Si le jeune homme passait le plus clair de son temps à s'entraîner, aussi bien pour simplement passer le temps que pour se maintenir au top niveau, il devait bien avouer ne jamais se sentir vivant que dans une situation de stress comme seule une mission pouvait lui en fournir. Sa dernière mission en date remontait à plusieurs semaines et, entre ses sessions d'entraînement et l'anniversaire de la mort de son défunt camarade, il avait fini par tourner en rond tel un lion en cage. Il avait foncièrement et profondément besoin d'action, besoin de faire bouger les choses, besoin de faire quelques chose de ses dix doigts et, lorsqu'il était forcé à l'inaction, il était comme une bombe à retardement que personne ne pouvait désamorcer. Il tournait en rond, faisait les cents pas et finissait surtout par devenir irritable car de plus en plus sur les nerfs, comme un accroc attendant sa prochaine dose.
Un beau matin il s'était donc concerté avec sa plus vieille partenaire t avait décidé de demander une nouvelle mission car sa patience était arrivée à son terme. Certes d'habitude un troisième larron se mêlait généralement au duo, sans quoi leur équipe ne serait jamais complète, mais pour l'heure deux jounins devraient faire largement faire l'affaire pour la mission assignée. Et puis, à bien y réfléchir, à quand remontait la dernière fois où les jumeaux Tadake avaient travaillé ensemble ? Trop longtemps, bien trop longtemps.
Kyoshiro avait donc laissé sa moitié lui lire les détails de la mission et, fort de ces informations, avait décidé de laisser derrière lui son habituel bandeau frontal aux couleurs de Konoha. Pourquoi ? Parce que cette mission appelait à une certaine discrétion et, de ce fait, l'implication de Konohagakure ne devait pas être connue. Les shinobis n'étaient-ils pas des guerriers de l'ombre de toute façon ? Pour tout dire l'idée de devoir tuer une femme ne l'enchantait pas plus que cela, la faute à son trop grand cœur sans doute, mais il n'était pas du genre à aller à l'encontre de ses ordres.
Ce n'était pas la première fois qu'il faisait couler du sang pour assurer la sécurité de Konoha et, de vous à moi, ce ne serait certainement pas la dernière ? Le duo s'était donc mis en route vers le pays des sources chaudes, - destination assez peu connue du jeune aveugle – à un rythme soutenu. Qu'allaient-ils y trouver ? Comment s'y prendre ? Ils verraient bien une fois sur le terrain.
Spoiler:
Amant et déshonneur
Je sais que ma très belle femme, Wakaba Anzu, n'est avec moi que pour la richesse et le statut de messager du Daimyo lui apporte... Mais je ne pensais pas qu'elle irait jusqu'à me trahir, ainsi que mon Seigneur. Je la soupçonne d'avoir un amant au Pays des Sources Chaudes, où elle passe beaucoup de temps en "villégiature" alors que mon travail me fait longuement parcourir le Pays du Feu. Pire, des indices me laissent croire qu'elle a copié certaines des missives confidentielles que m'avait confiées le Daimyo et qu'elle les revend, sans doute au porc qu’elle aura séduit. Rattrapez-la et éliminez-la discrètement, elle et son amant. Personne ne doit être au courant de ma disgrâce et de ma faute d'avoir laissé accessible les courriers de son altesse à celle que je croyais être une épouse peu aimante mais digne de confiance. Maquillez leurs décès en accidents ou attaques de bandits, afin que mon cocufiage et mes secrets ne soient pas dévoilés.
Objectif secondaire : découvrez qui s'intéresse ainsi à la correspondance du Daimyo . (+50 ryô)
Commanditaire : Wakaba Satoshi, noble messager du Daimyo du Pays du Feu.
Le soleil venait à peine de se lever lorsque son frère était venu lui rendre visite, chose qui se faisait rare ces derniers temps. Était-ce le manque de temps ou bien les pensées sombres qui les habitaient tous les deux? Pourtant malgré cela, il fut facile pour la jeune femme de déceler chez son jumeau une excitation nouvelle et de l'impatience. Il n'était pas venu par simple courtoisie mais pour demander à la jeune femme de l'accompagner dans une nouvelle mission. Bien évidemment, elle ne refusa pas de l'accompagner, bien au contraire. C'était l'occasion pour eux de se retrouver comme au bon vieux temps. Ils leur étaient même difficile de se rappeler la dernière fois où ils avaient fait équipe.
C'était Kyoshiro qui avait pris l'initiative de se rendre dans le bureau de l'Hokage afin de prendre en main les instructions, mais ce dernier lui confia le parchemin où toutes les informations nécessaires à leur travail étaient instruites. Bien que l'histoire pouvait paraître bien anodine, cela l'était beaucoup moins au regard du statut des concernés. Il y avait là une preuve flagrante de négligence qui pouvait salir la réputation de tous mais aussi mettre le pays en danger en fonction des fuites issues des copies de rapports volés. Sur le principe, la mission était simple : éliminer ceux qui avaient mis le pays en danger, à la fois la femme frivole et cupide, ainsi que l'amant qui était impliqué dans le péché de sa maîtresse.
" Je vois qu'il va falloir que nous fassions preuve de discrétion et de subtilité. Le plus difficile sera sans doute de remonter à la source afin de savoir qui s'intéresse à la correspondance du Daimyo. "
Les deux jeunes gens étaient sur la même longueur d'onde, et comprirent qu'il fallait empêcher de faire le moindre lien entre eux et Konoha, sous peine de placer les terres du feu dans une situation encore plus délicate. Pour se faire, il fallait qu'il abandonne tout simplement leur identité. Il ne serait plus les jumeaux Tadake, ni même des shinobis de Konoha. Un autre nom et une autre vie à inventer en guise de couverture. Ce n'était pas la première fois qu'ils devaient se lancer dans de telles missions, mais il est vrai que jusque là, cela n'avait jamais touché une sphère aussi proche du Daimyo. Mais une mission était une mission. Cela n'enchantait pas toujours Yuriko mais il était question de la sécurité du territoire. Si deux vies sacrifiées pouvaient sauver tout un peuple, cela était peu cher payer... même si toute vie demeurait importante.
Cela pouvait-il paraître paradoxal pour la kunoichi? En un sens, sans doute. Elle avait appris l'art des jutsus médicaux pour sauver des vies, mais voilà qu'elle était vouée à en voler d'autres. Cette bivalence aurait pu lui causer quelques soucis d'éthique, mais ce n'était pas sans qu'elle se rappelât d'où elle venait. C'était grâce à Konoha qu'elle avait pu s'élever et apprendre son savoir. Exécuter des missions comme celle-ci était une manière de rendre la pareille.
Sans plus tarder, la jeune femme se prépara pour la longue route qui la mènerait elle et son frère en direction des sources chaudes. Pour se faire, la délicate shinobi avait pris le soin d'effacer tout ce qui pourrait trahir sa fonction de ninja. Elle était capable de travailler son attitude et ses gestes pour les rendre moins soupçonneux et se faire passer pour une femme tout à fait commune. Grâce à ces manières et son élégance, elle pouvait même se faire passer pour une jeune bourgeoise, raison pour laquelle elle choisit de prendre avec elle des tenues distinguées. Une fois sur place, cela pourrait peut-être lui permettre de plus facilement entrer en contact avec les intrigants qu'ils étaient venus assassiner sans éveiller de doute sur les raisons réelles de leur présence.
Plusieurs poèmes pouvaient-être écrits sur la beauté des forêts du pays des sources chaudes, ou encore sur son décor d’un vert vivant, vibrant. Ce pays avait la chance d’être sur un sol riche permettant à la nature de s’épanouir, fournissant un décor grandiose à la masse grouillante de visiteurs.
Sur leur chemin, les deux ninjas rencontrèrent plusieurs petits villages touristiques, tous plus charmants les uns que les autres. Les touristes affluaient et les bains les plus populaires devaient être réservés des mois à l’avance. Heureusement, ce n’était pas le cas de tous les établissements, puisque ceux-ci avaient apparus un peu partout sur le pays et qu’ils avaient poussé tel de la mauvaise herbe, car comme son nom l’indiquait, le pays des sources chaudes était tapissé de sources, donc, de bains et d’auberges qui en profitaient du mieux qu’ils le pouvaient pour remplir leurs coffres. Tout était construit dans l’optique de favoriser le tourisme et le développement des régions les plus attrayantes.
L’endroit était davantage peuplé par la masse de visiteurs toujours changeante que par les habitants de l’endroit, mais un certain équilibre avait été trouvé. Tous ces nouveaux visages apportaient avec eux leurs ryos, ce qui permettait aux villages de s’approvisionner et de ne jamais manquer de fonds pour nourrir tous ceux qui s’arrêtaient pour un séjour des plus relaxant.
En quelques jours, les jumeaux Tadake s’étaient rendus à l’un de ces petits villages. Les voix des marchands dans leurs échoppes résonnaient alors qu’ils tentaient de vendre mille et un objets, dont l’utilité n’était pas toujours évidente. Les gens allaient et venaient, se laissant séduire par l’atmosphère entraînante du marché d’été où la plupart des biens étaient exposés sur des tables à l’extérieur.
Dans la foule, il y avait une immense quantité de couples marchant main dans la main, se lançant des regards passionnés. Il ne fallait pas se mentir, le pays des sources chaudes étaient la destination numéros pour les nouveaux mariés qui pouvaient pleinement profiter de l’instant. Les enfants couraient entre les jambes des différents acheteurs, suppliant leurs parents pour tel ou tel jouet.
Il n’y avait pas une grande présence militaire. Peu de gardes et peu de ninjas semblaient être sur les lieux, du moins, là où vous étiez. Malgré la foule vibrante d’énergie, malgré les voix résonant au-dessus du brouhaha, les deux shinobi du village caché dans les feuilles avaient l’impression que l’endroit était calme, détendu. C’était, effectivement, un endroit où les âmes épuisées venaient chercher détente et repos, où les jeunes amants trouvaient enfin un peu de temps pour eux.
La plus grande difficulté pour un guerrier de l'ombre, pour un shinobi habitué à ne compter que sur lui-même et ses propres techniques, c'était bien d'apprendre à travailler en équipe. Certes ces jeunes éléments étaient rassemblés depuis leur plus jeune âge afin de créer des liens et se rapprocher mutuellement, mais malheureusement il y avaient certains styles de combat qui n'étaient pas du tout compatibles. Si le jeune aveugle avait été forcé de travailler pour adapter son style de combat avec certains de ses camarades, Tetsuo dans un tout premier temps et Akira par la suite, il y avait bien une personne avec qui il n'avait pas eu besoin de cette démarche et celle-ci évoluait juste à côté de lui. Ils avaient grandi semble, fait un certain nombre de bêtises ensemble et, sur un plan plus personnel, personne ne connaissait plus intimement l'un des jumeaux Tadake que son autre jumeau. Ils n'avaient besoin que d'un simple coup d’œil pour deviner ce qu'il se passait dans la tête de l'autre et, grâce à cette évidente proximité, la coordination de leurs propres mouvements et de leurs styles de combat respective s'était faite le plus naturellement du monde. Là où d'autres mettaient des mois et des mois à travailler en équipe, même grâce aux exercices prodigués à l'académie, dés le premier exercice les deux Tadake parvinrent à se synchroniser avec une aisance qui se poursuivit durant les années suivante. Malheureusement leurs responsabilités mutuellement écartèrent les jumeaux l'un de l'autre car, bien que réunis dans la même équipe, ils étaient amenés à tracer leurs propres voies chacun de leur côté. Mais malgré ce sens de la responsabilité, pour Kyoshiro c'était importait de ne pas oublier d'où il venait et, à ce titre, il tenait à continuer à travailler avec sa jumelle aussi souvent que possible. C'était pour cela qu'il avait demandé à Yuriko de le joindre et, plus généralement, qu'il continuerait à lui faire de telles propositions aussi longtemps qu'elle en aurait envie.
