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[MISSION C] Chasse aux caravanes

Shirogane Honoka
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Suna no Chunin
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Shirogane Honoka
Mission:

Chasse aux caravanesft. SOLO


A peine je me saisis du rouleau de mission du grand blond, que je filais déjà en route pour ma mission. Bizarrement, ce jour-là, j'avais pas envie de rester à ne rien faire, j'avais la bougeotte. Si vous pensiez que ça cachait quelque chose, et bien vous auriez raison. Je m'étais prise la tête avec le vieux, et quand je citais le vieux, je parlais du paternel. Pourquoi? Des conneries, comme d'habitude, du genre qu'à mon âge, fallait que je gagnasse en maturité, qu'il fallait que je cessasse d'aller à l'affrontement avec les autres Shirogane ou n'importe quel type qui me regardait de travers. Mais ce qui le mettait en boule, c'était plus l'histoire que je me faisais surveiller par des gugus de Suna et que je faisais rien qui tentait de prouver que je n'avais rien à me reprocher. Je défiais indirectement l'autorité. Personnellement, je dirais juste que je lui faisais un doigt d'honneur pour son ingratitude. Question de point de vue. Faudrait être con pour être un traître et se chier autant que dans mon cas, non? Du coup, faire un petit tour, ça ne pouvait que me faire du bien.

J'embarquais donc ma carcasse en direction du nord-est du pays, vers les montagnes où apparemment se planquait un groupuscule aux mœurs bizarres. D'après le parchemin, au départ, c'était une tribu basique que la faim a conduit à faire n'importe quoi - ce que je pouvais tout à fait comprendre - mais ils auraient basculé dans la violence et potentiellement dans le cannibalisme. Quand je lus cela, j'arquais un sourcil. Situation extrême, solution extrême, hein? Il fallait vraiment s'abandonner aux désespoirs le plus complet et avoir une volonté de vivre de dingue pour en arriver là, et honnêtement, je ne les jugerais certaine pas. Fallait dire que j'avais connu l'horreur de la faim, des images qui vous traversaient l'esprit, les idées glauques... et j'avais que huit ans à l'époque. M'enfin, c'était plutôt la soif qui m'avait tiraillé que l'envie de grignoter une guibole - sans compter qu'à côté de moi, je n'avais que le cadavre de ma mère. J'aurais crevé seule. Personne ne s'en serait rendu compte. Mais pour eux, toute une tribu, c'était une autre histoire. Ils s'en étaient pris à des caravaniers. Six pour être exact. Ce qui signifiait qu'ils étaient assez organisés ou nombreux pour une attaque du genre et par conséquent qu'il me faudrait être plus maline qu'eux. Cela signifiait aussi qu'à présent, ils avaient complètement accepté l'idée de dévorer un autre humain et qu'ils avaient passé une frontière. C'était plus vraiment de la survie, c'était de la facilité morbide.

Bon, il fallait pas que je m'emballasse aussi vite parce qu'après tout, rien n'était encore certain. D'abord, je devais pister les caravanes, voir où elles s'étaient faites attaquer, suivre les traces. Un jeu d'enfant sur le papier, sauf quand on vivait dans le pays du vent. Fallait pas se leurrer. Pister dans une région comme la mienne, c'était un travail de malade et à peine souhaitable pour n'importe qui. Le sable s'immisçait partout, les tempêtes balayaient tout, les deux ensembles érodaient le reste. Mon seul avantage était de me dire que tout cela s'était passé près de nos frontières et que le coin devenait plus rocailleux, un peu plus à l'abri mais aussi bien plus ouvert aux embuscades. On pouvait pas toujours être accompagné de madame la chance. C'était pas ce qui allait m'arrêter pour autant.

