Un mélange ambivalent de satisfaction et de contrariété se manifeste sur le visage de la Kamiko, alors qu’elle dévore ses dangos, assise dans une échoppe, le rouleau de mission sur les genoux. Une mission rang D ? Est-ce qu’on se moquait d’elle ? Pourquoi diable devrait-elle chasser des ratons laveurs ? A moins que … La tenue officielle ? Yuriko était-elle le genre de femme à vouloir de la fourrure sur ses accessoires de mode ? Les questions s’enchainent dans la tête de Raion tandis qu’elle porte la main à sa tasse de thé. Après une longue rasade de son breuvage préféré, elle se met à bailler aux corneilles en se replongeant dans le rouleau, comme si sa vie en dépendait.
Des ratons laveurs tapageurs, donc. Le type d’animaux un brin antipathique mais pas si terrible en théorie. S’ils s’étaient mis à fouiller les poubelles, c’est que le souci venait d’ailleurs. Konoha en pleine expansion avait peut-être absorbé leur milieu de vie, ce qui signifiait aussi que le problème allait se reproduire. Peut-être même pas seulement pour les ratons laveurs. Une grimace de dégoût passe sur le visage de la jeune femme, alors qu’elle prend une nouvelle gorgée de thé. Si l’urbanisation démente n’était pas intelligemment étudiée, la ville allait devenir un nid à attaques diverses et variées d’animaux délogés de chez eux et tous ne serait pas aussi mignon et anecdotique qu’une bande de racaille poilus des poubelles…
Une nouvelle brochette de dangos engloutie plus tard, Raion décida qu’il était temps de préparer le terrain pour la chasse aux ratons. Puisqu’il était question de trouble à l’ordre public, il n’y avait qu’un seul endroit où elle pourrait partir dans une pêche aux informations fructueuses, avant d’aller directement voir les plaignants eux-mêmes. C’est ainsi que, une fois son petit encas de réflexion disparu, la Kamiko se met en route pour le très célèbre commissariat de Konoha. Une petite promenade tranquille, qui se révèle un peu plus mouvementée une fois arrivée puisque personne ne se trouve à l’accueil du bâtiment, ce qui a le don d’agacer cette chère Raion et son besoin, impérieux, d’efficacité.
Après de longue minutes à matrixer la pauvre sonnette d’appel, son rouleau de mission sous le bras, son humeur pensive s’est transformée en véritable furie. Non seulement on la faisait attendre mais en plus, cette histoire d’animaux dissident était en train de la détourner de la question la plus importante de cette courte entrevue avec la nouvelle Hokage. Aussi, au grand malheur du premier qui franchit la porte qui séparait policier et plaignant, quelle ne fut pas la surprise du grand dadais au style débraillé quand une espèce de tornade miniature, estampillée de l’écusson du clan Kamiko, lui coupe le chemin avec un grand sourire mauvais.
« Voilà enfin quelqu’un, susurre-t-elle mielleusement, une lueur mauvaise dans le regard, après une bonne heure d’attente vous allez peut-être pour voir me renseigner là-dessus, très cher. » Ni une ni deux, elle lui colle le rouleau de mission sous le nez, tellement proche que son interlocuteur devrait sans doute se mettre à loucher sans pouvoir en lire le contenu. « J’ai cru comprendre que les clients étaient déjà passé se plaindre ici, aussi j’aurais souhaité consultés les archives des cartes de localisation du problème… avant la nuit si vous voulez bien. »
L’amabilité affable de la jeune chef de clan avait disparu, laissait clairement entendre la demande, si impérative qu’on pourrait presque penser qu’un ordre venait d’être donné … sans pour autant en avoir la certitude.
Cette nuit-là, Masaru avait dormi dans son bureau au sein du commissariat pour la première fois depuis bien longtemps. Mais son sommeil devait être perturbé par l'arrivée d'une véritable furie qui martyrisait la pauvre sonnette d'appel. Le regard de quelques policiers se posèrent sur le visage du Uchiha dont le bureau était le plus proche de l'accueil, les pauvres hommes n'osant passer devant lui à cause de sa mauvaise humeur. En effet, il était particulièrement grincheux ces derniers temps pour une raison qui échappait à ses collègues bien qu'il s'était plaint auprès de Kagami : des ratons-laveurs empiétaient sur son territoire et il avait été agressé en plein travail par l'une de ces sales bêtes alors qu'il surveillaient les mouvements autour d'un bâtiment depuis une poubelle.
