J’avais l’impression d’avancer dans un cauchemar. Naoshige était mort. Mon époux était mort. Avant, je n’aurais pu dire si je l’avais aimé, maintenant, oui, je pouvais l’affirmer que j’avais eu des sentiments pour cet homme. Il avait toujours été bon, gentil et compréhensif avec moi. Il m’avait soutenu, nous avions passé d’agréables moments ensembles. Rien d’intime, il ne m’avait jamais touché dans ce sens. Il avait toujours été très gentil et très prude avec moi. Il était juste doux et gentil avec moi. Un homme vraiment bien. Je savais que j’aurais pu être heureuse avec lui et la vie de ninja me l’avait enlevé. On ne m’avait pas laissé voir le corps, beaucoup trop… horrible à voir. Tout ce que je savais c’était que c’était par le feu qu’il était mort.
Vêtue de noire, je sortis à pas lents de ma maison, celle que j’avais partagé avec Naoshige. J’allais retourner au clan Hyûga maintenant. Tout ce que je pouvais faire… C’était maintenant tout ce que je pouvais faire. L’enterrement était un tout petit comité. Quelques Hyûga de la branche principale et bien sûr tout le clan Senju, ainsi que quelques amis très proches que j’avais et que Naoshige aurait pu avoir. J’avalais ma salive avec difficulté. Je sentis une main me soutenir quand mes jambes faiblirent quand je vis le cercueil de Naoshige, j’eus un sanglot et mes genoux faiblirent. Je me raccrochais à la main et on me guida jusqu’au premier rang et on m’aida à m’asseoir.
Tout ce que je voyais c’était le cercueil de Naoshige. J’avais une boule de sanglot dans la gorge, je sentais juste les larmes dégouliner sur mon visage sans que je ne puisse rien faire. Je baissai la tête et serrer mes mains l’une contre l’autre sans savoir quoi dire ou quoi faire d’autre. Qu’est-ce que je devais faire ? Ou dire ? Je me sentais simplement perdue… Et seule.
Senju Haruka
Konoha no Jonin
Messages : 343
Date d'inscription : 23/05/2018
Fiche du Ninja Grade & Rang: Jônin - ANBU - rang A Ryos: 1760 Expérience: (1184/2000)
Plus jeune, on lui avait souvent répété que les kami n'aimaient guère le mensonge. Qu'ils étaient de ces vices qui nous exposaient à leur colère.
Quelles niaiseries puériles.
Le mensonge, toute comme massacrer son prochain, lui avait réussi plus que n'importe quelle vertu dans cette vie, au point de s'attirer des faveurs surnaturelles. Et depuis que Naoshige était retourné dans les bras d'Izanagi, rien n'était venu contredire ce fait, une fois de plus. Chose qui la plongeait dans un désarroi flirtant avec l'insanité. Quelque part, elle aurait aimé qu'on la punisse. Que le ciel s'abatte sur elle et lui prouve qu'une forme de justice existait en ce bas-monde. Mais il n'en était rien. Elle s'en était même plutôt bien sortie. Pire encore, elle avait indirectement trouvé l'aval de ses pairs.
Combien d'oeillades indécemment satisfaites avait-elle pu intercepter, même au sein des Hyûga ? Elle avait cessé de compter. Les vautours ravis de voir l'union des deux clans voler en éclat se délectaient secrètement des évènements comme s'il eût s'agit d'un jour de fête, parvenant à contenir leur liesse avec une maestria rare, et délivrant une performance impossible à percer à jour pour quiconque ne connaissait pas leurs véritables opinions. Une grande partie de ces gens avaient beau avoir adoré Naoshige, ils se repaissaient désormais de ses os comme des charognards. Un sourire sarcastique se dessina dans l'esprit d'Haruka. Si peu lui en tiendraient rigueur au sein de son propre clan, même si la vérité éclatait. Quelle ironie. Quels chiens. Au milieu de ces bâtards sans âme, elle passerait presque pour une ange.
La Senju entreprit de s'extraire de leurs rangs pour venir errer aux côtés des shinobi véritablement affligés par son décès. Ils pleuraient, sans retenue. Il y avait sa famille, ses amis, ses soutiens. Sa femme. Leurs regards débordaient de larmes. Ils ignoraient qu'ils avaient en face d'eux l'instigatrice de leur chagrin.
