Les dames du Fer [ Mission B] [Team 3 ]

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Si la plupart des shinobis passaient leur temps à s'entraîner et perfectionner leurs techniques, leurs styles à chaque fois qu'un peu de temps libre leur était alloué, ce n'était pas pour le plaisir ou pour s'occuper, mais bien parce qu'il ne s'agissait que d'une répétition nécessaire pour le moment où leurs talents seraient réellement mis à contribution. Si la guerre était toujours dans le cœur et l'esprit de tous ces guerriers de l'ombre comme la plus terrible éventualité possible, comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête de chacun de ces assassins en devenir, leur caractère était forgé sur le terrain, testé un peu plus à chacune des missions qui leurs étaient attribués. Kyoshiro n'avait plus besoin d'être forgé, brisé et remodelé comme on chaufferait à blanc une lame pour en modifier la forme, il avait eu plus que sa part d'épreuve mais, étrangement, il était de ceux qui cherchaient activement à retourner sur le terrain.
Pourquoi ? Parce qu'il s'ennuyait d'une part, la faute à une énergie débordante que même les plus passionnelles des nuits ne sauraient calmer, mais également parce qu'il ne se sentait jamais aussi vivant que lorsqu'il savait que sa vie était sur le fil du rasoir. Deux raisons, seulement ? Non. La troisième était bien plus personnelle et, de cette raison, il en tirait le besoin fondamental de se changer les idées et ne pas penser à ce qui le hantait le plus. Sa femme et son fils étaient loin, bien trop éloignés de lui et, si l'espace d'un instant il s'autorisait à se sentirait mal, à laisser la tristesse et le manque s'installer en lui, il savait qu'il ne s'en relèverait peut-être pas. Donc il enchaînait les missions, vivait son existence à 200 % sans aucun égard pour sa propre santé mais, récemment, les missions s'étaient faites bien trop rares à son goût.

Il n'avait pas été vraiment stimulé lors de leur récente chasse au chat perdu mais, ce matin, à présent qu'il savait que son équipe était enfin complète, Kyoshiro attendaient ses trois élèves pour une mission d'une toute autre importance. À quelques pas de l'entrée du village, adossé à un arbre, le Tadake repensait au rapport énoncé par sa sœur et à cette lettre qui lui était directement adressée aussi, toute la nuit, il n'avait cessé de repasser dans sa tête sa rencontre et son affrontement conte celle qui devait être à l'origine de cette requête. Certes, à l'époque il lui avait promis un verre si leurs chemins se recroisaient de nouveau, mais était-il assez naïf pour penser que cette lettre n'était pas un tissu de mensonges ? Non, car la trahison et le mensonges étaient les raisons pour lesquelles leurs chemins s'étaient croisés, à  l'origine.

Il allait donc devoir être très prudent mais, avant toute chose, il allait devoir expliquer la mission aux trois demoiselles qui s'approchaient déjà. Souriant à leur arrivée, Kyoshiro croisa ses mains dans son dos, s'écarta de l'arbre avant de les saluer :

« Mesdemoiselles, bonjour. J'espère que vous avez bien dormi, bien mangé, car nous avons une longue journée devant nous. »

Il aurait pu expliquer la mission durant le chemin, cela lui aurait fait gagner quelques minutes, mais il préférait tout expliquer ici pour que les demoiselles puissent réfléchir à un plan, ou des idées, dans leur coin, durant la route. Mais avant toute chose il y avait un changement majeur dans l'équipe, l'arrivée d'une demoiselle que l'aveugle n'avait pas encore eu l'occasion de rencontrer et, en guise d'introduction, il la salua d'un signe de tête avant de s'adresser à la jeune Uchiha et la moins jeune Hyuga.

« Avant que j'oublie, Kaori-chan, Chiyo-chan, je vous présente la toute dernière recrue de notre équipe. Akimichi Sora. J'espère que vous vous entendrez bien, toutes ensembles. »

Au-delà de l'expérience humaine que cela était d'avoir un nouvel ajout à l'équipe, Kyoshiro connaissait le clan de Sora-chan et savait que, dans son équipe, le corps à corps était ce qui pouvait faire défaut...avec in shinobi maître des arts médicaux, mais cela était encore une autre histoire. Ils géraient déjà la longue et moyenne distance, le repérage avec son côté senseur mais, à présent, ils avaient une shinobi qui pourrait aller au contact. Pas trop mal comme composition, non ? Certes envoyer Sora-chan sur le terrain sans idée de ses capacités ou sans coordination avec ses autres élèves était risqué, assurément, mais...mais rien du tout, il était confiant quant à leurs chances de réussite.
Se raclant la gorge, après avoir laissé ses deux autres élèves se présenter, le Tadake commença enfin son explication sur la nature de la mission du jour.