Ils étaient nés ensembles et cette proximité marquerait à jamais tout le reste de leur vie. C'était important de ne pas l'oublier.
Le duo évolua donc dans un environnement possédant des senteurs encore inconnues et, dés que l'aveugle pénétra dans le premier village doté d'une source chaude, il annonça tout de suite la couleur à sa partenaire du jour.
« Une fois notre tâche terminée, je te préviens tout de suite : on s'arrête à un de ces bains. Obligé.»
Il était, bien sûr, capable de faire passer sa mission avant tout le reste mais apprécier ce que la nature avait à lui offrir était aussi l'un de ses grands principes de vie. À quand remontait son séjour dans une véritable source chaude, pas dans bain public de seconde zone ? Trop longtemps, autant dire qu'il n'allait pas laisser cette chance passer. Après avoir éclairé la lanterne de sa sœur, il accompagna cette dernière jusqu'à un tout dernier village grouillant de vie. À l'image de ses séjours dans les rues commerçantes de Konoha, dans les marchés locaux, Kyoshiro fut attaqué par une ribambelle de sons et d'odeurs qui ne manquèrent pas de dessiner un fin sourire sur son visage. Certes il était en mission et en territoire inconnu, deux raisons de se montrer extrêmement prudent, mais malgré tout il restait humain et ne pouvait être insensible face à la beauté du monde qui l'entourait.
Rassemblant ses esprits après quelques secondes d'errance, après avoir laissé ses quatre sens en roue libre, le Tadake lâcha à l'attention de sa jumelle.
« Fais-moi signe si tu la repères. »
Sourire face à cette auto-critique évidente, mettant en lumière l'inutilité de faire des gestes pour attirer son attention, il avait bien l'intention d'arpenter les ruelles de ce village anonyme. Rangeant son bout de tissu dans une poche, comme si ce détail pouvait trahir son identité, l'handicapé décida qu'aujourd'hui il s'appellerait Akira. Il empoigna donc une branchage récupéré quelques heures plus tôt, avec l'intention de se servir de ce bout de bois improvisé, comme un aveugle se servirait normalement d'une canne pour avancer.
Où pouvait donc bien être cette traîtresse ? Il ne connaissait pas la signature de chakra de cette femme donc, pour le moment, le senseur allait devoir chercher à l'ancienne en laissant ses oreilles traîner à droite et à gauche. Heureusement sa jumelle était là pour compenser la vision qu'il n'avait pas, comme toujours.
Le pays des sources chaudes était une région fascinante en de nombreux points de vue. Ce n'était pas le genre de lieu où l'on aurait pu y percevoir Yuriko pour la simple raison qu'elle ne s'accordait pas beaucoup de répit. Toutefois, elle en était capable d'en lire toute la beauté, notamment de ces majestueuses forêts. Elle aimait particulièrement ce genre d'endroit, mais elle ne fréquentait que les forêts des environs de Konoha pour des raisons de proximité. Pouvoir se retrouver ici était une chance dont elle espérait pouvoir avoir droit une nouvelle fois mais dans de meilleures circonstances. Ce fut ainsi qu'avec son frère, ils traversèrent leur pays. Il y avait beaucoup de petits villages, beaucoup de monde et de tourisme, chose qui ne faciliterait pas leur travail. Néanmoins, ce n'était pas ce qui allait détériorer leur détermination. D'ailleurs, lorsqu'ils traversèrent l'une des premières sources, Kyoshiro ne put s'empêcher de faire une remarque.
" Une fois notre tâche terminée, je te préviens tout de suite : on s'arrête à un de ces bains. Obligé. "
Yuriko ne put n'avoir qu'un soupir face à cette proposition, mais il était accompagné d'un sourire. L'enthousiasme de son frère avait quelque chose de contagieux, elle n'avait pas de désir sis spontané. Toutefois, si cela lui faisait plaisir, elle ne lui refuserait pas un arrêt sur le chemin du retour.
" Je suppose que je ne peux pas faire la moindre objection, n'est-ce pas? "
Puis les deux jeunes gens reprirent leur route jusqu'à arriver à un village plus grand et plus vivant que les précédents. Il y avait plus de monde, de foule et de commerçants. On sentait que ce lieu avait réussi à attirer l'attention de tous. Malgré cela, ce qui marqua le plus la kunoichi fut l'exponentielle présence de couple. On y croisait tous les duos inimaginables, des jeunes fiancés aux vieux tandems de toute une vie qui semblait vouloir se faire plaisir comme dans leur prime jeunesse. Il se dégageait une ambiance chaleureuse et plaisante. C'était à la fois animé et paisible.
" Fais-moi signe si tu la repères. "
Les paroles de son frère lui rappelèrent la réalité de la situation. Il fallait retrouver la femme du messager du damyio. Avant de partir, on lui avait montré un portrait. Il s'agissait d'une femme d'une remarquable beauté, de long cheveux noirs, et des yeux tout aussi sombre, le teint clair et la silhouette fine. Elle avait tout pour attirer les regards. Néanmoins, elle était visiblement une beauté empoisonnée et corrompu par l'avarice. Qu'il était dommage de gâcher une telle beauté par de si piteux défauts.
" Cela ne sera pas si évident... Akira. "
Les Tadake s'étaient mis d'accord sur leur nouvelle identité. Si son frère se renommait maintenant Akira - ce qu'elle trouva amusant quand on savait qu'il s'agissait du prénom même d'un de leur camarade - la jeune femme choisit de se faire appeler Tomoé.
" Cet endroit est empli de couple. Je suppose qu'ils n'auront pas l'audace de se promener à la vue de tous.... En tout cas, cet endroit n'est pas très sécurisé pour un lieu si... touristique. "
La shinobi se tenait aux côtés de son frère, comme si elle était une accompagnatrice. Elle regardait un peu partout avec un faux air distrait, elle faisait comme si la curiosité saine d'une nouvelle arrivante cherchait à comprendre tout ce qui se passait, sans en perdre une miette. Toutefois, l’œil de la jeune femme était plus attentif que les apparences.
Le jour tombait lentement alors que le duo cherchait à l’aveugle, écoutant par-ci et par-là, observant – du moins pour la moitié du duo en ayant l’habileté – les moindres détails de l’endroit. Certains établissements clairement plus élitistes que d’autres étaient entourés de gardes. Ces endroits s’annonçaient particulièrement difficiles à infiltrer, des hommes postés à toutes les portes et sous plusieurs fenêtres. Cela ne surprendrait personne si des gardes se trouvaient même à certains embranchements stratégiques à l’intérieur de ces bâtiments. Si la sécurité ne semblait pas omniprésente dans le village, les auberges et les bains s’étaient dotées des leurs.
Deux hommes assis à un comptoir de ramens discutaient, une petite coupe de saké à la main.
«J’ai vu cette fille aujourd’hui. Qu’est-ce qu’elle était belle. Putain, ce samouraï est chanceux … - J’sais pas. On dit souvent que les plus jolies sont les plus horribles. »
Alors que les deux shinobis prétendaient être eux aussi des touristes, ils tombèrent sur un groupe de jeunes dames, toutes plus élégantes et richement vêtues les unes que les autres.
« Je ne sais pas si vous avez vu cette fille au Lotus Blanc, mais ses kimonos sont toujours d’une beauté … - Oui et son mari ! Il est encore plus riche que le mien ! Je n’y crois pas ! - Cette garce est juste chanceuse. Elle est née avec un joli petit visage et maintenant tous les hommes se jettent à ses pieds comme des porcs ! - Elle n’est pas la seule. À mon établissement, il a cette Waka-quelque chose Airi. - Je me souviens, je l’ai déjà vue chez Madame Miuna … »
Le reste de la conversation n’avait aucun intérêt, car très rapidement elles se mirent à parler de tissu préféré ou de la quantité de pierres précieuses qu’elles pouvaient porter lors des grandes soirées.
« J’ai entendu dire qu’une sorte de gourou invite les femmes nobles à … En fait, je ne sais pas trop ce qu’elles font. C’est un peu inquiétant non ? - Moi j’ai entendu dire que le gourou fait des miracles. J’aimerais tellement pouvoir le rencontrer … »
Un peu partout, les ragots de femmes en fuite, d’amants, ou simplement de jolies femmes restant dans le village se faisaient entendre. Les jumeaux durent entendre plusieurs fois la même histoire, mais différentes versions des dizaines de fois dans la soirée. Ils purent observer plusieurs femmes, ressemblant, de dos à leur proie, mais, cette soirée-là, elle restait introuvable, du moins, sur la place principale.
À le voir avec sa démarche nonchalante et son sourire amusé sur le visage, on pourrait croire que le jeune homme n'était rien de plus qu'un touriste profitant de la vie, qu'un guignol incapable de prendre les choses au sérieux, qu'un petit rigolo de plus arpentant le chemin de la vie comme s'il ne s'agissait que d'un jeu : une apparence trompeuse avec laquelle il aimait jouer puisqu'elle était vraiment très loin de la vérité. Il aimait la vie et ses plaisirs, à n'en pas douter, mais il ne fallait pas croire qu'il en avait toujours été ainsi, sa sœur savait mieux que personne que son jumeau n'avait pas toujours été aussi joyeux et souriant. Durant les premières années de sa vie, alors que la découverte de son affliction le frappait encore, il avait laissé le désespoir s'envahir et il avait fallu attendre plusieurs années avant que les choses ne commencent à changer. Il souriait tout le monde car il s'était forcé à positiver sur sa propre situation jusqu'à ce que ce réflexe devienne naturel, il souriait parce qu'il ne voulait pas être l'un de ces handicapés finissant par subir sa vie plutôt que de la vivre, il souriait pour montrer l'exemple afin de rendre cette chaleur communicative. Conscient que son mode de vie était relativement drastique et difficile, le jeune guerrier de l'ombre s'efforçait donc de se détendre à chaque occasion qui lui était présent mais, tout aussi conscient que sa chère sœur ne se reposait jamais plus que lui, il la forçait à sortir et à se détendre avec lui dés que cela était possible. Tous deux étaient altruistes à leur propre façon et, si le jeune homme était plus ouvert et rayonnant, la discrétion de sa sœur cachait un dévouement dont il avait été la première cible. Si l'aveugle ne prenait pas la peine de l'amener avec lui, il savait très bien que sa jumelle ne s'autoriserait jamais de répit comme celui d'un séjour dans une source chaude, c'était justement parce qu'il savait cela qu'il insistait toujours pour l'amener, même contre son gré.
Mais avant de penser à la récompense, avant même de penser au réconfort il fallait bien se focaliser sur l'effort car un tel bain ne pourrait être réellement apprécié qu'après une journée de dur labeur. Ils étaient donc arrivés dans un coin paumé où ils ne connaissaient personne, où personne ne les connaissait ce qui aidait le jeune shinobi à revêtir son rôle d'handicapé qu'il portait à merveille. Les épaules tombantes, le dos légèrement voûté comme s'il subissait le poids de sa vie, son sourire naturel ayant totalement disparu de son visage pour laisser sa place à une certaine mélancolie, le jeune homme arpenta donc lentement les rues de ce petit village en laissant traîner ses oreilles à droite et à gauche. Si les premières informations perçues ne lui furent pas d'une grande utilitée, mentionnant une belle femme alors que ce village devait sans doute en renfermer plusieurs, le petit groupe de dames à côté duquel il passa attira sa curiosité bien davantage.
