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Alliées du crépuscule - PV Yuriko

Kamiko Raion
Kamiko Raion
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Kamiko Raion


 
Alliées du crépuscule
Feat Yuriko-chwan ~

 
A la faveur du crépuscule, une silhouette féminine, chargée d’un panier, gravissait les marches menant au nouveau domaine du village caché des feuilles. Le son de ses talons résonnait doucement pour annoncer son arrivée, parfois entrecoupé par de long silence dédié à la contemplation de ce qui était appelé à devenir un sujet de discorde dans les réunions du conseil à venir. Juste assez à l’écart de la civilisation pour pouvoir disposer d’une paix relative, la propriété semblait bien grande, pour la personne si seule qu’elle renfermait. Tadake Yuriko, veuve et, plus récemment, privée de sa famille proche. Les rumeurs parlaient d’honorer la mémoire de feu Kyoshiro, en montant sur pieds la maison dont ils avaient toujours rêvé. D’autres l’accusait, à demi-mot, de préparer sa retraite au prix du contribuable. La visiteuse, elle, savait. Bien que peu proche de la Yondaime, elle n’avait pu ignorer la tristesse qui passait parfois, dans le fond de son regard, entre deux échanges de rouleau, entre les rapports et les réunions. Pourtant, fière, la femme, meurtrie, n’avaient pas versé une larme, remplissant ses responsabilités sans faillir. Peut-être, parfois, l’oreille indiscrète de la vagabonde avait entendu les ressauts d’un sanglot étouffé à travers la porte fermée de son bureau, sans jamais vraiment en avoir eu la preuve réelle. Elle ne l’avait même, à vrai dire, pas cherché. Par respect, tout d’abord, mais aussi parce que l’invité savait son aide indésirable. Les deux femmes n’étaient pas assez proche. A vrai dire, elles ne se connaissaient que vaguement, malgré qu’elles partagent le même étage, malgré que leurs fonctions soient entremêlées jusqu’à l’overdose.

Baignée par la lumière déclinante d’un soleil qui laisse sa place à la vie nocturne, l’intendante franchit l’ultime porche qui la sépare de l’impressionnante porte d’entrée du domaine Tadake. Elle réajuste son lourd chargement avec délicatesse, s’assurant que tout ce qu’elle transportait jusqu’à présent n’avait pas souffert de ses pérégrinations. Et, alors qu’elle lève à nouveau les yeux vers le mur d’enceinte, elle sourit. Sa tentative d’aujourd’hui était pathétique, sans doute vouée à l’échec, mais elle n’avait pas le choix. Les choses se mettaient en place, doucement mais surement, et la conversation, qu’elle avait repoussé jusqu’à l’extrême, ne pouvait maintenant plus attendre. Raion regrettait, pourtant, ne pouvoir attendre davantage. Le deuil, encore frais, rendait sa présence et sa démarche encore plus malvenue qu’elle ne se sentait déjà mais il était temps. Elle subirait les conséquences de ses actes, en étant honnête avec quelqu’un d’extérieur à son clan pour la première fois de sa vie.

Il y avait quelque chose de presque dérangeant, d’imaginer que, d’ici une poignée d’heures, Yuriko saurait. Qu’elle devrait gérer, avec la Kamiko, l’ambition démesurée de celle-ci et, surtout, le fait qu’elle était, d’ors et déjà, en marche vers son objectif. Comprendrait-elle ? La chef de clan en était persuadée mais la sensation, imminente, d’une mise à nue personnelle la hérissait un peu. Depuis des années, elle nourrissait ses ambitions en silence, dans l’attente d’une ouverture, d’une occasion bénie pour s’emparer de celle-ci et avancer. Depuis des années, elle guettait passivement, mettant la main sur les éléments, petit à petit, jusqu’à finalement voir la lueur au bout du tunnel de son utopie. Que dirait la Hokage ? Qu’elle était folle, pour sûr. Une traitresse, peut-être aussi. Mais Raion ne regrettait pas, pas plus qu’elle ne s’excuserait. C’était son rêve, et il appartenait ou non à sa seule supérieure de l’embrasser ou non.

De sa main libre, la brune pousse le battant et s’engouffre dans la cours. L’esplanade, en pierre taillée et délicatement agencée, lui rappelle les temples montagnards qu’on pouvait voir, ici et là, dans les hauteurs du Sekai. Les bâtisseurs avaient même réussi à en recréer l’ambiance zen, qui en ferait peut-être l’un des lieux de fuite préféré de la Kamiko à l’avenir. Et, malgré cette atmosphère monacale, des touches de couleurs illuminaient les bâtisses avec goût. Esthète, la tisseuse ne pouvait qu’approuver les tentures et les tuiles, dont les nuances semblaient évoluer à mesure que la nuit venait se poser sur le domaine. Décidément, les Tadake n’avaient rien à envier à leurs prédécesseurs claniques : ils en avaient l’élégance et la sagesse, peut-être même bien plus encore. L’intendante accueille la pensée avec un sourire, amusée. Il était temps pour elle de jouer les troubles fêtes.
« Y’a quelqu’un ? »

Le cri de Raion résonne dans les locaux flambant neuf du clan Tadake, se réverbérant d’une colonne à l’autre, déformant petit à petit le son jusqu’à ce que la voix soit peu à peu méconnaissable. Yuriko était-elle vraiment seule, dans cet immense endroit ? Involontairement, la créatrice s’attriste, au milieu des efforts de conception. Pourquoi faire si grand et si loin, lorsqu’on n’était qu’à peine une poignée ? Le souci d’appuyer sa puissance, peut-être ? D’honorer les morts ? Il y avait pourtant, dans le calme olympien des lieux, quelque chose de nostalgique, abattu, comme si la magnificence des lieux ne suffisait pas, à elle seule, à camoufler le besoin derrière la création. La Kamiko, plus que quiconque, remarque alors, çà et là, les reliquats d’un souvenir qu’on a voulu emmener avec soi, dans un lieu nouveau, déchargé de toutes les émotions. L’ombre d’un meuble qu’elle devine dépareillé, à travers une fenêtre, l’odeur, discrète, d’un repas dont les notes sucrées sont propres à une enfance perdue qu’on aimerait retrouver, le silence, trompeur, qui contraste avec le visage pensif d’une personne perdue dans sa contemplation, à l’écart de l’esplanade, que la chef de clan rejoint bientôt. Levant son panier, en guise d’explication, elle réitère sa drôle de présentation, ajoutant le prénom de l’Hokage devant le regard dubitatif du vieil homme auquel elle fait face.
« Livraison spéciale Hokage, pour apaiser le cœur et l’âme. »

Soulevant, le linge qui couvrait son colis, la jeune femme dévoile les quelques bouteilles de saké et les victuailles, ainsi qu’un étrange rouleau sombre dont la présence semblait bien étrange. L’homme arque un sourcil, tout d’abord, puis tend sa main, désignant une direction à l’intendante qui le remerciement d’un hochement de tête poli. Finalement enfin arrivée après une ultime minute de marche vers sa destination, la brune dépose son lourd panier à terre et, une fois de plus, s’annonce sans plus de cérémonie.
« Knock Knock, service de chambre ! »

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Tadake Yurikô
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Alliées du crépuscule
feat. Kamiko Raion

" En te levant le matin, rappelle-toi combien précieux est le privilège de vivre, de respirer, d'être heureux. "



Agenouillée devant un petit autel où brûlait des bâtons d'encens, une fine silhouette aux paupières closes et à la chevelure obsidienne se tenait-là, mutique et pieuse à la fois. À l'image d'une vestale des temps perdus, Yuriko rendait hommage à son frère tombé au combat avec l'humilité que l'on lui connaissait. Combien de minutes s'était-elle tenue là ? Trop peu. Trop peu pour l'homme qu'elle pleurait. Kyoshiro, son jumeau, sa moitié, son meilleur ami. Un deuil à jamais éternel pour celui qui était né sous la même étoile. Elle finit toutefois par rouvrir les yeux et les poser sur son sourire à jamais figer sur son portrait, alors que les fumeroles des olibans consumés dansaient devant son image, lui conférant soudainement une impression presque mystique. Elle ne put alors retenir un soupir lascif. Il lui manquait.

Comment en pourrait-il être autrement ? Les deux Tadake avaient toujours tout fait ensemble. Ils avaient partagé leurs joies comme leurs drames, ils s'étaient soutenus mutuellement face à l'adversité, quelques furent leurs choix, des plus nobles au plus incongrus. Ils avaient été l'épaule sur laquelle se reposer, la voix de l'encouragement, la main tendue lorsque leurs genoux tombaient à terre. Ils étaient une famille. Qu'en restait-il ? Des cendres de rêves sans fin, une maison brisée, des souvenirs aux goûts salés. Le regret de ne pas avoir eu assez de temps pour accomplir ce qui avait été décidé.

Pourtant, la kunoichi se tenait toujours là. Droite et impérieuse. Impénétrable conscience d'une shinobi chevronée, taillée par les épreuves de la vie et du combat. Car contrairement aux médisants, contrairement aux jaloux, contrairement aux langues acérées et aux regards scrutateurs qui guettaient la moindre défaillance, Yuriko se tenait toujours debout et accomplissait son travail malgré tout. Il n'y avait pas une âme à Konoha qui pouvait prétendre avoir donné plus que ce qu'elle ne le faisait. Mais les esprits faibles, belliqueux et envieux susurraient dans l'ombre. Fou serait de croire que les oreilles de la jeune femme ne sifflait pas. Mais elle ne les craignait pas. Elle avait sa conscience pour elle et n'avait à rougir d'aucune faute si ce n'était celui d'être tout simplement humaine.