Étrangement, elle aurait aimé les soulager de leur fardeau en leur expliquant combien sa mort avait été cruciale pour le village. Que sa valeur et sa dignité avaient été si grandes qu'il avait attiré l'oeil d'un dieu ! Mais c'était impossible. Au lieu de cela, elle avait plutôt modifié certains passages des rapports de leur mission, éradiqué chaque information gênante, planté le dernier clou dans le cercueil afin que jamais ô grand jamais son fantôme ne revienne la hanter.
Avant la fin de la cérémonie, Yume défaillit. Elle s'empressa alors de la rattraper et de l'aider à s'asseoir, lui offrant un maigre soutien. Elle n'osait rien dire. Ressentait-elle de la culpabilité en voyant la jeune fille accablée de désespoir ? Non. Pas plus qu'elle ne regrettait ses actes. Son devoir de Jônin était de l'accompagner dans ce deuil, au travers de l'effroyable réalité shinobi dont elle découvrirait un jour toute l'abjection. Alors, elle saurait, et elle la haïrait. Possiblement, elle la tuerait. Tel était le cycle sordide auquel étaient soumis les ninja. Il était inévitable.
Haruka sentit subitement une présence l'observer. Du coin de l'oeil, elle vit une grande silhouette drapée de noir. Son air était grave, son teint pâle, et se mit à roussir. Seuls ses yeux échappèrent à la combustion qui enveloppait à présent son corps, ne cessant de la fixer. L'intendante de la feuille détourna le regard, scellant ses paupières. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, il avait disparu.
" Les larmes empêchent de voir, le deuil encore plus. "
Perdre un ami. Voilà une douleur que la jeune femme ne connaissait que trop, une douleur qui s'encrait indélébilement au fond de son âme comme le poids de la culpabilité pouvait ronger ceux qui avaient toutes les raisons du monde d'y être confrontée. Étrange corrélation entre les deux sentiments? Pourtant, bien souvent les vivants portaient en eux le mal coupable de vivre là où d'autres auraient mérité quelques minutes, quelques heures ou quelques années de plus. Yuriko était la plus à même de le comprendre, non pas de par la triste expérience qu'elle avait connu, mais pour avoir pendant longtemps dû faire face à la souffrance de son prochain lorsqu'elle devait se résoudre à ne pas pouvoir sauver une vie.
Ici, les choses n'en étaient pas moins différentes : Naoshige Senju venait de payer le prix de son engagement shinobi. Il avait sacrifié sa vie pour le bien d'une mission, pour la grandeur de son village, pour la grandeur de ses idéaux. Lorsque la kunoichi apprit la nouvelle, elle venait à peine d'acquérir son poste et cherchait à prendre ses marques. Les mauvaises augures avaient donc décidé de marquer son début de règne par la perte tragique d'un éminent chef de clan, descendant des fondateurs de Konoha et l'un de ses plus proches camarades. Bien sûr, ce fut avec la plus grande dignité que la jeune femme fit face à la nouvelle, dans la retenue et en maintenant un port altier face au messager, avant que quelques vieux souvenirs lui revinrent en mémoire. Leur jeunesse, l'académie, leurs promesses et le soutien indéfectible qu'ils s'étaient offerts. Si elle avait été seule, sans nul doute qu'une larme aurait perlé le long de sa joue opaline mais en lieu de ça, elle se tourna vers l'homme qui était venu lui adresser sa funeste annonce. L'ordre reprit le dessus et son regard se durcit. La jeune femme demanda à voir le corps avant qu'il ne soit restitué à la famille. Une requête de l'Hokage mais aussi de l'eisen-nin.... et peut-être aussi celui d'une amie qui désirait revoir une derrière fois un être qui avait beaucoup compté...
₪ ₪ ₪ ₪ ₪
C'était un grand homme qui venait de tomber, un chef de clan émérite pour qui une somptueuse cérémonie d'adieu venait d'être organisée à hauteur de son rang par les membres de sa famille. Toutefois, pour des raisons qui étaient souvent propres au secret clanique mais aussi par respect pour les familles, l'évènement ne fut pas national mais contenu dans un cadre privé et restreint. Il y avait bien évidemment les membres du clan Senju et les représentants du clan Hyuga avec qui ces derniers s'étaient alliés par le mariage avec le défunt. Puis, à la vue de la popularité de Naoshige, quelques uns de ses camarades et proches étaient présents et de la même façon, les soutiens à la jeune veuve. Ce fut donc dans un silence cérémoniel et une grande humilité que Yuriko était venue, vêtue avec l'élégance que l'on lui connaissait d'un kimono d'un bleu profond aux motifs de chidori, petits oiseaux migrateurs symbolisant la capacité à surmonter les difficultés de la vie... comme la perte d'un être cher. Toutefois, sa présence officielle était celle de l'Hokage et non de la camarade d'autrefois et en tant que tel, elle se devait de ne pas laisser transparaître son chagrin. Ce fut impérieusement qu'elle adressa quelques saluts polis et emplis de gravité à quelques membres de la famille qui l'accueillirent. Quant à la jeune Yume, elle lui adresserait personnellement ses hommages à la fin de la cérémonie afin de ne pas l'accabler d'avantage dans son deuil.
