Nettoyer les cuivres || Pv : Kusaribe Rinka et Shirogane Honoka ||

C'était long, c'était chiant, il faisait une chaleur à crever. On ne pouvait pas dire qu'il y avait de l'ambiance dans le cortège parce que tout le monde semblait tendu à l'idée que l'on se fit violemment pris à partie. Techniquement, on savait tous que c'était ce qui nous guettait. Clope au bec, je tâchais de suivre la procession avec ma nonchalance habituelle et même si je donnais l'impression d'en avoir rien à cirer de tout, je restais une shinobi et sur mes gardes... enfin sur mes gardes, à peu près parce qu'on nous tomba finalement sur le coin de la gueule pile au moment où nos caravanes passaient près d'un canyon. Une embuscade. Fallait s'y attendre.

Notre malheur, si on pouvait dire les choses de cette façon, c'était qu'on n’avait pas vu le coup venir. Parmi eux, il y avait un type assez rapide pour ouvrir le bide d'un autre sans que nos yeux eurent le temps de l'apercevoir, le genre de gugus que j'aimais pas parce que ça signifiait que j'allais en chier. Mais vous savez quoi ? C'était pas lui mon partenaire. Non, pour bibi, c'était le beau gosse avec la lance, le grand roux qui voulait jouer à celui qui avait la plus longue. Super. Cela me rappelait bizarrement de mauvais souvenirs. Cependant, j'eus pas le temps de réagir que ça pétait déjà de partout.

Ena? Elle venait de prendre un vol. À tous les coups, elle allait avoir les boules et voudrait tout faire exploser... si elle arrivait à remonter à temps. Ogawa, lui, il se sentait plus péter. Je l'imaginais déjà puissant de base mais là, il sortit le grand jeu. Clones explosifs, poing dans la gueule mais surtout la grande bravade pour se prendre un coup à ma place. J'en menais pas large parce que cela aurait piqué si cela avait été moi. Pour l'Akayuki, c'était une piqûre de moustique. C'était limite si de rien était. Il était donc temps pour moi de briller un peu.

Ma cible ? Et bien mon nouveau chéri. Puisqu'il s'était pris un cachou par mon camarade, autant profiter de sa confusion pour l'attaquer de nouveau. Libre à lui de gigoter son machin, moi aussi j'avais une lame et je savais m'en servir. Sans attendre, je m'appliquais à lancer mon propre assaut laissant les deux autres à mon "chef".

À peine eus-je le temps de mettre ma main sur la garde de ma lame que je lui lançais une volée dans les plumes, de manière bien sentie. Des lames de chakra lui pleuraient sur la tronche. Libre à lui d'accepter mon offrande ou bien de la parer, parce que je m'en servais aussi pour mieux arriver sur lui. Le corps à corps, je dirais bien que c'était une affaire de femme, mais on pourrait très mal interpréter la chose. Quoiqu'il en fut, je ne comptais pas rester là pour faire de la figuration et sans attendre de réaction supplémentaire de mon adversaire, je m'en prenais à lui en le flagellant littéralement de coups d'épée en tout sens. Il était temps de faire de ce type une gentille passoire...

Récapitulatif combat:

Dire que la situation avait viré à un bordel sans nom était assez faible. On venait de perdre la gamine qui avait piqué du nez après avoir été prise en traitre, on avait un de nos convoyeurs qui s'étaient fait buter comme une merde et maintenant voilà qu'on avait quatre types sur le dos... dont un Kaigan. Bien que ce type était pas mon adversaire direct, je savais par expérience que ça serait la merde et qu'il ne lâcherait pas l'affaire à moins de vaincre. Ma chance à moi, c'était qu'il ne m’avait pas pris pour cible. Non, moi, j'avais droit au rouquin avec la grosse lance.

Est-ce que j'étais capable de le battre ? Aucune idée. J'allais pas pour autant me démonter au prétexte que le type se mettait à agiter son engin dans tous les sens. J'en avais vu d'autres et j'étais d'une nature à conserver mon sang froid, d'autant plus en combat. Influence de mon passé et d'une éducation à la dure. La mort, on devait l'accueillir les bras ouverts dès que l'on fut capable de tenir une lame entre les mains. Et en parlant de lame...

Le grand rouquin affichait une mine assez affreuse après les coups qu'il venait de se manger. Rageux ? J'avais pas l'impression, mais il zieuta son supérieur comme pour indiquer que l'histoire tournait mal ou bien que c'était pas ce à quoi il s'attendait. Surprise de Suna. Mais aussi blessé qu'il était, il demeurait dangereux tant qu'il pouvait bouger et il me le prouva bien vite quand il commença à faire tournoyer sa lance. Je vous avouerais que je ne pus retenir un petit "tss" d'agacement alors que je reculais pour pas me faire happer.

Mais je comptais pas lui donner l'avantage, sinon c'était foutu. Plutôt qu'attendre l'inéluctable, je décidais de gonfler mes poumons de chakra et je me mis à lui cracher à la tronche des lames de futon aussi acérées que puissantes. Noter que c'était pas anodin pour moi parce que le shinku renpa puisait lourdement dans mes forces. Est-ce qu'il l'allait l'éviter ? Peut-être et au pire, cela me permettait de le repousser pour mieux le surprendre par derrière.

Aussitôt que j'eus lâché la sauce, je dressais à nouveau mon katana pour une nouvelle attaque, sans changer de cible. Je savais qu'il y avait les autres troufions, mais Ogawa était un homme baraqué. Si déjà je pouvais dégager celui-là, je pourrais m'occuper des autres moustiques pour qu'il refît la tronche du Kaigan sans être emmerdé. Mais bon. En attendant...

.... c'était à moi de m'amuser à gigoter mon épée. Je chargeais cette dernière de chakra, prête à attaquer de front. Sans attendre qu'il se décida à potentiellement me foncer dessus, je frappais l'air d'un coup direct, le fendant dans un sifflement étrange alors qu'une onde se dirigeait vers le rouquin. Espérons qu'au moins une des deux attaques eut fonctionné, sinon, j'allais devoir revoir ma stratégie.

Récapitulatif combat:

J'allais me répéter mais... ça puait. Ça puait si sévèrement qu'en d'autre temps, si j'en avais quelque chose à foutre de ma vie, j'aurais eu les guiboles qui joueraient des claquettes. J'avais carrément pas le temps de comprendre ce qu'il s'était produit qu'un de nos enfoirés de voleurs de ferraille, le kaigan bien sûr, se montra plus retors que prévu. Il avait su jouer de la surprise au point de pousser notre manchot au chapeau de paille hors du cadre. Voilà qu'il avait piqué du nez pour rejoindre Ena dans les contrebas de la fosse.... et je me retrouvais seule comme une couille.

Leur survie ? J'en doutais pas. C'étaient des shinobis. Mais je pouvais plus compter sur le fait qu'ils puissent remonter à temps. C'était bibi contre les gugus.... et les caravanes. J'aurais pu m'estimer heureuse, j'aurais pu si j'avais été maso. Dans tout ce bordel, j'avais pas été la seule à y laisser des collègues. J'avais réussi à tailler les pignoufs aux épées - et je devais dire que c'était assez inespéré - et mon nouveau pote rouquin était aussi passé de l'autre côté, un peu aidé par le Kaigan fallait avouer. Devais-je le saluer pour le geste ? La blague. Un doigt d'honneur fièrement pointé et profilé à l'égard de sa remarque à la con. Comme si je pouvais me laisser impressionner par un Kaigan... Je dirais pas que j'étais la mauvaise survivante, mais presque, parce que si ses tours ne me surprenaient pas, j'en restais pas moins la plus faible du groupe. Quelle ironie, hein ? Et dire que le vieux vouait louange à notre petite blonde et que c'était les deux qui étaient maintenant au tapis. J'aurais pu dire qu'il avait misé sur le mauvais cheval en une façon.  

Enfin qu'importait ce détail, la situation puait dix fois plus qu'au départ, d'autant que je me fis surprendre par ce bouffon ensablé. Katana à la main, j'étais prête à foncer dans le tas - manière de parler, j'étais pas totalement suicidaire quoique - que brusquement un mur de terre s'éleva du sol sous mes pieds. Pas la peine de me tailler que je décollais déjà comme un oiseau... sauf que cet enfoiré tâtait de la lance, cette même lance avec laquelle avait fait joujou mon rouquin de tout à l'heure. Sans déconner, je commençais à sérieusement détester les types qui compensaient avec leur gros bâton. Il me prenait pour un papillon ou quoi ?

Vu comme l'affaire se présentait, clairement, c'était la chienlit mais....j'avais toujours pas dévoilé mes bagages, pas encore. D'un geste rapide, j'allongeais une corde de chakra que je fixais sur son mur doton. Moi aussi je pouvais jouer avec les engins des autres. Je me montrais assez prompte pour me tirer de la trajectoire de la lance, me tractant tout aussi brutalement en direction du sol ou plutôt pour me faire gagner de la vitesse. Du deux en un en quelque sorte. Passant au-delà du mur, je fis face à la gueule d'amour de l'enfoiré sablé. Pas le temps de cogiter, il me fallait être plus rapide que lui.... mais clairement pas certaine de l'être. Ce type pouvait se révéler être une passoire. J'armais mon bras de chakra et frappait d'une multitude d'estocs le chien que j'avais en face. Les jeux étaient faits.

Récapitulatif combat:

Frapper. Frapper parce que ma vie en dépendait, avec une colère froide et sans hésiter une seule seconde. C'était à se demander si je n'avais pas de grief contre l'enfoiré en face de moi. Peut-être qu'inconsciemment, c'était le cas après tout. Même si la femme que j'étais aujourd'hui ne se pensait pas comme une Kaigan, il y aurait toujours une partie de moi, quelque part dans mes tripes, qui ne me ferait jamais oublier où j'étais née, que cela eut été ma mère ou mon véritable père. Même s'ils n'étaient plus que des images floues de mes souvenirs, ils avaient été ou l'était encore en ce qui concernait mon vieux, des manipulateurs de sable. Je trouvais qu'il y avait toujours une foutue ironie à devoir trouver l'énergie de leur mettre sur la gueule, à devoir entendre au village tout le mépris qu'on leur accordait. Même moi qui fus parmi l'une de leur première victime, je n'avais pas autant de haine à leur égard. Pourtant, je me battais comme si cela avait pu être le cas.... alors que je m'en foutais royalement. Qu'importait l'adversaire, s'il était menaçant, il fallait être le plus rapide ou bien être prêt à mourir. Et ça... c'était pas à Suna que je l'avais appris.

Mais tandis que je frappais, je trouvais que mes estocs étaient étranges. Je savais ce que cela faisait de planter sa lame dans de la chair, là, je n'avais pas.... cette sensation. Une comédie. Voilà ce qui avait lieu en réalité. Le lancier se foutait clairement de ma gueule et jouissait de sa position qu'il s'imaginait bien entendu supérieure à la mienne. Fallait dire que je ne pouvais pas lui en vouloir, même moi je parirais pas sur ma personne. En tout cas, je ne cachais pas ma frustration par un petit tic. Ma bouche se déformait un peu pour trahir mon dégoût. Pas dans le sens à gerber, mais dans le sens où je venais juste de perdre mon temps et mon énergie pour que dalle. Pas une éraflure. Pas une putain d'éraflure.

Bien entendu, ça faisait bander cette charogne mais il ne fallait pas croire queje ne maîtrisais pas la fourberie Kaigan. En tant que Sunajin, on avait tous plus ou moins connu un combat du genre.... L'ironie ? C'était qu'en réalité j'étais incapable de m'en rappeler et pourtant, c'était comme si je savais. Fallait peut-être y voir une forme d'instinct. En tout cas, j'attendis pas qu'il me tendit les bras pour me protéger parce qu'en deux secondes, il transforma ses bras pour gagner en puissance. Une masse de sable compacte que je faillis me manger en pleine poire si mes réflexes n'avaient pas été bons.

Je dégainais ainsi ma marionnette, Itori, que je conservais jusque-là dans son paquetage dans mon dos. Un joli sac à dos qui se déplia en une poupée enfantine et qui apparut devant moi pour prendre les coups à ma place. Connectez à elle, je pouvais sentir les vibrations des assauts, j'entendismême le bruit du bois se craqueler mais il tenait. Il tenait bon parce que j'étais pas une Shirogane trop naze. Il me fallait d'ailleurs lui prouver maintenant qu'il avait compris. Un petit chat, ça mordait aussi.

Voulant jouer les gros durs, je lui prouvais à ma façon que j'étais aussi capable de le faire danser. Le petit minois d'Itori, figé, ne semblait pas exprimer la moindre trouille, ni la mienne d'ailleurs. C'était même le contraire, on avait le même regard, celui qui disait qu'on avait rien à perdre et qui disait rien à perdre, disait prêt à tout. Dressant alors mes mains pour faire bouger mon patin, la marionnette étira ses membres à son tour. Il était temps de disguter un peu.

Récapitulatif combat:

Lorsque l'on me connaissait un peu, il pouvait paraître bien difficile d'imaginer ma manière de combattre tant ma nonchalante prédominait mon quotidien. On ne pouvait pas dire que je débordais d'énergie et de férocité. C'était en partie vrai pour tout ce qui concernait ma vie, à prendre les choses comme elles venaient et faire en fonction sans que cela m'en touchait une sans faire bouger l'autre comme le disait l'expression. Mais dans un combat, je ne pouvais nier que j'étais un pur produit de shinobi automatisé. Qu'importait la cible, qu'importait le danger que cela pouvait représenter pour moi, j'agissais avec une indifférence manifeste de mon sort. Je ne voulais pas dire par là que je me laisserais crever sans rien faire, c'était le contraire. Quitte à claquer, cela serait en faisait quelque chose tant que j'en étais en capacité.

C'était un peu de cette façon que je vivais mon affrontement avec le Kaigan. Toutes les chances étaient de son côté, dans sa nature à lui, dans la bénédiction que lui avait conféré Ichibi. Moi, moi on me crachait à la gueule depuis si longtemps que je n'y faisais même plus attention. Mais comme disait mon vieux, j'étais une mauvaise herbe et une emmerdeuse de première, alors je m'appliquais comme il le fallait pour briller dans ses qualités-là, y comprit dans ma manière de me défendre. Tout pour faire chier en somme.

Décontenancer mon agresseur, le surprendre, faisait partie des petites tactiques de base que j'avais dans mon arsenal. Par contre, je ne pouvais pas me féliciter à ce que cela marchât à tous les coups et quand je le vis dégainer sa vague de sable, je crus bien l'avoir raté. Fallait dire que je voyais pas à travers la poussière et quand je balançais la purée avec Itori, je n'étais jamais sûre de rien. Et pendant un instant, bah je pensais que cela n'avait pas fonctionné. Autant vous dire que cela me mit bien les boules et m'obligeât à rapidement reconsidérer les choses. Je crachais par terre de dégoût.

Son immense pâté de gravier mobile me fonçait dessus, lui tout sourire au-dessus de sa montagne de terre. Cela allait piquer sévère alors que de l'autre côté, ma pauvre poupée chérie se prit un coup de savate boueuse dans la tête. Elle fit littéralement trois tours alors que cela me la bousillait un peu plus. Manque de bol pour ma fille de bois, elle allait morfler un peu plus pour les beaux yeux de sa "môman". Panique ou moment d'illumination, je me devais de surprendre ce troufion pour pouvoir le toucher.

Alors que sa victoire aurait pu sembler bien proche, à l'instant même où son limon s'apprêtait à m'écraser, ma connexion avec Itori n'aurait jamais pu paraître plus vrai qu'à ce moment-là. D'un petit coup de chakra et d'habilité propre aux Shirogane, ma marionnette prit ma place, se laissant ensevelir avec une attitude sacrificielle digne des plus grands seigneurs. Personnellement, je ne pouvais pas m'empêcher de me dire que cela allait lui niquer ses rouages. Déformations professionnelles. Vous pouviez pas savoir à quel point les grains de sable étaient une plaie pour les ingénieurs dans mon genre. Enfin bref.

Si la manœuvre était habile, j'avais pas fait ça pour épargner ma carcasse, parce qu'à l'instant même où nous avions substitué nos places, j'avais abandonné mes liens de chakra avec ma poupée pour dresser ma lame, prêtre à la lui mettre sévèrement en travers du Kaigan. Quand je vous disais que j'étais une emmerdeuse...

Récapitulatif combat:

Même si je ne parierais jamais un copec sur moi, je ne nierais pas que je fus relativement satisfaite lorsque j'entendis ce satané Kaigan brailler lorsque ma lame lui entailla lourdement le visage. Je n'avais pas été certaine de mon coup, mais visiblement cela avait payé. Bien entendu, je m'attendais à ce que le revers de la médaille fut violent, je n'allais pas être déçue. Un Kaigan fâché, c'était toujours une plaie. Un Kaigan tout court aussi en fait.

Tandis qu'il s'adressa à moi alors qu'il geignait encore, je ne pus que demeurer mutique. Il n'avait pas capté que j'étais muette et honnêtement, je supposais qu'il n'en avait rien à foutre. Mon silence allait sans doute juste lui casser un peu plus les noix, ce qui me convenait tout à fait. Il fallait bien qu'il eut quelques avantages à mon handicap, et c'était tellement plus drôle quand l'autre finissait par s'en rendre compte, comprenant le ridicule de sa colère et de ses problèmes d'égo. On s'amusait comme on pouvait, hein ?

Cependant, me tenant toujours prête pour le prochain coup, le voleur de cuivre semblait montrer des preuves de faiblesses, pliant un genou sur le sol alors que sa plaie ruisselait sans discontinuité. Je n'étais pas née de la dernière pluie et ne connaissais que trop bien les fourberies des hommes de sable. Il essayait de m'endormir, à tous les coups... mais cela signifiait aussi qu'il en préparait un de mauvais. Et je m'étais pas trompée.

J'avais peut-être mes sens en alerte, mais j'avais complètement zappé de vérifier où se trouvait le clone de boue. En me substituant, je l'avais simplement laissé derrière moi et... voilà. Le double était aussi vicieux que l'original. Je sentis subitement des mains me saisir les chevilles et je me sentis être attirée vers le sol. Alors, ne me demandait pas pourquoi, mais dans la panique de l'instant, la seule chose qui me vint à l'esprit était de vouloir littéralement me faire petite comme une souris... et je me Dai Henge en chat. Cherchez pas la logique. J'eus à peine le temps de faire les mudras, que mon corps se couvrit de poils blancs, mes jambes devinrent des pattes fines, assez pour échapper à la prise du clone de boue.


Seulement, la gravité faisant, cela ne m'empêcha pas d'atterrir dans le trou creusé par le faux Kaigan. Mon intelligente fut simplement d'avoir choisi de prendre la forme d'un animal souple et habile qui me permet de sortir de là d'un bond. Bizarre ? Peu conventionnel ? Totalement. On faisait simplement comme on pouvait avec ce qu'on avait. Toutefois, si ma feinte eut été maligne, mon adversaire lui m'avait guetté et il me la joua carrément bourrin. Sous ma forme de chat, j'eus à peine de le temps de dire Miaou que je vis une énorme motte de terre littéralement me tomber sur le coin de la gueule.

Et vous savez quoi ? Cela faisait un mal de chien. Ouais, j'étais plutôt branchée métaphore animale sur le coup. Mais plus sérieusement, l'impact avait été sacrément violent. Je ne saurais pas tellement comment vous décrire avec exactitude le sentiment qu'il me traversa. La douleur, elle, était évidente. Écrasée sous tout ce poids, j'avais distinctement entendu le craquement de mes os ou peut-être de la terre elle-même qui s'éclatait sur le sol. Je n'aurais pas été capable de faire la différence entre les deux. De toute façon, tout me parut endolori... à part mon crâne. Bien vite, je sentis un liquide chaud me ruissement sur le front et la joue. Mon sang. J'avais des coupures un peu partout, j'étais couverte de poussière, mais je parvins miraculeusement à me sortir de là. On se débarrassait pas d'une mauvaise herbe dans mon genre aussi facilement.