Emmitouflée dans une cape pour me protéger du soleil, j'avais la dégaine d'une pauvresse, surtout avec ma marionnette dans le dos qui ressemblait à un baluchon bizarre. J'étais arrivée à destination au bout d'une journée, à peu près. Un peu plus peut-être? Je me rappelais pas à quelle heure j'avais quitté Suna. Sur place, mes yeux balayèrent rapidement la zone et je me surpris à rapidement pouvoir deviner ce qu'il s'était passé. Le route montait légèrement, ce qui signifiait que les caravanes chargées grimpaient plus lentement. Selon l'angle, on pouvait de cette façon sélectionner plus intelligemment quel véhicule attaquer. Si on le laissait avancer, on pouvait rapidement bloquer son ascension, et reculer devenait dangereux en manoeuvre pour le chauffeur. C'était aussi basique qu'efficace. Si c'était le cas pour un, alors imaginer six caravanes.

N'étant pas senseur, je ne pouvais me fier qu'à mes connaissances et mon expérience à demi-oublié - pour faire plus joli, je devrais dire mon instinct. Je cherchais donc des traces de mes supputations et rapidement, je notais des éclats de bois, aussi fin que des échardes, montrant qu'un véhicule avait dû frotter contre la roche. Au sol, il y avait un enfoncement très léger par endroit, là où la terre était un peu plus meuble. Par contre, avec ce temps sec, difficile de savoir si c'était ancien ou non. Par contre, ce fut du sang séché qui me laissa deviner que ce n'était pas le cas. Il y avait une grande tâche, mal dissimulée sous la poussière qui trahissait qu'un type avait été lourdement blessé. Comme ça ne sentait pas la charogne, il ne devait pas être mort ici ou bien déplacé. Un caravanier ou bien un des gars de la tribu? J'étais pas encore devin, il me faudrait creuser.

Soupirante, je levais les yeux sur le paysage, posant ma main en visière pour tenter d'apercevoir quoi que se soit. Si vous vous imaginez que j'étais inconsciente d'être à découvert, je vous dirais qu'il faudrait l'être bien plus pour attaquer de la même façon, à l'exact endroit de sa première conquête. De plus, si la nouvelle était parvenue à Suna, cela signifiait que d'autres avaient pu aussi avoir l'information. Notre tribu, aussi barbare soit-elle, ne serait pas si stupide pour s'y reprendre dans le coin, pas avant un bon moment. Le temps de manger les caravaniers si on écoutait la rumeur et comme je supposais qu'ils allaient peut-être pas les bouffer tous d'un coup...

Je repris ma route, identique à celle des caravaniers. Rien ne me laissait entendre que nos sauvages avaient rebroussés chemin avec leurs trouvailles, ils avaient sans doute tout emmener chez eux au moins le temps de tout transporter - ou bien tout balancer dans un ravin pour se défaire de preuves potentielles. Seulement, comme ils étaient pauvres, je les voyais pas faire preuve de gaspillage. Je m'enfonçais donc dans la montagne comme une maraudeuse - l'idée me fit sourire bizarrement - en cherchant à ne pas avoir l'air trop suspecte, ni trop appétissante - on ne savait jamais. Combien de temps cela me prit? J'en avais foutrement aucune idée mais le jour se barrait vite et il me fallait trouver un endroit où pioncer... sauf que...

" Hey! Avancez-plus vous! "

Je levais lentement les mains en l'air, une manière de montrer que je n'étais pas armée - la blague. Puis, d'un mouvement tout aussi flegmatique que moi, je me tournais vers lui et abaissa lentement ma capuche pour montrer mon visage.

" Oh! Vous êtes une dame? "

Bien que je ne préférais pas noter ce qu'il y avait de surprenant là dedans, je conservais une main levée puis tentais de montrer de l'autre que je voulais saisir quelque chose, réclamant ainsi son autorisation. Ha oui! J'avais oublié de dire que j'avais devant moi un jeune type, les cheveux blondis par le soleil et le teint basané, qui me menaçait avec une fourche qui avait visiblement perdue une dent. Il agita son instrument comme pour me dire que c'était ok et je saisis mon carnet. Maintenant, je priais pour qu'il sût lire.

" J'ai fait une longue route. Je me suis un peu perdue en chemin et je cherche juste un endroit où dormir. "

Alors que je lui tendis le papier, je le vis froncer des sourcils et ses lèvres bouger au rythme des mots qu'il tentait de déchiffrer. Il mit littéralement une plombe mais finit par ranger sa fourche avant de sourire de façon très étrange. Je voyais clairement que ce bonhomme était pas un noble mais il était pas si maigrichon pour un mort-la-faim.

