« Chaque chose est à sa place… » Junko retenait un haut-le-cœur, alors que l’odeur pestilentielle parvenait jusqu’à ses narines. Plaquer un mouchoir de lin contre ses orifices respiratoires n’avait malheureusement pas suffit. Ici, au cœur du marais, tout paraissait en décomposition, parfois même dans un état de putréfaction avancé. L’eau croupie jouait un rôle prépondérant dans cet état de nature, mais les animaux grouillants n’étaient pas en reste. Pour autant, la nausée passée, la dame raffermissait sa pensée : elle avait beau être écœurée par ce qu’elle voyait, par toutes ces bestioles plus répugnantes et plus dangereuses les unes que les autres, chacune d’entre elles avait sa place ici, tandis que les Hommes n’avaient rien à y faire. A ses yeux, ce n’était certainement pas par hasard si personne n’avait établi son domicile ici, et ce n’était même pas une question de mise en danger de sa vie. Certainement que, quelque part dans le monde, des hommes seraient suffisamment puissants pour chasser les reptiles et les batraciens vivant là. Non, tout ceci était une question plus profonde, propre à la nature des êtres. Ici, elles étaient des étrangères par leur essence-même. Elles n’étaient pas seulement insignifiantes – car une fourmi, tout aussi insignifiante aux yeux des hommes, avait néanmoins sa place dans leur monde, son utilité –, là, elles n’étaient rien. Et, aussi fou que cela puisse paraître, cette pensée ravissait Junko car elle donnait du sens à sa croyance, même si cela signifiait également qu’elle était en train d’outrepasser ses droits, en pénétrant aussi impunément dans l’espace des autres.
Ainsi donc Mifuyu avait mené le duo à bon port, à travers la brume, et l’intensité des croassements et les mouvements furtifs à la surface de l’eau témoignaient de la présence de l’animal tant convoité. De temps en temps, Junko apercevait la bête, le temps d’un plongeon ou, à peine dissimulée, à l’ombre d’une racine humide. La dame laissait cependant le temps à l’Omura de confirmer leur position et l’identité de l’animal. Après tout, il existait des grenouilles de toutes sortes, non ? Ceci fait, débuta une première phase d’observation. Les fameuses bestioles n’étaient pas si folles : si les deux humaines n’avaient rien de menaçant, à leurs yeux, elles n’en restaient pas moins des étrangères. Dépourvu de raison, c’était l’instinct de survie qui primait chez l’animal. A cela s’ajoutaient les véritables prédateurs ; la concurrence serait rude, visiblement.
Junko n’était ni herpétologiste, ni chasseuse. Même du temps du Myōshin-ji, c’étaient les hommes qui se chargeaient de ramener la venaison, elle s’occupait de la coupe et de la cuisson. Alors, naturellement, elle était bien incapable de débattre de la meilleure façon d’attraper une grenouille. En revanche, elle restait suffisamment observatrice pour comprendre deux choses : premièrement, ces animaux visqueux se regroupaient dans les zones d’eau claire et peu profonde et ne plongeaient dans la vase que pour se cacher (mais la formation de petites bulles les trahissaient parfois), deuxièmement, les oiseaux et reptiles peuplant les lieux n’avaient aucune considération pour les humaines, leur fauchant leurs proies sous leurs yeux, mais semblaient respecter une certaine hiérarchie entre eux. La loi de la Nature, dans toute sa splendeur. Forte de ces considérations, une idée émergea dans l’esprit de l’Uzujin : elles devaient se faire respecter, en tant que prédatrices et entrer dans la danse, à l’instar des autres animaux, pour se placer tout en haut de la chaîne.
Sa coéquipière – qui avait surement plus de connaissances au sujet des batraciens, en sa qualité de médecin – avait peut-être, elle aussi, une ébauche de plan, néanmoins cela ne coûtait rien de partager. Ainsi, Junko émettait l’hypothèse qu’elles se positionnent à proximité de l’eau, à une distance raisonnable du groupe de grenouilles, et que Junko use d’une des techniques qu’elle avait utilisé, plus tôt dans la journée, contre leurs deux assaillants : Kanashibari. Cette technique avait l’avantage d’être particulièrement efficace contre la faune, d’autant plus que la vague de chakra ainsi libérée était chargée d’une pulsion meurtrière à laquelle les animaux étaient particulièrement réceptifs. Voilà qui lui paraissait tout indiqué pour s’imposer en tant que prédateur. La portée de l’attaque n’était pas très grande, mais cela serait certainement suffisant. L’idée sembla faire son chemin dans l’esprit de l’Omura et finalement, après un rapide échange, elles parvenaient à un procédé qui tenait la route. Elles se mirent alors en place, chacune savant pertinemment ce qu’elle avait à faire.
« Kanashibari ! » Junko lança l’attaque, libérant tout ce qu’elle avait de plus bestial. Tout autour d’elle, la Nature sembla soudainement comme en suspens. Les cris des uns et des autres se turent, l’espace d’un instant, et les quelques grenouilles qu’elles avaient repérées les regardèrent de leurs yeux globuleux, comme comprenant quel sort les attendait.
Alors que les animaux pris dans l’attaque ninpō n’avaient d’autre choix que de les regarder s’affairer, les autres, plus lointains et hors de la zone d’effet, reprenaient peu à peu leurs activités. Pourtant, Junko en avait le cœur net, ils ne les considèreraient plus comme de petits êtres insignifiants. Elle s’était faite une place parmi eux.
Mais la dame n’eut guère le temps de savourer cette victoire sur la Nature ; les sources de chakra qu’elle avait ressenties plus tôt avaient bougé, pénétrant de nouveau sa zone de perception. Elles s’étaient donc rapprochées, tout doucement. Elle fronça les sourcils : était-ce réellement les mêmes sources ? Si oui, leur vitesse de marche était très lente, presque trop pour qu’il s’agisse d’hommes en bonne santé. Soucieuse, elle fit part de ses interrogations à la petite Mifuyu. Et s’il s’agissait de l’expédition dépêchée avant elles ?
Omura Mifuyu
Uzushio no Jonin
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La puanteur dont était empreint ce marais n'était rien comparée à l'odeur de la mort. La senteur était dérangeante, certes, mais n'avait rien du caractère prenant qu'avaient les reflux des cadavres en décomposition. Ces odeurs-là, quand elles pénétraient vos narines, vous envahissaient et devenaient en un seul instant la seule information comprise par chacun de vos organes, ne s'activant alors plus que pour lutter contre ce parasite tant omniscient qu'omnipotent. Respirer devenait difficile, mais cela ne s'arrêtait pas là. Vos idées se brouillaient, vos mots ne sortaient plus et vos intestins ne jouaient plus leur rôle. En bref, tout votre corps était pris et vous faisait partager l'espace de quelques secondes ce que c'était, au fond, d'être mort. La Sorcière, elle, avait connu son lot de cadavres. Peut-être était-ce la raison qui l'avait poussée à braver cette ennemie invincible, à ne plus craindre ni la vieillesse ni la maladie. En tant que médecin ayant pratiqué pendant la guerre des clans, elle connaissait l'odeur mieux que quiconque et ne se laissait submerger plus que par elle. Toutes les autres senteurs, si nauséabondes fut-elles, n'était que tant d'émanations fades et banales. Elle ne fut donc pas tant dérangée par l'atmosphère sombre et singulière du marais de Kobie et, à la place, maintenait ses yeux dans leurs orbites à la recherche des batraciens.
Malgré la brume qui envahissait le cœur de la zone, les deux femmes n'eurent trop de mal à localiser les autres grenouilles qui, contrairement à ce qu'avait imaginé l'ancienne, n'avaient pas l'air d'être gardée par d'autres mercenaires. Elle aurait pensé qu'une seconde escouade devait être à la recherche des Uzujins, car il lui paraissait invraisemblable que les deux garçons qu'elles avaient vaincu furent les seuls responsables de la disparition de la précédente expédition. Pas mécontente, néanmoins, du calme qui régnait ici, elle put se recentrer sur la tâche qui les avait mener au milieu de ce bassin boueux.
Ce fut non sans joie qu'elle aperçut la première grenouille bondir d'un morceau de vase à un autre. Il y en avait de toutes sortes, mais seules quelques-unes pouvaient servir à la concoction de l'antidote. "Il nous faut celles tachetées de violet" dit-elle simplement à son équipière pour désigner l'espèce convoitée. Elles n'étaient pas les plus nombreuses, mais il était possible de discerner certains attroupements cachés sous des racines épaisses, à l'abris des prédateurs volants. Certaines se hasardaient, assez innocemment, à rejoindre leur comparses en traversant un petit bassin verdâtre, sans savoir que le danger ne venait pas que du ciel. Les deux Jonin étaient elles aussi de terribles prédatrices, elles l'avaient prouvé quelques minutes plus tôt.
L'élégante énonça son plan à la doyenne, qui l'accepta d'un hochement de tête. Elle ne disposait pas de plus d'expérience qu'elle dans ce domaine et se passerait volontiers de prendre la responsabilité en cas d'échec. D'un pas lent et léger, les équipières encerclèrent une zone de quelques mètres carrés, au centre de laquelle étaient isolées quelques grenouilles. Elles n'avaient besoin uniquement de trois spécimens, morts ou vifs, tant que la peau était préservée. Il fut décidé que l'illusionniste se chargerait d'immobiliser les bestioles et que la chirurgienne, grâce à sa vitesse et la précision de ses scalpels, en abattrait trois au passage.
La Sorcière ressentit une nouvelle fois cette terrible onde de chakra, qui avait déjà été propulsée par la dame auparavant. Son énergie négative était guerrière, impitoyable et en colère. Si elle avait été dirigée vers elle, elle en aurait eu le sang glacé. Elle sourit, songeant que les deux femmes n'étaient pas si différentes l'une de l'autre. Il y avait bien une raison pour laquelle elles avaient été dépêchées ensemble sur cette mission. Elles représentaient la facette négative du village des tourbillons, en contradiction indéniable avec les directives pacifiques prônées par le Kage. Pourtant, elles étaient les soldats indispensables mobilisés dès qu'une crise majeure se présentait.
