Le soleil brille fort au-dessus du village caché de Suna, la chaleur se fait insupportable si on n'est pas à l'ombre et pourtant, quelques irréductibles enfants continuent encore et toujours à résister à la chaleur pour s'amuser et se divertir afin d'oublier leurs situations d'orphelins. Deux de ces enfants passent alors non loin d'un bar du village, entendant des bruits à l'intérieur comme si un spectacle est en train de s'y dérouler. Intrigués, les bambins mettent un terme temporaire à leurs jeux pour pouvoir jeter un coup d’œil à ce qu'il se passe.
À l'intérieur, ce n'est pas bien compliqué, les tables sont quasiment toutes vides, tout comme les tabourets au comptoir sans client assis dessus. Presque toute la clientèle forme un cercle autour d'une table en braillant on ne sait quoi. Ça passe par des encouragements, des mises criées haut et fort sur leurs favoris et pour finir quelques injures.
Les enfants tournent le regard vers le pauvre barman qui se contente de nettoyer un de ces précieux verres, les yeux mi-clos et dirigés vers le sol, comme si ce dernier avait déjà tenté de calmer la situation mais que les choses ont voulu se passer autrement. L'adulte regarde alors les jeunes et leurs fait signe de partir d'un petit coup de la main en leur expliquant que ça pouvait dégénérer.
Mais que pouvait bien se passer de l'autre côté de la foule ? Dans l'épicentre de tout ce remue-ménage ? Eh bien, il ne s'agit ni plus ni moins qu'une démonstration de force qui s'y opère. Un homme dans la force de l'âge et au crâne rasé semble être en plein milieu d'un bras de fer contre une femme aux cheveux roux dont le bout de ses mèches semble prendre feu de temps à autre. La testostérone de cette scène est palpable, l'odeur de la sueur avec la chaleur est décuplée et prends aux narines dès qu'on se rapproche de la foule.
Aucun des deux opposant ne lâche le morceau, tous les muscles sont comprimés et la pauvre table qui accueille ce combat semble peu à peu subir les ravages du temps de façon accélérée. Kalida, la kunoichi qui affronte le chauve, semble surtout attendre le bon moment, économisant ses forces et ne faisant qu'encaisser les tentatives de son adversaire. Son regard remplit de détermination, la sueur perlant de plus en plus sur son front, ne lâchant à aucun instant son adversaire des yeux avec un sourire franc affiché sur le visage. La rousse prend son pied et ça se voit, ce qui a légèrement tendance à titiller son adversaire qui s’énerve de plus en plus, dépensant ses précieuses forces pour gagner.
Voyant le bon moment, les pupilles de Kalida se dilatent d'un seul coup, comme ces boxeurs ou les personnes victimes d'un accident, le temps semble se dilater pour elle, les secondes devenant des minutes, sentant le moindre de ses muscles se donner au maximum de leurs capacités. Le brouhaha ne se fait plus entendre dans les oreilles de la femme, comme dans un autre monde, elle voit son bras prendre l'avantage, poussant lentement celui de son adversaire vers la zone butoir.
La scène reprend sa vitesse normale, avec le chauve à moitié renversé et son bras aplati sur la table, tandis que Kalida, victorieuse, se lève les deux poings en l'air pour célébrer sa victoire avec un cri de guerrière. Le sourire jusqu'aux oreilles, les yeux fermés tandis qu'elle est toujours un peu rouge au niveau des joues, une vraie tête de renard.
Les billets et pièces des paris transitent de main en main, tandis que Kalida commande du Saké pour boire, offrant au passage un verre à son adversaire qui se contente de partir. Comme s'il avait perdu son honneur en perdant face à une femme.
Assise au bar, elle boit son saké plus ou moins tranquillement, il faut dire qu'avec les félicitations des heureux gagnants, la rousse ne peut pas vraiment être complètement tranquille. Un sourire aux lèvres, elle se retourne donc vers la populace avec son verre pour beugler à la santé de tout le monde et le calme revient peu à peu dans le bar après quelques minutes. Kalida, toujours au comptoir, boit sa bouteille de saké un peu plus détendu maintenant bien que la chaleur se fait toujours aussi présente.
Aujourd’hui, Ena avait décidé de faire des amis … ou au moins essayer. En général, ça allait plutôt mal. Cette fois-ci était une de ses nombreuses fois. Quand est-ce que ça ne tournait pas au vinaigre ? Jamais, pour être honnête. La personnalité d’Ena n’allait pas avec les jeunes de son âge ou le plus jeune et elle était bien trop immature plus les plus vieux. Elle ne savait plus approcher et de ce fait, elle avait approché un groupe de son âge. Oh les regrets … les visages en sang … De ses jeunes, mais aussi d’elle-même. À quatre contre elle, ça avait fait mal. Elle s’était prise des coups, ça l’emmerdait, mais c’était toujours la même rengaine. Elle se retrouvait toujours dans ce genre de situation qui démolissait le moral …
Mais ça n’allait pas arrêter la tête brûlée qu’elle était. Entendant du bruit dans un bar en passant devant celui-ci, elle décida d’aller voir ce qui se passait. Elle poussa quelques spectateurs pour finalement arriver devant une scène bien banale des bars de Suna : une partie de bras de fer. C’était distrayant, mais Ena n’aimait pas ça. Elle était forte … en ninjutsu. Ses bras étaient ceux d’une maigre chunin, rien à vanter. Mais si on la défiait, elle ne refuserait pas, mais n’hésiterait pas à mettre son bras en feu – et dans le visage de son adversaire – pour gagner. Elle n’était pas connue pour jouer juste, juste pour aller chercher la victoire.
Justement, parlant de victoire, devant elle, la femme qui concourrait dans ce match de gros bras venait de gagner. La foule s’exclama devant le vainqueur qui, les deux poings en l’air se montrait digne de sa victoire. Malheureusement, Ena n’était pas entièrement prise dans le jeu. Si seulement Koko avait été là, elle aurait pu se montrer forte et aurait provoquer la victorieuse dame qui déjà s’éloignait vers le bar. Mais Koko n’était pas là et Ena connaissait la limite de la force es ses bras et ce genre de duel n’avait de chance que de lui valoir plus de blessures qu’elle n’en avait déjà.