" V'nez! J'viens d'un petit hameau, pas trop loin. On peut vous offrir le gîte. C'pas terrible terrible mais au moins, v's aurez un lit. "

Formidable. Ironiquement formidable. J'affichais un petit sourire comme si j'étais heureuse de la nouvelle et le salua d'un mouvement de tête, prête à le suivre. Deux options s'offraient à moi : soit ce gars ne faisait pas partie de la tribu de morfale et dans ce cas, j'avais du bol pour la nuit; soit ce cas faisait partie de la tribu de morfale et dans ce cas, j'étais potentiellement dans la merde, surtout s'il me voulait en dessert. Super.

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Une fois, j'avais entendu un gars dire qu'il aimait que ses plans se déroulassent sans accrocs. Comme je le comprenais... Comme j'aurais aimé être dans le même cas. Parce que soyons honnête, j'avais pas tellement prévu de croiser un paysan, je voulais d'abord étudier le terrain et le genre de bonhommes que je pouvais potentiellement affronter. Là, je ne savais même pas si je me jetais dans la fosse aux lions. Tout aussi silencieuse que d'habitude, je suivis le type à la fourche. Il causait de banalité en chemin, il me racontait qu'on croisait pas grand monde dans le coin, que dans son village, ils étaient pas beaucoup, qu'ils vivaient de petites chasses, qu'ils revendaient le cuir des bêtes, des paniers faits mains, des bijoux fantaisies créés par leurs femmes... En gros, rien de palpitant si ce n'était pour dire que j'en avais rien à cirer.

Par contre, une fois arrivée sur place, l'ambiance me parut... sacrément bizarre. Cela ressemblait à une zone déboisée. On sentait qu'autrefois, cela devait avoir de la gueule mais que tout avait dépéri rapidement pour avoir une gueule de village fantôme. On aurait pu s'attendre à ce que tout du paysage soit complètement désert, mais il restait d'irréductibles pins et genévriers qui dissimulaient les baraquements qui tenaient miraculeusement debout. D'ailleurs, la plupart des "maisons" - si on pouvait appeler cela comme ça - étaient rafistolées avec des vieilles planches et de la taule tenue avec des lourdes pierres faisaient office de toit. En plein milieu, il y avait un énorme brasier, dans le genre feu de joie avec un drôle de type qui se tenait devant pour se réchauffer les mains. Tout autour, de vieilles bûches et des pierres entouraient ce foyer en guise de siège. Ils étaient deux à être assis, sans compter le type qui se frictionnait les mains. Mon guide agita la sienne pour signaler qu'il n'y avait aucun soucis.

" Hey! J'nous ramène une invitée. La p'tite dame s'est perdue en chemin. "

Les trois types relevèrent la tête avec un air visiblement désappointé, ils avaient pas l'air d'aimer les étranger et me regardèrent avec un air assez suspicieux.

" On t'avait d'jà dit de pas ramener d'gens Yugo! Bougre d'idiot! "

" Oh! Mais c'est qu'une dame! Et en plus, elle parle pô. "

Ouais, faite surtout comme si j'étais pas là, hein? Pour me montrer amicale, je levais la main pour le faire un coucou et un petit sourire. Je ferais pas le pari, mais pendant un instant, j'avais cru voir l'un d'eux se lécher la lèvre. Dégoûtant. En tout cas, le moins amical râla avant de détourner la tête.

" Vous pouvez vous assoir. Ils sont pas méchants. Vous v'lez manger un truc? "

Je haussais les épaules comme pour dire "pourquoi pas". Allons voir ce qu'il y avait au menu. Le dénommé Yugo me laissa pour partir dans une maison aux volets fermés, et j'avais le loisir de choisir ma place avec cette si charmante compagnie. Les fesses posées sur un caillou, je commençais à zieuter un peu plus mon environnement. Je m'étonnais un peu qu'ils ne fussent que quatre, mais peut-être que les autres dormaient déjà. C'était cependant un peu tôt, même si la nuit venait de tomber. Il y avait tout autour de moi une dizaine de baraque, donc au moins dix familles potentielles. Je notais cependant qu'il y en avait une, légèrement plus à l'écart. Mais alors que mes yeux se perdaient dans leurs observations, je sentis que des regards insistants se posaient sur moi. Je finis par tourner la tête pour voir ce qu'il en était.