« Une transfuge de Tetsu requiert notre intervention, pour sauver ses fesses ainsi que celles de son élève. Cela a l'air simple sur le papier, mais ces deux femmes sont des tueuses professionnelles, aussi je vous demanderai de rester sur vos gardes, à chaque instant. D'accord ? »

Rien ne valait un résumé rapide et concis mais, surtout, rien n'était plus important que de rappeler le caractère dangereux de leur rencontre à venir. Certes Kyoshiro avait fait du chemin depuis leur premier interraction, mais qui pouvait dire que la transfuge et son élève n'en avaient pas fait de même ?  Laissant un peu de temps à son équipe pour absorber les informations, le shinobi se saisie de la massive gourde d'eau qu'il venait d'acquérir, resserrant les lanières autour de ses épaules, avant de commencer à se mettre en marche. S'arrêtant après quelques pas, hésitant à révéler le point le plus crucial pour lui avant qu'il n'en soit réellement sûr, il pivota vers ses élèves et, juste avant de reprendre la marche leur avoua :

« Oh, dernier détail. Cette demande d'intervention m'était explicitement adressée car, si je ne m'abuse, j'ai affronté la transfuge en question à Baransu. Une maîtresse de l'eau et des dagues, si ma mémoire est bonne. Autant dire que cela sent le traquenard à plein nez, je vous demande donc d'être doublement vigilantes et de veiller les une sur les autres.  »

Il veillerait sur elles comme toujours, car tel était son boulot, mais quand le combat se ferait le plus intense il serait rassuré de savoir qu'il  n'aurait que modérément à s'inquiéter pour elles.

L'heure était venue de se mettre en marche !

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Dés que les mots de la sœur parvinrent à ses oreilles pour lui expliquer les détails de la mission, dés qu'il identifia sa cible du jour, Kyoshiro fouilla dans sa mémoire pour repêcher chaque moment, chaque seconde de cette scène-là, à Baransu. Le combat avait été court mais d'une intensité rare même pour lui et, même s'il avait gagné en maturité et en puissance depuis leur dernière rencontre, cette femme avait laissé quelques marques sur son torse. Il était plus fort à présent et ne devait donc pas s'en inquiéter, non ? Si, il s'inquiétait justement car si à l'époque il avait combattu au côté de deux shinobis expérimentés, l'un inconnu et l'autre bien moins, aujourd'hui il était entouré de shinobis dont l'expérience restait encore à forger. Certes la jeune Uchiha sortait du lot de ce que le senseur pouvait en juger, mais serait-ce suffisant ? Il n'était pas assez naïf pour supposer que oui, aussi devrait-il redoubler d'efforts.

Il laissa donc ses trois nouvelles élèves se rassembler et faire connaissance avec la dernière venue, une véritable boule d'énergie, avant d'expliquer la nature-même de la mission en cours. Kyoshiro avait tendance à oublier que tous les genins n'étaient pas des enfants ou n'en avaient pas l'innocence, aussi le discours de la jeune Uchiha et l'idée de la jeune Hyuga furent un rappel à l'ordre plus que nécessaire. Si la première était aussi suspicieuse que lui, à raison, la seconde avait la présence d'esprit de proposer l'utilisation de sa nouvelle capacité sensorielle. Était-ce sa façon à elle de se rendre utile, ou de tester cette capacité sur le terrain ? Quelle que puisse être la raison de cette proposition, son senseï hocha la tête positivement tout en répondant :

« Je ne compte pas m'approche d'elles sans laisser nos sens en alerte, de toute façon. Donc oui, nous agirons ainsi.   »

Il avait déjà prévu d'utiliser ses capacités sensorielles, mais une deuxième paire d'yeux était toujours utile, non ? Cela lui permettrait peut-être de se concentrer sur autre chose, s'il savait que la jeune Hyuga était en charge de tâter et ressentir le terrain. Une fois les présentations et explications faites, le senseï reprit donc la route avec son équipe, jusqu'à pénétrer dans une immense forêt semblable à celle où il passait le plus clair de son temps, s'entraînant à l'abri des regards indiscrets mais celle-ci avait quelque chose de différent. Elle était plus...lugubre, d'une certaine façon, mais heureusement le manque de lumière n'avait jamais freiné l'aveugle.
Le quatuor s'arrêta enfin devant trois panneaux signalant trois destinations différentes et, comme d'habitude, l'aveugle laissa le soin à ses élèves de lui décrire ce qui y était mentionné. Un village, le temple et un troisième panneau aux inscriptions pour le moment indéchiffrable. Passant une main sur son menton en une posture pensive, l'homme s'autorisa à dévoiler ses plans à voix haute :

« Se diriger vers Genso no Mura me paraît être la chose à faire...   »

Le disait-il parce qu'il était adepte de la prudence, ou parce que cette mission était personnelle et qu'il ne voulait rien laisser au hasard ? Un peu des deux, sans doute,  n'ayant nullement l'intention de se faire berner une seconde fois par cette femme, mais avant de décider de se diriger vers le village pour obtenir quelques informations, il préférait laisser une chance à ses élèves de décrypter le message de cette troisième pancarte.

« L'une de vous arrive t-elle à déchiffrer ce qui est indiqué sur  le troisième panneau ?   »

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Le jeune homme avait depuis longtemps accepté ses limites comme un moyen de déterminer ses propres limites, mais cela ne l'empêchait pas d'essayer de les repousser constamment. Bien entendu, malgré tous les efforts du monde il ne serait jamais en mesure de remplacer ce dont la vie avait décidé de lui priver et, plutôt que d'essayer de se convaincre du contraire, il avait appris à admettre son incapacité. Cela avait été plus dur qu'il ne l'imaginait en réalité, même lorsque la personne qui l'aidait était sa jumelle mais, après quelques années de plus sur cette bonne vieille terre, Kyoshiro était prêt à demander de l'aide pour...de la lecture.
Avant qu'il n'en vienne à demander de l'aide pour lire le panneau devant lui, le jeune aveugle évoqua son idée de faire un détour pour passer par le village, plutôt que d'aller tout droit vers le lieu du rendez-vous et, comme il s'en doutait bien, l'une de ses élèves vint remettre ce choix en question. Le  Tadake était convaincu que toute bonne prise de décision naissait d'une confrontation d'idées, aussi accueillit-il sagement les propos de son élève sans rebondir dessus, tout de suite.

Pourquoi ? Parce qu'une partie de lui espérait que cette mission tombe à l'eau et que cette traîtresse soit morte à son arrivée, car le Kyoshiro donnait peut-être sa confiance rapidement mais il ne pardonnait pas la trahison facilement. Elle avait essayé de le tuer et c'était normal, cela faisait partie du jeu d'échecs sur lequel ils se trouvaient, mais pouvait-il vraiment tout effacer et aller la secourir, comme si de rien n'était ? Si la seconde élève vint abonder dans le sens du chef d'équipe, privilégiant la prudence en raison de son expérience à Baransu, Kyoshiro se drapa dans une silencieuse neutralité pour le moment. Il devait montrer l'exemple et la raison pour laquelle il voulait prendre la longue route, au final, n'était que de la cruauté dont il ne pouvait faire l'éloge.
Il laissa donc ses deux élèves faire ce qu'elles avaient à faire, tout à tour, jusqu'à ce qu'il décide lui-même de tenter sa chance avec la pancarte. Il passa donc une main absente dessus et, s'il s'était attendu à pouvoir sentir le contour de lettres dont la forme lui étaient inconnues, il fronça les sourcils en réalisant qu'il...comprenait ce qui y était indiqué. Il n'était pas le plus grand lecteur du monde mais, comme tous les aveugles, il avait appris à user de ses doigts pour déchiffrer un langage spécifique à ceux possédant la même affliction que lui.

« On dirait que ce panneau m'est destiné.     »

C'était elle qui l'avait laissé ici, comme une piste pour le mener jusqu'à elle. Si elle venait de le mettre en garde contre le chemin le plus rapide, cela voulait-il dire que le village était sans danger ? Probablement pas car si le chef du village était un allié de la transfuge, cela ne voulait sûrement pas dire qu'il était aussi un allié des shinobis de Konoha. Il fallait faire une distinction très claire entre ces deux points et, bien sûr, ce fut avec ce constat en tête qu'il expliqua à ses élèves :

« Il nous faut passer par le village. Un allié du papillon noir nous y attend. En route, mesdemoiselles.   »

Kaori au moins saurait à quoi correspondait ce fameux papillon noir et, pour le moment, cela serait suffisant pour qu'elle reste sur ses gardes. Restait à savoir ce que ce « chef » pourrait apprendre au trio, afin de les préparer à la rencontre à venir.

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Quelques années plus tôt le jeune homme aurait foncé en destination du monastère sans se poser de question, confiant à l'idée de pouvoir sauver la transfuge et surmonter tous les obstacles sur la route mais, depuis, la vie avait su lui inculquer quelques précieuses et dures leçons. Il était conscient qu'il avait une chance sur deux de foncer dans un piège et, si l'idée ne l'inquiétait pas plus que cela, cette même inquiétude était bien plus dirigée vers les shinobis dont il avait la charge. Après tout, ne devait-il pas être la garant de leur sécurité ? C'était aussi pour cela qu'il avait préféré le trajet le plus long, afin de repérer le terrain mais, maintenant qu'il avait conscience de la présence d'un allié non loin d'ici, il avait une raison de plus de prendre son temps.
Il écouta donc ses élèves et fut satisfait de voir qu'elles ne prenaient pas cette mission à la légère, tout autant que le changement de plan d'ailleurs et, à mesure qu'il avançait en direction du village, il fit une liste des questions les plus urgentes à poser. Que demander en premier ? Qu'est-ce que cet allié pourrait savoir sur la situation de la traitresse ? En arrivant dans le village, le jeune homme demanda donc à parler au chef sans faire mention de son affiliation à Konoha, sauf si cela s'avérait vraiment nécessaire. En effet cette mission devait se jouer sur la discrétion et la rapidité d'action, il préférait donc avertir le moins d'oreilles possibles de l'arrivée de renforts, pour sauver la transfuge.

Une fois arrivé sur place, Kyoshiro commença tout d'abord par demander si son interlocuteur savait précisément où se trouvaient la transfuge et son élève, afin qu'il puisse savoir vers quelle portion du monastère se diriger en tout premier lieu. Une fois que cela fut fait, il enchaîna ensuite en demandant quelques informations sur la géographie alentours et les autorités dirigeant cette réion, afin de prévoir par où pourraient venir les traqueurs de la transfuge, car la connaissance du terrain était un atout à ne jamais sous-estimer. Ces informations étaient importantes, cela allait sans dire, mais l'aveugle garda le plus important pour la fin.

Prenant une petite pause, il finit par demander à son informateur s'il était au courant du nombre de personnes qui avaient été dépêchées pour traquer la transfuge, ainsi que de l'éventuelle force de ces chasseurs. En effet connaître le terrain et l'emplacement de sa cible était une chose, mais le Tadake souhaitait avant tout savoir à qui il allait devoir s'opposer, sans oublier la possibilité que la transfuge puisse l'attaquer en traître au dernier moment. D'abord les chasseurs et ensuite la chassée : chaque chose en son temps.

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Lorsque la situation le nécessité le jeune homme pouvait être le plus charmant des compagnons  maniant les mots et les émotions avec une certaine maestria, mais il ne fallait pas oublier que sous ce masque, sous ce sourire apparent se cachait un loup formé pour traquer et tuer. Il était un temps pour les paroles mais aussi un temps pour l'action et, lorsque le temps venait à manquer comme aujourd'hui, Kyoshiro était forcé de laisser tomber la forme pour adopter une approche plus directe. Voilà pourquoi il fonça droit dans le vif du sujet en arrivant devant Miraki. Qui était cet homme et comment était-il arrivé à la tête du village ? Des questions que le Tadake aurait pu se poser en un autre temps mais, pour l'heure, il ne pouvait se payer le luxe de perdre du temps dans une collecte d'informations qui étaient tout sauf vitales.
Le fameux aveugle ? Il ne devait pas y en avoir des dizaines qui évoluaient sur la terre ferme comme si la vision ne leur avait jamais été retirée. Non, en vérité depuis qu'il évoluait sur cette terre Kyoshiro n'avait rencontré aucun autre shinobi dénué de vision...juste lui, et c'était bien suffisant. Il se contenta donc d'écouter dans un premier temps, enregistrant dans un coin de sa tête l'épéiste qu'il allait affronter mais, surtout, l'unité de traque qu'il allait devoir distance une fois la transfuge en sa possession. Masquer son chakra était une chose, couvrir les bruits de ses pas était aisé pour tout guerrier de l'ombre, mais son odeur ? Le Tadake avait beau chercher, il n'avait pas encore d'idée pour contrôler le puissant odorat canin.

Il hocha la tête régulièrement, pour faire comprendre qu'il écoutait toujours ce qui lui était dit et, lorsque vint le moment de boire du thé, il leva une main en avant pour refuser. Il n'avait aucunement confiance en cet homme et il mettait un point d'honneur à ne pas baisser sa garde en mission, ne buvant que l'eau qu'il avait dans sa gourde et rien d'autre. Maraki en prendrait-il offense ? Le Tadake ne s'y intéressait qu'assez peu, mais ce fut la dernière partie du discours de son interlocuteur qui vint assombrir son visage. Parler de ses ennemis à venir était une chose, évoquer un passage secret était intéressant, mais chaque personne devait connaître son public en matière de négociation.

C'était normal d'essayer de tirer quelque chose d'une transmission d'informations, la loi de l'offre et la demande, mais le fameux chef devait de presser deux boutons qui vinrent crisper le jeune senseur. Peut-être faisait-il passer sa famille avant tout, mais un shinobi était guidé par son sens du devoir plus que toute autre valeur, alors Maraki pensait-il vraiment que le shinobi accepterait de lui donner les deux transfuges, en faisant capoter la mission par la même occasion ? Il n'était pas là pour échanger un bourreau contre un autre mais, à dire vrai, la proposition d'abandonner l'une de ses deux élèves fut sans doute ce qui le mit le plus en colère. Fort heureusement personne ne pouvait voir la lueur meurtrière qui brillait dans ses pupilles immaculées, alors qu'il répondit froidement :

« Ou je peux aussi vous tuer. »

Ses deux élèves n'avaient eu l'occasion de connaître la froide machine qu'était Tadake Kyoshiro, quand le devoir l'appelait mais, à présent que leur sort était dans la balance, le protecteur refaisait surface. Son pouls était régulier, sa respiration était monstrueusement calme car il savait ce qu'il faisait, il savait comment contrôler l'envie de faire manger ses dents à ce triste parvenu. Se redressant, gardant ses sens en alerte, il ouvrit les mains devant lui, avant de faire sa contre-proposition.

« Donc, que choisissez-vous ? Allez-vous mourir pour une carte, ou nous laisser reprendre notre route ?   »

Il avait eu ce qu'il voulait, des informations sur un passage secret et les menaces éventuelles : il n'avait pas besoin de plus. Transmettre des informations était une chose, mais il ne se ferait pas arnaquer. Pas par lui, pas ici, pas maintenant.

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La diplomatie était une partie importante de la mission, une partie dont les jeunes shinobis n'avaient peut-être pas conscience car guidés par leur désir d'aventure et de frisson, mais un combattant expérimenté comme le Tadake ne pouvait ignorer cette composante essentielle. Il savait que les mots pouvaient le sortir de bon nombre de situations périlleuses et de combats inutiles, ou pouvaient aussi aggraver une situation déjà bien trop précaire : à lui de faire le bon choix. Dans ce domaine il se débrouillait assez bien, avait appris à ouvrir et fermer sa bouche à égales mesures mais, surtout, avait appris à réfléchir avant de laisser le moindre mot passer le pas de sa bouche. Sachant cela, pouvait-il réellement ignorer l'impact qu'allaient avoir ses mots, auprès de son nouvel interlocuteur ? Pas le moins du monde.
En effet Kyoshiro  savait que dans le domaine de la diplomatie il pouvait être amené à passer des accords, et c'était à la discrétion du chef d'équipe que de décider jusqu'où il serait prêt à aller. Pour cela il fallait donc bien avoir connaissances des détails et enjeux d'une mission, ce qu'avait fait Kyoshiro en profondeur dés que cette mission lui fut assignée par sa sœur. Le but de la mission était de ramener principalement la transfuge et sa protégée, si possible, en essayant de tenir à distance les traqueurs dont l'équipe venait d'avoir connaissance. Le tout, bien évidemment, sans laisser personne derrière.

Ne jamais abandonner ses compagnons, tel était le principe que tout guerrier de l'ombre devait s'efforcer de suivre. Alors, quand la proposition lui fut faite d'abandonner l'objet de sa mission ou d'abandonner l'une de ses deux protégées, le visage de Kyoshiro se ferma face à cette proposition qui allait à l'encontre de tout en ce quoi il croyait. Cet homme, ce parvenu, pensait-elle réellement que cette mission avait matière à négociation ? C'était tout ou rien, car l’aiguille continuait de tourner pour le plus grand malheur de la transfuge.
Une équipe de traqueurs, des animaux, une entrée à l'arrière : plus qu'il n'en fallait pour prévoir la suite des événements. Toujours sur ses gardes, le corps de Kyoshiro se crispa lorsqu'il sentit son interlocuteur s'indigner de son manque de tact et, l'instant d'après, le chakra dans l'air l'avertit de l'imminence d'une attaque.

Se redressant en se positionnant toujours entre ce chef et ses deux élèves, l'aveugle serra les dents en sentant cette vive et soudaine lueur le paralyser, l'immobiliser un instant. Il avait eu beau baisser la tête en sentant l'attaque arriver, l'assaut frappa par l'intermédiaire de sa capacité de senseur, lui offrant un tout nouveau genre de douleur, alors qu'il sentant une seconde attaque cachée derrière la première.

« Suiton – Suijin Heki ! »

Le corps du jeune homme réagit avant sa cerbelle, en sentant la seconde attaque arriver. Joignant les mains devant lui, il prit une profonde inspiration et expulsa une puissante colonne d'eau, servant de barrière pour repousser la brume qui menaçait le trio. Sans perdre de temps, ne sachant pas ce que recelait réellement cette attaque, il ordonna à ses élèves un :

« Repli ! »

Fermant la marche, l'aveugle bondit en arrière pour s'extirper hors du bâtiment, Kyoshiro serra les dents en essayant d'utiliser de nouveau sa capacité sensorielle, sans grande succès pour le moment. S'il perdit la trace du duo l'espace d'un instant, il put au moins réaliser que le village était devenu tout de même bien plus calme qu'avant. Certes une attaque pouvait avoir cet effet mais pas immédiatement, pas aussi abruptement en tout cas. Conscient qu'il allait devoir économiser son chakra, car cela allait être une longue journée et une encore plus longue traque, il se tourna vers l'une de ses élèves en demandant :

« Kaori-chan, que perçois-tu ? »

S'agissait-il d'une illusion, forçant ce village à être aussi calme, d'un coup ? Il préférait en avoir le cœur net, la jeune Uchiha saurait le lui dire.

Spoiler:

C'était toujours délicat de naviguer à l'aveugle sur les flots tempétueux de la diplomatie mais, fort heureusement, parfois il suffisait d'un simple petit coup de pouce, d'un petit détail de rien du tout pour clarifier la situation. Certes le jeune aveugle ne savait pas à qui il avait à faire et qu'elle pouvait être sa relation avec la transfuge, en vérité il s'en moquait pas mal, mais le Tadake savait que toute information avait un prix. Kyoshiro avait pensé que le chef lui demanderait une faveur, une information sensible, un secret ou même de l'argent, mais entendre le prix à payer rendit cette situation infiniment plus simple. Certes pour un shinobi le devoir passait avant tout mais, si cela pouvait paraître étrange, Kyoshiro avait toujours fait passer sa famille avant son devoir et ne s'en était caché : ses élèves faisaient évidemment partie de cette famille étendue.
La situation avait quelque peu dérapé par la suite, mais fort heureusement ce n'était rien que les trois shinobis ne pouvaient affronter. Un aveuglement, une sortie relativement explosive et les fuyards étaient déjà loin, laissant les guerriers de l'ombre reprendre leurs sens et leurs esprits à leur rythme. Le jeune senseur avait beau être dépourvu de vision, il y avait tout de même plus d'un moyen de lui faire perdre ses repères et, dans ces moments là, il était ramené à la bien lointaine époque où il avait besoin de sa sœur pour se repérer dans l'espace. Une bien trop familière et désagréable sensation dont il se serait clairement passé, surtout maintenant.

Il se redressa donc et se tourna vers ses camarades pour vérifier si l'une des deux avait besoin d'aide, d'aide pour se mouvoir après ce qu'elles venaient de subir, mais la jeune Uchiha prit une initiative pour aider l'autre élève. Surpris ? Il l'était en effet, agréablement surpris de voir des élèves qui se connaissaient à peine se soutenir de cette façon se soutenir face à l'adversité. Comme quoi, il n'avait peut-être pas autant de choses que cela à leur apprendre. Souriant face à ce constat en demi-teinte, il laissa le jeune Uchiha user de son don visuel pour repérer que tout ce qui entourait le trio était sous l'emprise d'une puissante illusion, ce à quoi il répondit :

« Sortons de là.  »

Il n'avait pas de quoi dissiper une illusion de masse, mais il pouvait avancer jusqu'à sortir de la zone d'influence de ce satané genjutsu. Car c'était la seule chose qu'il pouvait faire pour le moment. Ainsi, avança dans la direction qu'il supposait être la sortie, par rapport à ce dont il se rappelait de son arrivée ici, il prit de nouveau de l'équipe de traqueurs dépêchés pour s'occuper de la transfuge. Ils n'avaient pas de temps à perdre, aussi s'adressa t-il à ses deux élèves en accélérant grandement la cadence :

« Nous n'avons pas le temps de le rattraper, nous devrons faire avec les informations que nous avons. Direction le temple, au pas de course. »

Spoiler:

Si le jeune homme pouvait aisément faire preuve d'empathie, car il avait un cœur encore plus gros que son sourire, cela serait une erreur que de supposer que l'ami, le professeur ou le confident était exactement la même personne que le shinobi. Oh certes il n'avait peut-être pas le même sang-froid ou le même détachement que sa sœur, cela il le savait, mais avec le temps et l'expérience il avait appris à faire preuve du détachement nécessaire pour mener à bien toutes les missions. Peut-être que son attachement à ses élèves était une faiblesse, d'autres n'auraient pas hésité à vendre leurs compagnons pour une information vitale, pour un pas en avant vers la réussite de la mission mais, franchement, entre ses élèves et une ancienne ennemie, y avait-il vraiment un choix à faire ? Pour être honnête les traqueurs pourraient bien capturer la transfuge et la saigner à blanc comme un cochon, cela ne l'empêcherait nullement de dormir mais, malheureusement, l'aveugle devait au moins tenter de la sauver.
Si une part de lui s'en voudrait de ne pas se donner à 100% dans une mission, l'autre partie lui permettrait de dormir comme un bébé si la transfuge venait à être capturée. Cependant il devait montrer l'exemple à ses élèves, sans laisser ses sentiments personnels rentrer en ligne de compte, aussi hocha t-il la tête face à la suggestion de la Hyuga et reprit-il sa marche, en direction du camp, comme prévu. Laissant les senteurs boisées et florales venir chatouiller ses sens, se rappelant à quel point il aimait la sérénité se dégageant d'un lieu comme celui-ci, l'aveugle continua son chemin jusqu' ce que ses sens ne viennent l'alerter de l'inévitable.

Un par un, il repéra les cinq traqueurs dépêchés pour traquer la transfuge et, s'il réprima une grimace de désapprobation, le Tadake savait que tôt ou tard un affrontement aurait lieu. Il n'avait rien contre un face à face mais, avec ses deux élèves à ses côtés, le senseur préférait retarder cet affrontement pendant aussi longtemps que possible.

« Ils se rapprochent. »

Ses deux élèves allaient rapidement s'en rendre compte par elle-même, grâce à leurs précieux dôjutsus. Que pouvait-il faire ? Attraper un traqueur était une solution mais, s'ils étaient destinés à se retrouver à un moment donné, l'absence de l'un d'entre eux serait rapidement notée. Il fallait donc trouver une faille dans leur quadrillage, une entrée, une fenêtre, un trou dans le mur ou n'importe quoi d'autre dans lequel l'équipe pourrait s'enfouir. Aussi, désireux de trouver une entrée dans le temple, il se tourna vers la seule capable de lui fournir cette information, en lui demandant simplement :

« Chiyo-chan. Trouve-nous une entrée, s'il te plaît. »