La rousse cria à la santé du bar alors qu’elle buvait et qu’on venait lui présenter des félicitations, mais Ena … ena ne buvait. Encore heureux, elle était déjà difficile sobre. Lorsque l’atmosphère redescendit un peu, la petite blonde se lança vers le comptoir, s’installant près de la femme. N’ayant que quinze ans et le visage d’une adolescente encore en pleine puberté, le barman ne vient pas la voir, malgré son bandeau ninja, mais elle ne l’avait pas hélé, donc il n’y avait pas de mal.
« Hey. Tes cheveux ressemblent à du feu. J’aime ça le feu. »
Et oui, elle espérait établir un contact avec la femme en lui parlant de feux – souvent ce genre d’approcha ne fonctionnait pas, mais Ena n’avait pas encore compris ça, ceux qui l’envoyaient bouler n’était que des emmerdeurs de première qui ne comprenait pas à quel point le feu était génial – et elle planta son regard jaune sur ladite femme.
« Moi j’suis Ena et je suis chunin ! J’suis une cheffe d’équipe – enfin, je le serais si Mirai, c’te gros tas merde ne m’avais pas piqué mon équipe, mais j’ai Koko avec moi, donc y’a pas à se plaindre – et toi, t’es ninja ? T’es forte pour une civile. HEY BARMAN ! JE PEUX AVOIR LA MÊME CHOSE QU’ELLE ? »
Un coude gauche sur le bar, Kalida rigole à pleine gorge à une plaisanterie du barman tandis qu'elle prend une nouvelle gorgée de saké avec sa main droite. Soupirant de satisfaction après l'ingestion, elle sent ses joues rougir doucement mais il en fallait bien plus pour coucher la kunoichi.
À ce moment, une étrange phrase d'un inconnu parvient aux oreilles de la rousse. Pour une première phrase d'accroche, on peut dire que c'était original, ce qui fait d'ailleurs sourire à pleines dents la demoiselle qui se tourne vers son interlocutrice.
- Les flammes ont quelque chose de magique en effet.
Regardant l'adolescente, elle désenchante rapidement en voyant la multitude de bleus sur le visage de la jeune demoiselle. Mais ce n'est pas pour autant qu'elle est repoussée, bien au contraire, elle a connu ça par le passé, ce qui renforce quelque part une forme d'empathie. Perplexe, elle écoute les dires de la dénommée Ena, comprenant un peu cette forme d'asociabilité, elle avait dû sincèrement en baver pour une raison qu'elle ignore. Mais le côté candide de ses paroles lui redonne un peu le sourire, bien que ce soit malheureux de voir une jeune personne dans son état physique et psychique.
À la demande du barman, ce dernier commence à faire un non de la tête pour appuyer ensuite son refus avec quelques sermons et paroles mais Kalida le stoppa dans son élan. Tendant son bras et sa main paume ouverte pour lui indiquer de s'arrêter. La rousse prend la parole :
- Je pense que c'est inutile d'essayer de lui faire comprendre, mais je pense que vous avez de quoi la faire boire sans la mettre par terre dès le premier verre. N'est-ce pas ? Je paye.
Sortant de sa bourse les ryôs nécessaires pour le paiement, rajoutant au passage sur la commande quelques amuse-bouche. Le barman, un peu réticent au début, décide d'obéir au client qui est roi tandis que Kalida sourit de nouveau à la demoiselle en tapotant le tabouret à côté d'elle.
- Rapproche toi gamine.
Il y avait quelque chose d'anormalement plus doux qui ressorte chez la rousse à ce moment, comme une espèce d'instinct maternel prenant le dessus, chose qui n'était jamais arrivée jusqu'à maintenant, mais il y a clairement quelque chose avec cet Ena qui chiffonne Kalida.
- Chunin ? À ton âge ? Tu as dû faire sensation lors de l'examen. Je suis également ninja, une chunin tout comme toi. Et tout comme toi, j'apprécie cet élément qui fait mon affinité élémentaire : Le feu.
De son pouce, elle fait sortir un peu de chakra qu'elle transforme en flamme par une technique de Katon, comme un véritable briquet sur le bout du pouce. Après deux secondes, Kalida éteint la flamme pour boire son verre qu'elle vient à peine de remplir :
- Si tu me parlais un peu de tes ecchymoses ? Tu viens de te battre ?
La femme, sympathique, fortement sympathique même, ne la retourna pas. Au contraire, elle répondit même à sa phrase disant que les flammes étaient magiques. Ena avait beaucoup à dire contre ça. Les flammes, ce n’était pas magique. C’était chaud, douloureux et un plaisir. Ce qui était magique, c’était le hidden Kusaribe, c’était Koko-chan. Mais ces mots seraient pour plus tard, pour l’heure, elle allait tenter de lancer une discussion amicale. C’était presque dur à croire après la journée qu’elle venait d’avoir.
La jeune kunoichi faillit engueuler le barman lorsqu’il lui refusa sa boisson. Ce n’était pas juste ! Mais sa nouvelle future amie s’en était mêlée et avait arrangé le coup pour une fois. Ça s’annonçait un bel après-midi. Le visage engourdi par la douleur et une lèvre bleue et plus grosse que l’autre, la blondinette écervelée offrit un grand sourire à la rouquine. Lorsque la femme lui fit signe de s’approcher, comme un petit chien bien dressé elle la rejoignit s’installant sur le tabouret à côté d’elle pour se présenter … à sa façon un peu vantarde.
« Ouais, j’ai épaté la galerie ! J’suis méga forte, mais personne veut l’admettre ouvertement. MOI AUSSI J’FAIS DU FEU ! et du vent … et de la terre MAIS SURTOUT DU FEU. Tu veux voir mon coup de poing de feu ? »
La simple mention de l’élémentaire du feu avait fait décoller la jeune pyromane qui voyait enfin un point commun avec cette femme. Elles faisaient toutes les deux du feu. Elles étaient faites pour être amies, y’avait pas le choix … Enfin … sauf si elle était pote avec sa mère. C’était ça le problème avec les adultes. Tout le monde connaissait sa mère et tout le monde la haïssait à cause des … crises de nerfs mutuelles. Elles étaient après tout deux femmes au sang chaud bouillant et … disons que ça explosait beaucoup chez elle à cause de ça. Bref assez de sa mère, plus de la rousse !