Là, l'un des types, le plus vilain je dirais et celui qui ressemblait le plus à un chien affamé, ne me lâchait pas une seule seconde comme si je l'intriguais. Moi, je me contentais de faire des gros yeux comme si je me demandais s'il y avait un soucis mais... il resta tout aussi muet que moi. Ce fut l'autre type qui se tenait debout près du feu qui me questionna en premier.

" Alors, c'est vrai ça? Vous causez pas? "

Je pris mon carnet pour lui répondre. Il avait l'air plus futé que Yugo, donc je supposais qu'il lisait.

" En effet. J'ai été blessée à la gorge et je ne peux plus parler du tout. Je suis désolée si je vous dérange mais j'étais perdue. Votre ami m'a gentiment offert son aide. "

Je voyais que dans son regard, il demeurait méfiant. Il se gratta le menton avec cette même expression.

" Mouais... c'est pas de bol quand même. Pas prudent non plus. Heureusement que vous êtes tombé sur cet idiot. Il pourrait vous arriver n'importe quoi et on vous entendrez pas crier. "

Une menace? Maladroitement dissimulée parce qu'il se retourna pour s'assoir. Je continuais la carte de la naïveté et affichait un petit sourire, quand je vis le type à la tête de chien mal léché s'approcher subitement de deux sièges dans ma direction, toujours en me regardant avec insistance. C'était qu'il allait me foutre les miquettes celui-là! Heureusement pour moi, Yugo débarqua, deux bols à la main. Quand je levais mes yeux, je vis derrière lui avant que la porte ne se referma, une vieille femme avec un couteau de boucher qui se hâta de s'en retourner à ses occupations. C'était sacrément suspect. En attendant, j'avais beau zieuté, pas une trace de caravanes.

" T'nez! Il nous restait un peu de ragoût! C'est du cochon sauvage! "

Bah tiens! Je me saisis du bol qu'il me tendit en lui faisait un signe de gratitude de la tête. Lui prit place à côté de moi. Maintenant... il fallait goûter, n'est-ce pas? Je peux vous dire que j'eus un sacré moment d'hésitation intérieure. Soit je lui balançais sa mixture dans la tronche et je me lançais dans la bagarre ce qui était totalement imprudent, soit je ne faisais pas la fine gueule et je me lançais dans cet inconnu culinaire. Va pour le coup de fourchette.... c'était immonde.... mais je souris. On sentait que la vieille qui avait cuisiné ça avait tenté de noyer le goût avec ce qu'elle avait trouvé. Je savais pas ce que c'était comme mélange, mais c'était véritablement infecte. Je me fis violente pour pas gerber.

" Alors? C'pas mal hein? "

J'agitais positivement de la tête. Et dire que je devais finir.... En tout cas, le temps du repas, tous se tinrent à carreaux. Ils me posèrent encore quelques questions, du style où j'allais, qu'est-ce que j'avais sur moi... Je leur avais répondu des mensonges crédibles avant de faire mine que j'étais fatiguée pour qu'il m'indiqua où dormir. Je comptais trifouiller chez eux ne fois que ce beau monde pioncerait.

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Lorsque les chats étaient pas là, la souris dansait. J'étais la souris. Le vicieux petit rongeur qui allait mettre son nez dans leurs affaires. Je logeais dans une toute petite baraque où il n'y avait qu'une seule fenêtre. Mon lit n'était qu'un drap cousu qu'on avait bourré de paille pour faire office de matelas, il y avait une petite table sur laquelle était posée une cruche d'eau et une vasque sans doute pour se rincer le visage. C'était pauvre de chez pauvre. J'avais pas fermé l’œil depuis que j'étais entrée là-dedans, je surveillais comme je pouvais, tendant l'oreille pour déterminer quand je pourrais enfin sortir. Dans mon sommier de fortune, je glissais ma marionnette pour imiter une forme humaine qui dormait, mais je la glissais de telle manière qu'elle pouvait activer de façon automatique un petit système d'arme de jet. Si on la touchait, ça partait tout seul. Moi, je pris la poudre d'escampette en me glissant silencieusement par la fenêtre le plus discrètement possible, profitant de la nuit noire.

