Depuis mon retour de mission, je me sentais comme soulager, certes tout n’était pas passé, bien loin de là, mais j’avais repris mon souffle et j’acceptais la douleur. J’acceptais de ne pas avoir la main sur tout, j’acceptais qu’on puisse souffrir. C’était déjà un mieux, et même si l’humeur était morose, c’était autre chose qu’il y a quelques semaines. Je n’avais pas le droit de m’effondrer en soit, j’avais la chance d’être accompagnée, et même si j’avais beaucoup perdu, ce n’était pas comme elle. Son mari, l’homme qu’elle aimait le plus après son frère, lui aussi disparu. En une poignée de jours, le sort s’était acharné et bien que j’eusse fui quelques jours, je ne pouvais pas ignorer une chose : sa détresse.
Je ne devais pas causer plus de problèmes, je devais être responsable, l’aider et la soutenir dès que possible. Et dans mon viseur, un jeune, Kae Masoue, fraîchement nommé Genin et plein de ressources de ce que je compris. Il n’était bien sûr pas un problème, mais il était en attente d’attribution d’un sensei, chose que je ne pouvais pas être officiellement, mais il était toujours bien de s’occuper des jeunes pour ne pas les abandonner. Enfin, c’était ma volonté du moins.
Être là et ne pas abandonner, ce n’était pas une fuite, c’était assumer.
Me rendant donc à une adresse où je devais le trouver, on m’avait décrit un garçon aux cheveux hérissé et aux yeux noirs. Il était souvent habillé en vert aussi. Cette description correspondait à un gosse qui venait de sortir d’une maison, alors avant qu’il file, je fis quelques pas de courses pour le rejoindre et m’interposer entre lui et sa destination, « Hey, Salut, Masoue c’est ça ? » demandais-je avec un sourire un peu crispé, « Je me présente, Akira, on m’a dit que t’étais passé Genin y’a pas si longtemps, enfin presque un an, mais ça va encore. » ajoutais-je dans un sourire un peu plus franc, « T’as pas de Sensei encore c’est ça ? » bon on pourrait m’avoir menti, mais j’espérais que ce n’était pas le cas. Sinon je venais d’avoir l’air con, « On a 4 ans d’écart, j’ai pas spécialement l’esprit d’un grand-maître, mais si tu as besoin, je peux peut-être répondre à tes questions. » et éviter qu’un enfant soit sans rien ni personne. Je m’enflammais sans doute.
Mais c’était ce qu’il fallait faire dans un village non ?
Ce jour-là, j'avais englouti mon quota quotidien de sucreries.
Dès le réveil, j'avais eu l'outrecuidance - selon ma mère, ça désigne une forme d'irrespect - de me rendre dans la cuisine de la maison familiale, alors même que mes parents dormaient encore à poings fermés. Je savais avec précision là où il cachait la boîte de bonbons, qu'ils faisaient leur possible pour soustraire à mes mains d'enfant. La veille, j'avais vu papa la ranger dans un meuble de la cave. J'y avais pensé toute la nuit, ne pouvant m'empêcher de penser à tout ce sucre que je pouvais facilement me mettre sous la dent pour entretenir le vice de mes carries.
Aussi, dès lors que le soleil avait pointé son nez, j'avais pris la direction du sous-bassement de la maison, non sans une pointe d'appréhension. J'espérais ne pas tomber sur un fantôme ou tout autre créatures qui hantaient mes cauchemars. La peur au ventre de voir surgir des ténèbres une masse ombragée, j'avais réussi à me saisir de la boîte, avant de remonter quatre par quatre les marches de l'escalier pour revenir dans le salon.
Lorsque mes parents s'étaient réveillés, ils m'avaient retrouvé allongé sur le sol, le ventre rond et entouré de plusieurs emballages de bonbons. Je ne vous raconte même pas l'engueulade qui s'en est suivie !
Je sortais donc de la maison afin d'éviter d'envenimer la situation, non sans prévenir mes parents que je me rendais à un entraînement. Pas totalement faux, au demeurant. Ça faisait bientôt un an que j'avais obtenu mon diplôme de Genin, mais je n'avais effectué que quelques missions de faibles importances. Je n'avais d'ailleurs toujours aucun sensei d'attribué, ni aucune équipe à laquelle m'associer. Un flou administratif qui me laissait dans l'embarras, puisque je n'avais pas l'impression d'appartenir clairement au système en place. Aucune sollicitation, aucun privilège. Je n'avais l'impression d'être qu'un pion au milieu de la masse informe de ninja œuvrant pour le village, un élément malléable et sans trop de responsabilités.
La porte claquait derrière moi, et je m'apprêtais à prendre la direction du terrain d'entraînement le plus proche lorsqu'une ombre vint ternir le beau tableau de cette journée qui avait commencé sous de parfaits auspices. Une ombre aux cheveux blancs et aux pupilles d'un bleu étincelant.
" Hey, Salut, Masoue c’est ça ? Je me présente, Akira, on m’a dit que t’étais passé Genin y’a pas si longtemps, enfin presque un an, mais ça va encore. T’as pas de Sensei encore c’est ça ? On a 4 ans d’écart, j’ai pas spécialement l’esprit d’un grand-maître, mais si tu as besoin, je peux peut-être répondre à tes questions. "
Oh, un grand ! Un presque adulte, comme j'aimais appeler tous ceux qui m'était supérieur en âge. Et cet Akira semblait faire partie de la dite caste, puisqu'il avait apparemment dans les dix-sept ans, soit quasiment un ninja confirmé et affirmé. Autant l'approche était bizarre - ma maman m'a toujours dit de ne pas parler avec des inconnus dans la rue - autant j'étais content que quelqu'un d'expérimenté s'intéresse enfin à ma petite personne.
" Salut Akira... Euh, monsieur Akira. C'est bien moi, Kae Masoue, mais vous pouvez... Enfin tu peux m'appeler Masoue. "
Entre le vouvoiement et le tutoiement, j'hésitais encore bien souvent quand il s'agissait de parler à quelqu'un de plus âgé. La politesse me tenait à cette rigueur, mais ma jeunesse et mon apparente innocence pouvait souvent excuser mon manque de discernement sur des sujets aussi vastes et sans réelle importance.
" C'est... Très gentil de ta... Votre part de venir vers moi. J'avoue que je suis un peu perdu et que..."
Je piochais avec hésitation dans la poche de mon short vert, pour en sortir une sucette que j'avais gardée en réserve après mon petit braquage du matin. Je déchirais l'emballage avant de la porter à la bouche, laissant seulement dépasser le bâton en plastique mou. Mon anti-stress personnel.
" J'sais pas trop ce que je dois faire à vrai dire. Du coup, depuis un an, j'effectue des missions de temps en temps, et je m'entraîne sur mes temps libres. Mais c'est pas toujours clair et je... Je patine un peu, pour être honnête. "
Difficile de dire si jouer la carte de la franchise et de l'honnêteté était la meilleure des manières de se faire bien voir, mais c'était la seule chose que je pouvais faire. Après tout, cet Akira était venu vers moi sans prendre de pincettes, alors je ne pouvais pas me permettre d'en prendre. Autant être franc et droit, puisque c'était le trait de caractère qui me définissait le mieux. De toute façon, je n'allais pas pouvoir me cacher constamment derrière ma jeunesse, sous peine de me retrouver rapidement dépassé par les événements. L'âge n'avait pour lui que la raison, et il fallait que j'arrive à outrepasser les limites personnelles que je m'imposais.
" Du coup, votre aide est la bienvenue ! Surtout que j'ai besoin de devenir plus fort ! J'ai l'impression de stagner depuis ma sortie de l'académie, et sans superviseur, j'suis obligé de me former tout seul. "
J'espérais que la longue lassitude de mes questions n'allait pas faire fuir ce nouveau venu qui, par son flegme et sa franchise, avait réussi à capter mon attention, ce qui n'était pas chose aisée. Mais cette simple rencontre suffisait à me redonner de la motivation, alors même que je commençais franchement à la perdre avec le temps qui passait.
Uchiha Akira
Konoha no Chunin
Messages : 1575
Date d'inscription : 18/03/2019
Age : 32
Fiche du Ninja Grade & Rang: INTENDANT - CHUUNIN - RANG B Ryos: 2850 Expérience: (3458/1200)
Très rapidement le gosse me confirma que j’avais bien fait de venir, bon déjà il était drôle, intéressant, et perdu, soit exactement ce pour quoi j’étais là et la preuve que j’avais bien fait de prendre cette initiative. Ce gamin avait de la ressource, il ne s’était pas laissé abattre, ni porté, il avait fait des missions seul, il s’était entrainé seul. Ça me rappelait quelqu’un non ? « Déjà Akira c’est très bien, pas de monsieur et tu peux me tutoyer, on est dans la même équipe ! » assurais-je en me rappelant malgré moi ce que Kyoshiro m’avait dit au début. On se battait ensemble, pour la même cause, se battre les uns contre les autres ne seraient que stupide et une preuve qu’on n'avait rien compris.
Il me manquait, mais ce n’était pas le moment.
« En sortant de l'académie, on est tout comme ça. Pendant des années on va te pousser à en apprendre le plus, c’est possible uniquement car t’es jeune, mais on peut pas faire ça toute sa vie. », sinon on devenait fou et le village n’était plus protégé. « T’es plus apprenti et ce n'est pas pour rien, du coup déjà, rassure toi tu stagnes pas, juste t’es plus à ton perfectionnement renforcé. », il devait prendre le temps et faire confiance. Konoha avait perdu beaucoup de monde en peu de temps. Les missions, la violence qu’on ne pouvait pas prédire, bref, tout un tas de trucs qui avait fini par nous affaiblir et oublier le futur.
Secouant la tête, je me repris, j’étais là pour Yuriko, je devais la décharger, faire en sorte qu’elle ne pense à rien. « Tu peux un peu m’expliquer ce que tu as fait jusqu’à présent, tes forces, tes faiblesses, ce qui te dérange, tes préférences, bref, raconte moi qui tu es et ce que tu as fait depuis ta sortie. Je suis sûr que c’est pas si peu que ça. », c’était le plus simple, mais ce qui m’avait permis d’évoluer au contact de… Le souci c’est que j’étais obligé de penser à lui. Il avait été le seul référent efficace que j’avais eu...
Des paroles rassurantes, un air confiant et qui donnait l'impression de l'avoir longtemps connu. Pour l'enfant que j'étais, il n'en fallait pas plus pour que j'accorde du crédit à ses paroles, et que je me perde à m'imaginer grandir comme lui. Les figures d'autorité que j'avais eu l'occasion de côtoyer, je les avais toutes érigées au rang de quasi-divinités, des modèles à suivre que j'espérais un jour égaler. Certains diront que j'ai un esprit facilement manipulable, d'autres que je cherche simplement à m'élever parmi les miens. Un peu des deux, si vous voulez mon avis. Je comptais toujours le Shodaime Hokage comme une de mes idoles, de même que son successeur, la Nidaime du doux nom de Tadake Yurikô. Des grandes figures de ce monde, qui le façonnaient en appuyant l'influence du village et de ses habitants. Et même si ce n'était pas une place que je briguais pour plein de raisons, j'espérais un jour pouvoir avoir autant de force et de bravoure que ces ninjas que tout le monde connaissait.
Akira, par son discours, m'avait immédiatement rassuré sur ma place. Et il voulait désormais en savoir plus sur moi, sur le ninja et la personne que j'étais en train de devenir. C'était sûrement la démarche habituelle quand on avait affaire à un genin tout juste sorti de l'école, alors je ne cherchais pas à en savoir plus. Je m'attelais donc à préparer mes mots pour lui répondre, la sucette toujours à la bouche. Goût fraise d'ailleurs, mon préféré.
« Et ben, pour commencer, j'ai déjà réalisé quelques missions. Pas des supers importantes. Retrouver un chat perdu, sauver un cochon malade, ce genre de trucs. »
J'avais l'impression d'être un imposteur. Un an, et les services que j'avais pu rendre pour le village se résumaient en quelques mots. Autant dire que j'étais loin d'égaler certains de mes anciens camarades de promotion qui, eux, étaient déjà pleinement actifs dans les affaires courantes et avaient progressé bien plus que de raison. Moi, j'avais légèrement stagné, me contentant de perfectionner les entraînements qu'on m'avait dispensé à l'académie.
« J'suis plutôt doué en ninjutsu. J'crois que c'est mon domaine de prédilection, selon les instructeurs de l'académie. Et je peux transformer mon chakra en raiton. Je connais deux trois techniques de cette affinité, et quelques autres dans les domaines basiques. »
Là encore, j'avais un train de retard sur les autres. Ma capacité à manier la foudre était plus que dérisoire, et il m'arrivait encore souvent de rater mes techniques, par manque de précision, de chakra ou par erreur de mudras. Pourtant, ce n'était pas l'entraînement qui me manquait, mais peut-être simplement la présence de quelqu'un de plus expérimenté pour me rassurer. Après tout, j'avais d'autres atouts sous la main, notamment ma capacité à réaliser les signes incantatoires avec une rapidité supérieure à la moyenne. Ça me permettait d'agir bien plus vite pour réaliser mes techniques, même si je n'avais pas encore eu l'occasion de tester cet avantage en conditions réelles.
« Et je pèche un peu en taijutsu, mais j'ai pas l'impression que ça soit important vu mon style de combat actuel. »
Donner des coups de poings et de pieds, c'était à la portée de tout le monde. Même mes parents, pourtant en dehors du système ninja, pouvaient en être capables. Mais, quand il s'agissait d'utiliser des techniques permettant de frapper efficacement au corps-à-corps, j'arrivais facilement à mes limites. Heureusement, je faisais en sorte de me battre à mi-distance, puisque c'était là où les quelques techniques que j'avais en ma possession étaient le plus efficace.
Sur le perron de la porte de ma maison familiale, j'observais le jeune adulte à qui je venais de répondre aux questions. J'espérais simplement ne pas avoir dit de bêtises. Sous la pression, j'accélérais la pression de ma langue sur le bâton sucré dans ma bouche. Bientôt, j'allais arriver au bout de ma friandise et, alors, ce serait certainement le drame de ma journée.
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Depuis mon retour de mission, je me sentais comme soulager, certes tout n’était pas passé, bien loin de là, mais j’avais repris mon souffle et j’acceptais la douleur. J’acceptais de ne pas avoir la main sur tout, j’acceptais qu’on puisse souffrir. C’était déjà un mieux, et même si l’humeur était morose, c’était autre chose qu’il y a quelques semaines. Je n’avais pas le droit de m’effondrer en soit, j’avais la chance d’être accompagnée, et même si j’avais beaucoup perdu, ce n’était pas comme elle. Son mari, l’homme qu’elle aimait le plus après son frère, lui aussi disparu. En une poignée de jours, le sort s’était acharné et bien que j’eusse fui quelques jours, je ne pouvais pas ignorer une chose : sa détresse.