Debout, je me mis à cracher sur le sol, du sang mêlé à de la terre. J'avais des airs fantômatiques à cause de toute la terre qui m'était tombé sur la gueule. M'aidant de mon épée pour me remettre convenablement sur mes jambes, je me mis à soupirer... puis à prendre une grande inspiration. Il allait pas croire que j'allais en rester-là, non ? Je comptais bien l'éclater façon puzzle, à la mode Shirogane. Peut-être même que je trainerais sa carcasse avec moi. Il y en avait un paquet qui paierait pour étudier le gugus.  Le temps de faire les gestes adéquats, je mis brusquement à cracher du vent imbibé de chakra, prenant la forme d'un petit tourbillon que j'envoyais directement sur le Kaigan. Il était temps de l'éparpiller l'enfoiré...

Récapitulatif combat:

Pardonnez-moi de la vulgarité et même de la répétition, mais il fallait que les choses furent claires : ça puait du cul violent. Si j'avais déjà dû subir la loose de perdre mes deux coéquipiers qui avaient choisi le grand plongeon - et qui n'étaient pas remontés comme s'ils me laissaient la merde - voilà que cette saloperie de Kaigan s'en prenait à mon pognon... enfin, le convoi. Pourquoi ces glandus étaient restés planter là ? Pourquoi n'avaient-ils pas fui ? Je les aurais bien insulté si j'en avais eu les cordes vocales. Il me foutait grave dans la merde. Être shinobi, c'était vraiment un job à la con parfois.

Voilà que je devais me battre sur deux fronts, mais l'ordre de ma mission était le plus important. Et puis, j'étais un gentil petit soldat de Suna, donc pour moi il y avait pas à tortiller du popotin. C'était ces carrioles que je devais protéger et quand je vis la terre sous nos pieds commencer à s'effriter pour créer un glissement de terrain, je ne pus que maudire mon adversaire - et paradoxalement saluer sa fourberie. J'étais clairement pas la reine de la tactique, sinon, cela se saurait. Mais je me rendais surtout compte que j'étais pas tellement fournie en technique de bloc. Moi, je bâtissais pas des murs, je passais la balayette en soufflant. Je ne retins pas un râle d'irritation à cause de tout ce bordel. Même si j'étais pas le genre de femme qu'on foutait sous pression, ça n'empêchait pas que j'étais bien emmerdée. Alors quoi ?

Si je foutais rien, tout allait passer par-dessus bord. Il me fallut puiser dans les tréfonds de mon imagination pour tenter une feinte. Et puis advienne que pourra comme on disait, hein ? Repérant la plus grosse des carrioles, celle qui était surtout la plus fournie en cuivre, j'en fis ma cible principale. Bien que j'espérasse pouvoir retenir le reste du convoi, je me décidais de profiter de mes talents du vent pour lancer une technique que j'avais appris à maîtriser avec le temps. En quelques mudras rapides, je balançais du futon pour créer des colonnes d'air, créant ainsi des sillons sur le sol tout autour de la caravane, la bloquant sur place et dégageant le sable mouvant du sol. Est-ce que cela suffirait difficile de savoir. Cela retiendrait les choses un peu, le temps de lancer la suite des festivités.

J'étais pas du genre à en rester là. Ne perdant pas mon temps, car il jouait contre-moi, cette fois, je jouais des poumons. Je me mis à cracher des putains de lames de vent, sillonnant le sol, mais diriger principalement sur le clone de l'autre enfoiré. Les marquages profonds du sol freineraient les carrioles, et dans le pire des cas, elles se renverseraient simplement dans tomber dans le précipice. Autant ramasser les choses ici qu'en contre-bas. Quant au clone, c'était une petite raclure de boue dans ma chaussure, mais une solide raclure... et ces conneries me coûtaient énormément. J'allais pas tenir, pas à ce rythme là.

