Rivers in the desert[Pv. Honoka]

Voilà une affaire qui allait sérieusement me gonfler. Cela faisait déjà dix minutes que je bataillais avec la crétine de l'accueil de cet hôtel qui commençait petit à petit à perdre de son charme avec ma frustration grandissante. Je n'étais pourtant pas du genre à me mettre en colère et je me retins... sauf le fait d'avoir claqué la main sur le comptoir. La femme se mit à sursauter et sa gêne ne fit qu'empirer. Mon problème? Il était simple. J'avais demandé à ce que l'on me réserva une chambre ici, parce que j'étais pas d'humeur à me taper un campement à l'ancienne et même moi, de temps à autre, je me décidais de me laisser un peu le luxe d'avoir du confort. Un bon matelas, un toit au-dessus de la tête, des draps propres. J'avais participé à une mission crevante et je voulais me détendre.. loin de Suna. C'était une manière de m'assurer qu'on vint pas me chercher à vrai dire.

Qu'importait.

J'avais déjà écrit à ces ploucs pour faire la demande de réservation. J'avais précisé que je voulais une chambre mais pas le grand luxe parce que j'avais pas l'oseille. Ces enfoirés m'avaient dit que c'était ok. Sauf que vous devinez la suite. Je me pointa et comme de pas hasard, mon nom n'apparaissait pas. J'étais en train de passer un savon à l'hôtesse et j'étais d'autant plus emmerdée que j'avais pas pensé à prendre la lettre où il me confirmait la chose. J'avais pas la preuve, juste ma parole. J'aurais pu laisser tomber s'il m'avait proposé autre chose mais il y avait que dalle. Ou tout du moins, pas dans mes moyens. S'il croyait ses enfoirés que j'allais les engraisser, ils allaient se faire voir.

Je claquais donc à nouveau ma main sur le comptoir mais avec un bout de papier sur lequel j'avais inscrit une note. Mon regard améthyste n'avait rien de bien doux et délicat à cet instant, il était incisif et peut-être, je le concevais, un peu méprisant.

" A la vue de votre incompétence, j'espère que vous allez au moins me fournir l'adresse d'un autre endroit. "

La jeune femme se mit à trembler et si ce n'était que moi, j'aurais presque dit qu'elle en avait des sueurs. J'aimais pas jouer les gros bras, c'était pas dans ma nature mais j'étais sérieusement agacée. Elle finit cependant par me donner un lieu, elle tenta de s'excuser encore une fois ou plutôt une dizaine. En guise de réponse, je laissais échapper un vaste soupir avant de faire un signe de main pour savoir s'il y avait un bar. D'une main tremblante, elle pointa son index dans une direction et avec un certain cynisme, je lui fis un signe d'adieu.

Je finis donc par tourner le dos à l'accueil et prit la direction du seul lieu qui pourrait dans ce bâtiment m'apporter un peu de réconfort mais, je tombais nez à nez avec la dernière personne à laquelle je m'attendais de revoir ici. Oh. Le petit rubis. La petite tête albinos d'Uzu. On dirait qu'il avait un peu grandi ou bien j'hallucinais. Cela faisait quoi? Plusieurs mois? Je comptais pas à vrai dire, une manie de ma façon de vivre où je me laissais porter par le courant.

En tout cas, cela m'empêcha pas d'être très étonnée et j'écarquillais du regard en le pointant du doigt, du genre "toi ici?". Après tout, qu'est-ce qu'un gars d'uzu venait foutre dans les environs. C'était pas trop le coin où on voyait les gugus du pays de la flotte. Pire, je m'étonnais même qu'il sortît du bar. Je le voyais pas trop genre à picoler. Après, ça signifiait que lui, il devait sans doute avoir une chambre ici. Je savais pas pourquoi, mais j'avais un petit sourire en coin qui se dessina tout seul. Il allait peut-être résoudre mon problème et ça me coûterait que dalle.

Il était drôle le petit bonhomme. Il ne pensait pas me trouver dans le coin? Il fallait dire qu'il y avait plus de chance de m'y trouver moi, qu'un uzujin y faire du tourisme. Fallait dire que ça manquait pas de flotte dans son pays et comme il y avait tout un tas de commerciaux, j'imaginais bien des stations balnéaires qui avaient de la gueule. Si seulement mon pays se prenait pas le chou avec tous ces voisins, peut-être que je trouverais une occasion de m'y faire ma propre opinion en y allant glander. C'était cependant pas demain la veille.

Je lui fis donc un simple salut de la main en guise de bonjour, en sachant que sa présence tombait véritablement à point nommé. A la vue de l'embrouille que j'avais eu avec l'hôtesse, Minato devenait ma solution inespérée. Portant un regard plus attentionné alors qu'il me fit signe de le suivre un peu plus loin pour ne pas que l'on entendit notre conversation, il me semblait plus confiant que la première fois que je l'avais rencontré. Une bonne chose à mon avis. Il enchaîna après de multiples questions et me répondit même avant que j'eus poser la mienne sur ce qu'il faisait dans le coin. Tranquillement, comme à mon habitude, je me saisis de mon calepin pour y annoter mes réponses.

" Je vais bien, à ceci près que je me suis faite roulée. Je devais avoir une chambre réservée mais ils ne l'ont pas fait. Je suis là juste pour prendre du bon temps. "

Je lui tendis le papier avec un petit sourire amical. Fallait que je me montrasse sympa, ce qui était pas bien difficile avec le petit rubis. Il s'était toujours montré chaleureux, je pouvais donc faire un petit effort malgré les circonstances qui m'avaient désappointées. Il m'indiqua le chanceux qu'il avait eu une des dernières chambres mais qui lui coûtaient la peau des fesses. J'affichais une mine un peu blasé. Une suite. Carrément. Je soupirais avant de me mettre à écrire.

" Petit veinard. Mais je dis pas non à la balade. Cela me détendra. "

Mes affaires sur le dos, je fis un petit signe de tête à Minato pour prendre la direction de la sortie. Cependant, je jetais un dernière regard à l'hôtesse et lui adressait un doigt d'honneur au passage. C'était puéril. C'était mesquin. Cela me faisait du bien. Mais de voir sa tête de femme outrée me fit marrer. Quoiqu'il en fut, aussitôt dehors le soleil nous tapa droit dans les mirettes, et je repris mon carnet.

" Faut pas rester en plein soleil. On va cramer. Suis-moi. Je connais un coin tranquille à l'ombre près de l'oasis. "

Je lui donnais le papier et fit un petit mouvement de tête pour qu'il me suivit. Je serais le guide cette fois. Le pas nonchalant, je lui laissais l'opportunité de rêvasser et de mater le paysage, et je le conduisis de telles manières que l'on longeait la grande étendue d'eau. Je le traînais jusqu'à une petite zone végétalisée où il y avait des palmiers et quand nous y arrivâmes, on avait une grande vue sur l'ensemble, tout en ayant de l'ombre et la flotte pas loin. Je posais alors mes affaires sans délicatesse mais lui fit un signe de pas bouger de suite. Brutalement, je fichais un coup de pied dans un palmier pour vérifier si rien n'allait nous tomber sur la tronche.

" C'est pour éviter un accident de noix de coco. "

C'était le message que je lui tendis avant de prendre appui sur le fameux arbre. Tranquillement, je commençais à me rouler une cigarette avant de lui faire un petit signe du menton, une manière de lui demander ce qu'il y avait de neuf dans sa vie, si il y avait des choses à raconter, tout ça tout ça quoi. Fallait bien papoter un peu.

Et bien, et bien... si je m'attendais à ça! J'avais posé une question assez banale et j'eus droit à un véritable roman d'aventures rocambolesques. Je finis de rouler tranquillement ma cigarette que j'eus même droit à des informations que je réclamais pas. Il savait cuisiner et il ne fumait toujours pas. La bonne blague. Je lâchais un petit rire avant de passer ma main dans ses cheveux pour les ébouriffer alors qu'il était assis pas trop loin de moi. Je pris un petit bout de papier, et le lui tendit.

" Garde-toi bien d'avoir une hygiène saine! La clope, c'est pour les vieux cons dans mon genre! "

Bah ouais. Je fumais peut-être comme une maniaque, ce n'était pas pour autant que j'encourageais les autres à me suivre dans mon vice. J'avais une âme apparemment. Finalement, l'uzujin s'abandonna à la détente la plus complète et s'étala sur le sable du rivage, tranquille. Le voir aussi détendu me surprenait. Positivement cependant. Il avait l'air d'avoir plutôt muri par rapport à la dernière fois ou bien avait-il fini par prendre du recul sur les choses. Cela lui allait en tout cas.

Alors que je m'apprêtais à allumer ma clope, il remit sur le tapis son délire avec les démons sur lequel je n'avais pas grand chose à dire. C'était son choix et de toute façon, il allait pas en démordre donc pas de débat, c'était sa vie. Par contre, je me mis à éclater de rire quand il me raconta qu'il s'était pris un vent par sa copine. Je ne m'y attendais pas du tout. J'imaginais trop sa petite tête mignonne et toute rouge devant la donzelle! Cela devait être à mourir de rire. Oh! Peut-être un peu cruel de ma part mais à vrai dire, je le voyais trop se lancer avec ces gros sabots, lui dire combien elle était jolie, brave, et tout le charabia du genre. Ha! J'aurais payé pour voir ça. Je lui aurais offert une bouteille de saké pour lui remonter le moral après. J'étais pas une barbare. Se moquer du malheur des autres, il paraissait que c'était pas bien.

Je finis enfin par allumer ma clope alors que j'étais toujours adossée à mon palmier, et je regardais Minato de ma hauteur. Là, il me remit sous le pif qu'il avait une chambre trop chère pour lui avec en bonus un clin d’œil. C'était que le petit Minato avait gagnait en assurance! Il me faisait des boutades le minot! Oh! Mais s'il y avait bien quelqu'un avec qui il fallait pas jouer, c'était bien bibi!

Un sourire en coin se dessina sur mes lèvres alors que j'y coinçais ma cigarette. Là, je repris mon carnet et commença à écrire. Comme d'habitude, en somme.

" Et bien petit malin! Puisque visiblement je t'ai manqué et que t'as une chambre trop grande, ça devrait pas te gêner que je squatte ta suite, n'est-ce pas? "

Je pliais mon papier comme un petit avion que je lui lançais dessus. A voir s'il voulait négocier, mais j'étais fauchée comme les blés donc... Je lui lançais un nouveau petit avion.

" Il sait pas passer grand chose. Mission. Entrainement. Dormir. Boire. Et cela un peu dans n'importe quel ordre. "

Ma vie était très banale et ça me convenait. Bon... me restait plus qu'à savoir si j'avais trouvé un lieu où pioncer ou pas.

Il y avait des choses à ne pas faire avec moi. il y avait des limites à ne pas franchir et là, on pouvait dire que le gamin venait de perdre dix points par le seul geste qui était de chopper ma clope, m'empêcher de la fumer, et de la piétiner par terre. Si je le connaissais pas, c'était mille points d'amendes et à la vue de ma tête, de mon petit œil qui frétillait sous la tension, il avait eu chaud aux fesses. Ce qui le sauva peut-être aussi était que je pouvais pas m'empêcher de le trouver attachant. Voilà qu'il était à deux doigts de me donner mauvaise conscience parce que je respirais trop de fumée. Je disais deux doigts cependant. J'étais pas prête de m'arrêter. Je le lui accorderais que pour la journée.

En tout cas, je fronçais des sourcils d'agacement, je râlais un peu de dégoût parce que mine de rien, le tabac, ça coûtait un bras dans le désert. Je laissais échapper un petit rire bref cependant quand il m'indiqua qu'il voulait pas en sentir le goût si l'envie lui prenait de m'embrasser. C'était qu'il se sentait pousser des ailes le coquin. Du coup, je lui lançais presque un regard de défi comme si cela signifiait "faudrait que je t'en donne l'autorisation pour ça. "

Je revenais toutefois sur le nœud de mon problème. Un endroit où pioncer. Il se montra pas farouche le bougre et m'indiqua qu'il n'y avait qu'un seul lit et qu'il le mettait à ma disposition alors que lui se coucherait à même le sol. Qu'est-ce qu'il pouvait être grave le gamin parfois! A croire qu'il aimait que je le provoquasse en fait. Ouais... il devait adorer ça. Je ne manquais pas de lui faire ce plaisir alors que je lui tendis un nouveau petit mot, plus chargé que les précédents.

" Jolie cœur, ça me ferait bien mal de te foutre hors du lit alors que c'est toi qui paie. Cependant, tu me dois aussi une clope maintenant. Comme je suis magnanime, je t'éviterais la moquette qui gratte et tu pionceras comme un gros bébé dans le lit qui t'attend.... enfin si je te le permet parce que tu me dois une cigarette. "

Un grand sourire se dessina sur mon visage. On déconnait pas avec mes clopes.

Il me questionna une nouvelle fois sur ce que je faisais, il réclamait des détails. J'en avais pas donné parce qu'il y avait vraiment que dalle à dire de passionnant. Je soupirais et tentais de lui donner du grain à moudre.

" Y a vraiment pas grand chose à dire. J'ai botté le cul à des tarés mangeurs d'hommes, j'ai botté le cul à un con qui a foutu le bordel dans une prison, j'ai ramené une gamine qui faisait une crise d'ado... Je me suis cuitée à chaque solde reçue pour fêter ma réussite. Passionnant, n'est-ce pas? "

Je m'accroupis alors près de lui pour lui donner le papier et j'en profitais pour lui pincer la joue quand il me lança un compliment. Quel gros bêta. Il devait savoir que ce genre de truc, ça me faisait rien. Je me redressais aussitôt et commençait à nouveau à écrire.

" Garde des belles paroles pour les jeunes nanas, jolie cœur. Tu sais très bien que je m'embarrasse pas de ce genre de préliminaire. Pas le temps pour ces conneries. "

Je me mis à rire un peu. Cela allait l'agacer à lui sans doute. Il me le disait parce qu'il le pensait. Je le savais. En vrai, cela me faisait quand même plaisir, bien que c'était pas non plus le genre de truc qui m'atteignait sincèrement. J'avais - je le croyais - toujours été une femme d'acte plutôt que de paroles. Je m'appuyais à nouveau contre mon palmier.

" Tu veux continuer à te balader? On peut toujours faire le tour de l'oasis, mais ça serait un peu long. "

Je lui lançais à nouveau un petit avion de papier. Puisque j'étais sa guide...

Je croyais que je prenais un certain plaisir à rendre l'uzujin un peu dingo en lui en faisant voir de toutes les couleurs, surtout quand il affichait une mine trop sérieuse et que l'instant d'après, il rougissait comme le jouvenceau qu'il n'était plus vraiment d'ailleurs. Il fallait dire qu'il était si palot qu'au moins ça lui donnait quelques couleurs. Personnellement, ça me faisait marrer. Sadique? Peut-être un peu quand on y pensait. Je donnais l'impression de jouer avec lui sans en avoir rien à cirer. Mais je l'aimais bien quand même, sinon je me montrerais pas si "gentille".

Une nouvelle fois, ces paroles naïves m'amusèrent et je ne retins pas un petit rire. Peur que je me tue trop vite? Qu'il était mignon. S'il savait cependant. J'étais plus certaine que je claquerais au cours d'une mission à la con plutôt que d'avoir trop fumé de clopes. Le cas échéant, ce serait vraiment un sale coup du destin de me faire tenir si longtemps pour me voir claquer dans une lente agonie tabagique. Cependant, Minato passa du coq à l'âne en quelques secondes en me posant une question, drôle sur le moment, à laquelle je m'attendais pas du tout.

D'ailleurs, cela se lut sur ma tronche parce que j'écarquillais des yeux comme des billes en le regardant. Il me la jouait déjà sentimental? La seule réponse que je lui fournis fut un petit sourire en coin. Je me voyais mal lui dire " j"y ai pas trop pensé ". Pas à cause de lui, disons à cause du métier. S'attacher à quelqu'un avait ses contraintes et moi j'avais toujours fait en sorte depuis le début pour que cela ne le devint pas. Mais est-ce qu'à un moment j'avais pas pensé aux jolis souvenirs que l'on s'était fait? Bah oui. Les moments agréables, c'était plutôt rare dans la vie d'un shinobi. Si je lui disais, il allait s'emballer donc je gardais le clapet fermé.

Quand je lui "racontai" les grandes lignes directrices de mes vieilles missions, cela l'eut surpris, et même de le faire rire. Il se moquait le bougre! Je pris mon calepin avant que son imagination ne s'enflamma de trop.

