Audit risqué

Le temps n'était plus à la discussion. Pourtant, accoudé à un pan de mur de la salle du conseil, celui qu'on surnommait encore le Borgne, regardait avec une pointe de dégoût les acteurs de cette comédie. Tous, s'en donnaient à cœur joie de donner son avis. Pour certains, il fallait faire taxer notre protection. Pour d'autres, le pillage des autres régions devenaient nécessaires. Et enfin, l'on pu avoir l'idée la plus brillante, qui consistait à prendre d'assaut le village d'Uzushiogakure pour se saisir de leurs richesses. Depuis quand les hommes et les femmes qui avaient guidé le Clan étaient devenus aussi bête ? La question tournait dans l'esprit du Loup Solitaire alors que son regard se posa sur la nouvelle Intendante qui ne tarderait plus à devenir cheffe. Assise dans son fauteuil, elle écoutait tout le monde, faisant mine de peser le pour et le contre, tentant quelques jeux de faciès pour montrer qu'elle écoutait tout le monde et tentait de trouver une solution. Mais Tsumi savait très bien, qu'au fond d'elle, sa rivale aujourd'hui à la tête des Chinoike, ne savait pas plus quoi faire que les autres. Un constat affligeant pour lequel le Loup se senti d'une certaine manière responsable. Du temps de l'ancienne Intendante, nulle doute qu'elle aurait tapé du poing sur la table et aurait calmé les esprits. Mais rien n'était plus comme avant. Désormais assigné à résidence, on lui avait interdit de se mêler de près ou de loin des affaires du Clan. Bien sûr, lorsque le shinobi rentrait pour la rejoindre, les vieilles habitudes reprenaient le dessus. Car après tout, avant qu'elle ne soit la future mère de son enfant, Etsu était sa supérieure.

D'une certaine manière, rien n'avait vraiment changé de ce point de vue là. Toujours prompt à lui donner des ordres, elle avait la magnifique habitude, - d'autant plus avec les hormones qui travaillaient – de lui faire vivre un véritable enfer. Toujours à lui reprocher tout et son contraire, elle finissait par s'excuser, et lui demander pardon. Pour le Borgne, ce n'était rien, Dame Fuyu l'avait prévenu que les femmes enceintes pouvaient être... compliqués. Pour autant, il y avait une réalité dans cette situation qui poussait le jeune homme à continuer de prendre part aux réunions du Conseil : Il devait aujourd'hui, prendre aussi soin de sa famille.

Perdu dans ses pensées, la cacophonie de cette farce ne l'atteignait plus. Ne restait plus que les faits et la dure vérité de ces derniers, la même qui poussait aujourd'hui les esprits à prévaloir le sang à la paix : La Famine qui guettait.

Un message portée par Eruza en personne provenant de la Ligue Somei prévenait le Clan d'une future pénurie de céréales et d'autres grains. Des denrées sèches dont les Chinoike ne pouvaient se passer au vu des sols enneigés de l'Isthme qui leurs empêchaient toute culture. Les bons rapports entre le Borgne et les Hautes Instances Uzujins avaient permis quelques accords commerciaux entre les deux parties. Rien d'incroyable d'un point de vue politique, mais assez pour permettre au Clan d'obtenir quelques matières premières et leurs permettre de survivre plus facilement. Malheureusement, malgré le fait que cette « facilité » de vie ne durait que depuis quelques mois, les anciens membres du Conseil s'en étaient déjà habitués, s'énervant promptement donc à l'annonce qu'on pouvait leurs retirer le pain de la bouche. Ceci expliquait donc comment les hommes et les femmes les plus sages, s'adonnaient aujourd'hui aux pires bassesses en se vociférant dessus.

Quittant son support, le Borgne s'avança dans l'ombre, esquivant les bras qui s'élevaient dans les airs, pour rejoindre la jeune femme qui, minutes après minutes, s'enfonçait plus profondément dans son fauteuil. Délicatement, il vint poser sa main sur son épaule, attirant son attention avant de portée sa bouche à son oreille. Il lui demanda du temps, assez pour aller enquêter sur les raisons de cette pénurie et régler lui-même le problème. Tsumi était loin d'être bête, il savait qu'en réglant l'affaire, la Ligue Somei lui serait redevable et donc, plus prompt à accéder à certaines demandes du Clan. Mais pour ça, il lui fallait agir, vite et seul. Expliquant brièvement son plan sous le couvert des hurlements des anciens, les deux rivaux échangèrent un dernier regard, puis, après quelques secondes de réflexions, l'Intendante finit par donner son aval. D'un geste, elle se releva et fit taire l'assemblée, expliquant que rien ne serait fait pour le moment et qu'un membre des Chinoike serait envoyé pour s'entretenir avec la Ligue et Uzushio. L'attention se tourna naturellement vers le Borgne qui subit le courroux de nombreux regards noirs, mais ce fût alors que Dame Fuyu entra en scène et appuya l'idée et la candidature de l'Ambassadeur, qui, de part sa place, était le plus à même de régler le litige.
Des messes basses commencèrent à se faire entendre, mais furent très vite tut par son maître dont l'aura si charismatique suffisait à faire taire les plus têtues du Clan. Ce fut ainsi que le Loup solitaire s'en partit pour Uzushio, ne manquant pas de faire son rapport à Etsu avant de s'échapper une fois de plus loin de l'Isthme.

Grâce à une missive envoyé en amont de son départ, l'arrivée du Chinoike à Uzushio fût des plus simples. Sans grande surprise, ce fût Eruza qui l'accueillit, non sans combler de joie le petit duo qui ne s'était toujours pas déclaré, mais dont l'attirance et le lien indéfectible pouvait se voir à des kilomètres à la ronde. Partageant un repas, la jeune femme lui expliqua la situation. De ce qu'elle avait glaner en informations, la Ligue aurait des problèmes avec le marché agricole. Sans trop avoir plus de détails, le soucis proviendrait des Plaines Verdoyantes de Karawar, région agricole reconnu pour ses champs qui se perdent à pertes de vues. Mais plus intéressant encore, il y aurait un appel à mission de leur part ouvert à tous. Visiblement, la situation était t-elle que la seule aide des ninjas d'Uzushio n'était pas envisageable. La pénurie arrivant à grand pas, toute l'aide était précieuse, et les ryos étaient prêts à couler à flot pour qui réglerait le litige. Une information des plus intéressante que le Borgne releva, demandant ce que Rinkusu et le Senkage avaient décidé de faire. Cependant, à son grand étonnement, la jeune femme lui répondit qu'à ce jour, d'autres problèmes, plus grave, empêchaient les deux frères d'agir.

La suite du repas continua sur des notes plus douces, bien que l'idée qu'Uzushio ne fasse rien n'était pas pour arranger le Chinoike. Cependant, la discussion finit par bifurquer sur une entente des plus cordiales entre Uzushio et Konoha, notamment depuis l'élection du nouvel Intendant, Uchiha Akira. Cette nouvelle surprit au plus haut point le Borgne qui ne pu s'empêcher de montrer son étonnement. Akira ? SON Akira ? C'était impossible, il devait y en avoir un autre. Cependant, il n'arriva pas à s'empêcher de sourire, finissant par expliquer à Eruza qu'il avait rencontrer un Akira du Clan Uchiha il y a de cela quelques temps.

Finissant leurs plats, Tsumi demanda cependant s'il était possible de voir l'Intendant. Une question bien inutile pour la jeune femme qui avait déjà prévu une rencontre entre les deux hommes. L'heure arrivée à grand pas, et il était d'ailleurs temps d'aller à sa rencontre. Cette dernière se passa paisiblement au bureau de Rinkusu, entre lui-même, l'Ambassadeur Chinoike, Eruza et un représentant de la Ligue Somei. Bien conscient qu'il verrait apparaître le Borgne suite au message qu'il avait fait mener au Clan du Sang, le Pirate s'était préparer à devoir expliquer la problématique, et l'incapacité d'Uzushio, pour l'heure, d'agir pour ce problème-ci. C'était d'ailleurs la raison pour laquelle la ligue commerciale s'était permis d'étendre la portée de sa demande à l'ensemble du Sekai. Pourtant, les deux hommes ne s'attendirent pas à la proposition du Borgne.

« Je vous propose un marché. Je prends la mission, en votre nom, je règle le problème, mais en contre partie, vous m'assurez un approvisionnement régulier et constant pour l'Isthme et mon Clan, ainsi qu'une faveur, plus personnelle, lorsque le travail sera fait. »

Bien que le représentant ne put s'empêcher de trépigner face à cette proposition, le frère du Senkage lui, ne put s'empêcher de mettre un bémol à cette affaire. Faire partir un étranger, au nom du village d'Uzushio, pour une mission pareille n'était pas une mince affaire. D'autant plus qu'à ce jour, Konoha s'était aussi saisit de l'affaire et s'apprêtait à envoyer un shinobi. Ne se laissant pas abattre, Tsumi réitéra son offre, assurant que si jamais il devait y avoir un problème, il ne mettrait pas en cause le Village. En d'autres termes, aucunes conséquences néfastes, que du bénéfice et un échange de bon procédé dont les détails ne sortiraient pas de ce bureau.

« Entendu. »

Un contrat fût signé entre les différents parties et mit sous scellé. Tsumi fût mener dans les appartements d'Eruza et on lui confia le parchemin de mission ainsi que des vivres et quelques outils ninja basiques. Il était temps pour lui de partir à la rencontre du shinobi de Konoha. Et si son cœur espérait secrètement pouvoir retrouver son ami, la crainte de faire face à une menace potentielle pour le Clan le stressa légèrement. Cependant, la jeune femme lui expliqua que la personne qu'il devait rencontrer était une femme d'un clan majeur du village du feu, mais qu'elle n'en savait pas plus, si ce n'était qu'elle porterait un ruban vert au bras, le même qu'elle noua autour du sien. Prenant l'information, les deux amants inavoués s’enlacèrent une dernière fois avant le départ du Borgne.

La lieu de rendez-vous se trouvait au sein des Plaines Verdoyantes, au sein d'une petite auberge qui se nommait « La Carne Fringuante ». Un nom de troquet comme on en voyait beaucoup trop dans la région mais qui ferait l'affaire pour une première approche. Le voyage fût relativement court pour le Loup Solitaire qui s'était vu offrir quelques facilités d'accès jusqu'aux terres agricoles de l'Est. Une aubaine qui ne devait rien au hasard tandis qu'après trois jours, il finit par arriver à la fameuse auberge et s'arrêta net alors que l'enseigne trahissait le succès de son périple. Car devant la bâtisse, se trouvait une jeune femme aux yeux opales, arborant le même ruban vert que le sien. Un hasard ? Certainement pas. Approchant doucement, il lui fit signe d'un petit mouvement de tête, s'approchant calmement avant de s'incliner légèrement.