Cependant, j'étais une teigne, une mauvaise herbe, l'épine que vous retirez pas si facilement de votre doigt, celle qui vous ferait chier jusqu'au bout dans la mesure de ses moyens. Tant que je tenais sur mes deux jambes... Je me saisis de trois kunaïs, j'en balançais deux dans la direction du Kaigan comme une désespérée, mais j'accrochais bien vite un parchemin explosif sur le troisième avant de le lui balancer dans la gueule.

" Katsu. "

Quitte à aller en enfer, autant ne pas y aller en solo, hein ?

Récapitulatif combat:

Une chance de cocu. Je pensais qu'on pouvait appeler les choses ainsi. Dire que j'avais bâti un plan solide serait une pure escroquerie, il était carrément branlant et même moi j'y avais cru à moitié. Quand on traînait dans le désert et qu'on se retrouvait à affronter un Kaigan, fallait pas se voiler la face sur le pourcentage de réussite. C'était comme avancer sur un terrain miné, tout dissimulé sous une épaisse couche de sable.

M'enfin, mes actions désespérées avaient au moins abouti à quelque chose, me laissant presque l'espoir que j'étais peut-être pas si bonne à rien en matière de décision. Je supposais que je devais dire merci à mon éducation Shirogane pour le côté inventif de la chose. Mais quand bien même je pus me débarrasser du clone et couper la progression du glissement de terrain pour coincer les carrioles, j'avais toujours le Kaigan en face de moi, preuve qu'il avait pas l'air de vouloir abandonner le salopard. N'empêchait, entre nous, il y avait quelque chose de grisant dans l'idée de voir sa gueule se décomposer à vue d'œil, non ? Il s'attendait clairement pas à ce que je lui donnasse du fil à retordre. Ballot. Les sunsajin pouvaient être de véritable teigne après tout.

En attendant, avec toutes ces conneries pour tenter de sauver le butin de cuivre, je me retrouvais dans la merde parce que cela m'avait pompé pas mal de chakra. J'aimais pas cette sensation de me sentir physiquement vidé pour un truc qui me faisait pas planer, surtout que cet enfoiré avait réussi à me rendre assez nerveuse à l'idée de perdre mon oseille. Deux fois plus d'irritation de l'humeur. Alors quand je le vis gigoter des mains et à se préparer par me balancer une attaque de son cru, autant vous dire que je guettais le pire. Après avoir balancé mes kunaïs et mon parchemin explosif, je m'étais préparée à devoir dégainer mon katana, la main sur le pommeau pour possiblement le contrer ou tout simplement essayer de l'user avec une méthode d'épéiste classique. Mais... rien ne vint. Moi, personnellement, je m'attendais à une entourloupe de sa part, il faisait genre qu'il n'allait rien faire et me prendrait à revers, sauf que non.

Croiser son regard me suffit à comprendre qu'il était aussi usé que moi, mais si je demeurais assez calme, lui, il bouillonnait de colère. Compréhensible. Si j'avais été à sa place - et techniquement je l'étais - j'aurais pu avoir les nerfs à part que j'étais pas une femme enragée, seulement une résignée. C'était là notre grande différence, je le supposais du moins. Après tout, si j'étais née avec les bons gènes, si j'avais été une élue de Shukkaku, qui pourrait me dire si je ne serais pas devenue comme ce bouffon ? Dégoulinante de haine pour des gens qui ne me comprenaient pas ? En vérité, je ne détestais pas les Kaigan, ils me faisaient juste pitié, sans doute parce que je me rappelais un peu ce que cela faisait d'en être une, et le poids que cela représentait. Toutefois, ça ne changerait rien sur le fait que celui-là était un gros tocard.

