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Amanogawa : Du songe à l'éveil

Naïbu Fubuki
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Naïbu Fubuki


Amanogawa : Du songe à l’éveil.

Déjà plusieurs jours que je me trouvais sur l’île et je profitais pleinement des festivités ! Quel régal que de voir toute cette animation ! Mes yeux pétillaient devant les jeux de lumière, les odeurs, les spectacles ! Puis avait enfin commencé le moment tant attendu ! Ce qui justifié toute cette agitation et toutes les festivités ! Le grand tournoi d’Amanogawa ouvrait ses portes !

Les plus grands combattants du Sekai allaient se retrouver sur le dallage des arènes pour s’affronter en combat singulier ! Interdiction de manier les éléments, les combats se feraient uniquement à grand renfort de bourre pif ! J’étais remonté comme une pile électrique (C’est quoi une pile ?) ! Sautant quasiment sur mon banc alors qu’arrivaient les différents guerriers ! Mentalement, j’en dressais un portrait un large. Déjà, les premiers que j’avais remarqués, c’était les Uzuji évidemment. On n’était pas forcément les plus nombreux, mais il y avait quand même du beau monde ! Outre la présence de Nori-sensei, j’avais aussi reconnu Masami et Gintaro. Bon, eux ils étaient quand même moins classes. D’où Gintaro participait ? J’étais presque sûr de pouvoir le vaincre moi-même… Il allait se faire manger tout crus ! Un peu à l’écart, j’avais rapidement déterminé un autre groupe : Les sunajins… Ils étaient impressionnants, tous plus grands les uns que les autres. Des corps athlétiques et marqués par les affres du désert. On racontait que c’étaient des guerriers redoutables ! Surtout au corps à corps ! Parmi la masse, j’avais été surpris de remarquer un grand gars au chapeau de paille qui n’avait… Qu’un seul bras ? Il comptait vraiment combattre avec un handicap pareil ? C’était ridicule !

Ensuite, j’avais distingué quelques silhouettes impressionnantes, notamment un gars avec une énorme faux et il y avait aussi cette fille-là, avec une sorte de pyjama vert… Regardant un peu mieux, j’avais fini par réaliser que ce n’était autre que les envoyés de Konoha ! Pour le coup, le groupe ne payait pas de mine. Si, peut-être à la limite un grand gars aux cheveux brun, mais vu sa tête de cadavre il ne devait pas être très réactif.

Puis je l’avais vu… Une sensation bizarre m’avait envahie. Elle se trouvait au milieu du groupe konohajin. Katana à la ceinture et mèche violette flottante au vent. Pourquoi m’était-elle si familière ? J’avais ressenti un véritable choc en la voyant, mon cœur ayant même manqué un battement mais impossible de la remettre complétement…

Les choses s’enchainaient vite et avant même que je ne pus mettre le moindre mot sur l’évènement, voilà que les combats s’engageaient… J’avais alors assisté impuissant à l’élimination de Nori, il s’était fait battre par une gamine… Tsss s’était risible sérieux ! Lui qui jouait les grands maitres, ce n’était rien de plus qu’un minable en fin de compte. Du coin de l’œil, j’avais aussi pu suivre un autre affrontement. Visiblement il opposait deux konohajin. La fille à la mèche violette et le grand cadavre. C’était avec surprise que j’avais donc vu la victoire, un peu étrange, de la petite fille. Est-ce qu’elle s’en était bien sorti ? Je n’avais pas pu voir ce qui avait causé la disqualification du bonhomme… M’enfin.

Le soir venu, j’avais un peu trainé dans les festivités et il me semblait avoir discerné ses cheveux violets caractéristique… Sans doute mon esprit qui me jouait des tours hein ? Que nenni ! Elle était juste là devant moi, marchant sans me voir vers je ne savais où. De retour dans mon lit, je m’étais endormie la tête pleine de combat mais la question me taraudait toujours : C’était qui ? Les yeux clos et en partance vers mes songes, je crus me souvenir d’un nom essentiel : « Choko… »

Autre journée, autres combats. Ayant perdu mon principal poulain du tournoi. Je m’affairai à trouver un nouveau bonhomme à supporter. Il y avait bien Gintaro mais… Comment il avait passé le premier tour sérieusement ?! Super tournoi mes fesses oui… Rien de plus qu’un tournoi pour débutant ! Bon… J’avais quand même regardé son combat contre le mystérieux combattant masqué. Ça c’était un shinobi balèze ! Sans doute un arpenteur qui craignait qu’on ne dévoile son identité ! En tout cas, il ne fit qu’une bouchée du pauvre Gintaro. Je pus donc regarder un nouveau combat…

Encore cette fille. Ici, elle affrontait un beau gosse aux cheveux longs venu du désert. J’étais prêt à parier que le combat n’allait pas faire un pli. Le Sunajin était de loin donner gagnant. Pourtant… elle combattit ! Eh bien même ! Allant jusqu’à le faire saigner et tout ! Résultat des courses : J’avais encore plus envie de comprendre pourquoi je me sentais bizarre en la regardant.

Bon ok elle était plutôt jolie. Mais ce n’était pas ça. Je l’aurais senti autrement sinon. Était-elle déjà venue à Uzu ? Le combat continué et alors que les deux combattants semblaient lâcher leurs dernières forces, j’avais remarqué une drôle de marque au niveau de son front. À nouveau cette même sensation. Je sentais bien que je m’étais le doigt sur quelque chose… Mais quoi ?

Finalement, à l’image de la première, la seconde journée s’était achevée dans le sang et les larmes. J’allais rentrer dans mon hôtel quand saisi par la faim et rameuté par un crieur qui vantait les mérites de son échoppe. J’avais terminé par commander une portion de brochette de viande… La soirée était belle et les décorations illuminées encore les rues. Pourtant à mesure du temps passant, les rues se vidaient progressivement. J’étais bien… Ouais, c’était une belle soirée.

C’était là que je l’avais revu, elle passait sans même me voir dans la ruelle alors que je m’apprêtais à quitter ma place. Encore ? Ça commençait à devenir vraiment bizarre là ! Prenant mon courage à deux mains, je m’étais alors dirigé vers elle en courant quasiment.

"Eh vous !" Lorsqu’elle s’était retournée, mes questions disparurent en un battement de cil. J’étais lié à cette personne, je le ressentais au plus profond de mon être mais… "Vous êtes qui ?"


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“Il y a quelques rencontres
dans la vie
où la vérité et la simplicité
sont le meilleur manège du monde.*”


[ Avril de l'an 17 ] ( thème musical )

Le festival du Temple du Bois bleu avait été une belle réussite cette année. Certes, je n’avais pas décroché toutes les victoires qui avaient été à ma portée ; mais je ne pensais pas avoir démérité pour autant dans les différentes arènes. Mieux encore, j’étais certaine que mon expérience du tournoi se montrerait bénéfique pour la suite. Que ce soit durant mes missions pour Konoha, comme dans l’optique d’une possible revanche sur l’archipel. Peut-être pas l’année prochaine, mais je me promettais néanmoins de reparticiper au tournoi si celui-ci rouvrait ses portes pour un nouveau volet dans les années à venir.

Après mon dernier et rude combat, je m’étais retrouvé obligée de faire un détour par la tente où des ninjas médicaux offraient les premiers soins aux combattants. Maintenant que j’étais remise sur pieds il me restait encore quelques heures à tuer avant de rentrer à Konohagakure. C’était donc le moment parfait pour vaquer à des occupations plus douces. Je n’avais pas encore croisé Hako-chan ni même Shishio depuis nos derniers combats respectifs, mais pour tout avouer cela m’arrangeait bien en l’état. Car je comptais en profiter pour vaquer un peu aux festivités dans mon coin.

J’avais fait un rapide saut à l’auberge que nous occupions pour m’y débarbouiller et pour changer de tunique. J’aurais pu assumer mes fringues toutes froissées, lacérées et badigeonnées de sang dans d’autres circonstances mais pas ce soir. Cette fois-ci j’espérais pouvoir me mêler à la cohue de la foule des festivaliers pour m’y marier et ainsi pouvoir profiter des quelques échoppes de jeux et de nourritures qui bordaient les allées aux pieds du Temple. Pour l’occasion j’avais revêtu un kimono léger au motif fleuri qui ne détonnait en rien compte tenu des vêtements extravagants qu’on pouvait croiser au festival. Surtout chez les femmes, bien souvent trop fardées et dont la beauté artificielle et exagérée suffisait à éclipser mon propre charme plus banal. L’idéal pour passer incognito, en somme !

Enfin peut-être m’étais-je un peu fourvoyée.

Je déambulais d’ores et déjà depuis presque une heure, voguant de stand en stand à la recherche du meilleur artisan local et d’un joli cadeau à rapporter à ma mère, lorsqu’une voix s’éleva derrière moi :

« — Eh vous ! »

L’exclamation jetée dans mon dos m’interpella et me fis ralentir l’allure. Avec un frisson, de peur d’être concernée, je fis volteface en redoutant le pire. Avais-je écrasé le pied d’un badaud sans en prendre conscience ? Mes traits esquissèrent une mine contrite tandis que je m’enquérais de la situation en détaillant l’opportun avec mes yeux laiteux. A la vue de ses magnifiques orbes émeraudes ma voix s’éteignis dans ma gorge.

« — Vous êtes qui ? »

Il me fallut battre des cils à plusieurs reprises pour réussir à décrocher mon intérêt de l’étonnante couleur de ses yeux. Lorsque mon cerveau accepta enfin de fonctionner normalement le manque de tact du garçon me sauta au visage. Mes sourcils se froncèrent tandis que je croisais les bras devant ma poitrine en pur signe d’autodéfense.

« — On ne vous a jamais apprit à vous présenter avant d’enquérir l’identité de quelqu’un ? D’une jeune femme qui plus est ? »

Lançais-je presque hargneuse.

« — Et toi, t’es qui ? »

Ajoutais-je à la cantonade en me fardant d’un léger sourire désobligeant. Les vêtements qu’il portait ne m’étaient guère familiers – sans doute parce qu’ils provenaient d’une contrée différente de mes terres natales – et pourtant… A y regarder de plus prêt il subsistait chez ce garçon quelque chose qui ravivait une certaine nostalgie au creux de mes poumons. Je penchais la tête sur le côté et dû retenir une mèche violacée qui s’était échappée de mon chignon lâche, pour la replacer derrière mon oreille.

« — On… Se connaît ? »

Tentais-je maladroitement. Bien que j’eusse aspirée à la solitude jusqu’ici depuis la clôture de mon dernier combat singulier, je sentais qu’un peu de nouveauté réussirait à égayer mon humeur maussade de la soirée. Et malgré tout le toupet dont faisait preuve le garçon aux yeux verts, sa compagnie ne me dérangerait pas outre mesure. Pire : une petite voix tapis au fond de mon esprit me susurrait que cela pourrait me plaire. Le sentiment de nostalgie qui s’était imposé à moi vint m’étreindre avec plus de certitude encore. Se connaissait-on vraiment ?

