[Training] Tête à tête entre artistes incompris [Shirogane Mirai]

Cette journée sentait la défaite à tous les points de vue. Déjà parce que j'avais passé une soirée bien merdique après être revenue à l'hôpital où j'étais confinée avec des blessures nouvelles suite à ma rencontre avec mon futur grand chef, Mirai Shirogane. C'était pas au programme de m'abîmer. Mon infirmier préféré m'avait à nouveau balancer des saloperies et de quoi me soigner toute seule parce qu'il ne se donnait même plus la peine de faire le moindre effort avec moi. La blague. C'était pas comme s'il était bon dans son métier celui-là. Fallait dire que depuis que je reprenais du poil de la bête, je lui avais à nouveau cassé le nez après une remarque déplacée comme la première fois où je l'avais vu. Notons cependant que c'était accidentel cette fois-là. Pas la seconde. Quoiqu'il en soit, je m'étais faite remontée les bretelles pour ma négligence avec le speech habituel sur le manque de discernement qui me caractérisait. Quand je leur avais ensuite indiqué qu'il me fallait une nouvelle autorisation de sortie pour un entrainement avec l'un de mes congénères, ils avaient fait la gueule. Ils savaient d'avance que je reviendrais pas toute pimpante. Bizarrement, ça m'avait fait sourire. Au moins, j'allais voir un autre paysage... et peut-être d'éventuels souvenirs. L'académie, c'était ma première vraie sortie.... et plutôt que d'apprécier tranquillement le moment, un type chelou m'avait agressé pour me tester. Comprenez moi bien que lorsque je disais que ça sentait la défaite, je mentais pas. Je souriais simplement face l'ironie de la situation.

Le Shirogane au fasciés d'oiseaux des îles m'avait "intimé" l'ordre de ramener mon joli petit popotin au crépuscule sur le terrain d'entrainement. L'obéissante marionnettiste que j'étais se laissa traîner jusque là-bas, le pas tranquille, la clope au bec avec tout son attirail : la marionnette sur le dos et l'épée au fourreau. Oh je pris mon temps pour me rendre dans les lieux parce que cela n'allait pas être une partie de plaisir. D'un point de vue technique, je savais pas qui était ce Mirai. J'avais juste un nom. Par contre, j'avais clairement senti de l'hostilité chez lui à mon encontre. Il pouvait pas me piffer et je n'avais strictement et foutrement aucune idée de la raison. J'avais supposé qu'il faisait peut-être parti de la belle brochette de tocards qui imaginait que j'étais une traîtresse à Suna et par manque de chance, on m'avait collé dans ses pattes. Je commençais à croire que j'attirais que les gars qui voulaient pas de moi. J'étais pas prête à me caser - et heureusement que c'était pas dans mes projets.

Je finis cependant par arrivée au point de rendez-vous avec sans doute dix minutes de retard, chose qui était assez raisonnable quand on me connaissait un peu. J'aurais pu être mauvaise au possible et pas me pointer du tout. J'avais fait l'effort, j'espère que l'autre Shirogane en ferait un peu... Je pouvais toujours rêver. J'allais m'en prendre plein la gueule et comme je ferais rien pour arranger les choses... je prendrais ma ration pour le mois. D'un geste nonchalant, je finis par me saisir de ma cigarette et la jeter sur le sol pour l'écraser du pied. Je levais mes yeux améthystes en direction de mon nouveau bourreau avant d'avoir un petit sourire en coin. Je me contentais de faire un petit geste de la main pour le saluer. J'allais enfin savoir à quelle sauce il allait me bouffer celui-là.

J'aurais dû faire un pari sur mes retrouvailles avec le fou peinturluré. Je pouvais pas m'attendre à être accueillie en fanfare. Cela allait forcément partir en sucette et il fallait dire que cela n'avait pas raté, accompagné d'un petit discours qui avait une étrange teinte de cynisme qui me semblait familière et qui me passait clairement au-dessus de la tête. Pour cause, j'étais pas la mieux placée pour lui faire des remarques. Si j'étais capable de parler, je lui en aurais envoyé des belles, de piques cyniques j'entendais. Et si j'étais en pleine possession de mes moyens, je lui aurais même écraser le crâne sur le sol avec une remarque acerbe et gratuite juste pour faire disparaître son petit sourire de beau gosse. Sauf que les "si" n'allaient pas effacer le fait que mon destin était merdique au possible. La seule vérité était que j'étais redescendue en bas de l'échelle alimentaire. Je ne pourrais dans l'immédiat fantasmer que sur l'idée. Dommage. Surtout que du coup, j'allais sans doute être celle qui allait bouffer du sable. Quelle chienlit!

Désabusée comme à mon habitude, je pointais mon regard dans sa direction avant de passer lentement sur sa grosse marionnette à tête de macchabée. Elle, je m'en souvenais. J'avais toujours envie de la dépiauter, truc de Shirogane. C'était sans doute pas prêt d'arriver. Puis mes yeux se tournèrent vers l'autre poupée, plus humaine, plus présentable et j'irais même dire plus "jolie". Par contre, son visage figé et les armes qu'elle commença à dégainer étaient beaucoup moins sympathiques. Je ne pus me retenir de lâcher un soupir qui trahissait ma lassitude face à son comportement. J'avais capté qu'il pouvait pas me piffer mais ça devenait lourd. Il attaquait déjà? Super. Ce type avait vraiment un grain. Je n'eus même pas le temps de "dire" quoique se soit que Mirai me sourit et me lança son "frère".

Je conservais mon sang-froid, je n'étais pas le genre à paniquer de toutes façons, même face à une situation pourrie. Mon regard ne changea pas d'expression et je tremblais pas. C'était pas digne d'un sunajin il paraissait de toute façon. Rapidement, je portais ma main près de ma bouche avant de concentrer à vitesse grand V mon chakra à mon élément primaire. Là, je lui lançais un tourbillon condensé de futon pur dans sa direction et pris tout aussi vite une position de combat parce que, bien évidemment, je m'attendais à ce qu'il esquiva la chose d'une façon ou d'une autre. Déjà, il me semblait avoir compris que sa grosse Berta était autonome, donc il pouvait me l'envoyer dans la tronche à tout moment. Quant à ses capacités à lui, ses techniques propres, je n'avais pas la moindre idée de ses compétences hormis qu'il maniait le sabre comme moi. Il y avait un curieux coup de destin de voir qu'on aimait les mêmes joujoux. Dans une autre vie, j'étais quasi certaine qu'on se serait bien marrer ensemble. Balot.

Je m'apprêtais à prendre en pleine poire le revers de la marionnette géante quand Mirai l'arrêta d'un simple sifflement. Elle stoppa ses gestes, obéissant à son maître avec son allure inquiétante alors que j'avais assez de lucidité pour me rendre compte que je venais d’échapper à une sacrée branlée. Je ne pus retenir un soupir de soulagement parce que je commençais sérieusement en avoir marre de servir de punching-ball. J'étais pas trop dans le délire sado-masochiste. Mon katana à la main, je me redressais pour pointer mon regard améthyste dans sa direction, croisant ses yeux à lui ainsi que tout le mépris que l'on pouvait imaginer de la part de quelqu'un qui vous détestait. J'imaginais difficilement ce qu'il pouvait ressentir. Non pas que j'étais pas capable d'empathie, mais simplement parce que j'étais pas animée par la haine. La vengeance, tout ça, trop peu pour moi. Alors sa pique sur les Kaigan, ça me passait clairement au-dessus. S'il avait vraiment lu le moindre rapport sur moi - et c'était peu probable que mon vieux en ait trop dit à mon sujet - il avait juste appris que j'avais été abandonnée dans le désert et que je portais pas les gènes qui me permettaient de manipuler le sable. La partie où on expliquait que l'on m'avait trouvé à moitié crevée avec le cadavre de ma mère avait dû lui passer au-dessus du crâne. Mais c'était pas comme si je devais m'attendre à ce qu'il comprit ce que ça faisait d'être une enfant Kaigan que l'on balançait comme un déchet. J'avais plus pitié de lui qu'autre chose parce que sa colère le boufferait bien avant tout le reste.

En attendant, j'eus droit à un nouveau coup fourré de sa part. Pas le temps de véritablement souffler qu'il dégaina son arme pour me décomposer la technique qu'il souhaitait que je maîtrisasse. Mais sa cible ne fut pas moi, mais Itori. Ayant défait mes liens avec ma poupée, je n'eus pas le temps d'en recréer à nouveau pour lui permettre d'échapper à la violence de la frappe sans avoir à me défaire de mon épée mais mon regard ne lâcha pas d'une miette le katana de mon "senseï". Je vis les muscles de ses bras se tendre alors que les manches de son kimono étaient retombées en arrière quand il les leva. Je compris que sa force n'était pas uniquement naturelle et qu'il renforçait le tout avec son chakra, ainsi que son arme par extension.

Mais alors que j'eus un petit rictus qui feignait la douleur quand je vis Itori charger violemment, il ne me laissa une nouvelle fois pas le temps de réagir et me forçait à la précipitation comme si je n'étais capable d'apprendre que dans l'urgence. C'était une méthode comme une autre, celle de la survie... mais je m'en serais bien passée. Il siffla de nouveau et sa satanée marionnette autonome reprit de plus belle. Ce fut en premier lieu un bon réflexe qui me valut de reculer à temps quand ses bras armées me tombèrent dessus. Il me harcelait d'une telle manière que j'avais bien du mal à envisager la manière dont je pourrais le prendre par surprise mais je n'avais qu'une solution qui me vint à l'esprit et qui me réclamait pas de lâcher mon épée.

Bien que je l'avais déjà utilisé auparavant, je repris une bonne bouffée d'air avant de le malaxer avec du chakra et lui envoyer en pleine face une spirale compressée de futon. Si ça lui infligeait des dégâts au passage? Je prenais. Mais c'était principalement pour le surprendre et l'obliger à feinter résister à la technique. Par derrière, je me préparais déjà à attaquer. Je gonflais mes muscles, puisant dans toutes mes forces tout en gérant mon chakra le plus habilement possible. Cela ne me posait en réalité pas autant de difficulté que cela puisque je maîtrisais déjà le chakra nagashi. C'était plutôt la gestuelle qui me faisait défaut mais maintenant que j'avais vu comment il faisait...

Je profitais de l'ouverture que j'avais tenté de me créer et je fonçais sur son démon squelette. Il fallait que je le chargeasse avec force et c'était ce que je m'appliquais à faire. Je courus dans sa direction et bondit brutalement sur lui. Je brandissais mon katana au-dessus de ma tête avec la volonté féroce de vouloir lui faire sauter la sienne - j'allais pas avoir des scrupules après le coup qu'il avait fichu à Itori. Il était hors de question pour moi de flancher. Je n'avais pas peur des démons, cela n'allait pas commencé avec lui. On était pas des dégonflés chez les Shirogane contrairement à ce que certains s'imaginaient. J'abattais ma lame en copiant exactement les gestes de Mirai. Cela n'allait pas le flinguer mais ça lui ferait "mal".

Je n'attendis cependant pas de connaître la riposte que je bondis à nouveau en arrière pour m'éloigner de lui. Oh bien évidemment, ce cintré trouverait forcément quelque chose à redire sur mes appuis, sur mes mouvements, sur ma force... Je m'attendais pas à des félicitations, cela lui arracherait trop la gueule.

Récapitulatif combat + techniques à apprendre:

J'étais peut-être encore une carcasse ambulante mais j'avais encore de beaux restes. Il fallait dire que c'était pas donné à tout le monde de survivre à tout ce que j'avais pris dans la gueule, ce qui laissait à penser que j'étais robuste malgré tout. Bon, je vivais pas dans l'illusion non plus que j'étais au top de ma forme. J'avais dû mal à reprendre mon souffle et même si je ne trahissais pas la douleur sur mon visage, je pouvais vous avouer que je douillais pas mal. J'avais les muscles en feu et celui qui m'enseignait par la force s'en cognait royalement. Est-ce qu'il s'en doutait? Peut-être. Il était pas si con mais ça devait lui faire bien plaisir à la vue de la haine qu'il affichait clairement. Y avait vraiment que moi pour tomber sur des gros malades.

Alors que je m'attendais clairement à me prendre une retournée de la part de la marionnette autonome, je l'entendis râler comme je commençais à m'y habituer et frapper ma petite Itori d'un poing colérique. Je grimaçais une nouvelle fois comme si j'avais mal pour elle mais ne vous y fiez pas, je pensais surtout que c'était des dégâts en plus à prendre en compte pour les réparations - dont des ryos que je n'avais pas forcément pour le matériel. Bien entendu, Mirai m'engueula. Il semblait être le genre de type dont il fallait pas contrarier les plans et suivre sa logique. Il était pas dans la merde avec moi parce que je risquais de le frustrer pas mal le peinturluré. Pas que je ne savais pas suivre les ordres mais j'avais ma façon de faire les choses... et lui... une autre visiblement. Mais pour être honnête, notre plus gros problème serait sans nul doute la communication. Notre relation respirait déjà la joie d'un amour naissant.

Je me mis à soupirer pendant que je me redressais et rangeais mon arme. Je l'avais entendu siffler pour stopper Oni, marquant ainsi le fait que je serais tranquille pour les quelques secondes qui suivraient. Ou pas. Il sortit son épée et pointa la lame dans ma direction. Je le sentis la charger de chakra - je le devinais plutôt à la façon dont ces bras se tendaient. Il voulait quoi? Me buter? Maintenant? Il se serait fait autant chier pour en arriver là? Non. Il préféra passer ses nerfs sur ma marionnette, une nouvelle fois. Il avait pris la posture de la technique Issen et lâcha son énergie - assez faible - sur Itori qui se fit balâfrer. Telle poupée, telle maîtresse, hein?

Je m'attendais à ce qu'il passa juste sa colère mais je restais de cul comme le disait l'expression quand il me demanda plus d'explication sur la technique de kenjutsu. J'aurais presque eu envie de pouffer tellement je trouvais ça cocasse. Il me traitait comme de la merde et maintenant il voulait des conseils? Un vrai gosse ce type. Pas étonnant que le vieux Ibushi savait plus quoi faire au point de l'envoyer entrainer une meuf dans mon genre. Cela devait vraiment le dégoûter. Sa chance était que j'avais pas son défaut : la rancune. Je m'en battais des autres, de leur colère ou même du fait que ça les dérangeait que j'étais pas haineuse envers les types qui m'avaient mis dans mon état. Je leur demandais pas de comprendre. Mais est-ce que lui était prêt à accepter mon aide? J'étais pas convaincue.

Nonchalamment, je m'approchais de lui, sans arme pour le coup puisque j'avais déjà rangé mon épée. J'avais mon carnet dans les mains et j'avais commencé à écrire pendant que j'avançais. A hauteur, je plantais mes yeux dans les siens à lui tendant mon message.

" Si tu veux améliorer cette technique, il faut que tu fasses en sorte que le potentiel tranchant de ton chakra persiste, donc plus de puissance dans ta lame. Pour pas gâcher ton énergie, condense-le un peu plus. Il s'éparpillera moins. "

A cet instant, je posais ma main sur le pommeau de mon katana pour lui signifier que j'allais lui montrer. Je m'écartais de lui et je me tournais vers une cible, ma propre marionnette. Au point où elle en était, un peu plus ou un moins... et ça me donnerait un bon prétexte pour l'améliorer... sans compter que de toutes façons, Mirai allait me la fracasser. Bref. Je me mis en position, le regard en direction d'Itori et commençait à charger ma lame de chakra. Il fallait que mon coup soit net et précis comme cet art l'exigeait, comme le marionnettisme l'exigeait. C'était d'ailleurs l'une des choses qui rassemblaient les deux : la précision. Puis d'un coup, je tirais ma lame et lançait mon chakra dans un croissant d'énergie qui frappa de plein fouet le torse de la poupée, la projetant un peu plus loin comme si elle n'était qu'un chiffon... mais elle encaissa, non pas sans une fêlure. Je remplacerais tout ça par du bois de meilleures qualités.

Un fois cela fait, je me tournais vers mon "senseï", juste pour savoir s'il avait pigé le truc. Il devait tellement avoir les boules que je maîtrisais cela que j'étais persuadée que par simple fierté, il trouverait le moyen de faire mieux. Mais puisqu'il semblait fonctionner comme cela... allons-y gaiement.

Récapitulatif combat + techniques à enseigner: