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Un grain de sable au pays du feu

Nozomo Hayato
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Nozomo Hayato

UN GRAIN DE SABLE AU PAYS DU FEU

Les jours étaient devenus des semaines, puis des mois. Si d’abord il s’était volontairement réfréné par peur des se montrer trop… pressé. Il avait finalement laissé la tâche s’alourdir, devenant de plus en plus improbable et hardie. Comment allait-elle réagir ? Devait-il faire comme si pas un seul jour n’avait séparé sa lettre de leur dernière rencontre ? Puis… Qu’allait-il dire ?! Il n’en avait aucune idée… Mais cette fois-ci il refusait de se défiler ! Il était alors assis dans son bureau, une cigarette fumée dans son cendrier et devant lui se tenait un parchemin vierge déroulé entièrement. Il prit son pinceau, trempa les poils dans l’encre et… Les mots coulèrent sans discontinuer…


"Chère Yuriko,

J’ignore si cette missive te parviendra directement, voire si elle parviendra simplement un jour jusqu’entre tes mains… Le service qui s’occupe de la remise des courriers osera t’il épier la correspondance de son Kage ?  Si le sceau que j’ai apposé (en forme de faucon) n’est plus présent ou endommagé. Tu auras ta réponse ! Afin d’éviter ce genre de problème à l’avenir. Je vais te faire parvenir avec ma lettre une   adresse à laquelle tu pourras me répondre sans crainte. Il s’agit d’un des relais commerciaux d’une très vieille amie (dans tous les sens du terme), tu peux être sûre que nos échanges seront bien gardés avec pareille gardienne ! Si tu décidais de donner suite à ma missive. Elle s’occupera de me faire parvenir le pli.

Je te pris de m’excuser d’avoir tant tardé avant d’enfin t’écrire… Je pourrais me trouver des excuses bien sûr !  Les choses ont beaucoup évolué depuis notre dernière rencontre. Disons que j’ai eu une promotion ! On pourrait penser que ça m’aurait au moins déchargé de mes autres prérogatives, mais pas du tout ! Je suis sans doute l’homme le plus surchargé de travail du Sekai… Mais est-ce réellement pour cela que je peinais tant à t’écrire ? En réalité, je pense que je craignais simplement de franchir le pas.


Maintenant que j’ai enfin posé mon pinceau sur le vélin, je réalise qu’il y a tellement de choses que je voudrais raconter… Malheureusement, ça serait prendre le risque d’être épié et je vais donc devoir écourter…

Au plaisir de pouvoir à mon tour te lire.

Signé : Un amateur de plage et de coucher de soleil."


Dans un profond soupir, Hayato replia le parchemin avant d’y apposer son sceau. Rien qu’y ne puisse trahir la provenance de la lettre. Un simple faucon, indice quant à son prénom. Il avait relu encore et encore ses mots, épiant la moindre indication qui pourrait relier l’auteur à sa personne.  Il ne faisait rien de mal mais prudence était mère de sureté. De plus, il ne voulait pas mettre son amie dans une position inconfortable. Il s’étonna lui-même avec quelle familiarité il s’était adressé à elle. Comme si le temps au lieu d’effacer leur lien l’avait cristallisé et rendu plus puissant.

Il avait remis en main propre le pli cacheté à Mamie Maté, qui à son tour s’était occupé de brouiller les pistes en le faisant voyager en divers comptoirs commerciaux…. Puis vint l’attente…

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Tadake Yurikô
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Un grain de sable au pays du Feu
feat Nozomo Hayato

" Une promesse donnée est une entrave à celui qui l'a faite. "




Lorsque la lettre parvint à Yuriko, cette dernière se trouvait dans son grand bureau, celui de sa tour de fonction. Il y en avait un monticule qui n'avait pas encore été lu, certaines comportaient des sceaux importants, d'autres non. Pourtant, parmi toute, l'une sembla l'intriguer plus que nul autre : un sceau avec un faucon. Cela piqua immédiatement sa curiosité et elle se décida à l'ouvrir. Alors que ses petites yeux noirs se promenaient sur le papier, une lumière pleine de douceur sembla faire briller son regard, et ainsi que les prémices d'un sourire sincère que personne n'avait vu se dessiner depuis déjà des mois. Jusque-là, elle n'affichait qu'un visage de façade et pourtant, la belle écriture qui se dévoilait sur ce papier éveilla immédiatement en elle un moment agréable qu'elle s'en voulait d'avoir presque oublié. L'amateur de plage et de coucher de soleil... tout lui revint étonnamment en mémoire comme si cela avait été hier. S'enfonçant dans son siège d'un soupir lancinant, elle se remit à lire à nouveau le message, son esquisse grandissait.

" Tu n'as visiblement pas perdu ta mauvaise habitude, Hayato-san... "

En effet, la jeune femme crut reconnaître l'odeur du tabac froid et elle se souvenait de s'être gentiment moqué de lui à ce sujet, mais aussi O combien elle en avait apprécié la compagnie. Discuter avec le sunajin lui avait permis d'oublier le temps de quelques soirées le poids et la pression de son statut. Aujourd'hui, il était assez évident qu'elle avait besoin de pouvoir revivre des moments si léger, d'avancer, de chasser les nuages de son esprit malmené. Et puis, elle ne pouvait nier que l'homme des sables avait son je-ne-sais-quoi de rafraîchissant. Il était honnête, il n'était pas au courant des drames qui l'avaient accablés et en toute objectivité, il fallait convenir qu'il était charmant, même au travers de sa lettre. Comment pourrait-elle demeurer sans réponse ? Impossible. Qu'importait le chagrin qui la frappait encore, elle ne lui en ferait pas l'affront. Pliant ainsi ce courrier tout à fait personnel, elle le glissa dans son kimono pour l'emmener chez elle. Ce serait là-bas, bien loin de son travail, qu'elle s'évertuerait à lui écrire à son tour.

" Cher Hayato,

Comme tu peux le constater, ta lettre m'est bel et bien parvenue et me permettras-tu de te rassurer en te disant que je suis bien la seule à avoir pu poser mes yeux sur tes mots. Sache que je fus tout aussi étonnée que ravie de recevoir ton message et je ne te tiendrais en rien rigueur de ne pas m'avoir donné de nouvelles avant. Après tout, il serait aussi possible de m'accabler de ne pas avoir effectué ce premier pas.

Ainsi donc, tu m'as indiqué avoir obtenu une promotion. Voilà que je ne suis guère surprise. Lors de notre première rencontre, j'avais déjà pu noter ta rigueur et ton sérieux, et je n'ai pas oublié non plus l'étendu des ambitions qui étaient les tiennes. C'est un pas vers les projets que tu désirais porter. J'espère sincèrement que les choses se passent comme tu le souhaitais. Le seul conseil que je peux t'apporter maintenant que tu sembles avoir de nouvelles responsabilités, c'est de ne surtout pas te laisser dévorer par tes charges, quand bien même tu n'en vois pas la fin. Profite de tes proches et ne les écarte pas, même lorsque tu te sentiras agacé. Et si cela te semble impossible, alors fais comme moi en ce jour et pense à ces soirées privilégiées qui ont pu être les nôtres. Des moments rares et précieux.

C'est sur ces mots que je me dois de finir cette lettre, sur ces maigres suggestions qui, je l'espère, te soutiendront un peu. J'attendais ainsi ton prochain message, en espérant qu'il ne tardera pas, car ta lettre m'a été d'un agréable réconfort.


Signée : Une humble joueuse de flûte. "


Une fois que la kunoichi posa sa plume, elle ferma son courrier avec un peu de cire et apposa son sceau personnel, celui de deux carpes koï dans le symbolisme du yin et du yang. Et alors qu'elle songeait à remettre ce dernier à un messager pour la donner à un des relais commerciaux cités par Hayato.... elle se ravisa et choisit de s'y rendre seule. Ce fut là-bas qu'elle rencontra une vieille femme, sans doute celle dont parlait le sunajin. Elle se montra... très curieuse à son sujet, avant de tenter de lui vendre du maté. Mais à la place, Yuriko lui demanda si elle possédait des thés goûtu.

" Je crois me souvenir que notre ami commun m'eut dit aimé les boissons un peu fortes. "

Ce fut ainsi que la lettre partit en direction du pays du sable, accompagné d'un petit sachet de thé qui saurait défier les papilles d'un homme du vent.


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Nozomo Hayato
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Nozomo Hayato

UN GRAIN DE SABLE AU PAYS DU FEU.

Il lui avait fallu attendre plus d’une semaine avant de voir la précieuse réponse arrivée. Celle-ci avait connu bien des aventures. Partant d’un relais non loin de Konoha, aux orées des grandes forêts. Il passa quelques jours au relais du plateau d’Arakura avant d’être transporté jusqu’aux paysages montagneux du haut-plateau. Un affrontement contre des bandits de grand chemin plus tard… Le précieux colis parvenait enfin entre ses mains, après un court arrêt au relais de Nanakita, aux portes du désert.

Le petit carton aux dimensions ridiculement petites, avait été emballé avec soin dans un papier sobrement gris. Le transport l’avait en certains points égratignés mais il semblait probable que son contenu est survécu. Choisissant de s’isoler avant d’en inspecter le contenu, Hayato avait passé une journée des plus… longues. Régulièrement il s’étonnait à perdre son regard sur le colis, oubliant ses dossiers qui attendaient inexorablement sa signature.

La fin de journée approchant, il s’éclipsa en douce pour rejoindre le domaine Nozomo. Dans sa petite chambre exiguë (fichus travaux qui ne terminaient pas), il découvrit enfin la teneur de cette mystérieuse boite. Il avait reconnu l’odeur de son parfum et n’avait eu aucune hésitation quant à l’expéditeur.

Tout d’abord, ses yeux se posèrent sur les petits sachets et bocaux emplis d’herbes. À l’odeur il y reconnut les fragrances de différents thés… Un sourire s’épanoui sur son visage et il décida de partir faire bouillir de l’eau dans le réfectoire. Il avait attendu toute la journée, il pouvait bien patienter encore quelques minutes.

C’était donc thé en main qu’il étudia enfin les formes graciles déposées sur le vélin. Une réponse tant attendue et un accueil chaleureux… Il en lut et relut chaque mot. Des félicitations pour sa promotion, quelques conseils et une fin singulière. "Un agréable réconfort" ? Avait-elle des ennuis ? Sans doute oui, étant cheffe d’un village, nul doute que celle-ci croulée sous les réclamations. Il nota qu’il lui faudrait tout de même s’en assurer dans sa lettre… Enfin il s’attarda une troisième fois sur les passages plus personnels. Il avait tant craint de mal agir… Cette bienveillance était un réel soulagement. Sortant son nécessaire d’écriture et l’étalant sur la table, il écrivit son message d’une seule traite.

"Chère Yuriko,

Tu n’imagines pas à quel point je suis heureux de te lire. Je craignais tant de te créer du souci ou encore que les courriers s’égarent… Mais j’oubliais ! Je devrais d’abord te remercier pour ton cadeau, que j’essaie au moment même où je t’écris. Je suis tout aussi surpris qu’heureux de constater qu’il est finalement si facile d’entrer en contact avec la plus haute autorité de Konoha… Ce n’est certain pas chez nous que cela serait possible !

Pour en revenir à ma précédente lettre et maintenant que toute crainte d’être lus est écartée. J’ai en effet été promu intendant du village de Suna. Je dois bien reconnaitre que dans les premiers temps, la charge m’avait débordée. Je ne trouvais même plus le temps de voir mon frère… Mais je te rassure, tout va bien mieux maintenant. Dernièrement j’ai même trouvé le temps de m’aventurer dans notre charmant désert, par deux fois même. La première fois, en compagnie d’un petit contingent nous nous sommes aventurés en dehors des limites connues de notre monde. Je suis sûr que tu aurais aimé découvrir de tels paysages ! Toi qui aimes les forêts… Une véritable jungle dans laquelle nous avons bivouaqué plusieurs jours durant. Des territoires plus dévastés aussi… Aux grands amas rocheux et aux failles s’ouvrant sur une infinité sombre… Des plaines à l’herbe jaunies par le soleil et aux animaux exotiques… Le voyage était sportif, mais en valait bien le détour. D’autant que j’ignore si j’aurais de nouveau la chance de pouvoir explorer ces contrées.

Plus tard, j’ai également pu m’éloigner un peu mais en direction des montagnes cette fois-ci… Une sorte de pèlerinage pour parfaire mes compétences en taijutsu… Je t’en passe les détails, je ne voudrais pas t’appesantir sous mes anecdotes sans réels intérêts… J’imagine que toi aussi tu as dû vivre de nombreuses choses depuis notre dernière rencontre. Je dois reconnaître m’être inquiétée en lisant la fin de ta missive. Te serait-il arrivé quoi que ce soit ? Si tes problèmes concernent ton village, je comprendrais que tu ne puisses pas m’en parler… Mais autrement n’hésites pas. Je pourrais peut-être t’apporter mon aide sinon mon soutien.

En attente de ta réponse…

Nozomo Hayato"


Une fois la lettre composée, il partit flâner dans les ruelles sunajin en quête d’une idée… Un cadeau, il cherchait un présent digne de son destinataire… Passant devant une petite échoppe aux abords du domaine Shirogane, il eut soudain une idée. Une fois le présent acheté, il l’enroula à l’intérieur de son parchemin… Ainsi à son ouverture, Yuriko pourrait découvrir une partition reprenant un air traditionnel du désert…

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Tadake Yurikô
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" Une promesse donnée est une entrave à celui qui l'a faite. "




La kunoichi était une femme patiente, aussi loin que l'on pouvait remonter dans le temps. Elle avait toujours su faire profil bas et guetter le bon moment pour faire les choses, de la même manière qu'elle ne faisait preuve d'empressement dans ces apprentissages. Les arts médicaux demandaient du temps et de ne pas avoir la main qui tremblait. Le taijutsu demandaient de l'attention et de la rigueur, ainsi qu'une application particulière pour ne pas briser les instruments que devenaient son propre corps. Et pourtant, contre toute attente, une certaine pensée ne semblait guère désireuse de quitter son esprit : n'avait-il pas trouvé son message trop pédant ? Avait-il apprécié les thés qu'elle avait joints à sa lettre ? Elle s'était voulue amicale, mais n'avait-elle pas agi avec trop de moralité ?

Après avoir transmis sa missive, Yuriko s'était mainte fois demandée si elle avait bien pesé ses mots et si sa réponse n'avait pas été trop précipitée. Peut-être aurait-elle dû y réfléchir un peu plus que d'agir dans la spontanéité du moment. Ces réflexions se suivirent au fil du temps qui passait et de l'absence de réponse. La lettre s'était peut-être tout simplement perdue ou bien n'avait-il simplement pas une minute à lui. Après tout, n'avait-il pas indiqué lui-même qu'il était l'homme le plus surchargé du Sekaï ? Une image qui étrangement la fit sourire alors qu'elle se surprit à relire le premier message envoyé, car elle avait bien évidemment conservé. Placée dans un petit coffre verrouillé aussi bien mécaniquement que par le biais d'un sceau, l'Hokage y entreposait tout ce qu'elle estimait précieux... et intime. Ainsi, on pouvait y trouver des mots de son frère, un petit objet informe taillé dans du bois qui était aussi un objet d'artisanat de Kyoshiro quand il était enfant, un cadeau qui n'avait pas de prix, mais aussi la bague de fiançailles que lui avait offert Jinpachi. Et aujourd'hui, elle y dissimulait également les missives d'Hayato où il n'était question que d'échanges personnels. La Nidaime avait aussi droit à son petit jardin secret.

Il lui fallut attendre un peu plus d'une semaine avant de trouver dans son courrier le sceau du faucon imprimé sur un parchemin. Le papier semblait un peu froissé, preuve de la grande épreuve qu'avait traversé le précieux document. Ce ne fut bien évidemment qu'une fois seule et dans ses quartiers que Yuriko se mit à lire les lignes de son camarade lointain.... et qu'il ne lui fallut pas plus de temps pour lui répondre. Étrangement, il lui semblait facile d'échanger avec le sunajin qui lui avait fait une bonne impression.  


" Cher Hayato,

J'espère vivement que le thé que tu bois saura ravir tes papilles, car il ne m'a pas été évidemment de trouver un breuvage assez fort et goûteux à la fois pour braver ton palais intraitable. Si la chance n'est pas de mon côté, alors je concèderais ne pas avoir gagné cette bataille et je tâcherais de trouver un nectar différent qui te conviendrait mieux. Le défi ne m'effraie pas.

Tes mots m'ont fait sourire lorsque tu as mentionné la facilité de me contacter, mais je ne sais si je ne dois de déplorer ou féliciter les gens qui m'accompagnent, car de leur propre aveu, certains m'ont confié qu'ils ne leur viendraient jamais à l'esprit d'ouvrir un courrier m'étant personnellement adressé, car trop effrayé par le courroux qui s'abattrait sur eux. Je dois être une femme véritablement effrayante pour leur causer une telle inspiration, mais au moins puissions-nous nous féliciter que leur curiosité ne soit pas plus forte.

Je suis également heureuse de lire que tout se profile comme tu le désires et je réitère mes félicitations. Nous aurons donc ainsi le loisir de pouvoir à nouveau converser ensemble, même si cela devait être par devoir. Mais je note aussi que tu as pu vivre malgré tout une aventure qui me fait envie. Je suis certaine que j'aurais apprécié découvrir les contrées que tu as visitées. Tu as sans doute pu dénicher bien des trésors que mon esprit de femme de sciences serait prête à te jalouser.

Quant aux mots qui t'auraient causé de l'inquiétude, je te prie de m'excuser. Ils étaient sans nul doute aussi maladroit que mystérieux, car les raisons responsables de mon accablement n'auraient pu trouver sa place dans notre précédent échange. Je ne me sentais pas capable de poser sur le papier les raisons de mon chagrin, car je ne désirais pas briser la bonne humeur qui émanait de ta lettre. Aujourd'hui me semble-t-il possible de mieux y faire face et de ne pas te laisser dans l'ignorance : mon frère, Kyoshiro, est mort dans l'exercice de ses fonctions. Cela remonte à quelques mois à présent et je ne pourrais te cacher que cela a été le moment le plus difficile de ma vie. Te souviens-tu de la façon dont je te l'avais décrit sur la plage ? Il était mon soleil et j'ai été plongé dans la plus profonde des obscurités. Toi qui as un frère qui t'est précieux, il te sera facile de comprendre la douleur qui me ronge le cœur.

Cependant, je n'ai nul désir de miner ton moral, ni de t'accabler par les sentiments tortueux qui m'habitent encore. Il s'agit là d'un combat que nous ne pouvons mener que seul contre nous-même. Mais je suis heureuse toute de même par la chaleur de tes paroles. Le soutien que tu serais prêt à m'apporter est un baume pour mon esprit.... tout comme la partition que tu m'as envoyée.

Je vais ainsi pouvoir découvrir la musique qui peut te bercer de l'autre côté du monde et je tâcherais de m'exercer afin de pouvoir te faire écouter mes progrès le jour où nous pourrons nous saluer à nouveau en face.

Tadake Yuriko "



Une fois l'écriture finie, la jeune femme posa ses yeux sur la partition de musique qui avait accompagnée la lettre du sunajin. Il s'était rappelé et l'attention la touchait beaucoup. Mais c'était à son tour maintenant et comme promis, quand bien même elle n'était pas assurée que le thé offert lui déplut, elle joua la prudence et joignit cette fois-ci une petite bouteille de liqueur de prune, propre du Pays du Feu. Elle aussi n'avait pas oublié...

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UN GRAIN DE SABLE AU PAYS DU FEU.


Le petit colis entre les mains, l’intendant de Suna affichait en cette matinée une mine radieuse. Grâce à son remaniement du fonctionnement administratif du village. Il était parvenu à alléger ses charges tout en rendant l’ensemble plus fonctionnel. Il avait désormais le temps d’accorder étude et réflexion au sujet d’importances. N’était-ce pas pour cela qu’il avait été promu après tout ? Épauler le Kazekage non par ses muscles mais par son intellect ?  Aussi, dans le confort de son bureau et après avoir prétexté l’étude essentielle d’une affaire urgente. Il avait défait les liens aux couleurs chatoyantes et découvert le présent. Une bouteille d’alcool fort ? Dévissant le bouchon il en avait humé les senteurs… De la prune ? L’odeur était difficilement distinguable au milieu de le fort effluve d’alcool. Ce n’était pas le genre de boisson à consommer en matinée…

Un verre à la main et trois gorgées plus tard. Dans l’atmosphère enfumée de son bureau, le jeune intendant ouvrit enfin le précieux pli. Immédiatement un sourire apparut sur ses lèvres. La gracieuse écriture était un spectacle dansant sous ses yeux. Au départ il ne discerna que quelques échanges communs puis… Les dernières lignes… D’abord, un arrêt. Son cœur manqua un battement et l’impression d’avoir subi une décharge électrique fit se redresser son corps. Il relut les mots, plus attentivement… Son frère était mort… Mort en mission comme la plupart des shinobis. C’était sans doute une fin que connaitraient bien de ses proches. Les risques d’un métier tel que le leur. Pourtant il y avait des personnes qu’on ne pouvait imaginer perdre. Yukio ne pouvait pas mourir, c’était impossible, impensable. Tout comme Kyoshiro ne pouvait tomber aux yeux de la Nidaime.

Quel enfer…

Un second temps, celui de l’analyse. Écornant les bordures du papier, Hayato rapprocha le document. Il ne devait manquer aucun détail. Les courbes de l’écriture étaient-elles altérées ? Quelques mois ? Une seconde décharge, de regret cette fois-ci. S’il n’avait pas tant trainé des pieds n’aurait-il pas pu soutenir son amie dans l’épreuve ? Et quelle épreuve… Le plus difficile de sa jeune vie ? L’idée était loin d’être abusive.

Si j’avais perdu Yukio, il me resterait quoi ?

Les deux frères étaient inséparables et leurs sangs les unissaient autant que l’amour fraternel qui les unissait l’un l’autre. La fratrie konohajin n’avait rien à envier à leur relation. Selon ses propres termes, il était le soleil de la vie de la Nidaime… Pire, n’était-il pas des jumeaux ? Dans beaucoup de cultures, on attribuait des pouvoirs quasi mystiques aux êtres nés d’un même ventre et au même instant. Un lien invisible qui unirait leurs âmes, comme ils avaient été unis dans les premiers instants de leur vie.

Un troisième temps, plus court que les autres… La tristesse. Ce ne fut que l’affaire de quelques secondes, mais il en avait été submergé. Les larmes menacèrent de perler avant d’être ravalées dans un reniflement. Était-ce par sympathie pour la Tadake ? En partit certes, mais c’était avant tout une émotion égoïste. En voyant la mort de son frère, il avait visualisé la mort du sien. Il aurait été effondré… Il l’aurait… Vengé.

Un quatrième temps, probablement le plus terre à terre. Le temps s’écoulait sans discontinuer, chaque seconde supplémentaire était un gigantesque doigt levé en direction de la faucheuse.  Comme tout humain, l’intendant se voyait jeune, avec du temps devant lui… Anesthésié par l’habitude, il en avait oublié la précarité de sa condition. Si son frère venait à mourir, alors il le vengerait. Contre ses tueurs oui, mais contre ce village qui l’avait exploité. Il tuerait, il torturerait, il s’éteindrait et le rejoindrait… Yukio, Honoka, Ogawa, Kyou, Pippuko, Shirokuma et Yuriko… Tous étaient en vie. Pourtant la mort d’un seul pouvait entrainer la mort de bien d’autres…

Agir…

Prenant sa plume de fonction, il rédigea une simple note. Son écriture était précipitée et ses pensées agitées….

« Foret ancestral d’Inari. Village d’Ashio. J’y resterais quelques jours. Rejoins-moi si tu le veux.

Signé : Hayato »


Les réponses qu’il recevait de l’Hokage étaient espacées d’une quatorzaine de jours, il lui faudrait un peu moins de la moitié pour rejoindre le village d’Ashio. Il avait donc un à deux jours pour organiser son voyage… Qu’importait s’il devait y sacrifier ses nuits. Aujourd’hui, il agirait.

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