Dans le hameau, toutes les lumières paraissaient éteintes, à part le grand brasero dont il restait encore quelques flammes. Cependant cela restait assez faiblard, pas de quoi fouetter un animal. Ma première idée fut d'aller zieuter le coin cuisine, ne serait-ce que pour me faire une idée de ce que j'avais bouffé. Direction chez la mamie. Mon poids plume et mon expérience de shinobi faisait que je me déplaçais assez vite et avec discrétion, je n'eus pas trop de mal pour me faufiler. Premier constat? Cela sentait la mort. Je voulais pas faire de la discrimination anti-vieux, mais mamie devait pas être du genre à avoir l'hygiène irréprochable et pour une maniaque dans mon genre, c'était craignos. Je vérifiais si l'ancêtre dormait bien, puis je me lançais dans mes investigations pures. Je m'étais approchée de ces ustensiles de cuisines, ils étaient pas lavés, sanguinolents. J'avais la gerbe. A tous les coups, j'allais choppé une maladie de merde à cause de son ragoût. Je mis mon nez dans ce qui paraissait être une cocotte, y avait des restes de mon repas. Je pouvais pas déterminer ce que c'était. Les seuls trucs qu'elle conservait se trouvait dans des bocaux et il n'y avait rien de frais. Des herbes séchées, tout au plus. Quoiqu'elle avait découpé ici, elle avait tout mis dans son cuiseur en fonte.

Au tour de la maison isolée. Bizarrement, je me sentais plus assurée de trouver quelque chose là bas, et mon instinct ne me donna pas tord. Là encore, ça sentait la mort, la même odeur nauséabonde. Comme je sentais que le lieu n'était pas habité, je me permis l'extravagance d'allumer légèrement une petite lampe à huile. Je vous dépeins donc le tableau. Une table. Des chaînes. Des cordes. Des couteaux et des haches. Du sang séché un peu partout. Bingo. On allait pas me faire croire qu'on découpait uniquement du gibier là-dedans. Bon. J'en voyais assez pour me dire que c'était pas des bouffeurs de moutons. Alors que je m'apprêtais à me barrer pour chercher les caravaniers à proprement parlé, j'entendis un gémissement. C'était tellement le foutoir dans le coin que j'avais même pas vu qu'il y avait un mec. Le visage tuméfié, blême, visiblement épuisé, du sang sur les vêtements, une forme humaine s'agita légèrement. Ma légèrement lumière l'avait éveillé. Je m'approchais avec prudence et en abaissant mes yeux, je m'aperçus qui lui manquait une jambe. Je fis une grimace. Je savais ce qu'il y avait dans le ragoût maintenant. Vu l'état dans lequel il était, l'interroger servait à rien. Est-ce que j'allais le laisser crever? Non. J'aurais pu mais qu'il allait clairement devenir un fardeau puisqu'il était estropié mais j'étais pas une crevarde. Le problème, c'était que je pouvais pas le porter comme ça sur mon dos et j'avais encore cinq caravaniers à trouver. Et puis, il faisait partie de la mission.

Je quittais la pièce de torture pour l'instant, abandonnant mon caravanier pour assouvir une petite vengeance personnelle. Je fis une petite escale chez mamie pour la remercier de son repas, avec la prévenance de pas la réveiller. Je lui fis le petit cadeau du repos éternel, elle pourrait ainsi aller cuisiner en enfer. A la sortie de sa maison, je crus que j'allais me faire repérer quand j'aperçus une ombre se faufiler en direction du logement qu'on m'avait offert. C'était la silhouette de l'homme cabot, il regardait dans toutes les directions comme s'il voulait ne pas être vu. Quel enfoiré celui-là. M'enfin, il allait être surpris. S'il voulais me peloter, il ne gagnerait qu'un kunai entre les deux yeux. Laissant donc les choses se faire, je cherchais l'endroit où créchait Yugo. Il y avait maintenant matière à l'interroger. De la même manière que pour les autres lieus, je me déplaçais dans l'ombre jusqu'à parvenir à l'endroit désirer. En moins de deux, je me retrouvais chez le paysan pour le surprendre. Une main sur la bouche pour l'empêcher de crier, un kunaï sous la gorge pour lui dire de pas le faire quand je l'aurais ôté. Je le sentis très vite trembler, signe que c'était un couard.