Mifuyu s'élança à son tour avec une très grande rapidité. Armée de deux scalpels, elle zigzagua entre les flaques puantes pour venir ôter sèchement la vie des quelques batraciens qui s'étaient présentés à elle. Elle les frappait d'un coup précis, avant même qu'ils ne puissent user de leurs cuisses phénoménales pour bondir hors de portée de la vieillarde. Pour les quelques-unes qui, exceptionnellement, y étaient parvenues, elle les abattait en plein vol.
Si leur petite stratégie pour mettre le règne animal à leur pied avait fonctionné, la femme-enfant ramasserait les maigres cadavres tachetés pour les placer dans une besace ocre qu'elle avait amenée avec elle. Il lui en faudrait le plus possible au cas où de nouvelles contaminations s'étaient faites recensées parmi les officiels de la Ligue. Enfin, elles pourraient s'intéresser à ces sources de chakra captées par Junko.
La cueillette des toxines (mais surtout des corps contenant ledit remède) se fit sans aucune surprise ; la soudaine immobilité de la nature avait permis à la sorcière du tourbillon d’éliminer consciencieusement les grenouilles ainsi entravées avec une habilité presqu’effrayante. Les amphibiens ainsi récupérés, l’attention des deux femmes se reportaient alors vers l’endroit où émanait – d’après les dires de la prénommée Junko - deux sources de chakra, faible, se déplaçant lentement. Celles-ci ne semblaient pas vouloir faire d’efforts pour cacher leur présence, progressant péniblement vers le marais où les ranidea furent massacrés pour le bien de la Ligue. Bientôt, des éclats de voix vinrent briser le silence naturel : souffles lourds, chargés de douleurs ; ils étaient blessés, manifestement, et venaient de percer quelques fourrés afin d’entrer en ligne de vue des deux jounin du village du tourbillon.
Les deux individus, des enfants, se tenaient l’un l’autre, bras dessus, bras dessous, les visages crispés dans un effort surhumain, serrant les dents pour continuer d’avancer, oubliant de force les blessures maculant leurs corps. Le restant de l’expédition présentait un bien piètre spectacle, deux jeunes, à peine adolescent, genins. Vêtements déchirés révélant des plaies béantes, tâches violacées trahissant la présence d’un corps étranger dans le sang des deux pauvres hommes, un pus verdâtre purulaient des ouvertures sanguinolentes ; ils arboraient le bandeau du tourbillon fièrement malgré la fièvre violente. Apercevant la sorcière d’Uzu et la moniale, ils sourirent avant de s’effondrer, leurs efforts récompensés par une vision d’espoir : la cavalerie était arrivée. Parallèlement, les deux jounins pouvaient esquisser des sourires tout autant ravis : la réponse à toutes leurs questions se trouvait peut-être à portée de kunai, une vingtaine de mètres.
Une phrase déchira le silence tendu, l’un des adolescents baragouinait, les yeux vitreux par la fatigue et le poison, des gargouillis glaireux. « Il était trop fort… » Bravant sa propre souffrance, il voulait parler mais n’en avait plus la force…
Feat.
Myōshin Junko
Uzushio no Jonin
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La cueillette s’était bien déroulée. Elles avaient l’ingrédient tant convoité et, déjà, Junko se voyait sur le chemin de retour vers Uzushio. Mais c’était sans compter sur les deux individus qui étaient sortis de nulle part ; les deux sources qu’elle avait ressenties et continuellement surveillées jusqu’à leur arrivée. Des enfants du pays, dans un état déplorable. Prudente, la dame ne s’était pas précipitée à leur rencontre. Elle les avait regardés s’avancer, essayant de déterminer le vrai du faux. Était-ce un piège ? Tous ses sens en alerte, l’expert ès Genjutsu et Sensorialité essayait de détecter une modification dans leur environnement, une légère perturbation dans son système de chakra, qui seraient les témoins d’une technique. Mais elle ne sentait rien d’inhabituel, et l’attitude des deux jeunes gens et leur état laissaient supposer qu’ils ne mentaient pas. Ils n’en avaient plus les capacités. Cette hypothèse fut par ailleurs confirmée par une étude rapide de leur signature chakratique. Ils étaient vidés. Finalement, elle avait pu sentir leurs sources un peu par hasard, car à peu de choses près ils passaient inaperçus au milieu de cette jungle.
Elle lança un regard vers Mifuyu. « Je ne crois pas que ce soit un piège. Ils sont vidés. » confirmait-elle. Non, ce n’était pas une nouvelle embuscade de l’ennemi – à moins que leur venue vers elles consiste, en soi, le piège. Cherchait-on à les ralentir ? A cette pensée, Junko sut que l’Omura devait songer, elle aussi, à cette hypothèse. Elles avaient les peaux de grenouilles… Devaient-elles vraiment perdre leur temps à sauver ces êtres qui semblaient à deux doigts de mourir ? Leur mission consistait, avant tout, à ramener de quoi fabriquer l’antidote. Rien n’était spécifié quant à la survie de l’expédition…
Et puis, l’un des adolescents, à bout de souffle, laissa échapper les mots qui le sauveraient sûrement. « Il était trop fort… » Ils avaient vu l’ennemi ? Voilà qui était plutôt intriguant. Parlait-il des deux hurluberlus qui leur avait tendu une embuscade, ou de quelqu’un d’autre ? S’il était là… Si l’individu qui avait empoisonné la Ligue était dans ce marais… Cela donnait une toute autre dimension à cette mission. Cela donnait l’occasion aux deux femmes de trouver le traître. Mais Junko ne pouvait rien faire pour eux, en réalité. Elle devait s’en remettre à l’Omura, et c’était donc à cette dernière de prendre la décision quant à la poursuite de leur objectif. Essayaient-elles de soigner ces enfants, dans l’espoir d’obtenir de nouvelles informations, qui intéresseraient sûrement leur commanditaire, ou assuraient-elles la fabrication de l’antidote, coûte que coûte… Junko comprendrait que Mifuyu ne veuille pas s’épuiser dans une tâche qui pouvait leur causer plus de torts qu’autre chose. Cependant, tout bien considéré, la dame penchait plutôt pour la traque de l’ennemi. C’était un traître ; les gens de cette espèce devaient périr.
Alors, elle lui demanda tout de même : « Tu pourrais les sauver ? Je peux t’aider, dis-moi ce que je dois faire. » Pour alléger le travail de sa coéquipière, Junko était prête à aller chasser d’autres animaux, récolter les herbes qu’elle lui demanderait ou même tenir fermement les gamins souffrants, s’il le fallait. Elle ne savait pas vraiment s’il était possible de les guérir, mais elle tenterait quand même de se rendre utile.
Omura Mifuyu
Uzushio no Jonin
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La Sorcière avait joyeusement déposé les créatures mortes dans sa sacoche, se projetant déjà avec plaisir à les dépecer pour concocter l'une de ses potions. La mission, il semblait, était terminée. Rien de si terrible, finalement. Elles disposaient de l'antidote avec lequel la vieillarde pourrait faire chanter la Ligue. Enfin, pour que cela ne fonctionne, encore fallait-il que ce soit elle qui l'apporte en mains propres. L'organisation marchande dans la poche, jamais le Kage n'oserait plus s'opposer à elle dans son projet révolutionnaire. Ces grenouilles, en fait, étaient bien plus qu'un simple item de mission : elles étaient les joyaux sur la couronne infernale de Mifuyu.
Le marais, en revanche, n'en avait pas fini avec elles. C'était en suivant le regard de sa partenaire que l'Omura se rendit compte qu'elles n'étaient plus seules. Deux gamins du village, probablement des Genin, se trimbalaient difficilement jusqu'à elles, le corps recouvert de blessures. Alors c'était ça, la dernière expédition ? Fallait pas s'étonner qu'on les avait envoyées en renfort. Instinctivement, la prudente femme-enfant recula d'un pas. Était-ce un piège ? Restait-il des ennemis ? Elle avait du mal à imaginer que les deux types de tout à l'heure avaient pu réussir à terrasser une équipe des tourbillons, même composée de débutants. D'un autre côté, son instinct médical la poussait à vouloir se rapprocher. La chirurgienne était certes une femme ignoble, elle n'en restait pas moins membre du clan des plus grands guérisseurs. Alors oui, elle avait bien envie d'en finir avec cette mission et de rentrer au village pour accomplir son destin grandiose – elle était sûre que sa compagnon ne serait pas contre – mais elle ne pouvait pas. Elle se devait d'honorer sa fonction, si insignifiants soient ses patients et si pressée soit-elle.
Junko, heureusement, lui donna le feu vert. Ses dons sensoriels avaient définitivement été une véritable bénédiction tout au long de cette mission. "Je m'en occupe" répondit simplement la vieillarde, encore trop fière pour demander de l'aide à sa partenaire. La médecine, c'était son rayon, elle devait gérer ça pour laisser à la Jonin l'occasion de se concentrer sur la menace qui planait. Un des gamins, avant de perdre connaissance, avait fait une remarque qui, généralement, était peu rassurante dans le monde shinobi. Il était trop fort. La doyenne fit rapidement le calcul : il avait parlé au singulier et leurs corps étaient recouverts de poison, alors même qu'aucun des deux gaillards du début n'avait manifesté cette aptitude. Il devait y avoir quelqu'un d'autre, un tueur envoyé par le traître de la Ligue, si ce n'était le traître lui-même. La Sorcière sourit. Oui, si elle parvenait à rentrer avec toutes les informations en poche, si elle pouvait vendre à la Ligue le secret de leur trahison, alors elle s'assurerait leur soutien à coup sûr. Retrouver le traître était synonyme de victoire. Mais, pour cela, il fallait qu'ils parlent.
Mifuyu s'agenouilla près du gamin qui avait parlé. Elle composa les mudra nécessaires puis appuya ses mains chargées de chakra médical contre les blessures visible du bonhomme. Son corps, à en juger par son mélange de couleur jaunâtre et violacée, était également rongé par le poison. Elle reconnaissait vaguement la substance, qui était une des plus utilisées parmi ses confrères empoisonneurs mais, hélas, elle ne disposait pas d'un antidote dans sa besace. Ces deux-là devraient lutter jusqu'à ce qu'ils soient pris en charge plus sérieusement. "Malheureusement, je n'ai pas d'antidote avec moi et en fabriquer un prendrait trop de temps. Ils vont devoir supporter la douleur un peu plus longtemps, à moins que tu ne maîtrises de quoi faire brûler la toxine ?" En attendant, elle leur donnerait simplement de quoi tenir le coup le temps que le duo en finisse ici. Mais il fallait qu'ils parlent. Elles avaient besoin d'un indice, d'une localisation.
Quand elle en eût finit avec le premier, elle le confia à Junko qui, s'il se réveillait, l'interrogerait sur l'identité et la localisation de l'homme. Elle entreprit de sauver également le second, même si cela lui coûtait une bonne partie de son énergie. Le jeu en valait la chandelle.
Prudente, la prénommée Junko s’était empressée de sonder les intentions et la signature de chakra des deux adolescents se soutenant mutuellement. Ceux-ci n’étaient nullement une menace pour les deux doyennes du village du tourbillon, au contraire, ils représentaient ce qu’il y avait de plus proche d’un espoir. En effet, dans un dernier souffle, l’un d’entre eux, le plus alerte, avait poussé, dans un gargouillis proche de l’agonie, une phrase glaçante. Cependant, cela trahissait une réalité affreuse pour ces jeunes ninjas, ils n’avaient pas été assez forts, bien loin de là, pour affronter ce qui constituait, pour eux, un monstre de puissance. Le regard de terreur, mais surtout de honte, véhiculait cette poisseuse prise de conscience ; ils étaient faibles, bien plus qu’ils ne le pensaient. S’accrochant désespérément à la sorcière d’Uzu, il suppliait la vie, effrayé par la perspective de mourir ainsi.
Les soins apportés, ils regagnaient contenance malgré la douleur manifeste dont ils souffraient. Celui qui avait parlé auparavant déglutissait bruyamment avant d’interpeller les deux jounins. « Vous n’êtes pas de taille ! Rentrons ! Il est beaucoup trop fort, on ne l’a même pas touché une fois ! » La panique l’habitait cruellement, à jamais scarifié par les évènements, les yeux roulants de folie, il hurlait. Son camarade, ayant repris conscience, lui passa la main dans ses cheveux, souriant de manière optimiste, il tentait, par ce biais, de le calmer. « Il est vrai qu’il n’est pas de notre niveau. Sa rapidité est extraordinaire, il nous est tombé dessus sans qu’on puisse le voir, ni le sentir. Il a rapidement éliminé les autres, on a fui mais il nous a rattrapés avec une facilité déconcertante… Je vous avouerai qu’on a joué au mort avant qu’il parte. Il a marmonné un truc du style… » Toussant des glaires, il s’était interrompu et regardait d’un air compatissant son camarade tremblant qui observait l’invisible, y voyait des horreurs. « Un truc du style : « Il faut que je retourne à la tour, ils sont sur ma trace. » »
Au loin – deux heures de marche -, visible depuis le marais, à demi caché dans la brume soulevée par les puanteurs, un ancien phare s’élevait, projetant une ombre sinistre, aux antipodes de son existence première…
Feat.
Myōshin Junko
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Il transparaissait, dans leurs yeux, cette même peur de la mort que dans le regard des deux ennemis qu’elles avaient croisés, un peu plus tôt dans la journée. Certes, ceux-là étaient des enfants, mais Junko ne put s’empêcher de les trouver pitoyables. Ils étaient, malheureusement, à l’image du système éducatif d’Uzushio : on formait des êtres faibles, plein de bons sentiments, accrochés à la vie non pas par nécessité mais par plaisir. Et voilà qu’ils suppliaient l’Omura de les arracher à la mort, alors qu’ils auraient dû donner leurs vies sans hésitation. Comment ? L’ennemi était trop puissant et trop rapide ? La dame pouffait légèrement, en entendant leur discours. C’était comme s’ils cherchaient à légitimer leurs actes, en magnifiant leur assaillant. Oh, oui, le passage sur la simulation de leur mort n’avait clairement pas échappé à la jûnin qui trouvait cela parfaitement aberrant – c’était peut-être même ce passage-là précisément qui achevait de la convaincre de la faiblesse de ces hommes.
Bras croisés, elle regardait les deux jeunes apeurés d’un œil sévère. Elle ne regrettait pas qu’on les ait soigné – c’était une nécessité, pour obtenir des informations – mais il fallait être bien clair sur un point : son désir de les sauver n’avait pas été motivé par une quelconque compassion à leur égard. Elle s’éclaircit la gorge. « Vous étiez avec l’expédition, n’est-ce pas ? Une expédition dépêchée par la Ligue Somei, dont vous aviez la garde. Dont vous étiez responsables de la sécurité. » Elle marqua une pause, laissant le temps aux deux jeunes de hocher la tête. « Où sont-ils ? » Elle désigna du menton le marécage autour d’eux. « Je ne les vois pas. Vous savez pourquoi ? Parce qu’ils n’ont probablement pas fait semblant de mourir, eux. » Oui, c’était clairement un reproche. Ils avaient une mission et ils avaient préféré abandonner, fuir pour leur propre vie, plutôt que de protéger ces gens jusqu’au bout.
Ramassant tranquillement ses affaires, qu’elle rangeait peu à peu dans les plis de son habit, elle s’épousseta et adressa un regard lourd de sens aux deux shinobis. « Vous avez trop peur et vous voulez rentrer ? Très bien, allez-y. Un bateau nous attend sur la côte, on peut vous indiquer le chemin si vous voulez. Mais ne comptez pas sur moi pour vous y emmener. Vous allez devoir traverser le marais seuls, comme des grands. Pour ma part, j’ai un traître à abattre. » Ses yeux, dans lesquels brillaient une flamme inquiétante, se posèrent sur sa coéquipière, Mifuyu. Elle espérait que cette Omura – dont les actes et les paroles, au cours de cette mission, avaient suffi à gagner rapidement son respect – ne serait pas plus effrayée qu’elle à l’idée de se fritter à un ennemi « invisible ». Si tel était le cas cependant, voilà qui ne manquerait pas de la décevoir. Elle commençait à apprécier sincèrement cette femme-enfant (à défaut de comprendre exactement comment elle pouvait agir et parler avec la dextérité et le professionnalisme de quelqu’un de réellement expérimenté, tout en ayant l’apparence d’une gamine malicieuse) et il aurait été dommage de se séparer d’un aussi bon élément pour la suite.
A vrai dire, Junko ne sous-estimait pas leur adversaire. Bien au contraire, elle imaginait tout à fait que quelqu’un ayant réussi à empoisonner une organisation comme la Ligue, sans que personne ne s’en rende compte, fût hautement qualifié. Elle en voulait aux jeunes de ne pas avoir honoré leur parole – car une mission était une promesse – mais elle n’était pas stupide au point de se croire plus puissante que l’ennemi. Pour l’heure, elle ne savait pas grand-chose de l’individu. Alors, tout ce qu’elle pouvait faire, c’était redoubler d’attention et suivre la seule piste qu’elles avaient : la tour.
Omura Mifuyu
Uzushio no Jonin
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Grâce à la magie médicale de la Sorcière, les deux hommes, s'ils en étaient toujours, leur donnèrent une première piste solide, celle de la tour. Il n'avait pas été facile pour la vieillarde de supporter les pleurnicheries du premier, qui n'avait de shinobi que le bandeau frontal déchiré qui tenait encore avec grande peine sur son front. Ils étaient lâches, terriblement lâches, mais ce n'était pas le plus désolant dans l'histoire. Le plus triste, c'était qu'ils étaient l'image parfaite des jeunes formés par le village des tourbillons : incompétents, fainéants, déloyaux. Des bonshommes comme eux n'auraient pas survécu quinze minutes à son époque, quand la terre était encore teintée du rouge du sang des plus faibles. Ils avaient feint la mort pour éviter l'annihilation par leur ennemi monstrueux, laissant le reste de l'expédition se faire massacrer sans avoir le courage de jeter leur dernier souffle dans la bataille. Ils n'auraient aucune gloire pour avoir survécu, que des regrets. Elle-même, à cet instant, mourait d'envie de les traîner dans la boue. Junko, sa partenaire, s'en chargea pour elle.
Mifuyu n'était probablement pas la mieux placée pour leur faire la leçon, bien qu'elle se refusât de l'admettre. Elle ne ressentait ni culpabilité ni honte pour ses actions passées, pourtant, elle avait commis des atrocités bien plus graves que ces deux zigotos. Elle s'était ensuite faite passée pour morte pendant des années, tentant de se faire oublier de ceux qui cherchaient à la faire disparaître, avant d'être finalement ressortie des décombres par Leiko la magnanime, Leiko la douce. Que dirait son équipière si elle savait, elle qui était en train de sermonner sèchement les deux incapables ? La traiterait-elle de lâche ? Ou peut-être penserait-elle, comme l'ancêtre, que la situation était bien différente. Dans un premier lieu, elle avait fui un ennemi plus puissant encore que le leur : la vieillesse, cet inéluctable chemin jusqu'au trépas qui n'épargne pas même les plus braves. Ensuite, elle avait sauvegardé sa vie au prix de celle des autres, certes, mais quelle vie ! Son importance ne suffisait-elle pas à justifier son comportement ? Elle était l'avenir de la médecine, une génie qui n'eut pas assez d'une vie sur cette terre pour achever son œuvre, mais qui le ferait sans doute si elle en obtenait une deuxième !
Elle qui était agenouillée depuis quelques minutes se releva. Non, cela ne faisait aucun doute. Elle était bien meilleure qu'eux et le prouverait sans mal. Déjà quand l'autre avait dit qu'elles ne seraient pas de taille, elle avait ri si fort et si franchement que cela avait suffi à la rassurer. Elle, ne pas être de taille ? Clairement, ils ne savaient pas qui se tenait en face d'eux. La dame illusionniste ne semblait également pas en reste, d'une puissance comparable à la sienne. Il n'existait aucun adversaire que ces deux femmes ne pouvaient vaincre, elles allaient le prouver en se rendant à la tour immédiatement. Quant à savoir si les deux fuyards les suivraient, la décision leur revenait. Autrement, Junko leur avait indiqué le chemin jusqu'à leur embarcation.
"Bon, on va le saigner, ce traître ?"
Dans le regard de la Sorcière ne transparaissait plus que la haine, envers son passé, envers elle-même et envers sa cible. Peu importait qui il était, elle apporterait sa tête à la Ligue.
Ils se doutaient, évidemment, qu’ils n’auraient pas droit à la clémence des deux femmes face à eux ; elles étaient supérieures, parangon d’expertise, de guerre, elles avaient tout vu, tout fait contrairement à la relève, inexpérimentée dans les choses de la violence. Ils avaient échoués, piteusement. Se regardant, les deux adolescents pesaient le pour et le contre entre lâcheté (retourner à l’embarcation) et rachat (se rendre à la tour). Les blessures refermées mais le poison encore bien présent dans les organismes, ils devaient rejoindre le village pour survivre. Cela dit, la blessure morale d’une défaite et d’une humiliation se manifestait avec une violence supérieure encore. Serrant les dents, pleurant face au dilemme, ils ne réagirent pas lorsque les deux femmes partaient en direction du phare se détachant au loin, impuissants face à leur propre faiblesse.
La sorcière d’Uzu et la moniale trentenaire traversèrent, alors, les obstacles d’une nature sauvage et déterminée à rester vierge, intouchée par les hommes, haineuse d’une telle espèce destructrice. Mangroves, marais, forêts aux allures tropicales, tout s’entremêlaient de ronces épaisses et sinistres. Mais, la présence du phare servait de repère définitif. Celui-ci s’élevait au-dessus des arbres aux troncs séculaires mais l’absence du feu, éteint, ne faisait que projeter une ombre de plus sur un monde déjà obscur.
Arrivées au pied de la tour, haute d’une quinzaine d’étages, les deux jounins pouvaient se rendre compte que la porte de fer était ouverte, révélant un vide poussiéreux, exiguë. Aucune trace ne prouvait l’existence d’un ennemi ; étaient-elles en retard ?
Feat.
Myōshin Junko
Uzushio no Jonin
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La Tour s'avérait être un phare à la lumière éteinte. Il se dressait, seul, au-dessus du marais, projetant sur celui-ci l'ombre insignifiante du dernier (ou du premier, peut-être) vestige humain. Il paraissait vieux mais solide, comme s'il avait traversé les âges paisiblement, offrant son corps robuste à la Nature déchaînée, inlassablement, attendant que le temps passe et fasse son œuvre. Il était l'œuvre des Hommes, mais semblait avoir gagné sa place ici, faisant finalement partie du marais comme si ce dernier lui avait donné naissance. C'était un sentiment particulier, mais à mesure qu'elles en approchaient et que l'image d'un affrontement avec l'ennemi en son sein se faisait de plus en plus précise, Junko se sentait nostalgique, presque triste de voir la destruction d'un tel monument. C'était comme songer à la fin d'un règne.
Cette pensée l'étreignit un moment, avant de disparaître totalement alors qu'elles arrivaient enfin à son pied. La Tour était immense ; il fallait s'y attendre puisqu'elle passait par-delà la végétation, visible de loin. A l'évidence, il était inutile d'espérer explorer chaque étage, ce serait une perte de temps et cela laisserait tout le loisir à leur adversaire de se préparer, voire de s'éclipser. Levant les yeux vers le sommet du bâtiment, la dame senseur se félicitait déjà pour ses talents, intérieurement : détecter son chakra allait être un gain de temps considérable.
Cependant, alors qu’elle parcourait toute la hauteur du phare du regard, elle dut se rendre à l’évidence : nulle trace de l’ennemi. Etait-il déjà parti ? Un froncement de sourcils léger traduisit son inquiétude soudaine. Elle fit volte-face, observant les alentours, les yeux plissés. Non, tout autour d’elles, il n’y avait pas de source digne d’un homme sachant combattre. Son cœur se mit à battre un peu plus rapidement, tandis que dans son esprit les théories fusaient. Après tout, il pouvait être venu chercher quelque chose et être reparti précipitamment, peut-être avait-il plus d’avance sur elles qu’elle ne l’imaginait… Joignant les mains, elle déploya l’Œil Invisible, à la recherche d’une preuve qu’il rodait encore là, dans son quartier général. Ce jutsu était particulièrement efficace pour détecter les pièges, Fuinjutsu et Genjutsu, et elle ne doutait pas qu’il avait dû sécuriser l’endroit s’il avait prévu d’y rester.
Là encore, rien. Voilà qui devenait agaçant. Avaient-elles fait tout le trajet jusque-là en vain ? Elle posa son regard sur sa coéquipière. « Je ne vois rien. Ni lui, ni aucune trace de Genjutsu ou de Fuinjutsu. » Et puis, comme elle hésitait encore, les mots des deux jeunes – qui n’avaient d’ailleurs pas eu la force, ni physique ni mentale, de les suivre – lui revinrent en mémoire. « Il nous est tombé dessus sans qu’on puisse le voir, ni le sentir. » Lui arrivait-il la même chose, était-il là, caché dans l’ombre, tel un maître de la dissimulation ? Et comme cette hypothèse paraissait fort probable, soudainement, Junko comprit qu’elles n’avaient véritablement pas affaire à n’importe qui. Car si tel était le cas… « Il pourrait être partout… » murmura-t-elle.
Malheureusement privée de son avantage naturel, Junko n’aurait d’autre choix que de se comporter comme tout un chacun… Pour savoir s’il était là, il faudrait aller voir en personne.
Omura Mifuyu
Uzushio no Jonin
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Les deux femmes avaient commencé cette mission à deux, et c'était à deux qu'elles la termineraient. Elles avaient laissé une chance aux deux tristes survivants de l'expédition de se joindre à elles, mais ils n'avaient pas eu le courage d'accepter. Pour être honnête, cela rassurait la vieillarde, qui n'avait nullement envie de se charger de boulets à moitié crevés. Il y avait toutefois un risque, celui que les deux hommes ne rejoignent jamais l'embarcation, fauchés par les dangereuses créatures qui habitaient ces marais. Ce serait bien malheureux, il fallait l'avouer, bien que personne n'aurait jamais à connaître la culpabilité des Jonin qui, face à une situation compliquée, n'avaient pas eu la patience de les raccompagner, quand bien même elles avaient obtenu l'antidote tant convoité. C'était un calcul simple qui s'était effectué dans la tête de la doyenne : le bénéfice qui découlerait de l'identification du traître était bien supérieur aux réprimandes qu'elles pourraient recevoir si les deux shinobi amateurs étaient retrouvés morts et mutilés. C'était donc un risque à prendre, ainsi elles se dirigèrent vers la tour en surpassant les difficultés mises sur leur chemin par la nature sauvage de ce lieu nauséabond.
Elles arrivèrent finalement au pied du phare qui, comparé à la taille d'enfant de la Sorcière, paraissait bien impressionnant. En le voyant visiblement abandonné, elle eut d'abord un mouvement de déception. Etaient-elles arrivées trop tard ? Probablement, mais il fallait vérifier. La porte était grande ouverte et aucun piège visible à l'œil nu. Beaucoup de poussière semblait s'être déposée à l'intérieur, comme si ces lieux n'avaient pas été visités depuis des mois. Et c'était sûrement le cas. Un instant, Mifuyu pensa qu'elles avaient été mal renseignées par ces couards qui, honteux d'être revenus blessés et d'avoir abandonné leur équipe, avaient monté ce mensonge afin de préserver l'illusion qu'ils n'avaient pas été tout à fait inutiles non plus.
La déception passée, elle fut finalement intriguée par ce vieux bâtiment qui offrait une vue plongeante sur la quasi-totalité du marais. Effectivement, si des ennemis avaient soupçonné l'envoi de shinobi de la part du village des tourbillons, cet endroit serait le meilleur pour les observer. Peut-être lui avait-on donné cet aspect décati et désaffecté par volonté. Peut-être étaient-elles prises dans une illusion, ou peut-être l'endroit était-il truffé de pièges. Peut-être était-ce même les deux. Dans tous les cas, il y avait fort à parier que l'ennemi était passé par ici malgré l'apparent contraire.
Pourtant, Junko lui assura qu'aucun piège ne se trouvait dans les parages, ou en tout cas aucun qu'elle n'avait été en mesure de déceler. Alors que les preuves s'accumulaient pour innocenter cet étrange monument – seul vestige humain dans ce lieu sauvage – l'angoisse augmentait paradoxalement dans le corps de la vieillarde. Elle avait ce sentiment désagréable, comme l'on retrouvait souvent chez un shinobi d'expérience, que quelque chose ne tournait pas rond, qu'un puissant adversaire se trouvait autour d'elles, qu'elles étaient peut-être observées en ce moment même.
"On ferait bien de monter alors. Mais par l'extérieur, ce sera plus prudent." Dit-elle à son équipière. C'était là encore l'un des mystères de l'esprit humain : par un calcul logique, la doyenne en avait naturellement déduit que l'adversaire devait les attendre en haut de la tour, comme si lui-même avait pris le temps de monter, alors qu'il pourrait tout à fait en être autrement. Il était tout aussi possible qu'il les attende à deux pas d'elles, au pied du phare, peut-être même dans les arbres environnants, et qu'il n'attendait qu'une chose : qu'elles montent, qu'elles s'enferment d'elles-même dans cet impressionnant amas de pierres qui serait leur tombeau.
D'un autre côté, pourquoi se cacher dans une tour si ce n'était pas parce que son sommet offrait un avantage évident à celui qui s'y trouvait ? Sur cette pensée réconfortante, les deux kunoichi entamèrent la montée de l'édifice le plus silencieusement possible, bien que Mifuyu doutait que cette précaution ne suffise. Armée de ses scalpels, elle était consciente qu'elles avaient plus de chances d'être surprises que de surprendre.
Ayant entendu le dialogue des deux femmes, l’être se tapissant dans les ombres esquissa un sourire, profitant légèrement de l’instant afin de se délecter du prochain meurtre qu’il commettra. Prenant soin d’appliquer son poison favori sur ses lames – et projectiles -, il laissait la moniale et l’enfant grimper, sûre d’elles. Le raisonnement en aurait surpris plus d’un mais c’était sans compter la ruse – mais surtout la malchance – de l’assassin. Il s’était caché, furtivement, derrière la lourde porte d’acier afin de surprendre ceux qui pénètreraient par celle-ci. Manque de chance, elles avaient optés pour une autre méthode, moins dangereuse mais qui s’avérera plus handicapante. Sortant, toujours aussi furtif, parfaitement silencieux, il les observa un instant.
L’escalade du phare se faisait aisément malgré la prudence affichée du couple s’y mouvant. Attentives, soigneuses, elles montaient précautionneusement. Il suffisait d’un regard en arrière – d’un regard attentif et acéré, nul doute -, pour savoir qu’un nouvel élément s’ajoutait au décor. L’être encapuchonné hésita un instant à grimper avec elles, faire sauter la base de la tour et les faire chuter ou continuer avec son propre plan (la fuite n’était pas une option). Toujours souriant, il lança nonchalamment dans un ample mouvement d’aller-retour latéral deux kunais imbibés de poison sur les deux femmes, attendant qu’ils touchent leurs cibles. Se faisant, il grimpait à son tour, dégainant ses courtes lames (attention, ça tranche et ça pue le liquide de lâcheté), préparé à un combat endiablé sur un monde à l’envers, tel un funeste funambule. Le feu dans ses entrailles, il regardait gravement ses ennemis, espérant les avoir suffisamment affaiblis pour prendre le pas sur elles dès le premier échange. Il était lâche, il le savait mais ça ne l’empêchait pas de vivre, bien au contraire, ça lui facilitait la vie.
« Il faut que je vous avoue un truc : j’aurai préféré me battre dans la tour plutôt que sur son mur, j’ai un peu le vertige. »
Récapitulatif combat:
Santé
100%
Chakra
97%
Résumé :
Lance deux kunais empoisonnés, un chacun (force B – vitesse S), grimpe sur le mur à son tour. Sort de sa furtivité. Il y a une AC.
Techniques et objets utilisées :
Arsenal de base Kunaï Rang : D Quantité : 5 Prix : 100 ryô Description : : Il s'agit d'une petite arme blanche (de la longueur d'une main en moyenne), destinée à blesser au corps à corps, ou bien à servir d'arme de jet. Parfaitement équilibrée et aiguisée, il ne faut pas la sous-estimer. Très courante chez les ninjas, qu'ils soient novices ou très expérimentés. Cette dague est prisée par les assassins, les utilisateurs de Shurikenjutsu et ceux de Bukijutsu[Couteaux/Dagues]. Facile à dissimuler dans une manche ou une botte, on peut en outre y accrocher un parchemin explosif pour maximiser les dégâts lors d'un lancer. Une attache métallique à la fin du manche permet une saisie efficace ou un emploi dans des pièges.
HUILE DU CRAPAUD JAUNE
DOMAINE :
Poison
RANG :
B
TYPE :
Contact
TIMING :
3 tours
DESCRIPTION :
Prélevée sous les pattes de certains crapauds des îles autour de la côte est, cette substance est irritante pour la peau. Une fois concentrée, elle devient très dangereuse : la victime subit des dégâts Elevés pendant, accompagnés par une perte Légère de chakra. De l’eau ne permet pas de se débarrasser de l’huile, et l’essuyer ne fait qu’empirer la situation. Il est en revanche possible de brûler l'huile, ce qui inflige des dégâts Élevés.
Ki Nobori no Shugyô 【Escalade des Arbres】
DOMAINE :
Ninjutsu
RANG :
E
PORTÉE :
Personnelle
CHAMP D'ACTION :
Personnel
DESCRIPTION :
L'utilisateur concentre une partie de son chakra dans ses pieds (ou ailleurs) et le module pour pouvoir marcher sur une surface solide comme un mur ou bien un arbre. Il n'est nécessaire d'activer cette technique qu'une seule fois par combat, peu importe le nombre de fois qu'une surface solide (ou autre) doit être traversée.
CONSOMMATION DE CHAKRA :
Très faible
Feat.
Myōshin Junko
Uzushio no Jonin
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Il était là, en contre-bas. Passer par l’extérieur du phare avait été vain, il s’était caché dans leur dos et avait eu l’avantage de la surprise. Il les avait touchées en premier – ou, du moins, il avait touché Junko. Mais ce que la dame ne savait pas, c’est qu’elles avaient certainement échappé à une embuscade bien plus dommageable. Elle ne l’avait absolument pas senti, jusqu’au dernier moment. Il avait tenu ses talents de senseur en échec et elle devait admettre que, l’agacement passé, elle craignait cette situation. Elle avait développé ces capacités car elle ne supportait plus d’être en permanence à cran, paranoïaque, effrayée de se faire prendre par surprise… Mais voilà qu’il la replongeait dans ce cauchemar, qu’il la sortait de sa zone de confort.
Ce fut la douleur de l’arme qui l’informa sur la présence de leur ennemi dans leur dos. Elle n’avait même pas eu une chance d’esquiver, trop absorbée dans sa tâche, trop certaine d’arriver à le détecter, alors qu’il commettrait une erreur. Mais l’erreur, c’était elle qui l’avait faite, et la pointe qui l’entailla la fit faire volte-face. Le mal était fait, néanmoins, et elle se rendait bien compte que ce qui l’avait touché n’avait pas été qu’une lame. Quelque chose de visqueux s’était collé à elle et lui rongeait la peau de façon particulièrement désagréable. Elle avait décidé de l’ignorer pour le moment, bien plus préoccupée par la présence du criminel, mais si cette chose continuait à la ronger cela allait poser problème. Peut-être que Mifuyu en saurait plus et l’avertirait si la substance s’avérait véritablement toxique.
Ainsi donc, elle l’avait regardé gravir la tour à leur suite, mais elle n’était pas restée inactive. Réagissant au quart de tour, elle avait rebondi sur sa remarque. « Tu devrais peut-être laisser tomber, alors… Ce sera trop difficile de te battre ici. » Cette phrase, la réplique qu’elle lui offrait, était bien plus que de simples mots. Il ne s’en rendrait peut-être pas compte tout de suite, mais il se sentirait glisser, peu à peu, dans la torpeur. Sa volonté s’effriterait, ses sens s’amenuiseraient… Jusqu’à ce que les ténèbres l’engloutissent complètement.
Il lui avait offert le Genjutsu des Mots Prononcés sur un plateau. Quel dommage… Elle sourit doucement et, dans son regard, il n’y avait aucune pitié. Ne pas voir ou sentir l’ennemi l’avait effrayée, c’était vrai. Mais à présent qu’elle le voyait, en chair et en os, il n’était rien de plus qu’un humain quelconque. Hormis se cacher, que savait-il faire ?
Omura Mifuyu
Uzushio no Jonin
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Pas à pas, lentement, prudemment, la Sorcière montait le flan de la tour. Bien qu'elle n'eût pas de sens mystiques particulièrement développés, et que la tache de les avertir d'un danger revenait surtout à sa camarade, elle s'efforça de rester en alerte, guettant derrière chaque fenêtre qu'elles apercevaient en grimpant. Elle cherchait n'importe quel indice qui pourrait les éclairer sur les pièges qui les attendait à l'intérieur – car il y en avait au moins un, elle en était certaine. Elle pensait pouvoir fureter une ombre, peut-être les traces du passage d'un shinobi ou, pire encore, des restes de parchemins explosifs qui auraient été placés là pour enterrer les deux femmes vivantes sous les larges pierres calcinées de la bâtisse, résolvant ainsi le problème de la Ligue en quelques secondes.
Étrangement, pourtant, l'idée ne lui vint pas d'inspecter une nouvelle fois le pied de la tour qui, alors qu'elles s'y tenaient seulement quelques secondes – ou minutes – auparavant, paraissait parfaitement normal, ou du moins inoffensif. Ah, si seulement elle y avait pensé ! Elle ne serait pas ainsi prise tant de honte que de rage, alors qu'elle tâtait le filet de sang qui coulait de son flanc droit après le passage du kunai de l'ennemi. Rapidement, elle se retourna, prête à la contre-attaque, alors même qu'elle se rendait compte, de par la viscosité de la zone touchée, que l'arme de jet n'était pas tout à fait inoffensive. C'était même tout l'inverse. Elle n'avait pas besoin de l'analyser longuement pour comprendre qu'il s'agissait de la même substance que celle qu'elle avait retrouvée sur les anciens membres de l'expédition. Malheureusement, comme elle s'en était déjà rendue compte à ce moment, elle ne disposait d'aucun antidote à portée de main. Elle fut néanmoins rassérénée par une simple constatation qu'elle transmit immédiatement à sa partenaire.
"Le poison n'est pas mortel. Il va falloir faire avec la douleur pour l'instant. Ne gratte pas, ça n'empirera que les choses."
Dans une telle situation, face à un adversaire aussi sournois que l'on le leur avait présenté, la simple assurance que ce poison n'entraînerait pas directement leur mort avait quelque chose de rassurant. Même si elle ne maîtrisait pas elle-même ce poison, une experte de son calibre en connaissait au moins l'existence et les caractéristiques principales.
Une fois ses quelques indications dispensées, elle ne voulut pas laisser à leur assaillant le temps de reprendre l'assaut, sans savoir que Junko avait déjà tenté de l'enfermer dans une illusion. Tournoyant soudainement à une vitesse folle dans une chorégraphie macabre, l'ancêtre gagna rapidement la distance qui la séparait de sa proie. Armée de ses scalpels qu'elle agitait sans cesse – mais de manière organisée – la rotation engagée par ses pieds, entraînant le reste de son corps, lui servait de protection aux éventuels projectiles empoisonnés que l'homme aurait la mauvaise idée de jeter à nouveau. Finalement, quand la Sorcière atteignit le corps-à-corps, elle s'arrêta en donnant un grand coup sec dans le sol de son pied droit pour regagner son équilibre immédiatement ; avant d'enchaîner sur une attaque qu'elle espérait décisive grâce à l'effet de surprise. En effet, après un rapide mudra, ses deux paumes s'illuminèrent d'une certaine lueur verte qui ne manquera pas de rappeler à l'homme une technique médicale – alors qu'en vérité, les initiés reconnaîtront sans mal une technique hautement offensive et handicapante. Par instinct, ou plutôt par réflexe, elle visa au niveau de la cage thoracique, qui restait probablement la zone du corps la plus simple à toucher.
Ricanant silencieusement, fier de son plan sournois, il fit l’erreur de tendre l’oreille pour percevoir l’évolution du combat. S’il riait de la réplique niaise et désespérée de ce qui lui semblait être la moniale, il ne rit bientôt plus, entraîné dans un monde silencieux, vide, d’une noirceur édifiante. Sourire effacé, il ne voyait rien, ne ressentait rien si ce n’est une douleur poignante qu’il ne connaissait que trop bien : là, en lui, se trouvait un manque virulent, une chose mouvant chaque humain vers l’extraordinaire : le courage. Plongeant alors dans la noirceur de ses propres pensées, il ne put s’extasier odieusement devant la réussite extraordinaire de sa fourberie extrême. Sur le flanc de la tour, la trentenaire ne saura jamais qu’elle plongeait le vrai adversaire dans un chaos de terreur en même temps que son clone gargouillant maintenant des imbécilités face au couple d’Uzu. D’une fulgurante vitesse, la sorcière s’était projetée avec férocité sur l’être, une forte envie de mettre un terme aux pérégrinations de cette mission. Puis, le monde bascula.
La déflagration fut d’une violence inouïe, plus puissante qu’une explosion usuelle, elle souffla la tour sur sa moitié, projetant débris et poussière sur un grand cône s’élevant dans les cieux. Le grincement majestueux que celle-ci poussait déchirait le silence de la nature, promesse d’une souffrance de pierre et d’un âpre combat qui se jouait, ici, entre des êtres à la puissance divine pour le simple mortel. Le fourbe se réveillait soudainement de son rêve de désespoir à l’instant où son crâne frappait lourdement sur le sol ; sonné, il se relevait en titubant, la dextre frottant le cuir chevelu qui saignait abondement. Levant les yeux au sommet du phare, il réalisa soudainement : la tour s’effondrait sur elle-même, créant ainsi un tombeau de lourdes pierres : s’il restait ici, il mourrait, assurément. Dans un effort extrême, il se précipitait sur la porte d’acier qui se gondolait sous le poids et sortit tandis que les débris chutaient de plus en plus vite, le blessant à de multiples endroits. Chutant, se relevant, le voilà lancé dans une course effrénée pour la survie, chose qu’il fit toute sa vie.
Quelques longues minutes plus tard, sortant de sa cachette, il inspectait les débris avec un sourire suffisant plaqué sur son visage, le cœur battant d’une vitesse folle, ses intestins plus légers qu’il ne le souhaitait (une honte horrible se lisait aisément sur ses traits). « Alors ? Bande de salopes, vous croyez faire quoi là ? Heeeeeiiiiin ? » Sa tirade bileuse achevée, il crachait son fiel sur les grands blocs de granite pavant le sol, jubilant mais attentif, lame tirée au clair, poisseuse d’un liquide maussade. « Où êtes-vous ? J’vais vous faire des trous d’asticots dans vos p’tits ventres ! » Il avait, décidemment, abandonné toute envie de furtivité, cherchant à rattraper le faible honneur qui lui restait, maintenant tombé et alourdissant son pantalon noir.
Récapitulatif combat:
Santé
60%
Chakra
82%
Résumé :
Première phase : AC révélée : explosion du clone au contact avec Mifuyu, détruit le phare. Se prend malgré tout le genjutsu de Junko mais en sort lors de l’explosion (-30% : réduction liée à la portée extrême de la déflagration) et s’échappe de la tour avant son effondrement (-10% pour les débris).
Deuxième phase : se met en garde. Il y a une AC.
Techniques et objets utilisées :
BUNSHIN DAIBAKUHA 【CLONE EXPLOSIF】
DOMAINE :
Ninjutsu
RANG :
A
PORTÉE :
Moyenne
CHAMP D'ACTION :
Moyen
DESCRIPTION :
L'utilisateur crée ce qui semble être un unique Kage Bunshin. Ce dernier a exactement les mêmes spécificités que les Kage Bunshin normaux. Mais, lors de sa destruction (ou quand l'utilisateur le souhaite), ce clone explose violemment, infligeant des dégâts Très Élevés dans la zone. Un ninja Senseur de rang supérieur ou égal à l'utilisateur pourra noter la différence entre ce clone et des Kage Bunshin normaux (mais il pourra aussi le prendre pour le véritable ninja si son rang est égal à celui de l'utilisateur).
CONSOMMATION DE CHAKRA :
Forte
TECHNIQUE DE BASE :
Kage bunshin (clone d'ombre)
Feat.
Myōshin Junko
Uzushio no Jonin
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Ce fut comme si le ciel s’était effondré et que la terre s’y précipitait. Ses yeux avaient vu l’explosion avaler l’Omura puis, comme une bête affamée, toutes les briques de la tour, les unes après les autres, jusqu’à ce qu’elle perde pieds. C’est alors qu’elle l’entendit : le choc déchira l’air, faisant gronder ses tympans et son corps tout entier. Elle fut projetée en arrière par la déflagration, sans parvenir à se raccrocher aux pierres qui valsaient également. Son esprit comprit vite, mais son corps fut trop lent. Elle chuta, impuissante, jusqu’à toucher le sol lourdement. L’ennemi les avait piégées ! Ou peut-être avaient-elles été inutilement imprudentes, à vouloir précipiter la fin de cette mission. Peu importait à présent… La situation avait dégénéré, mais elles devraient faire avec. Elles ? Se redressant dans les décombres, l’Uzujin cherchait du regard son alliée. Merde ! Elle était si petite, peut-être s’était-elle faufilée dans un trou pour se protéger ? Mais il était difficile de savoir si c’était encore un esprit rationnel qui s’exprimait, ou bien un cœur plein d’espoir… Car l’Omura s’était retrouvée au cœur de l’explosion. Il lui fallait peut-être se faire une raison…
Titubante légèrement, le corps écorché de partout sous l’effet des projections, Junko rejoignait un renfoncement dans les ruines, à présent étrangement silencieuses. Un pan de mur s’était détaché du corps de la tour, mais les briques qui le constituaient étaient restées solidaires, offrant un abri de fortune à la dame. Cachée là, elle tentait de reprendre ses esprits. Deux problèmes : Mifuyu et l’ennemi. Ne sachant pas ce qu’il était advenu de la première, il lui faudrait agir comme si elle était seule, à présent. Quant au second… Il ne pouvait pas être bien loin. A moins que son génie n’ait d’égal que sa lâcheté et qu’il se soit enfui bien loin de là dès l’instant où son clone avait explosé... Se mordant furieusement les lèvres, la dame hésitait. Si vraiment il avait déserté les lieux, elle ne pourrait pas le rattraper, ses capacités de senseur ne suffisaient pas. Elle serra le poing sous l’effet de la colère. Elle s’en voulait, bien sûr. Elles étaient si proches du but ! Elle ne pouvait pas se permettre de partir comme ça, de retourner à Uzushio sans rien – car, à présent, elle se souvenait que c’était Mifuyu qui avait l’échantillon nécessaire à la confection de l’antidote ! Elle soupira, lasse. Si elle revoyait cet enfoiré… Ah, il allait prendre cher !
Et lorsque l’on parlait du loup… Voilà qu’il pointait le bout de sa queue. Elle entendit tout d’abord que l’on marchait non loin, dans les débris, puis le son de sa voix s’éleva. Etait-ce une façon pour lui de se rassurer sur la mort de ses ennemies ? Junko eut un rictus mauvais. Ce type était le pire des lâches. Il les injuriait publiquement maintenant, mais il n’avait fait que se cacher, encore et encore, lorsqu’elles étaient en état de se battre. Il l’écœurait.
« Je suis là. » annonça-t-elle d’une voix forte, alors qu’elle se jetait sur lui depuis sa cachette. Elle ignorait la douleur du poison, la douleur de ses blessures, la douleur de la perte de sa coéquipière. Elle n’était plus elle-même, elle n’était qu’une volonté inébranlable et dévastatrice ; c’était son ultime attaque et elle le savait. Elle donnerait tout. Elle asséna un premier coup sans aucune retenue, du plat de la main droite, visant le plexus solaire de l’homme. Comme à son habitude, elle comptait sur l’effet de surprise pour percer les défenses de ses adversaires. Cette fois-ci, ce fut pour poser un sceau terrible : Jigô Jubaku no In. Le Sceau Maudit. Celui qui, dans la foulée de son apposition, prenait possession du corps de l’homme et le paralysait violemment. S’il ne trouvait pas de moyen de se soustraire à cette technique, c’en était fini de lui. Pour autant, l’Uzujin ne s’arrêtait pas là. Elle abattit son poing gauche sur la mâchoire de l’ennemi, puis le droit de nouveau, et encore le gauche… Et, finalement, elle ne s’arrêta plus, enchaînant les coups machinalement, avec toute la force qui lui restait. Elle frappa, encore et encore. Elle frappa jusqu’à ce que les jointures de ses doigts rougissent et que sa peau soit à vif. Jusqu’à ce que l’homme ne ressemble plus à un Homme. Jusqu’à ce que la mort emporte un de ces deux êtres…
Elle finit par rater un coup et, chancelante, elle se rattrapa de justesse en reculant d’un ou deux pas. Sa vue s’était troublée. Elle avait choisi d’ignorer la douleur, mais celle-ci la rattrapait peu à peu. Elle souffla bruyamment, la tête lui tournait. En avait-elle trop fait ?
C’est la Mort qui console et la Mort qui fait vivre ; C’est le but de la vie, et c’est le seul espoir Qui, divin élixir, nous monte et nous enivre, Et nous donne le cœur de marcher jusqu’au soir.
Omura Mifuyu
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Fiche du Ninja Grade & Rang: JOUNIN - RANG A Ryos: 1105 Expérience: (2719/2000)
Elle y était. Le bout de ses doigts entrait en contact avec la chair de sa proie qui, bientôt, ne serait plus qu'un pantin désarticulé qu'il serait bon d'égorger pour enfin mettre fin à cette mission éprouvante. Elle était impatiente d'en terminer, impatiente de ramener l'antidote au village pour s'acheter les faveurs de la Ligue. Impatiente de changer de corps, impatiente de mener sa petite révolution et de ramener les Omura vers la lumière. Impatiente, oh oui, elle l'avait été. Bien trop. Et elle allait en payer le prix fort.
La doyenne sentit quelque chose se tramer sous ses doigts d'enfants. La peau ne réagissait pas comme elle le devrait et, avant qu'elle ne comprenne pourquoi, il était déjà trop tard. Le clone allait exploser, avec une puissance si forte qu'il aurait pu souffler la Sorcière avec si elle n'avait pas eu le réflexe de former une boule avec son corps, perdant alors l'emprise qui raccrochait ses pieds à la tour. Tant pis, il fallait mille fois mieux tomber que voir sa cervelle sauter hors de son crâne. Au contraire, elle avait même accepté de se jeter au sol : lors d'une explosion, il était évidemment bénéfique que le corps se dirige dans le sens du souffle que dans le sens inverse. Mifuyu appliqua cette théorie et parvint non pas à s'éloigner à temps pour en ressortir indemne mais, grâce à l'alliage de son agilité légendaire et à la distance prise en urgence, elle parvint à surmonter la surprise pour n'encaisser qu'une partie de l'explosion – certes conséquente, mais non mortelle.
Le souffle, toutefois, la projeta avec une violence terrible vers le sol de la tour, où elle s'écroula avec fracas, sentant chacun des muscles de sa colonne vertébrale vibrait au contact de la terre et de la pierre calcinée. Ses tympans étaient eux aussi sonnés. Dans son immense douleur et privée de la faculté d'entendre alliés comme ennemis, le corps minuscule de la doyenne se faufila sous un pan de mur qui tenait en équilibre sur ce qui jadis avait été un pilier et qui se retrouvait maintenant renversé. Ainsi, elle était normalement à l'abri de la vue de son assaillant, au moins le temps de remettre ses idées en place. Mais elle était misérable, à vomir.
Elle ne saurait dire combien de temps elle resta ainsi, recroquevillée sur elle-même, certes trop fière pour prier pour son salut mais terrifiée à l'idée de mourir. Elle avait de grands plans pour l'avenir et un lâche comme cet homme ne pouvait pas être la cause de la fin de l'existence de l'infâme Sorcière. Non, il fallait l'annihiler à tout prix.
Des bruits de pas, puis une voix, et enfin une autre, la tirèrent de cette somnolence forcée et réanimèrent le corps rafistolée de cette femme qui, en cet instant, n'était plus qu'une bête féroce réclamant vengeance. Elle enduisit ses si précieux scalpels d'un liquide dégoûtant qu'elle avait sorti d'une fiole qui avait été protégée par le pli de sa sacoche pendant la chute. Elle releva la tête doucement, la faisant d'abord simplement dépasser de sa cachette jusqu'au niveau des yeux pour observer l'origine de ces sons. Junko, dans un ultime effort, semblait se déchaîner sur celui qui les avait si honteusement – mais avec un succès clair – piégées.
Elle aussi, dans un élan de rage, se releva et fondit sur son adversaire, ses lames recouvertes de l'immonde liquide qu'elle ne tentait même pas de cacher – en effet, un œil observateur remarquerait sans les gouttes qui coulaient sur le sol de cette zone chaotique au fil de la course de la doyenne. Cette dame pourtant si vieille était connue pour son incroyable vitesse, c'était d'ailleurs bien ce don qui venait de lui sauver la vie, et elle comptait dessus pour rejoindre la mêlée avant que son adversaire n'ait le temps de s'enfuir. Alors qu'elle n'était plus qu'à quelques mètres, elle distingua le visage extenué de sa partenaire. Chancelante, elle ne tiendrait plus et Mifuyu se retrouverait seul avec cet immonde individu. Il fallait agir vite.
Elle freina sa course en donnant un coup de pied rasant le sol afin d'en faire soulever la poussière – après une telle explosion, ce n'était pas ce qui manquait ici – et de l'envoyer dans le visage du shinobi. Son premier coup serait le plus important : elle espérait bénéficier de ce léger handicap pour frapper là où ça faisait mal. A défaut de pouvoir arracher le cœur de l'homme à mains nues, elle tenta d'y plonger son scalpel dans un effort d'une précision mortelle, coup dans lequel elle mit toutes ses forces.
A ce stade, la femme-enfant n'avait plus rien d'humain. Telle une véritable panthère, et comme l'avait fait son équipière juste avant, elle voulut ruer de coups son adversaire, enchaînant ses griffures avec une vitesse folle. Elle tentait de le frapper une nouvelle fois au cœur afin d'être sûr que plus jamais cet homme ne se relèverait et, surtout, pour lui apprendre que jamais il n'aurait dû s'en prendre à la Sorcière. Elle comptait également sur les effets du poison pour en faire un bon toutou docile qu'elle pourrait anéantir sans grande peine. C'était un moyen pour elle de vaincre l'humiliation de s'être si bêtement jetée dans son piège.
Enfin, les coups se firent de plus en plus lents et, dans la tête de Mifuyu, le monde se fit de plus en plus flou. Elle tenait encore debout pour le moment, mais n'allait probablement pas tarder à s'écrouler. Ce combat avait été éprouvant et, mieux valait espérer que cette ordure était morte, sans quoi elles y passeraient toutes les deux...
Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’un monstre de suie et de poussière sortit du tas de pierre, la rage au corps, le cœur au bord des lèvres, une chevelure de feu. La violence de l’impact désarçonna l’assassin qui ne put esquiver un toucher qu’il anticipa comme dangereux ; et la soudaine paralysie qui le prit lui donna raison. De grossières marques noires lui barrèrent le visage tandis qu’une douleur inouïe le clouait au sol, un genou à terre, à la merci de la rage désespérée de la moniale qui s’acharnait sur lui. Le premier coup permit à l’assassin de reprendre ses esprits et au prix d’un effort effroyablement douloureux, sentant ses forces s’épuiser par là même, il se libérait de l’emprise terrifiante de son adversaire et d’un autre effort, s’écartait de la bête furieuse qui continuait à frapper dans le vide puis les rochers, sans se rendre compte que sa victime s’était échappée.
Stupéfait par une telle furie, sa lâcheté motivait ses faits et gestes, des larmes coulant sur ses joues, incontrôlées, et seules un éclair de douleur lui fit abandonner toute notion d’un tel sentiment : il mourrait. La sorcière d’uzu à l’apparence d’enfant venait d’expulser, d’un coup meurtrier, tout l’air présent dans ses poumons provoquant une exclamation pleine de surprise et d’une douleur qu’il ne comprit pas ; il ne l’avait pas vu venir lui faisant dos : la lame avait frappé directement à la colonne vertébrale, sectionnant par là même la moelle épinière. Cette fois-ci, il ne put se forcer à retrouver possession de ses moyens tandis qu’il sombrait dans les ténèbres, ne voyant plus rien, n’entendant plus rien, ne pouvant plus bouger, gargouillant d’un sang jaunâtre qui fusait à profusion entre ses dents, signe d’une consommation excessive de drogues adoucissantes, il chutait lourdement. Dans un sursaut de vie, ses membres se raidissaient, ses yeux s’écarquillaient, sa bouche formait un rictus ignoble de douleur et de peur.
Les deux femmes, épuisées par l’effort colossal qu’il fallut déployer pour venir à bout de l’assassin n’avait plus beaucoup de choix : se reposer ou mourir. Cela dit, suite au repos (à moins que les tendances suicidaires de l’une d’elles ne se manifestent), elles comprendraient que leur seul moyen d’obtenir des informations sur le traître présent dans la Ligue venaient de s’envoler. Une nouvelle enquête était à prévoir… de même que de nouveaux attentats et manigances à Uzu.
Récapitulatif combat:
Santé
0%
Chakra
49%
Résumé :
Se prend le sceau maudit d’affliction (-25%) et un coup de poing (-5% - réduit par la constitution rang A) avant de pouvoir se libérer (consomme une quantité très forte de chakra : -33%, perte d’une technique pour ce tour) et esquiver le restant des frappes. Le perce-cœur de Mifuyu suffit à le mettre hors combat (-40%) instantanément.
Félicitations !
Techniques et objets utilisées : Néant.
Feat.
Myōshin Junko
Uzushio no Jonin
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Fiche du Ninja Grade & Rang: JOUNIN - RANG A - Arpenteur des Six Chemins du Cercle d'Argent Ryos: 1704 Expérience: (2166/2000)
Elle avait senti les ténèbres l’attirer, inexorablement, et son corps s’alourdir. Que pouvait-elle y faire ? Elle ne parvenait plus à lutter, ne voyant déjà plus son ennemi. Etait-il toujours là ? L’avait-elle vaincu ? Elle sentait tous ses muscles se tendre et la maintenir debout, mais sa volonté s’effritait enfin et c’était comme si son énergie achevait de quitter son corps. Il lui sembla voir une ombre passer devant ses yeux, mais elle n’était certaine de rien. Alors, elle finit par s’y résoudre : pour une fois, les Dieux décideraient de son sort. Et elle s’écroula au sol, sombrant pour de bon.
[…]
Ce fut un rayon de Soleil qui, réchauffant sa joue creusée, la sortit de sa léthargie. Elle ouvrait les yeux avec douleur et redécouvrait le monde. Quelle heure était-il ? Tout semblait si différent ; la brume s’était levée et la lumière donnait une toute autre couleur à l’endroit. Tournant sa tête ankylosée avec difficulté, elle put constater qu’elle se trouvait bien dans les décombres de ce qui avait été autrefois un phare imposant. Elle la reconnaissait, la scène de leur dernier affrontement. L’ennemi l’avait-il laissée pour morte ou avait-il succombé avant qu’elle ne s’écroule ?
Il ne lui fallut guère longtemps pour trouver la réponse lorsqu’elle vit le corps sans âme de son assaillant, gisant non loin, et puis à ses côtés… Mifuyu. En voyant la femme au corps d’enfant, elle eut un sourire qui en disait long. Si son corps n’avait pas été transi de douleur, elle en aurait même rigolé franchement. Sacré femme que cette Omura ! Et dire que la moniale s’était sincèrement inquiétée de son état à la suite de l’explosion… Ah, elle ne s’en ferait plus à l’avenir ! Cette femme en avait dans le ventre.
Il lui fallut encore un peu de temps pour remettre son corps en état de marche, mais elle pouvait d’ores et déjà être rassurée, elle était hors de danger à présent. C’étaient ses réserves de chakra qui lui avaient fait défaut, mais ses blessures bien que profondes n’avaient pas été mortelles. Avec le temps et un bon repos forcé, elle avait tranquillement repris du poil de la bête. Difficile de déterminer combien de temps elle était restée inconsciente précisément, en revanche… Mais ce n’était pas si grave, apparemment personne ne les avait trouvées là.
Avaient-elles vaincu tous leurs ennemis pour autant ? Junko se relevait finalement, faisant grincer ses articulations, et rejoignit sa coéquipière aux côtés du corps inanimé de leur adversaire. « Alors… C’est terminé ? » demanda-t-elle. « C’est lui le responsable ? » Elle posait la question, mais dans le fond elle connaissait déjà la réponse. Lui et les deux autres morts qu’elles avaient laissés dans le marécage étaient liés à cette affaire d’empoisonnement, mais rien ne pouvait leur confirmer qu’ils fussent les seuls vraiment impliqués. C’était tentant de le penser, d’autant que ce type manipulait le poison… Mais comment s’en assurer ? Comment être certaine qu’il ne fût pas un simple exécutant et qu’un commanditaire n’œuvrât pas encore dans l’ombre de la Ligue ?
Elle soupira, embêtée. Cela ne servait à rien de rester-là, malheureusement. Toutes leurs pistes s’arrêtaient brutalement avec la mort de leur ennemi. Cela dit, elle ne regrettait pas que les deux femmes se soient débarrassées de lui, c’était ça ou la mort, assurément. « Je suppose qu'on devrait le ramener à Uzu, pour le faire identifier… » avança-t-elle simplement.
Omura Mifuyu
Uzushio no Jonin
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Fiche du Ninja Grade & Rang: JOUNIN - RANG A Ryos: 1105 Expérience: (2719/2000)
Un coup, puis un autre, et encore un autre, formant ainsi l'enchaînement funeste d'une fameuse danse macabre. La Sorcière, épuisée mais s'accrochant à la vie avec la même hargne qu'elle l'avait toujours fait – c'est-à-dire avec une volonté incontrôlée et presque mystique – ne savait même plus si elle faisait mouche ou non. Il lui sembla entendre des cris, d'abord un particulièrement puissant, à l'issu de son premier coup mortel, puis d'autres, plus affaiblis, mais en réalité elle serait bien incapable de dire si ces cris provenaient de son adversaire ou bien d'elle-même. Tout comme sa partenaire avant elle, la doyenne finit par s'écrouler une nouvelle fois dans la poussière des débris du phare ; enfin, tout devint noir.
Junko se réveilla la première, du moins c'est ce qui sembla à la chirurgienne quand elle émergea enfin. Maintenant que l'adrénaline était retombée, il lui fallut un peu de temps pour comprendre où elle se trouvait, ayant pour seul indice l'atroce douleur qui s'était emparée d'elle pendant son sommeil. Elle sentait les retombées des crampes qui avaient agité frénétiquement ses bras tandis qu'elle dardait son ennemi de tant de coups mortels, mais également les contusions multiples qui, pour certaines étaient dues à l'explosion et pour d'autres à la chute.
Progressivement, la mémoire lui revint. En voyant les décombres du phare et ses pierres calcinées, elle se remémora leur mission, l'expédition précédente ainsi que le combat final dont l'intensité avait remué en elle tous les souvenirs de la guerre. Ses doigts maigres et épuisés tentèrent de s'agripper au sol terreux et poussiéreux qui se dérobait inéluctablement à son emprise. Elle resta ainsi, pathétique, l'espace d'une bonne demie-minute avant de parvenir finalement à relever sa tête et à se dresser sur ses tibias chancelant. Soudain, une peur étreignit son cœur vieilli comme si elle eût été prise au cou : leur ennemi était-il toujours ici ? était-il mort ? étaient-elles en sécurité ? depuis combien de temps dormaient-elles ? Elle inspira une grande bouffée d'air pour reprendre son calme. Elle aperçut Junko penchée par-dessus le corps inanimé d'un homme, qu'elle crut reconnaître comme étant leur assaillant bien qu'en réalité, elle n'eut pas réellement l'occasion de l'observer en détail auparavant.
Elle se rapprocha en titubant de la Junin, sentant qu'un véritable lien de respect – ou en tout cas de confiance mutuelle – s'était tissé avec elle ; c'était là l'un des seuls bienfaits de la guerre, se dit-elle. Contemplant d'abord le cadavre sans bruit, arborant un léger sourire déçu, la Sorcière s'exprima finalement en ces termes :
- En effet, je pense que c'est terminé. On obtiendra rien d'autre ici, on ferait mieux de déguerpir avec lui avant qu'un autre dégénéré de son espèce ne nous fasse exploser une seconde tour. Elles entreprirent alors de porter – difficilement – le corps inanimé de l'assassin pour le rapporter à Uzushio. On a pas de réponse, mais au moins nous avons de quoi faire l'antidote, dit-elle en tapotant sa sacoche qui contenait les ingrédients nécessaires à sa réalisation.
Au fond, même si les deux femmes avaient accompli leur ordre de mission, Mifuyu s'en voulait de n'avoir su tirer aucune information sur le traître agissant au sein de la Ligue. Un tel individu étant tellement dangereux, il ne faisait aucun doute qu'une nouvelle équipe devrait être dépêchée pour enquêter. Elle espérait toutefois que ramener le poison pour sauver le dirigeant de l'organisation marchande suffirait à obtenir sa confiance pour ses projets à venir. A ce sujet, elle glissa une remarque à Junko qui, bien qu'elle pût passer pour un simple compliment, signifiait bien plus que cela dans la bouche de la Sorcière.
- Ce fut un plaisir de me battre à tes côtés, lui dit-elle sur un ton plus léger qu'à l'accoutumée, presque maternelle. Je ne doute pas que nous en aurons de nouvelles occasions très prochainement.
C'est ainsi que les deux femmes rentrèrent péniblement à Uzushio et firent leur rapport. Comme demandé, Mifuyu réalisa l'antidote qui fut donné avec moult précautions de sécurité à la Ligue.
Lance deux kunais empoisonnés, un chacun (force B – vitesse S), grimpe sur le mur à son tour. Sort de sa furtivité.
Il y a une AC.
Techniques et objets utilisées :
Kunaï
Rang : D
Quantité : 5
Prix : 100 ryô
Description : : Il s'agit d'une petite arme blanche (de la longueur d'une main en moyenne), destinée à blesser au corps à corps, ou bien à servir d'arme de jet. Parfaitement équilibrée et aiguisée, il ne faut pas la sous-estimer. Très courante chez les ninjas, qu'ils soient novices ou très expérimentés.
Cette dague est prisée par les assassins, les utilisateurs de Shurikenjutsu et ceux de Bukijutsu[Couteaux/Dagues]. Facile à dissimuler dans une manche ou une botte, on peut en outre y accrocher un parchemin explosif pour maximiser les dégâts lors d'un lancer. Une attache métallique à la fin du manche permet une saisie efficace ou un emploi dans des pièges.
【Escalade des Arbres】
Il n'est nécessaire d'activer cette technique qu'une seule fois par combat, peu importe le nombre de fois qu'une surface solide (ou autre) doit être traversée.