D'une démarche noble, Yuriko partit prendre sa place comme la plupart des personnes venues offrir un dernier hommage à l'un des illustres shinobis du village, le regard droit, posé sur le cercueil où reposait le corps de son ami, vision entrecoupée par les silhouettes des invités qui devinrent peu à peu fantomatiques alors que ses songes se perdirent une nouvelle fois vers de lointains souvenirs où elle pouvait se rappeler de son sourire.
Vieux souvenirs...
Ils n'étaient que deux adolescents, d'un peu moins de quinze ans, travaillant sur leurs devoirs académiques. Yuriko était à l'époque une jeune fille aussi austère que sérieuse, les yeux continuellement rivés sur l'étude de ses parchemins, écrivant maintes et maintes commentaires sur ses cahiers. Elle ne daignait n'apporter aucun regard à ses camarades, raison pour laquelle, il ne fut pas rare de la voir étudier seule. Mais depuis peu, un certain Naoshige avait tenté de braver la carapace de la jeune Tadake pour lui proposer d'étudier en sa compagnie. Il se tenait en face d'elle et il avait arrêté depuis quelques instants d'écrire. Il l'observait et souriait légèrement. Yuriko finit par lever lentement la tête.
" Pourquoi tu souris bêtement? " " Tu es dure Yuriko. M'est-il donc interdit de sourire? " " Nous sommes là pour étudier. " " J'étudie. " " Tu n'en as pas l'air. " " Je t'étudie toi. " " Imbécile. Si tu es venu pour ce genre d'ânerie, je préfère étudier toute seule. Je n'ai pas de temps à perdre avec ce genre de frivolités. " " Je ne vois aucune frivolité dans mon étude. J'ai déjà appris beaucoup en t'observant. D'ailleurs, tu as fait une erreur dans ton texte ici. " " Que? "
Naoshige posa le doigt sur le parchemin et pointa du doigt une mauvaise interprétation de la jeune adolescente sur son texte. Elle se mit à légèrement rosir devant sa faute et fronça les sourcils d'agacement à repointant son regard vers le Senju.
" Merci. " " De rien. Les amis sont aussi faits pour soutenir et aider, au-delà d'être d'une bonne compagnie non? "
Naoshige souriait à nouveau avec une étonnante bienveillance. C'était la première fois que la kunoichi le remarqua, lui et l'aura solaire qu'il entourait comme son frère Kyoshiro. Il était de ce type de personne, ce type d'homme qui pouvait se révéler inspirant, une énergie positive qui cherchait à tirer le meilleur qui se cachait en vous, là où votre regard demeurait aveugle.
Ce sourire ne brillerait plus....
Aburame Hako
Konoha no Chunin
Messages : 663
Date d'inscription : 15/03/2017
Fiche du Ninja Grade & Rang: Chuunin - Rang B Ryos: 1871 Expérience: (2642/1200)
Hako, en kimono blanc et sobre pour une fois (espérons la dernière, même si c'était irréaliste), ne savait ni où se mettre, ni que faire, ni que penser. Son esprit juvénile était un tourbillon. La mort était le compagnon du ninja. Elle l'avait tant donnée, dès son plus jeune âge. Parfois même... par erreur. Par excès. Elle l'avait aussi côtoyée à Baransu et malgré le temps qui passait lentement, jetant un voile pudique sur ses souvenirs de guerre, la jeune Aburame s'en voulait toujours de ne pas avoir pu sauver le jeune Miyamoto Akai... Et tant d'autres, des civils ou des shinobis inconnus, des sans-noms qui avaient injustement péris dans ce conflit alors qu'elle s'en sortait avec les honneurs...
