L'Odyssée de lô mer de sable Partie II

Du désert, du désert, des cailloux, des cailloux, des vallons rocheux, des vallons rocheux. J'étais totalement cannée, je regrettais le voyage... ou plutôt le fait de pas avoir de moyen de locomotion. On aurait dû louer des chevaux ou des chameaux ou un truc avec des roues. Est-ce que j'étais flemmarde ? En vrai ? Oui. Je ne voyais pas l'intérêt de se compliquer l'existence quand on pouvait faire simplement les choses. Un crédo comme un autre qui prenait tout son sens quand on connaissait mes déboires.

Malgré tout, on avait réussi à trouver le moyen d'aller toujours plus loin, entrecoupé de pause et de galère parce que l'on était pas les rois du camping. Je m'étais même un peu étonnée d'être parvenue à tirer ma carcasse si loin de Suna pour atterrir dans un endroit verdoyant. Je ne saurais dire si j'étais à l'aise en forêt... c'était rafraîchissant, différent, mais en mon for intérieur, j'étais une femme du désert et du sable. Les dunes, le soleil couchant, les mirages et les oasis... c'était mon quotidien tranquille et silencieux. Ici, c'était de la vie grouillante dans tous les sens du terme. S'il y avait des arbres, il y avait des insectes et des oiseaux. Des sons nouveaux qui, bien qu'au début me paraissaient surprenant, me firent sentir étrangement loin de chez moi... et je ne l'aurais pas cru. Peut-être que j'avais ce sentiment uniquement parce que je ne savais pas quand je pourrais rentrer. Cependant, en y réfléchissant, je n'éprouvais pas la même chose lorsque j'étais en mission... et je parlais de mission normale, pas ce délire exploratif. Je n'étais pas une femme très curieuse. Je prenais mon mal en patience parce que visiblement, Yukio s'amusait comme un petit fou. Il y en avait au moins un d'entre nous qui prenait du plaisir.

Ainsi je fis mon travail de cartographe consciencieusement, cela eut l'avantage de l'occuper l'esprit. Oh bien évidemment, les Nozomo avaient eu aussi l'idée fameuse de pimenter notre road trip par des entrainements barbares. Je me rappelais encore ce que j'avais subi la première fois. Les types me surestimaient, et même si cela avait flatté mon égo, c'était pas le cas de mon corps. Si c'était comme ça que leur clan leur apprenait les choses, ça donnait clairement pas envie de faire parie de leur famille. Cela ne faisait que me réconforter dans l'idée qu'être Shirogane, c'était bien mieux. Une bonne planque. Fallait-il cependant être doué de ces doigts.

Quoiqu'il en fut, vint le moment que je redoutais le plus : un nouvel entrainement. Le seul avantage que j'avais dans cette situation était que je connaissais les méthodes de Yukio puisque nous avions partagé plus d'un enseignement ensemble, mais cela ne me rassurait en rien lorsqu'il m'expliqua ce qu'il avait en tête. Des lames de vent avec le bout des doigts. Super. Comme ça, ça sonnait pas terrible mais on parlait fuuton. Le vent était pas un élément si malléable, c'était invisible, vaporeux, difficilement maîtrisable. Là, il voulait qu'on le modela comme de la terre glaise et quand je le vis balancer la saucer sur notre chemin, je compris que c'était pas un truc de genin. Clairement pas. Chunin? Sans doute. Mais en avais-je la force ? Niveau puissance, cela me semblait du même niveau que la technique de Hayato. J'allais encore en chier.

Je ne pus m'empêcher de soupirer lourdement, très lourdement alors que je regardais ma main. Faire une lame avec ses doigts. Je levais les yeux vers Yukio quelques instants, blasée. Je n'avais aucune idée de la quantité de chakra qu'il fallait fournir, mais je le sentais clairement pas. Pourtant, je me doutais bien que là, on se la jouait pas force maximale. Il me fallait appréhender le coup, soit à l'aveuglette et en marchant en plus.

Est-ce que j'allais laisser tomber ? Non. Pas le genre de la maison, même si on pouvait en douter. Je me retrouvais donc à essayer de mimer mon camarade. Il avait créé une sorte de boule de futon qu'il avait étiré. J'en fis mon objectif bien que la probabilité que j'y parvinsse était carrément faible. Je me mis donc à essayer de concentrer mon chakra dans le bout de mes doigts et on n’allait pas se mentir, c'était naze. Le premier essai n'avait rien donné, le second ça ressemblait à peine à un soupir et des comme ça, j'en avais enchainé des dizaines. Inconsciemment, je me retenais, j'avais peur d'en faire trop et de me retrouver claquer trop vite. Sauf que des petits essais sur des petits essais, à la longue, c'était pas plus malin.

Je me tenais cependant à faire quelque chose de plus "généreux", chakra parlant. J'avais pas le niveau de Yukio ou de Hayato, j'essayais de la jouer prudente mais jusqu'à un certain point. Je serais incapable de dire à combien de tentatives complètements veines je me situais mais elles étaient assez nombreuses pour que j'en eûs mal à la pulpe de mes doigts, que ma concentration déconnait, sans compter la fatigue du voyage à proprement parlé. À un moment de notre route, je supposais que ma frustration l'avait un peu emportée sur la raison et je me surpris à lâcher la dose. Hayato était en train de négocier sagement que l'on fit une pause alors que moi je ne trouvais rien de mieux à faire qu'à tout claquer. Je n'avais pas compris pourquoi j'en avais perdu le contrôle, mais brutalement, une sorte de grande colonne de vent se forma au-dessus de mes doigts et s'évapora aussi vite.... avec toute mon énergie.

Je posais un genou à terre, des sueurs froides sur le front. Fait chier. Il était clair que je n'irais pas loin avec mes forces disparues. Cependant, j'avais aussi ma petite fierté et leva une main un peu fébrile comme pour leur indiquer de ne pas m'aider.

" C'est... rien. "

Je déglutis et repris une bonne inspiration en essayant de me relever, je chancelais, j'avais la tête qui tournait un peu. Je défis mon katana de ma ceinture pour m'en servir comme appui. Cela m'emmerdait parce que j'allais abîmer le fourreau mais tant pis. Je devais tenir jusqu'à notre point de chute qui heureusement n'était pas non plus à l'autre bout du monde. Si cela avait été le cas, ils auraient dû me porter sur le dos ou bien me laisser étaler dans un coin.

Je vécus un vrai moment de grâce quand on s'arrêta et je me laissais littéralement tomber sur le postérieur alors que l'aîné des Nozomo s'interrogeait sur la technique. Quand il me regarda et me demanda si ça avançait, mon regard était blasé.

" Je te laisse deviner. "

Je tentais de faire une tentative devant lui, il ne se dégagea qu'un petit "fiou" de vent.

" J'ai cramé tout mon chakra toute à l'heure. J'arrive à rien là. "

Le ninjutsu, c'était pratique en combat mais la merde à apprendre.

Technique à apprendre:

Si je disais qu'on était au bout de nos vies, je dirais qu'on était pas loin de la réalité, surtout pour moi. À vrai dire, ce que m'apprenait les Nozomo était techniquement au-dessus de mon niveau. Pas que j'étais pas intellectuellement capable de les apprendre. La question n'était pas là. Je pouvais saisir la théorie, je pouvais saisir la forme, mais les utiliser me mettait totalement à plat. Bref, j'avais pas les batteries adéquates en gros. Est-ce que je les avais déjà eu par le passé ? Si j'écoutais les histoires de mon vieux, c'était le cas, mais mon accident m'avait atrophié et pas uniquement les muscles. Le chakra s'était pareil. À ne pas l'entraîner, à ne pas l'utiliser, voilà ce qu'on récoltait.

Hayato, qui pourtant était plus résistant que moi - du moins je le pensais - semblait lui aussi au bout du rouleau, peut-être pour des raisons différentes. En tout cas, il perdait pas le nord et question son frère pour avoir une meilleure compréhension de ce que Yukio attendait de nous. Personnellement, je ne vous mentirais pas en disant que je n'y avais prêté qu'une oreille distraite. Trop crevée. J'avais quand même enregistré quelques bouts de phrase : donner une direction, coule entre les doigts... Pendant un instant, je n'étais pas certaine qu'on parlait de fuuton... La fatigue, je vous disais. Yukio eut cependant assez pitié de nous pour déclarer qu'on méritait du repos, ce qui m'arracha un soupir de soulagement venu directement du cœur.

Après avoir tenté d'expliquer les choses à son frère, le cadet des frères chercha à me formuler les choses avec une image qui me parlerait sans doute un peu plus. J'affichais une petite moue à ses explications. Je comprenais où il voulait en venir, je m'étais focalisée sur l'idée d'une lame et il était vrai que si je prenais la modulation de mon chakra sous un angle plus Shirogane, je pouvais potentiellement m'en sortir.

" Je tenterais de faire comme tu m'as indiqué. Mais j'ai l'impression que ça me bouffe. Je peux maîtriser la forme, mais le pratiquer, je pense pas avoir droit à de multiples essais à moins que tu me portes sur le trajet. "

J'eus un petit sourire en coin pendant que j'observais sa nouvelle démonstration. Il finit par nous donner l'objectif qui serait le nôtre le lendemain matin, jusqu'à nous entrainer sur un sujet hautement philosophique sur nos conditions shinobis et nos différences énergétiques. Hayato semblait avoir une opinion sur la question, je me contentais d'un haussement d'épaules parce que... je foutais de la réponse. Je pouvais devenir plutôt chafouine quand j'étais fatiguée et c'était un peu le cas. Je refusais même poliment les drôles de feuilles qu'avait ramassées mon camarade archer. J'étais capable de me montrer aventureuse, mais là, ça me disait trop rien.

Je laissais les deux frères discuter entre eux, je m'allongeais assez lasse. J'avais même lutté un temps pour essayer de suivre la conversation, mais mon corps fini par avoir raison de moi. Finalement, je partis au pays de Morphée en moins de deux, à côté de Yukio qui se tenait face à son frère. J'avais plus vingt ans....

Par contre, le réveil avait été un peu bizarre. Déjà, je fus la première à ouvrir les yeux - sans doute parce que j'étais la première qui avait pioncé. Secondo, je me trouvais vachement près de Yukio. À croire que je m'étais gelée les miches pour le coller. Bon après, il faisait froid la nuit dans le désert mais bon. C'était pas le moment pour faire des picotti picotta avec son voisin.

