaux sont maculés de crasses. Les outils gisent par terre alors que les mannequins sont au sol. Le chaos dans sa plus immonde des formes prend vie devant le Tailleur qui ne sait quoi dire. Sa main se referme sur la porte, la faisant claquer derrière lui. La trappe menant à la cave a été ouverte, il le sait. D'un pas léger, il s'avance vers sa future victime. La colère est grande, d'autant qu'il marche pas inadvertance sur un pantin miniature dont le bois craque sous son poids. Erisa. Que lui est-elle passé par la tête ?

Il descend d'un pas lent les escaliers, le visage toujours fermé par la rage qui bouillonne en lui mais dont il reste maître. C'est là qu'il les voit, lui plaqué au mur par des marionnettes démoniaques, tandis qu'elle est là, à moitié nue, le narguant d'un couteau. Une fois de plus, l'Epouvantail se voit contraint de corriger les déboires de sa pauvre sœur. Et malgré tout l'amour qu'il lui porte. La correction sera un châtiment moins doux que la mort. D'un simple mouvement de la main, Kirai récupère le couteau qui vole jusqu'à ses doigts, provoquant la stupeur de la jeune femme qui se retourne alors, prenant conscience de la situation dans laquelle elle se trouve maintenant. Elle sait qu'elle a fauté, mais dans son regard, son frère ni voit que de la tristesse.

Peut-être est-ce parce qu'il la voit ainsi à moitié nue, qu'il peut contempler l'horreur de ses paires sur le frêle corps de la jeune fille, qu'il peut voir toutes les parties de son être qui ne sont pas d'elles. Mais le regard du Tailleur s'adoucit. Doucement, il ouvre ses bras, ne quittant pas du regard Erisa dont les yeux commencent à s'imbiber de larmes. Portée par l'émotion, elle se jette dans ses bras qui se referme sur elle pour la tenir à l'abri, en sécurité, loin des immondices de ce monde et de tout ce qui a fait qu'elle est ce qu'elle est aujourd'hui. Ses lèvres embrassent son front tandis que ses sanglots font contre-temps aux caresses. Paisiblement, les marionnettes relâchent leur prise, laissant le corps du jeune garçon s'échouer lourdement sur le sol.

« C'est fini... Je suis là... »

Les minutes deviennent des heures, et la situation s'apaise doucement. Néanmoins, Kirai ne manque pas de réprimander sa sœur qui ne sait quoi dire si ce n'est reconnaître sa faute. Bien loin des tourments qu'il eut imaginé, l'Epouvantail s'amuse de la situation, lui ordonnant néanmoins de tout nettoyer le temps qu'il s'occupe du pauvre bougre qu'elle a malmené. Encore inconscient, ce dernier se voit porté par Hikari surgissant d'un coin de l'atelier. Paisiblement, la marionnette le soulève du sol, emboîtant le pas du Chapelier qui sort de sa veste sa toute nouvelle création : Un cheval de bois miniature. La vision de ce dernier lui provoque un sourire tandis qu'il le jette devant lui, créant ce lien si particulier qui lui fait quitter sa condition pour devenir plus imposant. Le jouet devient alors une monture des plus magnifiques, d'où s'échappent quelques flammes bleutés de chakra lui offrant un aspect infernal. Un doux caprice qui aujourd'hui va pouvoir faire ses preuves. Déposant le jeune homme à l'arrière, l'homme monte la bête suivi de sa douce, s'amusant à s'élancer au galop dans les rues de Suna, tandis que la foule se dessine de plus en plus compacte, un sourire se dessine sur son visage. D'un simple mouvement de poignet, la marionnette bestiale s'élance contre un mur, le chevauchant comme s'il pouvait s'agir de quelque chose de normal, mais qui provoque l'étonnement général.

Parcourant les rues comme les toits sans aucune difficulté, le Tailleur finit par arriver à sa destination. Reprenant le garçonnet, Hikari suit son maître dans les couloirs labyrinthique de l'hôpital de Suna. Au bout de quelques minutes, la chevelure ébène de la directrice de la morgue apparaît, soucieuse de voir son ami détenir un enfant, qui plus est un genin dans les bras de sa marionnette.