« Oh, oui. Ils étaient quatre contre moi. J’ai fait quelques coups de poings de feu et des coups de pieds de vent. Bref ils sont à l’hosto et pas moi ! »
Elle était évidemment très fière du résultat de son combat improvisé. Elle brillait presque littéralement de cette fierté probablement mal placée. Après tout, quand l’approche sociale ne fonctionnait pas, Ena avait l’irrépressible envie de se montrer plus forte et meilleur que tous les petits enfoirés qui osaient se moquer d’elle.
La passion dans les paroles et les gestes d'Ena est plus que palpable pour Kalida, cette gamine lui plaisait bien, en soi, on dirait elle en un peu plus exubérant. Elle aurait pu finir comme elle s'il n'y avait pas eu quelques événements dans sa vie, notamment la première leçon de son paternel adoptif. Un rire d'amusement à pleine gorge se fait entendre de la bouche de la rouquine quand Ena lui propose de lui montrer son poing de feu, la regardant dans les yeux en répondant :
- Ça ne sera pas nécessaire, et je veux bien te croire sur tes performances gamine.
Attrapant le menton d'Ena sans même lui demander la permission, elle regarde plus précisément ses blessures avec un certain regard inquisiteur, regardant s'il n'y a pas quand même quelque chose de grave.
- Et comment tu t'es retrouvée à te battre contre ces quatre merdeux ?
Après quelques secondes, elle lâche la demoiselle de ses mains rugueuses avant de demander de quoi nettoyer le visage de la fille au barman en échange de quelques pièces. L'homme revient quelques secondes plus tard avec des glaçons, une bassine et quelques chiffons qui n'auront plus d'utilité pour lui, expliquant bien à la kunoichi qu'il n'avait que ça.
- Essuie-toi au moins le sang que tu as sur la figure, puis mets toi de la glace sur les endroits ou tu as vraiment douillé. Ce n'est pas grand-chose mais ça fera mieux passer la pilule à ton visage.
Se retournant face au bar, Kalida se concentre un peu plus sur son saké, se buvant une nouvelle coupelle, soupirant de plaisir en fermant les yeux et en baissant la tête après ingestion du liquide :
- Fouaah, il est vraiment pas mal celui là. Enfin bref... J'en étais ou moi...
Tournant son regard pour regarder en coin Ena, elle soupire un peu. Son coude posé sur la table, la coupelle encore proche de sa bouche et tenu par sa main droite, la demoiselle reste pensive quelque seconde, ne sachant même pas ce qu'elle fait au final, ni ou elle veut aller dans cette discussion. De profil, la jeune interlocutrice pouvait constater que la rousse fait un peu plus homme au niveau des biceps saillants, encore gonflés à bloc avec l'exercice du bras de faire. Quelques cicatrices à droite et à gauche sur les parties visibles de son corps. Pas grand-chose, mais suffisant pour montrer qu'elle est du même genre qu'Ena : Une combattante.
- Tu ferais mieux de t'entraîner plus pour que ce genre de chose n'arrive plus. C'est le seul conseil que je peux te donner pour le moment.
Un peu triste qu’on lui ait refusé sa démonstration, les épaules de la blondinette retombèrent un peu. Mais rapidement, la femme attrapa son menton pour regarder son visage de plus près. Ena le savait, elle avait un beau visage, même ainsi bariolé de blessures. En fait, elle préférait son visage couvert de bleus et coups que son visage normal. Ça montrait son côté combatif, que rien ni personne ne pouvait arrêter. Elle offrit à la femme un sourire lorsque celle-ci posa sa question.
« Ben là, C’t’une bonne question. J’ai essayé de leur parler et je leur ai proposer de s’entraîner … J’ai donc fait une de mes meilleures techniques Parc’que c’pas comme si j’allais faire assemblant de m’entraîner et au final, ils ont pas aimé ça. Faque … il m’ont sauté dessus avant que j’ai le temps de les pousser avec mon omura ou mon reppusho. »
Au final, ça avait fini en coup de poings dans la gueule et quelques coups de poings de feu sur les petits cons qui ne comprenaient pas le principe de l’entraînement. La jeune fille était un peu déçue, mais elle n’allait pas le montrer à son aînée. Il fallait montrer qu’elle avait du style et du caractère.
« Je voulais les aider à être bons, aussi bons que moi, mais non, ils voulaient pas. C’leur putain de problème à c’point-là. »
Une pointe de colère commençait à faire son chemin dans la voix de la jeune fille qui semblait ne pas encore avoir accepter ce …rejet ? disons-le ainsi, c’est plus doux que la réalité. Après son histoire, la rousse lui demanda de s’essuyer le sang et les de mettre de la glace. Un autre grand sourire de la cadette.
« Oh pas besoin de glace ! Koko-chan va m’arranger ça. C’est la meilleure. Mais t’as pas le droit de la vouloir toi aussi ! Elle est à moi ! »
Avertissement très clair, la voix possessive le regard assombrit. N’importe qui aurait compris que c’était une très mauvaise idée de se mettre entre elle et Konomi. Le danger était réel. Pourtant, malgré cette petite écartée, l’expression d’Ena s’illumina encore alors que la discussion progressait. La femme était sympathique et l’énergumène de Suna pouvait bien le reconnaître. Lorsque la femme lui mentionna l’entraînement, si Ena ne brillait pas littéralement, c’était limite.
« Oh ! T’inquiète pas pour ça ! Je suis la personnification de l’entraînement ! J’fais ça TOUT LE TEMPS. Je m’entraîne tellement qu’au terrain d’entraînement, qu’on sait t’jours bourré d’monde, j’ai un p’tit coin réserver juste pour moi ! Okay, ça doit être parc’qu’ils ont peur que j’accidentellement foute des gens en feu, mais quand même ! »
Effectivement Ena était connue pour ses entraînements en série. Les habitués du terrain d’entraînement pouvaient être surpris si elle n’était pas là un matin. Elle y était littéralement toujours. On pouvait presque dire qu’elle était une reine de l’entrainement.
Alors que la gamine déblatère tout un tas d'informations plus ou moins révélateur sur son comportement et sa nature. Kalida trempe doucement un des chiffons dans l'eau, calmement, dans aucune réponse pour le moment, se contentant d'assimiler les informations. Cependant, à la fin de la dernière phrase d'Ena, la serviette gorgée d'eau va subitement se retrouver en pleine poire de la gamine. Kalida n'ayant pas réellement mesuré sa force, ça pouvait surprendre :
- C'était pas une proposition le brin de toilette gamine !
Bien qu'elle hausse un peu le ton, il n'y avait rien de vraiment agressif ni de négatif dans l'attitude et la façon d'être de Kalida. Elle est juste... brute de décoffrage on va dire. Une fois la serviette ayant atteint le visage de la gamine à 40 km/h, la rouquine se tourne de nouveau vers son verre qu'elle remplit, regardant le liquide :
- J'ignore qui est ta « Koko-chan », mais ça ne m'intéresse pas et je ne compte pas te la prendre. Pour ce qui est de ton entraînement, je ne m'entraîne pas sur le terrain du village car tout comme toi, j'ai des techniques à dégât collatéral. Le désert possède de nombreux recoins à utiliser, et ça permet de renforcer le corps de pratiquer dans des situations extrêmes.
Buvant une gorgée, elle pose sa coupe avant de regarder en face à face Ena en pivotant sur son tabouret. Kalida reprend la parole avec un ton amical et un grand sourire franc :
- Quant à tes techniques d'approche sociale, il faudrait revoir ça gamine. Ce n'est pas parce que les gens te disent non ou font un truc qui ne te plait pas qu'il faut forcer la main ou s'emballer de suite.
A ce moment là, un homme un peu trop ivre à le malheur de mettre la main au cul de Kalida. Dans un réflexe de rage, la rouquine arme son poing et l'enfonce directement sur le haut du crane du pervers, l'envoyer immédiatement dans le plancher tête la première :
- NAMEHO ! Tu t'es pris pour qui toi ?!
Évidemment, le type ne peut même plus répondre puis qu'il a été mis K.O sur le coup. Le barman qui nettoyer un de ses verres semble quelque peu perplexe, soupirant de lassitude avant de demander à un gros bras de dégager le client ivre mort sur son sol. Kalida, quant à elle, reprends son calme et fait comme si rien ne s'était passé en regardant Ena dans les yeux avec son sourire habituel :
- J'en étais ou moi ?, dit-elle tandis que derrière elle, on pouvait voir le corps du pauvre homme se faire trainer dehors.
Ce ne fut pas long avant qu’une guenille trouva le visage d’Ena à pleine vitesse. Une précision de la part da sa nouvelle amie et elle lavait déjà son visage pour au moins enlever les traces de sang sur son petit visage. Bon, elle comprenait qu’elle était un peu sale et que c’était pas nécessairement plaisant à voir. Elle hocha vigoureusement la tête lorsque sa compagne du moment déclara ne pas vouloir lui prendre Konomi. C’était bien. Ça changeait de ses dernières missions. Tous ces petits enfoirés …
« ah ouais. Les situations extrêmes, je connais bien. Dis, j't’ai dis que j'me suis faite explosée une cellule de prison dessus pour une mission ? Le mec a pas voulu me croire que j’allais tout faire pété. Il se l’ait pris dans la gueule ! et moi aussi … mais j’ai quand même gagné. »
Puis, la femme lui parla d’approche sociale. Ça commençait à devenir complexe-là. Il fallait … Bon. Moins taper les gens quand ils la frustreraient. Noté. Pas la violence tout de suite. Enfin, ne pas être la première à apporter les coups sur la …
Un autre vieux cochon qui touchait des fesses. Encore. Comment ? Juste comment était-ce même possible ? Des harceleurs même au sein de son petit havre ? Évidemment, Kalida ne fit qu’une bouchée de l’homme qui reposait maintenant K.O au sol. Ce n’était pourtant pas assez pour Ena. Elle qui les avait tous vus passé dans sa mission avec Konomi venait de se changer en une espèce de furie vengeresse.
Elle bondit de son tabouret, attrapant le mec par le collet et le secoua jusqu’à ce qu’il se réveille. Techniquement, elle avait le droit. Ce n’était pas elle qui avait commencé les hostilités.
« JE VAIS T’APPRENDRE MOI L’RESPECT ! TU TOUCHERAS PU JAMAIS LE CUL D’UNE GONZESSE COMME ÇA ! »
Elle lâcha l’homme pour faire quelques mudras et son poing s’enflamma … avant de s’abattre sur le visage du pauvre type, puis dans ses côtes. Encore et encore et encore, jusqu’à ce qu’il se pisse dessus. Il n’était plus vraiment conscient et clairement bon pour l’hôpital.
« Désolée. C’te genre de grosse merde, c’est tout c’que ça mérite. Si même à la maison on nous prend pour des putes … Le village n’est pas sécuritaire pour ma belle Koko. J’vais les mettre au trou à coup de pied dans le cul moi. »
Beaucoup de colère, dans ses propos. Disons que ça sa frustration était réelle. Non plus que ça. C’était presque une peur de revoir certains événements arriver de nouveau. Pas besoin d’être un génie pour voir que ce genre de types avaient laissé une profonde marque dans l’esprit de la petite blondinette. Jamais personne n’allait toucher sa tendre de cette façon de nouveau et encore moins à la maison, là où c’était censé être sécuritaire.
Surprise par la réaction plus que violente d'Ena, la rouquine reste un peu sur le cul pendant une ou deux secondes. De quoi donner assez de temps à la furie de se défouler sur le pauvre gars déjà inconscient sans aucune défense. Le malabar qui traînait jusqu'à maintenant le lascar lâche rapidement l'affaire en voyant les flammes jaillir de la gamine. Le barman, lui, commence à crier, demandant qu'on arrête cette cinglée.
Il n'en faut pas plus pour Kalida, ni une, ni deux, elle avait déjà décollé de sa chaise pour attraper le poignet droit d'Ena qu'elle lève au ciel pour prendre de l'élan et assainir un nouveau coup à ce pauvre type. Debout de toute sa taille, elle ferme un peu plus sa poigne sur l'avant-bras de la gamine.
- Oï, Oï... Tu me fais quoi là ?
Ses yeux noisette brillent un peu, donnant un aspect de flamme dans son regard. Kalida a bien conscience que cette gamine est juste une enfant avec des problèmes d'adulte visiblement, se doutant bien de ce qui aurait pu lui arriver dans le passé quand on voit dans quel état elle se met face à un pervers. Attouchement ? Peut-être pire ? Dans tous les cas, c'était ni l'endroit, ni le moment pour parler de ça.
Une fois encore, le barman ordonne qu'on mette la gamine dehors, et qu'elle ne revienne pas. Kalida, tournant son regard vers le barman, redevient un peu souriante :
- Désolé ! Elle s'emporte rapidement la mioche, je gère ça, vous en faites pas, inutile d'appeler les forces de l'ordre !
Une fois dos à lui, la rousse grince doucement les dents, attrapant sa bouteille de saké de sa main libre avant de tenter de traîner Ena dehors, lâchant avec agacement :
- Viens avec moi toi...
Aucune menace réellement dans sa voix, seulement une forme de lassitude présente du fait qu'elle ne pourra pas profiter de l'ombre du bar et de l'abri qui l'apportait contre les vents arides de Suna. Une fois à l'abri des regards dans une ruelle étroite à l'abri du vent et de la chaleur. La kunoichi relâche donc la gamine avant de s'avachir contre un mur, bouteille toujours à la main :
- Fiouu, t'as failli nous attirer plus d'ennuis que tu ne le penses gamine !
Ena voyait rouge, noir, voyait … on ne sait quoi. Son élan spontané de colère lui avait valu bien des regards méfiants, dégoûtés, même simplement exaspérés. Il avait fallu que la rouquine qui ne s’était pas encore présentée la retienne pour qu’elle ne fît pas passer à cet homme un savon monumental … enfin, plus qu’il n’avait déjà eu. La jeune Tomei était connu pour ce genre de réaction, cette colère profonde contre tout et tout le monde. Elle ne semblait même pas entendre la première question de celle-ci. Le souffle court, laborieux et non pas sous l’effort, mais sous l’émotion. Sous la puissance de cette rage qu’elle n’avait jamais apprise à contrôler.
Dans sa tête, elle repensait à sa dernière mission, celle avec Konomi, ou un homme l’avait poignardée simplement pour la tripoter … enfin, elle lui avait fait sa fête et lui avait bien fait comprendre qui était la meilleure, mais cet homme avait posé préjudice à sa tendre … Alors si ce même genre d’homme arpentait les rues et les bars de ce qu’elle appelait chez elle … comment pouvait-elle-même penser à autre chose que de purger l’endroit ?
Kalida donna une excuse au bar man, alors qu’elle entraînait déjà la tête brûlée qu’était Ena à sa suite. De sortir du bar sembla calmer un peu les ardeurs du brasier qu’elle était en permanence, même si dans les iris jaunes de la jeune fille brillait encore un éclat de … de quelque chose. Difficile à comprendre, difficile à voir pour quelqu’un qui ne cherchait pas …
« Je hais ce genre de mec. Je les hais tous. Ils pensent tous qu’ils peuvent faire c’qu’ils veulent. Mais j’peux pas ! J’peux pas les laisser faire ! C’est la putain de différence entre ici et dehors sinon ? À quoi ça sert de s’battre au nom de qu’que chose de pourris ? »
Ce n’était certes pas le genre de question qu’Ena posait d’habitude, mais il lui fallait une réponse. Personne ici l’aimait. Sauf Koko-chan, sauf Seiren et sauf Kyou. Mais même encore, elle se doutait bien que plus d’une fois, elle avait forcé sa présence sur ses camarades. Alors vraiment, il lui fallait une raison de croire que ce n’était pas juste pourris comme Naraku devait l’être à l’heure actuelle (le fameux mec qui voulait tellement la jeune fille qu’il s’est dit que de lui faire quelques trous serait une bonne idée …)
« Je … J’ai le droit hein ? De vouloir protéger Koko et les autres ? »
Il ne faut pas sortir de grandes écoles pour comprendre que la pauvre Ena a été victime d'un pervers et que ça l'a plus que marqué au fer rouge. Les jambes repliées à 45°, Kalida tient sa bouteille de saké de la main droite tandis qu'elle a ses deux avant-bras posés sur ses genoux. Le regard fixé sur la demoiselle, la rouquine cherche un peu à mieux cerner le curieux personnage qu'elle a devant elle.
En temps normal, la kunoichi aurait eu tendance à couper la parole et parler plus fort, mais la situation ne s'y prête pas vraiment. C'est tout l'inverse d'ailleurs, Kalida reste silencieuse, écoutant la demoiselle qui tombe peu à peu dans une forme de tristesse rien qu'à l'entendre. Une fois Ena finissant sa question. Kalida soupire doucement en fermant doucement les yeux avant de les rouvrir.
- Évidemment que c'est ton droit de vouloir protéger tes camarades. Mais là, tu viens de massacrer un pauvre gars qui avait juste picolé. Il était déjà hors d'état de faire quoi que ce soit, et tu t'es jetée sur lui comme si c'était le mal incarné. Il faut faire la part des choses, ce gars-là n'avait rien fait de mal et j'ai eu une réaction que certains jugeraient excessive de base.
Regardant sa bouteille, la rousse boit de façon nonchalante directement au goulot avant de s'essuyer la bouche d'un coup d'avant-bras disgracieux. Reprenant sa position initiale, Kalida pointe de son index tenant la bouteille la demoiselle sans décoller son avant-bras du genou :
- Écoute Ena... Des pourris, des cons, tu en auras partout, et il faut savoir vivre avec. Même si ça ne te plaît pas ! Le gars que tu as fracassé est un civil de ce village, tu pourrais risquer gros en recommençant ce genre d'action. Il va falloir te canaliser et comprendre un peu mieux l'humain.
Ce qui est tout de même ironique, sachant que Kalida est une des personnes qui doivent faire le plus de grabuge dans le village caché. Mais elle compense ça avec un travail acharné sur les missions, allégeant ainsi la chose.
- La différence entre ici et dehors est très simple : Tu es ici chez toi. Et c'est normal de vouloir défendre son chez-soi, ses amis, sa famille. On a tous quelque chose qui nous attache à Suna. Et ce gars, que tu as fracassé, c'est aussi un des gars que tu protèges par ton travail de kunoichi. Tu m'as l'air d'être quelqu'un de bien Ena. Je pense qu'il te faut juste quelqu'un pour te tendre la main et t'apprendre à te gérer et à comprendre comment marche le monde. De ce que je constate, je me doute que le côté familial doit être difficile pour toi, mais tu as « Koko », tu aimerais qu'elle te vois casser la bouche à un pauvre gars comme tu l'as fait aujourd'hui ? Voilà une question que tu peux te poser avant de réellement agir : « Que ferait Koko ?». Si ça peut t'aider... C'est déjà ça...
Soupirant, Kalida avait pris réellement des airs de sensei sans le vouloir, mais se reconnaître en partie dans cette gamine l'a fait grandir en maturité en un temps record. Elle conseille, tente de comprendre, chercher à trouver la bonne solution pour la jeune blonde aux faux airs de psychopathe. Et mine de rien, ça fait chaud au cœur de la rousse d'agir de la sorte. Ça lui arrache même un petit souffle du nez d'amusement. La rousse a pendant tout ce long monologue une aura bien moins brute de décoffrage et garçon manqué qu'au début de leur rencontre. Elle est bien plus posée et sage, ce qui est vraiment étrange pour Kalida, se disant que ça doit être l'âge qui fait son effet. Basculant sa tête en arrière, la rouquine pose l'arrière de son crâne sur le mur tandis qu'elle regarde les quelques nuages se battant en duel dans le ciel.
Kalisa l’écoutait. C’était petit, enfin, pour la plupart des gens, mais pas pour Ena. Elle avait besoin de ce petit morceau de silence, de cette oreille, de ce … respect. Ce n’était pas quelque chose qu’elle avait souvent. Seulement certaines personnes qui avaient osé écouter ce qui se passait dans sa tête plus que quelques secondes … En général, on ne l’écoutait plus, reléguant ses dire à une stupidité évident, un manque de savoir, de l’impulsivité ou même simplement de la folie. Mais elle en avait l’habitude. Ena était une gamine flamboyante, qui disait tout ce qu’elle pensait. Enfin, ses pensées de surfaces. Elle avait depuis longtemps assumé que ce qui dirigeait sa personne, ses pensées concrètes, son ‘’elle’’ tout entier n’avait pas d’importance.
Mais pas cette journée-là. Pas à cet endroit précis. Quelqu’un voulait savoir ce qui se passait dans sa tête. Quelqu’un écoutait et quelqu’un répondait.
Ce n’était pas encore de l’acceptation, on voulait la voir changer, mais c’était déjà un peu mieux que d’être ignorée. C’était encourageant, même. On lui offrait la chance de s’expliquer. Pour vrai cette fois-ci.
Alors elle fit quelque que chose qu’elle ne faisait jamais. Elle écouta avec attention les paroles de la femmes. C’était une adulte et cet adulte l’écoutait. Ena n’arrivait toujours pas à comprendre, mais il y avait cette petite boule de chaleur dans son ventre.
« Si j’te comprends bien, si je bois, j’peux faire ce que je veux, parce que j’ai bu ? T’sais quoi, ça c’Est d’la merde. J’suis pas ninja pour défendre des gros cons. J’suis ninja pour … parce que j’ai pas le choix. Et OUI. OUI ! Je veux que Koko-chan me vois les défoncer. Tu sais pourquoi ? Parce que ces trous du cul sont les putains de pires ordures que t’verras jamais. J’veux que koko-chan sache que j’suis là. J’veux qu’elle sache que j’vais botter le cul à toute ce qui est mal. Comment ça elle aura pu jamais peur. »
Et Ena non plus. Oui, la petite blondinette s’inquiétait pour sa douce, mais tout autant pour elle-même. Elle ne voulait pas devoir rester sur ses gardes, même chez elle, dans son village. Elle ne voulait pas voir d’autres femmes se faire tripoter. Non, elle n’était pas un héros, mais il y avait des choses qu’elle ne pouvait pardonner. Elle n’allait pas revivre un autre Naraku. Elle n’allait pas laisser personne qu’elle appréciait vivre ça.
« J’suis une ninja, j’ai pas besoin de comprendre l’humain. J’ai pas besoin d’me faire des amis. »
Elle était au sol, les genoux contre la poitrine. Elle parlait comme si l’endroit n’importait pas. Elle restait-là et avec ses bras refermés sur ses jambes, il était clair qu’elle n’avait pas l’intention de changer d’endroit de sitôt, malgré la nature de ka discussion qui semblait s’avancer dans les aveux et les révélations.
« J’veux juste que Koko soit en sécurité pis un alcoolique qui tripote les donzelles comme ça … J’veux juste que ça crève. J’me fous de ce qu’on en pense. »
Un silence long, lourd. Ena cherchait les mots, le courage. Son regard jaune était fuyant son visage enfouis dans ses bras et ses genoux.
