L'étincelle qui met le feu aux poudres [Désertion - Solo]

Dans cette maison délabrée de la citadelle de Namida prise d’assaut par une force inconnu, Zakuro restait silencieux. Le regard perdu dans le vide, il s’était assis de nouveau proche du cadavre de Mion. Avec affection il caressait sa main brûlée. Tout était de sa faute, il le savait et n’arrivait pas à se sortir cette idée de la tête. Au lieu d’aider son amie, il avait cherché à se servir d’elle pour faire diversion. Il avait pensé que si elle focalisait l’attention des ennemis, il n’aurait aucun mal à avancer vers la forteresse pour s’en prendre au Kaigan qu’il avait vu peu de temps auparavant. Toujours et encore eux. La majeure partie de sa vie, l’homme n’avait vécu que pour la vengeance. Cette amante insatiable et perfide lui avait prit ce qu’il avait de meilleur en lui. Il avait traqué et massacré des Kaigan tant et si souvent qu’il ne pouvait plus tenir le compte de morts qu’il avait laissé derrière lui. Hommes, femmes, enfants ou vieillards, il n’avait jamais fait de distinction. Depuis la mort de ses parents de mains de ces sauvages, il les avait traqué comme des chiens. Et aujourd’hui encore, en pensant qu’il aurait le loisir d’en tuer un, il avait laissé la mission de côté et la pauvre Mion seule. Résultat des courses, elle était morte. Il n’y avait rien d’autre à dire, il était responsable.


Il pensait pourtant que cela lui serait égal mais il s’avérait que non. Sa main se mit à trembler et il lâcha celle de la jeune femme. Pourquoi ? Pourquoi avait-il été si stupide ? Pourquoi elle ? Mion était trop bonne pour finir ainsi, elle ne méritait pas une telle chose. Alors que la culpabilité envahissait Zakuro, son esprit rappela à lui des souvenirs plus douloureux encore. Il lui sembla voir dans la pièce Kedon et Kikon ses anciens maîtres ; Kotetsu, le fils de Kikon et son ami ; ainsi que Kikuchi, le petit fils de Kedon qui n’avait que de l’admiration pour lui. Eux aussi étaient morts par sa faute. Il les avait tué de ses mains. Ce simple fait lui déchirait les entrailles. Il ne pouvait plus vivre ainsi. Longtemps, il s’était demandé comment il pourrait continuer d’avancer en se regardant dans le miroir. Aujourd’hui il avait sa réponse: plus maintenant. Malgré l’amour qu’il portait à Haruna, son épouse, il ne pouvait tout simplement plus supporter de vivre sous ses ordres. Qu’elle le batte passait, mais ce qu’elle l’obligeait à faire, l’immonde individu qu’elle l’obligeait à être le tuait à petit feu, il ne pouvait plus continuer.


Hors de question qu’il revienne à Suna. C’en était trop qu’il ne puisse supporter et il décida de prendre les devants. Des heures durant, dans cette pièce sombre, il pesa les pour et les contre mais sa décision resta la même, il allait déserter. Pourtant, s’il voulait vivre en pais et chercher la rédemption, il ne pouvait se permettre de trainer derrière lui une myriade de traqueurs qui chercheraient à ramener sa tête au village. Il allait au lieu de ça profiter de cette mission désastreuse pour se faire passer pour mort. Tout comme Mion, il ne reviendrait jamais de Namida.


Toujours dissimulé grâce à ses dons de shinobis et veillant à rester loin des fanatiques grâce à sa sensorialité, Zakuro resta tapi dans la ville durant plusieurs jours, afin d’être sûr que Kayaba s’en irait. Seul, le haut-conseiller ne viendrait pas à l’assaut de la ville, surtout s’il pensait ses deux alliés tombés au combat. Quand vint la troisième nuit, le père de famille traqua dans les rues un homme qui aurait globalement son gabarit. Quand il le trouva, il lui trancha la gorge et le ramena dans la maison où Mion se trouvait toujours. Le jônin échangea ses vêtements avec ceux de l’homme. S’aidant d’un de ses techniques il changea de visage en volant celui de l’inconnu. Dans la peau d’une nouvelle personne, il laissa son bandeau sur le faux lui. Après avoir rassemblé de quoi faire brûler la demeure, la sunajin posa sa note explosive sur le visage du faux lui et celle de Mion sur son torse. Une dernière fois, il rendit hommage à Mion, gardant même avec lui une mèche de ses cheveux.


Les larmes aux yeux, il ressortit de la bâtisse et fit tout exploser. Les flammes dévorèrent ensuite ce qui restait de la structure. Alertés par ce trouble soudain, les fanatiques de Namida accoururent. Se servant de cette diversion, Zakuro se faufila prudemment hors de la cité. Ce fut bien sûr chose aisé pour un adepte de la furtivité tel que lui. Une fois sorti de Namida, le jônin sous les traits d’un inconnu et continuant de masquer son chakra entama son voyage vers la Côte d’Omui. Pour être déjà allé là bas plusieurs fois, il savait globalement comment s’y fondre. Son chemin le mena ensuite jusqu’au sud de la région, vers un port de commerce. Se servant de l’argent qu’il avait toujours sur lui en cas d’urgence, il se paya un voyage jusqu’au terres lointaines, dans un port des Doigts de l’océan. Le capitaine, un vieux quinquagénaire aigri accepta son argent mais ne lui promit pas une cabine de grande qualité.


Le lendemain au petit matin, le navire appareilla. Sur le pont, Zakuro regarda la côte devenir de plus en plus petite. Il laissait derrière lui sa vie. Il abandonnait à la fois sa famille et son village. Pourtant, il savait qu’il agissait dans son propre intérêt. La vie de shinobi n’était plus pour lui, elle le tuait à petit feux et il ne pouvait plus le supporter. Des larmes coulèrent sur ses joues lorsqu’il repensa avec tristesse à ses filles. Il savait qu’elles s’en sortiraient, mais le fait de se dire qu’il ne les reverrait jamais était ce qui lui faisait le plus mal. Le nez humide, il essuya ses larmes en reniflant. Laissant derrière lui cette vue qui lui faisait mal, il s’enferma dans sa cabine pittoresque. Zakuro s’allongea sur le lit et s’endormit. 

Récapitulatif de combat :