Hako était triste devant ce cercueil fermé, étonnamment. Elle haïssait Senju Naoshige. Fermement. Ce cuistre avait eut l'audace et la puissance politique pour acquérir, il n'y avait pas d'autre mot, sa belle et jeune Yume. Son amante. La minuscule genin avait d'office détester ce parvenu de Senju qui par d'habile manœuvre politique avait convaincu les Hyûga de lui céder la main de la toute jeune et brillante amante du lutin vert de Konoha. Les forçant à une terrible séparation, que la petite Aburame avait (et continuer de) refusée de toute son âme. Hako n'avait pas manqué de persifler, de maugréer, d'insulter en douce le mari de son amante secrète, allant même jusqu'à volontairement briser les noix d'un des clones de bois du Senju lors de l'examen à Uzushio...
Hako avait bien sûr souhaitait la mort de son rival en amour. Le monde des ninjas étaient cruel, injuste et dangereux. C'était une possibilité, un vœux honteux et maléfique qui avait rongé de temps en temps son cœur jaloux. Parfois, au coeur de la nuit, quand la minuscule Aburame étouffait ses hurlements de rage impuissante et de jalousie dans un coussin, le visage inondé de larme en passant à sa douce amante aux mains de ce rustre politicien, elle avait même envisagé de provoquer elle-même un accident. Elle était kunoichi. Elle en était capable : les Aburame faisaient des assassins discret et redoutable...
Mais jamais Hako n'avait dépassée le stade des songes mortifère. La raison était là, douloureuse, sous ses yeux. Sa belle et douce Yume... Ses magnifiques yeux lavandes pâles reflétait une tristesse infini. Jamais la kunoichi habituellement vert-pomme n'aurait pu infliger ça à sa petite amie, même pour la sauver des "griffes" de l'horrible Senju. Hako connaissait le coeur immense de sa Hyûga, qui tolérait même les frasques du lutin vert de Konoha. Elle le lisait sur son visage : Yume avait commencé l'ouvrir à son mari imposé... Elle serra le poing : sa jalousie revenait, une bile acide qui la rongeait... Maintenant, la voilà en concurrence avec un mort.
Fichu Senju ! Aussi incapable que les médisances persiflées par le lutin vert de Konoha ! Il avait été foutu de périr en mission. Horriblement en plus ! Et cette tradition de son clan d'adorateur des arbres de ce faire enterrer ! En grande pompe en plus, l'impudent ayant comploté jusqu'à se hisser au sommet de son clan. Népotisme que tout ça ! Tout ce cirque, même en soi-disant petit comité devait être effroyablement pesant pour Yume. Même pas fichu de lui épargner ça ! Un vrai ninja devait disparaître sans trace, sans odeur, ne laisser qu'un nom ou mieux, un pseudonyme sur une stèle secrète de sa famille...
Hako soupira. Elle ne devait pas s'enflammer. Pas faire de scandale, malgré ses sentiments tumultueux qu'elle n'arrivait pas à calmer ni à analyser. Ou était le fameux esprit logique et froide des Aburame ? Elle devait rester calme. Digne. Pour Yume.
Yume... Sa douce Yume... Pourquoi le destin s'acharnait-il toujours contre elle ? Sa mère, partie si tôt... Son père, subissant le pire fléaux des Hyûga : la perte de sa vue et de son légendaire dôjutsu. Malgré tout ça, Yume avait tenue bon, maintenue à flot son foyer. Elle avait servit de mère à la petite Nyuuwa. D'aide à son rustre de père bougon si exigeant. Elle s'était même peu à peu élever dans la hiérarchie tordu du clan Hyûga, tout en devant la cheffe plus ou moins informelle des genin de la légendaire équipe n°2 de Konoha.
Yume était sans nul doute une puissante kunoichi, effroyablement vive et douée. Probablement même plus puissante que le lutin vert de Konoha... Quel gâchis de l'avoir bêtement vendu à un Senju ! Senju qui maintenant la torturait de son horrible décès en mission... Veuve à un si jeune âge. Tout les soutiens et stratagèmes politiques de Naoshige envolés. Un douloureux retour à la case départ après tout ses sacrifices...
La minuscule genin aurait voulu s'élancer dans l'assistance, prendre Yume par la main et l'amener loin de cette cérémonie pesante et morbide. La serrer dans ses bras, essuyer par milles doux baisers ses larmes injustes qu'elle versait pour un homme qui ne les méritait pas... Hélas, c'était impossible. Peut-être plus tard, après cette sinistre liturgie. A moins qu'elle veuille rester seule... Hako ne savait que faire, de peur de commettre un terrible impair qui couperait à jamais les ponts avec la Hyûga dont rêvait son cœur et son âme.