« T’sais, dans ma dernière mission, y’a un mec comme si qui nous a tripoté. Koko et moi. Pis quand je lui ai pété la gueule, il nous poignardé. Koko-chan a été blessé parce que j’ai pas été capable de la protéger … Pis quand il m’a frappé avec son couteau de marde … Ben, j’ai jamais eu peur de même. Pu jamais. Même si y sont à terre en train de brailler dans leur sang, leur pisse, leur vomi – ça arrive des fois, c’pas d’ma faute si y sont toute cons pis faibles – ben je vais les frapper. J’protège pas les pervers. J’protège pas ceux qui font du mal, même s’ils habitent dans mon village. »
Aveux de faiblesse. Aveux d’échec. Des paroles qui avait demandé plus à la jeune fille que son élan de rage.
Regardant un magnifique nuage en forme de tsunami, Kalida écoute les arguments quelque peu alambiqués de la demoiselle en face d'elle. Cette dernière semble tout de même s'exciter un peu, avant de peu à peu transformer cette colère en une forme de tristesse. Soupirant un peu, la rousse porte doucement le goulot de sa bouteille à ses lèvres pour reprendre une gorgée avant de baisser la tête. Ne pouvant que constater les aveux de la demoiselle, que ce soit par ses mots, ou par sa posture.
La rousse cherche doucement à reprendre le contact visuel avec Ena qui a le regard fuyant. Pour essayer de rassurer la petite blonde en boule sur le sol, la demoiselle lui adresse un sourire doux et réconfortant, essayant de lui retransmettre un minimum de bonne humeur :
- Je pense que tu ne t'en fous pas tant que ça gamine... Après je ne me fais peut-être que des idées. Et le mieux à faire également pour toi, c'est de discuter calmement et de façon posée avec ta Koko. Comme ça, tu sauras exactement ce qui lui fait peur, ce qu'elle voudrait que tu fasses, comment tu devrais agir.
Retirant doucement ses lunettes de son front, Kalida se regarde dans le reflet des verres rougeâtres en reprenant la parole, perdant un peu le sourire :
- Tu en as bavé, il n'y a pas à tortiller du cul pour comprendre ça. Mais mettre tous les « pervers » dans le même panier n'a rien de bon. Faire des généralités n'a rien de bon, et agir de façon extrême non plus. Pour te faire comprendre la chose, si justement une kunoichi d'un clan indépendant subit les mêmes choses que tu as pu avoir par un membre du village. Tu aimerais être dans la même case que le type qui a fait la saloperie ? C'est ce genre de réflexion que je veux t'amener à faire et puis...
Elle sert doucement ses lunettes de sa main, comme si une blessure vient de s'ouvrir chez la demoiselle :
- Je peux te dire par expérience que d'en faire qu'à sa tête, sans pensée à l'avis des autres, à ceux que les autres peuvent penser… C'est vraiment pas une bonne idée parfois, et ça peut te ronger jusqu'à la moelle des os...
Soupirant un peu, Kalida remet ses lunettes sur son front après s'être rabattu une partie de ses cheveux rouges flammes en arrière. Regardant de nouveau la demoiselle :
- Comprendre l'humain est important pour un ninja. C'est ce qui te permet justement d'éviter de devenir qu'un simple outil, qu'une simple arme aux yeux du village. Tu es humaine, et donc tu as tout ce qui va avec. Les émotions, les sentiments, et surtout : Le choix. Certes tu ne l'as pas toujours, comme tu l'as dit, tu n'as pas choisi d'être ninja. Mais tu peux toujours choisir ta voie, comment tu veux vivre cette vie de ninja. Quel est ton Nindo ? Que représente pour toi « être un ninja » ? C'est une question qui peut paraître stupide, mais quand on y réfléchit, peut apporter beaucoup de réponse et te faire évoluer, te faire gravir des sommets. Et ainsi, briller dans ce qui te plaît le plus, devenir une inspiration pour des conteurs. Puis les contes deviennent des mythes... Et des mythes deviennent des légendes...
« ouais, t’as p’tete raison. Koko, elle est super intelligente. Elle sait toujours c’qui est mieux pour moi. »
Après le premier monologue de Kalida, Ena releva la tête, un petit sourir. Oui, Koko-chan était parfaite, elle saurait probablement quoi faire. Mais Ena ne pouvait pas devenir comme sa tendre, il fallait qu’elle soit capable de la défendre, si elle devenait aussi gentille qui garderait Koko-chan en sécurité ? Pas elle. Alors il fallait que sa fleur des oasis lui dise comment être. Elle pouvait être tout ce que sa tendre amie lui demanderait. Elle n’avait pas le choix ; cette douce petite Kusaribe était sienne, elles étaient destinées l’une à l’autre.
Puis Kalida continua, enchaîna sur les généralités, mais il y avait une limite de qu’Ena pouvait admettre et apprendre en si peu de temps. Déjà qu’elle acceptait qu’elle eût pété un plomb trop rapidement, de lui faire comprendre que de généraliser ce n’était pas bien … Faillait pas attendre de miracle non plus. Tout bonnement, la petite blondinette répondit à son aînée.
« Ben, t’sais on le mériterait. Enfin pas vraiment. Après que quelqu’un essaie d’me pété la gueule à cause d’un autre Sunajin, ben moi j’irai péter la gueule d’la personne qui a causé tout ça. Comment ça après il recommencerait pu. »
Oui, bon. Le raisonnement de la petite fille était aussi brusque que sa personnalité, simplet, même. Mais ce n’était que détails. La petite était un rustre, bourrine jusqu’au plus profond de l’âme et elle croyait vraiment qu’il n’y avait aucun mal à mettre tout le monde dans le même panier. Si on voulait être dans le bons paniers, il n’en tenait qu’à soit de s’arranger pour que le qualificatif du panier nous plaise.
« Dis ça à maman. Et à tous les putains de jonin de ce trou perdu. »
Un peu d’amertume dans la voix. Ne pas en faire qu’à sa tête et pourtant, tout le reste du monde avait le droit ? Ce n’était pas juste. Elle serait moins têtue lorsque les autres le seront moins également.
« Être un ninja, avoir du choix … C’est facile à dire. Moi j’ai une mission. Comment J’fais ma mission ? J’frappe sur tous les obstacles. Un moment donné y’aura pu rien à frapper. J’le sais que j’suis pas futée, mais je sais que quand j’me bats, j’suis bonne. J’suis capable de le faire. Être ninja pour moi, c’est pas grand-chose, c’est juste qu’il fallait que je le sois pour rencontrer Koko-chan. C’est le destin, comme a dit la madame du tarot. »
Lorsqu’on lui parlait de nindo, Ena savait qu’elle n’en avait pas vraiment. La seule utilité qu’elle voyait à ce métier, c’était la rencontre de Konomi et sa protection. Si Ena s’entrainait jour et nuit, c’était pour garde sa douce et merveilleuse moitié en sécurité. Surtout maintenant qu’elle l’avait trouvée. Jamais elle ne laisserait qui que se soit la lui prendre. Être ninja, c’était garder Koko-chan pour elle toute seule.
« Moi j’aime le feu. J’fais juste ça. Ça pis du vent, mais on s’en fout un peu. J’aime plus le feu. J’veux être la plus grande maîtresse du feu au monde. J’suis déjà pas mal. J’ai des belles bases en katon et je peux aussi me transformer en fille toute nue … C’est Seiren qui m’a montré ça. Pas sur de comprendre pourquoi par contre … »
Mais faire du katon, elle aimait vraiment ça. C’était son exutoire, son petit plaisir malsain – petit, bon on repassera – et c’était la seule chose qu’elle se savait bonne à faire. C’était tout. Elle ne faisait pas le verre si propre à son clan. Elle avait tenté, mais la seule chose qu’elle avait su faire, c’était conjurer le vent et la tempête – bien que tempête soit poussé pour décrire ce qu’elle avait appris à faire.
Mais toute la discussion, toute cette situation, la tendresse, la patience de sa nouvelle amie lui tournait dans la tête. C’était trop. Tout ça c’était trop. Toujours trop. Elle avait d’exploser et pas de colère. Elle avait un tourbillon d’émotions dans le ventre qu’elle tentait d’étouffer dans les mots qu’elle échangeait avec la rouquine, mais il n’y avait rien à faire. Ça la prenait, lui faisait mal. Elle avait envie d’exploser, de détruire quelque chose, de sortir l’ouragan qui la dévorait petit à petit. Ses mains tremblaient et son regard était plein de larmes. Il fallait dire que quelqu’un comme Kalida, on ne voyait pas ça tous les jours. Peut lui donnait ne serait-ce qu’un peu d’attention, encore moins l’écoutait.
D’un coup, la petite tête brûlée qui ne savait qu’exhiber la colère secoua brusquement la tête, peut-être que cette sensation partirait ? Mais non. Son cœur était serré dans sa poitrine et elle n’avait plus l’envie ni la force de parler de tout ça, mais elle ne voulait pas perdre ce début de lien qu’elle avait avec Kalida. Elle se sentait déchirer entre ses émotions et son désir d’être avec la rouquine, mais au final, elle ne pu s’en empêcher …
« Dis, c’est okay, si j’vais m’entraîner un peu ? J’demande ça parce que d’habitude ça vide la tête, mais si je vais m’entraîner, ben j’suis pu ici à te parler. J’peux te revoir un de ces quatre ? T’es vraiment sympa. J’t’aime bien, toi. T’es pas comme les autres adultes serrés du cul. »
Kalida se masse doucement la tempe en entendant Ena qui, visiblement, n'a pas vraiment retenu tout ce qu'elle vient de lui dire. Soupirant doucement, la rousse se dit juste qu'elle en a peut-être trop demandé à la gamine. Après quelques secondes, elle regarde plus en détail le visage d'Ena, constatant que ses paroles ont tout de même eu un effet sur la jeune blonde.
La chunin a réussi à planter une graine chez la petite furie, celle du questionnement, de la rétrospection, du moins, c'est ce qu'elle espère. De plus, elle apprend également qu'Ena est du genre à croire dans au destin, la rousse aurait bien répondu à ça. Mais au vu de la charge émotionnelle dans la demoiselle qu'elle vient d'accumuler. Il est peut-être judicieux de ne rien dire. Lâchant un rire sur la fameuse technique permettant d'être nu, l'adulte se relève tant bien que mal avec sa bouteille à la main.
S'avançant vers son interlocutrice, l'aidant même à se relever de son bras gauche, Kalida vient doucement prendre la tête d'Ena avant de la pousser sur son propre torse. Sa main rugueuse passant doucement dans les cheveux de la blonde toujours salie par sa bagarre. Le temps semble soudainement s'arrêter, ou plutôt, les secondes se rallongent, devenant des heures à elles seules.
- On se reverra gamine, je pense que je peux que tu as besoin de temps... Assimile ce que je viens de te dire, réfléchis-y bien. Si tu souhaite me revoir, je ne me fais aucun soucis sur le fait que tu me retrouves.
Soufflant doucement du nez, elle rigole un peu à la situation, mais rien de moqueur, juste, l'ironie de la situation. Elle qui fuit constamment les responsabilités, voilà qu'elle a prises un peu sous son aile cette genin paumée qui a juste besoin d'une main tendu. Comme autrefois, elle-même a eu besoin qu'on lui tende la main pour s'élever et devenir la personne qu'elle est aujourd'hui.
De sa main gauche, elle caresse une dernière fois le cuir chevelu de la demoiselle pour lui attraper l'épaule, la repoussant doucement avant de lui adresser un dernier sourire chaleureux :
- On se reverra...
La rousse prends donc la sortie de la petite ruelle pour retourner sous le soleil de Suna,, quand elle arrive au bout de la rue, toujours de dos, Kalida tourne la tête pour se faire entendre :
- Au juste... Je m'appelle Kalida, Akayuki Kalida. Jaana !
Reprenant sa route, elle fait un salut de la main en marchant droit devant, dos à la genin qui doit maintenant s'empresser d'aller à l’entraînement pour se défouler et évacuer tout ça. Une fois de nouveau sur la place, Kalida lève la tête, sentant le vent souffler dans ses cheveux, et même si le soleil brille fort au-dessus du village caché de Suna, que la chaleur pourrait paraître insupportable. Ce n'était rien face à la sensation de bien-être de la demoiselle qui vient de faire une bonne action à ses yeux.
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