Outre le luxe dans lequel ladite femme mentionnée semblait se draper, le début du nom d'une autre fut mentionnée. Waka...comme Wakaba ? Peut-être n'était-ce rien de plus qu'une coïncidence, ce n'était jamais à exclure, mais c'était le premier réel début de piste que le Tadake captait. Espérant que sa jumelle ait aussi entendu cette conversation, Kyoshiro se força à afficher un petit sourire discret tout en s'approchant du groupe. S'annonçant par un petit raclement de gorge, s'aidant toujours de sa canne improvisée pour avancer et définir où s'arrêter, Kyoshiro s'arrêta à une distance raisonnable avant de faire un petit signe de tête en avant en guise de salutations.
« Excusez-moi mesdames, navré de vous déranger. L'un de mes amis m'a dit le plus grand bien de l'établissement de madame Miuna mais, comme vous vous en doutez, le sens de l'orientation n'est pas mon fort. L'une de vous aurait-elle l'amabilité de m'indiquer la direction à prendre ? »
Peut-être serait-il considéré comme un malheureux souhaitant noyer sa peine en charmante compagnie mais, très honnêtement, il se fichait pas mal de l'image qu'il diffusait pour peu qu'elle lui ouvre les portes désirées. Il se pencha donc en avant en un signe de remerciement par avance, pour les informations fournies, avant de conclure son intervention d'un :
La foule était impressionnante, chose qui n'était pas vraiment du goût de la jeune femme. Yuriko était le genre de personne qui aspirait au calme et à la sérénité des lieux peu fréquentés. Lorsque le monde bondait, cela la mettait généralement mal à l'aise. Entendre toutes les conversations de ceux qu'elle croisait, les regards en biais, les bousculades... c'était un tout. Peut-être était-ce aussi lié à l'enfance également. Les deux jumeaux avaient grandi dans une ferme familiale, loin de la vie urbaine. Et puis, il y avait tout simplement le tempérament de la kunoichi qui avait fait le choix de s'écarter de la plupart des distractions du monde. Sans son frère, on ne la verrait que peu se mélanger aux autres, que cela soit dans des moments de fête générale ou des soirées amicales. En un sens, elle lui devait sa maigre vie sociale car elle n'était pas toujours capable de se déconnecter. Si elle le faisait, c'était toujours pour vivre en aparté et seule. Si elle s'en accommodait, cela ne signifiait pas que cela ne lui pesait pas de temps à autre. Pour cette raison, elle finissait toujours par accepter les sorties que lui proposaient Kyoshiro.
Malgré tout, lorsque la konohajin revêtait son masque de shinobi, elle devenait une femme légèrement différente. Elle se posait bien moins de questions pour uniquement se tourner vers la mission à accomplir, quelles que soient ses règles. Elle possédait ce sang-froid et cette détermination qui lui permettaient de transcender ces petits tracas personnels, elle pouvait même devenir une autre si son devoir le nécessitait. Vous avez besoin d'une femme naïve et ingénue? Vous avez besoin d'une personne acariâtre et tranchante? Ou même une femme sans gêne? Elle avait étudié toutes les approches possibles, de la pure comédie. Faire semblant était toujours plus simple, bien plus que de faire face à son véritable soi. Un ninja se devait d'être capable de se donner corps et âme pour le bien général.
Au sein de cette foule, Yuriko tendait l'oreille et gardait les yeux bien ouverts. On entendait de tout, beaucoup de commérages et de rumeurs. La dernière qui revenait le plus souvent était l'apparition dans les environs d'une femme d'une beauté qui semblait mettre tout le monde d'accord, que cela soit de l'admiration ou bien de la jalousie. Détails importants, cette personne était toujours accompagnée par un homme. Serait-ce le couple qu'ils recherchaient? Il ne fallait pas se précipiter mais une belle coïncidence ne pouvait pas se refuser. Un seul regard - ou plutôt d'instinct commun - suffit aux jumeaux pour se comprendre. Ils allaient commencer à entrer en scène.
Pour Yuriko, il était inutile de tenter une approche avec le groupe de femmes. Ces dernières semblaient relativement superficielles mais elles semblaient aussi bien se connaître. Il était inutile de faire de la psychologie féminine pour savoir que si elle avait tenté elle-même de poser des questions, il y aurait eu trop de suspicions. Peut-être aurait-elle gagné que du dédain. Les femmes étaient capables d'être particulièrement mauvaises entre elles... sauf si on faisait partie du cercle. Son frère, lui, en tant qu'homme, pouvait peut-être attirer plus aisément la sympathie. Il était peut-être aveugle mais il n'en demeurait pas moins plaisant. Flatterie ou pitié, allez savoir ce qui pourrait fonctionner.
À l’approche du ninja au cheveux cendrés, les femmes se turent, non pas parce qu’elles avaient la capacité de sentir la présence de ninja, mais un étranger qui s’infiltrait ainsi dans leur conversation ne les intéressaient pas réellement. Elles écoutèrent tout de même sa question, soit par pitié face à son évident handicap ou soit face à son apparence. Il fallait tout de même avouer qu’un garçon aussi grand, avec des traits biens dessinés, attirait tout de même le regard. Malheureusement, la question jeta un froid sur le groupe, qui semblait perplexe maintenant.
L’une des femmes pris la parole, un ton moqueur nullement dissimulé :
« UN ami ? Pardonnez-moi mais c’est clairement impossible. »
Sa phrase se termina avec un rire et elle reprit :
« Madame Miuna n’invite que les femmes, que les femmes riches et vous mon pauvre … À moi d’être travesti, ce qui serait surprenant avec votre carrure, et d'avoir bien plus d'argent que ne semblez en avoir, il est clairement impossible que vous soyez invité. Allez. Trêve de bavardage et de stupidité. Mon époux m’attend. »
Sur ces mots elle tourna les talons et quitta d’un peu nonchalant. Les autres femmes restèrent quelques secondes avant de se disperser également. Le départ de leur consœur signifiait clairement que la discussion était finie.
Une voix, un peu plus jeune, un peu plus timide prit la relève :
« Je sais que ça ne vous sert à rien, mais madame Miuna invitent personnellement les dames qu’elle considère assez noble pour venir à son établissement. Pourquoi est-ce que ça vous intéresse autant ? »
Sa voix était gentille, chaleureuse. Elle n’avait pas pris la parole lors de la discussion, mais elle appartenait clairement au group de femme si l’on en jugeait par le son de ses pas. Elle n’avait pas bougé, elle ne c’était pas approchée non plus, mais elle avait suivi la conversation. Elle était petite et jeune, pas plus d’une vingtaine d’année. Elle fixait le ninja avec une teinte d’admiration. Son corps était légèrement penché vers lui. Son langage corporel témoignant clairement de l’intérêt.
Si le jeune homme était finalement assez à l'aise en société, à l'aise avec le contact humain et l'ouverture d'une conversation, il savait aussi qu'un tel élan n'était pas toujours apprécié à sa juste valeur compte tenu de sa propre situation. En effet il avait beau être assez curieux et capable de mener des conversations cultivées avec n'importe quel volontaire, il savait très bien que ses congénères voyaient toujours en lui un aveugle avant un homme ou un shinobi. Certes au sein de son village les mœurs avaient tendance à évoluer, surtout aux yeux des shinobis avec qui il était amené à travailler quotidiennement, mais en sortant des frontières de son village il savait très bien que tout ce travail devait être repris du début. Dire que c'était épuisant serait sans doute l'euphémisme de l'année, un de plus s'ajoutant à une liste déjà très longue, mais après tout quelle autre alternative pouvait bien s'offrir à lui ? Baisser les bras était impensable, l'abandon n’était pas un mot faisant partie de son vocabulaire, mais il devait bien avouer que plus il sortait de sa zone de confort et plus il avait l’irrésistible envie d'y revenir.
Aujourd'hui il se trouvait dans un environnement inconnu dont il ne connaissait pas les codes ou les règles, un lieu où il ne connaissait personne et devait donc marcher sur des œufs car délicatesse et discrétion étaient les mots d'ordre de sa mission. Il tenta donc d'engager la conversation comme il le pouvait, d'y aller au culot avec les éléments qu'il avait en main sans trop savoir si cela allait aboutir à quelque chose. La madame dont il avait entendu parler n'invitait que les femmes, ce qui rendait le début de sa explication relativement improbable. Non mais sérieusement ? Pourquoi s'était-il senti obligé de préciser où il en avait entendu parler ? Bon, le résultat aurait été le même mais il aurait au moins pu rebondir dessus avec une petite parade dont il avait le secret.
Fort de cet échec, le jeune homme avait donc voulu poursuivre sa justification mais les jeunes femmes se dispersèrent avant qu'il n'en ait l'occasion, faisant s'envoler les bribes d'information dont il avait réellement besoin. Fort heureusement l'une d'entre elles, plus timide et curieuse, lui donna un début de réponse avant de s'enquérir de la raison de cette curiosité.
« J'apprécie votre sollicitude, merci. »
Une fois de plus cette femme s'en alla avant que Kyoshiro ne puisse formuler sa réponse, c'était embêtant mais au moins avait-il une piste. Repérant rapidement sa sœur à sa présence si particulière, Kyoshiro lui indiqua d'un signe de tête de lu suivre dans un coin un peu moins bondé où des oreilles ne pourraient pas traîner.
« Bon, je crois que ça va être à toi de rentrer en scène. »
Le jeune homme commença donc par lui faire un topo rapide des mots qui étaient parvenus à ses oreilles, une petite mise au point de rigueur,
« Chez madame Miuna c'est sur invitation uniquement. D'habitude seules les riches sont invitées mais celles jugées comme nobles, dignes, peuvent espérer y être invitées. »
Certes sa demoiselle pouvait avoir une noble stature si elle redressait son menton et gardait son maintien habituel, Kyoshiro n'avait aucun doute là-dessus, mais serait-ce suffisant ? Avoir l'assurance et le tempérament d'une de ces riches bourgeoises était une étape à franchir, certes, mais ensuite ? Malheureusement l'aveugle n'avait pas d'autre piste plus concrète à exploiter pour le moment, il espérait simplement que sa chère sœur adhérerait à son idée.
« Souris un peu et j'suis sûr que t'y auras ta place. »
La jeune femme attendit que son frère face son office, allant à la rencontre des petites bourgeoises. On ne pouvait pas dire que cela fut un franc succès, et pour cause, malgré toute la délicatesse de Kyoshiro pour se montrer plaisant, la différence de caste sociale lui avait fait barrage. Tout se lisait dans le regard méprisant de ces interlocutrices et bien plus encore dans les yeux de celle qui lui avait répondu. Yuriko n'aimait guère ce genre d'attitude, mais elle était parfaitement capable de les imiter. Le détail qui l'horripilait était l'attitude dédaigneuse envers son frère, comme si ce dernier n'était rien. Si la jeune femme était de nature plutôt silencieuse, elle n'en possédait pas moins un sens de l'observation certain. Ceux qui vivaient en haut de la pyramide oubliaient bien souvent qu'il était imprudent de se moquer impunément du socle qui maintenait son niveau. Cela finissait toujours par jouer des tours aux arrogants. Combien de femmes perdaient leur mari dans les bras de bougresses des bas-fonds? Combien d'hommes se faisaient assassiner par leurs gens après avoir trop tiré sur la corde?
Dans leur malheur, cela n'était pas plus mal que ce soit son jumeau qui eut tenté une première approche étant donné les informations qu'ils recueillirent. Seule une femme pouvait se faire inviter par l'énigmatique Madame Miuna... et par conséquent, une belle ouverture pour la kunoichi. Puisqu'elle ne s'était pas faite surprendre par les bourgeoises, elle pouvait encore jouir de son anonymat. D'un geste discret, Kyoshiro fit comprendre à sa sœur qu'elle devait le suivre et elle s'exécuta furtivement. Là, son frère lui rapporta les paroles exactes des nobles dames.
" Bon, je crois que ça va être à toi de rentrer en scène. Chez madame Miuna c'est sur invitation uniquement. D'habitude, seules les riches sont invitées, mais celles jugées comme nobles, dignes, peuvent espérer y être invitées. Souris un peu et j'suis sûr que t'y auras ta place. "
Même si son frère ne le vit pas, le visage de Yuriko était déterminée... et elle ne sourit pas.
" Je ne crains pas de tromper leur cercle. Tout est une question d'attitude... Akira mais... je ne peux pas me présenter dans cette tenue. Il va falloir que je fasse plus distinguée pour être crédible, mais aussi me préparer un bagage solide. Il va me falloir provoquer une rencontre avec cette madame Miuna. "
La jeune femme se mit à se poser mille questions, elle ne souhaitait ne rien laisser au hasard. Par la suite, elle expliqua à son frère qu'elle avait déjà repéré un endroit où elle pourrait trouver un kimono élégant que le sien, mais sans pour autant en faire trop. Après tout, ceux qui venaient dans les sources aimaient le côté discret de l'endroit mais un noble ne pourrait jamais totalement nier son goût du luxe et de l'élégance, il fallait quand même qu'il se distingue. Pour le reste, elle pourrait aisément se faire passer pour une femme de commerçant, assez pour attirer la curiosité tout en sachant que le milieu du commerce était trop vaste pour faire de réelle enquête et vérifier ses propos rapidement. Si on prétendait l'avoir vu en compagnie de son frère, elle avait déjà un scénario tout préparé : il l'accompagnait comme un garde du corps et si ce dernier était aveugle, c'était par souhait de son mari, un homme étouffant et jaloux qui ne voulait pas qu'il ne la regarde de trop. Sa présence dans les grandes forêts? Une bonne raison de s'éloigner un peu de cet époux envahissant.
" Je ne pense pas qu'il soit de bon goût de m'imposer en nous rendant directement à l'établissement de cette femme. Nous devons provoquer une rencontre pour qu'elle me remarque. Il faut que l'on lui fasse croire que tout n'est que hasard et qu'il s'agisse de son idée. Je te laisse tendre l'oreille afin de connaître les habitudes de cette femme.... Moi je tâcherais de me faire plus.. bourgeoise. Retrouvons-nous dans une heure ici même. "
Sur ces paroles, il était temps pour Yuriko d'entrer dans la peau de son personnage... sa mission prenait une tournure d'infiltration...
Étant un petit village touristique possédant plusieurs établissements, il était facile de trouver d’élégants kimono et de joaillerie. Les différents commerces offraient une grande de vêtements, passant des plus simplets aux plus riches et élégants que l’on puisse trouver sur le marché. Les marchands, charismatiques, interceptaient femmes et hommes pour tenter de leur vendre l’un de ces kimonos.
Pour ce qui était des bijoux, eux-aussi étaient présents en abondance sur la place du marché, il faut dire que kimono et accessoires sont les achats favoris des dames il était donc plus que normal de les retrouver aussi aisément partout. D’ailleurs, parmi tous ses trésors, il était évident que certains pouvaient être des faux, il ne fallait pas tomber dans le panneau.
Kyoshiro Tadake venait à peine de se séparer de sa sœur, qu’il se fit percuter par un grand homme, en armure, si on se fiait à l’impact. Il était suivie d’une femme, si l’on se fiait à l’odeur de son parfum et au son délicat de ses pas.
«Regarde où tu vas espèce de morveux ! »
L’homme semblait s’agiter et le ton de sa voix s’élevait avec chaque mot qu’il prononçait.
«Osamu, nous n’avons pas le temps pour de querelles, allons-y.»
L’homme opina, alors que la femme passa devant les deux hommes, continuant son chemin. Le dit Osamu se retourna vers le jeune shinobi et murmura dans son oreille :
«Fais gaffe la prochaine fois, la dame ne sera pas là pour m’arrêter la prochaine fois.»
Il suivi la femme immédiatement après avoir lancé sa menace. Il emboitait le pas, restant près d’elle. Le ninja surpris quelques conversations concernant madame Miuna.
On parlait d’elle avec dédain, crainte. Elle incitait la peur. Pourquoi une femme retirée du monde invitait-elle que de jeunes dames. Pourquoi était-ce seulement es femmes ? «J’ai entendu dire qu’elle sacrifie de jeune vierge dans son culte.» «Elle est étrange»
Certains ne semblaient pas avoir d’avis, simplement envier sa richesse. «Elle vit dans le manoir près de la falaise qui donne sur la mer, putain que cette endroit est grand.»
On parlait d’elle en bien, avec admiration, même. Elle avait réussi à gagner un certain respect, de la population locale. Certains disaient qu’elle était guérir tous les maux et toutes les blessures.
«Il parait qu’elle a un don» «J’aimerais tellement rencontrer madame Miuna.»
Jouer les aveugles n'était pas bien compliqué pour l'homme à la crinière immaculée, il s'agissait plus que d'un rôle en revanche le fait de devait revêtir la casquette de victime était autrement plus compliqué pour lui, sans doute parce qu'il avait perdu l'habitude. En effet la plupart des individus frappés de cécité voyaient leur existence comme un poids, comme une lutte continuelle pour réaliser même les plus simples gestes et, de ce fait, ils courbaient parfois l'échine sous le poids de cette immense tâche. La plupart des aveugles étaient donc discrets, désireux de ne pas déranger leur congénère de peur que leur handicap ne fasse d'eux des cibles faciles pour toutes remarques et quolibets bien sentis. Rares étaient ceux qui parvenaient à passer outre la douleur et la privation, à sourire à la vie en essayant de ressentir le positif de leur situation au lieu de s’apitoyer sur leur sort. Kyoshiro avait été de ces personnes-là depuis son plus jeune homme et, très clairement, il avait pratiquement oublié ce qu'il ressentait sur sa propre situation avant d'apprendre à passer outre l'absence d'un de ses sens. Il avait oublié ce que c'était que de marcher la tête basse et les épaules voûtées, que de demander pardon à chaque fois qu'il bousculait quelqu'un par inadvertance et, enfin,il avait oublié ce que c'était que de vouloir mourir pour ne plus avoir à lutter perpétuellement de la sorte. Non, en réalité c'était un mensonge car rien de tout cela ne pouvait complètement s'effacer de sa jeune mémoire. Tous ces mauvais moments, toutes ces pensées parasitaires étaient enterrées quelque part au fond de son crâne et il faudrait au shinobi quelques instants pour fouiller là-dedans et en ressortir ce dont il avait besoin. En ressortir l'attitude et les mimiques d'un homme qui subissait la vie plutôt qu'il l'appréciait, en ressortir les traits tirés et la mine basse d'un homme presque navré de vivre.
Mais étrangement ce n'était pas pour lui qu'il s'inquiétait, ce n'était pas son propre rôle qui le préoccupait mais bien celui de sa sœur. Arriverait-elle à jouer les pimbêches huppées alors que le contact social n'était clairement pas son point fort ? Il ne doutait pas, il ne douterait jamais de sa sœur mais cela ne l'empêchait pas d'être inquiet pour autant. Bien sûr il fut d'accord avec la remarque de sa jumelle sur la tenue à adopter, pas d'objection de ce côté-là, mais quid du reste du plan ? Comment organiser une rencontre fortuite sans que cela ne paraisse trop suspect ? Aucune idée ne lui vint pour le moment mais, en écoutant un peu, peut-être que des opportunités s'offriraient à lui.
Laissant sa moitié partir à la recherche de quelque chose à se mettre, certain qu'elle saurait se défendre bien mieux que lui en cas de besoin, Kyoshiro poursuit son chemin jusqu'à ce qu'un mur ne l'arrête. Un mur ? Non, ce bruit métallique était assez particulier pour qu'il le reconnaisse sans mal.
« Ouch. »
Pourquoi n'avait-il pas senti ce gros balourd arriver alors qu'il pouvait sentir les mouches voleter tout autour de lui ? Avait-il été trop absorbé par son inquiétude pour sa sœur jusqu'à ce que sa concentration s'en trouve sapée ? Probablement. L'espace d'un instant il hésita à gonfler la poitrine et se redresser pour demander sèchement à ce crétin d'apprendre à marcher droit au lieu de pavaner dans sa boîte de conserve, mais le Tadake se ravisa en se rappelant qu'il jouait un rôle aujourd'hui. Se forçant à afficher un petit sourire navré, l'aveugla baissa la tête avant de s'adresser à la demoiselle s'éloignant de lui.
« Je...je suis navré de ma maladresse. »
Bon, la tempête était-elle passée ? Apparemment et maintenant, après une écoute attentive de ses environs, le shinobi capta quelques informations et notamment le lieu de résidence de la dame recherchée. Devait-il prévenir sa sœur ? Pas pour le moment, il pouvait au moins se fier à l'air marin pour trouver la direction à prendre et s'approcher à bonne distance du manoir. Que ferait-il, quand il serait à portée ? Peut-être qu'une petite technique de détection de chakras pourrait être utile mais, avant de l'envisager, il devait se mettre discrètement en position et improviser.
Le goût des belles choses et le sens de la distinction de Yuriko n'auront jamais été aussi bénéfique dans une mission. Même si la jeune femme avait toujours été une bourreau de travail, elle n'avait jamais négligé sa féminité et ses manières - du moins la majorité du temps. À plusieurs reprises et généralement à ses temps perdus, il n'était pas rare que l'on se trompât sur ces origines sociales, et que l'on imaginait élever dans un milieu bourgeois. Ce n'était bien évidemment pas le cas mais elle avait mainte fois observer le comportement de certains d'entre eux : le snobisme, le mépris, le dédain sous toutes ses formes même lorsqu'ils tentaient de se montrer courtois. Les sous-entendus étaient toujours les pires et fallait-il toujours les faire avec le sourire. En tout cas, la kunoichi quitta son frère sur ses entre-faits afin de se mêler à la foule touristique.
L'avantage de ce petit village était qu'il regorgeait de vendeurs en tout genre, ce qui lui permettrait de facilement trouver son bonheur... si elle avait un œil assez avisé pour trouver les bons tissus. Toujours sous le couvert de son attitude de vacancière, la konohajin traversait les allées avec une apparente décontraction. Son regard assuré balayait les étales mais elle se rendait sourdes aux appels des divers marchands. Elle passait au-devant, ne leur prêtant pas attention à eux mais uniquement à leurs marchandises. Elle cherchait précisément un hômongi, un kimono qui convenait aux sorties formelles et aux "visites", sans avoir d'idée sur la couleur ou le motif. Jusqu'à ce qu'elle s'arrêta enfin.
Son attention se porta sur plusieurs kimonos : certains en lin, en soie ou en ramis; des manches longues ou courtes; des couleurs vives d'un rouge sanguin ou d'un bleu léger comme de l'eau fuyante, sans compter les traditionnels motifs en relation avec la nature. Elle passait sa main délicate sur plusieurs tissus, testant de ses doigts la qualité de chacun et en devinant le mode de tissage. Elle devina rapidement la qualité de chacun - parce qu'elle avait l'habitude. En tout cas, elle finit par attirer l'attention d'un commerçant.
" Et bien Madame, puis-je vous aider? Vous cherchez quelque chose en particulier? "
" Et bien, je cherche un hômongi, et de préférence en soie. Pouvez-vous me présenter ce que vous avez de mieux? "
Aussitôt, ce dernier partit chercher quelques pièces. Il en proposa un premier dans les tons d'un bleu clair ayant des motifs des fleurs de cerisier. La jeune femme fit une moue d'insatisfaction alors qu'elle toucha le tissu du kimono. Sans un mot, il lui en présentant un second. Cette fois-ci, ce dernier était blanc avec des cigognes et des libellules. Il était tout à fait charmant mais le regard de Yuriko se fit sévère quand elle observa le vendeur.
" Avec tout le respect que je vous dois, ce sont là vraiment vos meilleurs kimonos? Mon mari est marchand vous savez. Je m'y connais un peu. Il m'est facile de voir que cette soie est de mauvaises factures, que le tissage est bâclé. Veuillez me présenter quelque chose de mieux, sinon j'irais voir ailleurs. "
La voix de Yuriko avait été tranchante et froide. D'ailleurs, elle attira même les regards des autres jeunes femmes qui cherchaient quelques choses sur les étales. Ces derniers se montrèrent même plus attentives comme si la kunoichi avait été de bons conseils. Gêné, le vendeur afficha une petite moue qui prouvait qu'il était agacé par son manque de discernement, et qu'il n'avait pas à faire à une simple touriste naïve.
" Toutes mes excuses Madame. Je... je vous amène cela de suite. "
La jeune femme continuait son rôle, se donnait des airs de noblesse. C'était aussi pour elle une parfaite occasion de se faire remarquer, d'attirer l'attention ou tout simplement de savoir si son jeu était crédible. En moins de temps qu'il n'en fallut, le commerçant arriva avec des kimonos bien plus intéressants et de bien meilleures qualités. Une nouvelle fois, il lui en présenta plusieurs mais un seul attira l'attention de Yuriko. Il était en soie et d'un bleu nuit. Il y avait comme motif des pivoines d'un rose pâle sur tout le bas du vêtement, et quelques fleurs cascadaient sur les épaules, ainsi que le pendant des manches.
" Celui là sera parfait. Montrez-moi vos Obi et vos cordons de soie je vous prie. "
Yuriko ferait dans la tradition jusqu'au bout. Dans la suite de ces achats, elle choisit donc une ceinture en brocart de soie, d'une couleur jaune pâle avec des motifs toujours fleuris, et un cordon de soie de couleur mauve qui lui maintiendrait la ceinture. Le reste de sa visite, elle la passerait à chercher quelques bijoux de cheveux qu'elle pourrait associer le tout... tout en continuant à se faire remarquer du mieux qu'elle le pouvait, et de la façon la plus subtile qui soit.
La petite altercation avec Osamu fut la seule de cette nature que Kyoshiro fit cette soirée-là. Alors qu’il déambulait encore dans les rues, il réalisa qu’il n’y avait pas grand-chose de plus que l’on pouvait apprendre en écoutant subtilement les conversations des marcheurs, surtout si l’on prenait en compte que la moitié de cette foule n’était que des touristes en pleine vacances et que la moitié d’entre eux ne connaissait rien à de très précis sur cet endroit. Heureusement, cette collecte passive d’information n’avait pas été vaine. Kyoshiro avait tout de même réussi à trouver quelques informations pertinentes. Il ne restait qu’à voir ce qu’il en ferait.
Plus la soirée avançait, moins la foule se faisait dense. Les gens abandonnaient petit les rue pour gagnée le confort de leur chambre ou de leur suite. Les bruits de foule se faisait de moins en présent.
Est-ce que les shinobis se reposaient ? C’était une question que seul un Shinobi pouvait répondre.
Pour ce qui était de l’acquisition d’un élégant kimono, Yuriko avait plus que réussi à se dégoter quelque chose de magnifique, impressionnant le pauvre petit marchand qui se sentait si mal d’avoir osé croire une seconde qu’elle n’avait pas les moyens de se procurer un tel vêtement. Le pauvre homme lui fit même un rabais, dans l’espoir de se faire pardonner d’un tel affront, car, en toute honnêteté, il ne voulait pas être dans les mauvaise grâce d’une femme de ce calibre. Ces femmes étaient vicieuses, elles parlaient entre elles et si on parlait en mal de sa boutique, il allait perdre de grosses clientes et il n’était pas prêt à perdre sa clientèle pour si peu. L’ensemble qu’elle avait composé était d’une beauté rare et respirait luxe et richesse, parfait pour prétendre être une jeune dame de haute société.
Les shinobis étaient des guerriers d'exception formés depuis leur plus jeune âge à l'espionnage, l'infiltration et le combat car telles étaient les armes de cette époque, les outils qui permettaient de remporter des victoires car les combats ne se remportaient plus seulement sur les champs de bataille, plus seulement dans le sang et les larmes. Chaque village avait voulu se doter de guerriers d'un nouveau genre, plus subtil que les samouraïs et, surtout, plus polyvalents : comment leur en vouloir ? Les guerres brutales étaient bien loin, les confrontations d'armée contre armée semblaient faire partie d'une époque depuis longtemps révolue et, fort de ce constat, il fallait donc se doter de nouveaux agents avec un minimum de jugeote et un fort sens d'adaptation. Ces guerriers ne devaient pas toucher du doigt la perfection – car celle-ci n'était pas de ce monde – mais au moins s'en approcher, y aspirer et passer leur vie à essayer d'affiner leurs talents respectifs au service de leur village. Au service d'une cause bien plus grande qu'eux. Alors oui voir un aveugle au milieu de cette légion de vaillants combattants faisant l'effet d'une tâche d'encre sur une feuille immaculée, d'une erreur de casting ou d'un incident de parcours comme certains pouvaient le penser, comme si cette absence de vue était liée à une quelconque mission à la funeste conclusion, mais il n'en était rien. Ici pas d'incident, pas d'erreur ou de piston, seuls les hommes et femmes qui faisaient partie de ce corps d'élite savaient très bien que Kyoshiro avait autant sa place ici que n'importe quel autre guerrier de l'ombre. Il n'était pas le plus intelligent, pas le plus perspicace et pas le plus terrible spécialiste en ninjutsu que son village ait jamais accueilli, il savait au moins cela, mais il travaillait deux voire trois fois plus que n'importe quel autre shinobi pour arriver au même niveau et, bien sûr, pour compenser son handicap et prouver sa valeur si cela était encore nécessaire.
Il n'en disait rien car cela se passait de mots, mais il n'y avait personne d'autre dans le monde à qui il désirait plus prouver sa valeur que sa moitié. Sa sœur, sa précieuse jumelle pour qui il aurait tout donné...tout tué pour lui apporter la lumière qui lui avait été refusée. Alors oui amener sa sœur en mission n'était pas le meilleur moyen d'assurer sa protection mais l'entêtement était une chose commune aux deux Tadake, le frère sachant pertinemment que la sœur avait autant besoin d'action que lui. C'était ainsi qu'ils étaient, les terribles jumeaux.
Kyoshiro n'était jamais autant dans son élément que lorsque sa vie ne tenait qu'à un fil, lorsque l'adrénaline le remplissait d'énergie et qu'il sentait les flammes de la guerre venir lécher son visage. Autant dire qu'il n'était pas très à l'aise à l'idée de revêtir l'éternel rôle qui lui avait été confié, celui du pauvre handicapé qu'on ne pouvait que plaindre et, malheureusement, savoir que c'était pour le bien de la mission n’apaisait en rien sa gêne. Certes il savait que personne ne pourrait le suspecter avec ses épaules basses, sa mine triste et son bâton en guise de canne de marche, mais il regrettait de devoir recourir à quelques subterfuges pour remplir sa part du travail. Ne pouvait-il pas faire comme tout le monde, comme tous les autres shinobis ? Non, parce qu'il n'était pas comme tous les autres et rien ne pourrait jamais changer cela. Rien.
Aujourd'hui il devait donc se faire violence et profiter de l'un de ses sens intacts, notamment parce que personne de normalement constitué ne ferait attention à un aveugle traînant dans les rues, marchant précautionneusement par peur de bousculer le premier venu. Oubliable, c'était la façon dont il avait choisi d'être perçu en reprenant temporairement ce rôle qui lui collait à la peau. Il avait donc laissé traîner ses oreilles afin de capter des noms, des lieux et des informations qui pourraient être utiles car la mission d'aujourd'hui s'apparentait bien plus à un marathon qu'une course, il devait donc se ménager plutôt que de vouloir jouer sur plusieurs tableaux afin de boucler rapidement cette assignation. Plutôt que d'aller voir au manoir mentionné s'il pouvait déjà exploré le terrain comme s'il savait si bien le faire, laissant sa conscience s'étendre hors de son corps pour capter quelques présences aux alentours, il se ravisa et décida de faire le point avec sa chère sœur. Où était-elle ? En train de faire les magasins évidemment, elle devait être plus somptueuse que d'habitude pour tromper son petit monde et passer à la seconde partie de leur plan : l'infiltration et la supercherie.
Durant les minutes qui suivirent, ouvrant ses oreilles et ses narines pour capter l'unique présence de sa chère sœur, le jeune homme se demanda ce que lui pourrait bien faire quand la demoiselle rentrerait dans la gueule du loup. Il n'avait pas ce qu'il avait de prestance ou de normalité pour être le compagnon ou le garde du corps de la demoiselle, il en avait bien conscience, mais peut-être que sa brillante moitié aurait déjà un avis sur le sujet. Une fois la demoiselle retrouvée, il se fendit d'un sourire en l'accueillant d'un :
« Tu es sublime, comme d'habitude. »
Dans la bouche de n'importe quelle autre personne cette phrase aurait sonné comme un compliment, ce qui était bien l'intention première, mais l'handicap du garçon avait tendance à tordre ses mots pour en faire un trait d'humour. Difficile de juger de la beauté physique lorsqu'il n'en avait simplement pas les moyens ? Et pourtant il essayait, essayait d'être charmant comme pour s'accrocher à un semblant de normalité qu'il n'aurait jamais.
« Bon, on s'arrête quelque part pour la nuit ? Il faut qu'on discute. »
Si la demoiselle acceptait alors le duo se rendrait à l'un des hôtels les plus proches du manoir comme point de chute et d'observation, choisissant de préférence une chambre à deux lits séparés et, durant les heures qui suivraient, le shinobi ferait le point avec sa sœur sur les informations récoltées. Les noms, le manoir et les rumeurs les plus ridicules quant à quelque sacrifices humain : la totale. Rien ne devait être oublié, la plus insignifiante information avait son importance afin qu'ils puisse établir un plan d'action. Quel serait le rôle de la belle une fois à l'intérieur ? Et le rôle de l'aveugle ? Ces choses allaient devoir être mûrement réfléchies.
Croyez-le ou non, mais la vie d'une femme mondaine était épuisante. Cela pourrait sans doute prêter à sourire mais passer sa journée à faire semblant, sourire ou jouer les offusquée à la moindre contrariété n'était pas dans le tempérament naturel de Yuriko. Pourtant elle s'y était appliquée avec un sens du détail bien à elle. D'ailleurs, elle pouvait se féliciter d'être crédible dans son rôle, réussissant même à mettre à mal le vendeur de kimono, bluffant ce dernier tout comme les clientes présentes. Au moins, elle pourrait se vanter d'avoir réussi à mettre la main sur une tenue plus appropriée pour sa mission d'infiltration.
Le reste de sa journée demeura identique et du même ton que l'entrevue avec le marchand. Elle se promenait dans les rues, portant un regard expert sur chaque étale, montrant par la même occasion qu'elle était une femme qui savait pertinemment ce qu'elle souhaitait et qu'elle n'était pas non plus une personne que l'on pourrait duper comme une jeune touriste sans expérience. Mais quand vint le soir, cela signifiait qu'il était temps de rentrer. Une femme de bonne famille ne pouvait résolument se retrouver seule à la nuit tombée, et encore moins non accompagnée. Il lui fallut donc rapidement retrouver son frère mais elle n'était nullement inquiète. Il était un homme de flair, à défaut de ses yeux, un senseur de talent.
il ne fit pas défaut à sa réputation, et ce fut Kyoshiro qui la retrouva en premier, émettant un compliment qu'elle prit comme une boutade venant de sa part.
" Je vois que ta journée ne t'a pas fait perdre ton sens de l'humour. "
Le son de la voix de la jeune femme était un peu moqueur, mais elle ne tourna guère trop longtemps autour du pot. Lorsque ce dernier proposa de trouver un lieu pour la nuit, elle acquiéçat sans émettre la moindre objection.
" Je plussoie. Cette journée m'a semblé interminable. "
Concernant le choix du lieu, la jeune femme s'en remit à son frère et à sa quête d'information. Il avait réussi à obtenir le nom d'un lieu qui pourrait être intéressant à la suite de leur enquête, un manoir où l'on aurait vu une femme correspondant à la description de leur suspecte. Les deux shinobis choisirent alors un hôtel qui leur permettrait d'observer les lieux ou tout du moins d'y surveiller discrètement l'activité. Une fois le lieu de repos trouvé et les chambres réservées sous leur faux noms, les deux jumeaux échangèrent sur l'objet de leur mission. Kyoshiro, dont l'oreille était fine avait réussi à capter des renseignements intéressants.
" Cette Dame Miuna semble être d'une étonnante personnalité. Peut-être s'agit-il du nom d'emprunt de Wakaba Anzu? Si ce n'est pas le cas, cette femme possède forcément des renseignements sur elle. Si elle inspire autant la peur, c'est parce qu'elle possède de l'influence, et les gens d'influence obtiennent le pouvoir notamment parce qu'ils ont des informations qui font leur richesse. il me faut la rencontrer. "
Alors que les deux jeunes gens passèrent une bonne partie de la nuit à discuter de leur plan et de leur rôle à chacun, il en vint le moment où ils devinrent se laisser prendre par Morphée. Mais pas sans imprudence. La jeune femme suggéra qu'il se donna le change. Pendant que l'un dormait, l'autre veillait. Après tout, la nuit pouvait parfois révélée des choses. Et si ce n'était pas le cas, le lendemain serait une journée fortement remplie.
La nuit est agréable, ni trop chaude, ni trop froide. Petit à petit, les bougies des différentes boutiques s’éteignent. Le ciel d’un noir d’encre parsemé de petites étoiles scintillante est d’une beauté rare.
L’endroit est charmant sous tous ses aspects. Un endroit parfait pour y installer une entreprise de tourisme, mais ça les ninjas le savaient déjà puisqu’ils avaient pu en témoigner depuis leur arrivée.
Dès les premières lueurs du soleil, les marchands se mettaient déjà à l’œuvre, préparant leur boutique pour la journée à venir, installant leurs nombreux produits à vue. Bientôt, les premiers visiteurs commencèrent achats et visites et le marché principal redevint bruyant.
À la porte de la chambre, quelqu’un toqua et déposa devant la porte encore close une lettre.
Très chère dame, De par votre stature noble et de par votre beauté qui n’a d’égal que celle des autres femmes de votre rang, vous êtes invitée au manoir de madame Miuna pour profiter d’une journée sans égal, parmi celles de votre stature. Nous vous attendons avec impatience.
N’oubliez pas, par contre, qu’il est formellement interdit d’amener un homme ou quoi se soit pouvant mettre en danger la vie d'une autre de vos consœur, par-là nous voulons dire, des arachides et autres noix, puisque certaines de nos invitée en sont allergique. Lorsque vous arriverez, quelqu’un se chargera de vous expliquer les règles plus précises de l’établissement.
D’ailleurs à votre arrivée, n’oubliez pas de présenter cette lettre pour avoir accès à l’ensemble des commodités.
Du manoir de madame Miuna
La lettre était générique et n'avait pas de nom. Quelqu'un d'assez intelligent pouvait bien deviner qu'elle était envoyée à toutes celles qui semblaient être un noble.
Kyoshiro était persuadé que chaque individu était semblable à une pièce possédant deux faces bien distinctes et que le but de toute vie était de parvenir à ce que les deux faces opposées puissent vivre en harmonie. Il y avait la première face, la face professionnelle, le masque de droiture et de dignité que tous montraient en public pour donner le change et puis...il y avait l'autre. Le masque le plus personnel, le véritable reflet de l'âme de la personne, le masque qui était normalement le plus facile à revêtir mais aussi le plus fragile. Alors non Kyoshiro n'était pas encore parvenu à une harmonie complète entre les deux pans de sa personne, c'était un travail de longue haleine, pas encore parvenu à associer le fêtard jovial qu'il était – le rayon de soleil – au travail acharné qu'il avait créé par nécessité. Non, il n'y était pas encore arrivé mais y travaillait pour autant, au moins il avait réussi à créer une entente plutôt cordiale entre ces deux faces qui était déjà un assez bon début. Pourquoi parler de cela ? Pour que vous compreniez pourquoi en plein territoire ennemi il pouvait se permettre une petite blague, pourquoi même en arborant son froid masque professionnel il était encore capable de faire sourire sa jumelle avec un petit trait d'humour bien senti. Après tout il pouvait rester professionnel sans se couper totalement de ses émotions, sans être un froid bloc de glace incapable de la moindre empathie : rien ne semblait capable de refroidir ce rayon de soleil vivant. Rien de mieux qu'une petite blague pour évacuer un stress inutile, non ? Il n'en oubliait pas pour autant sa mission et, quelques minutes plus tard, les deux Tadake se retrouvèrent en privé pour discuter de ce qu'ils avaient pu découvrir. Kyoshiro ne laissa de côté aucun détail et, lorsque sa moitié mit en lumière l'importance de se rendre chez cette fameuse dame avec l'espoir de peut-être pouvoir localiser leur première cible du jour, l'amante, la trompeuse, le jeune aveugle tint à rappeler quelque chose dévident mais nécessaire.
« Tu te doutes bien que je ne pourrais pas te suivre, à l'intérieur. »
Les heures s'écoulèrent, la discussion suivit son cours et, si le jeune homme décida de s'asseoir dans un coin de la pièce pour y trouver un peu de repos, le sommeil eut quelques difficultés à le trouver. Ce n'était pas plus mal en fait, il restait trop sur ses gardes en missions pour s'autoriser du sommeil superflu, aussi fut-il frais et aux aguets quand une lettre leur parvint.
« Qu'est-ce qu'elle dit ? »
Sa jumelle fut, bien sûr, assez patiente pour lui faire la lecture comme elle l'avait fait d'innombrables fois par le passé. Une invitation assez générique ? Au moins la demoiselle avait été repérée et notée, sa tenue et sa posture avaient donc été remarquées. Alors que les minutes s'écoulaient et que l'esprit de Kyoshiro tournait à plein régime pour trouver un plan, un début de plan pour lui qui ne pourrait pas passer par la grande porte, l'aveugle parvint enfin à un début d'action à mener et en fit part à sa sœur.
Remettant son masque de guerre, son froid masque professionnel pour se remettre en conditions, le shinobi s'approcha de sa sœur et, en un dernier sourire, s'approcha pour poser son propre front tout contre le sien. Fermant les yeux e prenant une dernière inspiration, il conclut son intervention d'un :
« Allez c'est parti. N'oublie pas petite sœur, je serai juste en-dessous de toi. Tout près. »
Il avait confiance en elle évidemment, mais avait-il seulement confiance en lui-même ? Pas du tout mais le doute était ce qui lui permettait de se remettre en question, de s'interroger afin de continuer à avancer. Toujours dans son rôle de petite aveugle inoffensif et subissant sa vie, le garçon s'éloigna donc du centre du village pour trouver un coin plus isolé, en bordure, là où personne ne viendrait le chercher. S'accroupissant par terre, posant la main à même le sol, le shinobi concentra son chakra pour le déverser dans le sol avant de commencer à y creuser un trou dans lequel il s'engouffrerait sans mal. Le but ? Se rapprocher de la demeure visée par voie souterrain et, une fois que le garçon serait à bonne distance, il utiliserait une technique sensorielle dont il avait le secret pour repérer d'éventuelles sources de chakra présentes.
Repérage et infiltration : c'était bien dans ses cordes.
Cette technique change la terre en sable fin en y déversant du chakra, permettant à l'utilisateur de creuser rapidement un trou comme une taupe et de s'enfouir. Il peut se cacher profondément dans la terre, s'échappant à une profondeur que son adversaire ne peut normalement pas atteindre (certaines techniques sont toutefois assez destructrices pour le toucher ou l'obliger à sortir, sans parler de techniques de doton façonnant le sol). L'utilisateur ne laisse aucune trace particulière sur le sol en s'enfouissant ou en ressortant de la terre. Ressortir du sol compte comme une technique. L'utilisateur n'a qu'une très vague idée de ce qui se passe en surface et de la position de ses ennemis, ne pouvant utiliser que son ouïe (sauf s'il est un ninja Sensoriel ou doté de la capacité Ouïe sur-développée, il n'est dans ce cas nullement gêné). L'utilisateur peut se mouvoir dans la terre, mais lentement et cela lui coûte du chakra. Un ninja Senseur ou doté de sens développés (Ouïe ou Odorat) pourra néanmoins repérer l'utilisateur enfoui.
CONSOMMATION DE CHAKRA :
Moyenne
Technique inventée
IDAI KENSHUTSU 【SACRIFICE SENSORIEL】
DOMAINE :
Sensoriel
RANG :
B
PORTÉE :
Personnel
CHAMP D'ACTION :
Énorme
DESCRIPTION :
L'utilisateur sacrifie la finesse de ses dons de Senseurs au profil de la portée : il étend sa zone de détection de chakra sur plusieurs centaines de mètres et détecte toutes les sources de chakra (sans pouvoir savoir s'il s'agit de ninja, de samouraïs, de clone ou de jutsu, mais il fait la différence avec des civils). Si plusieurs ninjas Senseur utilisent cette technique, la zone de détection augmente de façon exponentielle. Les informations récoltées sont basiques : nombre et position approximative (à quelques mètres près), ainsi qu'une vague idée de la puissance du chakra.
CONSOMMATION DE CHAKRA :
Forte
Tadake Yurikô
Hokage
Messages : 959
Date d'inscription : 20/09/2018
Age : 30
Localisation : Peut-être derrière toi, je suis une ninja.. TchiTcha!
Fiche du Ninja Grade & Rang: Jônin - rang A - Chef du clan Tadake Ryos: 2730 Expérience: (4428/2000)
La jeune femme eut toujours été complice avec son frère, et acceptait toujours les missions qui pouvaient les conduire à travailler ensemble. Inconsciemment, elle aimait avoir un œil sur lui afin d'assurer ses arrières, et d'un autre côté, pouvait-elle trouver meilleur partenaire que son propre jumeau qu'elle connaissait par cœur? Elle avait une confiance totale en ces capacités et savait pertinemment qu'elle pouvait compter sur lui quelque soit la situation. Il fut donc facile pour les deux jeunes gens de s'entendre pour faire le point sur leur quête. Yuriko rapporta alors tout ce qu'elle put sur sa journée et en fut de même des informations récoltées par son frère. La principale décision qu'ils avaient à prendre était la manière dont il allait entrer en jeu le lendemain. Par chance, la providence fut de leur côté et le choix de la kunoichi de ne pas passer inaperçue se montra payant.
En effet, le lendemain tôt le matin, quelqu'un déposa une lettre qui était adressée spécifiquement à la jeune femme - non pas dans le nom mais plutôt la destination. Cela tentait à prouver qu'elle avait éveillé l'intérêt assez rapidement et qu'elle se devait d'être surveillée pour que l'on trouva rapidement l'hôtel et la chambre dans laquelle elle se trouvait. Prudence serait mère de sûreté. Rapidement, elle en fit la lecture à Kyoshiro et récita le texte sur un ton teinté d'indifférence.
" Il s'agit d'une invitation. Elle est des plus banales dans la forme mais je suppose que beaucoup d'élégantes auraient aimé la recevoir. Une chance inespérée pour nous. "
Néanmoins malgré tout, Yuriko trouva les formulations curieuses. Pourquoi citer des allergènes? Mauvais jeu de mot ou bien fallait-il y voir le sous-entendus que les importantes personnes étaient touchées par ce mal? Ce fut à ce moment là qu'une petite esquisse se dessina au coin de ses lèvres. En effet, son regard se tourna vers ses affaires mais principalement sur ses produits cosmétiques : la poudre pour ses joues et le rouge pour ses lèvres. Pourquoi ne pas y mélanger un petit supplément? Juste au cas où. Suite à ces idées, elle enfila alors sa tenue de lumière, celle qui la ferait passer pour une autre, une élégante, une dame du monde. Elle serait une femme de commerçant qui fuit un mari trop jaloux et étouffant en cherchant le repos dans les grandes sources. Elle serait Fujiwara Tomoe.
Prenant la lettre et modifiant totalement son attitude pour être à la hauteur de son personnage, son frère la gratifia néanmoins d'une dernière attention, comme un encouragement qu'elle accueillit de la même manière que lui.
" Merci mon frère. "
Prête, elle s'engagea vers le chemin du manoir jusqu'à arriver au porte des locaux de la mystérieuse Madame Miuna. L'endroit était immense et dans un écrin de calme. Un étrange pressentiment habitait la kunoichi mais elle ne devait pas se laisser gagner par ses intuitions. Elle devait se contenter d'être une femme flattée de l'intérêt qu'on lui portait. Devant l'entrée, Yuriko manifesta sa présence et montra la lettre qu'elle avait reçu dans la matinée.
" Je me nomme Fujiwara Tomoe. J'ai reçu une agréable invitation à laquelle je ne pouvais déroger. "
La jeune femme suivit le protocole des politesses et salua l'hôte qui daigna lui ouvrir. Rapidement, on la fit rentrer et les portes se refermèrent derrière elle. Mais Yuriko n'était pas gagnée par la crainte... quelque part, il y avait son frère.... d'autre part, elle avait une mission à mener.
Le manoir possédait plusieurs étages et un jardin comme Yuriko n’en avait jamais vu. Élégamment disposé, entretenu avec une attention particulière, d’une beauté à couper le souffle. Lorsque kunoichi arriva, les portes étaient ouvertes, mais un garde était à l’entrée surveillant et interceptant tous ceux qui osaient s’approcher.
De l’entrée, Yuriko pouvait entendre les vagues se briser contre la falaise sur laquelle le manoir était perché. Le garde, un jeune homme à la chevelure d’un noir soyeux ainsi qu’une expression très calme, vérifia l’invitation avant de laisser passer la jeune ninja.
« Madame. Présentez-vous dans le bâtiment principal. Madame Miuna vous accueillera. Je me dois cependant de vous demander : avez-vous quoique ce soit contenant des arachides sur vous ? »
Lorsque la kunoichi confirma qu’elle n’avait rien de tel, il s’écarta pour la laisser entrer. Le bâtiment principal était difficile à manquer une fois entrée entre les murs protégeant le jardin. Somptueux, trônant avec élégance au centre de la propriété, richement orné, un endroit parfaitement adapté à la clientèle.
L’intérieur était vaste et tout aussi somptueux que l’extérieur. Disposées en un immense carré, une vingtaine de petites tables avaient installées, garnies d’une quantité incroyable de nourriture. Derrière chaque table se trouvait un coussin. La plupart des places étaient déjà prises par différentes dames qui parlaient à voix basse.
Vis-à-vis de l’entrée, une table rectangulaire, plus grande que les autres et plus garnie, d’ailleurs, était installée faisant face aux portes coulissantes où une jeune femme à la longue chevelure brune et aux yeux d’ambre était assise, une coupe de saké à la main.
« Bonjour ma chère. Nous ne nous sommes pas encore parlées, mais l’une de mes tendres amies m’a informé de votre présence. Elle a été très impressionnée par votre élégance, mais surtout par flair. Elle m’a raconté comment vous aviez remis le marchand à sa place lorsqu’il était reluctant. Je dois avouer que j’aimerais bien entendre votre version de cette histoire. Mais prenez place. Ici, par trop loin. »
Elle indiqua ensuite d’un geste hâtif, une table non loin d’elle.
« Comme vous vous doutez probablement, on m’appelle Madame Miuna. Et vous, ma chère, comment puis-je donc vous appeler ? »
Chaque shinobi avait sa spécialité, un domaine dans lequel il excellait particulière et, si la jeune cadette des Tadake était une prodige dans le maniement du chakra et l'art de distribuer des mandales, son cher frère était plus discret, plus...sensible. Certes les deux Tadake avait leur aisance au maniement du chakra en commun, on ne pouvait pas leur retirer cela, mais les manières dont ils faisaient usage d'une telle maîtrise étaient drastiquement différentes l'une de l'autre. La demoiselle avait dédié plusieurs années de sa vie à réparer les blessures de ses congénères grâce à ce talent, à aider les autres et ainsi sortir de la bulle dans laquelle elle était enfermée, tandis que son aîné avait choisi d'user de cette maîtrise pour compenser ce dont il avait été privé. Cette seule pensée fit sourire le jeune homme en question qui, à plusieurs mètres sous la terre, réalisait enfin que sa jumelle et lui avaient tout fait pour obtenir ce qu'il leur manquait le plus : les contacts sociaux pour l'une, la vue pour l'autre. Était-ce leur façon de chercher à être complets ? À compenser un quelconque handicap, ou bien une façon de marcher à tâtons dans le noir à la recherche du chemin à prendre ? Un peu de tout cela, peut-être, et rien à la fois.
Kyoshiro savait que jamais il ne verrait le soleil, jamais il ne gagnerait la vue et s'était fait à cette idée durant ses deux décennies d'existence, mais était-ce de sa faute si ses entraînements avaient révélé son potentiel de senseur ? Comme si l'absence d'un sens en avait révélé un autre ? Non, il n'y pouvait rien mais accueillait ce dont avec joie comme une façon de voir le monde sous un aspect différent. Quant à sa sœur, même si elle semblait réservée et en rentrait, Kyoshiro savait que viendrait un jour où elle serait heureuse.
Viendrait un jour où elle n'aurait plus besoin de lui et, à ce moment-là, il s'effacerait. Il disparaîtrait comme autant de feuilles emportées par le vent.
En attendant elle avait encore besoin de lui, aujourd'hui plus que jamais car elle était entrée seule dans la gueule du loup, alors que lui veillait au grain à plusieurs mètres de profondeur. Appréciant le fait de ne pas être claustrophobe en cet exact moment, le jeune homme tenta de repousser du pied la frustration qui grandissait alors qu'il se trouvait si loin de sa sœur, hors de portée si quelque chose devait lui arriver. Que pourrait-il faire ? Sans parler de ses parents, pourrait-il seulement se pardonner lui-même s'il arrivait malheur à sa moitié ? Au vu de la réaction lors de la mort de son ami, quelques années plus tôt, il connaissait déjà la réponse.
Ainsi, avec la terre pour seule compagnie, le jeune homme s'avança un peu plus jusqu'à se positionner au-dessous de l'immense demeure, sans vraiment pouvoir sentir s'il était juste en-dessous d'un mur ou d'une pièce à part entière. Hum, il le verrait bien une fois le moment venu. Il s'immobilisa donc un instant et leva deux doigts devant lui, malaxant son chakra pour repérer celui de sa sœur, celui qu'il connaissait par cœur depuis si longtemps. Ce n'était pas la technique la plus précise du monde, bien entendu, mais il aurait au moins le mérite de repérer grossièrement la position de sa jumelle au cas où une intervention soit vraiment nécessaire.
Que faisait-elle ? Que voyait-elle ? La propre technique de repérage du jeune homme semblait avoir été inefficace tout à l'heure, il allait devoir économiser son chakra au cas où les choses tournent mal.
Cette technique change la terre en sable fin en y déversant du chakra, permettant à l'utilisateur de creuser rapidement un trou comme une taupe et de s'enfouir. Il peut se cacher profondément dans la terre, s'échappant à une profondeur que son adversaire ne peut normalement pas atteindre (certaines techniques sont toutefois assez destructrices pour le toucher ou l'obliger à sortir, sans parler de techniques de doton façonnant le sol). L'utilisateur ne laisse aucune trace particulière sur le sol en s'enfouissant ou en ressortant de la terre. Ressortir du sol compte comme une technique. L'utilisateur n'a qu'une très vague idée de ce qui se passe en surface et de la position de ses ennemis, ne pouvant utiliser que son ouïe (sauf s'il est un ninja Sensoriel ou doté de la capacité Ouïe sur-développée, il n'est dans ce cas nullement gêné). L'utilisateur peut se mouvoir dans la terre, mais lentement et cela lui coûte du chakra. Un ninja Senseur ou doté de sens développés (Ouïe ou Odorat) pourra néanmoins repérer l'utilisateur enfoui.
CONSOMMATION DE CHAKRA :
Moyenne
Technique inventée
SHINREI TORAKKÂ 【DÉTECTEUR DE CHAKRA】
DOMAINE :
Sensoriel
RANG :
D
PORTÉE :
Personnelle
CHAMP D'ACTION :
Énorme
DESCRIPTION :
L'utilisateur concentre ses dons de Senseur dans un seul et unique but : trouver une signature de chakra particulière (qu'il doit déjà connaître) à grande distance (jusqu'à plusieurs kilomètres). Il connaît alors la position, à une dizaine de mètres près. Cette technique ne fait pas la différence entre une véritable personne et un clone ayant le même chakra (comme un Kage Bushin ou un clone élémentaire de l'affinité primaire de la cible). Cette technique nécessite une grande concentration : l'utilisateur doit être immobile et au calme. La technique peut être maintenue pour traquer la cible, mais elle consomme alors en permanence du chakra.
CONSOMMATION DE CHAKRA :
Forte
Tadake Yurikô
Hokage
Messages : 959
Date d'inscription : 20/09/2018
Age : 30
Localisation : Peut-être derrière toi, je suis une ninja.. TchiTcha!
Fiche du Ninja Grade & Rang: Jônin - rang A - Chef du clan Tadake Ryos: 2730 Expérience: (4428/2000)
Ce ne fut qu'à l'instant où elle pénétra dans le domaine de cette madame Miuna que Yuriko comprit l'immensité de sa fortune, mais aussi l'étendu de sa propriété. Le manoir était véritablement gigantesque et avec ces deux étages, cela représentait un grand nombre de pièces et de salles. C'était à se demander qui était véritablement cette personne et pourquoi la nécessité d'un tel endroit. De la pure superficialité? De l'investissement? Une manière de montrer qui était la personnalité la plus influence de la région? En tout cas, le visage de la kunoichi se résolut à afficher une expression de fascination et de respect pour tout ce qu'elle voyait. Ce ne fut cependant pas bien difficile car qu'importait la mission, elle était prête à reconnaître la grande qualité du jardin qu'elle traversait. Peut-être serait-elle même prête à faire preuve d'envie sur ce sujet car elle avait toujours aimé les lieux de cette nature.
Le garde qui lui permit de rentrer lui indiqua par la suite le chemin à prendre, tout en omettant pas de mentionner à nouveau cette histoire d'arachide. Le visage de Yuriko afficha un faux air d'étonnement et désigna l'invitation qui lui avait été donnée.
" Cela était indiqué sur mon invitation. Je ne me permettrais pas de faire le moindre affront à mon hôtesse en ne suivant pas ses recommandations. "
D'un petit mouvement de tête, elle salua ce dernier, tout en prenant le temps de rapidement mémoriser chaque trait de son visage et de son attitude, avant de se diriger vers le bâtiment principal. Dans sa petite marche lente - à cause du kimono - la kunoichi en profita pour tout observer : les allées, les fenêtres, les détails qui pourraient avoir leurs importances, des ouvertures, des fourrées, de nouveaux gardes peut-être... jusqu'à ce qu'elle gagna enfin la grande salle où était reçue toutes les jeunes femmes de la bonne société des environs.
Se tenant avec toute la prestance qui pouvait être la sienne ainsi qu'avec une assurance que l'on devait prêter à des gens de nobles lignées, Yuriko salua avec une grande politesse les personnes présentes.... et surtout son hôtesse. La célèbre Madame Miuna présidait au devant d'une immense tablée et l'accueillit avec une étonnante décontraction. Il s'agissait là d'une superbe femme et d'une élégance indéniable. De plus, lorsque l'on observait les autres convives qui discutaillaient à voix basse, il était facile de deviner qu'aucune d'entre elles ne lui arrivaient à la cheville. Mais pourquoi autant de monde? Une question qui trouverait peut-être des réponses après son intronisation.
" Je me permettrais dans un premier temps de vous remercier pour votre invitation. Il s'agit d'un grand honneur d'être conviée par une femme si convoitée dans la région. Quant à mon histoire, elle vous paraîtra bien banale et de peu d'intérêt car cela reviendrait à donner de l'importance au charlatan qui a cru pouvoir abuser d'une vaine naïveté. "
Sans tarder, Yuriko prit place à l'endroit indiqué et ne relâcha pas son attention. Son regard ne quitta pas l'élégante dame et ne manqua pas au protocole quant à sa présentation.
" Je me nomme Fujiwara Tomoe. Mon époux est Fujiwara Daisuke, un commerçant et marchand de soierie, qui m'a fait la grâce de me permettre de venir me reposer près des sources de ces grandes forêts. "
De sa voix douce et mielleuse, la jeune shinobi maintint la conversation pour continuer à gagner en intérêt auprès de son hôtesse, sans se montrer ni pressante, ni inconvenante. La mesure entre les deux n'était pas si facile à obtenir, mais elle joua finement avec afin de répondre à la curiosité de Miuna.
" Si vous me le permettez encore, je m'en vais néanmoins vous narrer cette piètre aventure avec ce fourbe vendeur... qui, je dois le reconnaître, a tout de même réussi à rattraper son erreur en me permettant d'obtenir un kimono qui, je l'espère, vous fait honneur aujourd'hui. "
Un petit sourire sur le visage de la jeune femme apparut afin de montrer qu'elle avait tout de même réussi à marchander un bien intéressant, et qu'elle n'avait pas hésité à vouloir faire preuve de raffinement auprès d'une dame qui avait du goût. Lorsque son hôtesse lui permit alors de raconter sa version, Yuriko ne manqua aucun détail de son aventure : sa demande, la qualité des tissus présentés, ses négociations... Une véritable femme mondaine qui accordait de l'importance à tous les petits détails.
De sa position sous-terraine, Kyoshiro sentit la présence de civil entrer dans l’enceinte du manoir, ainsi que le chakra d’un seul au ninja à l’exception de sa sœur, qu’il pouvait sentir juste au-dessus de lui. De plus, positionnés à intervalles réguliers, il pouvait sentir le chakra de garde situé tout autour de demeure de madame Miuna. Il senti également un autre chakra ressemblant à celui des gardes s’approcher, avec celui d’un civil, mais iI repartit rapidement se séparant du civil. Si Kyoshiro se concentrait pour le suivre, il saurait que se chakra c’est arrêter environ deux cent mètres plus loin. Il avait senti le chakra de sa sœur parcourir le jardin, puis s’immobiliser, un demi-mètre au-dessus du sol.
***
À l’histoire de Yuriko, Madame Miuna glousse et toutes les femmes déjà installées gloussent elles-aussi, suivant leur hôte. La jeune bourgeoise semblait entièrement absorbée par l’histoire de son invitée. Lorsque Yuriko termina son histoire, la jeune bourgeoise dit :
« Je n’y crois pas ! Vous avez un talent pour raconter des histoires ! Désirez-vous du saké ? Aller, j’insiste. J’en ai un qui est excellent. Pour une si bonne histoire, vous méritez bien un petit quelque chose, non ? »
Elle frappa des mains et deux servantes vinrent porter du saké à table de Yuriko. Elles le lui servirent avec cérémonie, ensuite, elles retournèrent d’où elles arrivaient.
C’est à cet instant qu’une femme à la longue chevelure noire, aux yeux sombres et à la peau claire se présenta devant Madame Miuna. Vêtue d’un élégant kimono et portant un maquillage d’une incroyable délicatesse, elle était grâce et élégance incarnée. Elle s’inclina devant la jeune bourgeoise qui accueillait toute ces femmes, puis elle prit place à une table où elle se mit à discutait joyeusement avec ses voisines.
Pour Yuriko, cela ne fit aucun doute, cette femme était celle qu’ils recherchaient, mais elle était seule, aucun amant en vue.
Le repas prit quelque temps, mais lorsqu’il fut terminé, l’hôte attiras l’attention de toutes les dames, leur proposant d’aller dans ses bains privés. Ce n’était ni une question, ni une demande. Toutes les invitées suivirent Madame Miuna vers l’arrière du manoir, où les bain se trouvaient.
***
De son point d’observation, Kyoshiro sentit sa sœur se déplacer vers l’arrière du domaine, s’arrêtant à une trentaine de mètres de la falaise.
Lorsqu'un homme était privé d'images, de couleurs, sa vie devenait alors un subtil mélange d'odeurs et de sensations que peu de personnes pouvaient vraiment comprendre, car instinctivement un individu normalement constitué avait tendance à se reposer davantage sur sa vue que sur ses autres sens. Humer l'air, sentir l'écorce d'un arbre sur le bout de ses doigts, sentir la caresse l'herbe entre ses orteils, autant de choses qui prenaient une intensité toute autre quand un des autres sens était manquant et, d'une certaine façon, la personne affligée de ce manque commençait à imaginer les couleurs dans sa tête. À imaginer le monde tel qu'il devrait l'être ou tel que la personne voudrait qu'il soit, Kyoshiro l'avait fait des milliers de fois depuis qu'il était né et cela n'avait servi qu'à alimenter sa frustration ancrée dans un coin de sa tête. À quoi bon imaginer quelque chose qu'il n'aurait jamais, si ce n'était à lui faire du mal ? La plupart du temps il arrivait à caser cette frustration au fond d'un des nombreux tiroirs de son esprit, en préférant se concentrer sur le positif, mais aujourd'hui l'aveugle aurait tout donné pour pouvoir voir sa sœur autant que l'environnement dans lequel elle évoluait.
À quoi pouvait ressembler cette énorme bâtisse ? Comment était-elle agencée ? De quelle couleur étaient les murs ? À quoi pouvait bien ressembler le shinobi dont l'aveugle venait de ressentir le chakra ? Le jeune homme n'avait pas perdue de « vue » sa chère sœur, ressentant ses mouvements aussi bien que ceux qui l'entouraient, mais il hésitait quant à la marche à suivre. Devrait-il se focaliser sur le shinobi en question, pour le neutraliser en douceur s'il en était seulement capable ? L'idée était intéressante, elle aurait au moins le mérite d'occuper le Tadake, mais ce dernier ne pouvait se résigner à y avoir recours : la discrétion était le mot d'ordre de cette mission.
Au bout de quelques dizaines de secondes à attendre là, silencieusement, dans le petit tunnel qu'il s'était confectionné, le jeune homme était à présent face à un constat qu'il ne put s'empêcher de vocaliser.
« Jouer les taupes c'est cool, mais je commence un peu à me faire chier quand même. »
Aviez-vous oublié qu'il était une pile électrique, incapable de rester en place ? Et aujourd'hui son rôle lui imposait autant de silence que d'immobilisme, autant dire que ses nerfs étaient mis à rude épreuve. Silencieusement, un mètre après l'autre, le jeune shinobi agrandit son tunnel pour suivre les mouvements de sa sœur qui se rapprochait des limites de cette propriété. Précautionneusement le jeune homme resta à bonne distance, à quelques mètres sous la position du petit groupe dont faisait partie sa jumelle. Oh non il n'allait pas supporter de rester longtemps à rien faire, comme cela, mais pour l'heure il devrait se contenter de patienter.
Cette technique change la terre en sable fin en y déversant du chakra, permettant à l'utilisateur de creuser rapidement un trou comme une taupe et de s'enfouir. Il peut se cacher profondément dans la terre, s'échappant à une profondeur que son adversaire ne peut normalement pas atteindre (certaines techniques sont toutefois assez destructrices pour le toucher ou l'obliger à sortir, sans parler de techniques de doton façonnant le sol). L'utilisateur ne laisse aucune trace particulière sur le sol en s'enfouissant ou en ressortant de la terre. Ressortir du sol compte comme une technique. L'utilisateur n'a qu'une très vague idée de ce qui se passe en surface et de la position de ses ennemis, ne pouvant utiliser que son ouïe (sauf s'il est un ninja Sensoriel ou doté de la capacité Ouïe sur-développée, il n'est dans ce cas nullement gêné). L'utilisateur peut se mouvoir dans la terre, mais lentement et cela lui coûte du chakra. Un ninja Senseur ou doté de sens développés (Ouïe ou Odorat) pourra néanmoins repérer l'utilisateur enfoui.