J’attendis qu’il daigne rouvrir la bouche avant d’esquisser un pas dans sa direction. En effet la foule de passants n’avait pas tenue compte de la petite scène qui se jouait entre nous, si bien que j’avais presque peur qu’elle ne finisse pas m’entraîner loin du garçon. Muent par l’instinct, mes doigts allèrent chercher le contact réconfortant de la manche du garçon. Aussitôt un goût de déjà-vu me sauta à la gorge, tandis que repassait devant mon esprit embrumé les souvenirs d’un songe que j’avais fais un mois en arrière. Les images qui défilaient dans ma tête pareils à des flash lumineux avaient du mal à s’emboiter entre elles… Comme un puzzle dont il m’aurait manqué les pièces essentielles, et pourtant… Le principal subsistait : je le connaissais, j’en étais persuadée.

Un petit sourire – franc et doux celui-là – vint timidement étirer mes lèvres. Mes doigts quant à eux ne se résolurent pas à relâcher le vêtement.

« — Tu viens d’où ? »

Mes yeux bifurquèrent vers ce qu’il tenait entre ses mains, à défaut de pouvoir passer leur temps à se perdre dans ses orbes émeraudes.

« — Et ces brochettes de viande ? Elles viennent de quel stand ? J’en veux aussi. »

Peut-être était-ce dû à son jeune âge, ou parce qu’il m’était étrangement familier… Mais j’étais soudain beaucoup plus encline à laisser parler ma spontanéité. Quitte à me montrer capricieuse par la même occasion. Sans pouvoir l’expliquer, je doutais qu’il m’en tienne rigueur.

« — Puisque tu m’as aussi singulièrement apostrophé, je pense que tu pourras m’accompagner dans mon petit tour du festival ce soir, hm ? »

Minaudais-je tandis que mes doigts glissaient sous son bras. M’accrochant à ce dernier je fis un pas vers l’avant pour l’obliger à me suivre sans m’opposer de résistance. Passer un peu de temps en sa compagnie suffirait peut-être à lever le voile sur cette étrange impression de déjà-vu qu’il m’inspirait depuis le début.

* Citation de Caractères - Jean de La Bruyère.
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Naïbu Fubuki
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Naïbu Fubuki


Amanogawa : Du songe à l’éveil.

Je l’avais interpellé et elle s’était retournée, tout en l’apostrophant j’avais étudié en détail son visage familier. Des pupilles laiteuses qui indépendamment des formes de son visage auraient été dérangeantes. Ici, elles semblaient parfaitement à leur place. Des traits encore enfantins, bien qu’une certaine maturité ressortît des lignes de son front et des plissures de ses lèvres… Enfin, le tatouage que je pouvais enfin observer de plus près. Un signe indouiste aux multiples significations, généralement positives. Sans doute une sorte de culte religieux ? Mentalement, je turbinais à m’en retourner les neurones.

Je l’avais déjà vu, je le sentais. Mais où ? Lors d’une fête religieuse peut-être ? Plus jeune, ma famille et moi partions souvent en direction des territoires enneigés, d’où nous étions originaires. Nous avions pour habitudes de nous rendre là-bas à l’occasion de la Grande fête du Renouveau. Période qui représentait la fin de l’hiver et les premiers dégels. Nous prions alors les dieux, implorant les esprits d’accompagner le soleil jusqu’au zénith et d’encourager les esprits hivernaux à retourner dans la terre… Loin d’être un culte répandu, il était même souvent considéré comme païen par les habitants urbains d’Uzushio… Était-il possible que cette fille qui venait pourtant de si loin, soit elle aussi initiée aux croyances des terres gelées ?

Malheureusement, celle-ci sembla dans un premier temps ne pas vouloir répondre à mes questions. Elle m’avait repris sur mon manque d’éducation et je devais reconnaitre qu’elle marquait un point… Dans ma précipitation j’en avais oublié mes manières. C’était indigne d’un Naïbu d’interpeler une jeune femme en pleine rue ! D’autant plus à la tombée de la nuit. D’un autre côté. Il n’était pas plus digne de sa part de faire remarquer mon erreur. Sans doute n’était-elle pas coutumière des règles de bienséance qui incombaient à un personnage de mon rang. Une manante donc ? Pourtant elle portait un kimono finement décoré et son port était correct…

Si j’avais accueilli la première rebuffade sans trop savoir comment réagir… Voilà qu’elle commença à me tutoyer et à me questionner comme si je n’étais rien de plus qu’un mendiant venant réclamer ma pièce ! À son écoute j’avais tiqué : Ma lèvre supérieure se releva en même temps que je fronçais mes sourcils. C’était quoi cette manière de parler ?!

"PardonnEZ-moi, vous avez en partie raison… " j’avais lourdement insisté sur mon vouvoiement. "Je me présente, Fubuki Naïbu, fils cadet de la grande famille Naïbu d’Uzushio et ninja de ce même village… Et vous ?" À chacun de mes mots l’attitude de la jeune fille évolua. Partant d’un air mauvais, elle avait fini par me dévisager des pieds à la tête comme un sac de viande tout en portant la main à ses cheveux… Je ne suis peut-être pas un expert en la matière mais ! Elle me draguait là non ? Bien entendu, j’ai l’habitude qu’on me dévore du regard avec envie, mon génie oblige. Mais là… J’étais un peu…

"Eh bien justement ! Je me posais la même quest…"

Je m’étais interrompu en pleine phrase quand sans crier gare, celle-ci était allée jusqu’à m’attraper par la manche ! Comment osait-elle me toucher ?! En plus elle faisait mine de rien en continuant son interrogatoire ? Elle pensait avoir le dessus sur moi pour se permettre pareille approche ? Comptait-elle me faire cracher des secrets ? Il fallait que je réagisse !

"Eh b-b-bien… Comme je le disais je viens d’Uzushio… Dans les archipels…"

Je n’arrivais pas à formuler clairement mes idées ! Ses yeux pareils à deux perles continuèrent à me scruter de fond en comble. Un instant elle se détourna pour s’intéresser à mes… brochettes ? Tout ça pour … À la manière d’un enfant pourri gâté me demander sans aucune gêne où en trouver elle aussi. Machinalement j’avais désigné le petit stand d’où je venais tout juste de partir. Elle me mettait mal à l’aise avec son attitude ! Elle avait commencé par s’indigner de mes manières puis deux secondes plus tard, la voilà qui agissait avec moi comme si nous nous connaissions depuis toujours… Était-ce le cas ? Je n’avais pas pu un placer une ! Elle avait répondu à aucune de mes questions, se contentant de les retourner contre moi !

"Mais vous…"

Comment ?! Je me tenais là en face d’elle et je m’apprêtais à la questionner. Elle allait passer un sale quart d’heure si elle passait outre mon interrogatoire en règle ! Mais… Elle m’avait pris par le bras et avait commencé à avancer vers l’étal vendeur de brochette… J’étais indigné ! Pourtant… C’était quand même drôle de m’aventurer comme ça avec une jeune fille à mon bras. Qu’aurait pensé Isasu ? Ce n’est certainement pas lui qui se verra en compagnie d’une belle jeune fille à son bras avant bien longtemps ! Pourquoi est-ce que je pensais à Isasu dans un moment pareil ? Elle devait être un peu plus âgée que moi, bien que ses manières soit celle d’une enfant. Était-ce bien convenable pour une jeune fille de se conduire comme ça avec un garçon ? Mes parents m’avaient inculqué des manières et tout ça me semblait… Trop bizarre… Je m’étais laissé conduire à sa guise sans opposer de résistance… Il fallait que je me reprenne et que je puisse enfin la questionner ! Oui voilà ! Il fallait que je me montre intraitable et l’interroge !

"Pourquoi est-ce que je me sens bien quand vous tenez mon bras ?"

Je venais de dire quoi là ? Ce n’était pas ça que je voulais dire ! Je voulais connaitre son identité ! C’était tout ! J'aurais tout le temps de m'occuper plus tard de mes questions d'hormones et de la découverte de mon corps !

"Hum.. Mais euh… vous n’avez pas répondu ! Je me suis présenté… C’est à votre tour maintenant… Non ?"

Je sentais que le rouge me montait aux joues. Non, pire ! Je devais plutôt ressembler à une tomate ! À un piment ! À un poivron !

"Vous aimez les poivrons ?"

MAIS FERME LA ! Marquant une légère pause, j’avais respiré profondément tout en détournant mon regard de son visage. Essayant d’oublier son contact et sa proximité… D’une voix que je voulais calme j’avais relancé…

"Dans vos brochettes ! Il propose des brochettes aux poivrons rouge…"

Devant nous, un marchand à la mine réjouit flairait sans doute une chance de pouvoir écouler sa marchandise. Ses yeux étaient pétillants au point même que je crus discerner des pièces en reflet de ses pupilles. Au moins, il n'y avait pas de doute sur son intérêt premier. Il avait sortit son speech habituel et m'avait offert donc un temps de répits

"Bonsoir les amoureux ! Alors vous voulez quelques gourmandises ? Nous proposons une gamme large de plats et de sucreries ! Nous avons nos brochettes bien sûr, mais aussi..." Se détournant de nous il revint aussi vite, tendant vers nous un présentoir. "Des pommes d'amour, de la barbe à papa, des kiriame, des karinto et même des wasanbon !"J'avais laissé trainer mon regard sur les friandises… Puis sur la jeune fille… Puis sur les friandises… Est-ce qu'elle en voulait ? Est-ce qu'elle pouvait se payer des friandises ? Elle voulait des brochettes non ? Pourtant j'étais persuadé de l'avoir vu lorgner sur la pomme…

"Je pense qu'elle voudrait gouter à vos brochettes… Mais je vais aussi vous prendre quelques friandises."


Qu'on soit parfaitement clair vous et moi : Je n'avais aucune idée de ce que je faisais…

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[ Avril de l'an 17 ] ( thème musical )

Lorsque je l’avais questionné sur la provenance du met alléchant qu’il tenait dans sa main, le garçon s’était contenté de pointer un doigt délicat vers un stand situé un peu plus loin. Aussitôt, un sourire fleurit à la commissure de mes lèvres purpurines. J’entendais déjà les plaintes légères de mon estomac et il me tardait de pouvoir oisivement profiter des festivités !
Le garçon desserra les lèvres mais s’interrompit net lorsque je glissais mon bras autour du sien. Je dû redoubler d’effort pour retenir un rire taquin lorsque les traits de son visage se peignirent d’un air catastrophé. De toute évidence mon manque de gêne semblait le prendre au dépourvu. Bien plus que ce que j’aurais pu imaginer. Il subsistait chez ce fameux Fubuki, fils de la grande famille Naïbu d’Uzushio, une certaine forme de timidité qui, je commençais à le comprendre, n’appelait qu’à la taquinerie. En était-il seulement conscient ?

Au moins, nous sommes tous les deux ninjas… ça nous fait un point commun.

Réprimant une furieuse envie de l’asticoter plus encore, j’amorçais quelques pas vers le fameux stand tout en le tirant à ma suite. Il fallait d’abord que je règle ce problème d’estomac vide ! J’avais presque l’impression qu’il allait finir par s’auto-digérer à ce rythme… Je n’avais rien pu avaler depuis le dernier combat que j’avais disputé au tournoi. Et maintenant que je me remettais, doucement mais surement, de mes émotions ; la faim me revenait. Pareille aux douces vagues lancinantes d’une mer agitée.

« — Pourquoi est-ce que je me sens bien quand vous tenez mon bras ? »

Mon intérêt, qui était jusque-là porté sur les pommes alignées derrière la devanture du stand, se braqua à nouveau sur le garçon. Mes joues adoptèrent une teinte cramoisie malgré moi. J’ouvris de grands yeux ronds sans rien trouver à lui répondre. Que pouvais-je rétorquer à ça ? Une seconde je voulus me déloger et même prendre mes distances, mue par une gêne soudaine mais… je n’en trouvais pas le courage.
Mes yeux le sondèrent comme s’ils pouvaient lire en lui, sauf que dénués de Byakugan ça ne risquait pas d’arriver… Je fronçais donc les sourcils, à deux doigts de lui dire que je ne comprenais pas du tout où il voulait en venir. Mais Fubuki reprit la parole pour tenter de se rattraper :

« — Hum.. Mais euh… vous n’avez pas répondu ! Je me suis présenté… C’est à votre tour maintenant… Non ? »

Trop heureuse que l’un de nous deux ait réussi à nous extraire de cette satanée gêne qui s’était immiscé entre nous, je détournais les yeux vers les délicieux mets qui couvraient l’étale du stand. J’haussais les épaules avec nonchalance tout en lui répondant sur un ton que j’espérais détaché :

« — Je m’appelle Hyuga Chōko. Je suis originaire de Konoha et-
Vous aimez les poivrons ? »

Nouvelle exclamation totalement dénuée de sens !
Je commençais sérieusement à croire qu’il lui manquait une durite là-haut… Mes yeux laiteux retournèrent ausculter les traits de son visage parfait pour tenter de comprendre ce qui pouvait bien se passer dans sa tête. Devenait-il complètement fou ? Essayait-il de se payer ma tête ? Pourquoi me questionner sur mon identité si c’était pour me couper la parole en m’assénant idiotie insensée sur idiotie incompréhensible ?

« — Est-ce que tout va bien ? »

Lançais-je d’une petite voix inquiète. Un court silence s’étira entre nous le temps que Fubuki reprenne une inspiration et je fronçais les sourcils, un peu irritée par la tournure de la situation. Alors seulement, il reprit la parole pour s’expliquer. Je lâchais aussitôt petit un soupir en comprenant où il voulait en venir.

« — Ah, oui !… Dans les brochettes… je suis certaine que ça doit être très bon ! »

Bravo c’est bien joué ça Chōko ! Songeais-je intérieurement tout en me traitant d’idiote…

Il fallait bien avouer que le malaise palpable de Fubuki avait tendance à me contaminer !
Mon intérêt se posa sur le marchand lorsque celui-ci nous interpella. Sa salutation couplée au terme « les amoureux » fit remonter un frisson le long de mon échine au point que mon cerveau n’essaya même pas de suivre le reste de son exclamation. L’homme se détourna et mon regard se braqua sur mon bras, toujours enroulé autour de celui de Fubuki.
Je devais avoir l’air maligne maintenant… Je n’avais rien trouvé à rétorquer au marchand et, de peur de froisser Fubuki, j’avais hésité une seconde à déloger mon bras… Si bien que maintenant, je ne savais plus du tout quoi faire… Je sentais mon sang pulser dans mes veines au gré du stress qui remontait en moi par à-coup… Que devais-je faire ?
Mes yeux alarmés - par une situation qui ne le méritait guère pourtant - se posèrent à nouveau sur le profil finement dessiné de Fubuki ; et le timbre calme et assuré de sa voix m’aida à m’apaiser.

« — Je pense qu'elle voudrait gouter à vos brochettes… Mais je vais aussi vous prendre quelques friandises.
Des brochettes au poivron rouge, s’il vous plait. »

Ajoutais-je avant de plonger une main dans un pli de mon kimono. Là où je dissimulais la besace contenant mon argent. Je pris le temps de monter un rapide calcul dans ma tête. Je ne comptais pas laisser Fubuki payer pour les brochettes – que je comptais bien dévorer ! - et si je voulais pouvoir lui piquer quelques friandises sans remord, je préférais régler la moitié du prix de ces dernières.
Après avoir compté scrupuleusement mes pièces pour sortir le compte juste, je tendais la somme au marchant.

« — Tenez. »

Puis, lorsque les pièces eurent tinté entre les doigts du marchand, je coulais un regard en direction de Fubuki pour lui faire comprendre que le reste de la somme qu’il fallait encore régler était à sa charge.
Le marchand se détourna de nous tout sourire pour préparer notre commande. Aussitôt, la bulle d’intimité qui se reformait autour de Fubuki et moi m’aida à me sentir un peu plus à l’aise vis-à-vis de celui-ci. Je laissais échapper un soupir d’aise tout en faisant rouler les muscles de mon cou, puis je repris notre discussion à peu près là où nous l’avions laissée :

« — Je te disais donc que je suis originaire de Konoha… Est-ce que tu connais un peu cette région ? Ne va pas t’imaginer que je cherche à te froisser… Mais je connais très mal Uzushio… Je sais seulement que les paysages y sont très beaux… »

Je me faisais violence pour aligner banalités sur banalités, histoire de relancer la conversation… si possible vers un chemin un peu moins accidenté qu’auparavant.
Le marchand revint vers nous avec un sac plein à craqué de nourriture et je l’en remerciais d’un hochement de tête. Puis mon bras quitta celui de Fubuki, pour se tendre et récupérer le sac.

« — Tu viens ? »

Murmurais-je à l’attention du Uzuhjin pour m’assurer qu’il m’emboitait bien le pas. Mon regard alla étudier le contenu du sac et j’en sorti la boîte de brochettes avant de tendre le reste à Fubuki.

« — Est-ce que tu veux aller voir un truc en particulier ? Je crois qu’ils ont prévus un spectacle un peu plus loin vers le temple. »

Je jetais une œillade à l’Uzujin pour m’enquérir de sa réaction tandis que je m’escrimais pour ouvrir la boite de brochettes aux poivrons… Non seulement cette dernière semblait soudée aux quatre bords, mais en prime mes gestes étaient tous fébriles et malhabiles… J’en avais bien conscience, et pourtant, je n’arrivais pas à remédier au problème pour autant.

« — Tu n’as pas participé au tournoi il me semble. »

Tentais-je à nouveau pour relancer la conversation.
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Finalement, la Hyûga arrêta son choix sur les brochettes au poivron rouge. Sans doute inspiré par mon intervention involontaire un peu plus tôt. Elle s’était détachée de moi, ce qui me permit de retrouver un peu de contenance. Sans un mot j’avais assisté à son comptage minutieux. Au travers de sa minutie, je compris qu’elle ne devait sans doute pas rouler sur l’or et j’aurais, sans mal, pu payer l’ensemble. Mais je devais au moins reconnaitre que sa démarche était celle d’une jeune femme fière. Fouillant à mon tour négligemment mes poches, je m’étais donc contenté de régler le manque.

Du plus profond de mes entrailles je ressentais le malaise environnant. Je pensais déjà connaître cette personne et visiblement elle aussi, à en juger par sa familiarité excessive. Pour autant, nous étions bien deux inconnus qui s’appréhendaient pour la toute première fois. Résultat des courses : je ne savais plus sur quel pied danser. Politesse et respect ? Ou familiarité et curiosité ?! Encore bouleversé par mes émotions incontrôlées, je m’enfermais quelques temps dans un mutisme pensif. De son côté, la jeune aux yeux de craie semblait parfaitement à l’aise dans la situation. Pétillante, réfléchie et souriante, elle essayait avec un certain panache d’écarter notre embarras.

Elle expliqua venir de Konoha. Une indication au combien précieuse ! Comment aurais-je pu le deviner autrement ? À moins bien sûr d'avoir, comme toutes les personnes sur l’île, suivi le tournoi… Mais bon… passons. Elle enchaîna en une question tout en affirmant ne point connaître mon pays. Mauvaise nouvelle donc, elle ne pouvait pas avoir assisté aux fêtes du Renouveau… Inconsciemment je plaquai une mine soucieuse sur mon visage. J’avais le plus grand mal à réfléchir simultanément à ses questions et à mes propres réflexions. C’était donc dans un entrelacs de pensées que je répondis d’un air distrait.

"Mhhh. Non, je ne connais le pays du feu que par le biais de mes lectures. De ce que j’en ai lu, vos paysages n’ont rien à envier aux nôtres… Nous sommes quasiment voisins après tout. La mer en moins peut-être…"

Voisin ? Le mot était sorti naturellement et de là me vint une nouvelle piste ! Bien que ses traits et ses manières enfantines ne le laissaient pas présager. J’avais pu constater qu’elle était plutôt fortiche. N’avait-elle pas participé au dernier examen chunin ? Nos deux villages s’étaient assemblés pour l’occasion… J’allais pour la questionner quand le marchand avait finalement tendu vers nous le sac de provisions. Elle s’empara du contenant avec une telle avidité que je craignis un instant qu’elle s'enfuya à toute jambes ! Mais au lieu de cela, elle m’invita à la suivre tout en farfouillant les vivres. S’emparant de ses précieuses brochettes, elle me tendit le reste du sac.

Docilement je m’en saisis et me contentai de la suivre, quelques pas en arrières. Sa silhouette gracile laissait deviner le balancement de ses hanches sous son kimono. Si j’omettais ses manières de va-nu-pieds, elle représentait tout de même une craquante jeune femme. Mon regard glissa sur le bas de son dos et il n’en fallut pas plus pour que mes joues s’empourprèrent. J’avais tellement de mal à conserver mon calme ! Le simple fait de poser les yeux sur elle, m’élançai en mille questions inutiles ! Je me sentais comme… attiré. Sans pouvoir en comprendre les raisons ! J’avais la sensation de n’être qu’une pauvre étoile gravitant autour d’un astre solaire. Mais qu’est-ce que je raconte !? Tout ça m’apparaissait tellement irréel et illogique ! J’en venais même à soupçonner un maléfice ! Ses pupilles étaient étranges… Peut-être était-elle adepte du Genjutsu ? Gardant cela en tête j’avais finalement essayé de percer ses mystères.

"Je ne sais pas pour vous… Mais j’ai la sensation de vous avoir déjà croisé quelque part. Je me demandais si vous étiez bouddhiste… rapport à votre tatouage… Avez-vous déjà assisté aux fêtes du Renouveau ?"

Si j’en avais mentalement écarté la possibilité, je voulus quand même m’en assurer. Écoutant attentivement sa réponse, nous avions déjà avancé de quelques pas quand finalement elle me relança à son tour. Toujours un pas en arrière, je surpris ses quelques œillades et me cantonnai donc, à fixer mon regard sur la barrette en forme de papillon, qui retenait ses cheveux. D’autant qu’ainsi, j’arrivais plus facilement à me concentrer.

"Oh ? Eh bien j’ai déjà plusieurs fois fais le tour de l’île, elle n’est pas bien grande. Je connais quelques coins si vous voulez. Un spectacle ?" Mentalement je retraçais tout le programme de la journée, que j’avais consulté au matin. "Il me semble que ce soir… Il y a le spectacle du fameux cirque Danzaemon et un feu d’artifice qui devrait être tiré en pleine mer ! Je pense que la vu sera spectaculaire depuis les hauteurs… Si vous n’avez pas peur des marcher un peu…"

Qu’il était bon de réussir à retrouver ma prestance habituelle ! J’avais saisi le truc ! La piste du maléfice devenait de plus en plus sérieuse ! En détournant le regard, je parvenais à conserver la face. Mais mon adversaire était redoutable… Nous continuions à marcher et à converser quand, affamée, elle tenta en vain d’ouvrir sa boite de brochette. Machinalement j’avais proposé de l’aider et m’emparai donc du paquet. Quelle idée stupide… Bien entendu il avait fallu que nous bafouillâmes l’un l’autre et que nos mains finirent par s’effleurer ! Le contact me fit un effet troublant. Mon cœur manqua un battement et mon ventre voulu comme d’évader. Comme si cela ne suffisait pas ! Mon regard vint s’inscrire sur son visage rosi, m’arrachant un sourire de circonstance. Ce n’était pas la mort après tout ! Rien d’autre que la peau délicate, douce et pure d’une jeune fille ! Hormones ! Sortez d’ici !

Bataillant un peu avec le paquet, mais arrivant finalement à le desceller, je tendis la boite avec une prudence renouvelée, tout en essayant de bafouiller une réponse à sa supplique.

"N… Non. Mon… père, pense qu’il est encore trop tôt pour moi. Il pense que je dois d’abord faire mes preuves au village… Mais j’ai pu regarder les combats ! Tu étais vraiment très impressionnante ! J’ai bien cru que tu allais finir par mourir contre ce sunajin !" J’étais encore passablement chamboulé. Au point que sur l’instant je ne me rendis pas compte que je venais de la tutoyer. Il fallait dire que le combat m’avait sidéré ! Elle avait fait preuve d’une telle énergie, d’une telle combativité ! Là-dessus au moins, le débat était impossible. "Je crois bien que tout le monde voulait vous voir gagner… Le mec mesurait littéralement deux mètres et pourtant vous avez foncé tête baissée ! Vous n’avez clairement pas à rougir de votre performance !"

Étrange que de sentir de ma bouche découler tant de compliments… Encore un des effets de son genjutsu ? J’en aurais presque oublié mes priorités ! Ravalant donc ma gaieté excessive, je retournai à mon interrogatoire.

"vous avez déjà participé à un examen chunin ? Vous l’êtes d'ailleurs peut-être déjà... ça ne serait pas étonnant vu le combat."

Finalement, la première grande tempête de malaise commençait à peu à peu s’éclaircir. Pas tout à fait à mon aise, mais tout de même un peu rassuré. Nous avions marché tout en grignotant et avions finalement déposé nos affaires sur un banc près d’une place. Au loin, on pouvait assister aux derniers numéros du soir. Une espèce de bouffon portant une couronne, faisait tinter ses grelots au rythme de sa dance. À côté de lui, un gars balèze et particulièrement poilu, s’appliquait à toutes sortes d’acrobaties. Les yeux pétillants, je laissais la joyeuseté des amuseurs s’emparer de moi. J’adorais les cirques ! Artistique, spectaculaire, renversant ! Un sourire avait naturellement étiré mon visage et je me sentais comme porté par la majesté de l’instant. Ouvrant le sac j’attirai jusqu’à ma bouche un Kiriame blanc et vert, avant de tendre distraitement une pomme d’amour vers ma partenaire.

Tout sourire et les yeux pétillants je m’esclaffai devant quelques bouffonneries avant de détourner mon attention pour reluquer la Hyûga. Me perdant un temps dans ligne de son visage, une idée me vint enfin alors qu’à nouveau, mon cœur manqua un battement. Je devais savoir… Genjutsu ou… autre chose ? Me penchant un peu pour m’exprimer à voix basse, j’avançai ma question détournée.

"Ils sont trop forts, ils allient leurs spectacles avec du Genjutsu pour rendre tout plus… féérique." Me grattant la tête, je tirai légèrement la langue sur le côté avant de reprendre. "Mais j'imagine que je ne dois rien t’apprendre. Tu dois être une adepte de cet art non ?"

J'affichai une petite moue contrite en réalisant que je venais à nouveau de la tutoyer. Cependant, je restai sûr de mon fait. Avec des pupilles pareilles, elle devait bien tremper dans le dôjutsu…
Codage par Libella sur Graphiorum

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[ Avril de l'an 17 ] ( thème musical )

« — Je ne sais pas pour vous… Mais j’ai la sensation de vous avoir déjà croisé quelque part. »

Mes joues chauffèrent comme si j’étais restée au soleil toute la journée durant. Fubuki avait de toute évidence le chic pour me prendre au dépourvu ! Un instant je cru vraiment qu’il essayait de me faire de la gringue… Mais, relevant mes yeux vers les siens si clairs et lumineux, l’étincelle d’honnêteté que je cru y déceler me fit automatiquement écarter cette dernière possibilité.

Peut-être que les Uzujins ont simplement l’habitude d’exprimer tout ce qu’ils pensent…

Par ailleurs, il me fallait bien avouer que Fubuki n’avait pas tords. Car moi aussi j’avais l’étrange impression de déjà le connaître. Bien avant que le hasard ne le mette sur ma route ce soir.
L’Uzujin continua sa tirade en me parlant du signe inscrit sur mon front, ce qui me fit aussitôt déchanter. Je n’étais pas certaine de vouloir en parler. Pas ce soir. Pas avec lui, alors que jusqu’ici le courant semblait plutôt bien passer entre nous… Avec une mine contrite j’haussais les épaules dans un geste que je voulus évasif. Puis, trop heureuse de le voir m’offrir une porte de sortie, je m’engouffrais toute entière dans la seconde partie de sa question. Avec un peu trop d’emphase peut-être, car j’eus moi-même l’impression de forcer mon jeu.

« — Les fêtes du Renouveau ? Non ça ne me dit rien ! Est-ce une tradition d’Uzushio ? En tout cas le terme est joli je trouve ! En quoi cela consiste-t-il exactement ? »

Mon malaise s’intensifia un peu plus, mais cette fois je ne pu que m’en imputer moi-même. Cependant, la conversation se poursuivait tranquillement ce qui m’aidait à m’apaiser intérieurement. J’écoutais sa voix, douce et claire, tinter à mes oreilles tout en gardant mes yeux laiteux rivés sur nos pieds. Son allure était plus rapide que la mienne mais je faisais un nombre de pas plus conséquent pour compenser. Mes bottines n’étaient pas du meilleur goût, compte tenu du reste de ma tenue, mais je n’avais guère eu le choix que de les porter ce soir encore. Leur cuir, méchamment usé par endroits, laissait entrevoir les stigmates de mes récents combats disputés au tournoi… Et elles faisaient bien pâles figures comparées aux belles chaussures, finement usinées, de mon interlocuteur… A y regarder à deux fois, même les habits de Fubuki semblaient onéreux. Tout du moins guère de même facture que mes propres vêtements ! Mais qui était-il donc ? Etrangement, plus mon cerveau se perdait sur cette pente glissante et moins j’étais encline à pousser plus loin mon étude… Je n’étais pas certaine de vouloir découvrir le fin mot de l’histoire. Comment réagirais-je si j’apprenais que nous étions différents en toute chose ?

Mon regard retourna étudier le profil finement sculpté de l’Uzujin, tandis qu’il poursuivait sa tirade.
Je n’avais strictement rien écouté. Je me murais donc dans le silence pour ne pas lui mettre la puce à l’oreille – et parce que je ne savais guère quoi lui rétorquer de toute manière. Fort heureusement ses yeux ne semblaient pas décidés à se poser sur moi, ce qui m’évita de devoir machinalement lui sourire pour sauver la face.
Je continuais toujours à m’escrimer avec ma boîte de brochette lorsque Fubuki me proposa son aide. Avec des gestes légers et graciles, ses doigts vinrent frôler les miens pour me destituer de mon fardeau. Si d’ordinaire j’aurais pu être encline à me rebiffer ; à cet instant je ne réussis qu’à piquer un fard en restant bouche bée. Mes lèvres s’entrouvrirent comme pour m’obliger à ne pas oublier de respirer et Fubuki reporta ses deux émeraudes sur moi. Aussitôt je pinçais les lèvres pour ne pas avoir l’air d’un poisson hors de l’eau. Le sourire qu’il me décocha par la suite, presque empreint de camaraderie, finit de me désarçonner tout à fait. Mon regard fuyait à nouveau vers nos souliers tandis que je priais intérieurement tous les dieux que je connaissais de bien vouloir préserver le peu de dignité qu’il me restait. A en juger l’échauffement de mes joues, je les imaginais sans mal cramoisies.
Et pour ne pas réitérer une seconde fois cette fâcheuse expérience, je me contentais de tendre mes deux paumes jointes vers Fubuki pour que celui-ci y dépose la boîte une fois qu’elle fut ouverte. Je l’en remerciais d’un sourire timide et d’un bref hochement de tête avant de jeter mon dévolu sur les brochettes encore fumantes. Leur odeur, aux relents épicés, réveillait mon ventre si durement, que je dévorais ma première brochette en trois coups de dents sans chercher à profiter de son goût. Tout, pourvu que mon estomac arrête de se manifester. Cependant, mon petit manège sembla suffire, si bien que je pu déguster les prochaines sans autant me hâter. N’allais-je pas le rebuter si je me mettais à m’empiffrer soudainement ? Songeais-je, soucieuse, tout en coulant vers lui de petits regards à la dérobée.
Il continuait à répondre à mes questions avec une aisance retrouvée qui m’aidait à m’apaiser moi-même. Avec un peu de chance, ce sentiment de gêne ne serait bientôt qu’un vilain souvenir.

Ainsi donc Fubuki n’avait pas participé au tournoi. Cela ne m’étonnait pas vraiment en vérité. Je n’avais suivi l’évolution du tournoi que d’un œil distrait ; mais je m’en serais souvenue s’il avait été question d’un certain Naïbu…
Ses paroles à propos de son père et du contrôle que ce dernier semblait exercer sur sa progéniture piquèrent ma curiosité. Mais aussitôt les compliments fusèrent au point de gommer mes interrogations. Je doutais fort de les mériter tous – tout comme je n’étais pas certaine que mon récent adversaire mesure deux mètres – mais l’entrain soudain dont faisait preuve mon vis-à-vis me toucha énormément.
Des doigts que je venais d’utiliser pour manger, je récupérais ma boîte pour pouvoir déposer mon autre main – encore propre – sur la manche du garçon. Avec un sourire bourré de reconnaissance, je serrais un peu mes doigts autour de son bras avant de le relâcher.

« — Vous avez déjà participé à un examen chunin ? Vous l’êtes d'ailleurs  peut-être déjà... ça ne serait pas étonnant vu le combat.
Détrompe-toi, je ne suis que Genin pour l’instant ! J’ai encore beaucoup de chemin à parcourir avant d’espérer prétendre au grade de Chunin. »

Irrémédiablement plus à l’aise sur ce sujet de conversation, je me laissais aller sereinement tout en arrêtant d’essayer de décoder les moindres faits et gestes de Fubuki. J’arrivais presque à bout de ma boîte de brochettes lorsque nous jetâmes notre dévolu sur un banc à proximité d’une place animée. Me mêler ainsi au reste des spectateurs était exactement ce dont j’avais besoin ce soir ! Je pouvais remercier mon nouveau camarade attitré pour cela ; mais de peur de briser ce nouveau moment de zénitude dans lequel nous évoluions, je préférais m’en tenir au silence. Les remerciements attendront. Pour l’heure, je préférais me laisser porter par la magie du spectacle qui s’offrait sous nos yeux émerveillés. D’ordinaire je n’étais pas friande des représentations de cirque et des artistes itinérants. Mais j’étais bien obligée de leur reconnaître un certain talent aujourd’hui. Fubuki, quant à lui, paraissait vivre sa meilleure vie au sens littéral du terme… Alors je fis un effort supplémentaire pour ne pas trépigner de peur de gâcher son appréciation du moment.
Le bruit du sac qu’il tenait sur ses genoux attira mon regard lorsque l’Uzujin en sortit quelques friandises. Il me tendit une pomme enrobée de sucre et, surprise par cette attention, je laissais passer une dizaine de secondes avant d’accepter son geste. « Merci » Soufflais-je d’une petite voix. Cette fois, lorsque mes doigts effleurèrent les siens, mon esprit ne s’emballa pas autant que la première fois. Sans doute était-ce là le signe que je commençais à m’habituer sérieusement à la présence de l’Uzujin…
Je me trouvais presque idiote, car j’aurais fait moins d’histoires avec Shishio ou Kiseki, je le savais… En même temps je connaissais ces derniers depuis un paquet d’années maintenant ; alors que Fubuki était la définition même d’un délice inconnu… En tout point similaire au plaisir que l’on ressent lorsqu’on découvre les premières lignes d’un nouveau bouquin… Et en même temps je ne pouvais m’empêcher d’avoir honte de penser ainsi… Car il était presque dégradant de résumer l’Uzujin à une simple expérience sympathique, exotique ou éphémère. J’espérais honnêtement que ce ne soit pas le cas.

Complètement enchanté, Fubuki laissait échapper quelques exclamations ravies qui me poussèrent à m’intéresser à nouveau au spectacle, sans succès… Certes les acrobates étaient très doués, mais je n’avais tout simplement pas le cœur à me joindre à l’euphorie ambiante… A défaut, je plantais mes crocs dans la pomme d’amour en savourant son goût sucré et acidulé.
J’adorais ces sucreries et j’étais heureuse d’avoir pu en trouver ici ! Le bon côté était que, malgré tout, j’aurais réussi à me rassasier.

Fubuki laissa échapper un commentaire à propos du spectacle, auquel je répondis d’un vif hochement de tête pour lui signifier que je partageais son avis. Mais lorsqu’il embraya sur le topic du Genjutsu je lui fit signe que non, en claquant la langue contre mes dents pas automatisme.

« — Du tout ! Pas de Genjutsu pour moi. »

Mes yeux étaient restés vissés au spectacle et je me surpris à chercher des traces de Genjutsu dans celui-ci, comme venait de l’avancer le Naïbu… En tout cas, l’effet y était ! Bien que familière de l’art des Uchiha en matière d’illusion je ne voyais rien ici qui réussisse à me mettre la puce à l’oreille.
J’attendis donc que le spectacle touche à sa fin et que la foule commence à se disperser pour reprendre la parole :

« — Comment as-tu su pour le Genjustu dans ce spectacle ? Moi, je n’y ai vu que du feu ! »

J’avais lancé ma remarque sur un ton léger tout en essayant de ne pas trop fixer Fubuki. La couleur particulière de ses yeux me chamboulait même lorsque je mettais un point d’honneur à fixer autre chose… Et ne parlons pas de ses cheveux ! Était-ce seulement normal d’avoir des cheveux aussi blancs à son âge ? Et quel âge avait-il au juste ?
Mes pupilles retournèrent le dévisager malgré moi. Il était forcément jeune. C’était flagrant… Mais à quel point ? Plus jeune que moi ? Je fronçais les sourcils tout en me levant à mon tour en suivant un mouvement de foule. Le bâtonnet de ma pomme d’amour presque complètement nettoyé des résidus de pomme et de sucre. Je fronçais les sourcils en réfléchissant à la question pendant que j’allais jeter mes détritus dans une poubelle publique, installée non loin en périphérie de la place.
Me retournant, je fis signe à Fubuki de me rejoindre.

« — Tu m’as semblé très réceptif au spectacle… Descendrais-tu d’une famille de saltimbanques par hasard ? »

Tentais-je en pouffant devant l’incongruité de mon hypothèse. A en juger la belle qualité de ses vêtements – doublé de son attitude presque maniérée par moment – je doutais fort que cela soit possible.
Avec un sourire je me penchais vers lui pour lui asséner un petit coup d’épaule en bonne camaraderie. In extremis, j’en profitais aussi pour plonger une main dans son sac et pour en sortir quelques Kiriame similaires à ceux que Fubuki avait mangé un peu plus tôt. J’en portais un à ma bouche et le goût fruité de la sucrerie me ravit presque aussitôt les papilles. Alors seulement, je laissais échapper une exclamation ravie avant d’étendre mes doigts, pour permettre à Fubuki de piocher dans les friandises que je tenais encore. De l’index, j’en poussais une en forme de petit dragon bleu et blanc dans sa direction.

« — Celui-ci te ressemble beaucoup je trouve… Bien qu’il lui manque le vert pétillant de tes yeux. »

Je ne savais trop sur quel souvenir ou détail je me reposais pour avancer cela… Une intuition, sans doute. J’osais un regard vers l’Uzujin avant de les détourner aussitôt vers la foule qui continuait son bonhomme de chemin entre les étals des marchands.

« — Si on veut avoir un bon perchoir pour admirer le feu d’artifice, je pense qu’il vaut mieux privilégier les lieux moins prisés ! Et ça tombe bien, je crois connaître l’endroit parfait pour ça… »

J’accélérais le pas jusqu’à nous extirper de la marée humaine. Puis je commençais à dévaler quelques marches irrégulièrement taillées dans la pierre et qui menaient à un petit promontoire niché à flanc de montagne. Peut-être que si nous réussissions à nous enfoncer un peu plus loin en longeant le sentier, nous parviendrons à trouver une pépite d’où profiter du spectacle en toute tranquillité !

« — Attention où tu mets les pieds. »

Lançais-je dans mon dos, tout en faisant bien attention à lever suffisamment les jambes pour ne pas buter dans les racines des végétaux qui striaient le sol fait de terre.

« — Pourquoi t’es-tu imaginé que j’étais familière au Genjutsu ? »

Avant que Fubuki puisse répliquer une lueur de lucidité s’imposa à moi :

« — Ah, je sais ! Mes yeux ? »

Je lui jetais un regard par-dessus mon épaule pour vérifier si j’avais vu juste.

« — Et bien désolée de te décevoir…mais nous autre Hyuga trempons plutôt dans des techniques au corps à corps, pas dans la création d’illusions… »

Pour illustrer mon propos je marquais un arrêt abrupt et, lorsque je cru sentir l’épaule de Fubuki heurter la mienne, je fis volteface. Malgré la fatigue accumulée durant mes matchs, il me restait encore assez de chakra pour espérer raviver mon don héréditaire. Au prix d’une douleur oculaire dérangeante mais supportable, j’activais le byakugan. Aussitôt, mon index et mon majeur rassemblés allèrent taper le bras de l’Uzujin. A un point stratégique, dans son flux de chakra – mais aussi à un point que je savais d’expérience comme peu douloureux. La seconde qui suivit je désactivais mon byakugan et levait vivement les mains en l’air en signe de réédition.

« — Rien de plus que du bon vieux chakra insufflé dans ton corps, pour perturber ton chakra à toi… Je te l’ai dit, je ne peux pas me vanter d’aussi féériques illusions que les artistes que l’on vient d’observer... J’espère ne pas t’avoir fait mal. »

J’esquissais une moue compatissante pour appuyer ma dernière exclamation.

« — … C’est juste que je me suis dit…qu’un exemple vaudrait mille explications. La gêne devrait vite se dissiper, excuses-moi. »

J’attendis de jauger sa réaction avant de me remettre en marche. S’il se braquait et décidait de rebrousser chemin, je voulais être prête à le rattraper si besoin.
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Naïbu Fubuki
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Les sujets de conversation s’entremêlèrent et s’enchaînèrent… Nous marchions en direction d’un emplacement pour le feu d’artifice. De sentiers en sentiers ; la jeune Hyûga menait habilement nos pas. Un temps de silence durant notre ascension, qui me laissa le temps de me remémorer les derniers instants. J’avais bien du mal à la saisir… D’abord, visiblement gênée par ma question sur son orientation religieuse. Elle m’avait finalement questionné avec enthousiasme quant aux fêtes du Renouveau.

"C’est… une fête religieuse, non d’Uzushio, mais des contrées du nord. Une série de rites durant lesquelles nous remercions les dieux pour l’avènement des beaux jours. Mhhh… En gros, les gens se réunissent et partagent tous ensemble leurs réserves de nourriture. Un grand banquet, très festif… J’adorais y assister quand j’étais plus jeune."

J’avais alors répondu avec une certaine nonchalance, je n’étais pas là pour dispenser un cours d’histoire religieuse ! Je cherchais des réponses, pas de nouvelles questions. J’ignorais si cela était le résultat de mes interrogations ou de mes éclaircicements… Mais alors qu’à première vue, la jeune fille avait été plus à l’aise que moi dans notre début de rencontre. J’avais assisté à son renfermement progressif. Elle restait plutôt interdite et finalement, je remarquai que tout comme moi pour elle, elle prenait pour habitude de ne pas soutenir mon regard.

Mentalement, j’écartai le souvenir troublant de nos mains s’effleurant. Alors que nous coupions à travers une forêt. Elle avait un peu plus tôt écarté une autre de mes pistes. Encore Genin, tout comme moi. Il n’y avait aucune chance que nous nous soyons croisés durant l’examen chunin… Pudique, elle avait écarté mes compliments. Ce contentant de tenir mon bras quelques secondes en arborant un large sourire. Peut-être était-ce une sorte de rite konohajin qui pouvait remplacer mille mots ? Mais la signification du geste m’échappa complètement. Je me contentai donc de hausser des sourcils interrogateurs, alors que mon corps s’emballait en tous sens, en réponse du brutal rapprochement physique.

D’une main, je retins une branche qui risquait de balayer mon visage. Nous approchions sans doute de notre objectif… Le terrain se faisait de plus en plus accidenter et si je n’en laissais rien paraitre, je dois reconnaitre qu’avancer dans la nuit noire d’un sous-bois, ne me rassurai nullement. Au moins, cela justifia sans doute mon mutisme relatif, tout concentré à l’analyse de notre terrain. Visuellement isolé, il m’était plus simple de raviver mes souvenirs. J’étais complètement à court de piste… Je déglutis en me faisant revenir en mémoire, cette si longue attente, alors que j’avais tendu vers elle une pomme d’amour. Peut-être n’avait-elle simplement pas remarqué mon geste ? Plus tard, elle répondit par la négative à mes interrogations quant à un potentiel Genjutsu… D’un autre côté. Si elle usait réellement de pareilles techniques, ne m’aurait-elle pas de toute manière menti sur la question ? Pourtant, sa réponse innocente me parut véritable. De plus, elle n’était pas parvenue à déceler les illusions usées par les festivaliers et s’étonnait même que j’en fusse capable. Cette dernière remarque fit germer en moi une nouvelle idée. Si finalement, elle disait bel et bien la vérité. Peut-être qu’elle craignait alors, elle-même que je sois capable de la manipuler ? Je m’étais tellement focaliser sur mes propres craintes que j’en oubliais que je n’avais devant moi qu’une jeune fille… Grattant à nouveau l’arrière de mon crâne, j’avais essayé de me montrer rassurant.

"J’étais dans les rues lorsqu’ils sont arrivés sur l’île. D’un seul coup, toute la ville s’était transformée ! Je ne suis pas expert dans les illusions… Mais là c’était trop gros pour m’échapper."

S’ensuivit un léger moment de… flottement. Ses yeux me scrutèrent alors que je m’appliquai à plaquer une mimique sympathique sur mon visage.  Je la vis analyser chacun de mes traits. Mes yeux, ma bouche, mes cheveux… De mon côté, j’avais fini par baisser mon regard sur le sac de friandises avant de me lever et m’étirer. Elle devait sans doute chercher à s’assurer que je ne mentais pas… Mais son inspection minutieuse me mettait tout de même mal à l’aise. Comment faisait-elle pour rendre aussi perçant son regard sans pupilles ? J’avais l’impression d’être… Mis à nue. Qu’elle pouvait percevoir chaque battement de mon cœur et chacune de mes pensées. Reprenant finalement courage, je m’étais tourné vers elle, mais ne découvrit à sa place, qu’un banc vide. Elle avait tout bonnement disparu !

Un courant d’adrénaline me parcourut entièrement et je me balançai en tous sens à sa recherche. Mes questions l’avaient ennuyé à ce point ?! Elle avait préféré me fausser compagnie ? Pourquoi cette réalité m’attristait autant ? Pire, pourquoi je fus si heureux de la retrouver ? Remuant la main vers ma direction… elle m’invitait à la rejoindre. Avait-elle changé d’avis en cours de fuite ? Me rendant à sa suite, elle m’accueillit en… m’insultant ? Chance pour elle, j’étais bien trop perturbé pour relever la pique et me contentai de répondre sérieusement à son interrogation.

"Une famille de saltimbanques ? Non… Ma famille est issue d’une longue lignée de shinobis. Mais j’ai toujours adoré le monde du spectacle. L’idée d’utiliser ses compétences au service de l’art… C’est un peu comme nous avec notre glace ahah."

Pour toute réponse à mon intervention sans doute bien trop formelle. Elle s’était contentée de m’assener un coup d’épaule… Provoquant un nouveau trouble chez moi. Elle semblait constamment osciller entre gène et familiarité. Un instant elle ne pouvait affronter mon regard et juste après…  De manière encore plus incompréhensible, elle avait tendu vers moi une poignée de confiseries. Me comparant même à l’un de ses Kiriame. En forme de dragon bleu et blanc, il me rappela aussitôt la technique de mon père… Comment avait-elle pu le deviner ? Puis surtout… ELLE VENAIT DE DIRE QUOI SUR MES YEUX ?

Manquant de me ramasser sur une liane trainant dans la pénombre, je remerciai silencieusement la nuit noire de protéger de son regard laiteux mes joues empourprées… Une chance que ma maladresse m’ait tiré de mes rêveries. Puisqu’elle relança justement la conversation à cet instant. Je me trouvais un peu honteux lorsqu’elle comprit la raison de mon doute. En effet, ses yeux était bien la cause de mon questionnement. Un peu piteux, je tentai de rattraper l’affaire, après tout, il ne devait pas être commode d’arborer une différence si… marquée. Peut-être avait-elle un certain complexe vis-à-vis de cela ?

"Euh… Oui. C’est difficile de ne pas les remarquer !" Je venais d’empirer les choses-là non ? Balbutiant, je continuai. "On dirait deux opales blanche… l’une de mes pierre préférée…"

Je pensais avoir bien rattrapé le coup… Pourtant, la jeune fille se figea et je manquai de lui rentrer dedans. Elle fit volteface et alors que je m’excusais timidement, elle planta ses doigts au niveau de mon épaule. Une douleur sourde envahie le point d’impact. Interloqué, je restai un instant sans réagir. Avait-elle juste cherché à me piéger ? Me mener ici, dans cet endroit reculé, pour m’attaquer en traitre ? L’idée m’avait traversé aussi vite qu’elle s’était finalement éloignée, en constatant que la Hyûga avait levé ses mains en signe de paix. Elle voulait simplement me montrer les capacités de son clan ? Une technique qui entrainait des perturbations du chakra. Comme pour vérifier ses dires, je malaxai mon hyoton… Mon bras touché se couvrit tout juste de givre.

"C’est… désagréable…"

Soucieux d’expérimenter cette sensation étrange, je composai quelques rapides mudras pour faire apparaitre une épée de glace entre mes mains. Je sentis la perturbation, mais réussi tout de même à la cristalliser. Si elle multipliait des attaques du genre, je me serais retrouvé incapable de manier mon chakra… Une technique redoutable. Cependant, quelque chose m’échappait, curieux j’interrogeai donc l’adepte du taijutsu.

"Je ne comprends pas vraiment le rapport avec tes yeux… À moins que ça ne soit qu’esthétique ?"

L’idée que cette anomalie génétique soit le résultat d’un croisement à but esthétique, ne me parut pas impensable. Passé un premier instant un peu… perturbant. Les deux billes blanches m’apparaissaient maintenant comme… apaisantes ? Son regard semblait toujours si… calme. Perçant et pourtant sans jugement. Mon épée toujours en main, j’avais poussé un peu plus avant mon interrogatoire.

"Je ne savais pas que tu étais spécialiste du Taijutsu… Avec ton katana." De la tête, j’avais désigné l’arme qui pendait à sa ceinture. Tout en plantant mon épée propre dans le sol. Je comptais la laisser là, elle finirait bien par fondre.

Reprenant notre route, nous finnisâmes enfin par atteindre le lieu-dit.  Perçant tout juste l’épaisse forêt, une fine lande de terre, terminant en un précipice, offrait un parfait cadre pour contempler l’étendue marine. Nous nous installâmes entre deux épais buissons, à même l’herbe d’un vert profond. Ainsi préposaient, côte-à-côte, isolé du monde et nos regards perdus vers les étoiles… L’atmosphère devint… différente. Tout était si bizarre ! Les seuls bruits nous entourant étaient les discrètes interventions d’oiseaux et autres animaux nocturne qui chassaient sans doute derrière nous. J’en arrivais même à percevoir la respiration de ma partenaire, se traduisant en des expirations régulières. Inconsciemment, j’accordai mon rythme au siens, faisant relever nos poitrines à l’unisson. Un peu gêné, je m’appliquai encore et toujours à éviter son regard. Je ne voulais pas ENCORE perdre mes moyens ! Au summum de ma bravoure, j’esquissai de furtif coup d’œil sur l’ensemble de son corps. Elle était si proche… Je pouvais presque sentir son épaule contre la mienne. M’emparant du sac qui gisait à ma droite, je l’ouvris de sorte à disposer devant nous, les différentes gourmandises. Jetant mon dévolu sur un wasanbon violet pâle en forme de fleur, je l’examinai quelques secondes tout en souriant. La couleur irait parfaitement dans sa chevelure, rappelant sa mèche colorée. Croquant un petit morceau, j’attendis d’avoir débarrassé ma bouche du sucre, avant de relancer la conversation. Une interrogation inoffensive, du moins l’espérais-je.

"Je me demandais… Pardon si la question te semble étrange. Est-ce que ta mèche à une signification particulière ?" J’avais en définitive totalement écarté le vouvoiement, mais celle-ci ne sembla pas s’en offusquer pour autant. Écoutant religieusement, je concentrai mon attention sur la mastication de mon bonbon. Le fond de l’air était un peu frais et les embruns marins venaient déposer sur mon visage une fine couche de sel. L’instant était aussi magique, qu’étrange. Pourquoi tout devait être si bizarre ? Ce n’était pas la première fois que je me retrouvais seul avec une personne du sexe opposé après tout… Bon si, mais pour autant, je suis persuadé que je n’aurais pas réagis comme ça avec une autre ! Finalement, je voulus prendre les choses en main. Il fallait en finir avec cette atmosphère !

Je me redressai, posant mes fesses sur mes talons, les genoux vers la mystérieuse jeune fille. M’apprêtant à intervenir, les mots se bloquèrent dans ma gorge… L’incongruité de la situation m’apparu alors complètement. Sans pouvoir me retenir, je me mis à rire franchement. Osant lever les yeux, j’affrontai autant son regard que son visage angélique.

"Bon… C’est trop bizarre ! Tu veux bien qu’on recommence du début ?" Tendant une main vers elle, je me présentais de nouveau. "Je suis Naïbu Fubuki, génin d’Uzushio. J’ai bientôt 13 ans et je suis venu pour assister aux festivités avec mon village." Je souriais, soulagé de me délaisser du poids qui pesait si lourdement sur ma poitrine. "Si je t’ai arrêté tout à l’heure, c’est parce qu’après t’avoir vu combattre dans l’arène. J’étais persuadé de déjà te connaître… Je commence à réaliser que ce n’est sans doute pas le cas. Mais bon… ce n’est pas bien grave. Je suis content de t’avoir abordé et j’espère que nous pourrons être amis."

Mon honnêteté allait-elle payer ? J’avais laissé découler en flot continu mes paroles, la main toujours tendue vers elle. Intérieurement, je priais pour qu’elle se détendit à son tour.
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[ Avril de l'an 17 ] ( thème musical )

« — C’est… désagréable… »

J’abaissais mes bras en prenant conscience que Fubuki ne s’était pas du tout braqué contre moi, malgré mon attaque inopinée. Il commença à dessiner une suite de mudras qui m’étaient aussi familiers qu’inconnus… C’était comme si j’avais déjà eu l’occasion de les voir dessinés dans cet ordre précis… Mais que cela relevait d’un souvenir si lointain, enterré au fond de ma mémoire, que je n’aurais guère pu m’en rappeler sans les revoir à nouveau. Une impression de déjà-vu en quelque sorte.
Une seconde, j’eus peur que Fubuki cherche à me retourner l’appareil en m’attaquant à son tour, mais il n’en fut rien. Au lieu de cela, une sorte d’épée longue et faite de glace se matérialisa entre ses doigts. Dans la pénombre nocturne, j’avais presque l’impression que le givre présent sur l’arme reflétait les doux rayons de la lune, qui venait de poindre dans le ciel. Tout au long de la démonstration de l’Uzujin, cette vague impression de déjà-vu ne m’avait pas quitté. C’était aussi dérangeant que pouvait l’être un mot oublié, dont on connaissait pourtant le sens sans en connaitre le terme exact… C’était tout bonnement déroutant. Frustrant.

Ensuite, Fubuki me questionna à propos de mes yeux et je tournais vivement la tête de gauche à droite pour lui faire comprendre son erreur.

« — Non, non… En gros, mes yeux me permettent de voir des choses que les tiens ne pourront sans doute jamais discerner… Comme les flux de chakras par exemple. C’est ce qui me permet de viser juste pour obstruer les canaux de ton chakra. »

La question qui suivit me pris un peu au dépourvu cette fois. Et il me fallut un instant de réflexion avant de me rappeler que Fubuki avait vu mon combat précédant contre le Sunajin.

« — Je suis encore novice quand il s’agit des arts de mon clan… Le kenjutsu est de loin ma marque de fabrique. Ma signature personnelle si tu préfères. Nous sommes très peu à recourir à cet art dans ma famille. »

Me confier à lui de la sorte ne me faisait pas peur. Car je ne doutais pas un seul instant qu’il puisse utiliser ces informations contre moi. C’était déroutant et en même temps cette confiance, que je semblais si prompte à lui offrir, m’aidait à me sentir à l’aise. Tout à coup, il eut un geste un peu sec et la pointe de son épée de glace alla se ficher dans le sol. Nous reprîmes notre route.

« — Quant à toi, tu sembles faire des prouesses avec ta manipulation de la glace… Là encore une histoire de don héréditaire, ou je me trompe ? »

Tentais-je à mon tour en me prenant au jeu des questions-réponses. Après un petit moment de marche nos pieds nous menèrent jusqu’à un petit coin d’herbe en surplomb et coincé entre deux fourrés. Nous décidâmes de nous arrêter là. Je pris aussitôt mes aises en m’asseyant à même le sol, de sorte de laisser suffisamment d’espace à ma droite pour que Fubuki puisse en faire de même. En plus des bruissements de la végétation et de la faune locale j’étais persuadée que le ressac des vagues nous revenait étouffé. Mais la cohue du festival, quant à elle, nous avait bel et bien quitté. Le lieu était d’un tel apaisement que je mis un point d’honneur à tout scruter dans les moindres détails. J’espérais vivement pouvoir en garder un souvenir tenace et concret. De ma rencontre fortuite avec cet étonnant Uzujin par la même occasion.
J’attendis que le garçon, nouvellement installé à côté de moi, reprenne la parole car je n’osais pas franchement briser le silence de mon propre chef. D’autant plus que notre promiscuité ravivait en moi des tendances timides, dont je pensais pourtant m’être débarrassée au fil de cette soirée.

« — Non pas du tout ! Pour le coup, c’est purement esthétique. »

Lui répondis-je tout sourire, lorsqu’il me questionna à propos de ma couleur de cheveux.

« — Et je pourrais en dire autant pour tes cheveux à toi ! Violet encore… Mais blanc ?! »

Fubuki continuait à picorer ses sucreries et bien que l’envie de lui en chiper une ou deux – surtout pour l’embêter que par réelle gourmandise – me traversa, je m’en abstins rigoureusement. Au lieu de quoi je finis par tourner mon visage vers l’infinité aqueuse sur laquelle se reflétait les silhouettes des astres nocturnes.
Un frisson me parcourra subitement l’échine, à cause de la fraicheur de la brise marine, aussi je ramenais mes jambes contre ma poitrine pour essayer de me réchauffer un peu. Mes yeux toujours perdus vers le large, je posais mon menton par-dessus mes genoux en soupirant doucement d’aise. J’étais si bien ici, à cet instant et en sa compagnie, que j’aurais aimé que le temps s’arrête. Ne serait-ce que pour nous offrir un infime sursit supplémentaire.
Mais brusquement l’Uzujin se mit à remuer à côté de moi et m’arracha à mes pensées. Soucieuse, je le fixais tandis qu’il modifiait sa position. Comptait-il me fausser compagnie ? Peut-être qu’il ne se plaisait pas autant que moi, ici, et qu’il lui tardait de retourner aux festivités ? J’entrouvris la bouche pour le questionner lorsque Fubuki partit dans un grand rire franc. J’étais à deux doigts de froncer les sourcils mais lorsque ses yeux verts retournèrent se perdre dans les miens, notre promiscuité me sauta à nouveau au visage et je ne pu que rougir sans rien réussir à faire d’autre.

« — Bon… C’est trop bizarre ! Tu veux bien qu’on recommence du début ? »

Mes yeux s’écarquillèrent sous la surprise. Il tendit vers moi une paume ouverte que je me mis à scruter, indécise. Il se présenta à nouveau. Mais cette fois avec décontraction et avec toute la politesse que l’étiquette aurait exigée. A nouveau, je me sentais subitement penaude, comme prise au dépourvue. Qu’attendait-il de moi ? Ne voulant plus me résumer qu’à ça, je finis par relâcher mes jambes pour pouvoir me redresser un peu. Ainsi hissé en équilibre sur ses talons, le garçon me dépassait méchamment de quelques centimètres et je n’aimais pas tellement ça… Si d’ordinaire j’étais plutôt du genre à trouver qu’un homme grand semblait tout de suite plus rassurant ; ici, j’avais surtout l’impression d’être humiliée par mère-nature… N’était-il donc pas censé être mon cadet de presque deux ans ???
Malgré tout, je finis par tendre la main vers la sienne. Mes doigts, hésitants, glissèrent contre les siens tandis que je déposais ma paume sur la sienne. Sa peau était douce et chaude, ce qui me marqua d’autant plus que, moi, j’étais plutôt du genre à avoir les extrémités gelées à pareille heure de la nuit. Mais il n’y avait pas seulement ça, non. Ses doigts, long et fins, semblaient si délicats qu’on aurait pu croire à de la porcelaine… Était-ce un musicien, pour prendre autant soin de ses mains ? Mon regard remonta chercher le sien tandis qu’il continuait à m’exprimer le fond de sa pensée. Je fis un effort pour lui sourire en retour, tandis que de mes doigts, j’allaient taquiner la naissance de son poignet.

« — Merci pour ton honnêteté, Naïbu Fubuki, descendant de l’illustre famille de shinobis du même nom. »

Répliquais-je avec une pointe d’amusement dans la voix pour le taquiner.

« — Mais tu sais…dès lors que tu as accepté de m’accompagner ce soir…je te considérais déjà comme tel. »

Comme un ami, vraiment ?

Je me mordis la langue pour m’empêcher de dire une bêtise. J’inspirais un grand coup avant de poursuivre en me prêtant à son jeu :

« — Enchantée Fubuki. Moi c’est Hyuga Chōko, descendante de la seconde branche du clan Hyuga. J’ai quatorze-ans et sur les conseils avisés de mon chef d’équipe, je me suis rendue au tournoi pour y participer et pouvoir comparer mon niveau à ceux des autres concurrents… Maintenant, je sais que j’ai encore beaucoup de choses à améliorer, mais ce n’est pas plus mal en définitive… »

Mon sourire se figea quelque peu tandis que j’affichais une mine contrite. Puis mes traits se détendirent à nouveau car ce que je lui avouais ensuite n’était qu’honnêteté :

« — Je suis heureuse de pouvoir te compter parmi mes amis, Fubuki. »

Ajoutais-je à mi-voix, comme si cela serait suffisant pour clarifier notre situation dans ma tête. En soupirant, je laissais glisser mes doigts jusqu’à ce qu’ils quittent ceux de mon vis-à-vis. Puis j’étendis les jambes devant moi en prenant appuis de mes deux mains derrière mon buste.

« — Le feu d’artifice commence à se faire désirer…j’espère qu’on ne s’est pas trompé de côté. »

Murmurais-je pour briser le silence. J’aurais bien aimé avoir mon haori pour pouvoir l’installer dans l’herbe sans risquer de ramener toute la flore locale avec moi à l’auberge. Mais en désespoir de cause, je finis par m’allonger sans plus faire d’histoires. Je dégrafais la pince en forme de papillon qui retenait mes cheveux, pour éviter qu’elle ne me fasse mal. Mes mèches violacées voletèrent autour de mon visage en diffusant leur douce flagrance qui rappelait la lavande et d’autre fleurs que moi-même je n’étais pas certaine de connaître... Je pouvais remercier les secrets de beauté de ma mère pour ça, songeais-je tandis que mes yeux se perdaient dans la contemplation du ciel étoilé.

« — Ton aînée donc. »

Chuchotais-je pour attirer l’attention de Fubuki à nouveau.

« — Dis, tu pourrais me refaire ton petit tour de passe-passe ? Sans épée cette fois, mais… serais-tu capable d’animer quelque chose ? Des papillons pourquoi pas ? »

L’idée m’était venue grâce à la forme un peu spéciale de ma barrette. J’espérais aussi pouvoir juger les capacités de Fubuki. Bien que je doutais fort que ce que je venais de lui demander soit aussi simple que cela à mettre en place.
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Naïbu Fubuki
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Finalement, la Hyuga éclaira ma lanterne, d’après ses dires, ses yeux seraient comme de super lunettes qui pouvaient voir à travers la peau. Est-ce qu’elle me voyait tout nu ?! L’idée m’effleura et me fis monter bien vite le rouge aux joues. Je réussis presque à garder la face en réfléchissant plus sérieusement à sa révélation.  Son truc avait l’air redoutable, elle observait les canaux de chakras et les obstruaient ? Ma première idée avait donc été bonne ! Si elle multipliait les attaques du genre, je me serais retrouvé sans défense… Jusqu’ici, je n’avais jamais envisagé que l’on puisse m’empêcher de manipuler mon jutsu… Je n’étais clairement pas un adepte du corps à corps, que ce soit avec mes poings ou même une arme... Il y avait bien mon épée de glace, mais à bien y réfléchir, même pour elle mon chakra était nécessaire… puis j’étais un sabreur plutôt moyen.

Un coup d’œil sur son katana puis sur ma propre épée, m’avait poussé à l’interroger sur ses compétences. Une fois de plus, la révélation me fit l’effet d’un choc.  Ce n’était même pas sa spécialité ? Elle était capable de littéralement rendre inefficace n’importe quel ninja ET EN PLUS, elle les tranchait derrière ? Mes sourcils se levèrent, j’accusai clairement le coup. Fortiche… Plus que moi sans aucun doute… Qui aurait pu le deviner ?! Calme, souriante…  Impertinente certes, mais ce n’était clairement pas un modèle d’égo. Elle était parfaitement humble et considérait qu’elle avait encore du chemin à parcourir. Je dois bien reconnaitre que je trouvais ça très honorable. Ouais, c’était noble comme réaction. Le genre d’attitude que j’avais moi-même au village ! Peut-être bien qu’elle ne manquait pas tant d’éducation finalement…

En retour de mes questionnements, elle m’interrogea à son tour sur ma capacité à manipuler la glace. Un petit frisson me parcouru l’échine et l’instant de quelques secondes, je me demandai bêtement comment elle pouvait le savoir ?! Peut-être que ses super yeux lui permettaient de déceler ce genre de caractéristique ? J’allais donc pour m’indigner quand je me souvins de l’épée que j’avais formé devant ses yeux ! J’étais complétement à l’ouest ! Pour autant, je restai effrontément engoncé dans mon mutisme. Est-ce que j’avais vraiment le droit de parler de truc comme ça avec quelqu’un qui n’était pas de mon village ? Mon père répétait régulièrement que notre don était à double tranchant. Il attisait les convoitises et quand j’avais dû quitter le village pour une mission, il m’avait arraché une promesse : Ne jamais me laisser prendre vivant. Toujours incapable de trancher, j’avais finalement formulé une réponse vague.

"Ouais, un truc du genre."

Je me doutais bien que ma réponse allait lui paraitre insuffisante, mais j’espérais secrètement, qu’étant donné qu’elle était elle-même une kunoichi. Elle comprendrait ma prudence sans s’en offusquer. Enfin… Finalement nous étions arrivés dans notre petit coin de paradis. Je ne sais même plus pourquoi je m’étais risqué à la questionner sur ses cheveux !  Fallait dire que cette couleur était plutôt étrange… Entre ça et son apprentissage du kenjutsu qui semblait être à contrecourant de son clan. Je commençais à la percevoir comme une rebelle de sa société. D’autant que j’avais visé juste ! C’était une couleur ! Aussi jeune ?! Ses parents devaient être drôlement relax… Surpris par la suite de sa réponse, je m’étais saisi d’une de mes mèches que je zieutai en levant mon naïvement regard. Le plus innocemment du monde, j’avais laissé la vérité s’écouler.

"Ah ? Ce n’est pas une couleur, toute ma famille possède les cheveux argentés dès la naissance… À part ma mère bien sûr. Ses cheveux sont un peu comme les tiens... Brun. D’après elle ça serait en rapport avec notre chakra, mais en vrai, j’en ai aucune idée…"

Après quoi, la conversation connu un moment de blanc. J’étais particulièrement mal à l’aise ! Persuadé que les battements de mon cœur s’entendaient à des kilomètres à la ronde alors que nos épaules s’effleuraient… J’avais pris mon courage à deux mains pour recommencer tout depuis le début ! Dans de meilleures conditions cette fois ! Après tout, elle était plutôt cool comme fille, malgré son manque cruel de tact. Dans un sourire, elle accepta ma main tendue et nos paumes se refermèrent l’une sur l’autre. Je ne sais même plus ce que j’avais pus ressentir à ce moment-là. J’étais comme absorbé par son visage souriant. Je vous jure ! Tout le paysage avait disparu en un instant, c’était super bizarre… En plus, dans le creux de ma main, je ressentais cette même sensation de réconfort que m’apportait généralement mon hyôton… La fraicheur, la douceur lisse de la glace, seul un détail manquait : l’humidité…

Elle se présenta à son tour. Héritière d’une branche mineure de son clan. C’était plutôt étonnant qu’elle le précisât ainsi, les Uzumaki possédaient des dizaines et des dizaines de branche différentes mais ils se présentaient tous de la même manière. Sans doute une coutume étrangère à notre île… Qu’importait, heureux devant cette poignée de main qui concluait une fraîche amitié, je me reposai sur mon postérieur en laissant mes jambes trainer négligemment devant moi, singeant un peu la posture de ma camarade. Je me sentais bien plus détendu ! Comme si je venais de reprendre le contrôle de cette situation si incongrue.

"Éhéh de même, Choko."

Les noms ont un pouvoir, ma mère me le répétait souvent. Dans chaque prénom se cache une partie de l’âme de la personne et le confier à quelqu’un est une preuve absolue de bienfaisance. Donner son identité, c’est comme donner une partie de soi-même à quelqu’un. Comme lui dire : "Vas-y, tu as le contrôle, utilise mon nom". Je n’avais encore jamais réalisé l’importance d’un échange d’identité… Tant que ce n’était pas officiel, la personne restait étrangère. Un visage sans nom qui flotterait indépendamment et que l’on finit par oublier. Maintenant, elle avait un nom… Elle devenait réelle… Les yeux perdus dans le vague, je pouffai de mes propres réflexions en laissant mon corps retomber à plat sur le sol. Ouais… Elle était réelle. C’était Hyuga Choko, jeune konohajin de 14 ans (Oups, elle avait deux ans de plus que moi ?!). Faisant rouler ma tête pour la contempler, j’écoutai attentivement chacune de ses interventions. À l’aise, je me surpris même à la taquiner.

"Comment ça "on" ? Je t’avais proposé de te montrer un coin, tu m’as sciemment ignoré d’ailleurs et à la place, tu m’as trainé jusqu’ici ! Je t’ai fait confiance, donc j’espère bien que nous as pas juste perdu dans la forêt !"

Avec un regard moqueur, je ricanai bêtement en faisant rentrer ma tête dans mon cou. Tout me paraissait plus simple maintenant. Comme si nous étions venus à bout d’un mur gigantesque mur et que nous nous découvrions enfin. Retrouvant un peu mon sérieux alors que je croisai de nouveau son regard laiteux, j’avais continué plus calmement.

"Puis dans le pire des cas… ce n’est pas si grave… On est plutôt bien ici tu ne trouves pas ?"

Comme pour imager ma désinvolture, j’avais alors relevé les bras pour placer mes deux mains derrière mon crane. Non pas que le contact de l’herbe avait été désagréable, mais je ne savais pas trop ce qui pouvait trainer là-dedans et j’avais aucune envie de finir avec une colonie de fourmis dans ma chevelure. Peut-être Choko avait-elle d’ailleurs eu la même idée, puisqu’elle en profita pour relâcher ses cheveux en décrochant sa barrette en forme de papillon. Ses mèches étaient plus longues que je ne l’avais imaginé et le clair de lune offrait à sa coiffure des reflets se mariant parfaitement à cette forêt entrelacée de fils sombre. Dans la quasi-obscurité ambiante, seule sa mèche violette restait en réalité parfaitement distinguable. Ses mouvements délicats accompagnèrent le flottement d’une fragrance d’été. Je n’aurais su dire qu’elle plante ou fruit était à l’origine de son parfum.  Une odeur agréable en tout cas. Bien qu’un peu prenante pour mon odorat délicat.

Je l’épiai sans vergogne alors que son regard se perdait intensément dans les étoiles. À quoi pouvait-elle bien penser ? Finalement, on était resté quelques secondes comme ça, dans le silence. Un frisson sembla la parcourir et je réalisai alors qu’elle tremblait légèrement. Le fond de l’air marin était sans doute un peu frais et elle n’avait sans pas la chance d’avoir grandi dans des montagnes enneigées. Konoha se composait plutôt de forêts luxuriantes et de quelques collines non ? En bon Naïbu bien élevé, j’avais commencé à retirer mon par-dessus quand elle murmura une réflexion sur notre écart d’âge.

Elle semblait aussi surprise de moi de ce fait. Il fallait dire que son visage de poupée laissait difficilement envisager qu’elle pût être plus âgée que moi. Parvenant avec force reprise à détacher ma ceinture, je m’affairai à retirer le tissu quand elle enchaina sur un tout autre sujet. M’empêchant au passage, d’y faire la moindre réflexion. J’étais peut-être plus jeune, mais je restais très mature pour mon âge ! J’étais clairement plus un enfant ! Toujours était-il quelle me lança une sorte de défie... Elle voulait que je forme des papillons de glace et le tout animé ? La majorité de mes compétences se résumaient à sculpter un objet inerte que je projetais sur l’adversaire. Animer de la glace était un art bien plus complexe… Complexe, mais pas impossible. Souriant crânement, je tendis vers elle mon vêtement – que j’étais bien décidé à lui céder qu’elle le veuille ou non - tout en lui répondant.

"J’ai peut-être bien quelque chose…" Tout de même un peu piqué dans mon orgueil, j’avais ajouté. "Mais d’abord il faudra que tu t’excuse ! Un tour de passe-passe ? C’est un art millénaire ! Mes ancêtres seraient attristés que je te laisse dire quelque chose comme ça." Ne pouvant me retenir de rire - ce qui avait sans doute dû atténuer tout le sérieux de mon intervention - je me levai pour toiser l’impolie de toute ma hauteur.  Avec un dernier pouffement, je me tournis vers le gouffre qui s’offrait devant nous. Composant quelques mudras signé Naïbu, je sculptai puis relâchai une série de petit volatiles congelés. À l’origine, les objets volants devaient représenter des hirondelles… Usant de tout mon sens artistique, j’avais essayé au mieux, de modifier leur forme : Des ailes plus arrondies et leurs queues jointes en un bâton unique. Le résultat n’était pas si mal ! Bon… Pas sûr qu’en plein jour ça puisse faire réellement illusion, mais pour l’heure, ça devait convenir parfaitement.

Laissant mes créations tournoyer librement dans le ciel, je tournai la tête pour observer la réaction de la belle. Soudain son visage s’éclaira d’une vive lueur rouge, non pas que ses joues s’empourprèrent ! Enfin, pas plus que d’habitude. La puissance sonore fit trembler mes tympans et j’avais vite cherché du regard le coupable de pareil vacarme. Dans la nuit étoilée, les crépitements d’un feu d’artifice vinrent illuminer de milles couleurs les papillons improvisés… Les yeux pétillants et le regard braqué sur le spectacle, je me laissai retomber sur les genoux à côté de ma camarade tout en poussant quelques exclamations fascinée.

"C’est magnifique"

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