Je le vis me sourire, je le vis disparaître en me narguant avec son sable, grain par grain soufflé par le vent jusqu'à ce que le silence dominât l'ensemble du terrain. Il était parti avec la promesse d'avoir ma peau un autre jour. Moi, je demeurais là, statique, muette et complètement claquée. Il me fallut quelques minutes pour me rassurer sur le fait qu'il était vraiment parti, me laissant tout le bordel à gérer. Tout pour ma gueule. Ogawa et Ena ? Tu parlais de coéquipiers ! À tous les coups, le vieux manchots s'occupaient de la petite, et comme moi il n'en avait rien à branler... bah voilà. Pour la peine, je comptais bien réclamer leur paie pour m'avoir laissé tout le sale travail. Après tout, ils avaient rien foutu hein ? Bref. Ma mission était pas finie malheureusement. Bien beau d'avoir chassé les voleurs, fallait quand même que je trouvasse la façon de ramener tout ça à bon port au seigneur... comment il s'appelait déjà ? Seigneur Kôzô.

Trainant un peu de la patte, ma première préoccupation fut de récupérer ma marionnette. Ma petite Itori avait pas mal morflée et j'aurais pas mal de boulot pour la retaper, voire l'améliorer tant qu'à faire. Une fois dépoussiérée, je la remballais et je me dirigeais vers les carioles. Il y en avait une à semi-renversée, la roue coincée dans une faille que j'avais taillé dans le sol. Une autre avait la roue carrément pétée et les voiles qui couvraient le butin s'étaient faites la malle. Les chevaux ? Je vous mentirais pas, ils faisaient la gueule. Il y en avait un blessé d'ailleurs, à côté du cadavre de celui que les voleurs avaient dégommé. Mouais. Le reste de la troupe ? Ils étaient encore trois entiers, dont deux évanouis et le dernier blessé à l'épaule. Je finis par jeter un coup d'œil autour de moi, à la recherche des montures de chacals qui nous avaient tendus l'embuscade. Ils avaient pris des dromadaires, ils ne devaient pas s'être taillé trop loin. J'avais... un plan.

Je réveillais les survivants et je m'occupais brièvement du type blessé. Il s'était simplement démis l'épaule avec la chute de la caravane. Je vous laissais imaginer comme j'avais pu me montrer douce infirmière. Je leur expliquais dans les grandes lignes qu'il y avait une caravane qu'on ne pourrait pas récupérer, mais qu'on pouvait se servir de ses pièces pour réparer celle qui penchait dans la faille. À coup de cordes, on pouvait la redresser et changer ce qui devait être changé. Pour le cheval blessé, je leur indiquais froidement qu'il fallait l'abattre. Impossible pour le canasson de faire la route sans souffrir et il serait un poids mort. Fallait récupérer les deux autres qui tiraient celles qu'on abandonnait pour les rajouter à la seule caravane disponible. Si on mettait plus de chevaux, ils pourraient tirer plus de poids si on transvasait la marchandise. Pour minimiser la perte de profit, il fallait qu'on récupérât les dromadaires et qu'on remplît leurs sacoches au maximum. Quant à nous, on marcherait à pied, sauf le chauffeur de la caravane. Ça, c'était mon plan.

La réalité et l'exécution ? Et bien on s'en sortit pas trop mal. On avait juste un peu galéré avec les chameaux, presque une heure perdue pour les rattraper et les ramener. Pour la caravane, on avait un peu transpiré, mais on était parvenu à réparer ce qui était endommagée, du moins assez pour que cela tint la route. On ramassa le plus de minerais de cuivre possible, et pour ce qu'on ne put pas embarquer, je leur conseillai de le dissimuler dans une de mes tranchées, de le recouvrir et de venir le récupérer un autre jour. Tâche à eux de se rappeler où on venait.

Une fois que notre chargement fut prêt, on reprit simplement notre route, droit vers notre destination en croisant les doigts pour qu'on n'eut pas plus d'emmerdes que ce qu'on avait eues. Ce fut long, ce fut pénible, mais au moins, on fit de notre petit seigneur Kôzô le roi du pétrole... enfin plutôt du cuivre. Quant à moi, j'espérais qu'il fut assez reconnaissant pour remplir mes poches d'assez d'oseille en dédommagement de toute cette galère et que je retrouvasse enfin les petites murailles de mon village préféré.

Récapitulatif combat: