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Sans un regard en arrière... • ft. Hidenori

Jin Wei
Jin Wei
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La vue était belle ; surplombant légèrement le delta d’Ofusecho, Shū regardait les eaux se fondre dans l’océan, immense, qui s’étendait à perte de vue. Dans quelques instants, le Soleil se lèverait à l’horizon et embraserait le ciel et les nuages. Le jeune porta son regard sur la plaine, plus bas. Quelques animaux se dépêchaient de disparaitre avant l’aube, fuyant les points d’eau pour regagner l’obscurité des bosquets où ils se sentaient plus en sécurité. Ils avaient l’habitude, à force de côtoyer le peuple Kaguya : la fin de la nuit était le moment privilégié pour la chasse. Il inspira longuement, s’étirant ses jambes engourdies – cela faisait un bon moment qu’il était assis là, dans la pénombre, à admirer silencieusement le paysage. Alors qu’il expirait, un voile de buée l’enveloppa. Il faisait frais, mais les premiers rayons ne tarderaient pas à le réchauffer. Doucement, il ferma les yeux, se laissant porter par les bruits et les odeurs de la Nature encore ensommeillée.

Et, soudainement, il fut pris de nostalgie.

Le jour J était arrivé, le jour de son départ pour le Pays du Vent. Mais à présent qu’il regardait ce paysage endormi, maintenant qu’il était presque devant le fait accompli, il se rendait bien compte qu’il n’allait pas seulement rompre avec ce qu’il détestait, fuir un clan qu’il méprisait et débuter une nouvelle vie, plus sereine… Non, il comprenait que, quelque part, il allait beaucoup y perdre, à commencer par ce territoire-là qui s’étendait sous ses pieds. Il avait aimé le parcourir, il avait aimé chaque animal l’ayant traversé, il avait aimé l’odeur de l’herbe et de la terre… Il avait aimé le froid, la pluie et le beau temps, et chaque saison qui s’était abattue sur ces terres.
Lentement, il soupira. Il quittait la Nature pour un Village dont il ne connaissait rien, sinon ce qu’on lui en avait rapporté. D’après Hidenori, il s’agissait d’un monde de sable ; mais le sable, il y en avait un peu au bord de l’eau, et il trouvait que cela grattait beaucoup, tout de même. Ce n’était pas aussi doux que l’herbe et il n’était pas certain de vraiment aimer cela. Et puis, cela manquait d’eau aussi, et l’eau c’était important – c’était la vie.

Peut-être que venir là et profiter une dernière fois de la vie sauvage n’avait pas été une bonne idée, finalement. Il aurait mieux fait de rester au campement, jusqu’au dernier moment. Il n’aurait pas eu l’occasion de ruminer, encore. Il n’aurait pas pris conscience de ce que cela impliquait vraiment – il n’aurait pas eu ce sentiment de vide et d’épuisement, comme s’il était impuissant face à la situation. Mais, d’un autre côté, il était persuadé qu’il l’aurait regretté, après coup. Et puis, sa famille ne se serait-elle pas inquiétée s’il n’était pas allé, comme tous les jours, chasser en solitaire ? De fait, il avait été le plus naturel possible, ne dérangeant aucune de ses habitudes. Il avait fait son paquetage sans un mot, ne prenant que ce qu’il aurait utilisé pour chasser, et il était parti, nonchalamment, en direction de son destin. Certainement que ses proches croyaient encore qu’il reviendrait, d’ici quelques heures, avec l’un ou l’autre animal mort à sa ceinture. Cela dit, il n’avait même pas cherché à traquer des bêtes ; il s’était contenté de suivre une piste fictive et de partir vers l’Ouest, à la frontière avec la côte d’Omui où il avait pris un peu de hauteur pour admirer la scène.

Un rayon finit par percer l’horizon, réchauffant sa joue avec ardeur. Il se leva alors, prenant le temps de s’étirer. Il était l’heure, il devait se mettre en route – il avait rendez-vous avec Hidenori, non loin de là, dès les premières lueurs du jour. Alors, sans un regard en arrière mais la boule au ventre, il s’en alla.

Tant pis pour le Sud,
C'était pourtant bien...