Après avoir craché par terre en signe de contrariété, le Cavalier au Sharingan se dirige vers l'accueil pour s'occuper de la plaignante, au grand soulagement des quelques hommes et femmes qui n'osaient lui passer devant. Il baille en passant la porte, ébouriffant sa chevelure déjà pas mal emmêlée et portant des vêtements de trop jours, tous froissés. Il est fatigué et n'a pas la foi de faire le moindre effort pour paraître intéressé. A voir la tornade naine qui lui fonce dessus, il a encore moins la motivation de faire quoique ce soit. « Voilà enfin quelqu’un, après une bonne heure d’attente vous allez peut-être pour voir me renseigner là-dessus, très cher. J’ai cru comprendre que les clients étaient déjà passé se plaindre ici, aussi j’aurais souhaité consultés les archives des cartes de localisation du problème… avant la nuit si vous voulez bien. »
L'enquêteur cligne des yeux avant de repousser le parchemin qu'elle lui tend, celui-ci étant beaucoup trop proche pour qu'il puisse lire quoique ce soit. Il reste silencieux quelques instants, jetant un premier coup d'oeil puis un deuxième sur le parchemin. Là, étrangement, il en oublie les paroles normalement agaçantes de la femme pour se concentrer sur l'affaire. D'une poigne puissante, il se saisit du poignet de la Kamiko avant de la traîner vers son bureau sous le regard ébahis des autres policiers, qui n'osent cependant pas faire la moindre réflexion.
"Je connais très bien ce cas. Ces ignominies m'ont gênées en plein travail, heureusement que j'avais demandé à ce qu'on m'appelle s'il fallait les chasser." Il rit en attrapant une carte du village. "Enfin dans mon cas, ce serait plutôt pour les exterminer." Il marque une courte pause en déroulant la carte et en l'épinglant à un mur. "Je sais très bien où ils opèrent..."
Le Jonin montre une partie du pan ouest des murs entourant Konoha et précise qu'il y a une zone où il est abîmé, non loin de la grande porte. Il pense que ces créatures de malheur viennent de là d'autant plus qu'il y a un point d'eau à proximité idéal pour l'installation des ratons-laveurs. Il montre alors les rues principalement concernées par l'affaire.
"Bien, comment va-t-on procéder ? On pose un bel appât et on les encercle ? On attaque directement leurs poubelles ? On essaie de les repousser vers la forêt ?"
@feat Kamiko Raion “I would have lived in peace. But my enemies brought me war.”
Si tôt agressé que voilà déjà l’homme débraillé trainant une Raion stupéfaite dans son sillage. Cette dernière arque un sourcil en considérant l’envers du décor du poste de police et les pairs d’yeux qui les dévisagent. Après un court examen de la situation et des détournements de regards gênés, la jeune lionne décide de ne pas en prendre ombrage, offrant de nouveau toute son attention au policier enflammé par le devoir qu’elle vient de lui confier. Elle le considère, alors qu’il s’affaire à déplier une carte de Konoha cerclées de différentes couleurs à différents endroits, avec la minutie d’une personne dont le métier importe plus que tout. Son enthousiasme et son application saisisse la chef du clan, véritable contraste avec sa dégaine plus que décontractée, ses cheveux tellement en bataille que la question de son dernier passage chez le coiffeur pouvait se poser aisément et, pour parfaire le tableau, les cernes dantesques sur sa peau pâle qui lui donnait un air au mieux inquiétant, au pire cadavérique.
Plongée dans l’examen détaillé de son interlocuteur, Raion réalise qu’elle en a oublié, l’espace d’un instant, de s’attarder sur la carte. Une chance pour elle que son interlocuteur, passionné par la cause, lui détaille la zone avec le savoir-faire d’un traqueur expérimenté. Une chose était sûre, l’homme régnait en maitre incontesté sur Konoha au vu de sa connaissance du terrain et de son examen approfondi de la question. Peut-être était-ce pour ça qu’il était heureux qu’elle soit là, comme le héraut annonçant la fin de l’infestation de son divin territoire. L’idée tire un sourire amusé à la jeune femme. Est-ce que tous les policiers étaient comme lui ? Si oui, cette mission s’annonçait plus que divertissante et la confection de la tenue qui suivrait n’en serait que meilleure.