" J'étais pas seule dans la prison, j'avais qu'un type à chercher dans une émeute. Moins impressionnant que cela en à l'air. Quant à la mioche, c'était une fugueuse qui s'était mis dans la merde et qui rêvait de devenir shinobi. Je lui ai faite comprendre qu'elle mettait pas le pied dans une profession idéale. Rien de plus... et puis elle parlait beaucoup trop. "

Je lui lançais mon papier en soupirant. Rien que me souvenir de la petiote me donnait mal au crâne. Je me demandais d'ailleurs si elle était toujours à l'académie. Minato finit par se redresser, et c'était qu'à ce moment que je me dis qu'il avait peut-être pris quelques centimètres - ou bien c'était moi qui en avait perdu. Je lui pinçais la joue pour dédramatiser la situation alors qu'il me fixa avec une intensité qui me disait clairement qu'il allait tenter un truc. Cela avait pas raté.

Ni une ni deux, voilà qu'il m'attrapait par la taille pour me rouler un palot comme on en faisait plus trop. Le genre d'embrassade où on avait la sensation qu'on cédait simplement à une pulsion, qu'il fallait le faire et puis c'était tout. C'était aussi une manière pour lui de me dire poliment "ferme ta gueule Honoka". Cette petite démonstration de dominance me montrait qu'il avait sans doute gagner en maturité ou en assurance. Peut-être même les deux et cela lui allait plutôt pas mal.

Il me lâcha pas alors qu'il finit par lire le dernier message que j'avais donné. Est-ce qu'il y allait avoir réplique? Bien entendu! Je ne serais pas Shirogane sinon! Là, alors qu'un petit sourire que je qualifierais limite machiavélique apparut sur mon visage, je saisis son visage dans ma main en le prenant par le menton. Brutalement, je le plaquais contre le palmier en le maintenant serré contre moi, mon visage à quelques centimètres du sien. Mes yeux s'enfoncèrent dans les siens alors que je le lâchais pas en le maintenant immobiliser entre l'arbre et moi. Lentement, je passais mon pouce sur ses lèvres avant de me glisser au creux de son oreille.

" Jeu... dangereux... "

Il le savait. J'étais pas le genre de nana qu'il fallait trop provoquer mais il savait très bien le prix qu'il paierait. Cela l'amusait aussi en une façon, c'était évident. J'irais même dire qu'il y prenait goût, peut-être qu'il dépasserait même le maître. Je reculais lentement, lâchant son visage avant de me mettre légèrement à rire. Voilà comment on faisait vraiment grimper la tension.

Je me dirigeais vers mes affaires pour les prendre afin qu'on repartit. Pour la balade, j'allais pas lui faire tout le tour de l'oasis. C'était jolie mais un peu monocorde. Je lui en dépeignis les grandes lignes sur un nouveau bout de papier.

" On longe à nouveau l'oasis, on se dirige vers la partie la plus animée. Il y a des tas de stand de bouffe. Si t'as un creux plus tard, au moins, tu pourras faire ton choix sauf si tu préfères le menu de l'hôtel. En soit, c'est plus un lieu de repos que de pur tourisme. Après à toi de voir. On peut trainer ou retourner à l'hôtel. "

Qu'importait le programme tant que j'avais un endroit où crécher.

Il me le répéta une nouvelle fois. Que je lui avais manqué. Cela me fit sourire encore car je voyais très clairement qu'il espérait que je lui rendis la chose avec des mots. Alors qu'il me retint, je le regardais droit dans les yeux et lui caressa la joue avant de reculer pour récupérer mes affaires. Il devait l'avoir compris que j'étais pas faite pour ça, ou il se rendait pas trop compte de ce qu'il me demandait. Pour moi, c'était trop compliqué... mais ça signifiait pas que je l'aimais pas. Au contraire, c'était aussi une façon de le protéger quelque part. A ma façon, évidemment.

Je lui expliquais dans les grandes lignes ce qu'on pouvait faire dans les environs. Il n'y avait pas des trucs de dingues mais lui parut inspiré, du moment que l'on pouvait à minima manger. Mais ce qui me fit le plus rire, c'était lorsqu'il mentionna qu'il était prêt à faire des "conneries". C'était vraiment pas ce qu'il fallait me dire. Un large sourire se dessina sur mon visage alors que je le regardais comme s'il venait de me défier à nouveau. Aussitôt, je pris mon carnet et lui écrivit deux trois bricoles.

" Tu veux te marrer? Ok. Mais t'as intérêt à me suivre jusqu'au bout, quoiqu'il se passe. "

Je lui fis un petit clin d’œil et hop! Une tape sur les fesses en prime comme pour lui dire que l'on y allait maintenant. Je me marrais d'avance. Est-ce que j'allais jouer les vilaines filles? Carrément ouais! Il n'y avait que comme ça que je me marrais un peu. Le politiquement correct, c'était pas le genre de la maison et Minato avait dû me cerner à ce niveau-là. C'était pas comme si je le cachais aussi.

On était donc parti et après la petite balade tranquille le long de l'oasis, je le trainais dans la zone peuplée qui avait presque des airs de festivals. Il fallait dire que ça s'animait la nuit parce qu'il faisait plus frais, forcément plus agréable et c'était la porte ouverte à d'autres activités. Personnellement, je n'étais pas fan de tout ce qui était trop huppé et comme on avait pas non plus beaucoup de ronds, j'allais opter pour la simplicité. Mais de la simplicité qui sentait forcément la petite embrouille. En premier lieu, je nous fis nous arrêter devant un petit stand artisanal de masques et d'éventails. Je lui montrais du doigts certains d'entre eux pour lui dire qu'il nous fallait ça.

Là, j'en pris un et le mis sur le visage de Minato, pour voir ce que ça donnait. J'étais pas satisfaire alors je lui en fis essayer un autre. C'était un modèle de renard mais ça ne prenait que le haut du visage. De la même façon, j'en essayais plusieurs avant de me rabattre sur une sorte de lapin. Il serait le malin petit renard et moi la mauvaise lapine.

" Pour faire des conneries, il nous faut le minimum en accessoire. Met-toi ça. On nous reconnaîtra pas trop ainsi. "

Je me mis à rire avant de l'entrainer une fois l'artisan payé parce que c'était évident que c'était pas très clair. Mais les choses allaient se dessiner quand je nous fis arrêter devant un stand de dango. Je glissais un petit papier au vendeur.

" Donnez-nous dix brochettes à emporter. Et une bouteille de saké. "

" Ha! Je vois que j'ai des clients d'humeur festive! Je vous fais ça de suite! Cela vous fera 30 ryos. "

Quand il m'indiqua le pris, je retins le poignet de Minato pour lui faire comprendre de pas payer. C'était mon affaire. Quelques minutes après, il finit par me donner un petit sac avec ma commande et je fis un clin d’œil à l'uzujin. Bien que je ne prononçais aucune parole, j’articulais sur mes lèvres un mot qu'il lui serait facile de comprendre : cours. Immédiatement, je lui saisis le bras et l'entrainait dans une course folle entre les passants. Je me mis à rire alors qu'on entendait déjà le vendeur gueuler derrière nous "Attrapez le lapin! ". Notre dîner dans le sac, j'hésitais pas à bousculer quelques gens sur mon passage sans que cela me posa un cas de conscience. Rapidement, je fis en sorte que l'on s'éloigna de la foule - et de la potentielle autorité du coin - jusqu'à trouver une zone un peu plus abandonné. Il y avait des tas de piles de marchandises et de caisses que cela en était presque labyrinthique, le genre d'endroit où on irait pas nous chercher pour le moment.

On finit par s'arrêter, le temps de reprendre notre souffle alors que je riais encore un peu en me rappelant le vendeur. J'étais pas certaine que ce genre de "connerie" plairait à Minato, c'était digne de l'adolescente que j'étais dans ma tête et ça me faisait toujours marrer. En tout cas, il avait pas trop bronché et de toutes manières, il m'avait donné carte blanche. Je finis cependant par m'approcher de lui alors qu'on avait toujours nos masques sur la tronche et lui redressa la tête en glissant ma main sous son menton pour l'embrasser tout aussi fougueusement qu'il se l'était permis. Je lui rendais la monnaie de sa pièce. En le lâchant, j'agitais le sac de bouffe.

" Connerie... et dîner. "

Je pensais avoir rempli le contrat, non?

On avait beau être habitué à courir dans tous les sens à cause du métier, ça restait drôle quand plus rien n'avait d'importance. Parfois, laissez son cerveau de côté, ça faisait du bien. Faire des conneries comme si plus rien avait d'importance, ça c'était mon dada préféré parce que je connaissais que trop la valeur de ma putain de vie. C'était à dire que ça valait sans doute pas plus que les dangos que j'avais chouré. Est-ce que ça me faisait mal au cœur? Pas vraiment. Par contre, j'étais plutôt douée quand il s'agissait de blesser les autres parce que j'étais une femme beaucoup trop égoïste. Là aussi je m'étais faite une raison.

Je posais le sac de bouffe sur le sol alors que Minato me sortit ses propres trouvailles. Des fleurs et des chocolats! Purée le filou! Je l'avais même pas vu faucher ses machins. Une nouvelle fois, son étonnante transformation me fit rire. Bon dieu, je le guidais vers la délinquance! Je savais pas si je devais me féliciter ou pas, mais c'était certain que son village allait pas être jouasse de savoir qu'un de leur pied tendre risquait de devenir une petite terreur. En tout cas, cela avait au moins l'effet de rendre le Petit Rubis plus assuré et il se permettait plus de chose. Je faisais pas beaucoup de truc qui comptait, mais quelque part, me dire que j'aidais à ma façon Minato à s’émanciper, c'était un peu laisser ma trace quelque part.

En tout cas, la folie des grandeurs donna des ardeurs au gamin qui se laissa aller une nouvelle fois. Maintenant, il demandait plus, il hésitait plus, il prenait. Je devrais me féliciter pour lui avoir appris cette leçon. Alors que je lui souris quand ces mains cessèrent de se montrer baladeuses et fit un petit signe de tête comme si j'étais fière de lui. Cela lui allait bien de prendre des initiatives mais c'était l'heure de la bouffe!!!

Rapidement, me frottant les mains, je laissais mon délicat postérieur s'asseoir par terre, croisant les jambes et prenant en premier lieu la bouteille de saké. Comme on avait pas de verre, on irait directement au goulot. Je l'ouvris et la leva dans la direction de Minato avec un grand sourire.

" Kanpaï! "

Aussitôt je pris une sacré lamper de saké avant de la tendre à l'uzujin en laissant échapper un soupir satisfait. Je mis directement mon nez dans les brochettes, j'en pris une pour moi et une autre pour mon jeune ami.

" Ittadakimasu! "

J'adorais le sucré et ces petites boulettes de mochi allaient avoir une durée de vie très limitée. C'était un de mes petits péchés gourmands, en plus de tous les autres. J'étais pas une femme très compliquée fallait dire. Du coup, j'engloutissais ma part sans trop de mal et avec appétit, avant de me rincer la bouche à coup de saké.

" C'est..... bon? "

Trop la flemme d'écrire. Je faisais un peu plus d'effort alors que je m'attaquais déjà aux cigarettes en chocolat avec un grand sourire.

" Toi... t'amuser? "

On était là pour ça après tout. Prendre du bon temps, se détendre, pas trop cogiter. Je respectais el deal du bout en bout. Je pris l'une des cigarettes et je la coupais en deux. Je lui glissais le morceau dans la bouche une fois qu'il eut fini tout le reste, et le regarda avec un air pour savoir si ça aussi, il trouvait ça pas mal alors que je suceautais mon bout de chocolat.... avant de le croquer rapidement. Je me mis à rire à voir sa tête alors que je dépiauter une nouvelle friandise. Cette fois-là, je la lui donnais entière et lui glissait entre les lèvres comme s'il s'agissait une cigarette. Sauf que bibi, c'était une mauvaise fille et je m'avançais pour lui croquer un morceau au passage. Bah attendez! C'était bien pour moi non à la base?

Est-ce que j'étais une femme insolente? Totalement. Est-ce que j'étais un cas désespérant? Clairement. Est-ce que j'en avais quelque chose à foutre? Pas le moins du monde. Je ne me voyais pas au travers des yeux des autres, je n'y avais jamais rien vu d'intéressant hormis ceux de mon père adoptif. Le vieux Yukio était le seul pour qui j'exprimais clairement mon affection parce que c'était mon satané vieux et que je lui devais ma vie. Quant à Minato, je l'aimais bien, c'était évident. Il me faisait marrer.

Quand je le vis boire une lamper de saké et que j'aperçus sa frimousse se froisser sous l'amertume de l'alcool, je me suis mis à rire. Ouais, je me moquais un peu de lui mais il fallait voir sa tête! Je pensais pas que c'était sa première fois. Décidément, à croire que j'étais destinée à toutes les lui voler... ses premières fois j'entendais. Comprenant qu'il allait pas en reprendre plus que ça, je me réservais du coup la bouteille et en rebut allègrement, avant de repartir dans mes grignotages intensifs.

Je lui demandais au passage si tout lui convenait et apparemment, il se plaignait pas avec son petit masque de renard. Il finit par m'expliquer le coup des cigarettes et j'avouais que j'avais pas capté le message. Pour lui montrer que ça me faisait quand même plaisir, j'en croquais une et levait un pouce victorieux pour lui dire que c'était parfait comme ça. Puis comme je pouvais m'y attendre, il me renvoya la question, savoir si je m'amusais. Il était pas croyable. On était là pour que lui s'éclatait avant tout et il se souciait encore de moi. J'aurais beau lui dire qu'il avait pas à se prendre le chou pour une femme de mon genre, il s'accrochait quand même cette tête de mule. Je voulais que Lui, il se marre.

Je le rassurais en tout cas en lui souriant et lui disant un oui de la tête alors que j'avais déjà ma main sur la bouteille de saké pour en boire une nouvelle gorgée. En général, ça, c'était pas bon. Si j'en venais à un point où j'y faisais plus trop attention, ça signifiait que les vapeurs faisaient déjà leur effet et là, j'allais devenir démoniaque... dans le sens où j'allais faire n'importe quoi.

Il recommença. Est-ce que je m'amusais? Est-ce que j'aimais les fleurs? Toujours à se soucier plus des autres que de lui-même. J'en envie de lui remonter un peu les bretelles et de lui dire de penser à lui en premier.... mais comme j'étais une chipie.... j'allais le faire à ma façon. Alors qu'on avait toujours nos masques sur le nez, je l'attrapa brusquement par le col pour le tirer vers moi, renversant la bouteille qui était presque vide. Comme ça, on pourrait croire que c'était violent mais moins que les apparences le laissaient entendre.

" C'est... toi....qui doit... t'amuser. "

Nos visages étaient qu'à quelques centimètres et je plantais mes yeux dans les siens. Subitement, en ne le lâchant pas, je l'obligeais à se relever et je le plaquais contre des caisses de cette zone d'entrepôt, le coinçant avec mon propre corps.

" C'est... moi ...qui vole..."

Ouais, c'était un peu la revanche du petit lapin contre le malicieux renard, alors qu'en réalité, à cet instant, on aurait peut-être dû inverser les masques. J'étais la filou et lui la petite peluche... mais une petite peluche qui avait pris quelques centimètres et un peu de muscle d'après ce que je pouvais sentir en me collant contre lui. De là, mes yeux le balayèrent de haut en bas et je souris.

" Apprend... et prend."

Qu'il apprit à ne plus être une petite peluche, qu'il prit comme le vilain petit renard. Il était un homme après tout avec un sacré potentiel. Il fallait simplement qu'il apprenne à lâcher la bride, un peu plus comme quand il avait volé ces fleurs et ce chocolat. Alors que je laissais l'alcool dans mon sang prendre la relève sur tout ce qui aurait pu paraître raisonnable, je me retins pas et lui roula le palot de sa vie. C'était sûr que là, il allait pas m'oublier... à moins que le saké lui ait tourné la tête. En tout cas, j'obéissais à l'une de mes règles habituelles : je prenais ce que je voulais.

