" Le présent se dégrade, d'abord en histoire, puis en nostalgie. "
La jeune femme ne sortait que peu de son domaine, trop peu sans doute, elle qui pourtant, autrefois, se plaisait à parfois se promener en forêt, parfois en ville, un léger sourire aux lèvres adressés au peuple de Konoha pour qui elle avait voué sa vie. Mais cela faisait des mois présentement que ces douces esquisses ne brillaient que rarement sur ses traits un peu fatigués. Si jusque-là, Yuriko s'était toujours dressée comme un roc sur lequel les vagues pouvaient venir se briser, les dernières tempêtes furent bien plus terribles, plus violentes et les fissures invisibles de son cœur avaient fini par devenir plus profondes. Un frère, un fiancé aimé, un nouvel espoir... Autant de disparitions d'êtres chers qui avaient ébranlé son âme au point qu'elle comprit qu'elle était trop fragilisée pour être apte à son devoir.
La peur de la faute, la peur d'être faible, la peur de ne plus être digne des promesses qu'elle avait faites à son village l'avait poussé à se retirer du titre si prestigieux que l'on lui avait conféré. Il lui était apparu préférable de faire preuve d'humilité et de reconnaître qu'elle n'était plus à même de diriger Konoha en se retirant de la vie politique. Cette décision fut lourde, lourde de conséquence, car elle avait pris le monde de cours. Une aubaine pour ses détracteurs, une déception pour ceux qui la soutenaient. C'était notamment pour cette raison qu'elle avait cessé de faire parler d'elle. Ni mission, ni entraînement, ni visite. Elle s'était coupée du monde pour se recueillir dans le domaine qu'elle avait bâti pour retrouver le goût de vivre et la hargne que l'on lui avait connu, mais la tâche était ardue lorsque l'on avait du mal à retrouver du sens à ses choix. Pendant un temps, l'idée même qu'elle fut un fléau pour les autres lui avait traversé l'esprit, comme maudite, jusqu'à ce que cela lui parut bien ridicule.
La peine, l'ivresse de la mélancolie et un pardon qu'elle se refusait à elle-même pour ne pas avoir été là quand il le fallait, l'avait momentanément enfermé dans une léthargie qui avait fait d'elle une ombre. Elle, qui pendant des années avait murmuré à l'oreille des familles de ceux qu'elle n'avait pas pu sauver, que le temps réparerait les blessures, trouvait à présent ses propres mots bien fades. Toutefois, si elle ne s'y accrochait pas, si elle ne luttait pas, alors tout ce qu'elle avait tenté de construire n'aurait été qu'une pluie de mensonges. Elle se devait de retrouver le courage qui lui faisait défaut à présent, et le moindre petit geste, la moindre petite action serait un début.
Ce fut ainsi qu'elle commença à sortir à nouveau, bien que ses escapades étaient brèves. Les murmures, les regards sur son passage, si elle avait appris à les ignorer par le passé pour marcher sous le soleil, elle n'avait jamais autant désiré retourner dans l'ombre... mais elle était l'ombre de son frère, frère qui n'était plu. Évitant volontairement les rues les plus bondées ou les quartiers les plus vivants, Yuriko s'en retournait à ses premiers amours, celui des lieux calmes que la plupart des gens dédaignés, les parcs ou les jardins oubliés.
Ce fut d'ailleurs dans l'un d'eux qu'elle se "cacha", un jardin abandonné, d'une vieille maison inhabitée, si ce n'était de quelques chats errants. La cour intérieure n'était plus qu'herbes folles, fleurs sauvages, avec en son cœur un érable majestueux. Elle aimait s'y retrouver, là, assise sur le bois de la vieille terrasse, fermant les yeux et tendant l'oreille sur le monde extérieur. Konoha n'avait jamais cessé de vivre, c'était uniquement elle, et curieusement, cela lui conférait un peu d'espoir. Le monde ne cessait de tourner, d'avancer, qu'importaient les malheurs qui le frappaient.
" Le temps ne s'arrête jamais, là où la vie s'achève. "
Yuriko laissa s'échapper un soupir de ses lèvres, alors que le vent balaya ses cheveux. Nombreuses étaient les personnes qui lui manquaient... beaucoup trop.
Shin
Konoha no Genin
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« Un ! Deux ! Trois ! » Bras droit tendu, poing gauche contre la poitrine, puis l’inverse. Coup de pied levé, coup de poing à gauche. « Un… Deux… Trois… Encore ! »
Les jambes étrangement pliées, le souffle court, le dos suant, je faisais probablement peine à voir. Mais je n’en avais pas grand-chose à faire, justement parce que j’étais certain qu’il n’y avait personne pour me regarder. Loin des terrains d’entrainements et de l’académie de Konoha, j’avais élu domicile à l’intérieur d’une bâtisse abandonnée, grinçante de partout. En plus d’offrir une intimité appréciable, elle avait l’avantage d’avoir un très long couloir, à l’étage. Je l’utilisais donc, ce jour-là, pour un entraînement silencieux. Mon objectif : traverser le couloir en enchaînant les coups, sans faire grincer le parquet. Je ne cherchais pas la force, mais la souplesse. On m’avait dit qu’un shinobi devait être discret. Pour autant, j’aimais trop le craquement du bois sous mes pieds nus. Cela me rappelait le vieux Myōshin-ji – lui aussi, il grinçait beaucoup. Alors parfois, quand l’enchaînement touchait à sa fin un peu trop vite à mon goût, je faisais exprès de poser mon pied sur une latte bancale, tout en me maudissant de me punir ainsi ; il fallait tout recommencer.
Epuisé après de longues minutes à remuer les bras et les pieds, je finis par me laisser tomber au sol, bras et jambes écartées. Je pouvais entendre, au loin, le bruit de la ville qui s’infiltrait par les fenêtres brisées. Quel dommage d’avoir abandonné un si bel endroit ! J’imaginai, jadis, la vie qu’une famille avait pu avoir entre ces murs. Tout n’était plus que poussière, toiles d’araignées et fantômes, à présent. Heureusement pour moi, je n’avais peur ni des araignées, ni des fantômes. Fumetsu m’avait apporté la preuve que les premières pouvaient être dociles et aimantes. Quant aux fantômes, je n’avais jamais compris pourquoi l’idée qu’un ancêtre veille encore sur nous mette mal à l’aise le commun des mortels. « Anciens, je m’en remets à vous. » soufflai-je, les mains jointes.
Me redressant finalement, je me mis à parcourir un peu la bâtisse, profitant des courants d’air pour sécher la sueur de mes habits. J’avais envie de redonner vie à cet endroit qui ressemblait tant à mes souvenirs du temple. Car, en songeant ainsi à mes frères et mes pères, j’avais eu un pincement au cœur. Qui prenait soin de chasser la poussière, combler les trous de la toiture, couper les herbes folles du jardin, à présent que je n’étais plus là ? Dans une petite pièce qui devait servir de débarras, je trouvai un balai de bois sous une couche de saleté. Alors armé de mon nouvel ami, je me mis à pousser la poussière vers l’extérieur.
« Oh ! » Mon corps s’était raidi d’un coup, sous l’effet de la surprise, alors que je sortais du côté de la cour intérieure. Quelqu’un était assis là, sur le rebord de la terrasse. Je ne l’avais pas vu immédiatement, perdu dans mes pensées et dans mon balayage. « Je suis désolé ! » m’exclamai-je instantanément, par réflexe, réalisant comme cela pouvait être étrange de me voir ainsi, un balai à la main, dans une maison qui n’était certainement pas la mienne. Puis, découvrant le visage de l’inconnue, je sentis mon cœur s’arrêter. Le rouge me monta instantanément aux joues et je m’inclinai prestement. « Ah ! Bonjour madame. » Que faisait-elle ici ? Pris de panique, mon esprit se saisit de la première explication possible. « C’est votre maison ? Je suis désolé, je pensais que c’était abandonné. » Et pour faire bonne mesure, je lâchai mon balai au sol.
J’avais face à moi la plus belle des femmes. Celle à qui je devais ma place à Konoha, aussi. Comment ne pas me sentir honteux, tout à coup ?
Tadake Yurikô
Hokage
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" Le présent se dégrade, d'abord en histoire, puis en nostalgie. "
Les pensées de Yuriko s'envolèrent vite sous l'effet de la brise. Les paupières fermées, le vent dans ses cheveux et confortablement assise sur la terrasse de la maison inhabitée, elle se contentait de tendre l'oreille vers le monde extérieur. Au sein de son domaine, proche de la forêt, elle était un peu coupée de la civilisation, hormis les membres du clan qui s'entrainaient avec vigueur et vaillance. L'aménagement de ses cours et jardins lui permettait aussi de profiler du bruit de l'eau et du chant des oiseaux curieux. Mais ici, en plein cœur du village, c'était une toute autre faune. Invisible à leurs yeux, elle pouvait profiter de les entendre vivre, rire, se chamailler.
Seulement, une petite souris qu'elle ne s'attendait pas à rencontrer en ces lieux attira son attention. Lorsqu'elle se retourna, elle fit face à un jeune visage familier, celui d'un tout jeune garçon qu'elle avait promis d'accueillir au sein du village. Elle se souvenait encore de la supplique de sa mère, dévolue au bien-être de ce fils qui ignorait qui elle était. Yuriko avait été touchée par sa dévotion, mais un peu triste également pour ce garçon qui ignorait tout du sacrifice qui avait été fait pour lui.
" Shin-san ? Comme je suis heureuse de te revoir. "
La jeune femme s'était un peu plus tournée sur elle-même afin de pouvoir mieux lui faire face, mais le garçon semblait si surpris qu'il fit tomber le balai qu'il tenait dans les mains. Il fut particulièrement difficile pour l'ancienne Nidaime de ne pas sourire devant l'affolement de l'adolescent, esquisse qui s'échappa spontanément face à l'ingénue, balayant pendant quelques secondes sa morosité. Immédiatement, Yuriko agita un peu la tête pour signifier la négative.
" Tu n'as pas à t'inquiéter, cette demeure n'est pas la mienne. Cela fait quelques années déjà qu'elle est abandonnée, mais je me plais à parfois venir en ces lieux. "
Les yeux noirs de la jeune femme scrutèrent alors les alentours, le bois vieillissant, les moulures à l'abandon envahi par les toiles d'araignées, jusqu'à l'arbre qui prônait dans la cour principale.
" Si tu le veux bien, cet endroit sera notre petit secret ? "
Elle espérait en tout cas que cela le demeura, appréciant la quiétude de cette maison vide, tout en lui permettant d'écouter le monde. Laissant rapidement de côté cette pensée, Yuriko finit par se tourner vers Shin, préférant alors s'enquérir de lui.
" Et toi ? Que viens-tu faire ici ? J'espère que tu es bien traité. Sache que si tu venais à rencontrer le moindre problème, tu es libre de venir me voir au domaine des Tadake quand tu le souhaites. "
C'était la moindre des choses qu'elle pouvait faire pour lui. Même si elle n'était plus à la tête du village, elle demeurait une jonin et n'avait jamais remis en question son devoir de protéger les konohajins. Nouveaux ou anciens.
Shin
Konoha no Genin
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Qu’elle était belle, avec ses yeux d’un noir profond et son air naturellement nostalgique… Légèrement hébété par la situation, je me sentis tout léger lorsqu’elle me reconnut, comme si je n’étais pas qu’un enfant parmi d’autres. Je ramassai alors prestement mon balai, le rose aux joues, avant de m’approcher timidement. Elle était encore plus belle de près, et je lui trouvai une odeur de printemps. J’inspirai profondément, l’air de rien, le sourire aux lèvres, me laissant porter un instant par son doux parfum tandis qu’elle m’adressait quelques mots.
Ce fut à peine si j’écoutai vraiment, enivré et amoureux – d’un amour filial, bien sûr, car j’avais l’âge de détester les filles mais de retrouver ma mère dans toutes les jeunes femmes. Je captai néanmoins l’essentiel de la conversation : ce n’était pas sa maison et elle ne voulait pas que sa venue ici s’ébruite. « C’est promis. » soufflai-je alors, avant de lui faire un signe que les enfants de l’Académie m’avaient appris et qui voulait dire qu’on devait tenir sa promesse. J’ajoutai, plus assuré : « Si je mens, je vais en Enfer ! » Je n’étais plus très sûr que ce soit la formulation exacte, mais au moins j’y avais mis du cœur.
Elle m’interrogea alors sur les raisons de ma présence et, plus généralement, sur ma vie à Konoha, et je pris alors le temps de m’asseoir à ses côtés. Triturant machinalement mon balai, je haussai les épaules. « Je suis venu m’entraîner… » Devais-je tout lui avouer ? J’hésitais un moment, avant de poursuivre : « Je… Je n’aime pas trop les terrains d’entrainement. J’ai l’impression que tout le monde me regarde. » Je baissai alors la tête, gonflant mes joues, faisant semblant de balayer à mes pieds. Par tout le monde, j’entendais les enfants de mon âge qui étaient tous infiniment plus doués que moi et, bien sûr, Fumetsu qui semblait passer tout son temps libre à m’observer et me juger, comme un petit sujet d’expérimentation. J’avais beau faire des efforts, je n’aimais pas être au centre de l’attention, et j’avais bien l’impression d’être sujet à moqueries, à ne rien savoir faire sinon taper du pied et du poing. Pourtant, ce n’était pas l’envie de m’améliorer qui manquait…
Je relevai la tête, réalisant subitement que je devais l’inquiéter, à paraître ainsi abattu. « Mais je suis bien ici ! C’est une belle maison. » Je jetai un regard par-dessus mon épaule, vers la vieille demeure, avant d’ajouter : « J’avais fini mon entraînement, alors j’ai voulu nettoyer un peu. C’est dommage qu’elle soit abandonnée. Vous savez qui habitait là ? » Je me demandais s’il s’agissait qu’une grand-mère seule, ou quelque chose dans le genre. Est-ce que si je nettoyais tout, elle pourrait revenir vivre ici ? Je l’espérais secrètement. Les maisons étaient faites pour être habitées ; il n’y avait qu’ainsi qu’elles pouvaient vivre.
Mon esprit se perdit un instant vers mes maisons à moi ; l’ancienne, le temple, et la nouvelle, le domaine Kamiko. La Nidaime avait mentionné le domaine Tadake et je devais admettre que j’étais curieux de voir la différence avec la demeure de Fumetsu. J’imaginais un endroit agréable et confortable, sans trop de fioritures car cela ne semblait pas être dans la nature de la dame de Konoha. Quelque chose de simple, épuré, propre… « J’aimerais beaucoup visiter votre domaine aussi. » murmurai-je, des étoiles dans les yeux. Je n’osai pas lui avouer que, si j’avais été capable de passer son épreuve, j’aurais volontiers rejoint son clan. « J’aime beaucoup le domaine Kamiko, et j’y suis bien, mais… Mais il y a plein d’araignées ! » Je m’esclaffai alors, agitant mon balai comme si je chassais des bestioles imaginaires. Pourtant, c’était mon inconfort que je cherchais à dissimuler, en cet instant. Car ce n’étaient pas tellement des petites bêtes dont je parlais, sinon de Fumetsu. Nous avions commencé à véritablement travailler ensemble, et je devais admettre que le savoir constamment autour de moi commençait à me peser. Il m’avait montré son vrai visage, tant en mission qu’à l’entraînement, et je sentais maintenant une boule se former dans mon ventre à chaque fois que son regard se posait sur moi. Il me semblait impitoyable et je ne savais pas quoi faire. Devais-je devenir comme lui ? Etait-ce cela, le métier de shinobi ?
Mon sourire s’était crispé et mon regard assombri. Un instant, j’avais oublié la présence de la belle et douce Yurikô.
Tadake Yurikô
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" Le présent se dégrade, d'abord en histoire, puis en nostalgie. "
Une simple promesse, sans conséquence véritable, mais qui eut l'avantage d'apporter un peu de baume au cœur de l'ancienne Hokage lorsqu'elle vit ce jeune protégé se montrer si prompt à vouloir s'y tenir.
" Voilà des mots qui me rassurent autant qu'ils m'inquiètent. Je serais peinée d'imaginer que tu puisses un jour te retrouver dans un tel endroit. Tâchons de faire en sorte que cela n'arrive jamais. "
Car elle avait promis à sa mère d'essayer d'accorder à ce garçon la meilleure vie possible. La jonin espérait sincèrement qu'elle put faire en sorte que cela fut tenue. Même si elle n'était plus la maîtresse de Konoha, elle n'oubliait aucun de ses vœux. D'ailleurs, ce fut pour cette raison qu'elle n'empressa de connaître les impressions de Shin et surtout s'il se sentait convenablement traité ici. Il lui avoua ainsi être présent ici pour s'entrainer, fuyant les regards inquisiteurs des autres élèves et professeurs que l'on avait tout loisir à croiser. Yuriko comprenait aisément le sentiment malaisant qui pouvait vous saisir au corps quand on se sentait épié.
" Oh, je vois. Je comprends ton sentiment. À ton âge, je n'aimais guère les terrains d'entrainements publics. J'eus toujours préféré le calme de la forêt voisine car je n'ai jamais aimé me sentir observée. "
Cherchant par ses paroles à montrer qu'il n'y avait aucun problème à son choix, Yuriko voulait aussi lui prouver que cela ne pouvait l'empêcher de progresser, tant qu'il y mettrait du sien, une façon pour elle de continuer et perpétuer le partage de la volonté du feu qui animait Konoha. Ou peut-être simplement lesTadake.
" Tu es vraiment un jeune garçon responsable, Shin-san. Je ne connais malheureusement pas la réponse à ta question, mais je suis certaine que le ou la propriétaire des lieux serait très reconnaissant de ton attention. "
Car il était vrai que Yuriko ne connaissait pas l'identité du propriétaire de l'endroit, mais elle savait que cette maison n'était plus habitée depuis quelques années. Peut-être deux ans, trois ans ? Elle imaginait sans difficulté qu'elle eut été à un shinobi, trop vite parti sûrement, qui n'avait aucune famille, raison de l'abandon des lieux. En attendant, elle ressentait toujours un certain sentiment de plénitude à venir contempler l'arbre de la cour. Il lui fut aisément de supposer que, probablement, il y avait aussi un peu de cela dans le désir de Shin de venir ici.
Lorsqu'elle avait appris que le clan Kamiko était prêt à "adopter" le jeune garçon, elle fut plus étonnée encore de connaître le nom du tuteur. La jeune femme avait beaucoup de respect pour Fumetsu, elle le savait talentueux, et elle n'avait pas oublié qu'il avait offert son appui quand elle avait été nommée Hokage et elle savait qu'un jour, elle se devrait aussi de lui revaloir cette aide. Toutefois, l'idée qu'il eut le désir d'enseigner à un enfant... elle trouvait cela troublant.
" Je me ferai un plaisir de te faire visiter moi-même les lieux. "
Un sourire finit par se dessiner sur les traits délicats de Yuriko, mais elle s'aperçut que le minois de l'adolescent, lui, parut plus sombre.
" Cela ne doit pas être facile pour toi, Shin-san. Tu as vécu de nombreux changements en peu de temps. Mais il ne te faut pas désespérer. Tu es un jeune homme intelligent, vaillant aussi. Cela se voit immédiatement. Toutefois, aussi courageux que nous sommes, il ne faut pas hésiter à demander de l'aide lorsque l'on en a besoin. Alors, si un jour, tu te sens mal ou que tu souffres du moindre chagrin, sache que je serais prête à t'écouter. "
Des paroles qui se voulaient réconfortantes et maternelles envers un jeune garçon qu'elle appréciait beaucoup.