Un nouveau soldat [Entraînement solo]

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Mifuyu était une combattante aguerrie. C'était un fait établi et dont elle ne doutait pas elle-même, néanmoins son expérience à Baransu et plus particulièrement la difficulté rencontrée pour vaincre la prêtresse de l'orage lui rappela – comme si elle en avait encore besoin – qu'elle n'était plus toute jeune. Notamment au niveau des esquives. C'était une femme diablement intelligente dotée d'une agilité impressionnante pour son âge, mais elle avait pêché au niveau de ses esquives. En tant que combattante de corps-à-corps, il lui serait bien utile de se munir d'une technique supplémentaire pouvant la protéger des potentielles ripostes de ses adversaires.

Quand elle était en combat rapproché, elle était la prédatrice. Elle assommait ses adversaires d'une pluie de coups incessants. Mais que faire quand celui-ci était puissant, qu'il était capable d'esquiver, de couper sa dynamique, puis de riposter ? Si son combat avec Dame Akeru ne l'avait pas encore amené au bord du gouffre, elle aurait tout de même pensé la vaincre plus facilement. Surtout, une pensée l'obsédait : si Shun n'avait pas été là, aurait-elle pu la battre tout simplement ? Bien sûr, le garçon aux longs cheveux n'était pas encore trop expérimenté – quoique, on racontait qu'il avait fait d'immenses progrès depuis – mais il avait su se servir de ses diversions pour la toucher ou, au contraire, avait pu par moments servir d'appât. Mais autrement, aurait-elle été en mesure de la toucher si facilement ? Pire encore, sans l'intervention de la petite Hyûga qui avait détraqué son orage de l'intérieur, aurait-elle pu mourir ?

Ces pensées l'obsédaient, pourtant le combat s'était terminé il y a plusieurs semaines maintenant. Le calme était finalement revenu à Baransu et la Sorcière d'Uzushio était rentrée dans son domaine. Elle était en bonne santé et continuait ses petites affaires de son côté, bien que l'attaque du festival lui rappela à quel point ce monde était incertain. Elle avait donc décidé de prendre les choses en main et mettait enfin son plan en action.

Toutes les étapes de sa future révolte n'étaient pas encore bien définies. Il ne faisait nul doute, néanmoins, que cela impliquerait des combats et du sang. La mort, très probablement. Pour elle ou pour une autre. Il fallait qu'elle s'y prépare, c'était l'objet de son entraînement d'aujourd'hui. Elle espérait qu'il serait le premier d'une longue série. De par son âge, elle s'était trop longtemps reposée sur ses lauriers et avait privilégié la science au-dessus de ses habilités. C'était compréhensible, bien sûr, mais elle avait la certitude, aujourd'hui, que la violence serait au service de la science. Elle avait besoin d'être plus forte pour mettre en place son utopie scientifique. Elle avait également besoin d'entraîner ses partisans.

Elle se trouvait donc dans son laboratoire personnel au sein de la DAPHU, où seules les âmes choisies par ses soins pouvaient s'aventurer. C'était là qu'elle avait mis à l'épreuve son cobaye Sanada pour la première fois, et c'était là qu'elle avait emmené Tsume. Elle essayait généralement d'y faire ses rencontres discrètement, pour ne pas alerter Leiko qui pourrait la soupçonner d'y pratiquer certaines expériences interdites.

Pour cet entraînement, elle avait demandé à l'un de ses employés de venir l'aider. Il s'appelait Omura Ichiro, la vingtaine, pas très talentueux mais ambitieux. D'après certains propos qu'elle l'avait entendu prononcer, il semblait partager l'idéal progressiste et vouer un respect profond envers la Sorcière. Bien, elle pourrait l'exploiter. Elle avait besoin de toute l'aide dont elle pourrait bénéficier. Elle lui avait donc demandé de la rejoindre dans son laboratoire, avec une arme si possible.
Son assistant lui avait autorisé l'entrée et elle le vit arriver avec un katana à la main. Elle ne s'était pas trompée, il était bien un shinobi adepte du combat à l'arme blanche, comme elle. Elle ne connaissait pas ses capacités exactes, mais elle doutait fortement qu'il puisse être plus doué qu'elle.

"Bonjour, Ichiro, je te remercie d'être venu. J'aimerais que tu m'attaques, sans relâche, jusqu'à ce que tu n'en puisses plus. Par surprise, en utilisant tes techniques, tout. Je veux tout."

Il la regarda, l'air de ne pas tout comprendre, mais se résigna à lui poser la moindre question. "Bien sûr, madame." se contenta-t-il de répondre, avant de se ruer sur elle. Il était bien moins rapide qu'elle, elle le sentait, aussi elle parvenait à lire ses mouvements sans trop de difficulté. C'était trop facile, elle parait toutes ses attaques avec ses scalpels sans trop de difficultés. Elle arrivait même à prédire le point d'impact exact pour heurter la lame du katana avec le manche du scalpel, plus résistant. Non, elle avait besoin de plus de challenge.

"J'ai une idée. Je vais fermer les yeux. Attaque moi moins violemment le temps que je m'habitue." Elle le vit hocher la tête silencieusement. Elle se demandait s'il comprenait tout ce qu'elle disait. "Mais attaque moi quand même, hein. Ne me sous-estime pas ou c'est toi qui pourrais prendre un coup."

Il exécuta ses ordres sans broncher. On aurait dit un pantin ne pouvant se défaire des directives données par son maître. En même temps que l'entraînement progressait, la chirurgienne se disait qu'elle aurait bien besoin d'un soldat comme lui, le moment venu. Un soldat qui ne questionnait ni ses objectifs, ni ses méthodes. Oui, elle était sûre qu'elle pourrait lui trouver une utilité.

Les attaques fusaient, toutefois à un rythme moins soutenu qu'auparavant. Il fallut du temps aux deux shinobi pour s'habituer pour adopter un rythme efficace sans être trop dangereux. Il n'aurait quand même pas fallu que la doyenne y perde un bras ! Les yeux fermés, toute sa concentration résidait désormais dans ses oreilles. Le moindre bruit de pas lui donnait une information sur l'attaque qui viendrait : la direction de l'assaillant mais aussi la rapidité de l'attaque. Une fois qu'elle l'avait grossièrement localisé, elle écoutait le bruit de sa lame qui laissait toujours un léger son lorsqu'elle fendait l'air. Pour la suite, il s'agissait de concentrer son chakra dans ses réflexes pour contrer l'offensive à temps.

C'était une entreprise épuisante, mais fructueuse. Elle y arrivait plutôt bien, aussi elle lui demanda de hausser le rythme. "C'est bon, tu peux y aller franchement." A partir de cet instant, ce fut beaucoup plus dur. Elle ne parvenait à parer de cette manière qu'une attaque sur deux tout au plus. Pour l'autre, bien trop effrayée d'y perdre la vie, la vieillarde ne pouvait s'empêcher d'ouvrir les yeux au dernier moment, ne se fiant non plus à son instinct mais bien à sa vue. Or, ce n'était pas ce qu'elle cherchait ici. Elle voulait augmenter sa sensibilité au danger dans le but d'accélérer son temps de réaction dans le futur.

Ils répétèrent donc les mêmes séquences de mouvements toute l'après-midi, jusqu'à ce que la Sorcière parvienne à tous les parer efficacement. Ce n'étaient pas des attaques de haut niveau, bien, sûr, mais grâce à son incroyable distance et à son cerveau capable d'analyser brillamment les différentes informations qui lui provenaient, elle arrivait même certaines fois à bloquer des attaques un peu plus développées, ce qui surprenait toujours le jeune Ichiro, pourtant certain qu'il allait finir par faire mouche.

Le garçon n'avait osé rien dire, mais il était évident qu'il était épuisé. La Sorcière souhaitait préserver sa dignité, aussi se priva-t-elle d'exprimer sa fatigue également. Ils avaient combattu pendant des heures et le bruit des lames qui s'entrechoquent résonnaient encore dans sa tête. Elle avait besoin d'une pause. Elle sentait qu'elle était déjà parvenue à développer une technique somme toute basique et efficace, qu'elle pourrait améliorer encore à force d'entraînement.

"Vous progressez à une vitesse fulgurante, Madame.
- Je sais, mais c'est pas encore assez. On reprendra ça une autre fois pour améliorer la technique. En attendant, ça ira comme ça. Merci, tu peux aller te reposer.
- C'était un honneur" dit-il avant de quitter la pièce sans plus de cérémonie.

Elle sourit. Quel bon toutou. Elle le rappellerait bientôt.

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