« On m'avait prévenu que mon partenaire serait une femme. Enchanté de vous rencontrer, je m'appelle Tsumi, je serais votre soutiens durant cette affaire. »

Sa voix était posé et douce, ses gestes calculés comme Kirei avait pu lui apprendre. Si en effet la femme devant lui faisait partie d'un Clan majeur, le Chinoike avait tout intérêt à faire patte blanche pour que tout se passe bien.

« Je vous propose que l'on discute à l'intérieur tranquillement. Il n'est pas utile que tout le monde puisse entendre ce que l'on a à se dire. »

L'invitant à l'intérieur, le Loup Solitaire s'avança dans le bâtiment, gardant la porte ouverte pour sa future partenaire, l'invitant à s'asseoir à une table dans un coin de la grande salle principale. Lorsque ce fût fait, et qu'ils commandèrent chacun quelque chose à boire, le Borgne ne put s'empêcher de prendre la parole.

« Nous savons tous deux pourquoi nous sommes là, cependant, et je m'excuse par avance si ma question vous semble inadéquat mais... J'ai eu vent d'une élection par chez vous... Et le nom qui en est ressorti m'est familier... Pourriez-vous me décrire Akira-sama ? »

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« Comme un frère hein... »

La dernière remarque de la jeune femme provoqua un sourire sur le visage du Borgne. Il avait déjà entendu cette remarque de la part d'un jeune garçon qui s'était perdu dans l'Isthme il y a quelques temps maintenant. Lorsqu'il lui avait demandé de lui raconter sa vie, il lui avait fait part de deux personnes très importantes. Une petite fille de vert vêtu au tempérament bien trempé, et une autre jeune femme, aux yeux opales, beaucoup plus posé qu'il considérait comme sa sœur. Ensemble, ils faisaient parti d'une équipe et partaient en mission pour le village. Ce ne fût qu'en cherchant au fond de sa mémoire que leurs prénoms revint, occasionnant un léger rire de la part du Chinoike.

« Ainsi vous êtes bien la Yume dont Akira m'avait parlé... Et la troisième personne c'était quoi son nom déjà... Ha...Haki ? Non... Hako ! Je crois que c'était ça qu'il m'avait dit, je me trompe ? »

Il la regardait avec une certaine excitation dans le regard. Au fond de lui, se remémorer tout ces moments avec son ami et les dire à voix haute était une première. Mais si en plus, il avait la chance de pouvoir communiquer avec une personne proche d'Akira, la donne de cette rencontre était tout à fait différente. Pourtant, si tout était clair et limpide pour le Loup, il ne devait pas en être de même pour la demoiselle qui ne tarda pas à lui demander où est-ce qu'il avait rencontré l'Albinos. Une interrogation qui mettait en exergue sa méfiance quant aux questions trop tournés vers les Konohajins. Après tout, même si Uzushio et le village du feu s'entendait fort bien, il n'en demeurait pas moins que certains clans restaient vigilants à trop de familiarités.

« Je l'ai rencontré à l'Est, dans les monts enneigés où le zénith est aussi glaciale que la nuit. Il était perdu, je l'ai simplement aidé à retrouver son chemin...Plus tard, nous nous sommes retrouvés durant une mission vers la région d'Uzushio... Et je suis heureux qu'il ai réussi à devenir Intendant... Ca implique tellement de choses qui étaient jusqu'à là impossible... »

Les pensées de Tsumi s'évadaient pendant son discours, laissant son œil trahir l'affection profonde qu'il avait pour l'Uchiha. Un lien contre-nature qui pourtant, restait indéfectible après des années à vivre loin de l'autre, mais jamais sans penser à lui.

« Mais vous avez raison, revenons-en au sujet principale. Pour ma part, je pense que toute cette affaire est louche. De pareilles disparitions aussi récurrentes et qui n'ont été vu par personne ? Je n'aurais pas vu de problème si les quantités n'avaient pas été aussi importantes. Pour moi, il y a anguille sous roche et quelqu'un se donne du mal pour que personne ne sache de qui il s'agit. J'aurais donc plus tendance à dire qu'il s'agit d'un groupe plutôt que d'un ou deux éléments particuliers... Une chose est sûr, c'est qu'il vaut mieux qu'on la joue discret sur ce coup. Je sais pas si vous avez pu sentir la tension qu'il y a dans les villages menant jusqu'ici ? L'idée d'une famine imminente rend les choses plus complexes avec les gens. On devrait, je pense, éviter de trop attirer l'attention sur nous... Mais si je devais commencer par quelque part, j'irai avant toute chose au siège d'Okuno pour demander à voir le directeur. Il en saura peut-être un peu plus sur le moment où les denrées disparaissent dans la chaîne de ravitaillement. Ca nous aiderait à fermer par mal de pistes... Qu'en pensez-vous ? D'ailleurs, on pourrait peut-être se tutoyer ? »

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Une simple phrase et le cœur de Tsumi se réchauffa instantanément. Le garçon qu'il avait rencontré au creux d'une rivière glacée était devenu un homme d'exception et d'importance au sein du village de Konoha. Une nouvelle magnifique qui lui tira un sourire qu'il ne put arrêter. Il était compliqué de rester stoïque lorsqu'on parlait de son ami. Véritable frère au-delà des liens du sang, ses pensées allaient souvent vers lui, s'inquiétant, se questionnant, mais sachant au fond de son cœur qu'il était encore en vie et sur un chemin glorieux. La délicate Yume ne venait que de donner du poids à ses croyances les plus profondes.