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Kamiko Fumetsu
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Village de Suna

Ouvrant les yeux, j’expirais lentement, une pression intestinale terrible me secouait ; je n’avais pas dormi. Mon lit tournait sur lui-même, ou du moins, mon monde s’écroulait au fur et à mesure que mon esprit vagabondait sauvagement, m’assaillant de pensées affreuses, m’emplissant de doutes. Je faisais la bonne chose. Je faisais ce qui était juste. Je n’étais pas égoïste. Non. J’étais légitime. Ce gosse hantait mon esprit depuis plusieurs années : je l’avais vu grandir, je l’avais vu s’assombrir, tourner le dos à son clan, sa propre famille, je l’ai vu sombrer dans le néant, dans la tristesse. « Je veux le sauver… » Portant mes mains sur mon visage, cachant celui-ci au monde m’épiant, aux divinités ricanant et à ma défunte femme, je glissais quelques larmes, sans sanglots. A travers l’espace de mes doigts calleux, un léger reflet de lune se glissa sur moi, cherchant un endroit propice où propager sa lumière. Il était trois heures du matin, l’heure de partir. L’heure où j’allais le revoir, l’heure où il n’allait plus me quitter. Shū. Penser à lui me pinçait le cœur à chaque fois ; je repensais à ma première rencontre avec lui, une petite bouille sans nom, curieuse comme tout enfant, m’observant travailler. J’avais apprécié le voir, lui raconter des histoires ; il était synonyme d’un fils que je n’aurai jamais. Au fur et à mesure de nos rencontres, j’avais plus appris sur lui, nous avions fondé un lien fort, un lien que je n’avais jamais cru tisser. Mon départ des plaines de Karawar avait été un déchirement, ce jour-là, je n’avais pas eu la force – ou était-ce de la lâcheté – de le prévenir de mon départ, je l’avais effacé de ma mémoire, tentant désespérément de me détacher de cet endroit. Quel ne fut pas mon choc lorsque je l’avais recroisé, au détour d’un voyage pour le compte de Suna. Il m’avait fallu tout le courage du monde pour surmonter cette épreuve, et il m’avait fallu tout la peine du monde pour ne pas courir après lui, m’excuser, le prendre dans mes bras. Conscient des épreuves vécues, je l’avais pris sous mon aile, je l’avais traité en égal, traité en apprenti, en fils. Nous échangions, comme auparavant, nos histoires, nos vies et sans le vouloir, je vouais une haine féroce au paternel indigne, immonde qui osait torturer son fils pour le simple gain de puissance, dans une barbarie inouïe. Inconsciemment, je plantais une graine séditieuse au sein du jeune Shū. Aujourd’hui, celui-ci allait déserter son village, son clan et sa famille. Aujourd’hui, je partais le rejoindre, le protéger, comme un père devrait le faire pour son fils.

Je passais les portes du village, après avoir, au préalable, donner mon bandeau aux gardes ainsi qu’un rouleau signé et scellé par le Haut-Conseiller ; une sorte de passe-droit, des instructions, aussi. Il ne fallait pas que Suna soit entaché par une telle mission de rescousse, surtout si cela devait aliéner le clan des Kaguya. Discrétion, rapidité ; le travail d’un shinobi. Poussant un dernier soupir, ce même tiraillement aux tripes, je m’élançais de toute vitesse dans la nuit noire, vers le point de rendez-vous que je lui avais communiqué. Le trajet était une torture, chaque pas était une pensée fustigeant, fulminante, parfois un souvenir douloureux, un accès de rage ou une pointe d’angoisse. Je courrais à vive allure, mon corps giflé par le vent, espérant, secrètement, que la douleur me vide l’esprit. Serrant les dents, je tentais de laisser l’instinct prendre le dessus mais j’étais toujours hanté par mes tribulations incessantes. Le soleil se levait derrière moi, me réchauffant tendrement le dos, j’arrivais à mon but ; un arbre creusé, torturé par un éclair ancien, ayant carbonisé son tronc jusqu’à la moelle, projetant ses branches vers un ciel enflammé, pour y goûter l’air une dernière fois. Buvant à grande lampée, j’attendais, le cœur battant furieusement dans ma poitrine. J’inspirais longuement, j’expirais doucement, calmant mes nerfs, espérant qu’il n’y aurait aucune complication, aucune mauvaise rencontre.