« Qu'as-tu fait Kirai ?! » s'énerve-t-elle en s'approchant de la victime, lui tâtant le pouls.
« Moi ? Rien... Erisa par contre... » répond t-il avec déférence, voir, un certain amusement.
« Tu sais que tu vas avoir des problèmes ? »
« Sans doute... Mais cela apprendra aux Hautes Instances à me coltiner un bambin dans les pattes... »
« Attends... Tu veux dire qu'ils t'ont vraiment assigné des Genin ? »
« Que veux-tu ? » répond t-il en haussant les épaules. « L'erreur est humaine... Cependant, si tu pouvais t'occuper de lui ? J'aimerai éviter que l'on me colle son décès sur le dos, si tu veux bien ? »
Confiant le gamin aux médecins présents, le Tailleur salut une dernière fois son amie avant de retourner jusqu'à sa monture, se rendant compte qu'un rouleau gît sur le sol, juste à côté. Curieux, il se penche pour ramasser l'objet, lisant son contenu avec assez peu d'intérêt avant de laisser s'échapper un long soupire. Délicatement, il referme le parchemin, le plaçant dans une poche intérieure à son manteau, reprenant sa course folle jusqu'à la place forte du village, là où l'Intendance et le bureau des missions, ainsi que des équipes se situent.

D'un pas lent, il s'avance dans les couloirs, la présence du cheval démoniaque provoquant une certaine cohue au sein de l'établissement, tandis que l'Epouvantail arrive dans le bureau d'Hayato, déposant le rouleau de mission.

« Je vous prierai de ne plus jamais m'incomber d'enfant au sein de mon équipe. Le simple fait d'en avoir une est déjà un supplice, alors pour la santé de Suna, veillez à éviter de refaire cette erreur. Le Genin est à l'hôpital et non, je n'y suis pour rien. Tenez votre ordre de mission. » dit-il en lâchant sa prise avant de se retourner. Mais un réflexe vient perturber sa sortie tandis que sa main chope au vol le projectile qu'il reconnaît très vite. Se retournant, il peut voir le regard de l'Intendant se poser sur lui. En un seul échange, ils se disent bien plus que par de grands discours. Visiblement agacé, le Tailleur referme sa main sur l'artefact dont le papier se froisse avant de quitter le bureau, le visage amer et la frustration se lisant sur ses lèvres pincées.

D'un geste brusque, il l'ouvrit à nouveau, reprenant conscience des enjeux et de ce qui lui est demandé. Retrouver un traître, parmi les êtres les plus vicieux de Suna. Une véritable partit de plaisir que de rendre un service à ce Clan pour lequel il n'a qu'amertume et défiance. Pour autant, le Tailleur se remet en selle, se jetant à l'assaut des rues du Village, se rendant au domaine Shirogane, là où tout a commencé pour lui, sa sœur et leur petit-frère. Quittant la bestialité de sa marionnette, l'Epouvantail s'avance dans ce lieu qu'il répugne, faisant face aux regards qui le juge remplient du dégoûts et de la colère que sa présence provoque. Non. Kirai de l'atelier Dakuwanda, anciennement Shirogane n'est pas la bienvenue dans cet endroit qui un jour, fut sa maison.

« Que viens-tu faire ici Kirai ? » lui demande une voix sortit du passé qui le fait s'arrêter aussitôt. Nul besoin de se retourner, il sait de qui il s'agit. Aussi, sachant que les grands discours ne pourront l'aider, il présente le rouleau. « Une mission de l'Intendant lui-même. Je suis là pour enquêter sur le traître qui a volé et revendu vos plans. » dit-il sans se retourner. « Et ils n'ont trouvé que toi pour cette mission ? Nous aurions dû nous en occuper nous-mêmes... » lâche l'homme à la voix rauque dont le calme peut se sentir à son intonation. Ses paroles font sourire le Tailleur, qui doucement se retourne, faisant face à l'homme par qui tout a commencé et sans qui, Suna n'aurait jamais connu l'Epouvantail. « Tu ne viens pas embrasser ton fils... père ? » lâche-t-il sans cacher le sarcasme et la condescendance de ses paroles, laissant tomber ses bras le long de son corps avant de reprendre. « Je m'en doutais... Maintenant si tu veux bien, abrégeons cette charmante réunion de famille et passons aux choses sérieuses... À qui avez-vous racheter les plans ? »

Lâchant un grand soupire, Ibushi Shirogane regarde son élève avec défiance et dégoût avant de lui faire signe de le suivre jusqu'à son atelier personnel. Voilà combien de temps que Kirai n'a pas foulé ce chemin, ni même pu revoir ces murs qui ont marqué son enfance et tous les jours de son apprentissage ? Des années, voir peut-être des décennies. Pour autant, il ne montre aucun émoi, préférant ne pas quitter des yeux les mains de son ancien mentor, conscient que malgré son vieil âge, ce dernier peut en finir aisément avec lui. Cependant, aucune attaque ne vient ponctuer le chemin jusqu'aux portes de ses appartements. Refermant la porte derrière eux, le vieil homme s'installe à son bureau, cherchant parmi des dossiers et d'autres parchemins ce qui l'intéresse. Au bout de quelques secondes, l'objet recherché s'envole, guidé par les fils du chef du Clan Shirogane vers celui qui aurait pu être son descendant.

« C'est pour ça que tu en fais tout un drame ? De vulgaires plans de marionnettes dignes d'un apprentis ? » s'énerve alors l'Epouvantail. « Surveille ton langage Kirai ! Je ne suis ni Erisa, ni la pauvre plèbe qui te craint au dehors ! Ici, tu es au domaine Shirogane, mon domaine. Alors tâche de faire preuve de respect avant que je ne m'occupe moi-même de te l'inculquer ! »

Serrant des dents, le Tailleur ne trouve rien à redire, préférant détourner le regard, conscient qu'il n'est pas en position de force et que le vieil homme a raison. Prenant sur lui, il prend un grande inspiration, retrouvant le contact visuel avant de reprendre d'un ton plus posé. « À qui les avez-vous rachetés ? » Le vieil homme sourit légèrement en voyant son ancien disciple devenir plus docile. « Un curieux du nom d'Ichigo Kurozaki. Il s'est vanté d'avoir en sa possession des plans de marionnettes. » « Attendez... » coupe alors Kirai, présentant le rouleau. « Vous avez racheté ce rouleau, vous appartenant, à un non-clanique ?... Pourquoi ne pas l'avoir simplement récupéré ? » « Les choses changent. Ce qui était permis ne l'est plus aujourd'hui et le Clan Shirogane ne peut se permettre de se coller une réputation qui pourrait mettre à mal sa place au sein de Suna. » lâchant un rire agacé, le Chapelier ne peut s'empêcher de faire les cents pas. « Je vois, de la politique... Et où puis-je le trouver ce... Ichigo ? » « Tu le trouveras à l'auberge de la Dune d'Argent. Cependant, sache qu'aucun de nos hommes n'a réussi à lui tirer les vers du nez... Nous pensons donc qu'il dit la vérité sur sa méconnaissance de l'identité du revendeur. »

« Je penche plus pour l'option « incompétence » personnellement... Merci pour les informations, maintenant, si vous voulez bien m'excuser. » dit-il en se dirigeant vers la porte après avoir fait une révérence absurde. « Kirai ! » le coupe Ibushi, provoquant l'arrêt du shinobi. « Comprend que tu ne dois en aucun cas le violenter. Si on apprenait qu'un Shirogane se laissait à de telles bassesses à Suna nous ne. » « Oh ne vous en faites pas pour ça. Après tout, vous l'avez dit vous-même il y a plusieurs années maintenant. » Il se retourne, faisant face à son ancien maître. « Je ne suis plus un Shirogane. »

Les portes se referment et la colère gronde dans le cœur du Tailleur qui s'élance d'un pas rapide le long des allées du domaine. Très vite, il retrouve sa monture et file à toute allure dans les rues du village du désert jusqu'à la fameuse auberge. Tentant de retrouver son calme, il n'arrive qu'à simuler un semblant de paix. Toute son âme tremble à l'intérieur de lui, tandis que son regard se pose sur la porte de l'établissement, qui s'ouvre sur une grande salle où les personnes en présence se retourne vers le nouveau venu. La peur commence à se faire sentir, alors que des chuchotements commencent à s'élever. La réputation de l'épouvantail le précède, un atout qui joue en sa faveur alors qu'il s'éclaircit la voix, retrouvant un semblant de ce personnage dans lequel il se plonge depuis des années.

« Bien ! Maintenant que j'ai votre attention, est-il possible de m'indiquer qui est Ichigo Kurozaki ? Je ne lui veux aucun mal, j'ai juste besoin de lui parler d'une transaction qu'il a faite récemment concernant... cela ne vous regarde pas... Du coup ? Quelqu'un peut-il me dire de qui il s'agit ? »

Les regards se croisent, le silence fait loi, personne n'ose parler le premier. La tension est palpable mais n'amuse en rien le shinobi qui perd de plus en plus patience. Et malgré l'attente d'une réponse, aucun des rats de comptoirs ici présent ne daigne lui dire quoi que ce soit concernant l'acheteur. Pour lui, c'en est trop. Son pied vient trouver le con de la porte qu'il referme avec fracas derrière lui. Son regard se pose sur toutes les personnes présentent, alors que sa main s'élève, tremblante de son agacement intérieur.

« Bien... Dans ce cas, jouons la chose différemment. Je vous laisse, cinq secondes. Trois, pour comprendre ce que peut vous apporter votre mutisme comme mort rapide, et deux pour me désigner l'homme que je recherche... »

Un claquement de doigt survient tandis que les tables et les chaises disparaissent toutes. Sous les pieds de toutes les personnes présentes, le sol fait de terre et de poussière devient un damier noir et blanc. Tout autour d'eux change subitement, provoquant la panique, tandis qu'une marionnette des plus effroyable apparaît dans le dos de Kirai.

« Un. » Le pantin disparaît, se jetant vers le premier venu en le pourfendant d'une lame ciselé. « Deux. » Un autre homme se fait empaler, provoquant la terreur de l'assemblée. « Trois. » La marionnette surprend une jeune femme, la tirant par les cheveux dans les airs avant de l'éventrer. « Quatre. » La poupée se tourne doucement vers le tenancier de l'auberge, lui laissant le temps d'apercevoir le sourire carnassier sur son visage alors qu'elle commence à se jeter sur lui, arrêtant sa lame à un cheveux de son œil lorsque ce dernier finit par désigner un pauvre bougre au bout du comptoir. « C..c'e...c'est lui... »

« Bien. »

Un autre claquement de doigt et tout revient à la normale. Les personnes supposées être mortes reviennent soudainement à la vie, comme si de rien n'était. Une illusion ? Kirai ne laisse pas le temps au garçon à la chevelure rousse de pouvoir s'échapper qu'il le choppe par le col, le soulevant dans les airs avant de le plaquer contre un mur. « Je vais la faire simple, j'ai passé une très mauvaise nuit, une matinée horrible et un début d'après-midi exécrable. Donc si tu ne veux pas subir les conséquences de mon agacement, je te conseille de me dire, qui, t'as, vendu, les, plans. »

Un simple bégaiement suivit de syllabes incompréhensives suffisent au Tailleur pour jeter l'homme contre une table, se jetant à nouveau sur lui, plongeant son regard une nouvelle fois au fond de son âme, en extirpant sa plus grande peur qui, un pas après l'autre, se dessine dans l'ouverture de l'escalier se trouvant derrière Kirai. Le rouquin panique devant cette vision d'horreur qui s'avance vers lui, promettant, jurant, suppliant le shinobi, lui répétant qu'il ne sait rien. Une réponse insuffisante pour l'Epouvantail qui continu sa torture psychologique, faisant glisser une lame le long de la joue de sa victime qui commence à pleurer. La peur se lit dans son visage, alors que sa voix se brise dans des sanglots incontrôlables. Et finalement, au bout d'un certain temps, une simple phrase, anodine, finit par retentir, cessant sur le champs l'illusion dans laquelle il avait plongé le pauvre bougre.

Son visage se voit figé de stupéfaction. Un simple détail qui pourtant, permet de savoir avec exactitude qui se trouve derrière toute cette affaire. Mais pourquoi lui ? Cela n'a pas de sens et à la fois, semble parfaitement logique. Lâchant sa proie en se relevant, le Tailleur regarde autour de lui les visages brisés par la crainte qui tentent de s'éloigner de lui. Une fois de plus, il a perdu le contrôle. À quand remonte la dernière fois qu'il s'est offert en un tel spectacle ? Des flahs viennent obstrués sa vision tandis qu'il se dirige vers la sortie brusquement. Sans un mot, il referme la porte de l'auberge derrière lui, remontant à cheval avant de partir à tout rompre vers le lieu où se trouve le traître.


~


La monture n'est plus au galop lorsqu'ils arrivent avec Hikari au restaurant de ramen du quartier des commerces. Doucement, Kirai se laisse glisser du cheval, tapotant la bête de bois animée, la faisant se figer sur place. Feignant l'inquiétude, la femme-marionnette se tourne vers son maître, affichant un air triste alors qu'elle le voit partir seul derrière la porte coulissante de l'établissement. Redécouvrant le lieu après plusieurs années, le Tailleur ne peut s'empêcher de sourire en voyant celui qu'il cherche, assit au bout du comptoir, comme à son habitude, sirotant un thé glacé alors que son plat vient tout juste de lui être servit. Tranquillement, il s'avance, saluant le chef avant de se poser au côté de l'homme vêtu de noir, dont les cheveux mi-long recouvrent son visage juvénile.

La main de l'Epouvantail se pose sur l'épaule du jeune homme, provoquant son arrêt alors que son visage se tourne vers celui qui ose le déranger durant son repas. Son regard s'adoucit en voyant qu'il ne s'agit que de son grand-frère. « Bonjour Chishiya. » commence à signer le Tailleur, le visage adoucit tout en prenant place sur la chaise d'à côté.

« Ca fait longtemps Kirai. »
« Trop longtemps... Comment ce fait-il qu'on ne t'ai plus revu depuis la dernière fois ? »
« J'étais occupé. Des missions au-loin qui m'ont retenu. »
« Oui... Et d'autres missions plus personnelles si j'en juge ton ami Ichigo. » Le garçon prend un instant de recul, tentant de jauger dans les yeux du Tailleur s'il doit se sentir menacé ou non.
« Ne t'inquiètes pas, je ne dirais rien à personne. »
« Comment l'as-tu su ? » Une question qui pousse Kirai à lâcher un léger rire.
« Ca n'a pas été simple. Mais... l'homme à qui tu as vendu les plans a dit ne t'avoir jamais vu directement, ni même avoir entendu ta voix... Soudainement ça m'a fait un déclic. Alors j'ai regardé à nouveau les plans, et j'ai senti ce léger parfum de rose et d'encens que tu affectionnes tant... Trahis par ton odeur... Tout simplement. »

Stupéfait par la grandeur d'esprit de son grand-frère, Chishiya ne peut s'empêcher de lâcher un rire sans son. Reprenant ses baguettes, il commence à signer avant de commencer son repas.

« Tu ne m'en veux pas, je mange pendant que c'est chaud... » commence-t-il avant de s'arrêter en mâchant une bouchée de nouilles. « Du coup ? Tu comptes me livrer aux autorités ? »
« Non... Mais j'aimerai que tu arrêtes... Je sais ce que tu cherches à faire, mais ce n'est pas comme ça qu'on y arrivera. »
« Tu crois ?... Pourtant j'ai déjà un peu réussi. »
« Je ne vois pas en quoi ? »
« L'Intendant et le Kage savent maintenant que les Shirogane peuvent cacher des traîtres... En continuant comme ça à ébranler leur confiance dans le clan, nous arriverons à faire tomber ces chiens qui ont pourri nos vies ! »

Un simple geste de la main de Kirai suffit à stopper le garçon. Pendant un instant, leurs regards se croisent, laissant à l'autre le temps d'apprécier l'affection fraternel qui s'échappe de ces êtres qu'aucun lien de chair ni de sang ne relit.

« Je sais... Je sais pourquoi tu fais ça Chishiya... Mais ce n'est pas la bonne solution. Pas pour le moment en tout cas... Soit patient et fait moi confiance... Un jour il paiera pour tout ce qu'il nous a fait... Mais chaque choses en son temps... Tu veux bien faire ça pour moi ? »

L'hésitation se lit dans le regard du shinobi à l'ombrelle, jaugeant l'Epouvantail avant de rouler des yeux pour finalement hocher la tête, visiblement agacé de devoir accepter ces conditions. Aussitôt, la main du Tailleur se pose sur son épaule, et un large sourire apparaît, laissant le benjamin stupéfait, de pouvoir voir, l'espace d'un instant, le visage de Kirai comme il est dans ses souvenirs où ils ne sont que des enfants. Un brève moment de nostalgie alors que ce dernier se relève, glissant des ryos jusqu'au chef, saluant son frère une dernière fois avant de présenter son petit doigt, arquant un sourcil tout en patientant. Amusé et en même temps, quelque peu gêné par ce simple geste, son petit-frère finit par s'en saisir, scellant une promesse muette entre eux.

Plus tard, le Tailleur fait son rapport à l'Intendant, expliquant qu'il a pu appréhender le traître, mais que pour des raisons liés à son statut, il ne peut divulguer son identité. Malgré quelques discussions houleuses, l'Intendant finit par comprendre que tout ceci n'a lieu qu'à des fins de pressions sur quelques éléments liés au clan des Shirogane. Un indic' sur lequel appuyé en cas de besoin, mais qui promets cependant de cesser tout larcin pouvant mener à mal la réputation du Clan. Une raison suffisante pour son collaborateur de ne pas chercher plus loin et d'accepter de faire confiance au Chapelier une fois de plus.


~


Le soleil commence à tomber derrière la ligne d'horizon, pourtant, Kirai n'est pas rentré directement après son rapport. Plutôt que de retourner chez lui, il passe du temps au sommet d'une habitation surplombant le village, regardant l'horizon comme il ne le fait jamais. Tranquillement, il ressasse tous les événements de cette journée, remettant en place le fil des péripéties qui la poussé à cet endroit précis, ne pouvant s'empêcher de penser à l'enfant qu'Erisa a malmené.

Guidé par la culpabilité, ou peut-être quelque chose de plus profond, le Tailleur fait la route jusqu'à l'hôpital, où Mana le guide jusqu'à la chambre du jeune Genin encore inconscient. Le laissant seul avec ce dernier, la directrice de la morgue disparaît, permettant au Chef d'équipe de s'approcher du corps inerte de l'enfant. Doucement, il pose sa main sur son front, arrangeant quelques mèches de cheveux avant replacer sa couverture.

« Je... Je suis désolé pour ce qui s'est passé à l'atelier... J'aurais dû être présent pour t'accueillir et... Je suis vraiment navré de tout ce que tu as pu subir... Erisa n'est pas bien méchante tu sais, c'est juste qu'elle... Elle a beaucoup souffert et … enfin bref... » Délicatement, il vient poser une lettre sur la table de chevet du Nozomo, se retournant vers la porte avant de l'ouvrir et de jeter un dernier regard à cette jeune âme remplit d'espoir, qui a connu trop tôt les ténèbres de l'existence...



Lorsque tu te réveilleras, n'ai pas peur de repasser à l'atelier.
Je serais ravis de te rencontrer et peut-être, si le cœur t'en dit encore, d'être ton professeur.

Kirai



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