Le petit Minato ne se montrait pas très farouche, mais je ne savais pas si c'était parce qu'on avait un coup dans le pif ou si c'était sa manière de dire qu'il cédait tout. Je pensais que c'était un peu des deux, il cherchait pas à lutter, il cherchait pas à faire barrage. Je pouvais même dire que je pouvais le dévorer tout cru au grès de ma volonté. Cela ferait de moi une méchante femme sans doute, mais c'était pas comme si je pensais l'être non plus. Il me fut facile de le saisir par le col et de l'emmener exactement où je voulais. Lorsque mes yeux croisèrent les siens derrières nos masques d'animaux, il me donnait l'impression qu'il me laissait le champ libre... et je me fis pas tellement prier... surtout que j'avais tous les indicateurs qui étaient au vert, nous dirons.

Je voulais m'amuser moi aussi, un peu en tout cas. Je prenais les plaisirs qui se présentaient, je n'avais aucun compte à rendre à personne et j'avais pas l'intention que cela le devint un jour. J'étais trop une paumée pour ça, trop égoïste, trop auto-centrée. Trop déçue sans doute aussi de la vie, des gens qui disparaissaient, des promesses à la con, tout ce qui faisait que j'en étais arrivée à un point où je ne voulais penser qu'à ma tronche, même si cela me rendait un peu garce. Rien à cirer. Je prenais. C'était tout.

Est-ce que c'était parce que j'avais aussi l'impression que l'uzujin était arrivé tristement au même point que moi que je me comportais de la sorte ou parce que je savais que je pouvais me servir? J'étais pas vraiment en état de réfléchir que je l'embrassais déjà comme une sauvage et qui me le rendit bien le temps que cela lui montant à la tête. L'imprévisibilité, c'était mon truc après tout et je lui pardonnais bien à cette bouille de peluche. En tout cas, il prit assez vite ses marques et ses mains n'avaient rien oublié. Il y allait d'instinct chercher ce qui l'intéressait et je ne m'y opposais pas. Ce qui était étonnant avec lui? C'était qu'il avait peut-être une gueule d'ange mais ces mains étaient bien celle d'un type. J'aimais bien ce contraste, je le trouvais ironique.

Mais alors qu'on se laissait surprendre par nos hormones de fêtard du dimanche, il y eu littéralement un feu d'artifice qui se mit à péter au-dessus de nos têtes, illuminant le ciel de tas de couleurs. Moi, j'avais subrepticement glissé mes mains dans l'une de ses poches à son insu avant de me reculer lentement alors qu'il essayait de me peloter le coquin. Là, j'eus un grand sourire assez malicieux alors que ça pétait de partout. Comme causer ça servait à rien et que j'avais la flemme d'écrire, je commençais à lui faire quelques signes plutôt... équivoques. Je le désignais lui d'un index avant de pointer en direction de ma poitrine comme si je disais "si tu veux la permission". Puis de l'autre côté, j'avais les clefs de la chambre que je venais de lui faucher. Je les agitais dans ma main avant de me marrer. Ce qui était bien avec les hôtels, c'était qu'il mettait toujours l'étage et le numéro de chambre dessus, donc je savais carrément où me rendre.

Mon sourire s'élargit et vous la sentiez la connerie? J'étais un petit lapin non? J'allais me carapater exactement comme lui. Je pris mes affaires rapidement avant de me mettre à courir comme une dératée. J'en riais comme une gamine et je me mis un coup d’accélération car je voulais arriver avant lui. Je voulais tester sa détermination, s'il voulait toujours jouer, s'il me suivait dans ma folie pour la soirée. J'aimais clairement le provoquer mais c'était aussi ma façon de lui dire "lâche toi", "fais ce que tu veux", "la vie est trop courte pour s'emmerder avec trop de règles", "prend ce que tu as envie".

Après avoir joué ma maline, je fonçais vers l'hôtel qu'il avait réservé, de base, pour lui. J'agitais les clefs devant l'hôtesse d'accueil qui devait se demander pourquoi le client courrait et qu'elle m'envoya pas sa sécurité. Vue que j'avais toujours le masque, elle comprendrait que Minato était avec moi si il avait le sien. En tout cas, j'y parvins en premier à cette foutue chambre et je laissais la porte ouverte derrière moi. Je balançais en deux secondes mes affaires et mes chaussures dans un coin et je m'offris le luxe de mater la classe de la suite pendant quelques secondes pour reprendre mon souffle. C'était pas mal du tout. Pompeux mais pas mal. Maintenant, il ne manquait que le deuxième acteur. Je me retournais vers la porte, un grand sourire amusé sur le visage. C'était au tour du petit renard.

Cette soirée s'annonçait clairement intéressante. J'avais à peine eu le temps de mater l'état de la chambre luxueuse que Minato débarqua avec un sac en main, tout en fermant avec une certaine désinvolture la porte à clef. Me voilà donc piéger ici? Mon sourire s'étira malicieusement  parce que je voyais très clairement que dans les yeux brillants de mon camarade de jeu, il n'y avait pas que le saké qui faisait son effet. Non... il y avait clairement quelque chose qui avait pété, une barrière, une envie de tout envoyer chier violemment. Comment je le savais? Parce que c'était clairement le genre de chose que je maîtrisais. C'était ma propre expérience qui causait.... et visiblement, cela l'amusait pas mal alors que quelque part, je l'entrainais du mauvais côté. Vilain petit garçon. Voyons à quoi cela ressemblait un uzujin qui basculait vers l'obscurité.

Là, il posa sur une table sa trouvaille qui contenait le genre de produit sans équivoque. Apparemment, la chaleur du désert réveillait les ardeurs de tous, ce qui ne fit que m'étirer une esquisse plus large sur mon visage. Mais bon, ça voulait dire aussi que soit le propriétaire avait foiré son rendez-vous, soit finalement il en avait pas eu besoin. De toute façon, la seule chose qui m'intéressa là dedans était la nouvelle bouteille de saké que Minato avait rapporté. Il y joignit deux verres en signe d'invitation.

Cependant, fallait un peu pimenter la partie ou plutôt faire grimper les enchères. Alors que je me tenais encore à une bonne distance de lui, je me défis avec une lenteur calculée la ceinture de mon kimono. Là, ce dernier s'entrouvrit mais ne dévoila encore rien de ce qu'il y avait à montrer. Ce serait trop simple. Nonchalamment, je me dirigeais vers lui avant de lui mettre autour du cou ma ceinture sur laquelle je finis par tirer dessus, le forçant ainsi à se rapprocher de moi et ne laissant que quelques millimètres entre nous.

Alors que sa main touchait encore le verre vide, la mienne glissa sur la sienne et par dessus avant de balayer d'un coup sec la coupe qui allait se briser sur le sol. Pas besoin de ça. Je me saisis directement de la bouteille que je décapsula d'un seul doigt, montrant que j'avais sans doute un peu trop l'habitude de picoler. En un sens, c'était peut-être triste mais ce n'était clairement pas l'ambiance. Directement, je me pris une lamper que je bus avec un plaisir non dissimulée avant de regarder l'uzujin avec amusement. Là, je fis couler un peu de saké dans le creux de son cou qui ruissela jusqu'à tremper un peu sa chemise. Toutefois, je le tenais toujours fermement avec ma laisse improvisée et je tirais une nouvelle fois dessus pour le rapprocher de moi. J'allais nicher mon visage sur sa gorge où je pris un malin plaisir à lécher d'un coup de langue le saké qui parfumait sa peau.

Je finis par me retirer lentement avec un grand sourire, tenant toujours la bouteille d'un côté, et lâchant ma ceinture autour de sa nuque qui pendait comme si elle avait été une cravate défaite. Je reculais doucement et avec une certaine provocation, je levais les bras en croix comme pour lui dire "bah alors, montre-moi ce que tu vaux". Puis je repris une gorgée de la bouteille avant de me mettre à rire.

Le problème avec l'alcool était qu'il faisait sauter les verrous de notre retenue. Autant il était facile de dire que dans mon cas, il y en avait pas tant que cela à défaire, autant je me demandais jusqu'où cela pouvait aller avec l'uzujin. Faire monter la tension, le mener à sa limite pour le rendre un peu fou, c'était un jeu qui me plaisait sans doute parce que j'aimais jouer avec le feu. C'était aussi ma manière de lui demander de me surprendre, de me provoquer, de participer à ce divertissement en ne se fixant aucune règle qui pourrait nuire nos réjouissances actuelles. Alors lorsque ma bouche glissa sur son cou, que sa main glissa dans mes cheveux, je le sentis frémir de plaisir autant que moi qui me mit à sourire de par l'emprise que je me savais avoir à cet instant.

Pourtant, cette fois-ci, je n'allais pas être la seule qui mènerait la danse car à peine je le titillais un peu en reculant et embarquant la bouteille, que le regard qui me lançait était aussi explicite que le mien. Il me sortit alors son accessoire fétiche qui me fit sourciller d'étonnement. Habilement, il me vola le saké des mains en un simple lancer et je fis un mouvement de tête comme quoi j'étais impressionnée. De le voir manier la lanière de cuir de cette façon lui donnait des airs plus... coquins. Ne perdant toutefois pas la main, il reprit son arme et m'attrapa par la taille. D'un mouvement souple, il me tira dans sa direction pour me ramener contre lui sans que je ne pus faire le moindre mouvement que celui de tourner sur moi-même et finir dans ses bras telle une danseuse qui atterrissait au creux de l'étreinte de son partenaire.

Pas mal. Bien jouer. Il jeta son fouet sur le sol avant de ramener ma cuisse contre lui, chose qui étira mon sourire sur mes lèvres. Entreprenant... et pas que. En forme à la vue de ce que je sentais. Une belle promesse que voilà pour nos autres jeux... avant qu'il ne craqua un peu et m'embrassa avec un empressement que je lui rendais bien volontiers alors que ma poitrine s'écrasait sur son torse que je sentais encore trempé par le saké. Nous reculions alors jusqu'à la table qui se trouvait à quelques centimètres de là et il s'appliqua à me rendre la monnaie de ma pièce en déversant lentement l'alcool dans mon corsage ouvert. Son visage s'enfouit pour assouvir sa soif alors que ma main se perdit dans ses cheveux de neige, l'invitant à boire autant qu'il le voulait. Je ressentais sa main chaleureuse se promener lentement sur ma jambe jusqu'à se saisir de ma croupe généreuse, et que moi j'allais lui mordiller le lobe de son oreille sensuellement... avant d'attraper sa chevelure et le tirer délicatement pour lui redresser la tête.

Je plantais mes yeux améthystes dans les siens et souris avant de l'embrasser à pleine bouche et de l'obliger à changer de place. Là, je m'assis sur la table et attrapa violemment sa chemise que je déchirasse sans aucune sommation. Cela était peut-être un peu violent, un peu sauvage, mais on me pardonnerait étant donné le gramme d'alcool qui coulait maintenant dans mes veines. J'étais pas là pour jouer les délicates. Mes mains se promenèrent lentement sur son torse pour remonter et lui faire retirer ce bout de fringue inutile, avant de faire glisser lentement le kimono qui me couvrait encore un peu et faire grimper un peu plus la température des lieux. Finalement, je glissais ma main derrière sa nuque alors que mes jambes se refermèrent sur lui, et je l'amenais vers moi jusqu'à le stopper à quelques millimètres de ma bouche où je me mis à murmurer "montre-moi". Montre-moi l'homme que tu étais devenu l'uzujin.