Mais l'heure n'était pas aux belles émotions et à la nostalgie, car visiblement, la jeune femme n'était pas du même avis, du moins, pas totalement, préférant une approche clairement plus discrète, limite intrusif au sein même de la populace pour quérir quelques informations. Cela n'était pas du goût du Borgne qui préférait, certes, jouer la carte de la discrétion, mais surtout ne pas perdre de temps inutilement. Ces gens là, ils les connaissaient. Lorsque tout allait bien, ils étaient capable du meilleur et de donner plus que ce qu'ils étaient capable d'avoir, mais lorsque le mal frappait à leurs portes, une part d'eux s'abandonnait aux plus viles actions. Il était sûr qu'en cherchant des réponses auprès de la population, la jeune Hyuga ne trouverai que des accusations non fondés ça et là. Cependant, il s'agissait d'une piste qui méritait d'être arpentée. L'écoutant, l'ambassadeur se saisit de sa boisson et en récupéra quelques gorgées, son esprit vacillant vers son Clan et l'empressement de la situation. Il n'était plus l'heure à la perte de temps ni aux longs discours et en soi, diviser pour mieux régner semblait être une excellente idée.

« Faisons ainsi alors. Pour ma part, je me rendrai au siège d'Okuno pour rencontrer le directeur de manière... Conventionnelle. Cela ne devrait pas être trop complexe grâce au rouleau de mission. Rare sont les gens qui refusent un audit avec un envoyé du Damyo... La ville est à deux jours de marche, je pense y être facilement en une journée et demi en pressant un peu le pas, si cela vous va, je vous propose que nous nous retrouvions en ces lieux d'ici une semaine. Cela vous laissera le temps de récolter des informations auprès de la population et moi, de faire l'aller-retour et de palier aux contraintes d'agenda du Directeur du siège. »

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Ainsi ils partirent chacun de leurs côtés. Il n'était pas bien sûr de ce que la Hyuga pourrait trouver comme information auprès de la population locale, mais elle était une amie et équipière d'Akira. Si son vieil ami lui faisait confiance, alors lui aussi. Ce fût sur cette pensée que son voyage vers le siège d'Okuno commença. Longeant les chemins bordant les champs qui s'étalaient à perte de vue, Tsumi put prendre conscience de la portée de sa mission et du problème qu'elle relevait. Certes, depuis plusieurs années, le Sekai s'adonnait plus aisément à la paix qu'à la guerre, permettant aux populations de grossir et d'exploiter d'avantage les terres pour les récoltes. Mais il était limpide en voyant ces immenses terres cultivés que l'offre était supposée surplomber la demande.

Le soleil s'élevait pour redescendre d'avantage vers l'horizon, guidant dans sa course les pas de l'Ambassadeur Chinoike dont les pensées allaient et venaient entre son devoir actuel et sa vie personnelle. Un ensemble qui, sans qu'il s'en rende compte, lui avait fait presser le pas. Mais la nuit ne tardant pas à pointer le bout de son nez, il préféra chercher un refuge pour se reposer jusqu'au petit matin. Une entreprise qui se finit dans un petit village qui servait également d'avant-poste pour les forces du Damyo local. Un endroit qui en sommes, n'avait rien d'extraordinaire, mais laisser planer la même méfiance et colère que dans les bourgades de la région. Il était donc aisé pour le Borgne de comprendre la méfiance des locaux à son sujet lorsqu'ils le virent arriver seul, paré de quelques habits à la fois trop sophistiqués pour n'être qu'un simple paysan, et pas assez travailler pour faire partie de la bourgeoisie. Un mercenaire ? Un marchand itinérant ? Ou pire, un ninja ? Les rumeurs allaient bon train sur son passage tandis qu'il atteignit l'auberge, usant de tout son charme pour se faire passer pour un simple voyageur sans prétention.

Une fois enfin arrivée dans sa chambre, il ne tarda pas à fermer la porte derrière lui, refermant les rideaux pour obstruer la vue à quiconque serait enclin à l'espionner de l'extérieur. Une fois assuré de sa tranquillité, il se posa simplement sur son lit, laissant son esprit vaciller au grès des aléas du tumulte de ses pensées jusqu'à ce que le sommeil ne l'emporte.

Il se réveilla tôt le lendemain, et fût agréablement surpris d'avoir pu passer une nuit sans embûche ou qu'un malandrin ne vint quérir quelques problèmes. Rangeant ses affaires, il descendit jusqu'à l'accueil de l'auberge, lorsqu'il y vit un petit groupe de personne vêtu étrangement, entrain de parler avec quelques locaux. D'une oreille discrète, il chercha à comprendre la portée de leurs discussions sans vraiment réussir à la saisir. Se dirigeant vers le tenancier, il lui rendit la clé, le remerciant pour son hospitalité avant de se détourner vers le bruit que les nouveaux venus produisait.

« En voilà qui se sont levés tôt ce matin ! » dit-il d'un air amusé qui ne manqua pas de faire sourire le patron.
« Ah ça ! Apparemment, ils ont marché toute la nuit pour atteindre notre village. Les pauvres bougres, la vie de Marchand n'est pas simple. »
« Des marchands ? Vous travaillez avec eux ? »
« Non, pas encore du moins. Mais apparemment, ils ont en leurs possessions des matières premières que la Ligue Somei galère à nous trouver. J'aime pas trop marchander avec des étrangers surtout que leurs prix sont bien plus chers, mais j'aime encore moins ne pas pouvoir manger, si vous voyez ce que je veux dire ! »
« Ah ça, je ne peux que vous comprendre... J'avoue que ça en deviendrait presque tentant... »

Le Borgne porta un dernier regard vers le groupe, songeant à une éventuelle approche. Après tout, si d'autres régions du Sekai pouvait satisfaire les besoins de son Clan, il était difficile de laisser une pareille occasion lui glisser entre les doigts. Néanmoins, jouer double-jeu ainsi l'exposait à d'éventuelles représailles de la part de la Ligue Somei et par conséquence, d'Uzushio. Une éventualité qui n'était pas concevable, mais qui pourrait le devenir si aucune solution n'était trouvé.

« Vous savez qui ils sont ? »
« Ils se font appeler « Le Joyaux Noir ». C'est une Guilde Marchande apparu il y a peu dans la région et qui vient du Nord ou de l'Ouest je m'en souviens plus trop. J'évite de poser des questions vous savez, surtout quand il s'agit d'obtenir de bonnes relations pour les affaires. »
« Ahah. Oui c'est logique... Merci en tout cas, je saurais vers qui me tourner si jamais la situation ne s'améliore pas d'ici peu ! »
« Avec plaisir ! »

Saluant une dernière fois le tenancier, le Borgne se dirigea vers la sortie, non sans attirer le regard des marchands qu'il regardait avec insistance, se demandant si au final, il ne serait pas plus rapide et sécurisé de créer d'avantages de lien économique pour le Clan. Mais ces pensées s'estompèrent avec la porte de l'auberge qui se referma sur le Chinoike et la magnifique journée qui s'offrait à lui. D'un pas assuré, il continua sa route, réduisant l'écart qui le séparait d'Okuno.

Et sa surprise fût grande lorsqu'il découvrit la cité marchande. Plus qu'une simple ville, elle était fondée sur un lac, usant d'un système de bateaux et de digues pour faire transiter les denrées qui allaient et venaient à longueur de journée, avec en son centre, une immense tour qui surplombait les différents quartiers qui se dessinaient en cercles autour de cette dernière. Une merveille aussi bien d'un point de vue de l’ingénierie, qu'au niveau architecturale, permettant au traditionnelle de s'accoquiner avec des bâtiments aux allures plus moderne, tout en respectant l'aspect organiques de l'endroit. Pour Tsumi, ce n'était rien d'autre qu'une merveille de plus qui se présentait à son œil ébahit par une telle beauté. Ce fût ainsi qu'il se laissa flâner au grès des canaux et des ponts, ne perdant pas la moindre miette de la conception de cet espace qui grouillait de vie tant elle ressemblait à un immense marché à ciel ouvert.

Au bout de deux heures, ou peut-être trois, il atteint enfin le pied de l'immense tour aux allures de pagode qui se dressait fièrement en plein cœur de la cité. La pancarte au sommet de l'entrée ne laissa plus aucun doute au Chinoike : Il était arrivé à destination. Commençant à monter la vingtaine de marche le séparant de la porte, il ne pût qu'être troublé par la population locale et l'effet de fourmilière qui se dégageait d'Okuno. Peu habitué à voir autant de monde, il eût du mal à se faufiler jusqu'à l'accueil, où, après plusieurs heures d'attentes le long d'une file d'attente qui ne semblait pas avancée, il put enfin demander à quérir le directeur. Une requête qui fit rire la jeune femme derrière son bureau, qui toisa l'Ambassadeur avant de lui expliquer que sa demande n'aboutirait que d'ici plusieurs dizaines de jours et que sans raison urgente, il n'était pas possible d'avoir le moindre rendez-vous avec ce dernier.

Légèrement agacé par l'air hautain de mon vis à vis, je vins quérir le parchemin de mission et lui présenta. À sa lecture, le visage de cette dernière changea du tout au tout, prenant conscience de la personne qui se trouvait devant elle, et qu'il n'était pas de bonne augure de se moquer des shinobis et encore moins de ceux d'Uzushio. Présentant ses plus plates excuses, elle demanda à un de ses collègues de prendre sa place et me demanda de la suivre. Nous parcourûmes ainsi le dédale de couloirs et d'escalier qu'était le siège d'Okuno. Un véritable labyrinthe dans lequel le Chinoike se serait sans doute perdu s'il n'avait pas eu son guide pour le mener à destination. Après plusieurs minutes à parcourir le bâtiment, ils arrivèrent devant une porte toute simple, derrière laquelle se trouvait l'immense bureaux du Directeur Honami Ginjirô.

« Ginjirô-San. L'envoyé de la Ligue Somei est là, puis-je le faire entrer ? »
« Ah ! Bien entendu, ne le laissez pas attendre dehors alors ! Et apportez nous quelques collations ! »
« Bien. Tout de suite monsieur. »

La jeune femme se retira de la porte, laissant à Tsumi la possibilité de contempler l'immense foutoir qu'était le bureau du dirigeant du siège. Visiblement acculé par ses subalternes et les différentes forces économiques et sociales de la région, les traits de son visage trahissait une grande fatigue, tandis que les poches sous ses yeux, marquées un cruel manque de sommeil.

« Je vous en prie asseyez-vous ! Veuillez m'excuser pour l'état catastrophique de cette salle, mais la situation est devenu des plus complexes. Puis-je vous proposer du thé... ? »
« Tsumi... Je me nomme Tsumi, et ce serait avec plaisir Ginjirô-San. »
Se levant de sa chaise, le Brogne put constater que d'un point de vue carrure, le Directeur n'avait rien à voir avec les grattes papiers qu'il avait croisé. Doté d'une grande musculature sèche, ses mains, dénuées de callosités montrait bien qu'à part du papier de riz et des plumes, l'homme n'avait que peu – voir pas du tout – travaillé de ses mains. Un intellectuel donc, avec lequel l'Ambassadeur allait devoir gérer la prose pour obtenir les informations qu'il désirait.

« Directeur Ginjirô, je sais votre temps précieux, aussi, je n'irais pas par quatre chemins. » Il laissa l'homme les servir. « Pouvez-vous me faire un point sur la situation ? » Une question qui fit sourire de désespoir l'homme qui rejoignit son fauteuil. « La situation ? Que puis-je dire si ce n'est qu'il s'agit là d'un véritable bordel ?... Chaque jours, des représentants du peuple, des ligues marchandes et des bourgeois passent les portes de ce bureau pour se plaindre d'un manque cruel de matières premières. La famine nous guette, je suis obligé de jouer avec différents fournisseurs d'autres pays pour obtenir assez de nourriture pour notre population et en prime, je me retrouve à devoir me justifier face à un inconnu de la situation désastreuse dans laquelle la Ligue me laisse depuis plusieurs semaines ! » Le ton s'était peu à peu élevé, pour redescendre aussi tôt. L'homme était visiblement accablé par bien trop de soucis pour réussir à garder son calme. Encore pire, Tsumi pouvait sentir une certaine défiance envers lui. En tant que représentant de la Ligue venu quérir des réponses, il était certain que sa présence pouvait également être perçu comme un manque de confiance envers le Directeur. Une situation complexe entre les deux hommes qui, pourtant, cherchaient tout deux la même chose.

« Veuillez m'excuser si ma question vous a offenser Ginjirô-San. Je n'ai aucun doute sur votre intégrité ou sur la qualité du travail que vous fournissez aujourd'hui au sein de la Ligue. Si cette dernière m'a envoyé, c'est qu'elle a bien conscience que tout ceci prend beaucoup trop d'ampleur et qu'une aide vous serez la bienvenue. Aussi bien à vous, qu'à l'ensemble du Pays. C'est pourquoi j'ai besoin d'en savoir plus, et qu'à ce jour, vous êtes la personne en qui je peux avoir le plus confiance pour démêler le vrai du faux... » Il s'approcha de la table, posant ses avant-bras sur cette dernière avant de plonger son œil dans celui de son vis à vis. « Je ne suis pas votre ennemi... N'en doutez en aucun cas Ginjirô-san. »

Les dernières paroles eurent pour effet de calmer quelque peu l'homme épuisé. S'affalant dans son fauteuil, il hocha la tête, le visage résigné.

« Pardonnez-moi. La pression qui repose sur mes bras en ce moment est vraiment horrible... Mais j'apprécie que la Ligue m'offre votre aide pour régler ce casse-tête... Vous êtes venu d'Uzushio si je ne m'abuse ? Vous avez dû voir les champs à perte de vue alors... Et bien dites-vous qu'il en existe le double, voir le triple dans le pays. Tous sont gérés par différents fournisseurs, qui aujourd'hui, sont incapables de me dire pourquoi je dois quérir d'autres contrats avec des Guildes extérieur au Pays pour que la population puisse manger. Un coup on me dit que la météo a été mauvaise. Un autre que ce sont des brigands qui ont pillé les récoltes. Et je vous passe les sauterelles, nuisibles ou même phase de la lune qu'on a pu me sortir. Pour résumer la situation, j'ai d'un point de vue logistique, tout pour que notre pays ne connaissent jamais la faim et pourtant, on me livre que quarante pourcents de ce que nous devrions avoir, et ce, en passant par d'autres intermédiaires... C'est inacceptable, mais personne n'est foutu capable de me dire d'où vient le problème. En bref, je suis bloqué, les mains liées, à devoir faire des pieds et des mains pour que ma tête ne finisse pas par sauter... Voilà la situation... »

~

« Voilà la situation à l'heure actuelle et ce que j'ai pu l'apprendre du Directeur... » continua Tsumi après avoir expliquer son entretient avec Ginjirô à Yume. De retour à l'auberge, il s'était entretenu avec la jeune femme, lui racontant tout dans le moindre détail, avant de lui présenter une carte de la région de Kamawar où était marqué différents endroits. « Selon lui, si problème il y a, il vient de ses fournisseurs. Pour ainsi dire, ils sont nombreux, cependant, il y en a trois principaux qui aujourd'hui, « perdent » leurs récoltes. » Son doigt se posa sur la ville de Kogumi. « La L.A.C.K. Ou Libre Association des Céréaliers de Kogumi. Il s'agit d'un des plus gros fournisseurs de la Ligue et un des plus anciens également. Leur chef Nobuyuki Zenkô a réussi à obtenir quelques contrats plutôt juteux auprès de la Ligue. D'après Ginjirô, c'est un homme intelligent... Peut-être un peu trop même pour être totalement honnête... » L'attention du Chinoike se porta alors sur la cité d'Otsumugi. « Autre fournisseur de la Ligue, La Compagnie des Bienfaits de Shinsei, il semblerait que la ville où ils ont élu domicile soit des plus prospères et s'offrent depuis quelques années, le luxe de changer ses champs de blés par des vignes. Un anoblissement de la terre qui montre bien que le profit est présent, pourtant, avec les pénuries actuelles, cela ne devrait pas être le cas... » Puis enfin il pointa une dernière bourgade. « Enfin mes préférés, les Gars de la Serpe. Pas très vendeur comme nom, mais il s'agit là du troisième plus gros fournisseur de la Ligue et pas celui qui possèdent les membres les plus vertueux. C'est principalement un groupe d'ancien truands qui remplissent des contrats pour Somei qui, en contre-partie, ferme les yeux sur la provenance de la marchandise... Seulement voilà, depuis leur dernière livraison, qui n'est jamais arrivée, leur chef, un certain Fujio fait l'autruche et semble avoir disparu de la circulation. Ce qui en fait un coupable idéal... Peut-être un peu trop même... »

Laissant la carte face à la Hyuga, le Borgne pose son œil dans celui de sa camarade, récupérant quelques gorgées de sa boisson avant de reprendre la parole.

« Voilà tout ce que je peux te dire de la situation. Pour moi, il serait bon que nous nous séparions à nouveau, histoire de ne pas perdre de temps inutilement et de nous retrouver pour l'audit du troisième fournisseur. Je te laisse choisir en fonction de tes préférences, je n'en ai pas personnellement... D'ailleurs, les locaux t'ont-ils apprit quelque chose ? »

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Le Borgne écouta attentivement sa camarade. Visiblement, rien de spécial parmi les paysans. Le problème ne venait clairement pas du bas de l'échelle, ni d'en haut, mais bien au milieu. En soit, cela était plutôt normal. Les premiers maillons d'une chaîne sont bien trop habitué à la servitude pour tenter quoi que ce soit qui pourrait leur coûter le pain, tandis que les plus hautes instances, déjà au sommet, ne ferait rien pour risquer la place qu'ils possèdent. Non. Le fond du problème devait se passer dans les intermédiaires, parmi ceux qui faisaient la connexion entre les champs et la Ligue. Une réflexion lui vint alors à l'esprit. Si trahison il y avait, l'homme ou la femme qui devait avoir trahit ses pairs devait avoir beaucoup à y gagner, car se mettre la Ligue à dos, c'était à l'heure actuelle, perdre le plus gros marché du Sekai. Et plus le Chinoike y pensait, plus il se disait que le problème devait venir d'autre parts. Car à sa connaissance, il n'y avait aucune autre Ligue ni puissance économique capable à ce jour de rivaliser avec la Ligue Somei. Idéalisait-il ses camarades d'Uzushio ? Peut-être, mais au fond de lui, et sans doute à cause de sa situation, il trouvait cet acte assez improbable.

Voilà pourquoi l'idée de bandits plus classique lui semblait plus propice à ce genre d'actions. Les idées révolutionnaires et autres irresponsabilités du commun des mortels pouvaient donner lieu à des conjonctures qui expliqueraient plus facilement les pénuries. Mais là encore, s'attaquer à la Ligue Somei, au-delà de la témérité, c'était de l'inconscience qu'il fallait, ou une vraie paire ! Car tous le savaient, s'en prendre à eux, c'était s'attirer les foudres d'Uzushio et de ses ninjas. La présence de Clans Indépendants était-il à prévoir ? Mais lesquels ?

Tant de questions en suspends qui ne trouveraient aucune réponse dans cette auberge. Ce ne fût qu'à l'énonciation du refus de se séparer que Tsumi reprit conscience de la discussion avec la Hyuga. S'il était d'avis à se séparer pour couvrir plus de terrain, la jeune femme ne le voyait guère de cet œil. Pour elle, il était plus à propos que les deux shinobis continus leurs investigations ensemble, pour des raisons de sécurité, mais aussi pour ne pas se retirer quelques chemins d'explorations possibles. Une idée qui faisait sens, mais qui était contre-nature pour le Loup Solitaire habitué à se débrouiller seul. Et si de prima-abord il prit une moue douteuse, l'idée de pouvoir passer du temps avec une amie d'Akira lui fit changer d'avis. Même au-delà de ça, il savait par Eruza qu'Uzushio et Konoha étaient en pleine créations de liens de paix. Il aurait été mal avisé de jouer les rustres alors qu'il représentait également les intérêts de la Ligue Somei et du Village Caché.

« Très bien, nous ferons à ta manière. » dit-il avec un sourire, avant de montrer de sa main la sortie. « Nous irons donc à Kogumi, je pense qu'on peut y arriver en deux ou trois jours. Ou peut-être moins ? Akira m'a dit que tu faisais partie des personnes les plus rapides qu'il connaissait ? Je serais intéressé de voir ça. » continua-t-il d'un air espiègle. « Pour l'heure, il est temps que l'on y aille. Je te laisse passer devant ? »

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L'humilité de la douce Hyuga n'avait d'égale que sa vitesse. Ce fût donc avec un sourire aux lèvres que Tsumi la vit partir, non sans un léger sentiment d'angoisse à l'idée de ne pouvoir maintenir la distance avec elle. D'un saut, il partit en trombe à sa suite, esquivant quelques rambardes et arbustes avant d'arriver à son niveau. Il était agréable de voir une autre personne capable d'une telle vivacité. La seule autre shinobi que le Borgne connaissait d'assez rapide pour lui tenir tête, n'était autre que la femme qui aujourd'hui, partageait bien plus que son quotidien. Penser ainsi à Etsu le rendit quelque peu nostalgique. Il était parti si loin de chez lui, depuis bien trop de temps maintenant. Il espérait que cette histoire ne tardasse pas trop à se résoudre, pour revenir au plus vite vers la mère de son futur enfant. Un sentiment étrange lorsque l'on y pense, quand on connaît l'esprit sauvage du Chinoike.

Mais le Loup Solitaire ne devait plus penser qu'à lui désormais, mais bien pour trois. Et c'était la raison pour laquelle il s'était lancé dans cette quête. Ce fût donc avec l'aide de la Konohajin qu'ils partirent vers Kogumi, à la rencontre de la fameuse Libre Association des Céréaliers, et de leur chef Nobuyuki Zenkô. Cependant, à peine fussent-ils parti que la jeune femme qui faisait le chemin à ses côtés, l'interpella pour lui demander comment Tsumi pensait aborder le problème. D'abord songeur, il pesait le pour et le contre de toute cette affaire, repensant aux idées de sa camarade. Il était vrai que si une séparation pouvait être dangereux, prendre le problème sous deux angles diamétralement opposés pourrait leur permettre d'obtenir d'avantages d'informations. Le Borgne devait se rendre à l'évidence, l'idée de Yume était de loin, la meilleure.

« Je pense qu'il serait intéressant que nous prenions le problème par deux axes différents. Ton idée d'officiel et d'officieux me paraît plus intéressante pour le coup. Si tu veux, on peut partir sur ce plan, reste à savoir si tu préfères jouer les diplomates, ou les espions ? Je te laisse choisir ! »

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La jeune femme fit un choix, et cela convenait parfaite au Chinoike qui hocha simplement la tête avec un léger sourire. Ainsi, Tsumi allait devoir jouer dans les ombres pour obtenir d'avantages d'informations sur les exactions de la L.A.C.K. Une tendance qui lui allait très bien pour le coup, car étant beaucoup trop habitué à devoir jouer les ambassadeurs, il aimait à retrouver sa condition de shinobi, loin des affres de la politique.

Sans un mot, il suivit la jeune Yume dans le village. Du peu qu'il put en percevoir, ce dernier n'avait rien de bien spéciale, si ce n'était les gens qui grommelaient toujours pour la même raison. Encore et encore la pénurie glissait de toutes les bouches, ouvrant des portes déjà bien trop ouvertes sur l'aspect catastrophique de la situation. Au bout d'un certain temps, la demoiselle aux yeux pâles trouva une auberge ainsi que le point de ralliement en cas de déconvenue. Un choix judicieux, même si le nom de la bâtisse laissa le Borgne quelque peu songeur. Une poire rouge ? Voilà une curiosité qu'il aurait aimé voir s'il n'avait pas été en mission.

Prenant à sa charge la récupération de la chambre, le Loup en profita pour regarder autour de lui les différentes personnes qui s'y trouvaient. Il y avait de tout, aussi bien des marchands, que des habitués un peu trop imbibés ou des voyageurs en transits. Cet amalgame de personnalités lui permettrait sans doute de se fondre plus facilement dans la masse. Une réflexion dont la Hyuga le tira pour lui faire signe d'aller dans la chambre avec elle. Fermant la porte derrière lui, que ne fût pas sa surprise en voyant la jeune femme se dévêtir. Affichant un teint rougit par la honte, il se retourna, la laissant finir ses offices avant de se retourner doucement. Non pas que cela était la première fois qu'il voyait une jeune femme nue, mais il préférait garder en tête les douces courbes de la belle Etsu intacte.

« Hum hum... Oui tout à fait... Je suis d'accord hm... De mon côté hm, je vais essayer de voir ce que les marchands et les hautes instances du coin pensent de tout ceci. Hm-hm nous trouverons sans doute une piste... »

Enfin, la jeune femme revêtue posa une question au Borgne qui hésita un instant avant de se retourner complètement. Que ne fût pas sa surprise en voyant la shinobi arborer une tenue et une coiffe qui la rendait encore plus douce et fragile qu'elle ne semblait l'être de base. Lui souriant, il hocha la tête en croisant les bras, avant de se rendre compte d'un léger détail qui risquait d'être contraignant.

« Hum... Il faudra peut-être que tu fasses quelque chose pour tes yeux par contre. Non pas qu'ils ne soient beaux ainsi, mais les locaux risquent d'être quelque peu perturbés par ceux-ci... »

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