« Premièrement, qu’en est-il de l’agrandissement actuel du village ? » Alors que son interlocuteur marque un temps de silence pour considérer l’information, la brune se permet de poursuivre. « Si je ne m’abuse, ce territoire est nouvellement habité n’est-ce pas ? Parce qu’en conséquence, exterminer la nuisance est certes une solution mais cela ne règlera pas le problème. » Raion désigne alors tout le pan concerné avec attention. « Les animaux au naturel ne viennent pas dans les villes s’ils ne sont pas domestiqué. Je ne suis pas une Inuzuka ou une Inuwashi pour être experte en la matière, mais il convient de penser qu’ils ont été délogé de leur territoire par quelque chose. La question est donc par quoi ? »
Prenant une place assise sur le bureau derrière elle, la Kamiko croise les bras et laisse sa tête basculer en arrière, le temps de réfléchir. Elle goute avec délice à la détente musculaire de son cou provoqué pour la position et ferme les yeux en inspirant profondément, avant de reprendre sa réflexion. Toujours ainsi posée, sa voix s’élève à nouveau après une bonne minute ou deux de silence.
« Vous qui semblez parfaitement connaitre Konoha et ses environs, où se trouve les autres colonies de ratons laveurs ? » Le laissant répondre, elle redresse la tête pour le regarder s’agiter puis hoche la tête à mesure qu’elle prend connaissance des informations. « Très bien. Voici donc mon plan : on trouve ce qui cause le remue-ménage sur leur terrain initial, on s’en charge et on les y ramène après les avoir capturé. Pour ça il nous faudra autant de cage qu’il y a d’animal, les restes de certains des restaurants des rues concernées – ceux qu’ils aiment le plus de préférence – et enfin, de quoi abattre potentiellement une grosse bestiole. » Elle marque une pause, devant la mine avide de son nouvel ami anti-raton, et reprend, un sourire froid. « On surveille une petite semaine la zone de litige et, s’ils reviennent… Je veillerais à ce que leur fourrure devienne un des nouveaux fleurons de la mode Konohajin. »
Puis, sortant de sa digression, elle considère à nouveau le brun qui lui fait face. Elle prend le temps, de le jauger de la tête au pied, comme s'il s'agissait de sa prochaine gravure de mode pour l'année à venir. Tout y passe, des maigres équipements visibles à la posture de combat discrète, presque imperceptible, jusqu'à la callosité des mains qui parcourent la carte et qui s'agitent en écho à l'émotion qui secoue le policier. Qui qu'il soit, il est sincèrement intéressé par la mission, aussi basse besogne soit-elle et, Raion n'étant pas du genre à se mentir à elle même, préfèrerait presque la lui déléguer et n'en récolter les lauriers qu'après coup. Toutefois, la pensée de la Hokage et de son sourire convaincu en lui confiant le rouleau la fait hésiter. Elle avait esquivé Sho Akimichi avec toute l'énergie du dégoût que pouvait lui conférer l'ancien kage et ses goûts vestimentaires digne de la perte humaine du massacre de Baransu, mais elle n'était pas encore certaine de la conduite à tenir avec la nouvelle nommée. Amie ? Ennemie ? Neutre ? Ne serait-il pas plus simple de s'en faire une amie, après tout ? Mais quelle en serait le prix ? Pourrait-elle continuer à étendre son influence commerciale en paix ? La question restait entière et, plongée dans l'examen de Masaru, elle n'en trouvait pas la réponse. Après quelques minutes de flottement, Raion saute de son siège improvisé et se plante à nouveau face à ce brun énergique et allergique aux ratons laveurs. Les bras croisés, elle se laisse dominer de toute la hauteur de cet homme qu'elle ne connait pas encore, sans même sembler gênée par l'écart.
« Si ça vous convient, mon cher, je serais ravie de vous compter dans l’aventure. » A ces paroles cordiales se joint une main tendue et un sourire convenu. « Je suis Kamiko Raion. Enchantée. »
« Premièrement, qu’en est-il de l’agrandissement actuel du village ? »
Masaru se pare d'un sourire inquiétant en entendant cette question et celles qui en découlent, prouvant l'intelligence de son interlocutrice. Il n'applaudit pas bien que l'idée lui ai effleuré l'esprit, se contentant d'un commentaire qui pourrait paraître étrange à la majeur partie de la population mais qui, aux yeux de l'homme, correspond à un compliment plutôt banal :
"Vous feriez une excellente chasseuse, vous savez. Presque bonne à marier."
