La nuit... en cette période de l'année c'était sûrement le moment que Shigeru préférait. Le renard d'acier de Suna avait toujours été sensible a la beauté du ciel nocturne et il savait qu'en cette période de l'année la lune serait gigantesque. C'est pour cette raison qu'il a pu sans trop de soucis se réserver la partie réservées aux entraînements aux combats sur les toits pour la nuit, après tout c'était un moment ou presque aucun shinobi viendrait s'entraîner et déjà que d'apprendre a combattre sur les toits n'était pas très populaire vu que l'essentiel de leurs missions se déroulent dans le désert, alors a cette heure la...
Alors que le soleil commençait a décliner, Shigeru dépose son sac, essentiellement composé de bouteilles de saké et de livres, au manque de nuages dans les cieux ainsi qu'a la taille importante que sera supposée prendre la lune l'apprenti astronome était certain de pouvoir réussir a lire sans problème dans l'obscurité. Néanmoins il se devait de donner et le change et pour ça il n'y avait rien de tel qu'un peu d'exercice physique, laissant son armure de plaques se dissiper, il saisit la lance de fer qu'il en avait formé.
Grâce a son affinité, Shigeru avait fini par se déterminer un style de lance qu'il préférait manier, loin d'être aussi lourd qu'un naginata, la très longue lame était cependant capable de trancher un membre ou une personne qui ferait peu attention. Le Serika commença par une série de mouvements simples qu'un débutant pouvait reconnaître, augmentant peu a peu la cadence jusqu'à ce que l'arme soit une série de vrombissement et d'éclairs argentés pour un oeil qui n'aurait pas l'habitude de suivre la vitesse avec laquelle le jonin se déplaçait. Les quelques mètres autour de lui étaient devenu un ballet mortel dans lequel il se déplaçait avec aisance, la lance lui obéissant comme si elle était une extension de son propre corps, ce qui n'est pas vraiment faux quand on sait qu'il l'a fabriquée avec son Kekkei gekkai.
Alors que la nuit tombait véritablement, le ballet s'arrêta et Shigeru jette un coup d'oeil en contre bas ou la plupart des gens avaient disparue et l'immense majorité des autres n'étaient plus la. Chouette, c'est maintenant le moment de glander au clair de lune!
Parmi les étoiles naissantes dans le ciel au fur et à mesure que le soleil se couche, il y a quelques nuages qui dérivent lentement au gré des vents, quelques oiseaux qui commencent doucement à rentrer chez eux... Et puis, parmi tout ce qu'il y a de plus naturel, il y a comme cette légère traînée de feu dans le ciel, comme si un appareil de haute technologie à réaction volée au-dessus de Suna.
En réalité, c'est juste Kalida qui ne voulait pas rentrer de nuit et a pris « la voie rapide ». Usant une de ces techniques qui lui est propre, la rousse se propulse en éjectant du chakra transformé en Katon par les pieds. Normalement cette technique est utilisée pour se rapprocher rapidement d'un adversaire et enchaîner ensuite du taijutsu. Le décollage et la mise en « vole de croisière » c'est bien passé, le souci maintenant, et c'est ce que Kalida a oublié en prenant son envol : c'est l’atterrissage...
Arrivant vers le camp d'entraînement, la kunoichi coupe au fur et à mesure la propulsion de ses pieds, faisant une espèce de salto dans les airs pour se retrouver les pieds en avant. Tant bien que mal, elle essaye de se ralentir en utilisant de nouveau sa technique mais... ça marche pas aussi bien ce qu'elle espérait.
Voyant que l’atterrissage ne va pas vraiment se passer comme prévu, elle hausse juste les épaules tandis qu'elle se contracte, prête à subir l'impact. Ce qu'elle n'avait pas pris dans ses calculs encore une fois, c'est que quelqu'un serait malheureusement sur la trajectoire de la demoiselle. Sans crier gare, la rouquine se prend quelque chose pendant son atterrissage, roulant sur quelques mètres avec le pauvre personnage qui profite sans doute du vent crépusculaire du désert.
Après le rouler boulet, Kalida ouvre de nouveau les yeux, se trouvant assise sur quelque chose. Baissant la tête, elle aperçoit ce qu'il semble être un front et une tignasse blonde entre ses cuisses. Tournant la tête pour regarder derrière elle, la rouquine constate la tranchée de l’atterrissage, ainsi que le reste du corps de l'homme sur qui elle vient d’atterrir.
