[FB] La cérémonie de la majorité [Solo]

"Félicitation, Masaru-sama !"

Les membres du clan Uchiha qui ne possédaient pas le Sharingan s'adressaient au garçon comme s'il était un élu sans prendre en compte ce qu'il avait vécu ou pensé. Ce fut encore pire lorsqu'il fut choisi pour rejoindre l'équipe du Shodaime Hokage, devenant ainsi l'un de ses disciples. Mais heureusement, si Kiseia était comme les autres en public, elle était bien plus chaleureuse en privée et avait le don de réchauffer le coeur du jeune shinobi. Shigeru aussi apportait un énorme soutien au garçon, il le guidait dans ce monde obscure et dangereux.

"Masaru, je pense qu'il est temps pour toi de devenir un adulte."

"Mais je ne maîtrise pas-"

"Je sais, je vais te préparer pour la cérémonies."

"Mais il ne reste que quelques jours..."

"Aie confiance en moi et, aie confiance en toi. Avoir confiance en toi est le secret de la réussite. Tu es talentueux, un bel avenir s'offre devant toi."

L'enfant en doutait. Il se souvenait des mains de sa mère qui venait entourer son cou pour l'étrangler. Si son avenir était si brillant, pourquoi sa génitrice avait-elle voulu mettre fin à sa vie. A l'époque, il se posait beaucoup de question sur cette femme qui fut si douce et si belle mais qui, en l'espace de quelques heures, s'était transformée en monstre. Malheureusement, il n'y avait personne pour répondre à ses interrogations, le sujet était devenu tabou comme s'il y avait eu quelques sombres secrets qui ne devaient jamais être dévoilés.

* * *

Kiseia était là. La demoiselle était assise à une petite table carrée, sur un petit coussin rouge, dans le jardin de Shigeru. Elle observait les deux Uchiha et encourageait son ami tout en sirotant un thé au jasmin. L'adulte activa son Sharingan et demanda au garçon dont il avait la garde d'en faire de même. Il obéit.

"Je vais t'apprendre deux jutsu. Nous commencerons par le Akuma no Seido, puis enchaîneront sur le Gokakyû. C'est pour cette première technique que je t'ai demandé d'activer ton Sharingan. Observe bien."

L'homme se plaça au centre du jardin. Après avoir pris une grande inspiration, il bondit et envoya des projectiles à droite à gauche. Quand ses pieds vinrent se poser à terre, tous ses projectiles s'étaient plantés au centre des dix cibles qu'il avait positionné à des distances et hauteurs différentes au préalable. Il demanda à son fils adoptif d'essayer à son tour. Masaru sauta et commença à lancer les kunai mais, hélas, il ne parvint à toucher que quatre cibles dont seulement deux au centre. Il se gratta l'arrière du crâne en fronçant les sourcils, visiblement déçu par sa performance.

"Ce n'est pas pour rien que le symbole de notre clan est l'éventail qui attise les braises, même si tout le monde ne lui attribue pas le même sens. C'est grâce au souffle généré par l'éventail que les braises deviennent flammes. " Il marqua une légère pause avant de poursuivre ses explications, voyant que le garçon ne comprenait pas ce qu'il avait tenté d'expliquer : "La clef de la réussite est la respiration et la confiance en soi. Il ne faut pas que tu songes à l'échec, tu dois faire le vide dans ton esprit et respirer profondément avant de sauter pour te laisser porter par le vent et ton instinct. Si tu parviens à faire cela, tu éviteras les mouvements superflus, gagnant en rapidité et en précision."

" 'kay !"

Masaru était le plus jeune de l'équipe montée par Akimichi Chô et, en tant que tel, il ressentait le besoin de se montrer fort, il n'avait pas envie d'être à la ramasse par rapport aux autres même s'il avait l'impression d'avoir un poids très important sur ses petites épaules, ce qui, parfois, le démoralisait et lui donnait juste envie de se poser sans rien faire. Il n'avait pas envie d'être un poids pour son équipe, mais son esprit était bien souvent parasité par des réflexions ou des souvenirs qui le perturbaient. Et, l'Akimichi qui lui servait de partenaire avait également le don de l'agacer, il le trouvait trop psychorigide et par simple esprit de contradiction, il avait décidé de faire le minimum d'efforts possibles là où l'autre s'excitait. Mais, à cause de cette mentalité, le jeune Uchiha devait travailler deux fois plus quand il rentrait au clan, tout en acceptant d'être traité comme un paresseux. Au final, quelques années plus tard, il devint véritablement molasson.