Sans qu'il n'ait le temps d'ajouter quoique ce soit, la Kamiko est déjà revenue sur la mission et questionne l'enquêteur qui vient s'asseoir sur le bureau avec nonchalance. Il baille et s'étire comme un chat. Puis, il balance ses jambes en silence, faisant durer le suspens avant de se décider à enfin apporter une réponse à la femme.
"Les autres colonies de ratons-laveurs se trouvent au nord-est de la Forêt de Konoha. Et, concernant l'agrandissement du village, un petit bois a été abattu non loin de la zone où l'on constate la venue de ces bêtes. Nous pouvons allez sur place, si vous voulez."
Il laisse son interlocutrice reprendre la parole et proposer un plan d'attaque, un peu trop pacifiste selon ses propres idées qui consistent principalement à poignarder de la boule de poil, mais tout à fait réalisable et peut-être un peu plus propre. Le chasseur songe que cette femme se marierait à la perfection avec Hyûga Kokei, l'un de ses équipiers qu'il respecte et admire -surement celui avec qui il s'entend le mieux-. Sans doute quelques membres du clan trouveraient qu'elle serait un bon parti pour le shinobi au sharingan quand bien même celui-ci s'évertue à rester loin de toute histoire d'amour. L'air rêveur, il demande :
"Vous seriez prête à me fournir en couverture de raton-laveur ?"
Lorsque la saison froide arrivera, le Cavalier souhaiterait être paré. Il ne veut pas que son travaille pâtisse de conditions météorologiques quelles qu'elles soient. C'est qu'il possède une certaine conscience professionnelle en dépit des apparences.
« Si ça vous convient, mon cher, je serais ravie de vous compter dans l’aventure. Je suis Kamiko Raion. Enchantée. »
Il regarde la main de la kunoichi quelques instants avant de lever son regard vers le visage de celle-ci. Ses lèvres s'élargissent.
"Uchiha Masaru, le plaisir est partagé. J'aime beaucoup votre style."
Sur ces mots, le Jônin fait signe à Raion de le suivre et quitte le commissariat qui était jusque là muré dans le silence d'une démarche assez joviale pour que c'en soit très gênant pour quiconque connaîtrait l'homme. Après un petit moment de marche à raconter des anecdotes assez dérangeantes et à poser quelques questions étranges du style "plutôt lapin ou crapaud ?", "plutôt main ou pied ?", "la pire chose que vous ayez faite ?" ex cetera, le binôme arrive au niveau du petit bois qui a été rasé.
"C'est ce dont j'ai parlé toute à l'heure. Si on ouvre l'oeil, on trouvera peut être quelques traces de vie laissées par des ratons-laveurs."
@feat Kamiko Raion “I would have lived in peace. But my enemies brought me war.”
Une excellente chasseuse. Bonne à marier. Le compliment, empoisonné, tourne un moment dans l’esprit de Raion, transformant son humeur cordiale en mécontentement silencieux. Le Uchiwa l’avait-il fait exprès ? Si c’était le cas, elle exécrait ce genre d’humour piquant, et pourtant rien dans son comportement ne laissait deviner l’intention de nuire. Pourquoi diable lui réclamer une couverture en raton-laveur, si c’était le cas ? Outre l’idée saugrenue, il semblait d’une sincérité désarmante et, si elle en jugeait par ses très – trop – nombreuses et étranges questions, d’une curiosité sans pareille. Une bizarrerie que la jeune femme semble même prête à satisfaire, malgré les réponses alambiquées qu’elle lui donne.
« Tout dépend si l’on est plus fourrure ou cuir. Vous avez la tête d’un homme à fourrure, d’ailleurs. On ne vous l’a jamais dit ? » « Mains. Avez-vous déjà essayer de Mudra avec les pieds ? C’est terriblement difficile. » « Lancer la mode des kimonos d’apparat à plume bicolore. Ou avoir réussi à les écouler, j’hésite encore. Qu’en pensez-vous ? »
De cette conversation surréaliste, chaque réponse donne un peu plus de surprise aux passants les plus curieux de cette association entre les deux personnages les plus sulfureux de Konoha. Une surprise qui perdure, alors qu’aucun des deux ne semblent prendre ombrage de ce que fait l’autre, que la discussion soit personnelle ou non, jusqu’à ce que nos deux ninjas ne parviennent enfin à la zone qui les intéresse.
Le regard de la jeune femme se pose alors sur le bout de forêt rasé, avec tout le dédain qu’une esthète de sa trempe pourrait porter à ce travail bâclé. Les arbres, abattus à la sauvette dans l’urgence d’un terrassement éclair pour les nouveaux bâtiments dont les fondations s’étalent comme des racines cimenteuses en direction de la nouvelle lisière des bois, étaient entassés dans un recoin en attendant d’être transformés et réutilisés pour les travaux. Après un coup d’œil approfondis, délaissant son compagnon d’aventure quelques instants, Raion put constater que les troncs de certains étaient creusés, voire même, avec un peu plus d’attention, encore habités. Sans un mot, la grande brune s’accroupit à côté du tronc évidé et, avec toute les précautions du monde, glisse sa main vers l’un des creux. Faisant signe à Masaru d’approcher, elle en retire l’objet de son intérêt avec délicatesse. Le petit corps, tout chaud, encore à peine recouvert de la fourrure si caractéristique de l’espèce locale, couine et se met à remuer du mécontentement d’être tiré du vendre chaud et rassurant de son terrier.
« Que pensez-vous de la situation, Masaru ? » Le visage de Raion s’adoucit quelque peu, alors que sa seconde main vient recouvrir le petit animal. Elle tressaille à peine quand il lui mord les doigts en représailles, bien trop préoccupée par la suite des opérations. « Moi je pense qu’il y a un souci ici. Les choses n’ont pas été faites correctement. Normalement ils auraient dû déplacer les nids. Pas étonnant que les ratons-laveurs s’en prennent au voisinage, s’ils ont des portées à protéger. »
Reposant le bébé avec précaution, la jeune Kamiko se redresse, contrariée. Avisant des environs une nouvelle fois, elle se demande combien de portée ont été massacrée pendant le chantier. Une ? Deux ? Destruction d’habitat naturel, destruction de progéniture, les problèmes s’accumulaient non sans obscurcir la mine de la couturière. Elle aimait les affaires rondement menée et bien déroulée mais l’endroit lui paraissait brouillon, inachevé. Après une longue minute de silence et de réflexion, elle consulte à nouveau Masaru, lui désignant le tas de bois d’un doigt impérieux.
« Aidez-moi à les étaler côte à côte. Je veux savoir combien de nid ont été détruit. » Devant le regard de son interlocuteur, elle se permet un froncement de sourcil alors que sa bouche se déforme dans une moue indéchiffrable. « Si c’est trop lourd pour vous je peux toujours en faire des fils, mais ça risque de me prendre un moment. Plus vite on saura, plus vite on estimera le nombre de mère à abattre. »
« Tout dépend si l’on est plus fourrure ou cuir. Vous avez la tête d’un homme à fourrure, d’ailleurs. On ne vous l’a jamais dit ? » "Jamais ! Mais, j'aime beaucoup les deux..." Cela le démange de rajouter un petit "ça dépend de l'usage qu'on en fait", mais les idées qui lui viennent en tête pour le cuir sont plutôt sales alors il se retient et enchaîne avec des questions qui pourraient lui permettre de penser à autre chose.
« Mains. Avez-vous déjà essayer de Mudra avec les pieds ? C’est terriblement difficile. »
"J'ai déjà essayé, mais je ne semble pas très doué." répond-t-il en riant. Oui, il a vraiment déjà essayé. Il faut dire qu'il aime bien les expériences, elles parviennent parfois à satisfaire sa curiosité.
« Lancer la mode des kimonos d’apparat à plume bicolore. Ou avoir réussi à les écouler, j’hésite encore. Qu’en pensez-vous ? »
"Je suis pas trop plume et vous risqueriez de vous faire ennemi du clan Inuwashi alors je vous conseillerais plutôt de laisser tomber cette mode." Il paraît que le chef du clan Inuwashi serait un fervent défenseur de la cause animale ainsi, il serait capable de chercher à éliminer le binôme ou du moins, à leur mettre des bâtons dans les roues s'il apprenait pour les ratons-laveur.
Leurs échanges plutôt légers et saugrenus se poursuivent jusqu'à ce qu'ils parviennent finalement à la zone qui serait problématique. L'Uchiha regarde les arbres qui ont été rasé avec une certaine froideur, une certaine distance. Cela le désole de voir un travail ainsi bâclé, surtout lorsque c'est fait pour le "bien de Konoha". L'homme suit la femme et l'observe se saisir d'une toute petite créature. Il remarque que ses traits s'adoucissent alors.
« Que pensez-vous de la situation, Masaru ? Moi je pense qu’il y a un souci ici. Les choses n’ont pas été faites correctement. Normalement ils auraient dû déplacer les nids. Pas étonnant que les ratons-laveurs s’en prennent au voisinage, s’ils ont des portées à protéger. »
Le Cavalier se gratte l'arrière de la tête, quelque peu gêné ou déçu par la réaction de la Kamiko. Il la pensait plus solide que cela. Actuellement, elle ressemble à une enfant qui apprend le sens de "mort" pour la première fois de son existence face au cadavre d'un être qui lui est cher.
"Je pense que tout cela a été bâclé, mais je pense aussi que vous avez un petit souci. A voir votre tête, on dirait que c'est votre progéniture qui a été menacée. Vous devriez vous trouver un mari et avoir vos propres enfants avant que cela ne vous pose problème. Nous sommes des ninjas. Ce sont des ratons-laveur. Si vous n'êtes pas capable de vous occuper de ce travail sans verser de larmes alors qu'est-ce que ce sera lorsqu'un enfant humain perdra la vie devant vos yeux ?"
Néanmoins, sans plus attendre, l'homme exécute les ordres de la Kamiko. "Je vais faire au plus rapide." Sur ces mots, il emploie son Kage Bunshin afin de générer quatre clones qui pourront ainsi l'aider à accomplir la tâche accordée par la kunoichi et permettre à la mission d'avancer. Ce travail n'a finalement rien de si excitant que cela. Sa vengeance a perdu en saveur face à la situation actuelle. Grâce au nombre de bras mis à disposition, les troncs sont alignés assez rapidement permettant à la couturière de faire un état des lieux tandis que l'homme s'adosse à un arbre en bâillant. "Verdict ?" demande-t-il l'air indifférent, jouant avec son tanto, n'attendant que le signal de la femme pour commencer la chasse. Evidemment, il se fait la promesse de se plaindre auprès de la Nidaime pour le travail bâclé qui est à l'origine de l'arrivée des ratons-laveur dans SES poubelles.
@feat Kamiko Raion “I would have lived in peace. But my enemies brought me war.”
Le visage calme et pensif de Raion, jusque-là amical, se tord dans un sourire insolent. Le voilà donc enfin, l’homme cruel, derrière le visage de ce personne ubuesque dont l’excentricité était aussi célèbre dans le village. La critique, acerbe, pique l’égo de la jeune femme mais la raison l’emporte sur l’irritation. Sans rien ajouter, tandis que les clones soulève les rondis, la Kamiko se met à compter les nids avec méticulosité. Cinq, de quoi affirmer donc qu’il y avait autant de couple dans la meute de raton, dont un plus large que les autres qui ne pouvait appartenir qu’au couple alpha si ses connaissances zoologiques spécifique à la fourrure n’étaient pas trop erronées. Toutes ses données en tête, la jeune magnat de la mode pose un instant son regard sur la forêt, pensive. Avec autant de carte, elle disposait de toute une palette de solution pour venir à bout du problème mais n’éprouvait pas le besoin de tuer à la tâche, puisqu’elle était accompagnée. Pire même, entendant le tintement d’un tanto et le l’ennui de son compagnon d’aventure, elle pensait même qu’il était inutile de faire le moindre effort de chasse. Les mères et l’instinct maternel étant ce qu’ils étaient, il n’était que plus simple encore d’instrumentaliser cette faiblesse à son avantage.
« Haïssez la vie de vos ennemis tant que vous voudrez, Masaru, ça ne vous rendra pas plus fort. » S’étirant avec humeur, Raion pose un genou à terre, réunissant ses mains devant elle pour commencer à exécuter les mudras de sa technique. « Je préfère être apte à éprouver une tendresse instrumentalisable à ma convenance que de faire démonstration d’une sociopathie évidente. Vous qui vous targuez d’être un excellent chasseur, je ne peux qu’en douter en vous écoutant. »
Les signes de main s’interrompent et la bobine posée devant Raion prend vie. Le fil de bois s’échappe à toute allure et miroite subtilement avant de disparaitre à la vue des deux personnes encore présentent sur les lieux. La toile de la jeune chef de clan s’étire discrètement, transformant la zone en un véritable traquenard dont seule la lionne connaissait le secret du tracé. Toujours reliée à son sixième sens, la main de la brune se tend vers l’un des nids et sa paume se referme sur la progéniture, si importante, de leur cible. Enserrant le petit animal, elle l’encourage à couiner de souffrance, le visage déjà las de la tournure des évènements. La détresse du raton déchire l’air pendant une longue minute, sans que la jeune femme ne manifeste aucun plaisir à l’exécution de son plan, bien trop concentrée sur le moindre changement de tension de ses fils tendus sur un bon deux cent mètre autour d’eux.
« Shô vous a peut-être choisi pour votre talent mais il a oublié de vous apprendre quelque chose d’important : lorsque la paix sera définitivement à nos portes, vous vous retrouverez vide et sans but. Vous n’êtes, en définitive, qu’un chien dressé à tuer qu’on abattra malgré ses bons services s’il n’est pas capable de s’adapter à l’époque dans laquelle il évolue. Méprisez-moi donc, si ça vous aide à vous sentir plus à l’aise, mais ne vous attendez pas à me voir ployer parce que le grand vilain Cavalier Masaru me désapprouve. Je n’ai jamais eu besoin de personne pour monter à la tête de mon clan et certainement pas de la leçon de conduite malvenue d'un type qui disparaitra avec son époque s'il ne mesure pas l'importance de l'empathie dans une traque. »
La tête de Raion se tourne aussitôt dans une direction puis dans une autre et, sans prévenir, sa main relâche sa proie directement dans le nid qu’elle avait quitté plus tôt. Sur ses gardes, la jeune femme sent sa gigantesque toile se mettre à frémir et commence, inconsciemment, le décompte de la première salve d’animaux en colère. Echauffé par les cris de leur progéniture, les grognements courroucés des bestioles tapageuses se mêlent aux bruissement de la lisière de forêt, la jeune Kamiko leur répondant d’un tintement de shuriken dégainés. Perçant le silence, la brune annonce les arrivants sur le ton de l’évidence, maintenant qu’elle les voit parfaitement grâce à ses talents.
« Trois groupes. Un à douze heure, l’autre à trois et le dernier est en retrait derrière les arbres. Environ une dizaine d’individu à chaque fois. Choisissez ceux que vous voulez, je m’occupe des autres. »
« Haïssez la vie de vos ennemis tant que vous voudrez, Masaru, ça ne vous rendra pas plus fort. »
Masaru hausse un sourcil en marque d'intérêt. Pourquoi pense-t-elle qu'il cherche à devenir plus fort en haïssant ses ennemis ? Non seulement l'Uchiha ne ressent pas la moindre haine envers ceux qu'il tue -cela fait un moment qu'une telle émotion n'a pas parcouru son corps- mais en plus, il ne ressent pas vraiment l'envie de devenir plus fort même si cela se présente comme une nécessité.
L'homme ignore la pique de son interlocutrice concernant ses doutes vis à vis de ses compétences de chasseur. Il n'a pas besoin de la reconnaissance de qui que ce soit. Le chasseur ne cherche pas non plus l'amour de qui que ce soit. Au contraire, s'il pouvait ne pas être aimer, s'il pouvait ne pas aimer, il serait ravi. Mais hélas, il est humain. Il peut faire mine de ne rien ressentir, il peut tourner les yeux et se mentir à lui même, il peut accepter la réalité en dépit de ses émotions, mais il ne peut être débarrassé de ce coeur qui bat dans sa poitrine.
Un rire sonore retentit.
"Ne vous inquiétez pas, je ne vous méprise pas, vous vous faites juste souffrir inutilement. Et, pour votre gouverne, j'attends avec impatience le jour où l'on m'abattra !"
Bien que le Cavalier ne désire pas la mort, il aimerait expérimenter la mort. Quel genre d'émotion pourrait bien le parcourir lors de ses derniers instants ? Quelle genre de pensée occuperait son esprit ? Ressentirait-il un désespoir ? Aurait-il des regrets ? Pourrait-il ainsi expier ses péchés et payer pour toutes les vies qu'il a fauché ? Son âme tordue et endolorie serait-elle soignée ? Sa mort apporterait-elle paix et pérennité à Konoha ? Non... Le village aurait certainement besoin de lui pour assurer la sécurité interne.
« Trois groupes. Un à douze heure, l’autre à trois et le dernier est en retrait derrière les arbres. Environ une dizaine d’individu à chaque fois. Choisissez ceux que vous voulez, je m’occupe des autres. »
"Je prends les deux premiers groupes" répond le policier en se redressant avant de chercher à prendre de la hauteur pour observer les environs tandis que ses clones forment deux binômes : l'un va vers le groupe à dix heures et l'autre vers celui à trois heures. Le vrai observe, il active son Sharingan et essaie de détecter les mouvements ambiants pour ne pas laisser fuir de créatures tandis que ses doubles se salissent les mains. Des kunais et des shurikens virevoltent. Du sang se répand sur la terre. Masaru prend son temps, il veut que le travail soit bien fait et qu'aucune bête ne lui échappe.
Une fois qu'il s'est débarrassé d'une vingtaine d'individus, l'Uchiha part retrouver sa partenaire Kamiko. "je crois que c'est bon de mon côté." Il interroge la femme du regard quant au résultat de sa chasse.
@feat Kamiko Raion “I would have lived in peace. But my enemies brought me war.”
Alors que le Uchiwa se dédouble et se précipite vers sa cible, la jeune femme hausse les épaules avec un sourire discret. Signant à nouveau, elle referme son piège sur ses pauvres victimes dont les cris de paniques font échos à ceux d’agonies des ratons laveurs pris en chasse. La technique se termine en un claquement de doigt, ne laissant plus à Raion que la conscience de la présence des animaux suspendus et étouffés dans sa toile. La forêt qui brillait du chakra en mouvement du ninja à ses côtés s’éteint brutalement et la tête de la brune se tourne pour observer le si grand clan Uchiwa en action. Quel ne fut donc pas sa déception en voyant qu’il n’avait, en définitive, rien sorti de plus que ses pupilles rouges si célèbres. Elle, qui s’attendait à de la démonstration, n’obtint rien de plus que le goût amer d’une déception cuisante. Elle aurait dû se douter que le Cavalier n’était pas du genre à étaler ses talents mais un tout petit brin de Raion espérait malgré tout qu’il fasse quelque chose d’anormal, d’inédit. Quelque chose qu’on n’avait pas mentionné dans les rumeurs et dont elle aurait s’approprier la primeur avec bonheur.
« Je n’attendais plus que vous. » Elle répond, cachant difficilement l’ennui qui l’étreint, faute d’avoir pu se mettre autre chose qu’une prunelle rouge sang sous la dent. « Et pour en revenir à notre discussion précédente… »
Une pause, incongrue, marque l'arrivée de la réponse osée que la jeune femme formule, comme si elle avait senti le besoin, impérieux, de surenchérir sans trop bien savoir où ça la mènerait.
« … Etait-ce une requête dissimulée ? »
La Kamiko dévisage son interlocuteur, soutenant avec aplomb la si menaçante pupille à tomoe qui faisait la renommée des Uchiwa. Face à face, elle savoure la tension soudaine apparue entre eux. A l’instant même où les mots s’étaient échappés, Raion avait vu. Ou plutôt, elle avait senti, aidée par son capricieux sixième sens, la signature de chakra de Masaru réagir, subtilement, pour jauger la menace. Peut-être doutait-il du visage convaincu et neutre de la jeune femme. Peut-être hésitait-il entre l’audace et l’inconscience qui anime la grande brune. Peut-être … Et pourtant, rien ne transparu sur le visage du vétéran. Pas la moindre émotion n’éclaira ou n’assombrit le visage agréable de l’Uchiwa, ne laissant de nouveau à la cheftaine Kamiko que la déception d’un assaut raté. Levant les yeux au ciel, la jeune femme soupire, vaincue.
« Votre flegme est agaçant, mais votre réputation de farfelu n’est pas volée. Même si elle n’est pas toute à fait exacte, on dirait. »
La jeune femme s’écarte de son compagnon pour marmonner sa dernière phrase puis, après un bâillement prestement cachée derrière sa main, elle se dirige vers la forêt pour ramasser les corps. Un par un, elle fait l’inventaire des individus en jetant un œil tout particulier à l’état de la fourrure de ceux-ci. Une poignée de minute plus tard, deux tas sont formés aux pieds d’une Raion en pleine réflexion. Elle ne disposait pas d’assez de matière pour la demande de Masaru mais, si elle comptait les petits dans l’équation … Levant brusquement les yeux de son futur ouvrage, elle interpelle le gugus qui l’accompagne.
« Quarante-huit heures. » Devant le début de haussement de sourcil interrogateur, la créatrice de mode ne peut s’empêcher de sourire. « On se revoit dans quarante-huit heures, Masaru-san. »
Sans plus lui accorder davantage d’attention, la jeune femme se mit en quête d’une bâche de chantier suffisamment grande pour réunir sa récolte et emporta son fardeau jusqu’au domaine Kamiko. Elle n’adressa la parole à personne, sur le chemin de son retour, abominablement concentrée sur son objectif. La commande devait être à l'image de son client.