- Oups...
Prise d'un fou rire, la kunoichi se relève laisser le pauvre homme respirer autre chose que les fesses de la demoiselle. En tendant la main, amusée, elle entame donc la conversation avec ce premier contact fracassant :
- Désolé ! Ma faute ! La prochaine fois je n'utiliserais pas cette technique... ce n'est pas prévu pour visiblement. Je t'ai fait mal ? Rien de cassé ?
Est ce un oiseau...? Est ce un ninja? Oui c'en est bien un? Alors que les choses devenaient calme voila que une étrange créature volante humanoïde voltigeait dans les airs en essayant maladroitement de se contrôler avec des flammèches lui sortant des mains, en voici une technique peu banale, probablement une de ces têtes brûlées d'Akayuki tiens. De toute manière le Serika allait fermer les yeux la dessus, il s'en fichait un peu de ce clan, des commerçants donnant des coup de poing enflammés on avait vu plus excitant même s'il reconnaissait que c'étaient des durs a cuire.
Un peu perdu dans ses propres pensées, une chose avait échappé au shinobi... une chose pouvant s'avérer plus que cruciale dans ce genre de situation... la trajectoire du projectile volant identifié... ouais elle était entrain de lui foncer droit dessus. C'est trop tard pour Shigeru pour l'éviter, même échauffé il était loin d'être dans les conditions mentales d'un combat, même plutôt l'inverse il était en mode détente.
C'est donc ainsi qu'un postérieur frappa son visage dans une exclamation étouffée de surprise digne des meilleurs romans. Si le jonin n'était pas forcément vêtu de son armure, il restait quand même quelqu'un de plutôt endurant et c'était loin d'être suffisant pour le blesser, assez pour le traîner sur quelques mètres par contre, sûrement... voici que son dos contre le sol laissa un profond sillon, preuve donc que Shigeru était une excellente piste d'atterrissage.
Saisissant au passage la main de la demoiselle pour se redresser, Shigeru s'étira et joua de ses cervicales de quelques mouvements amples, des craquements sonores indiquant que tout allait bien et que les quelques articulations et os malmenés par le choc reprenaient leur potentielle place initiale. A son éclat de rire une chose était sûre, c'était qu'elle n'était pas en état de choc, c'était possible d'être aussi inconscient que ça? Enfin... Shigeru était mal placé pour parler vu les dégats qu'avaient provoqué les techniques qu'il développait avant de rejoindre Suna. Soupirant bruyamment le jeune homme réponds d'un ton normal:
"Tout vas, bien, tu ne m'as blessé, j'aurais peut être un ou deux bleus mais franchement c'est pas grave... T'as quand même une sacrée chance de tomber sur un des rares du village a pouvoir encaisser ce genre de chocs, tente le casino demain. Hmm... comment je vais expliquer tout ça au gardien moi par contre?"
Les yeux de Shigeru longent la tranchée avant de remarquer que le contenu de son sac avait été déversé sur le sol, contenu qui consistait en beaucoup beaucoup beaucoup de saké et un ou deux bouquins, l'un d'eux assez connus pour être une histoire a l'eau de rose... Pendant une seconde le coeur du jonin s'arrête, la jeune femme avait l'air exubérante, sa réputation ne survivrait pas a la découverte du fait qu'il allait lire des bouquins au clair de lune comme une adolescente? Aïe aïe aïe...
Au pire il y avait une autre solution, sa lance se désagrégea la poussière de fer recouvrant la preuve compromettante avec célérité. Néanmoins pour pas que la jeune femme se pose des questions, deux des bouteilles qu'avait prévu Shigeru reviennent vers eux après un geste du doigt du jeune homme. Sa maîtrise avait cet effet pratique de pouvoir servir a ne pas se déplacer pour sortir une bouteille et ça c'était quand même génial. Alors qu'une d'entre elle se mettait a hauteur de la jeune femme inconnue Shigeru saisit la sienne:
"Si on ne tente pas des trucs farfelus la vie est ennuyante et l'être humain ne progresserais pas. Fait juste attention ou tombent tes fesses la prochaine fois. J'avais pas prévu de boire a plusieurs mais ça serait malpoli de ne pas proposer de partager. Qu'est ce que tu essayais de faire en fait avec ces flammes? Voler?"
Shigeru ouvre sa bouteille d'un geste trahissant l'habitude et but une petite gorgée, fixant la flamboyante inconnue avec une once de curiosité dans le regard.
Relevant la pauvre victime de son atterrissage improvisée, Kalida commence à s'épousseter toute la poussière qu'elle a pu prendre, tapotant ses cuisses, son ventre, son torse puis ses épaules comme si au final, tout est complètement normal pour elle.
Après quelques secondes, elle tourne la tête vers le sillage, se grattant un peu l'arrière de la tête comme pour s'aider à réfléchir sur les inquiétudes du blondinet. D'un air un peu idiot, elle se contente de bêtement répondre :
- Bouarf, t'es pas obligé de raconter ce qu'il s'est passé, si ? Genre... T'as rien vu ? Ou... C'était déjà là ?
Le regard de la demoiselle se pose alors sur les affaires de l'homme, constatant un tas de poussières d'une couleur étrange, mais surtout, la rousse remarque une chose bien plus importante : le saké. Il y a visiblement quelques bouteilles qui ont été renversées et le sol est imbibé de ce liquide divin, un véritable gâchis qui fait un peu culpabiliser la demoiselle. Venant se mordre le bout du pouce, elle prend la parole alors qu'elle a les dents serrées :
- Merde... J't'dois combien pour le saké ?
À ce moment, elle constate deux bouteilles léviter vers elle et son interlocuteur. La première arrive dans la main du blond tandis que l'autre reste en l'air à hauteur d'oeil de la rousse. Acceptant immédiatement le présent, elle attrape la bouteille par le haut en lâchant un petit souffle de rire :
- Tu sais comment me parler toi !
Elle vient alors mordre avec ses dents le bouchon de la bouteille qu'elle retire sans difficulté avant de cracher ce dernier par terre de façon peu élégante mais aucun filet de bave disgracieux en vue. Visiblement, la demoiselle a de l'expérience dans cet « art ». Buvant quelques gorgées sans même noter le geste habituel de son interlocuteur, Kalida reprend sa respiration bruyamment avant de passer sa manche sur la bouche pour s'essuyer :
- Bwaaah ! Il est pas mauvais !
Suite à la question de l'inconnu, la kunoichi regarde l'horizon d'ou elle vient avec un léger sourire, même un petit rire amusé de la situation :
- C'est complètement ça. A la base, c'est une technique efficace pour se projeter vers un adversaire pour vite arriver à portée de coup de poing. Je me suis dis qu'avec une tel vitesse, je pouvais m'envoler. Le problème n'a pas été le décollage comme tu l'as constaté, mais la maniabilité. Il va me falloir une nouvelle technique pour ça je pense...
Tapant du cul de la bouteille un de ses talons qu'elle a relevé en pliant sa jambe en arrière :
- Je me propulse avec du chakra sous pression que je transforme en flamme ensuite. La poussée me fait littéralement rester à l'horizontal sans toucher le sol. Signée Akayuki Kalida cette technique ! Gihihi !
Un sourire radieux aux lèvres, les yeux mi-clos, la rousse exubérante regarde le jeune homme en face de lui tandis qu'elle se montre du pouce, fier de sa créativité.
- Et toi ? C'est ton petit jardin secret pour picoler en paix ? Tu cherches l'inspiration ?
Un léger soupir passe les lèvres du blond en l'entendant, certes c'était des solutions plutôt pragmatiques qu'elle proposait mais un poil enfantines "C'est pas moi c'est déjà là quand je suis arrivé" boarf, Shigeru improvisera il a toujours été doué pour ça, son surnom de renard d'acier ne venait pas par sa force mais par son adaptabilité. C'est amusant de voir comme ce surnom ressemblait à celui de son aîné...
"Au pire j'improviserais, de toute manière c'est pas comme s'il pouvait se plaindre officiellement. Avoir le bon nom de famille ça peut aider"
Les yeux de Kalida suivaient la poussière de fer et s'arrêtèrent sur le saké renversé… c'était étrange de la voir plus s'inquiéter pour une potentielle dette que pour avoir potentiellement pris le risque de tuer quelqu'un. Cette étrangeté fit franchir un long rire de la gorge du jeune homme qui pris la peine de s'essuyer une larme d'amusement de sa main libre, retirant son gantelet il le mit dans son sac avant de se redresser:
"Tu ne me dois rien, je les ai piqués dans l'auberge de ma famille donc t'inquiète"
Piqué... c'était sûrement un grand mot sachant que ça ne dérangeait pas sa mère qu'il pique dans les réserves en cas de besoin, avantage et privilège d'être le chouchou de la fratrie sans oublier que beaucoup de ses primes de mission étaient dépensé dans l'établissement cité plus haut. Il faut aussi le dire honnêtement, la sécurité apportée par la présence et le nouveau nom de Shigeru était une sécurité inestimable, qui attaquerait le lieu de vie d'un Serika sans s'exposer a la mort?
"Content qu'il te plaise, si ça te tente je peux te dire ou tu peux en trouver de l'identique?"
Shigeru porte à nouveau sa bouteille a ses lèvres, buvant plus franchement au goulot, aucun filet malvenu viendra finir sa course au sol. Reprenant son souffle en sentant l'alcool réchauffer ses membres, il fixe la jeune femme avec curiosité, forcément elle devait être aussi habituée que lui a boire vu la technique dont elle avait fait preuve avec la bouteille depuis le début… Quelle raison l'avait-elle poussée à se noyer dans l'alcool? Etait elle veuve comme lui?
"Hmm je vois, je vois, si tu te propulses avec tes flammes à l'arrière, tu peux en produire sur tes paumes si c'est ça qui produit la poussée non? Genre comme ça si tu veux freiner tu mets tes paumes en avant?"
C'était quand même une manière d'utiliser le katon assez intéressante mais le lancier jusqu'à découvrir sa maîtrise ne s'était que très peu, voire trop peu intéressé au ninjutsu traditionnel. Sans doute sa plus grande faiblesse vu qu'il savait avoir une énorme faiblesse conceptuelle face au raiton et leurs manipulateurs. Par chance les terres du pays de la foudre étaient littéralement à l'autre bout du Sekai.
"Tu me fais penser que je devrais me pencher sur le fait de créer une technique pour voler un jour. Avoir la maîtrise des cieux en combat est un avantage... en vrai… juste voir le monde de la haut est motivant."
Finissant sa bouteille d'alcool, il se sent se dérider un peu et éclate de rire a la vision absurde que venait de lui imposer sa psyché. Prenant un air un peu moqueur, le Serika s'adosse un peu à la balustrade du toit, fixant la jeune femme:
"Ou sinon tu en fais officiellement une technique, au moins l'atterrissage est amorti sur les fesses"
Bonne question que posait la jeune femme, qu'allait-il lui répondre qu'elle ne se doutait déjà pas de toute manière? Gardant son sourire il soupire en fixant la lune apparaissant:
"J'ignore si tu le sais, mais aujourd'hui est une nuit ou la lune est plus grosse que d'habitude et de manière visible. Disons que je venais admirer les étoiles en espérant trouver de l'inspiration, même si un coup de fesse sur le nez a l'air de bien faire le travail aussi"
Rigolant un peu sur le fait qu'avoir le bon nom de clan ça peut énormément aider au quotidien, la demoiselle ne se prive pas de saké avec son compagnon de boisson tout en l'écoutant, beaucoup trop occupé à savourer le divin liquide. Lâchant un long soupire de satisfaction après quelques gorgées en apnée, Kalida prend à son tour la parole :
- Très généreux de ta part pour le saké, mais pour ça il me faudrait déjà ton identité Coco, sinon je vais avoir du mal à te retrouver pour passer commande ! Geehee !
Regardant ses pieds puis sa main libre avec la paume ouverte vers le ciel.
- C'est toute une technique ce processus, il va falloir que je m'entraîne sur ça... Mais créer une technique pour voler n'a rien de si compliqué quand on a de l'imagination. Le plus dur, c'est de la maîtriser !
Elle rigole alors de façon franche sur la potentielle technique d’atterrissage par postérieur, ayant même la petite crampe au ventre qui fait qu'elle est obligée de se plier un peu devant soi pour pouvoir supporter la chose. L'alcool doit amplifier son côté « bon public », cependant, elle se calme assez rapidement quand le blondinet lui donne les raisons de sa présence ici. Amusée, elle se rapproche beaucoup trop de lui alors qu'elle est à 30° par rapport à lui, venant donner un petit coup du dos de sa main sur l'épaule de l'homme avec un ton presque moqueur mais amical :
- T'es un romantique toi non ?
Le regard noisette de la demoiselle dans les yeux de son interlocuteur, il y a clairement de la malice dans ses gestes et son regard. De la drague ? Si ça n'en est pas, ça en serait fortement rapproché en tout cas. Tandis que son épaule est au contact du torse de l'homme après cette petite tape, la bouteille à la main, elle vient boire une gorgée sans le lâcher du regard avant de finalement se décoller de lui pour aller vers la bordure du toit afin d'admirer la vue. Les pieds traînant un peu dans la limaille de fer, elle ne fait pas spécialement attention aux affaires du jeune homme à côté puisqu'elle a déjà jeté un coup d’œil auparavant.
- Tu fais souvent ça ? Venir dans un coin loin de tout le monde pour juste... Te recentrer ? Beaucoup choisissent la solitude mais très peu la supportent. N'est-ce pas ?
"Mon prénom est Shigeru, j'appartiens au clan Serika mais c'est pas la bas que tu me trouveras... De toute manière les pandas du désert ne te laisseront même pas entrer dans le domaine. Par contre, tu me trouveras à l'auberge tenue par les Akagi celle qui est dans la rue qui mène aux terrains d'entraînement. Tu ne peux pas la louper c'est une des rares auberges avec une devanture en bois."
Shigeru passe un oeil dans l'ouverture de sa bouteille de saké, soupirant en remarquant qu'elle était belle et bien vide. Déposant la bouteille il écoute le discours... enflammé si l'on peut dire. C'était amusant de voir comme dès fois les capacités s'accordaient bien avec leurs utilisateurs, en tant qu'utilisateur de Katon on ne faisait pas plus cliché que la rousse qui lui faisait face. Arborant un sourire amusé c'est d'un ton philosophe qu'il finit par dire:
"Ce n'est pas les moyens de s'envoler qui manquent dans notre monde. Atterrir par contre n'est donné qu'aux meilleurs d'entre nous"
Étrangement cette constatation était valable dans tous les domaines qu'il connaissait, mais particulièrement l'amour. Il était facile de trouver l'âme sœur, la séduire et la conserver était quelque chose de plus compliqué néanmoins… Le désert et les Kaigans étaient impitoyables pour ça, combien de personnes à Suna portaient les cicatrices dans leur âme de leurs actions envers leur dieu pervers? Ichibi... ou quel que soit le nom qu'il lui est donné, un jour il le fera plier à genoux et massacrera ses fidèles.
Ses yeux fixaient la gigantesque lune, ramené a la réalité par l'aéronaute en herbe qui... attends pour de vrai? Shigeru était loin, très loin d'être étrangers aux jeux de séduction entre homme et femmes... Mais habituellement, les demoiselles essayaient de subtilement attirer son regard en espérant qu'il fasse le premier pas et la entrait en scène un moment de bavardage ou le shinobi devait réussir à faire tomber leurs dernières réticences... Sauf que cette fois, il était vraiment en train de se faire draguer comme une demoiselle par un gars ayant un peu abusé de la bouteille? Ses yeux soutiennent le regard de Kalida, il y avait définitivement un truc dans son regard. Son habituel sourire revient vite a ses lèvres alors que la jeune femme s'éloigne. Fixant de nouveau la lune il décide de répondre a son interrogation:
"Plutôt oui, il n'y a rien d'intéressant à dépenser son argent dans des bordels. Le coeur d'une femme est comme une forteresse, la prendre et la conquérir après nombre de difficultés est plus intéressant que de louer une maison pendant quelques heures... Qu'en penses-tu en tant que femme Kalida? Préfères-tu un homme romantique essayant de te comprendre ou un homme qui ne pensera juste qu'à écarter tes cuisses?"
La réponse était aisée à donner et Shigeru le savait. Pourquoi jouer a ce jeu avec elle? Il n'en avait aucune idée, peut être l'alcool lui était monté un peu à la tête? On ne peut pas dire que Kalida était son type de femmes, il préférait de loin les beautés plus sophistiquées et frêles. Néanmoins il ne pouvait pas nier qu'il y avait quelque chose d'inexplicablement attirant chez cette femme simple. Peut-être le fait qu'elle soit elle aussi shinobi? Peu probable...
"La solitude hein... Disons que je fais partie de ces gens dont la mort marche à leurs côtés. C'est notre lot en tant que shinobi... la solitude on ne la choisit pas, on la subit. Peut-être que je te semble un peu fataliste, mais oui ça m'arrive de prendre du temps pour me recentrer, après tout se disperser est quelque chose de contreproductif non?"
Peut-être était-ce cela? Cette solitude? La partageaient-ils? Au final ils avaient l'air semblables...Comme deux aimants allaient-ils se repousser ou s'attirer? C'était une question qui l'intéressait tiens.
Un Serika ? En effet, il a le bon nom de clan pour se permettre pas mal de choses dans le village sans avoir le moindre souci. Mais ce dernier a l'air moins prétentieux, jusqu'à présent avec Senshi et ce qu'elle a pu voir dans le village, les Serika ne se prennent vraiment pas pour de la merde et possèdent le plus de pouvoir et d'influence dans la ville. Leurs Kekkei Genkai faisant quand même bien parler d'eux et offrant de nombreuses capacités, il est dur de rivaliser avec ce clan sur le niveau politique. Notant dans un coin l'adresse pour le saké, elle fait un moulinet de son poignet gauche en entendant la phrase philosophique sur l’atterrissage :
- Ouais ouais, « plus dur sera la chute », tout ça tout ça...
Quand Shigeru parle des bordels et de sa vision de la femme, de l'amour et de la drague, Kalida se retourne de façon assez surprise quand le blond lui demande son genre de mec, il est évident qu'avec les deux propositions elle ne peut que répondre la première possibilité, mais c'est tout de même un peu plus complexe que ça. Surtout quand on aime les femmes en plus, voir qu'on les préfère aux hommes :
- Bouarf, tu sais, un coup de moue, une envie de faire du sport et de se détendre, le bordel a parfois ses côtés positifs. Après, ce que je pense en tant que femme c'est... C'est pas si simple ce que tu racontes, tu parles comme si tout était blanc ou noir. Les deux types d'hommes peuvent au final n'être qu'un, tout comme un homme qui ne cherche pas à comprendre mais juste à vouloir te connaître c'est déjà en soit un bon début. Après, je suis clairement pas la meilleure femme à qui poser la question !
Elle rigole alors de façon gênée en se grattant l'arrière de la tête et en regardant ailleurs, dire qu'on est bi au premier venu, elle a déjà fait histoire de dissiper les sous-entendus mais généralement ça finit par des jugements hâtifs et qu'on la traite d'erreur naturel.
- Je suis loin d'être comme la majeure partie des femmes qui sont « belles et délicates comme une fleur » qui n'attend qu'à être cueilli. Je me suis entraîné dur tout ma vie, j'ai pas un corps très attirant pour beaucoup d'hommes, les muscles ça rebute un peu et un mec qui a sa copine plus balèze que lui, généralement c'est pas bon pour lui parce qu'il fait pas « viril ». Et puis... Bon, on va dire que j'ai aussi mon côté « spécial »...
La gêne s'en va subitement quand le sujet de la solitude est remis sur la table, le regard un peu dans le vide. Pendant un instant, Kalida a cette impression d'avoir un lourd spectre au-dessus d'elle qui pèse sur ses épaules, un remords accablant qui restera toujours avec elle malgré ses efforts pour oublier et aller de l'avant :
- Fataliste, non... réaliste plutôt...
L'ambiance devient alors plus pesante, les ombres se déforment lentement par les quelques lampions du village encore allumés tandis que le vent strident vient subitement briser l'agonie du silence après ces quelques secondes de flottement. Les cheveux de la rousse viennent alors se mettre encore plus en batailles que d'habitude, quelques mèches rebelles et finement ondulées viennent se mettre sur le front de la demoiselle en camouflant un peu la vue de cette dernière.
La scène peut se montrer quelque peu destabilisante aux yeux de la rousse, aussitôt qu'elle sent une forme de gêne, ce sentiment inconfortable paisant sur son ventre. Elle se mord doucement la lèvre inférieure avant de reprendre la marche :
- Il est tard, je dois y aller, mais je pense que nos routes se recroiseront "beau gosse".
Ainsi donc, sans demander l'avis de Shigeru, Kalida disparaît dans l'ombre en sautant du toit sur lequelles se trouvent à l'origine les deux shinobis. Ne laissant aucune trace derrière elle si ce n'est une délicate odeur de saké.
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