Pour en revenir à son entraînement, le garçon eut droit à quelques longues heures de méditation et d'exercice de respiration avant de revenir sur cette technique permettant de lancer des projectiles avec une précision diabolique. Son père adoptif lui montra une nouvelle fois le jutsu, il l'observa avec son Sharingan, essayant de mémoriser tous les mouvements, toute la tension dans les muscles de l'adulte. Puis, il réessaya. Il prit une profonde respiration, se remémorant la tension, le mouvement, le souffle, la vitesse, la précision de l'attaque. Et, il s'élança. Le sprojectiles atteignirent leur cible, mais pas son centre. Il manquait encore quelque chose mais, cette fois, Masaru savait de quoi il s'agissait et il demanda à Shigeru un jour, un seul jour de plus.

Ce que Masaru avait cru comprendre, suite à son dernier échec, c'était que le jet de projectiles devait également prendre en compte la force et la direction du vent. Cependant, en plein mouvement, il était plus difficile de prendre en compte ce paramètre, raison pour laquelle il passa sa journée à courir et bondir dans tous les sens en se servant de son Sharingan et de ses propres sens afin de s'habituer à écouter le vent, laissant de côté Kiseia qui se sentit mise l'écart. Ils n'étaient pas encore ensemble, mais lorsque le garçon avait une idée en tête, cela devait obsessif, ce qui pouvait expliquer pourquoi la demoiselle le trompa, un peu plus tard, lorsqu'ils décidèrent de se mettre ensembles.

Quoiqu'il en soit, le lendemain, l'élève du Shodaime tenta une nouvelle fois d'effectuer l'Akuma no Seido. Sa respiration était fluide et son corps était détendu lorsqu'il s'élança en l'air. Le garçon avait appris à écouter le vent et il se laissa porter par celui-ci, faisant le vide dans son esprit tandis que ses Sharingan étaient fixés sur les cibles. Grâce à l'habileté de ses mains, la précision de ses yeux et son talent naturel mêlé à une pointe d'effort, il réussit à toucher toutes les cibles en plein dans le mille. Pour être sûr qu'il ne s'agisse pas d'un vulgaire coup de chance, Shigeru demande à son fils adoptif de réessayer, ce qu'il fait, obtenant le même résultat.

"A ce que je vois, il ne te reste plus qu'à apprendre le Gôkakyû pour être fin prêt le jour de la cérémonie de la majorité. J'étais sûr ue tu pouvais le faire. Je crois en toi."

Masaru n'était pas peu fier de cette réussite bien qu'il avait du y mettre un peu plus d'efforts que prévu. Cela lui permettait de prendre un peu plus confiance en lui et, il constatait avec joie, sans pour autant se montrer super enthousiaste, que son père adoptif était heureux de ce succès. Lorsque l'homme lui annonça qu'il était libre le reste de la journée, le garçon fonça chez Kiseia afin de lui annoncer la nouvelle et pour passer un peu de temps avec elle. Il avait décidé que s'il participait à la cérémonie de passage à l'âge adulte, il lui ferait sa déclaration, cela lui donnait une toute nouvelle raison de chercher à se dépasser.

* * *

Quand le matin arriva, Shigeru vint réveiller son fils, lui apportant son petit-déjeuner qu'il dévora avant de s'habiller à toute vitesse pour se rendre dehors, prêt à suivre les enseignements de l'adulte. Assis sur ses genoux, dos droit et mains posées bien en évidence sur ses cuisses, le jeune écoutait avec attention les propos de son aîné.

"Je te décompose les mudras, exécute le jutsu, puis te donne un petit indice et ce sera à toi de te lancer."

Masaru hocha la tête tandis que son père lui montra les mudras nécessaires à l'emploi du jutsu. Il pris ensuite une grande inspiration avant de souffler, générant une grosse boule de feu qu'il envoya en l'air.

"Le chakra doit être malaxé et sa nature doit être changée pendant l'exécution des mudras. Pour le reste, seul le souffle importe véritablement."

Le petit Uchiha se demanda si sa mère serait fière en apprenant qu'il serait certainement un adulte accompli dans mon d'une semaine. Surement pas, songea-t-il. Si ce genre de chose pouvait la ravir, elle n'aurait certainement pas tenté de le tuer... Une ombre de tristesse vint parcourir son visage tandis qu'il s'approchait du centre du petit jardin afin de s'essayer, lui-aussi, à ce jutsu flamboyant. Il n'essaya pas de parler de ses états d'âme à Shigeru, il ne voulait pas être un poids pour lui, il ne voulait pas le mêler à ses sordides histoires et ses mornes pensées.

Masaru forma les mudras nécessaires à la réalisation du Gôkakyû, puis il s'essaya à son exécution malheureusement, le changement de nature du chakra n'était pas le fort du garçon qui échoua. Une seconde tentative, un nouvel échec. Encore une fois, le feu n'avait rien d'une boule et la flamme n'était que minime. Le garçon se retrouvait essoufflé. Shigeru s'absenta quelques instants afin de rapporter du thé et quelques fruits. Il posa également une bougie qu'il alluma du bout de son doigt et passa sa main juste au-dessus de la petite flamme.

"Essaie."

Le garçon l'imita. Il ressentit la chaleur rassurante de cet élément si bien qu'il s'en brûla presque les doigts. "Chaud..." murmura-t-il. Son père adoptif lui raconta que la flamme ardente était en réalité la représentation matérielle de la passion dévorante, du souffle de la vie et que c'était donc un don magnifique que de posséder cette affinité élémentaire. Selon lui, maîtriser le Katon revenait à maîtriser la vie même. "Ça fait beaucoup de responsabilité..." en conclut le garçon, ce à quoi l'adulte lui répond : "Il ne faut pas utiliser le feu à tout va, c'est un élément qui consume tout. Il ne doit pas être pris à la légère. Il faut avoir de la poigne pour pouvoir plier cette élément à sa volonté mais, il ne faut pas oublier de respirer car c'est le souffle qui est à l'origine de tout."

Après quelques minutes de repos, dont l'enfant profita pour se revigorer, il reprit ses tentatives de Gôkakyû qui s'avérèrent légèrement mieux que les trois précédentes sans pour autant obtenir le résultat escompté. "Il ne faut pas que tu lésines sur le chakra." Le garçon effectue la les mudra en augmentant la quantité de chakra qu'il mettait dans la technique et souffle. Son énergie prit la forme de flammes qui s'entre-mêlèrent pour former une boule de feu. "Ré... réussi !" Le petit Uchiha se laissa tomber sur le sol et ferma les yeux, bien décidé à se reposer quelques temps.

* * *

Le jour du Seijin Shiki arriva finalement et le jeune Uchiha revêtit la tenue cérémonielle que son père adoptif lui avait préparé juste avant de le rejoindre. Quelques minutes plus tard, Masaru employa l'Akuma no Seito avant d'enchaîner avec un Katon Gôkakyû, recueillant les applaudissements de quelques adultes du clan qui avaient su éveiller leur Sharingan.

Après quelques échanges courtois -et ennuyeux à mourir- un petit groupe prit la direction du Temple Uchiha pour effectuer quelques prières et rendre hommage aux ancêtres. Puis, les ninjas du clan à l'éventail rentrèrent afin d'offrir une coupe de saké aux adultes qui venaient de naître. Une femme du clan effectua une danse traditionnelle, revêtue d'un somptueux kimono.

Masaru n'écouta les discussions que d'une oreille distraite, ne se sentant pas concerné par les propos des autres membres de son clan. A vrai dire, il avait beaucoup de mal à les suivre, comme s'il était totalement à côté de la plaque alors, lorsqu'il en eut assez, il s'éclipsa afin de rendre une petite visite à la fille qu'il aimait. Ce fut ce jour-là qu'il lui fit sa déclaration d'amour, après lui avoir montré quelques unes de ses techniques phares pour l'impressionner. Cela ne marcha pas vraiment, la jeune fille étant toujours en colère parce qu'il l'avait laissé de côté pour s'entraîner. Et, lorsqu'il rentra chez lui, il reçut, en prime un savon de la part de Shigeru qui n'en revenait toujours pas que le garçon ait ainsi filé en douce sans dire au revoir au moindre adulte, en plus d'être resté loin des autres au cours de la journée.