" Caravaniers. Où? "

Je réussis à sortir ces quelques mots de ma bouche. Juste l'essentiel.

" Je... je sais pas de quoi vous parlez m'dame... y a pa....arggg... "

Je resserrais ma lame sur sa peau, il pouvait sentir que je l'entaillais légèrement. Mon regard était si froid qu'il en tremblait encore plus.

" Où? "

" Plus loin!! Plus loin! Ils... ils sont... dans la cabane du bûcheron... à moins d'un kilomètre... au nord... Ne me faites pas de mal! Je... j'y suis pour rien... c'est pas moi... "

" Caravanes? "

" Oh! Euh... les autres sont allés... sont allés revendre ce qu'il y avait... on a... "

Plus un mot. Je lui tranchais la gorge sans sommation. J'aimais pas ce genre d'excuse à la con. On merdait, on assumait. Bon. De tout ce petit monde, me restait le plus malin de la bande. Cette fois-ci, je sortis avec moins de prudence puisque visiblement, tout le monde s'était barré. Par précaution, je me rendis dans mon hébergement pour voir si l'autre crétin c'était fait avoir. Je trouvais son corps gisant sur ma marionnette. Comme prévu, en plein dans la tronche. D'un coup de pied, je repoussais son cadavre de ma précieuse poupée et j'allais commencée à la remballer quand j'entendis des éclats de voix. Merde.

Embusquée dans la maisonnée, je jetais furtivement un œil. Il y avait un coupe qui était revenu avec une caravane. Ils étaient seuls. Apparemment, ils râlaient parce qu'ils étaient pas parvenu à refourguer ce qu'ils avaient. Par déduction, je saisis que chaque groupe avait dû tenter de faire leur marché à des endroits différents pour ne pas attirer l'attention mais pour moi, ces deux là revenaient trop tôt. J'essayais de voir si le méfiant était dans les environs, il n'apparut pas. Ni l'autre d'ailleurs, celui qui était présent pendant le repas mais qui n'avait pas ouvert la bouche. Cela me faisait encore quatre cibles. A tous les coups, ces deux là s'étaient barré faire un tour ensemble. Cela commençait sérieusement à me gonfler.

Mon problème? Généralement, quand cela commençait sérieusement à me casser les noix, je cessais de faire dans la subtilité. J'avais l'avantage de faire affaire qu'à des pécores qui, d'après ce que j'avais vu, n'avait au final pas grand chose pour eux. Qu'est-ce que je craignais? Être trop prétentieuse? Je dirais plutôt que j'étais impatiente et que je voulais rapidement retrouver de la bouffe décente. Du coup, sans chichi, je sortis de la maison, marchant droit dans la direction du couple qui se tenait toujours assis avec les rênes des chevaux dans les mains à s'embrouiller. Ils n'eurent pas le temps de réaliser que je sortais de nul part que j'avais dégainé mon katana. D'un geste vif, alors que les yeux de la femme croisèrent brièvement les miens, je lui coupais toute parole quand ma lame traversa sa gorge et qu'elle continua son chemin pour atteindre son compagnon. Deux pour le prix d'un. J'eus simplement le bruit guttural de leur dernier souffle qui s'étouffait dans leur sang, avant qu'il ne s'effondra le regard écarquillé par la surprise. Voyons le bon côté des choses. Maintenant j'avais un moyen de transport.