Minuscule, se tenant droite comme un i, Hako se contentait donc d'être là, se maudissant de ne pas pouvoir faire plus. Honteuse de ses pensés jalouses vilipendant le mort. En colère contre elle-même, contre le destin, contre Naoshige, contre sa propre impuissance surtout. Mais elle se tenait là, au coté de Yume. Toujours. Elle ne flancherait pas. Mâchoires serrées, elle retenait à grand peine ses larmes. Pas pour le Senju défunt, même si au fond de son cœur la jeune Aburame ne lui avait pas réellement souhaité un pareil destin. Non, ses yeux d'émeraude s'embuaient malgré sa détermination ninja que pour la tristesse de son amie injustement frappé par le destin. Elle ne pouvait rien faire. Mais elle serait là pour elle. Toujours.
Uchiha Akira
Konoha no Chunin
Messages : 1575
Date d'inscription : 18/03/2019
Age : 33
Fiche du Ninja Grade & Rang: INTENDANT - CHUUNIN - RANG B Ryos: 2850 Expérience: (3458/1200)
L'annonce m'avait secoué. Je n'aurais jamais cru cet homme que je respectais tant capable de mourir. Au final on était tous égaux face à la mort. Elle nous fauchait, elle ne faisait aucune distinction. Ca prenait, ça arrachait et ça nous laissait là. Bien au-delà de la perte d'un guide, d'une personne sage pouvant m'ouvrir la porte à d'autres réflexions, une amie avait perdu son mari, son époux. J'avais beau ne pas connaître et ne pas vouloir connaître l'étendu de leurs relations, je savais qu'elle tenait à lui et son comportement, la destruction que j'avais lu sur son visage suffisait à me faire comprendre combien cette perte venait de l'affecter. Elle avait perdu un allié, une personne croyant en elle, voulant la pousser à donner le meilleur d'elle-même. Le jour des funérailles et sans vraiment savoir si j'avais le droit de venir, je m'étais quand même préparé, mettant des vêtements sombres, sans le moindre rappel de mon clan. Je venais en mon nom, pas en celui de mon clan. Quittant la chambre chez ma grand-mère, j'avais marché jusqu'à l'endroit des obsèques et après quelques minutes j'avais pu rentrer.
La vision de cette pièce, de ces gens me serra un peu plus le cœur, en fait ce fut surtout la vision de Yume. Je n'arrivais toujours pas à y croire, j'étais même prêt à parier qu'il allait arriver au détour d'un croisement, son regard sage, son calme et ses mots parfois dur, mais poussant toujours à la réflexion. Il m'avait poussé en premier non ? Il m'avait fait comprendre que j'avais une chance dans mon clan, qu'il fallait juste que je me batte, que j'ai de vrai ambition et la patience d'attendre que les choses changent. Il m'avait ouvert cette porte et il devait être là, en train de reposer entre quatre planches. Ironique presque quand on pensait aux dons de ce clan.
Appercevant finalement Hako, je m'avançais silencieusement jusqu'à elle, m'annonçant à peine en lui frôlant l'épaule et avant de m'arrêter à ses côtés pour regarder Yume. Je ne pouvais rien faire, c'était peut-être le plus frustrant. Je savais qu'être là faisait beaucoup, je savais que ne pas la laisser tomber était important et pourtant, j'avais l'impression que ce n'était pas assez. La seule chose que j'aurais pu faire c'est empêcher cette mort. Mais si lui, avec sa puissance, était mort... Comment j'étais censé y arriver ? Il était si puissant, si fort... Je ne comprenais toujours pas comment il avait pu tomber, sombrer. J'étais impuissant et c'était la première fois que je me sentais si... Je n'avais rien, rien à faire. Je ne pourrais jamais réparer son cœur et son âme, je ne pourrais jamais effacer cet événement de son esprit. J'étais désolé Yume.
Vivre seul, avancer dans les ténèbres à l’abri de la Lumière!
Sora
La mort n’est qu’un glorieux voyage vers l’inconnu.
J’avais eu un ami, un seul et unique ami. Une seule personne avec qui j’avais pu nouer un quelconque lien. Un instant, j’ai cru pouvoir être quelqu’un de différent, un instant, j’ai cru pouvoir avoir une vie tout à fait normale. Il m’avait tendu la main, il m’avait compris, il était la personne qui m’avait permis de pouvoir comprendre ce qu’était l’appréciation d’un caractère. Il m’avait permis de goûter à l’espoir de m’adapter dans ce monde. L’espoir, j’avais tendance à toujours me méfier de cet animal qui pouvait donner un goût à la fadeur du monde, mais qui pouvait surtout tout dévaster et détruire la morale de chacun. Cette mission avait été un massacre, j’avais perdu mon humanité, j’avais perdu la seule chose qui me maintenait présentement équilibré. J’avais détruit beaucoup de vies, j’avais fait en sorte de pouvoir faire saigner des gens pour rendre hommage à Jashin, mais la vérité était tout autre, je n’avais rien contrôler, j’avais essayé de me lier à cette tribu pour éviter de tuer des gens. Cependant, j’avais été faible, je n’étais pas doué dans l’art du langage et ça avait causé la mort de grand nombre de personne de cette tribu.
Puis, la suite avait été assez étrange, tout était encore flou. Je ne me souvenais pas de la fin, mais d’un coup, j’avais appris par ma camarade Senju le décès de Naoshige. Je n’avais pas compris grand chose, mon âme avait été déjà mis en morceaux par la mission que j’avais effectué… Je ne me souvenais de rien, mais je ne savais pas si je n’avais compris ou je n’avais pas voulu comprendre que cela voulait dire que je ne reverrais plus Jamais Naoshige. L’homme qui m’avait compris, l’homme qui m’avait apprivoisé était parti. Mon âme aurait dû crier, aurait dû pleurer, mais rien j’étais comme brisé. Le Sage de La Montagne avait changé tout l’imbroglio que mon être était. Le masque était cassé, la violence était présente, mon âme était devenue démoniaque ou brisée, rien ne semblait fonctionner. J’étais devenu simplement une arme pour Konoha, une arme de guerre, une arme de meurtre. Aucune complexité, aucune réaction, mon faciès étaient brisés, fixés sur une seule émotion. Une émotion simple et fade, il n’exprimait rien.
Je m’étais rendu en bon dernier à l’enterrement du Senju. Je n’étais là que pour comprendre que tout avait changé, que ma vie avait basculé dans l’immonde infamie de la vie de Shinobi. Finalement, être ninja, c’était d’avoir un seul destin, être tué ou tué. Rien d’autre était possible. Mon corps bougeait lui-même, mon visage était froid, démoniaque, je portais le masque de l’incohérence. Je n’étais plus rien qu’un spectateur dans ma vie.
Mon visage tournait d’un geste incohérent de gauche à droite, il n’y avait aucun sens à regarder les gens qui étaient présents. Il y avait Yume habillé de noir, à quoi bon être habillé de noir ? Il ne reviendrait pas, il ne nous voyait pas. Il n’était plus rien qu’un véhicule sans âme. Mon visage se tordait de douleur, mon regard ne suivait pas… Le déni, j’étais simplement depuis le début dans le déni. Naoshige ne pouvait pas être mort, il ne pouvait pas. Il était le seul à avoir été assez fort à tenter de me tendre la main.
J’aperçus d’un regard Yuriko, puis Hako et Akira, mon corps continuait sa violente danse macabre pour s’approcher du corps de mon ami. Ce mot allait être enterré avec cet homme, mon regard ne se posait même pas vers la veuve. Elle n’était rien de plus qu’une victime, victime de la douleur. Il n’y avait rien à voir, il n’y avait rien à comprendre. La mort avait enveloppé de ses bras Naoshige et elle avait créé un nouvel ange de la mort en l’incarnation de moi-même. J’avais bien compris que c’était ma faute, s’il était mort. En apportant la mort sur une tribu qui n’avait rien demandé, j’avais apporté la mort dans ma vie. Un cercueil, on ne voyait rien d’autre qu’un cercueil. Mon corps se détournait d’un simple demi-tour, je n’étais plus l’acteur de ce véhicule. Je ne pouvais pas consoler Yume, je n’en étais pas capable, je n’étais pas en état de jouer au sensei. Je me dirigeai dans un coin, un endroit où personne ne pouvait me voir. Mon corps succombait et des larmes se mirent à perler sur mon visage, aucune expression, mais des larmes. Mes genoux avaient lâché, mes mains avaient pénétré le sol d’une violente faiblesse. Je n’avais rien pu faire, j’étais faible et je n’avais même pas pu sauver mon seul ami…