Bruits. Craquements de brindilles. Battements de cœur. Buissons s’agitant. Attente assourdissante. Il était là. Shū. Cinq pieds six de haut, aux multiples cicatrices bardant son visage, un regard triste qui s’illuminait de malice quand je le regardais. Il était là. Cette vision enchantée me vida l’esprit. Il était là. Je souriais, je m’avançais vers lui et pris la parole.

« Comment vas-tu, jeune Shū. Es-tu prêt ? »


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Jin Wei
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Hidenori : tantôt un père, tantôt un maître. Il était une véritable force de la nature, et pourtant Shū ne connaissait pas d’âme plus noble et de cœur plus gros – comme quoi, sa famille se trompait sur toute la ligne, on pouvait être le plus puissant et le plus aimant aussi. Il avait été à ses côtés, toutes ses années, éclairant le chemin de l’enfant avec toujours beaucoup de justesse, et certainement que ce dernier lui en serait éternellement redevable.
Lorsque, au détour d’un buisson, leurs regards se croisèrent, il lui sembla que toutes les pensées qui le préoccupaient l’instant d’avant s’évaporaient soudainement. Un sourire coupa son visage marqué ; un sourire sincère, qui traduisait parfaitement sa joie et son soulagement. Bien sûr, il n’avait pas douté que l’homme serait au rendez-vous, ce qu’il avait craint cependant, c’est qu’il soit retenu à Suna pour une raison quelconque, ou qu’un membre de son clan ait eu connaissance de l’affaire d’une façon ou d’une autre. A l’évidence, c’étaient des peurs irraisonnées, d’une part car Hidenori avait eu l’accord du dirigeant de Suna et d’autre part car ils n’en avaient parlé à personne et, même entre eux, ils n’avaient échangé que peu de mots à ce sujet. A vrai dire, Shū n’avait pas eu besoin de s’étendre et les choses s’étaient faites plutôt naturellement. Hidenori comprenait assez aisément ce que l’adolescent ressentait, en général, et il lui avait proposé cette solution avec beaucoup de simplicité – comme si cela avait été une évidence.

Son visage se crispa légèrement tandis que le patriarche lui demandait s’il était prêt, mais il hocha tout de même la tête. Ses pensées transparaissaient assez clairement, cependant : il n’était pas prêt, il ne se sentait pas prêt et il ne le serait jamais. D’un autre côté, qui pouvait se targuer de l’être ? Qui pouvait se dire sereinement « J’en ai terminé avec cette vie que j’ai toujours connue, avec ces gens que j’ai aimés et détestés, j’en ai terminé avec mon existence, les 17 premières années de ma vie, et je suis prêt à plonger vers l’inconnu » ? Ses lèvres se pincèrent, comme pour réprimer une bouffée d’émotion soudaine, mais il ne put empêcher les larmes de lui monter aux yeux et, sans prévenir, il se jeta dans les bras d’Hidenori, sanglotant furieusement. Il serra la taille de l’homme, bien plus grand que lui, avec toute la force dont il était capable ; il pleurait sans parvenir à s’arrêter, et des spasmes parcouraient périodiquement son corps.

Il ne savait même pas vraiment pourquoi il se mettait dans cet état. Il était persuadé de faire le bon choix, il savait que son avenir était ailleurs. Mais c’était plus fort que lui ; il abandonnait tout, et cela faisait mal, bien plus mal que tout ce qu’il avait connu, car ça le prenait aux tripes et ça le brûlait de l’intérieur. Il pensa à sa mère et espéra qu’elle ne serait pas trop triste. Il pensa à son père et il pria silencieusement pour que celui-ci trouve la paix intérieure, un jour. Et il pleura de plus belle.

Ses sanglots, c’étaient aussi les larmes de la délivrance et de la rédemption. Dans les bras d’Hidenori, il pouvait enfin être lui-même, il pouvait être faible et ne pas s’en vouloir. Il pouvait penser à ce qu’il n’avait jamais osé imaginer ; il pouvait aimer ses parents pour ce qu’ils étaient, sans s’en vouloir et sans les haïr d’autant plus. Il pouvait détester le clan Kaguya, mais apprécier les êtres humains derrière ce nom.