Plutôt que de les réveiller, je préférais m'entrainer un peu dans mon coin, à petite dose cependant. Comme je savais pas si on optait pour la décision de Yukio de rester ici ou de partir aux ruines et voir là-bas... Je jouais de compromis. Je me tentais alors de faire comme m'avait indiqué mon camarade et d'imaginer mes fils de chakra. Après tout, même si ce n'était pas du futon, la modélisation devait être à peu près identique. Pour ma me faire avoir comme la journée précédente, il me fallait modéliser les choses en tout petit, presque comme un aiguillon. Je verrais plus tard si j'étais capable de grossir le format.

Concentrée, je plaçais ma main en pince et tentait de modeler une petite bille de chakra au bout de mes doigts. Au début, soyons clair, ça ressemblait à rien, à peine un grain de sable. Fallait dire que j'avais quelques appréhensions depuis la nuit dernière. Je me motivais pour me montrer un chouilla plus généreuse et au bout du quatrième essai, j'obtins ma bille. Maintenant, fallait que je la maintenais sous cette forme. Cela me rappelait un peu la technique des balles d'air, mais on se la jouait pas précision dans cette dernière.

La bille d'air en main, il me fallait penser comme une Shirogane et tenter d'étirer la chose pour former un machin qui ressemblait à une aiguille. Vu la taille de ma boule, je ne pouvais que l'étirer et je me sentais pas capable de l'épaissir en injectant plus de chakra. Mes yeux sur mes doigts, je tentais alors la manœuvre mais... pouf. Je perdis mon flow. La bille s'était évaporée. À trop me concentrer sur la forme, j'avais perdu l'effet de condensation du futon. Je me mis à râler alors que je zieutais par-dessus mon épaule pour voir les frangins. Ils s'étaient enfin réveillés.

Je me rapprochais du campement - parce que je m'étais légèrement éloignée pour pas les emmerder - leur fis un geste de la main à tous les deux.

" On reste ici ou on se barre pour les ruines ? "

La question avait pas été tellement tranchée. Espérons que cela ne partit pas en disputes et avant que cela soit le cas, j'attirais l'attention de Yukio.

" Pendant que vous jouiez les belles aux bois dormants, j'ai tenté d'avancer un peu... même si c'est clairement pas énorme. "

Là, je présentais ma main au Nozomo hirsute et je concentrais mon futon pour créer une petite bille. Les yeux concentrés, je tentais après d'étirer la forme pour lui donner l'apparence d'une aiguille... mais elle finit par s'évaporer.

" Bon.... pour le moment, j'arrive qu'à ça. "

Mieux que rien...

Technique à apprendre:

J'étais clairement pas une maîtresse de ninjutsu, en tout cas, pas sur ce coup-là. Pendant que les frangins pionçaient, j'avais tenté d'avancer dans mon petit coin. On va pas se mentir, c'était naze. Mais plutôt que me bloquer sur l'affaire, je préférais question Yukio sur le programme qu'il avait choisi une fois que la belle au bois dormant fut réveillée. Visiblement, il préférait que l'on demeure dans le coin, au moins pour continuer à s'entrainer un peu. J'étais pas une femme contrariante donc je fis un hochement de tête pour lui signifier que ça me convenait. Par contre, le soupir de Hayato, lui, montrait que ça l'emmerdait un peu.

De toutes manières, on était pas les maîtres de cette partie du voyage. C'était le cadet de la bande qui décidait. Tandis que je leur fis une maigre démonstration de ce que j'arrivais à modeler, le professeur Nozomo tenta à sa façon de m'encourager. J'eus un petit sourire en coin.

" Tu sais que t'as le droit de dire que c'était à chier ? Je t'en voudrais pas. "

Véridique. Fallait dire que j'avais été habitué avec mon vieux à des entrainements où les remarques crues fusaient. Si ce que je faisais s'était nul, il hésitait pas à me dire sans faire de manière. Certes, je supposais que j'aurais pas craché sur quelques encouragements mais j'avais pas été élevée dans ce leitmotiv. Mais entendons-nous bien, j'appréciais le propos quand même.

En tout cas, il me fit une suggestion qui me parlait un peu plus. Faire des fils de chakra, c'était mon domaine. Par contre, le détourner pour en créant une lame dans un futur proche... je devais manquer d'imagination. Mais qui n'essayait pas....

" Ok. Je vais essayer. "

J'étais pas encore convaincue. Pas par les conseils de Yukio, mais de mes capacités. Pourtant, je m'étonnais de voir que les frangins croyaient plus en moi... que moi. Lorsque Hayato vint vers moi afin de voir où j'en étais, il semblait trouver que je faisais des progrès et je ne pus m'empêcher d'arquer un sourcil.

" Tu trouves ? Vous êtes décidément trop doux avec ton frère. "

J'eus un petit sourire à mon tour alors que j'enchainais les signes.

" Vous êtes pas obligés de me passer de la crème, même si c'est agréable. Ce que j'arrive à faire c'est vraiment nul comparé à la finalité de la technique. Mais je suppose que c'est parce que je sais pas gérer les trucs trop puissants."

Gérer la puissance du chakra sans en faire n'importe quoi et paradoxalement être quand même assez habile pour lui donner une forme convenable. C'était jouer sur deux tableaux qui, dans mon esprit, entrait un peu en contradiction parce que je n'arrivais pas à le visualiser. Alors que le grand frangin allait dans son petit coin de solitude, il me fit comprendre indirectement qu'il était temps de bosser aussi. Puisque Yukio nous accordait la journée, il y avait pas à tortiller du cul.

Sans plus attendre, j'essayais de mettre en pratique l'idée que l'hirsute Nozomo m'avait donné : jouer avec une forme que je maîtrisais déjà. Sans trop de difficulté, je me créais un fil de chakra entre mes doigts. Jusque-là, rien de bien compliqué pour une marionnettiste. Mais maintenant, je devais m'amuser à épaissir ce fil et lui donner une forme convexe. Dans l'immédiat, je ne modifiais pas la nature de mon chakra. Si je manipulais le futon, cela allait me vider trop vite. Comme j'avais déjà pu me le dire auparavant, l'élément venteux était difficile à gérer alors autant ne pas précipiter les choses.

Concentrée, je focalisais mon attention sur ce fil entre mes doigts et je tentais d'injecter une plus grande dose de chakra, un peu à l'image d'un compte-goutte et l'obliger à se déformer là où je le désirais. Dans le même temps, j'imaginais dans mon esprit une image de lame courbe et j'en faisais une projection maladroite avec mon chakra..... jusqu'à ce qu'il se dissipât d'un coup. Visiblement, j'avais pas maintenu le flux comme il fallait. Je fronçais du nez par mécontentement et repris la manœuvre. Deux, trois, cinq ou dix fois même. Le faux "fil" de chakra semblait bien se déformer et ressembler à une petite lame courbe de quelques centimètres. Mais encore une fois, ce n'était que du chakra pur et par conséquent, ça faisait pas grand-chose en l'état. Il me fallait le tailler avec le vent cependant..... mon intuition me disait que j'allais.... merder.

Du coup, j'en profitais pour m'allumer une clope, reprenant un peu de mon énergie par la même occasion parce que ça suçait pas des glaçons cette histoire. Une fois mon bâton de l'enfer fini, je me motivais pour reprendre l'exercice. Et là, allez savoir ce qui me passa par la tête, je me sentis pousser des ailes à la con. La forme de ma petite lame me semblait pas dégueulasse, bien que c'était très loin de ce qui était attendu. Je voulais m'essayer à transformer ce chakra en futon, manière de voir si j'étais capable de le contrôler. Devinez quoi ?


Pas besoin de faire un dessin pour comprendre qu'en tentant de faire mon truc, j'avais laissé échapper trop de chakra. J'étais une femme généreuse, que voulez-vous. Mon relâchement fut trop instantané et l'énergie avait agi comme une petite bombe du futon. Je fus littéralement projetée dans le sable à plusieurs mètres. Complètement sonnée, je me disais que j'allais lâcher l'affaire pour aujourd'hui. Cela devenait dangereux ces conneries.

Technique à apprendre:

Je me tenais là, étalée de tout mon long sur le sable, le regard tourné vers le soleil au point qu'il commençait à me faire mal aux yeux. Je soupirais longuement, de fatigue avant tout et de potentielle déception. Bien que de base, je croyais pas réussir mon coup, je n'avais pas imaginée me vautrer à ce point-là. Pas grave cependant. Il me faudrait simplement recommencer... quand je serais foutue de me remettre debout. Ce fut la voix de Yukio qui me réveilla un peu.

Je laissais échapper un vague grognement face à sa remarque, pas contre lui, contre l'échec, avant de péniblement me redresser. J'avais un putain de mal de dos. Le sable, ça n'amortissait qu'à moitié. Et je vous parlais pas de l'état de mon délicat fessier. Je ne saurais dire si je faisais pitié ou pas, mais mon professeur décida que c'était bon pour moi. Pour aujourd'hui seulement, hein.

" Je te remercie. De toute façon, t'aurais rien pu tirer de plus. "

Alors qu'il me prévint qu'il allait chercher son frère, je me relaissais tomber en arrière, m'étalant à nouveau sur le sable chaud. Le meilleur matelas du sekaï. C'était bizarre, mais ce fut à ce moment-là qu'un vieux souvenir me revint, de quand j'étais gamine. J'étais exactement dans cette position, épuisée, assoiffée, la faim qui tiraillait tellement le ventre que je ne sentais plus rien, et cette chaleur, ce feu sur ma peau. Je me souvenais d'avoir tourné la tête et je me souvenais de ses cheveux blonds qui dansaient dans le vent. J'étais comme hypnotisée par leur mouvement, consciente à l'instant même malgré mon jeune âge que ma mère était déjà partie. Elle m'avait donné tout ce qu'elle pouvait pour maximiser mes chances de survie, même si je supposais qu'elle devait savoir que c'était peut-être un espoir vain.... et pourtant, pourtant un Shirogane était passé par là et avait eu pitié. Une ombre s'était penchée pour s'apercevoir que j'étais toujours vivante...

.... drôle d'imaginer que dans l'immédiat, c'était un Yukio d'une autre génération qui se penchait sur moi pour m'offrir son aide. La vie était vraiment bizarre. En tout cas, je crachais pas sur la main tendue et puis qu'il était prêt à m'aider à me relever, je le laissais faire comme la bonne vieille carpette sans énergie que j'étais. On se retrouva tous les trois autour d'un repas frugal, se préparant pour la suite de l'aventure, mais avant tout reprendre des forces qu'on avait plus et discuter de nos progrès relatifs.

" En suivant ce que tu m'as dit, j'arrive à créer une petite lame. C'est pas très long, mais j'arrive à le stabiliser. Seulement, c'est du chakra pur. Quand j'ai essayé de modeler mon machin avec du futon.... ça a pété. "

Je ne pouvais pas mimer les choses plus simplement, tandis que je mâchouillais de la viande séchée. Alors que mon regard passait d'un Nozomo à l'autre, je finis par me contenter d'écouter Hayato et sa propre expérience.  Visiblement, le jonin était plus avancé que moi et à vrai dire, ça m'étonnait pas trop. Il avait un niveau nettement supérieur au mien - et il était peut-être plus sérieux que moi aussi. D'après ce qu'il racontait, il semblait parvenir à structurer la lame, mais de la difficulté pour lui donner l'énergie nécessaire pour la faire voler.  

Bref. On était pas encore sorti de l'auberge. Tandis qu'on se reposait avant le grand départ, je ne pus trouver le sommeil comme mon camarade archer. Il aurait sans doute mieux valu, je me serais naturellement plus vite remise. Au lieu de ça, je cogitais dans mon coin, la clope au bec et le regard toujours posé sur l'horizon. Le désert et moi, c'était une grande histoire d'amour après tout. Il avait cet étrange pouvoir de m'apaiser, bien que j'étais pas une nerveuse de base. Mais il y avait un truc que je n'expliquais pas vraiment, même si cela avait clairement un rapport avec mon passé. Une étrange nostalgie, un peu glauque au passage, car à l'instant où je vis ma fumée danser sous le vent, cela me fit penser aux cheveux de ma mère.

Enfin bref. Une fois la pause finie, on prit la route en direction des ruines puisque tel était les ordres du chef hirsute. Toujours studieux, Hayato précisa qu'il comptait faire un essai après être arrivé à destination, manière d'être certain d'être dans la bonne direction. Moi ? Moi, je demandais rien. Comme à mon habitude, je verrais une fois sur place.

" Je sens que je vais péter des trucs. Préparez-vous les gars. "

Un petit sourire en coin, difficile, à savoir si je déconnais ou pas dans mon avertissement, mais au moins, on pourrait pas dire que j'avais pas prévenu.

Technique à apprendre:

La petite compagnie reprenait gaiement la route, bien que la joie n'était pas spécialement visible sur nos trognes. Fallait pas s'étonner. Entre les petites sessions d'entrainement et la marche à pied sous le cagnard... On était des shinobis mais pas des surhommes non plus. Le grand chef hirsute le savait. M'enfin, question grande gloire de découverte, on était assez loin de ce à quoi on s'attendait... même si personnellement je ne m'attendais pas à grand-chose.  

Ainsi... on marchait. On marchait encore et encore jusqu'à ce qui s'apparentait à un édifice ensablé. C'était pas une chose rare en vrai. Le désert pouvait engloutir à peu près n'importe quoi à l'aide du vent et de la chaleur. Sans activité humaine, tout disparaissait sans lasser de trace, faute de balayette et de main d'œuvre pour entretenir la chose. Généralement, toute la question était de savoir pourquoi cela avait été abandonné : attaques de pillards, manque de nourritures et d'eaux, etc... Les raisons pouvaient être multiples. Découvrir ce genre de chose, c'était pas rare non... mais aussi un coup de chance. Cela pouvait être vieux comme récent.

On finit donc par atterrir devant l'immensité du bâtiment. Cela ressemblait à un Temple, mais si on foutait pas le nez à l'intérieur, c'était difficile à dire... même si je m'y connaissais pas des masses en architecture. Je posais simplement mes affaires à mes pieds pour me masser les épaules, ça commençait à me peser. Même si ma marionnette était "légère", au bout d'un moment... Me fallait vraiment investir dans des putains de parchemins de transport...

Ce fut à ce moment là que Yukio s'interrogea sur l'éventualité d'aller farfouiller à l'intérieur, ou tout du moins, si c'était possible. La réponse d'Hayato fut plus pragmatique, c'était des ruines, il y avait un danger potentiel pour nos fesses. Quant à moi ? C'était pas la peine de me regarder, je n'avais strictement aucun avis sur la situation. Si on rentrait, on serait à l'ombre et à la fraîche, si on rentrait pas, on était dehors, mais assuré d'être aussi vivant que cramé. Le temps que les deux frères se décidât, je posais mon cul par terre et pris mon carnet, tentant de faire un croquis de la grande porte. Après tout, j'étais surtout là pour mes coups de crayons.

J'écoutais alors d'une oreille assez distraite les propos de mes camarades, se questionnant sur les raisons de notre différence avec les civils, pourquoi nous étions capables d'utiliser le chakra, pourquoi certain en était finalement doté de plus que d'autres.... et les Kaigans. J'avouais que je savais pas pourquoi Yukio avait cité ces types comme exemple, mais j'eus un sourire en coin quand il débattit avec son frère sur la manière dont ils avaient acquis leurs compétences.

Fermant mon calepin une fois que j'eus dessiné la porte, je repris mon sac à dos. À tous les coups, ils étaient chaud pour faire de l'exploration et la demande de Hayato ne fit que me confirmer. Là, je lui montrais que j'avais déjà le carnet dans les mains et que j'avais pas attendu pour gribouiller.

" Vous êtes du genre à vous poser vraiment des questions métaphysiques les gars. Pas sûre que les Kaigans en fassent autant. "

Là, je me postais devant l'entrée avant de les regarder tous les deux.

" Si vous posez la question à un Kaigan de pourquoi il peut chier du sable, il vous dira que c'est la volonté de Shukkaku. Si les dieux et les démons existent, le pourquoi du comment s'y trouve sans doute. Maintenant si vous voulez jouer les scientifiques... "

Ouais. Ichibi. Le démon du sable, ce que vénérait les Kaigans. C'était de notoriété publique et les frères Nozomo l'avaient presque oublié. Pour ces types, tout était question de divinité. Tout était question d'être un élu ou d'avoir une destinée. Et techniquement, j'étais fourrée dans cette religion jusqu'au cou. Petit bourrage de crâne en bonne et due forme. Que je le voulais ou non, que je fus raisonnable ou non, le doute avait toujours trouvé son confort dans la non-réponse de l'existence ou non de Shukkaku. Pourquoi mon père et ma mère avait le don et pas moi ? Pourquoi mes frères et mes sœurs l'avaient et pas moi ? Pourquoi on m'avait promis que Shukkaku viendrait m'emporter dans le désert et il ne l'avait pas fait ? Pourquoi j'avais toujours son spectre collé à mon ombre et dans ma chance de cocue et de survie ? Le hasard. Il fallait supposer que c'était la réponse la plus acceptable... sauf que parfois je me surprenais à croire qu'il y avait un truc qui m'échappait et que j'étais pas capable de le voir. Un dieu. Un démon. Pourquoi pas. J'avais pas l'esprit fermé au point de rejeter tout ça en bloc. Après tout, on était des gens capable de faire pleuvoir des éclairs et lâcher des tornades, non ?

D'un simple mouvement de tête, je leur fis signe que je rentrais et que je comptais pas travailler mon bronzage aujourd'hui. Par contre, si on s'enfonçait dans ces ruines, il nous faudrait de la lumière.

" Vous avez pas du feu par hasard ? "

Technique à apprendre:

S'il existait un point de divergence entre moi les frangins, c'était bien celui de la religion, bien que ce n'était un sujet de conversation sur lequel je me laissais rarement entraîner. D'une part parce que Suna n'était pas très porté sur la chose et encore moins tout ce qui était attrait au culte de Shukaku - après tout, c'était le gros point noir qui n'avait jamais permis au Serika de conclure une alliance avec les Kaigan - et d'autre part, parce que j'en avais rien à cirer de l'opinion des autres à ce sujet. S'il y avait bien un truc personnel, c'était bien dans le domaine du croire ou du ne pas croire. J'avais un aspect de ma personnalité assez pragmatique pour comprendre ceux qui n'y voyaient qu'une fumisterie et de l'autre un esprit assez ouvert à l'idée de chose qui pouvait échapper à notre compréhension.

Lorsque Yukio fit part de ses propres conclusions et interrogations sur cette thématique, je me contentais de hausser les épaules, avant de finir curieusement par apporter des remarques. C'était pas pour amener ma science ou me gausser d'avoir ce type d'informations, mais fallait bien que mon expérience se vit quelque part. Fallait pas oublier que j'avais presque une décennie de plus que les deux zozos.

" De ce que je sais, pour les maniaques du culte, c'est une bénédiction. C'est le cas contraire où t'es considéré comme de la merde. "

Je me grattais la tête quelques secondes.

" Shukaku signifie "grue gardienne" dans le vieux langage. Mais j'ai déjà surpris des vieux qui racontaient que Ichibi était l'esprit d'un moine corrompu devenu un démon, ou un truc du genre. Qui peut dire qui a tort ou a raison. "

Je préférais relativiser le débat, après tout, je possédais pas le savoir nécessaire pour m'étendre, j'étais ni historienne, ni ne pratiquais la théologie. Quant à la question de ce qu'ils appelaient les gênes, c'était bien un truc qui me dépassait puisque je n'avais aucune connaissance en médecine pure. C'était... aussi trouble pour moi que la foi le devait être pour eux. D'ailleurs, ça me fit légèrement sourire quand Hayato souleva le fait que mes connaissances lui paraissaient aux antipodes de mes propos.

" Drôle d'exemple que le cas de Nozomi. Tu me parles de sciences dans le cas d'une meuf dont on a enfermé l'âme dans une marionnette. S'il y a bien quelque chose qui dépasse l'entendement, c'est bien un cas comme elle. Si le corps a bien une mécanique, je suis bien moins certaine de celui d'une âme. Tout comme le fait de savoir pourquoi les uns ou les autres sont capables d'utiliser le chakra ou pas. "

Bénédiction, malédiction, chance ou malchance, science ou métaphysique.... qu'est-ce que ça pouvait faire finalement. On serait pas plus avancé et la réponse ne nous permettrait pas de mieux agir. Une fois entrée dans le lieu, Yukio s'occupait de l'éclairage. Je laissais les garçons jouer les archéologues, me contentant de rester à côté et observant négligemment tout ce qui m'entourait. Personnellement, je profitais surtout de la fraîcheur du lieu. L'ombre et l'obscurité, sans compter la vieille pierre, permettait au moins d'avoir une atmosphère tolérable, même si l'air me semblait un peu lourd à respirer.

Ce fut au bout de quelques minutes que l'archer pointa du doigt une statuette un peu boudinée. Bizarrement, cela me fit sourire.

" C'est ton genre de femme ? "

L'abandonnant avec ma remarque, je finis par me prendre aux jeux et je me mis à mater les idéogrammes un peu partout. C'était clairement un dialecte perdu pour les pauvres benêts que nous étions. Le seul vieux langage que je maîtrisais, c'était celui des Kaigan, enfin maîtriser. Un grand mot. Je savais à peu près le lire. Le genre de truc qu'on utilisait pour des vieux textes religieux et qui faisaient partie de l'éducation d'un gosse du clan, manière de bien lui bourrer le crâne. Généralement, on retrouvait quelques vieux adages dans les temples par-ci ou par-là. Souvent des menaces d'ailleurs. Drôle de constater qu'il me restait finalement plus de souvenirs sur le sujet que je ne l'aurais cru.

Tandis que je me baladais non loin des garçons, restant à proximité de la lumière, je me rendis compte qu'il y avait un passage, qui, jusque-là avait été dissimulé par l'ombre. Cela semblait dessiner une porte, bien que le sable obstruait en partie l'entrée, et il y avait des sortes de serpents sculptés sur le pourtour, érodé par le temps. Je me retournais pour siffler les Nozomos.

" Je crois que c'est une porte et on dirait qu'il y a moyen de glisser dans le couloir. Y a peut-être une autre salle de l'autre côté. "

On devrait sans doute jouer les serpents, comme ceux de la porte. Plutôt ironique.

Technique à apprendre:

Avec tout ce qui nous tombait dessus, un peu de rigolade ne faisait pas de mal et l'idée de taquiner celui que je considérais le plus droit d'entre nous me fit étirer un sourire. Bien évident, je n'aurais jamais autant d'épines que Yukio à son encontre, mais fallait avouer, le coup de la culotte me fit marrer, même si ça me renvoyait à un embarrassant souvenir. Autant en rire qu'en pleurer. En tout cas, je notais dans un coin de ma mémoire les penchants des deux frères. Les grandes brunes pour l'un, les femmes bien achalandées pour l'autre. J'aurais pu conclure que dans mon cas, c'était juste les types qui voulaient. Mais peut-être que c'était un peu trop brut de ma part de balancer l'infos comme ça. Pas besoin de salir un peu plus ma triste réputation.

Laissant nos conneries de côté, et profitant de la fraîcheur des ruines pour respirer autre chose que l'air brûlant du désert, je pointais du doigt une entrée aux garçons que la lumière des flammes de Yukio me permit d'apercevoir. Le machin puait un peu le traquenard, mais on était des aventuriers ou on l'était pas. Par contre, les avis semblaient légèrement diverger quand à la question du danger ou non des représentations autour de la porte... mais j'eus un sourire quand le cadet des Nozomo mentionna le nom de Kiraï. Je connaissais pas assez le bonhomme, mais j'avais un goût assez amer de notre rencontre. Un enfoiré bien habillé. Voilà ce qu'il représentait pour moi. Cependant, il semblait avoir quelques différents que je ne connaissais pas avec les frangins. C'était pas mes oignons.

" Mouais. Bon serpent ou non, ça règle pas notre affaire. On y va ou non ? "

Pas le temps de s'étendre sur le sujet que Yukio s'occupa de balancer une des petites statues enveloppées pour tester le sol du couloir ensablé. Et rien. Elle éclata et rien ne se produisit. Un soulagement sur le moment, bien que cela ne signifiait pas grand-chose. Peut-être que c'était pas assez lourd, peut-être que ça n'avait pas touché le bon endroit. Je vis le regard de l'hirsute se diriger vers ma marionnette. Il était vrai que je pouvais manipuler Itori pour l'envoyer tâter le terrain. Est-ce qu'elle serait assez lourde, elle-aussi ? Après, si l'endroit était plus vieux que les arts shinobis, peut-être qu'on pouvait traverser en marchant au plafond ou sur les murs ?

Me grattant la tête, je me mis à épier le fond du couloir et je vous avouerais que ça me démangeait d'y aller. Pas tellement par curiosité cependant, juste parce que ça m'emmerdait de rester statique sans rien faire. J'allais m'apprêter à faire le premier pas, quand je vis Hayato s'agiter légèrement près d'un trou au niveau de l'entrée. Une serrure ? Où était la clef ? Il me fallut simplement suivre son regard pour comprendre que visiblement, c'était la statuette. Enfin, plutôt dans la statuette.

" C'est... con. "

Ma voix chevrotante résonna sous la coupole des ruines tandis que je me dis craquer les doigts. Me rapprochant au maximum de l'entrée, je cherchais alors du regard les débris de l'idole explosée quand je crus apercevoir une sorte de petite tige rouillée. Un vestige de clef ? Il y avait qu'un moyen de le savoir. Sans attendre, je créais des fils de chakra et j'en lançais un dans la direction de l'objet visé. Mon fil se colla telle une langue de reptile et d'un geste brusque, je ramenais le tout à moi. Un petit sourire de satisfaction se dessina sur mon visage quand je tendis la chose à notre petit génie d'histoire.

Le laissant débloquer la situation, je me tournais vers Yukio et lui fis un signe de tête comme quoi j'allais passer devant. Même si c'était lui qu'avait le feu, je pouvais au moins servir de bouclier. Il pouvait pas avoir les mains partout, hein ? Le temps d'un clic qui me laissa croire que notre problème était résolue, je me lançais plutôt confiante dans le fameux couloir sauf qu'au bout de trois mètres, il y avait eu un autre clic.

" Merde. "

Quand je vous disais que j'étais le genre de meuf qui baignait dans la chance... Tandis que je me préparais à me réceptionner une saloperie dans la gueule, il fallut que ça vint du plafond. Une petite secousse, un filet de sable et... des carcasses de serpents.

" Ha. "

Je me mis brusquement à tousser parce que j'étais couverte de poussière et de vieilles mues de reptiles. En levant la tête, je vis qu'il y avait comme une cache où devant attendre tranquillement les bestiaux. Si à l'époque, ils étaient peut-être nourris... c'était plus le cas depuis longtemps. À mes pieds, il y avait un paquet de fins squelettes de serpent que je piétinais en même temps que ma dignité. Blasée, je me tournais vers les garçons alors que je finissais de retirer un truc sur mon épaule.

" Je crois que je viens de comprendre la signification des trois têtes de serpent. "

Trois têtes. Trois pièges ? Fais chier.

Technique à apprendre:

Situation cocasse pour ceux qui auraient de l'humour. Est-ce que j'en avais ? Pas certaine sur le moment alors que je crachais de la poussière. J'attirais la pitié de Yukio, assez pour qu'il époussetât le front comme une vieille commode avant de prendre les devants. Chacun son tour de s'en prendre dans le bec, même si je ne lui souhaitais pas le moins du monde. Cependant, comme on était en veine, il marcha à son tour sur une dalle piégée qui semblait enclencher... du bruit. Du bruit pour rien d'ailleurs. Bien que l'on fût tous sur nos gardes dès que l'on entendit la pierre grincer, le temps et le sable paraissait avoir foutu en l'air les rouages du bordel. Un coup d'épée dans l'eau... enfin dans le sable. Bref.

Pendant qu'on constatait qu'on avait flippé pour rien - bien que le mot était un peu gros - je ne pus m'empêcher de mettre mon nez dans les vieux mécanismes, curiosité de l'ingénieuse. Je trouvais ça plutôt intéressant de faire des comparaisons entre lanceurs de fléchettes, même si moi cela demandait moins de sophistication sur ma marionnette. Hayato, lui, semblait fasciner par les os et les mues de serpents. Chacun sa passion, j'allais pas juger.

" C'est complètement grippé leur machin. Je suppose qu'ils avaient pas pensé à ce que le sable vienne ronger leurs engins. "

Je connaissais bien le problème puisque je me devais de nettoyer assez régulièrement Itori. Laissant par la suite nos réflexions de côté, nous nous engageâmes derrière Yukio qui jouait les torches. On s'enfonça dans ce qui paraissait être un couloir étroit où ça puait le renfermer. Tout au bout, on finit néanmoins par découvrir une salle qui ressemblait à un cul-de-sac, mais bourrer de mobilier. Drôle d'endroit pour planquer ses affaires, hein ?

Pendant que les garçons s'interrogeaient sur la nature des lieux, je furetais avec une certaine avidité. Non pas que j'étais vénale, mais peut-être qu'il y avait une bricole que je pourrais revendre pour m'acheter du matériel de meilleure qualité pour mon atelier. Fallait dire que je commençais à bosser sur de nouveau plan, une nouvelle marionnette et j'avais besoin d'oseille. Comme toujours en fait. En zieutant dans le tas, je réussis à mettre la main sur une sorte de petit gobelet doré. En or ? En tout cas, c'était assez clinquant, bien que cela méritât un petit dépoussiérage. Me tournant vers les Nozomo dont j'avais écouté la conversation qu'à moitié, j'agitais ma tasse métallique.

" Je suppose que le type m'en voudra pas si j'emporte ce truc ? Il pourra toujours boire au goulot dans son autre vie. "

Honoka, pilleuse de tombe. Si j'avais besoin de me reconvertir... Mais j'étais aussi réaliste que pragmatique, malgré mes croyances. Même si je pouvais pas prétendre savoir ce qui nous attendait de l'autre côté, j'étais à peu près certaine que tout ce bordel ne venait pas avec nous, à moins que l'on considérât que chaque objet avec une conscience propre. Sans vraiment attendre la validation de mes deux cadets, je fourrais ma trouvaille dans mon sac sans sommation. Je le ferai expertiser un peu plus tard pour le revendre. J'avais l'adresse d'un marchand qui campait souvent à l'Oasis, une bonne occasion d'y aller pour faire un tour.

Tandis que je continuais à tenter de repérer des petites choses que je pourrais emmener, je finis par faire un signe de la main à Yukio pour qu'il éclairât un peu plus dans ma direction. De la même façon, j'invitais Hayato de se rapprocher alors que je pointais une sorte de petite entrée.

" On dirait qu'il y a un autre passage derrière ce foutoir, mais c'est étroit. Si on se fourre dedans, je sens qu'on va galérer à remontrer. "

J'aurais toujours mes fils de chakra pour nous extirper, à moins que l'un des garçons eut pris une corde.

" Personnellement, si vous voulez descendre, je vous suivrais, mais si Hayato a raison, y aura juste un macchabée en bas, non ? "

Mon regard se porta sur l'intelligent de la bande, avant que j'eus une subite révélation.

" Attend... t'as dit que ça ressemblait à un cimetière de l'ancien temps, non ? C'est pas avec les morts qu'ils planquaient leurs pognons ? "

S'il faisait pas si noir, je supposais qu'on aurait pu voir mes yeux se mettre à briller. Il y avait peut-être la solution à mes problèmes de finances. Ou pas.

Technique à apprendre: