« Ma foi, cette mission est bien des plus étranges »En effet, il était compliqué de pouvoir affirmer le contraire. Yashiro avait reçu une demande qu’il avait bien du mal à comprendre : délivrer un cadeau à un certain Shawa Shiroi. L’ordre de mission affirmait que Yashiro connaissait bel et bien ce shinobi d’Uzu, mais il n’en avait pas le moindre souvenir. Sa mémoire était cependant loin d’être parfaite et il avait déjà sympathisé avec de nombreux badauds qu’il avait aussi vite oublié. Peut-être s’agissait-il d’une de ses rencontres fugaces qu’il avait eu au détour d’un bar ou pendant une de ses expéditions loin de son village ?
Le Konohajin avait bien essayé de charmer son intendante pour qu’elle lui offre une information sur le commanditaire de la mission, mais elle n’avait pas cédé. Yashiro avait donc passé le reste de la journée tout d’abord à chercher – en vain – qui pouvait être ce Shawa Shiroi, puis, une fois qu’il eut accepté qu’il n’avait aucune idée de qui était cette personne, le jeune homme se mit en quête de trouver un présent.
Offrir un cadeau est tout un art ; il s’agit de trouver l’attention délicate, un produit imaginé, un objet répondant à une envie ou à un désir. Si la difficulté d’une telle tache était de base élevée, elle s’avérait d’autant plus ardue lorsqu’elle visait une personne inconnue. Après avoir passé plusieurs heures dans diverses échoppes, parcourant étoffes, bibelots et bijoux, Yashiro faillit abandonner sa mission et s’apprêtait à retourner voir l’intendante Kamiko pour la convaincre qu’elle s’était trompée de destinataire. Ce n’est que lorsqu’il parcourut une dernière fois l’ordre de mission qu’il changea d’avis : le rendez-vous était situé dans les plaines fertiles, dans le sud-est du Sekai. Le sang de Yashiro ne fit alors qu’un tour ; cela signifiait des vacances aux frais de Konoha !
Il se remit alors en quête d’un magnifique cadeau pour ce mystérieux étranger. Ce fut après avoir été alpagué sur le plus gros marché de Konoha par un vendeur un peu étrange – à en constater ses cheveux longs tombant devant ses yeux, sa tenue entièrement jaune et tape à l’œil et la quantité de bagues aux formes diverses à ses doigts – qu’il finit par trouver un objet trouvant satisfaction à ses yeux. Le curieux marchand lui proposa « une boîte à secrets » qui demandait une combinaison précise pour s’ouvrir.
« Une boite à secret pour une connaissance que je ne connais pas hein... ? », Yashiro décela une certaine ironie dans cette idée de cadeau, puis tapa la main du marchand, comme pour conclure la transaction.
* * *
Le lendemain matin, Yashiro se mit alors en route pour cette bien curieuse mission. Le point de rendez-vous était à près de deux jours de marche s’il ne trainait pas trop. Mais le shinobi comptait bien prendre son temps par moments ; il avait passé la soirée de la veille à organiser son itinéraire, regardant sur la carte du Sekai par quels endroits il pouvait s’arrêter. Il avait relevé le nom de temples, de petits villages pittoresques et de zones naturelles atypiques qui étaient sur son chemin – ou qui ne demandaient qu’un léger détour d’une heure ou deux.
Ainsi, le konohajin traversa tout un pan du monde ninja à une allure relativement élevé. Il prit bien évidemment le temps de s’arrêter sur les lieux qu’il avait repéré, s’y reposant le temps d’un repas ou d’une petite sieste pour admirer les paysages ou discuter avec les locaux, puis il reprenait sa route, accélérant alors l’allure pour ne pas être trop en retard à son rendez-vous.
Comme prévu, après un peu moins de deux jours de marche, il arriva dans les plaines fertiles en début d’après-midi. Le temps était bon et peu couvert : le soleil ravivait le vert des immenses plaines et offrait un panorama apaisant. Au loin, Yashiro repéra en haut d’un monticule un épais arbre. Il en déduisit qu’il s’agissait de « l’imposant séquoia trônant sur la seule colline au milieu de cette mer de plaine » décrit dans l’ordre de mission comme le point de rendez-vous. Il s’y dirigea d’un pas rapide et assuré.
En haut, une jeune shinobi aux cheveux sombres attendait. Elle avait un air sévère et semblait, du moins d’une certaine distance, un peu petite. Yashiro ne réfléchit pas plus et salua son interlocutrice en marchant, avec toute sa bonhommie et sa franchise habituelle.
« Salut, c’est bien Shawa Shiroi c’est ça ? Content de te voir ! »S’il avait réfléchi ne serait-ce qu’une demi-seconde, il aurait pu deviner qu’il prononçait un nom masculin et non celui d’une demoiselle. S’il avait pris un instant supplémentaire pour rassembler ses souvenirs, il aurait pu reconnaitre son interlocutrice, la cheffe du clan Sarutobi qu’il avait déjà rencontré lors d’un entretien diplomatique. Mais ce jour-là, Yashiro avait été plus intéressé par la visite de la maison du seigneur du pays du feu auquel il devait servir de garde du corps que par d’éventuelles discussions politiques avec la Sarutobi ; le souvenir était donc loin d’avoir été impérissable.