Entre deux sanglots, tandis qu’il s’écartait des bras du vieil homme, il s’excusa. « M-Merci… pour tout ça. » Et il renifla comme un enfant ; difficile de croire, à cet instant, qu’il était déjà presque un homme. Alors il s’essuya le visage d’un revers de manche et s’éclaircit la gorge, fuyant le regard du Sunajin. « Je te suis. » dit-il simplement, comme il ne voulait pas revenir sur cet épisode. Et il se mit en marche, aux côtés de celui qui deviendrait son père adoptif.

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Kamiko Fumetsu
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Delta d’Ofusecho

L’adolescent semblait perdu, bravant le feu qui le rongeait à l’intérieur, il se crispait. Je le regardais avec tendresse ; la tristesse de cet enfant faisait écho avec celle de mon cœur, me rappelant les épreuves sans fin d’une vie que trop longue. Je ressentais en mon sein ses hésitations, son incertitude, puis, l’agitation manifeste, trahie par ses mouvements saccadés et ses yeux arrondis par la crainte. Le voir plonger dans mes bras, secoués de sanglots, de pleurs encore enfantins, affermit ma décision, il fallait que je le sorte de là. L’enserrant de mes bras, je ne pensais à rien, l’esprit vidé par l’instant partagé, un moment pur et innocent, loin des violences et des peurs. Il se vidait, de tout son saoul, se purgeait de ses émotions les plus vives. Je ne pouvais lui en vouloir, il se séparait de ce qui constituait l’entièreté de sa vie ; son enfance, son adolescence, il avait toujours vécu sous le courroux d’un père immonde. Malgré cela, il restait son père, sa mère restait celle qui l’avait enfanté, son clan restait sa maison. Il ne changerait pas de nom, il resterait ancré dans son âme, comme une marque au fer rouge, prouvant son appartenance à un monde violent, clanique. Ses capacités lui rappelleront, à chaque utilisation, ses actes, sa désertion, son père. Je tentais, tant bien que mal, de lui faire comprendre, au travers de mon étreinte, mon soutien. Nous restâmes ainsi pendant un certain temps ; le temps qu’il lui fallait pour reprendre contenance. Puis, tendrement, il se détachait de moi, séchait ses larmes d’enfant et me remerciait, fuyant mon regard. Je souriais gentiment, que trop compréhensif de sa situation. J’avais, moi aussi, été chassé de ma demeure, par la guerre, par une famille belliqueuse, obligé de fuir, obligé de se réfugier dans un endroit inconnu. Mais, j’y avais découvert le bonheur, cette histoire, je la lui avais conté de multiples fois et je soupçonnais que c’était la raison pour laquelle il cherchait à me suivre ; trouver le bonheur, quel que soit sa forme.

Marchant vers Suna, vers la terre de la libération, je pensais au futur. Pour la première fois depuis des années, je ne pensais pas au passé, je ne m’enfermais pas dans des tribulations nostalgiques mais j’observais l’avenir avec avidité, avec envie. Je souhaitais vivre, non pas pour moi, mais pour lui, pour ce jeune que j’avais pris sous mon aile, comme un père le ferait. Soudain, je pensais à quelque chose de plus sombre, de moins joyeux ; le clan ne tarderait pas à découvrir sa disparition. Alors, au risque d’éveiller les craintes et les peurs de Shū, je lui demandais, tout en marchant.

« Quand est-ce qu’ils seraient susceptibles de s’apercevoir que tu es parti ? Devrions-nous couvrir nos traces ? » Je le regardais avec confiance, bienveillance afin de le rassurer. Observant son visage inquiet, je repris la parole. « N’aie pas peur Shū, je sais que c’est une épreuve particulièrement difficile ; abandonner un monde ancien pour un nouveau ferait fléchir n’importe lequel d’entre nous, je le sais mieux que quiconque. Je serais toujours là pour toi, ne t’inquiète donc pas et avançons. Je te fais confiance. »

Sur ces paroles, nous nous élancions, tous deux, vers Suna.

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Jin Wei
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Le jeune s’inquiéta immédiatement, alors qu’Hidenori lui faisait part de ses interrogations. Étaient-ils traqués ? Le vieil homme avait-il repéré quelque chose ? Et soudain, la végétation qui les entourait – et qui se raréfiait, à mesure qu’ils progressaient en direction du Pays du Vent – lui paraissait hostile, comme abritant quelques ombres diaboliques. Comme si un Kaguya allait en surgir à tout moment. Il balbutia, ne sachant trop quoi répondre et jetant des regards furibonds autour de lui. Allaient-ils devoir se battre ? C’était peut-être là sa pire crainte. Il ne voulait pas se battre, il ne voulait pas avoir à faire ça dans le sang et la douleur, il ne voulait pas que des innocents soient mêlés à sa crise existentielle. Il ne voulait pas que quelque chose arrive à Hidenori, alors que celui-ci n’avait fait que tendre une main à un être esseulé. Toute cette souffrance était inutile ; il était le seul responsable, aussi devait-il être le seul à en porter la responsabilité – le seul à souffrir.

Mais son protecteur le rassurait très vite et, par son discours, Shū comprit qu’il ne cherchait qu’à prendre des précautions – et, qui plus est, qu’il serait prêt à tout pour le protéger. Le jeune homme hocha la tête, pour signifier qu’il saisissait, puis après quelques instants de réflexion, il répondit : « Je suis parti vers le milieu de la nuit. Enfin, comme d’habitude quoi, comme quand je vais chasser. Normalement je reviens en milieu de matinée, avec le gibier… Parce que j’éviscère sur place, tu sais, ça prend du temps. » Il n’avait aucune idée de si ces informations étaient vraiment utiles, mais c’était à peu près tout ce qu’il avait à offrir, un peu comme s’il réfléchissait à haute voix. Il regarda le ciel, rapidement, comme pour évaluer l’avancement de la journée. « Je ne saurais pas te dire vraiment quand… Peut-être dans une heure, peut-être dans une semaine… Enfin, tu sais, je crois que je pourrais partir toute la journée ils ne s’inquiéteraient pas vraiment. Ça énerverait le paternel, pour sûr, m’enfin… » Il se mordit la lèvre nerveusement, un geste compulsif qu’il avait développé au fil du temps et qui témoignait de son état de stress à l’évocation d’une colère paternelle. Puis, il ajouta : « Mais de toute façon, je couvre toujours mes traces pendant la période de chasse… » Peut-être aurait-il dû commencer par ça, c’était vrai. Mais quoi, la nervosité du moment semblait lui faire perdre ses moyens et son esprit s’emmêlait tout seul. A vrai dire, c’était aussi qu’il n’appelait pas ça « couvrir ses traces ». C’était devenu un geste naturel : il faisait attention au sens du vent, il prenait soin de ne pas abîmer la végétation qu’il traversait, il restait sous le couvert des arbres ou tapi dans les hautes herbes. Autant de gestes qui étaient nécessaires pour ne pas alerter les bestiaux. Et, ce jour-là, pour ne pas alerter les Kaguya – quoique ces derniers puissent être assimilés à des bêtes, de son point de vue.

Il haussa les épaules. « Tu crois qu’ils viendront me chercher ? » Cela valait aussi bien pour maintenant, alors qu’il était en train de déserter son pays, que pour dans un mois. Finiraient-ils par le trouver et viendraient-ils jusqu’à Suna ? Ou accepteraient-ils son départ, renonceraient-ils à le chercher… Son regard s’assombrit et il déclara, comme découragé. « J’aurais dû simuler ma mort. » Il n’y avait pas pensé sur le coup, évidemment, mais maintenant il trouvait l’idée excellente. Il ajouta, d’autant plus pessimiste : « C’est sûr, ils vont me traquer… » L’avenir lui paraissait bien plus sombre, tout à coup. Et il se mura dans un silence équivoque.

Après un certain temps, il ralentit l’allure, regarda autour de lui, puis demanda au vieil homme : « Est-ce qu’on est loin de Suna ? » Car la végétation luxuriante aux alentours d’Ofusecho avait peu à peu laissé place à une plaine désertique, à mesure qu’ils progressaient. Le changement n’avait pas été trop brutal, mais il se rendait maintenant compte qu’il ne pourrait plus remplir son outre d’eau, si celle-ci s’épuisait. A vrai dire, il pouvait même la remplir de sable que personne ne s’en rendrait compte, tellement il y en avait autour de lui. La plaine désertique dans laquelle ils se trouvaient s’étendait à perte de vue. « Voilà donc à quoi ressemble le monde d’Hidenori… » songea-t-il. C’était étrange, mais quelque part, il était prêt à tenter l’expérience. Il était prêt à donner une chance à ce désert ; il trouverait de la vie, dans ce monde de silice.

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Kamiko Fumetsu
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Kamiko Fumetsu


Voyageant par-delà le delta, j’emmenais le jeune Shū vers des terres inconnues, un monde de sable, rocailleux ; aux antipodes d’un environnement qu’il côtoyait depuis son enfance. L’écart entre ces deux géographies pouvait être traumatisant, ou profondément anxiogène, alors je m’activais en anecdote et en parole réconfortante afin de rassurer, par ma présence, mes faits et gestes, le Kaguya. Nous étions parvenus à l’entrée du désert, une porte sublime, dorée, vers les profondeurs d’une terre aride, hostile et sauvage, plus encore qu’une forêt obscure. Le paysage s’était métamorphosé, progressivement, laissant place à un sol meuble, une nouvelle flore – et faune –, des cailloux, d’abord, puis des rochers étranges, plus friables. Puis, du sable, plus d’arbre, plus de cours d’eau, plus rien ; seule, une étendue aux milliards de milliards de grains râpeux reposait là. Je sortais de mon sac quelques drapements afin de les offrir au jeune Shū, pour qu’il se couvre du soleil assassin. Et nous nous élancions dans ce désert, dernière épreuve avant la fin de ce parcours. La marche se faisait maintenant dans un silence relatif, lui laissant le loisir de s’abreuver l’esprit des nouveautés aperçues. Parfois, j’indiquais le nom d’une telle espèce, ou d’une telle plante, parfois le nom d’une concrétion rocheuse. Je lui enseignais, par ailleurs, comment trouver un oasis et ses bienfaits mais aussi les dangers rôdant autour de ceux-ci – les bandes de bandits, notamment. De plus, je lui apprenais la hiérarchie du village de Suna, du Pays du Vent et lui donnait le nom de celui que nous allions voir, Kayaba Akihiko, le Haut-Conseiller et Intendant du village caché. Le berçant d’information, j’espérais qu’il ne panique pas trop, même s’il était trop tard pour rebrousser chemin. Le soleil tapait fort, brûlant violemment la terre et les pousses jaunies, tordues sous les rayons meurtriers, peinaient à s’épanouir. J’y trouvais une analogie, une comparaison touchante entre mon protégé et ces mêmes pousses ; il suffisait d’un environnement favorable pour qu’elles puissent s’émanciper, fleurir. J’espérais sincèrement pouvoir lui prodiguer cela. Mon cœur se serrait progressivement, comme à l’aller, au fur et à mesure que l’on approchait les murs gigantesques de Suna. Comment allait-il réagir ? Que faire si la politique du Haut-Conseiller avait changé ? Et s’il avait d’autres idées en tête ? Je craignais la trahison mais n’avais aucune raison d’y croire. Pourtant, mes entrailles congestionnaient violemment, provoquant quelques crampes ; ma vieillesse me jouait des tours dans les moments les plus cruciaux. Je maudissais dans ma barbe les années perdues mais savourais, au fond de moi, les évènements futurs.

Les murs étaient maintenant à portée de vue, à l’horizon, une montagne ciselée. Cela faisait maintenant quelques années que je les observais à chaque retour de voyage ou de mission, cette vision me faisait toujours un bien fou, il s’agissait, pour moi, d’un repère salvateur. « Voici le village caché de Suna. » Souriant au jeune Shū, je posais une main apaisante sur son épaule et nous restions ainsi, à savourer cet instant. Le soir tombait progressivement au fur et à mesure que nous nous approchions de notre destination. C’est dans une nuit relative que nous arrivions face aux portes du village, face aux gardes. Parlant à ceux-ci, je leur indiquais le rouleau laissé au poste ainsi que mon bandeau de shinobi ; habitués à la discrétion, ils me remirent mes effets sans un mot, après avoir glissé un œil vers mon protégé. L’ouverture des portes semblait prendre une éternité, mon cœur pompait furieusement dans ma poitrine, mon bandeau dans ma dextre, le rouleau dans ma senestre, Shū derrière moi. Progressivement, la ville se découvrait face à nous ; un antre de lumière, de vie. Les rues étaient bondées en cette soirée, les visages souriant, les familles de sortie. Conscient du bouleversement que cela pouvait représenter, je m’accroupis face au jeune Kaguya, et sans un mot, lui revêtais mon bandeau, cachant sa marque. « Tu es ici chez toi maintenant, il ne nous reste que peu de chose à faire encore, puis nous irons nous reposer. » Je l’emmenais alors au travers du dédale des allées et contre-allées, au détour des rues et des avenues, se faufilant dans une masse de curieux. Si je croisais, parfois, des visages familiers, Shū devait se sentir submergé par la diversité des personnes, par l’inconnu. Je laissais, alors, une main sur une épaule afin de la guider, gentiment, mais aussi pour le rassurer au travers d’un contact doux. Le trajet ne fut heureusement pas long et nous grimpions dans la tour à la porte écarlate, à la rencontre de l’homme m’ayant permis cette opération ; le Haut-Conseiller. Anxieux, je toquais et pénétrais, accompagné, dans l’antre du grand organisateur de Suna.


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Tout au long du voyage, l’adolescent avait écouté son protecteur avec beaucoup d’attention. Du moins, il s’était efforcé de le faire, mais le Soleil tapait fort – bien plus fort que tout ce qu’il avait connu – et il lui devenait de plus en plus difficile de se concentrer. Il avait beau y mettre toute sa volonté, de moins en moins d’informations trouvaient leur chemin jusqu’à son cerveau ; bientôt, ses yeux lui joueraient des tours, si cela continuait. Le temps où il avait demandé s’ils étaient arrivés à destination lui paraissait bien loin. Il avait été naïf. A peine avait-il posé le pied dans le désert qu’il s’était imaginé à Suna, mais la réalité s’avérait bien différente. Le désert était immense, bien plus grand que l’océan certainement.

Il toussa difficilement, étouffé par la chaleur et le sable qui virevoltait autour de lui lorsqu’il marchait. Et il avait beau se couvrir le visage avec le linge que lui avait généreusement donné Hidenori, il avait l’impression que les milliards de grains s’infiltraient, d’une façon ou d’une autre, et que le Soleil le perçait furieusement pour brûler sa peau blafarde. Alors qu’une joyeuse cacophonie tonnait sous son crâne, alors que son esprit divaguait de plus en plus, il se surprit à se demander s’il garderait sa peau blanche et pure. Il s’imagina bruni, l’épiderme épais et tanné – comme s’il essayait de se remonter le moral, il songea que cela lui donnerait un certain charisme. Le blanc était assez féminin, c’était synonyme de beauté et d’élégance, il aurait l’air plus fort avec le teint hâlé. Puis comme il observait son protecteur avec un regard curieux (il essayait de se souvenir de la couleur d’Hidenori avant que celui-ci ne vienne vivre à Suna), celui-ci dut croire que le jeune était avide d’anecdotes car il repartait dans une explication du système hiérarchique alambiqué du pays qui l’accueillerait. En temps normal, tout ceci lui aurait déjà paru bien complexe, mais dans pareilles circonstances cela lui semblait totalement absurde. Le système hiérarchique des Kaguya paraissait bien plus évident, à côté : la loi du plus fort était une loi naturelle, universelle et intemporelle.

Lorsque le vieil homme annonça enfin leur arrivée à destination et que les yeux du jeune Shū se posèrent sur l’immense muraille creusée, il ressentit un immense soulagement. Il l’avait fait ! Il était arrivé entier, sain et sauf. Bizarrement, la menace que représentait son clan lui paraissait bien lointaine, tandis que celle du désert lui tirait encore un frisson effroyable. Il se demandait comment il avait pu survivre à pareille épreuve… En revanche, la tension inconsciemment accumulée tout au long du voyage retomba d’un coup et il sentit ses jambes céder sous son poids. Mais il ne fallait pas qu’il faiblisse maintenant. Les murs gigantesques se dressaient certes devant eux, ils n’étaient pas encore au niveau des portes. Machinalement, il extirpa une jambe du sable et fit un pas en avant. A vrai dire, l’enfant était presque à bout de force ; il ne voulait pas paraître trop faible cependant, pour ne pas alerter Hidenori qui paraissait lui aussi bien soulagé de rejoindre son foyer.

Le duo atteignait finalement les portes du village à la tombée du jour. Avec le Soleil couchant, Shū avait pu reprendre du poil de la bête. Bien que la fatigue fût réelle, la chaleur avait nettement décrue et le jeune pouvait respirer de nouveau. Alors qu’Hidenori traitait avec les gardes de la porte, Shū était resté un peu en retrait, silencieux. Dans sa lutte contre les éléments, il en avait oublié la raison de sa venue là. La réalité le frappait de plein fouet, à présent, et il sentait son estomac se nouer. Après la peur de se faire traquer par son clan, après la peur de laisser sa peau dans le désert, voilà qu’il devait affronter la peur de l’inconnu. Et, par inconnu, il entendait le Sunajin. C’était vrai, après tout, il connaissait Hidenori… Mais Hidenori n’était pas un Sunajin d’origine. Et si ce peuple ne l’acceptait pas ? Et si ces gens n’en avaient rien à faire de lui, rien à faire de son histoire et de son clan, et le renvoyaient dans le désert ardent ? Shū ne connaissait pas grand-chose du monde, il avait toujours vécu avec sa famille et les quelques étrangers qu’il avait croisés n’avaient jamais été très cléments avec lui, au prétexte qu’il était Kaguya. Alors, devait-il commencer par s’excuser, lorsqu’il serait présenté à ces gens ? S’excuser d’être né dans un clan barbare, s’excuser de ne pas avoir le bon nom et le bon sang… Il fronça les sourcils. Bien sûr qu’il était désolé d’être ce qu’il était, bien sûr qu’il avait honte…

Comme pour corroborer ses pensées, Hidenori l’arrêtait un peu avant qu’ils ne pénètrent dans la rue principale et lui nouait son propre bandeau autour de la tête. Ah… D’instinct, l’enfant porta la main à son front. Oui, évidemment. Au milieu des cicatrices qui le parcouraient, Shū portait la marque de son clan. Ce fut alors un moment étrange, car il ne sut pas vraiment s’il devait se réjouir ou s’inquiéter. Si cela ne tenait qu’à lui, il serait heureux, à cet instant précis. Car plutôt que de sentir la marque des Kaguya, ses doigts rencontraient le symbole de Suna, gravé dans le métal. Mais, d’un autre côté, il était un peu ennuyé par le fait qu’il doive cacher son appartenance – non pas qu’il en soit fier, évidemment, mais il voulait voir le vrai regard des Sunajins, il voulait savoir à quoi s’en tenir avec eux. Mais il fallait se préserver de tout incident diplomatique, et jouer le jeu, le temps qu’ils officialisent les choses. Ce fut donc avec beaucoup d’appréhension et un brin de curiosité que le jeune suivit le vieux, au cœur de la cité.

Suna était, à l’image de sa muraille, gigantesque. A côté, les habitations éphémères du clan Kaguya paraissaient ridiculement minuscules – et pourtant, Shū les trouvait assez spacieuses, car on pouvait y tenir à plusieurs et manger tous ensemble. Ce qui l’intriguait, en revanche, c’était que tout semblait fait de sable et de pierre. Ne craignaient-ils pas que la pluie emporte tout ? Non, à l’évidence, il ne pleuvait pas ici – et il rit intérieurement de sa propre naïveté. Tandis qu’ils traversaient le centre-ville en direction de ce qui semblait être la plus haute tour, le gamin essayait de ne pas trop croiser le regard de tous les individus qu’ils rencontraient, pour ne pas paraître suspect. En outre, il se rendit compte que si le village était si immense, c’était qu’il abritait énormément de gens – il n’aurait su dire combien exactement, mais au moins un milliard croyait-il, si tant est que ce nombre ait une réelle signification dans son esprit habitué aux petites quantités. Certains semblaient reconnaître Hidenori, d’autres semblaient se douter de quelque chose (un albinos au milieu du désert, quelle curiosité !). Pour autant, ils parvinrent jusqu’au bureau du Haut-Conseiller sans encombre.

Alors, pour la première fois, Shū se rendit compte que le vieil homme paraissait soucieux. Il eut un frisson. Qui pouvait bien être le Haut-Conseiller pour inquiéter Hidenori, cette force de la Nature ?

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