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Les festivités n'étaient pas encore fini, j'avais encore du boulot devant moi mais j'allais manquer de temps. En premier lieu, je me débarrassais des corps des deux ziozios que je venais de rendre muet. Je vous avouerais que je ne fis preuve d'aucune délicatesse et je me contentais de cacher les corps dans ce qui me servait de logis. Je les traînais avec moins de difficultés que je ne l'aurais cru, sans doute parce qu'ils étaient pas si épais que ça. Ils avaient pas encore eu le temps de bien manger si je devais faire preuve de cynisme. Une fois cela fait, je matais ce qu'il y avait dans la carriole et me débarrassa du superflus. Il me fallait de la place pour faire entrer six types là dedans et j'allais commencer par à y en faire entrer un d'ailleurs.

Je pris les rênes de la caravane et fis quelques mètres pour me placer proche de la maison isolée, tout en prenant soin de la tourner dans le sens de ma fuite prochaine. Tranquillement - oui, j'étais étonnamment sereine que voulez-vous - j'entrais dans le garde-manger pour en extirper le caravanier qui avait servi de début de plat de résistance. Il était faible mais encore en vie, il respirait. J'étais pas certaine qu'il supporta le chemin du retour mais il fallait le tenter.

" Ramener.... Suna.... Tiens bon. "

Ce fut les seuls mots d'encouragement que j'étais capable de lui offrir alors que je glissais mon bras sous l'un des siens. En pressant un pas le pas, je réussis à le traîner à l'arrière comme je pouvais, le but était que je le dézinguasse pas plus qu'il ne l'était déjà. Par pure précaution, je cherchais à le dissimuler une fois dans le véhicule. Tout cela fait, il ne me manquait plus qu'à retrouver les cinq autres bonhommes en suivant les indications de feu Yugo.

Ma route me conduisit dont un peu plus haut vers le nord, traversant la petite forêt de pins pour tenter de trouver la fameuse baraque de bûcherons. Mine de rien, ils s'étaient montrés plutôt précautionneux les pécores, fallait le reconnaître. Cependant, ils étaient pas à la hauteur de leurs ambitions et ils s'en étaient pris aux mauvaises personnes. Vouloir vivre loin des lois de ce pays, pourquoi pas. Bouffer ces gens, c'était moins bien. Je me dépêchais de tracer mon chemin jusqu'à arriver à une zone un peu plus dégagée. La hutte du coupeurs de bois se trouvait bien là où l'avait indiqué mon jeune à la fourche et il y avait même un visage familier qui jouait les sentinelles devant. C'était pas le bougon, lui, il devait être dedans sans aucun doute. Par contre, je m'étonnais du calme. Trop silencieux. Pas un oiseau. Pas un bruit... si ce n'est un cri soudain qui provenait de l'intérieur de la cabane. Il y en avait un qui passait visiblement un sale quart d'heure, je devais me magner si je voulais pas ramener un cadavre.

Pas le temps de faire dans la dentelle. Lentement, je me saisis de deux kunaïs et je les lançais immédiatement en direction de la sentinelle. L'un se planta dans l'oeil, l'autre dans la gorge. Manque de bol, il eut le temps de pousser un cri qui attira l'attention du plus malin de la bande qui sortit arme aux poings.

" P'tain!!! C'est toi la pouffiasse étrangère hein? J'suis sûr qu'c'est toi! Sors de ton trou! "

Je l'avais dit que c'était le plus malin... mais j'étais une pouffiasse désobéissante.

" J'vais te faire rôtir à petit feu! "

Cause toujours. Prenant pas de risque d'avancer sur un terrain miné, j'utilisais ma marionnette. Ma petite tête blonde sortit de son cocon et entra en scène. Quand le cannibale aperçut ma poupée, il tira une tronche pas possible. Il avait pas l'air de comprendre. Il fallait dire qu'elle ressemblait à une petite fille dans l'obscurité, ses cheveux sur son visage peint, on ne voyait la supercherie que toujours trop tard. Ce fut bien évidemment ce qui arriva. Telle une araignée bondissante, mon arme humaine se rua sur le malheureux et s'y agrippa, l'obligeant à lâcher les armes pour tenter de la retirer dans un élan de panique. Seulement, la petiote était dotée d'un mécanisme d'armes de jet. Un geste de ma part et une nuée de senbons se figèrent directement dans son buffet à faible portée, assurant ainsi sa victoire. On ne leur avait visiblement pas appris qu'il fallait se méfier des petites choses.

Par pure mesure de prudence, je fis promener mon pantin sur un assez large périmètre pour vérifier s'il n'avait pas piégé la zone. Cela ne pouvait être aussi simple puisque l'on m'avait spécifié que cette tribu n'en était pas moins des chasseurs. Mon instinct me prouva que j'avais raison quand ma marionnette activa un piège à loup, évitant de justesse de lui broyer son pied de bois. De la même manière, je finis par en déceler trois autres avant de comprendre qu'ils n'avaient pas les moyens de faire avec plus. Des chasseurs pauvres quoi. Je trouvais d'ailleurs assez surprenant qu'ils étaient réussis à mettre à mal six caravaniers, et à la vue de leurs potentielles méthodes, je me disais que c'était leurs nombres qui avaient dû faire la différence donc.... je devais vraiment me grouiller.

Une fois assurée que je pouvais tracer mon chemin tranquille, je me rendis directement dans la cabane du bûcheron pour voir dans quel état se trouvait mes bonhommes que je devais tirer d'affaire. Lentement, je poussais la porte qui se mit à grincer dans un son lugubre, laissant entrer la lumière de la lune qui passait au travers des feuillages. Là, j'avais cinq gars entassés, les mains et pieds liés, crasseux et dont on pouvait aisément imaginer qu'ils n'avaient pas mangé - ironique quand on savait qu'ils étaient destinés à être des plats. L'un deux semblait inconscient et son visage était entièrement contusionné, sans doute le type qui avait hurlé tout à l'heure. Je soupirais face à ce spectacle navrant du désespoir humain, faisant un signe comme quoi je venais amicalement. J'agitais pour cette occasion mon bandeau shinobi que j'avais tenu caché jusque là, avant de le porter à nouveau autour de mon cou. Je défis leurs liens, je tentais de leur offrir un petit sourire de réconfort mais je leur demandais de demeurer silencieux pour autant. Tant qu'on avait pas quitté le coin, je vendais pas la peau de l'ours.

Par de nouveaux gestes, je leur fis comprendre qu'ils devaient me suivre et moi de mon côté, j'allais porter du mieux que je pouvais leur camarade qui demeurait dans le cirage. On passa devant les deux cadavres de leurs tortionnaires, l'un des caravaniers ne put s'empêcher de leur cracher à la figure. C'était mérité vous me direz. En tout cas, je ne savais pas si en ce jour, j'étais née sous une bonne étoile mais quand on revint aux baraques, la caravane n'avait pas bougé, le blessé était toujours en vie, et personne d'autres ne s'était encore pointé. Je fis monter tout ce beau monde à l'intérieur du véhicule avant de prendre les rênes pour qu'on se tailla vite fait. J'avais pas la tête à tenter le diable. Je rabattis ma cape sur ma figure, je déposais ma marionnette à côté de moi comme si j'avais un camarade - ce qui à mes yeux n'était pas faux en soit - puis direction Suna.

En chemin, l'un de mes caravaniers me raconta ce qu'il s'était produit. Cela ressemblait pas mal à mes prévisions, à quelques détails près. Il m'expliqua qu'en effet, leurs assaillants étaient assez nombreux et armés peu vaillamment, mais qu'ils avaient eu tout de même l'ingéniosité de profiter de la géographie du terrain pour arriver à leur fin. Dans la panique, l'un des marchands avait réussi à tuer un de leurs agresseurs et c'est ce geste qui le désigna comme étant le premier à passer par la case barbecue. Le plus glauque dans l'histoire, c'était que pendant qu'ils étaient coincés dans la cabane au fin fond de la forêt des pins, l'un des cannibales était venu les narguer en agitant un bout de viande sous leur nez. C'était un bout de mollet de leurs potes. Pour prouver à quel point ils leurs manquaient une case, il se vantait même d'avoir fait bouillir la jambe du malheureux devant lui. Ils avaient passé vraiment un sale moment.

Moi, je me contentais de regarder droit devant moi. Est-ce que je pouvais juger un camp ou l'autre? Pas vraiment. J'étais pas payée pour ça. La seule chose que tout ce bordel prouvait était que l'Homme était capable du pire pour survivre.

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