Lorsque la Nidaime eut le projet de donner naissance au Clan Tadake, nombreux furent ceux qui n'y virent qu'un moyen de noyer sa peine, une folie passagère d'une éplorée qui ne resteraient peut-être que sur le papier. Voilà l'erreur de ceux qui la sous-estimaient. Voilà l'erreur de ceux qui n'avaient pas compris et qui avaient même oublié le fondement même de leur propre groupe. Car qu'est-ce qu'un clan ? Une famille, un groupement d'individus disparates, une idée, un soutien. Si Konoha possédait en son sein de nombreux clans anciens, beaucoup semblait avoir perdu le sens de la valeur d'un homme. Ainsi, la qualité d'un shinobi et sa légitimité devraient uniquement reposer sur une caractéristique génétique ? Cette vision du monde conservatrice n'était pas du goût de Yuriko. Après tout, son frère était né aveugle et ce qui aurait pu être considéré comme une tare, avait eu un rôle de moteur dans sa réussite. Sa vie valait-elle moins qu'un Uchiha ? Qu'un Senju ? Q'un Akimichi ? Pourtant, il l'avait mis en jeu et l'avait perdu au même titre que de nombreux courageux guerriers claniques. La mort avait le désagréable avantage de rappeler que n'étions que de la poussière soufflée par le vent. Et alors, que vous apportera-t-il d'avoir un nom illustre ?

Devenir un Tadake n'était pas un futile changement d'identité, ce n'était pas se recréer naïvement une famille perdue, ce n'était pas souffrir d'un égo démesuré. C'était une idée, une volonté, un message pour les nouvelles générations, celui de ne pas souffrir à l'idée de ne rien posséder, celui de ne pas se laisser dévorer par la pression d'un foyer que l'on n’avait pas choisi. C'était une épaule sur laquelle se reposer, c'était une voix d'encouragement, c'était une main tendue lorsque l'on ployait un genou à terre. C'était l'héritage d'un homme qui avait tout donné pour son village.... et pas uniquement le sien. Quelle meilleure marque de confiance que de céder ce qui faisait notre plus grande fierté ?

Puis, au fil des secondes qui s'écoulaient inexorablement, Yuriko se décida enfin à quitter son petit autel pour s'en retourner à son espace de travail. La vie d'un Hokage ne s'arrêtait jamais et chaque minute utilisée étaient un labeur en moins pour le lendemain. Du moins, c'était le projet qu'elle s'était fixée jusqu'à ce qu'une voix familière attira son attention. Étonnée, elle arqua un sourcil avant d'inviter la visiteuse à entrer.

" Voilà une étonnante présentation pour une intendante. Vous pouvez entrer Raion-san. "

Une fois le pas de porte dépassée, la jeune Kamiko pouvait découvrir sa congénère simplement vêtue, un kimono sans fioriture, d'un blanc presque immaculé qui contrastait avec l'ébène de sa chevelure. Elle afficha alors un petit sourire en coin.

" Que me vaut l'honneur de cette visite ? "

Il fallait dire que la kunoichi ne s'attendait à ne voir personne, mais peut-être que de la compagnie chasserait sa morosité qui devenait tristement habituelle.

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Alliées du crépuscule
Feat Yuriko-chwan ~

 
« Personne n’est assez fou pour m’ouvrir à cette heure, j’ai donc dû improviser un peu pour ne pas rester dehors. »

Entrant dans une demeure qui n’était pas la sienne, la Kamiko étouffe son sourire jovial, l’espace d’une courte seconde. Son panier abandonné sur le pas de la porte glisse à sa suite, saisit par une main impérieuse, tandis qu’elle s’accroupit pour se déchausser, comme en il était coutume. Ses cheveux tombent devant son visage, dissimulant l’expression pensive de l’intendante. De tous les détails qu’elle pouvait glaner, maintenant qu’elle mettait un pied dans l’intimité de sa supérieure, elle n’avait retenu que le kimono immaculé et sobre qu’elle portait. Un vêtement anodin, que n’importe qui aurait pu négliger, si ce n’était-elle. Habituée comme elle était à côtoyer la Tadake, il ne lui fallut que quelques secondes à se débattre avec la fermeture de ses bottes pour reconnaitre l’odeur qui lui parvenait timidement. Les effluves d’encens, épaisses, avait recouvert le parfum habituel de la brune, offrant à la créatrice une information capitale : quoi qu’elle avait pu espérer en arrivant, elle tombait potentiellement mal. Mais alors, comment interpréter cet étrange sourire en coin ?

Frappée comme elle l’était par la tenue de cérémonie et l’aromate musqué des bâtonnets utilisé pour la prière, Raion en avait oublié son sempiternel laius sur l’utilisation du san qui la dérangeait tant. Ou peut-être était-ce ses précédents essais infructueux, depuis sa nomination, pour convaincre Yuriko de la gracier des noms protocolaires qui l’en avait dissuadée. En vérité, la jeune femme se sentait nerveuse, bien plus qu’elle ne l’aurait dû. La représentation venait de commencer et, comme ça avait pu l’être déjà en compagnie de Kuma, le résultat de celle-ci serait sans doute déterminant pour son avenir. Elle qui se targuait de n’avoir ni kami ni maitre, sentait l’ironie lui tourner autour avec amusement. Pourtant, la Kamiko refusait de ployer. Trac, stress et dérision chevillés au corps, elle se redresse, aussi confiante qu’on peut l’être lorsqu’on s’apprête à faire le grand saut.
« Il me semble que, maintenant que tout est debout et flambant neuf, il est temps de rajouter la petite touche finale. » Un sourire taquinn illumine le visage de l’intendante de Konoha, dont la main plonge dans le panier qu’elle a apporté pour en saisir le tissu de protection. Le geste, théâtral, fait claquer l’étoffe en révélant le précieux contenu que la brune transportait depuis un bon moment maintenant, avant d’être joint par un Funyu discret et rapide de sa main libre. « Félicitations… »

Libéré de leur sceau, les fleurs préparées pour l’occasion s’envolent, complices du mouvement de la Kamiko. Roses, pivoines, bleuets et pensées s’éparpillent dans la pièce, couvrant le bien sobre bureau et sa toute aussi sobre occupante de pétales et de bourgeons, dans une extravagance crasse digne du clan marchand de Konoha. Bientôt, le tatami tout neuf se met à respirer de l’odeur agréable des boutons fraichement coupés, tout comme le kimono parfaitement blanc se retrouve teinté par les rares courageuses qui ont osées s’accrocher sur la silhouette humble et droite de la Hokage. Une pivoine, particulièrement audacieuse, avait même élu domicile sur la tête de cette dernière, présentant fièrement au monde sa floraison parfaite et habillant la brune mélancolique de ses couleurs chatoyantes. Satisfaite de son entrée, Raion ne peut s’empêcher de laisser apparaitre une lueur amusée devant le visage décoré de son interlocutrice, à laquelle elle sourit avec bienveillance.
« Pour la fondation du clan Tadake et la construction du domaine ! »

Son sourire s’étire encore davantage, alors qu’elle croise les bras sous sa poitrine, son torchon farceur nonchalamment posé sur l’épaule. La grande brune, privée de ses dix centimètres de tricherie habituels, se baisse à nouveau pour saisir un nouvel élément du panier. Le rouleau, sombre, sans aucune inscription, tourne dans sa paume avec l’adresse de l’habitude, le rebord prêt à s’ouvrir comme si elle s’apprêtait à le dérouler pour en libérer une nouvelle surprise. Le regard des deux brunes se croisent, une courte seconde, nuance de gris plongé dans l’abîme sombre et impénétrable de son interlocutrice, alors que la quiétude de Yuriko devient brutalement communicante. Il n’était plus l’heure de douter de sa manœuvre, puisqu’il était déjà trop tard pour espérer rectifier le tir. Calme et aussi sereine qu’elle pouvait l’être à l’idée de lui dévoiler presque dix ans de plan secret et personnel, la tisseuse parvient à chasser les battements extatiques de son cœur, loin de l’impatience et de la précipitation dont elle menaçait de faire preuve. L’objet, lui, continue sa danse, véloce, trahissant le trouble silencieux qui agite les prunelles d’acier de la Kamiko, avant de finalement s’immobiliser dans sa paume tendue. Plus petite d’une poignée de centimètre, la scène rendait l’échange bien plus solennelle que l’aurait voulu Raion.
« Et, comme le veut la tradition, toute crémaillère commence par un cadeau. »

Un demi-sourire, énigmatique, passe sur les traits de la jeune femme alors que la sensation douce du tissu quitte sa main. Elle avait travaillé dur, très dur, pour celui-ci. Modifié, également, les quelques réclamations de la Nindaime, pour lui offrir quelque chose de particulier, d’unique. Si le kimono oublié de Serika Senshi gisait encore à l’abri à l’intérieur des coffres du clan des créateurs, il avait néanmoins servi de base à l’exploit qui attendait la Hokage, bien à l’abri des sceaux qu’elle pouvait elle-même ouvrir. Au nombre de deux, dont seuls les kanjis laissaient deviner l’ordre d’ouverture, ils renfermaient précieusement la commande première et un extra que la chef de branche s’était autorisée, avec le renfort de ses cousins. La tenue de chef de clan attendait donc sagement son moment, sous le regard déterminé et impatient d’une créatrice fière de l’ouvrage qu’elle venait de remettre à son client.

La robe kimono, sobre, pouvait choquer aussi bien par son assemblage étrange moitié blanc, moitié noir, que par l’ouverture de sa jupe qui commençait bien au-delà de tout ce que la bienséance pouvait attendre. Les manches, amples, se terminait à mi-chemin de l’avant-bras de leur propriétaire, marqué du même liseré rouge que celui du col. Col qui, par ailleurs, ne semblait fait que pour s’accrocher, dans un décolleté osé mais maitrisé, sur un justaucorps sombre. L’incorrecte devenait alors brutalement habillé, élégant, couvrant autant les cuisses dévoilées que les bras offerts à la faveur du tranchant d’un kunai, jusqu’à la gorge offerte par l’ouverture de la robe, mais ce n’était pas là sa seule marque d’originalité. Les liserés carmins, bien que flashy, semblaient presque secondaires lorsqu’on posait le regard sur la broderie qui occupait l’intégralité du dos de la tenue. Les carpes Koï, symbole du clan nouvellement formé, échangeaient une danse lascive et complexe, dont la moindre ondulation du tissu rendait les mouvements presque vivants.
Tout était réfléchi, en passant par le poids réduit à l’extrême, jusqu’à la grandeur des ouvertures, conçues pour que rien ne viennent entraver le mouvement. Un coup d’éclat et d’avant-gardisme signé Raion Kamiko, dont elle avait souhaité marquer chaque pièce, chaque bruissement de la quiétude si chère à Yurikô. Elle avait même cru bon d’y rajouter un bandeau, chassant le traditionnel tissu bleu sombre au profit d’un rouge plus sombre, plus proche de ce qu’elle se souvenait du frère défunt de la jeune femme. Yin et Yang, c’était ce qu’elle avait travaillé d’arrache-pied, dans le secret le plus total, à la recherche de l’équilibre parfait entre la dignité du chef et l’efficacité mortelle de la kunoichi. Mais ce n’était là qu’une maigre partie de la surprise qui attendait la Tadake ce soir.
« Ensuite, généralement, vient l’alcool et la nourriture. Si possible, de la bonne compagnie aussi mais il faudra se contenter de la mienne, faute de mieux. »

Alors que le tissu brille une courte seconde à la lueur des bougies, Raion ressent cet instant, exécrable, de gêne malvenue malgré son éternel sourire confiant. Est-ce que cela ne ressemblait pas un peu trop à un pot de vin ? La pièce, confectionnée avec amour, n’en respirait pas la moindre intention mais la jeune femme ne pouvait cesser d’y réfléchir en permanence. Sa réputation la précédait et, malgré quelques tentatives boiteuses d’humour, il lui serait bien difficile de s’en défaire. Elle était la terrible Kamiko, reine des affaires, requins diplomatiques roulant sur les ryos. Qui pourrait ne pas voir en sa présence et ses maladroites tentatives, les mouvements de l’esprit calculateur qu’elle était ? La vérité, pourtant, était tout autre. Solitaire et habituée à l’être de son propre gré, la brune traversait la mauvaise passe d’une enfance isolée. Comment devenait-on amis avec quelqu’un, lorsqu’on était restée à l’écart de la sociabilisation ? Bien qu’elle ait pu lire sur le sujet, la lionne de Konoha n’en restait pas moins terriblement débutante en la matière, faute de précédent ou d’entrainement sur lequel s’appuyer. Une ironie de plus, qu’elle n’oserait jamais reconnaitre, fière comme elle l’était mais dont les débuts chaotiques étaient indéniablement visibles pour quiconque la côtoyait suffisamment. Si tant est que cette âme tourmentée existe réellement.
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Tadake Yurikô
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feat. Kamiko Raion

" En te levant le matin, rappelle-toi combien précieux est le privilège de vivre, de respirer, d'être heureux. "



Parmi les jeunes gens que pouvaient côtoyer au quotidien Yuriko, elle reconnaissait que sa nouvelle intendante ne manquait pas de bagout. Kamiko Raion était incontestablement une travailleuse, elle ne manquait en rien d'inventivité et demeurait une femme relativement réfléchie, mais elle était tout aussi directe et franche ce qui parfois pourrait lui jouer des tours face aux mauvaises personnes. Si les êtres ambitieux étaient tout à fait à même de savoir parfaitement où mener leur barque, ils n'en attiraient pas moins quelques défaveurs lorsqu'ils en oubliaient ceux qui ne partageaient pas leurs idées. Et à vrai dire, la Nidaime n'ignorait pas que les souhaits de la kunoichi n'étaient jamais soumis à un total désintéressement. Après tout, il ne fallait pas oublier que le clan Kamiko était une institution marchande et en avait par conséquent l'esprit.

Toutefois, cela n'expliqua pas totalement sa surprise. Si les deux femmes collaboraient étroitement au sommet du pouvoir, ni l'une ni l'autre ne se fréquentaient, et une telle venue, à une heure si tardive, n'était donc pas dans les mœurs de ces nobles dames. Il ne fallut attendre que quelques secondes, et un regard curieux sur le panier de la Kamiko pour que des réponses se dessinassent. Raion se saisit d'une étoffe sous lequel était inscrit un sceau, libérant aussi subitement que le tissu claqua dans l'air une pluie littérale de fleurs et de bourgeons.

Sous l'effet de surprise, Yuriko fit un petit pas en arrière avant d'observer d'un air légèrement amusé le plaisant artifice. Une averse de couleurs et de senteurs envahissait poétiquement la pièce, tandis que sa main aux allures fébriles retira avec délicatesse la fleur de pivoine qui décorait sa tête comme un diadème.

" Voilà le domaine baptisé de la plus élégante des façons. Je n'aurais pu rêver mieux. "

Amenant la fleur qu'elle tenait dans sa main à son nez, la jeune femme profita de son agréable parfum avec simplicité. Yuriko n'avait jamais nié aimer les fleurs. Femme décidément de spectacle, son intendante ne s'arrêta pas à son jeté théâtral de pétales odorants, la surprise continua sous la forme d'un parchemin sombre avec lequel semblait jouer habilement Raion.

" Un cadeau ? Décidément, vous me gâtez. "

La Nidaime déposa la pivoine qu'elle tenait encore sur un meuble tout près de là afin d'accueillir le précieux présent de son invité. Là, il se déploya ce qui lui semblât être un incroyable kimono, d'une beauté et d'une finesse rare qui ne manqua pas d'attirer l'attention de la Tadake. Elle qui savait apprécier les belles choses afficha un regard brillant d'admiration. Le talent des Kamiko était indéniable et de plus en plus reconnus. La réputation du clan profitait d'ailleurs beaucoup à Konoha, surtout en ce qui concernait leur tissage si difficile d'égaler ou même d'approcher.

Les doigts fins de la jumelle de Kyoshiro se promenèrent délicatement sur le tissu, profitant et jugeant de la douceur de sa matière tout en devinant sa robustesse. Les détails des liserés, le choix des couleurs et bien entendu le splendide ouvrage qui représentait le symbole de son clan juvénile ne manquèrent pas de la faire sourire.

" Quelle magnifique travail. Vraiment. Je n'aurais pu imaginer plus belle composition. Je ne suis pas certaine d'être digne d'une telle œuvre, mais sachez, Raion-san, que je le porterais avec une grande fierté. "

Lorsque la kunoichi porta son attention sur son homologue, on ne pouvait y voir qu'une gratitude sincère et profonde. Si l'intendante désirait faire plaisir, elle ne s'y était pas trompée.... Mais on pouvait tout aussi bien noter sur le visage de l'Hokage que sa curiosité n'était pas totalement assouvie. Si l'offrande était sincèrement appréciée, Yuriko ne pouvait s'empêcher de se demander pourquoi. Pourquoi si soudainement ? Pourquoi à cette heure-là et avec un tel cérémonial dans le cadre privé ? Comme il avait pu être dit, les deux consœurs n'étaient pas proches quand bien même un profond respect les habitait. Il lui aurait paru bien plus simple de venir la voir dans son bureau de la Tour. Chacun des choix de Raion ne pouvait être anodin alors Yuriko attendait la vraie raison, sans impatience pour autant. Elle préféra jouer le jeu de cette visite impromptue et se montrer digne de l'hôtesse qu'elle désirait être.

" Faute de mieux ? Vous êtes bien dure avec vous-même. Votre présence ne m'a jamais semblé désagréable, je dirais même qu'elle m'eut semblé... Mmm.... vivifiante. "

Une nouvelle esquisse au bord des lèvres avant que la Tadake fit un signe à la jeune femme de la suivre.

" Venez, nous allons pouvoir discuter, boire et manger plus agréablement autour du kotatsu. "

Guidant ainsi son invité, elle lui désigna la table afin qu'elle prit place.

" Je vous laisse vous installer. Je vais déposer le kimono dans ma chambre et je ramènerais des verres et des couverts. "

Sur ces paroles, Yuriko disparut le temps de faire comme elle l'avait indiqué. Elle ne mit pas plus de quelques minutes pour revenir avec un plateau, comprenant verres et divers ustensiles pour pouvoir profiter des victuailles qui prônaient dans le fond du panier de la Kamiko.

" Bien. Maintenant que nous sommes-là, dites-moi donc ce qui vous tracasse réellement. "

Yuriko s'était agenouillée devant la table et affichait une expression chaleureuse.

" Quand bien même je suis heureuse de vous recevoir, et bien plus encore de vos cadeaux, nous savons pertinemment toutes deux que vous voulez me parler de quelque chose que nous ne pouvons visiblement pas échanger dans le cadre habituel de nos discussions. Parlez sans crainte... comme vous en avez l'habitude. "

Un nouveau petit sourire ponctua les traits de la Tadake. Ne serait-ce pas... de la taquinerie ?


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Feat Yuriko-chwan ~

 
Vivifiante. L’esprit encore illuminé par le sourire de gratitude et la multitude de nuance de couleurs émotionnelles qui accompagnait la Tadake, Raion ne se retient plus et éclate de rire. Un rire profond, libérateur, à hauteur de ce mot improbable utilisé pour la qualifier. Bien plus habituée aux noms d’oiseaux, elle ne put que savourer l’option rafraichissante, d’un entre deux amusant qu’elle réutiliserait très certainement à son avantage. Quelle tête ferait donc ses collaborateurs, lorsqu’elle les gratifierait de sa vivifiante présente ? Certainement la même que lorsqu’ils l’appelaient la reine des casses-couilles et, déjà, l’idée plait à la brune alors qu’elle dissimule la fin de son hilarité derrière sa main libre.
« Après toi ! »

Elle essuie les larmes du revers de sa main, se glissant à la suite de la Nindaime, déposant son imposant panier à côté du kotatsu qui décorait la pièce. Lorsque la maitresse de maison s’éclipse, Raion entreprend la lourde tâche de faire surgir ses – trop – nombreux achat pour agrémenter la discussion qui s’avérait sournoisement prochaine. Pourtant, le trac qui étreignait la jeune femme, à mesure qu’approchait le moment fatidique, s’était allégé. Un poids en moins par l’action, sans doute involontaire, de la Tadake. Elle regrette, cependant, alors qu’elle chasse les pétales de fleurs qui ont volés un peu partout dans la pièce, que cette dernière n’est pas laissé la pivoine dans ses cheveux. Le blanc, cérémoniel, rendait l’entrevue bien plus protocolaire que la chef de clan ne le voulait véritablement. Malgré tout, la maitresse incontestée de Konoha affichait ce sourire chaleureux, presque maternel, contrastant nettement avec des vêtements bien trop pauvre pour une personne aussi solaire.
« Une fois de plus, rattrapée par ma réputation. » Malgré le sourire, la voix de la jeune femme se désole, dans une tournure dont elle exagère volontairement le drame, pour le simple plaisir de faire rire son hôte, à son tour. Elle n’en attendait pas moins de Yuriko, pour la fréquenter peut-être autant si ce n’était plus que sa propre famille : elle ne pouvait, de toute façon, tromper personne même si elle le voulait. Du moins, pas ici. « Ne t’en déplaise, les cadeaux sont sincères et puisqu’il va être question de confession ce soir, en voilà une première : c’est ce que j’aurais aimé qu’on fasse pour moi, lorsqu’on m’a nommé à la tête des Kamiko. »

Une pause, courte, marquée par le regard indéchiffrable de la jeune femme, malgré un sourire mi-figue mi-raisin, rendait la véracité de l’information difficile à croire. Pourtant, il n’y avait, dans les mots de la tisseuse, aucun mensonge. Le jour, maudit, de la succession, rien ne lui avait été offert. Pas de félicitations, ni même d’attention, si ce n’est l’éminence d’une fonction dont elle ne voulait pas. Son propre père, lui-même, n’avait jamais réussi à se fendre d’un encouragement, laissant la jeune femme désespérément seule au milieu d’un clan qui n’avait jamais cesser d’exiger d’elle sans rien lui offrir en retour. Paria et enviée, Raion savait, mieux que quiconque, que les autres vieux grincheux de Konoha n’auraient jamais cet élan de reconnaissance pour la femme travailleuse qu’était Yuriko et espérait, secrètement, que la manœuvre puisse expliquer bien mieux que des mots à quel point elle-même respectait la Hokage pour ses accomplissements.

La Kamiko était mauvaise pour nouer des amitiés. Elle le savait et, si elle en avait souffert plus jeune, n’y accordait finalement plus grande importance, faute d’avoir eu le temps et l’occasion de surmonter le handicap de son caractère bien trempé. Une réalité qu’elle n’allait pas nier, même si elle avait au moins tenté ce soir de se prêter – en vain – à l’exercice. Déposant le dernier plat sur la table, Raion saisit l’une des bouteilles de saké qu’elle a apporté pour la présenter à son hôtesse, puis, sans rien ajouter, la serre. Le geste, millimétré, trahit l’habitude et, surtout, les centaines d’heures dédiés à la répétition studieuse d’une routine délicate et gracieuse. La beauté pour détourner l’attention et, surtout, construire cette fausse sensation d’exclusivité que les clients aimaient tant.
« Bien. Qu’as-tu pensé des Sunajins ? »

La question n’était pas innocente et Yuriko le savait pertinemment. L’intendante crut même bon de se dispenser de nommer le principal intéressé de la délégation, tant il lui paraissait évident que son interlocutrice ferait aisément le lien entre le sujet et les très jolies petites lettres qu’elle avait pu avoir en main, la veille de la délégation. Saisissant son verre, elle s’installe confortablement, finissant d’allonger ses jambes près du foyer du kotetsu, alors qu’elle écoute la réponse à sa question. Elle répugnait à l’idée de lui dévoiler ce qui avait pu se passer dans l’intimité de leur rencontre mais n’aurait peut-être pas le choix.
« Je n’ai jamais caché vouloir la paix ou l’ouverture commerciale globale. A vrai dire, si on me laisse l’occasion, je souhaite que les Kamiko écrase la ligue Somei et deviennent suffisamment influent pour œuvrer dans le commerce sur l’intégralité du Sekai. Le mariage avec Shirokuma n’est que la première pierre de l’édifice. » Une nouvelle pause, alors qu’elle laisse échapper, bon gré mal gré, la fin de sa pensée. « Et une jolie pierre, pour être tout à fait honnête. »

Raion en rougit. Elle, l'implacade Kamiko, maitresse indiscutable du commerce et de la mode au pays des ninjas, rougissait comme une adolescente, d'un rouge vif, chaud, qui lui teinte les pommettes, comme s’il ne s’agissait pas là d’une discussion diplomatique de première importance. Les sentiments, naissants, s’affichent avec force sur le visage bien trop neutre de la marchande, dont la démarche peu orthodoxe la trahissait bien plus qu’elle ne l’aurait souhaitée. A cet instant, dans ses pensées germe l’image, taquine, d’un Akayuki dont la nudité se devine vient la narguer avec force, la faisant presque grimacer. La scène, presque irréelle, devient un peu plus réaliste, lorsqu’elle se mord furieusement la lèvre pour dissimuler la gêne derrière ce rêve aussi délicieux qu’impur. Par tous les kamis, murmure-t-elle pour elle-même, alors qu’elle tente en vain de chasser les parasites autour d’une conversation déjà bien épineuse.
« Je m’enflamme peut-être, mais je pense que je préfère ça, à l’idée de finir mariée à un parvenu qui tentera de s’accaparer ce que j’ai et ce que je vais construire. Je sais aussi que sur tous les tableaux, nous y gagnons bien plus que nous ne devrions y perdre. »

Bien sûr qu’elle s’enflammait, mais comment aurait-il pu en être autrement ? Elle touchait du bout des doigts son rêve d’enfant et, bien plus encore, l’occasion de le réaliser avec quelqu’un qui avait ne serait-ce qu’un dixième de son ambition. Elle n’était pas encore certaine que son coup de cœur soit partagé et pourtant, elle se rappelait férocement l’entrain de leur étreinte, presque désespérée. Pouvait-on vraiment jouer une émotion de cette ampleur sans s’y perdre ? Malgré tout, aujourd’hui, ce n’était pas Shirokuma qui devait la convaincre, mais elle qui devait œuvrer pour s’assurer que, si son idylle n’était qu’éphémère, son rêve, lui, ne s’arrêterait pas à un mariage avantageux.
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Tadake Yurikô
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" En te levant le matin, rappelle-toi combien précieux est le privilège de vivre, de respirer, d'être heureux. "



Quand bien même Yuriko eut déjà entendu son intendante rire gaiement, elle eut l'impression de le redécouvrir tant ce dernier lui parut plus... naturel. Non pas qu'elle ne s'était jamais esclaffée avec sincérité, mais il lui parut plus léger. Curieusement, elle en était heureuse comme si une barrière venait d'être franchie... peut-être devrait-elle en faire autant ? Bien que la familiarité du tutoiement ne la gênait nullement de la part de son homologue, la Nidaime s'était attachée jusque-là à maintenir la distance du vouvoiement. Difficile était d'obtenir la confiance de la jeune femme, pourtant, sous son propre toit, elle n'avait plus à porter le masque de son statut.... mais les habitudes avaient la vie dure. Peut-être pourrait-elle faire un effort et modifier un peu ses manières.

Une fois qu'elle fut revenue de son petit passage dans sa chambre pour y déposer le fabuleux cadeau de la Kamiko, elle retrouva son invitée qui avait commencé à sortir les petits trésors de son panier tandis que l'hôtesse amenait la vaisselle, et bien évidemment, poussa rapidement l'intrigante Raion de lui en dire un peu plus sur ses intentions réelles. Mais lorsque cette dernière reprit la parole, jouant un peu de son image, Yuriko semblait comprendre - ou le pensait-elle - que quelque chose semblait bel et bien déranger sa camarade.

" Ne m'en déplaise ? Oh non, vous... tu... pardon... "

La jeune femme essaya de corriger ses manies linguistiques.

" Tu te méprends. Je ne doute pas de la sincérité de tes présents. Je voulais maladroitement signifier qu'ils n'étaient pas nécessaire si v... tu... tu avais besoin de me parler. Sache qu'ils en sont tout de même très appréciés. Surtout le sublime kimono. "

Yuriko n'était pas superficielle, mais elle ne nierait pas qu'elle appréciait les coquetteries. Malgré la force de ces poings, elle n'en restait pas moins une femme qui aimait les belles choses. Raion semblait l'avoir sans doute compris.... tout comme Yuriko semblait déceler que son intendante n'était pas habituée à entretenir des rapports plus singuliers quand cela n'entraient pas dans le cadre du travail. Étrange façon de s'apprendre que celle de leur apparente maladresse sociale. Étrange aussi - et touchant - que de voir les efforts de cette femme si sure d'elle avouer qu'elle aurait aimé avoir plus d'attention lors de sa nomination à la tête de son clan. Voilà bien un visage que la Kamiko ne devait offrir qu'à peu de personne.

Suivant ensuite les coutumes d'usage, la fraîche chef des Tadake laissa son homologue servir un premier verre de saké. En d'autre lieu, elle aurait pu le refuser, mais cela serait manqué d'éducation. Laissant ainsi la tisseuse faire son office, l'Hokage laissa planer l'interrogation tandis qu'elle se saisit de sa coupe. Là, elle conserva cette dernière entre ses mains, sans chercher à la porter à ses lèvres. Elle réfléchissait à comment peser ses mots, mais surtout une manière de pouvoir exprimer son ressenti.

" Mmmm.... je dirais... étonnant. "

Son regard se posa sur la liqueur qu'elle commençait à faire tournoyer.

" Pour être honnête, j'avais accepté cette rencontre en ayant quelques aprioris. Curiosité et aprioris, même... qui je dois dire à pris un tournant inattendu. Bien que pour moi, il ne fut pas question d'égo, l'absence du Kazekage et la maladresse de l'Akayuki, m'avait jeté un froid. Je n'étais pas certaine d'avoir la patience de mener cette rencontre jusqu'au bout. Pour autant, je ne pouvais nier l'importance de ce début de dialogue. "

Un autre chef de village aurait sans nul doute rebrousser chemin. Faire une demande et ne pas pouvoir se dégager de ses obligations pour pouvoir y faire suite... cela aurait pu être considéré comme une insulte ou une provocation, d'autant que l'entrevue aurait pu être repoussée. Cependant, si Yuriko s'était contentée de banalement tourner le dos à cette affaire, peut-être y aurait-elle fait un aveu d'échec à occuper son propre poste. Dans un cas, le ridicule auprès de Konoha suite au lapin posé, dans l'autre, la faiblesse auprès de Suna d'avoir simplement accepté et d'être répartie la queue entre les jambes. Son intelligence avait été de faire face malgré tout et d'aller jusqu'au bout des choses... car elle savait, comme le signifia Raion, qu'un projet concret se dissimulait derrière ces manœuvres politiciennes.

Au début, cela n'avait pas été au goût de la Nidaime, mise devant le fait accompli d'un dialogue qui pouvait engager l'avenir du village, et elle ne fut consultée qu'au seul dernier moment. C'était un jeu dangereux auquel s'était adonné la Kamiko en cherchant à prouver que sa volonté n'était pas une lubbie mais une véritable stratégie qui - et Yuriko ne l'ignorait pas - était en premier lieu profitable au clan de la tisseuse en lui-même. D'ailleurs, Raion ne le cacha pas en reprenant la parole, laissant aussi sous-entendre par cette audacieuse révélation que l'hégémonie commerciale Kamiko aurait forcément du bon pour tout Konoha. C'était sans doute là son premier argument de vente. Cela pouvait profiter à tous... et peut-être même un peu plus.

Tandis que la Tadake se décida enfin à boire une petite gorgée de saké, elle aperçut très clairement le rougissement des joues de sa comparse. Voilà encore une nouvelle facette. Shirokuma Akayuki ne serait peut-être pas uniquement un parti profitable à l'économie ?

" Cet homme te plaît ? "

La bombe était lancée... l'effet du saké peut-être aussi, et plus rapidement que prévu. D'une simple question, Yuriko avait déjà balayé toutes les considérations politiques.

" Surprenant... Je n'aurais pas cru qu'il fut ton type d'homme... "

Le rose pointa sur les pommettes de l'Hokage alors que sa mine était sincèrement surprise de l'information qu'elle venait de découvrir. Si Raion était venue pour convaincre du bien fondé d'un mariage politique, le feu du saké lui....

" Mmmm.... mais je suppose que tu ne l'as pas choisi par hasard. "

À ces mots, un grand sourire amusé apparut sur le visage illuminé de la jeune femme. Il faudrait lui en dire finalement un peu plus...

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« Cet homme te plait ? »

La phrase flotte, s’envole, entre les deux jeunes femmes. Le ton, doux, curieux, n’avait rien d’agressif, rien d’offensif et pourtant, Raion se fige, poignardée en plein cœur. Elle ouvre la bouche, s’apprêtant sans doute à répliquer quelque chose, avant de la refermer aussitôt, tandis que son regard se détourne, fuyant brutalement la discussion. Est-ce qu’il lui plaisait ? Intérieurement, la kunoichi tente, bon gré mal gré, d’étendre l’incendie gigantesque que la question vient de provoquer dans son esprit. Il ne me plait pas, j’ai juste de la chance qu’il soit mignon, tente-t-elle de se répéter, désespérément, alors que l’image puis la sensation, traitresse, de leur baiser vient malicieusement l’asticoter. Il ne me plait pas, il est juste bien plus malin, audacieux et intéressant que tous mes autres prétendants, le déni s’accroche, alors qu’un nouveau souvenir remonte, la faisant frissonner et rougir un peu plus qu’avant. Il ne me plait pas, il est …, le mantra implose sous la puissance de la réalisation alors que la Kamiko en rougit une nouvelle fois. Oh grand kami oui, il lui plait, et avec toute la puissance de cette sensation intense, profonde, d’avoir trouvé quelqu’un à sa hauteur, quelqu’un qui la comprend, quelqu’un qui lui donne envie de créer bien plus qu’une alliance de connivence.

« Je crois. » Le sourire, à la fois vaincue et coupable, accompagne les paroles presque soupirées de l’intendante alors qu’elle ferme les yeux dans une résignation totale. « Ça a commencé avec les lettres, avant la délégation. Je me souviens l’avoir même violemment envoyé paitre devant sa proposition d’alliance commerciale, avant même que les négociations ne soient ouvertes. Mais il a persisté et persévéré. A croire que les femmes Sunajins sont ennuyeuses, presque, vu comment il essayait désespérément de jouer les tombeurs sur papier. » Dans un nouveau soupir, la Kamiko rouvre les yeux et avise un instant sa coupe presque vide, dans l'espoir - vain - que cela lui donnera du courage. « Ça fait quoi ? Deux ans que j’essaie de décourager mes prétendants ? Il ne lui aura fallu que du culot et du répondant pour aller plus loin que les autres. »

Elle en rit, doucement, secouant la tête en repensant à cette insolence outrageuse dont il avait et il continuait à faire preuve. Elle ne jouera pas sur le terrain des compliments, mais les demi-mots suffisait à présenter la vérité, bien vivante, qui la prenant aux tripes avec toute la force du pragmatisme naturel dont elle pouvait faire preuve. Assise face à face avec la Kage, la jeune femme prend enfin la mesure de toute la force avec laquelle elle désire réellement que le Sunajin lui appartienne. Elle ne voulait pas que leur petit jeu s’arrête. Jamais. Et elle espérait, jalousement, que cela ne lui était réservé qu’à elle.
« Nos négociations n’ont pas trouvé ni gagnant ni perdant, ma seule consolation dans cette histoire, c’est l’espoir qu’il … Non. » Elle se corrige, aussitôt, retrouvant un peu de la superbe et de l’assurance de la Raion que tous le village connaissait bien, dans une étincelle de conviction étrange. Une même conviction qui se renforce, accompagnée par la réminiscence agréable de leur drôle de tango. « Il est dans le même état que moi. Sinon il n’aurait pas… »

Alors que ses yeux s’assombrissent et qu’elle prend douloureusement conscience de ce qu’elle a bien failli laisser échapper, la chef de clan suspend sa phrase, tournant à l’écarlate, avant de se racler la gorge. Tout, plutôt que d’avouer qu’elle l’avait menacé de le mettre nu, en plein milieu d’une délégation officielle, à la vue potentiellement indiscrète de chacun de ses membres. Avec toute les répercussions désastreuses que ça pouvait avoir. Pire encore, elle en avait savouré chaque instant, obnubilée par l’idée tenace de lui faire payer son audacieux effeuillage. Lui, il n’avait pas bronché, pas fait mine de vouloir s’éclipser et avait juste accepté l’inévitable de son bluff, dans un sourire vaincu, comme s’il avait s’agit, pour lui, d’une évidence. Il espérait en arriver jusque-là, pour sûr mais n’avait certainement pas forcé la main à la Kamiko pour y parvenir. Un exploit qui lui avait valu une place privilégiée dans ses pensées et, même si elle ne l’avouerait sans doute que sous la torture, l’impatience grandissante à l’idée de leur prochain rendez-vous, ne se rassasiant qu’à peine des lettres que le Sunajin lui faisait toujours parvenir, hantée par le souvenir d’un baiser intense et imprévu. Si un seul homme sur terre avait bien le privilège de pouvoir prétendre avoir volé son intérêt, si ce n’était peut-être son cœur, il s’agissait sans aucun doute d’Akayuki Shirokuma.
« Oui, il me plait. Et je suis certainement une idiote. »

Cette fois-ci, elle l’admet, incapable d’ignorer la farandole de sentiments qui étreignent son cœur. Elle ne pouvait nier qu’il hantait ses nuits, pas plus qu’elle ne pouvait nier davantage qu’elle avait réellement envie de le faire danser sur la totalité du spectre de ses humeurs, pour le meilleur, comme pour le pire, juste pour savoir jusqu’où s’arrêterait l’aimable Kuma et commencerait le vrai. Vidant sa coupe de saké dans un soudain besoin urgent, elle s’empare d’une brochette et en détache minutieusement les morceaux de bœuf mariné pour les déposer dans son assiette. Elle décompte, alors, à voix haute.
« Un pas vers l’hégémonie Kamiko, un traité de paix avec la nation militaire la plus crainte du Sekai, un homme qui a le mérite d’avoir les mêmes ambitions que moi et de pouvoir me tenir tête. Une aubaine comme il n’en arrive qu’une par décennie. » La liste, bien que juste, semblait presque bien plus destinée à la convaincre elle-même que Yuriko, pourtant, la jeune femme ne s’arrête pas là. « Je n’aurais, de toute façon, jamais droit à un mariage d’amour alors autant tenter ma chance avec celui-ci, avant qu’on ne finisse par m’imposer quelqu’un qui n’en vaut pas la peine. »

Elle soupire. Un long soupir, déchirant, qu’elle écourte en croquant dans la viande tendre avec laquelle elle jouait jusque-là. La marinade, salée et épicée, la fait plisser des yeux alors qu’elle allume un feu similaire à celui de son cœur sur son palais. Raion avait besoin de s’ancrer, loin des vapeurs de l’alcool qui commençait à teinter ses joues et – surtout – loin de son cerveau qui mettait un point d’honneur à superposer les points les plus gênant de son intimité quand il lui fallait toute sa tête à l’ouvrage. Une lueur chaleureuse éclipse l’étrange personnage incertain de tantôt, alors qu’un sourire paisible illumine les traits de la Kamiko.
« Si tu veux me sermonner, je crois que c’est le moment. »

L’intendante en rit, consciente, malgré tout, que la Nindaime était largement en droit de lui passer un savon pour ce qu’elle vient de lui avouer. Peut-être même risquait-elle sa tête mais elle ne pouvait pas se passer de cette étape pour en venir là où ils le souhaitaient tous les deux. Sans rien ajouter, la tisseuse les ressert en saké avec bien plus de gaieté que lors de sa première fois. Elles finiraient sans doute ivre, mais l’alcool semblait les aider à se déguinder et, libérée de leur handicap social respectif, Raion espérait que ça apaiserait le cœur meurtri de son hôtesse. Après tout, quoi de mieux qu’un trouble-fête pour chasser la tristesse ?
« A ton tour, maintenant. Que je me sente moins seule à passer à la casserole, par pitié. »

La demande était pure, désinvolte et motivée par la proximité de l'ambiance cossue, à moins que ce ne soit pas le taux d'alcoolémie naissant chez la jeune femme. Toujours est-il qu'elle se tait, mâchonnant un autre morceau de bœuf, son regard suppliant fixé sur sa supérieure.
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Tadake Yurikô
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feat. Kamiko Raion

" En te levant le matin, rappelle-toi combien précieux est le privilège de vivre, de respirer, d'être heureux. "



Un sourire, presque figé sur le visage de poupée de la Nidaime, presque inquiétant tant il était devenu inhabituel depuis quelques mois, donnait une impression étrange sur la réalité de ses intentions. Pourtant, le rose aux joues et les yeux brillants de la belle trahissaient habilement que l'alcool de son verre avait déjà atteint son but. Trop vite ? Sans doute. Elle était la victime de l'implacable hygiène de vie qui était la sienne. Cependant, il fallait se féliciter que son humeur était assez bonne pour n'être animé que par des émotions joyeuses et plutôt taquines à l'égard de sa camarade. D'ailleurs, elle semblait avoir vu juste en posant sa question sans fioriture et sans sous-entendu. Elle avait indubitablement surpris Raion par une vérité toute simple. Elle qui avait vocation à séduire une clientèle nombreuse s'était vue prendre dans les filets d'un homme tout aussi habile.

Toujours le sourire aux lèvres, Yuriko écouta avec attention la déclaration de son intendante. Cette dernière lui exposa avec une merveilleuse concision comment les choses s'étaient déroulées. Ainsi, l'Akayuki était l'investigateur des premiers assauts à son encontre. L'esquisse de Yuriko s'étira et elle ne put s'empêcher de retenir un petit gloussement alors que Raion soupirait.

" Mmm... je vois, je vois. "

Étrangement, l'idée de cette situation l'amusait beaucoup. Peut-être parce qu'elle avait des difficultés à imaginer la jeune Kamiko dans une position qu'elle ne maîtrisait pas. C'était la première fois que Yuriko et Raion tenait une conversation de cette nature, une conversation à cœur ouvert sur un sujet presque léger, si on ne tenait pas compte des engagements politiques qui se trouvaient derrière. C'était.... curieux, mais distrayant.

Reprenant une nouvelle gorgée de son saké - et toujours avec son sourire en coin - la konohajin demeura silencieuse et à l'écoute face aux confessions de son interlocutrice, mais elle tiqua un peu, d'un vague sourcillement intriguée quand cette dernière ne finit pas sa phrase. " Il n'aurait pas... " Il n'aurait pas quoi ? Si cette dernière n'avait pas continué à parler, sans nul doute aurait-elle marqué son intérêt pour cette information tronquée. Ce fut, à la place, une autre affirmation qui la fit hoqueter, lui faisant oublier au passage la première.

" Une idiote ? Quelle drôle d'idée. Je dirais simplement que tu es humaine, Raion-san. "

Malgré la lumière apportée par les vapeurs alcoolisées, la bienveillance demeurait bien visible dans le regard de l'Hokage.

" Si ce Shirokuma est un beau garçon, tu n'as pas avoir honte. Je dirais même que c'est très naturel. S'il est bien fait de sa personne, c'est même plutôt une chance. Il faut espérer qu'il en est de même pour son caractère. "

Avait-elle vraiment tenu les propos qu'on imaginait qu'elle venait d'avoir ? Là, à cet instant ? Oui. Mais il fallait y voir une caractéristique de son caractère très... terre à terre, mais débridée de gêne. Cela allait même dans le sens des propos de Raion qui notait qu'elle aurait pu plus mal tomber. D'ailleurs, l'énumération des avantages politiques d'une union avec le sunajin semblait la pousser enfin à plonger dans quelques réflexions. Penchant la tête, tapotant sa bouche avec le bout de la brochette qu'elle venait de manger, elle se mit à penser à haute voix.

" Mmmm... il est vrai que cette union, présenté de cette façon, possède bien des avantages mais ... "

Yuriko stoppa sa phrase, posant sur la Kamiko un regard qui se voulait rassurant.

" ...  Sache que je ne te l'imposerais pas. Si tu ne veux pas de cet homme, je suis certaine que l'on pourrait en trouver un mieux... "

La jeune femme se mit à sourire avec bienveillance, posant alors le bâtonnet de bois sur lequel il n'y avait plus de bout de viande, avant que son expression ne fut gagné par une malice largement dû au saké.

" ... à moins qu'il ne te plaise beaucoup, beaucoup... rien ne t'interdira de tomber amoureuse de lui après tout. "

Voilà l'excuse typique que l'on sortait généralement aux femmes et aux hommes devant s'adonner à des mariages forcés, l'excuse du temps qui ferait naître de l'affection et de l'importance de cette tâche qui leur était dévolue. Se lier pour une cause plus grande. Ridicule. D'un point plus que personnelle, elle avait toujours trouvé cela ridicule, sans nul doute parce qu'elle n'était pas issus de ces mondes bourgeois où ces manigances étaient courantes. Faire des hommes et des femmes des marchandises. L'idée lui avait toujours déplu, raison pour laquelle elle venait de tenir pareil propos à sa comparse. En tant qu'Hokage, elle savait que les mariages politiques pouvaient être un atout, pour autant, elle se refusait de participer à sacrifier des existences dans ce but. Si Raion n'était pas certaine de son choix, si elle sentait cette dernière hésitante, elle ne l'appuierait pas. Elle désirait que cela soit entièrement consentie, mais pas comme un sacrifice de soi. De plus, elle n'était pas effrayée par l'idée de passer par des traités plus "classiques", même si cela devait réclamer plus de moyens ou plus de négociations. D'autant qu'elle pouvait aisément argumenter dans ce sens, car Raion n'était pas uniquement une intendante, mais une chef de clan.

Cependant, même si l'alcool infusait ses veines, elle avait bien senti qu'il y avait... peut-être quelque chose de plus. Oh, peut-être n'était-ce pas de profonds sentiments, mais les rougissements répétés de la tisseuse à l'évocation de l'homme du vent n'étaient pas passés inaperçu. Ce garçon devait lui plaire bien plus qu'elle n'osait l'avouer et ce mariage prenait alors une tout autre dimension.

" Quant à te sermonner, je le pourrais. Je le devrais même... mais je suppose que le beau kimono que tu m'as offert à eu raison de cette volonté. Une belle corruption que voilà. "

La Nidaime laissa échapper un rire à cette plaisanterie, si elle était saoule, elle n'était pas dupe. Derrière les présents, elle savait qu'il n'y avait pas uniquement un désir de la congratuler pour la naissance de son clan. L'ombre de la mort de son frère planait un peu partout autour de sa maison, elle était encore dans son sillage bien qu'elle combattait toujours un peu plus son chagrin. Le temps finirait par en avoir raison... et la bonne compagnie sans doute aussi. Et puis, même si des malheurs venaient à la frapper, elle désirait ardemment que cela ne fut pas le cas pour ceux qu'elle cherchait à protéger. Raion en faisait partie. Elle était une konohajin. À ce titre, elle en était son obligée.

Mais peut-être aussi était-elle plus sensibilisée que n'importe qui lorsque la Kamiko eut parlé de mariage. Elle n'avait pas oublié que le sien fut avorté, des fiançailles que le monde ignorait et qui le demeurerait, alors si elle pouvait contribuer un peu au bonheur amoureux de son intendante...

" À mon tour ? Tu veux dire, mon type d'homme ? Mmmm.... "

Si la chance n'avait jamais été de son côté en ce qui concernait les hommes - parce qu'ils avaient tous la malchance de passer de vie à trépas - Yuriko se rendait compte qu'aucun de ceux qui avaient pu lui plaire n'avaient de point commun. Voilà une révélation saisissante.

" Je ne sais pas du tout. Je crois que je n'ai pas de type particulier, si ce n'est que je les aime charmant. Ce n'est pas très précis, je te l'accorde. Voyons... "

Les joues rosies, Yuriko se permit de prendre une nouvelle gorgée de sa boisson avant d'avoir comme une illumination.

" Oh ! Je sais que par exemple, ce Shirokuma qui te plait tant... et bien il ne me plait pas du tout. Enfin, je ne veux pas dire qu'il n'est pas séduisant, je dirais qu'il n'est pas... mon genre. C'est comme... comme s'il s'agissait d'un homme de ma famille. Il... il ne m'attire pas du tout en somme. Mais vraiment pas du tout. "

Une tentative maladroite d'explication pour quelque chose sur laquelle elle n'était pas capable de placer des mots.

" Si j'avais dû choisir un des hommes de cette délégation, j'aurais choisi... Mmmm.... Hayato. Oui, cet Hayato Nozomo. C'est un homme charmant. "

Il fallait bien trouver un nom à donner, un point de comparaison, pour apporter peut-être un peu de grain à son exposition.... ou bien y avait-il un aveu inconscient ?

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Kamiko Raion


 
Alliées du crépuscule
Feat Yuriko-chwan ~

 
« Beau garçon ? » Raion éclate de rire, libérée, soudainement, du fardeau de la tension et de son cœur qui n’était guère décidé à coopérer avec son cerveau. « Je valorise bien plus les capacités des individus que leur beauté. Le fait qu’il soit mignon ne fait que lui donner des points supplémentaires, il avait gagné à partir du moment où il était capable de tenir la cadence. »

Une lueur enjouée passe dans le regard d’acier tempétueux de la jeune femme. Oh ça oui, il lui tenait tête. Il avait même l’audace – le courage ? – de lui répondre et de pouvoir gagner. Un homme de valeur, d’ambition, mais surtout un homme à sa hauteur, chose qu’elle espérait trouver un jour. Shirokuma ne le savait pas encore mais il risquait gros, très gros dans cette histoire.
« Comment peux-tu m’imposer quelque chose que pour lequel je suis venue te demander de considérer ? »

L’idée même que Yuriko ne souhaite pas la forcer alors qu’elle-même était venue en formuler le souhait lui paraissait étrange. Et terriblement humoristique. Pour peu, elle avait été prête à lui assuré l’éternelle coopération de son clan, quitte même à enterrer son égo. Elle lui aurait promis la lune, les étoiles et peut-être même le soleil, si ça avait pu la rapprocher de l’objectif. L’idée de n’avoir que son consentement en ultime barrière, la séduisait autant qu’elle en respectait la Hokage pour prendre une décision si houleuse sur la simple base de son bonheur.
Décidément, la Kamiko ne regrettait pas d’avoir choisi de prendre le poste d’intendante, suite au départ du maitre des pigeons. Une femme éclairée et mesurée, voilà ce que voyait la brune fasse à ce reflet troublant d’elle-même, dont elle respectait la décision bien plus qu’elle ne l’aurait dû. Si longtemps, elle avait craint l’influence des Kage sur son clan, Raion avait bien vite enterré ses soupçons à l’arrivée de la Nidaime. Elle n’était pas Shô. Avec elle, les ronds de jambes, même s’ils existaient, avait au moins le mérite de ne pas finir en queue de poisson. La jeune femme pouvait même affirmer qu’il était difficile de s’ennuyer au bureau, autant grâce à ses occupants que grâce à cette Tadake qui défendait les siens, becs et ongles, quand la situation l’exigeait. Oui, la kunoichi regretterait, sans doute, de ne plus travailler main dans la main avec Yuriko à l’avenir et c’était là sans doute bien une raison de plus de lui trouver quelqu’un de suffisamment efficace pour remplacer son requin d’intendant.
« Tu ne vas quand même pas le laisser s’en sortir avec le premier baiser de ton intendante sans rien faire ? »

Les yeux de la Kamiko s’illuminent comme deux torches, à la simple mention de ce geste volé et imprévu. Oh ça non, elle ne comptait pas le laisser s’échapper et, si elle plaisantait volontiers sur le sujet, elle n’en demeurait pas moins étrangement déterminée. J’aurais son cœur ou j’aurais sa peau, tel était l’étrange message possessif et brulant qui demeurait imprégné dans son regard d’acier trempé.
Elle ne tique pas, lorsque son interlocutrice parle de sentiment mais son sourire parle pour elle. Silencieuse, Raion porte sereinement l’image de femme conquise qu’elle tentait encore de se nier il y a encore quelques minutes. Toute novice qu’elle était en la matière, Raion avait, en réalité, une idée bien précise de l’amour et des obligations qui en découlait. Bien trop pragmatique pour nier qu’elle en pinçait pour l’ourson du désert, elle ne l’était peut-être pas assez pour se dire qu’elle avait lu trop de romance. Pourtant, elle tombait involontairement dans le fleur bleu malgré elle, voguant toute voile dehors avec ses seules sensations en guise de vent pour l’aider à progresser sur ce chemin glissant. Pour le meilleur, comme pour le pire …
« Corruption ? Moi ? Je me sens outrée. Qu’on remette mon intégrité en jeu, qu’importe, mais je ne permettrais à personne de douter de ma sincérité ! »

Les deux femmes se répondent, riant de leur échange un peu étrange. L’alcool aidant, la proximité s’installait peu à peu, quand bien même les joues rosées de Yuriko laissaient deviner la longueur d’avance dont elle disposait sur le chemin de l’ébriété. Une nouveauté pour Raion qui, pour tout avouer, l’avait déjà volontiers imaginée s’isoler quelque part dans les montagnes avec une bonne bouteille de saké et de quoi s’occuper pour la journée. La surprise était agréable et, malgré qu’on questionne sa bonne volonté, n’en rendait pas moins la soirée improvisée étonnement moins difficile que prévue. Moins difficile et, surtout, tellement plus amusante.
« Si je m’attendais à ça ! En voilà un type d’homme diablement précis. »

Si Raion n’avait pas jugé nécessaire d’interrompre son ainée, elle n’en était pas demeurée moins attentive. Les yeux brillants d’un début d’ivresse naissant et d’une curiosité tenace, elle se sentait revenir en arrière, lorsque Kensaï et elle perdait encore quelques heures de leur nuit à parler de leur vie. La scène lui plaisait, presque autant que les détails que lui avait livré la Nidaime en lui offrant le nom de cette connaissance commune. Bien que se souvenant vaguement de la délégation, la Kamiko n’avait pu s’empêcher de noter quelques têtes, parmi les informations qu’avait pu lui donner Shirokuma pour la confection des tenues. Les Nozomos affectionnaient les choses légères et, si leur réputation martiale n’était pas volée, les manches amples, mais pas trop longues. Sommaire et, si sa mémoire était exacte, chichement habillés, les deux frères n’avaient de différence réellement que quelques traits de visages et la longueur de leur tignasse sombres. Qui était donc l’heureux élu, parmi les deux têtes brunes ?
« Hayato, Hayato, Hayato … Etait-ce celui aux cheveux courts ou celui aux cheveux long déjà ? » Réfléchissant à sa propre question comme si elle n’y attendait aucun réponse, l’intendante poursuit. « L’un était plus fin que l’autre et, si tu les aimes charmants … Je voterais pour celui aux cheveux longs. » Un sourire taquin éclaire le visage de Raion alors qu’elle porte sa coupe de saké à ses lèvres, son regard gris à la recherche d’une réaction à sa petite déduction. « Sans doute le deuxième plus mignon de la délégation, effectivement, mais bien trop délicat pour moi. J’ai besoin de quelqu’un de moins réservé. »

Son avis n’était, sommes toute, pas particulièrement nécessaire étant donné que ses goûts en la matière divergeaient franchement. Ainsi donc, elle n’était pas la seule à s’intéresser de près à Suna ? La révélation était intéressante, presque amusante. Yuriko, si elle préférait sans doute un homme un peu moins affirmé, n’en partageait pas moins un point commun avec son étrange intendante : un certain goût pour l’exotisme.
« Et dis-moi, ce Nozomo, tu as eu l’occasion de discuter avec lui hors de notre petite fête inter-village ou tu as simplement déduit qu’il te plaisait en le regardant ? » La question innocente, avait tout l’air d’un interrogatoire, aussi Raion se sentit-elle obligée de se justifier. « C’est pour moi. Histoire que je puisse enrichir un peu mon expérience amoureuse manquante. »

Le rouge lui monte au joue et, après une courte poignée de seconde à se sentir à la fois gênée et outrée par sa propre révélation, la kunoichi se contente de sourire et de jouer avec le contenu de son verre. L’alcool, mobilisé à l’intérieur du récipient par les petits cercles qu’elle lui faisait décrire, envahit son nez de ses douces notes fleuries alors qu’elle s’accoude à la table pour écouter sagement. Son regard, bien plus doux qu’à l’accoutumé, se pose avec bienveillance sur la Hokage, à qui elle tend nonchalamment l’un des plats qu’elle avait apportés avec elle. Silencieuse, Raion se surprend à aimer l’instant et, surtout, la complicité qui s’en dégageait, toute fugace qu’elle fut sans doute. Si Shirokuma avait eu son premier baiser, peut-être devrait-elle avouer à Yuriko qu’il s’agissait de sa première vraie discussion entre femme. Une profonde ironie, qui frappe durement la Kamiko malgré son apparente indifférence. Avait-elle seulement vécue, depuis qu’elle était à la tête de son propre clan ? Et avant ?

L’idée voile son regard, quelques instants, avant qu’elle ne se recentre sur le présent. Elle se rattraperait, se disait-elle. Elle aurait bientôt tout un pays à découvrir et toute une foule de coutume à apprendre pour se fondre dans la masse. Pouvait-elle devenir une meilleure Sunajin qu’une native ? Bien sûr. Elle en avait le tempérament impétueux et, sans doute, les capacités. Tout ce qu’il lui faudrait, c’était sans doute du temps, peut-être même un ami ou deux sur lesquels aiguisés ses crocs. Immédiatement, l’image de leur sujet de conversation revient s’imposer à son esprit, agrandissant son sourire et avalant son aspect chaleureux dans une réminiscence de la terrible femme d’affaire qu’elle était. S’il voulait devenir Konohajin, il viendrait sans doute la voir, de lui-même, à moins qu’elle ne se fasse déjà quelques plans sur la comète.
« La nouvelle tendance sera peut-être Sunajin. » Le sourire de squale de Raion s’étiole, redescendant dans une nuance plus douce de plaisanterie. « Où l’est-elle déjà ? On m’a toujours dit que j’avais un véritable don, pour lancer les modes. »

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Tadake Yurikô
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feat. Kamiko Raion

" En te levant le matin, rappelle-toi combien précieux est le privilège de vivre, de respirer, d'être heureux. "



Voilà qui était une chose étonnante : voir Raion s'esclaffer allègrement de rire. Yuriko ne s'était jamais imaginée de talents comiques, et presque aurait-elle pu croire qu'elle en posséda quelques-uns devant un tel lâcher-prise de son intendante. Étrangement, cela l'enjouait. Non pas d'être involontairement drôle, mais de pouvoir voir la jeune femme s'ouvrir d'une telle façon en sa compagnie. Bien évidemment, sans l'alcool, la situation n'aurait pu être aussi détendue, mais cela demeurait une belle découverte, tout comme celle de découvrir la femme derrière le masque de la commerçante.

" Oh ? Ce Shirokuma est bien audacieux s'il a réussi à te voler quelque chose. Mais je ne m'en fais pas. Je suis certaine que tu lui prendras bien plus gros et plus cher encore que cela. Je n'aurais même pas à intervenir pour te venger. "

La Nidaime se mit à sourire alors qu'elle but rapidement une nouvelle gorgée de saké, restant ainsi dans cette ambiance bon enfant. Bien entendu, Raion faisant sans doute référence aux futures négociations qui naîtraient de cette proposition d'union. Cela ne serait pas une mince affaire, d'autant qu'elle avait cru comprendre que le clan des Akayuki, pour ce qu'elle en avait appris, était aussi fin négociateur que les Kamiko. Il était assez aisé de comprendre pourquoi la kunoichi aux fils de soie s'était intéressée à cet homme... ou bien l'inverse ? Dans tous les cas, il s'agissait là d'une opportunité qui ne devait être gâchée, une aubaine, qui, certes était financière, mais aussi un jeu politique avec le village le plus militarisé du Sekaï. C'était même-là une action historique qui ferait de Konoha une nation à l'avant-garde de son temps. Alliés de l'Est, alliés de l'Ouest. Le Pays du Feu deviendrait celui de la tempérance.

Ce qui n'était visiblement pas le cas des deux femmes à la tête de cette nation pour la soirée. Nulle sagesse ne se trouvait dans les verres qui se vidaient et qui se remplissaient à chaque fois. Et de confidences en confidences, voici que le sujet le plus cliché dans une discussion de femme venait de tomber : les hommes.

" Ha oui ! C'est celui-là. C'est vrai qu'il avait des cheveux formidablement longs. Presque aussi long que moi. Haha ! "

Yuriko se mit à rire devant la déduction de sa comparse de la soirée, lui faisant remarquer par la même occasion, qu'Hayato n'était pas un homme bourru, mais aux traits étonnamment délicats pour un guerrier Nozomo.

" Mmmm... maintenant que tu le mentionnes, il a des traits assez fins, mais cela lui va plutôt bien. Par contre, il me semble être moins réservé que les apparences le laissent entendre. En tout cas, c'était ce qui m'avait semblé lors des réunions que nous avons tenues. "

Bien évidemment, la Nidaime ne s'étala pas sur les "réunions" nocturnes qui avaient parsemé ces quelques jours d'entrevues, et ne fit référence qu'aux formelles séances de travail entre les deux délégations. De plus, à l'époque, son cœur appartenait à un certain Yamanaka dont le genre était si diamétralement opposé à l'archer. Brutal, sans manière, massif, impulsif... mais honnête, loyal, touchant. Alors que le Nozomo était plus soupçonneux, froid aux premiers abords, cynique... mais drôle, intéressant et intelligent. Ils étaient littéralement le jour et la nuit. Qui aurait pu croire que le destin s'était joué de ces deux-là sur cette plage...

Bien trop saisie par l'influence du saké, Yuriko se mit à réfléchir avec une mine qui se voulait sérieuse à l'étonnante question de son intendante. Les joues toujours aussi rosies, cela lui donnait des traits poupons plus dignes d'une femme embarrassée que ceux d'une digne chef de village.

" Euuuh.... voyons.... je dirais que je l'ai trouvé mignon... en le regardant ! Il faut dire que nous n'avons discuté que politique... et ça, ce n'est pas très séduisant je pense. Haha ! Oh. Sa voix aussi. J'avais trouvé qu'il avait une voix apaisante. "

Alors qu'elle prit un autre verre, Yuriko se mit soudainement à tiquer sur les propos de Raion avec un temps de retard.

" Quel est le rapport avec ton expérience amoureuse ? Tu n'as jamais... "

La kunoichi posa un regard plein d'interrogation sur le visage rougi de son intendante.

" .... connu la chose ? "

Si c'était vrai, cela serait sans doute la plus grande révélation de la soirée pour la konohajin. Mais peu-être qu'il y avait là un quiproquo dans sa conception de "expérience manquante".

" Si tu as besoin de conseil, sache que tu peux compter sur moi Raion-san. "

Mais de quels conseils s'agissaient-ils ? Nous dirons de tous pour éteindre le malaise. Laissant ainsi planer le doute sur ses interrogations, la bonne humeur persévérait, chassant ainsi, au moins pour la nuit, toutes les ombres qui s'appesantirent sur le cœur de la kunoichi, et sans crier gare, et sans doute sous l'impulsion surprenante de la Kamiko, Yuriko se mit à penser à quelque chose dont elle ne s'imaginait pas permise, pas après tous ces chagrins.

" Une mode sunajin... Mmmm... "

En y repensant, il était vrai que cet Hayato lui avait fait bonne impression. Peut-être devrait-elle lui écrire ? Pour le travail, bien entendu...

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« Lors des réunions ? »

Cette fois-ci la jeune femme plisse les yeux, brutalement curieuse alors qu’elle pose l’emphase sur le mot central de sa phrase. Etait-ce un lapsus, ou la Nindaime venait de reconnaitre qu’elle avait rencontré une seconde fois l’éphèbe du village des sables ? L’information volée étire pourtant le sourire de la Kamiko, dont les mains se croisent devant sa coupe de saké alors qu’elle se penche en avant, bien plus attentive qu’elle ne l’était plus tôt. Loin de voir cette rencontre d’un mauvais œil, elle en savourait la coïncidence, saluant la roue de la fortune qui semblait tourner en sa faveur. Si Yuriko s’était prise d’amitié, qui sait même peut-être d’affection, pour ce fameux Hayato, le futur commun des deux villages n’étaient plus vraiment une inquiétude. Sans doute serait-il même sage d’encourager les négociations dans ce sens, une fois là-bas, lorsqu’elle aurait pris le temps de vérifier si les sentiments de son ainée étaient partagés.
« Mignon en le regardant hein ? »

Raion éclate de rire devant l’empressement de la Tadake à se justifier. Avait-elle peur qu’elle la gronde, de s’être entichée d’un homme d’un village supposément ennemi alors qu’elle n’était elle-même pas mieux ? Le rire de la brune s’éternise, alors qu’elle lève sa coupe de saké à moitié vide devant elle, une lueur taquine brillant dans son regard.
« Promis, si tu m’avoues que vous n’avez pas parlé que politique, je ne vais pas me fâcher. »

Le sourire et l’expression de féline de la Kamiko la font rayonner, une poignée de seconde, avant que son esprit de dérive vers une nouvelle pensée. Soudainement concentrée sur une nouvelle réflexion, l’intendante de Konoha esquisse une moue enfantine, alors qu’elle cherche ses mots. Pouvait-elle véritablement dire qu’elle était sans aucune expérience, après l’incident de la délégation ? Oui, non. Du moins elle en demeurait encore vierge, si ce n’était physiquement, à défaut d’avoir eu l’occasion de disposer de cours sur le sujet. Jolie et kunoichi semblait même d’excellent prétexte à ce que leur métier les amène à flirter aussi y avait-il un intérêt pragmatique à connaitre les bases. Pour ce qui était du reste …
« Je connais la théorie mais j’avoue n’avoir jamais eu le temps ou vraiment l’intérêt pour la … pratique. »

Les candidats, eux, n’avaient jamais manqué mais jamais, au grand jamais, Raion ne s’était laissée tenter, trop fleur bleue ou peut-être trop traditionnelle dans sa façon de penser. Poser son regard sur des corps ne l’avait que rarement émoustillée et, bien trop fière pour l’admettre, elle avait préféré s’enformer à double tour dans son atelier pour ne plus y penser. Adressant une grimace mi-figue mi-raisin à son interlocutrice, la jeune femme réalise qu’elle aurait peut-être finalement dû tenter l’expérience, sa gêne refusant de quitter ses pommettes, avant de rebondir sur sa proposition. Bien loin d’avoir honte, la brune reconnait son ignorance.
« Les quelques romans d’amour que j’ai pu lire n’ont véritablement rien à voir avec ce que je vis. Avec le recul, j’ai presque honte de certaine robe de mariage que j’ai pu confectionner tellement elles étaient banales en comparaison de ce qu’elles devaient exprimer. »

Le mécontentement se peint sur le visage de la chef du clan Kamiko, alors qu’elle remplit les verres, une fois de plus. L’ébriété de l’intendante lui rosit les joues, ses émotions libérées par la boisson alors qu’elle secoue la tête pour marquer son exaspération, pour mieux la faire disparaitre en croquant dans un des plats qu’elle avait apportés. Elle réfléchit, brièvement, à ce qu’elle s’apprête à dire, ne sachant réellement pas par où commencer pour, enfin, se jeter à l’eau dans un soupir las.
« Je ne pensais pas qu’il était possible de réunir l’excitation de la chasse, l’angoisse de la fin et le besoin que j’ai de le posséder en une seule émotion. » Trempant ses lèvres dans sa coupe avant de la vider à nouveau, Raion se surprend à penser, une fois de plus, à l’Ourson du désert qui hante son quotidien. « C’est fort, c’est beau, c’est complexe et tellement naturel en même temps que ça en devient terrifiant. »

Elle ne savait pas, réellement, si elle parlait de l’homme où de ses sentiments mais l’impression, vertigineuse, qui découlait des deux lui ressemblait étrangement à celle qu’elle pouvait avoir lorsqu’elle marchait sur un fil suspendu entre deux arbres. Au milieu du trajet, elle n’avait aucun moyen de se rattraper à quoi que ce soit mais, au lieu de s’inquiéter du risque, elle se concentrait sur l’exaltation provoquée par la nouveauté et l’aventure. Bien plus que de peut-être porter des sentiments à sens unique, la chef de clan craignait, par-dessus tout, de porter des espoirs trop grands dans une relation qui n’était prévue, à la base, que comme un échange de davantage pragmatique.

Et pourtant, elle se souvenait de son enthousiasme. De son empressement à s’engouffrer dans ses provocations. De sa passion dans un baiser qu’elle n’aurait pas pensé échanger avant quelques rencontres. De son toucher avide quand il effleurait sa peau. De … L’intendante ferme les yeux, s’abandonnant à un frisson d’excitation, le bout de ses oreilles rosissant en écho à ses pensées volatiles qu’elle échoue à dompter. Mais essayait-elle seulement ? Ses paupières se rouvrent sur ses pupilles d’aciers, dont l’éclat passionné s’adoucit dans une étrange mélancolie.
« Et il va falloir que je compose avec ça, mes espoirs et mes ambitions. Bonjour le challenge et les prises de tête, moi je te le dis. »
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" En te levant le matin, rappelle-toi combien précieux est le privilège de vivre, de respirer, d'être heureux. "



Le saké, une véritable diablerie pour qui n'était pas capable de le tenir convenablement. À son grand dam, c'était malheureusement le cas de Yuriko dont la vie était si saine que la moindre goutte pouvait lui faire perdre le contrôle de ses mots autant que de ses émotions. Mais quand bien même son phrasé perdait un peu en éloquence, elle n'en restait pas moins franche.

" Oui, les réunions... enfin LA grande réunion, mais nous l'avons entrecoupé à plusieurs reprises. C'est comme... plusieurs petites réunions. Sora-san ne se sentait pas capable de tenir sur de trop longue durée, et je dois dire que l'intendante de Suna était une femme plutôt... étrange. "

Le maître des aigles avait mainte fois soupirer lors de l'entretien, car il n'aimait perdre son temps en fioriture. Cependant, Denya Sahara, l'intendante de l'époque, était une femme particulièrement curieuse et enjouée. Hayato, qui se tenait à ses côtés, avait été le plus "normal" des conviés, bien qu'un peu froid. Toutefois, Yuriko s'était montrée tout aussi austère dans le cadre de l'entrevue, déjà bien agacée par l'idée de ne pas avoir rencontré Senshi lui-même. Bien qu'il n'eut aucun scandale, ce ne fut guère chaleureux... sauf sur la plage où la kunoichi avait pu montrer un visage bien différent de celui de la Nidaime qu'elle se devait être. Mais ceci demeurait le petit secret bien gardé de la jeune femme, bien loin d'imaginer ce qui l'attendrait des mois plus tard.

Allant de bons mots en confidence, Yuriko se rendit compte qu'elle se perdait un peu dans ses multiples explications, qui, au lieu d'éclaircir ses propos ne les rendaient que plus nébuleux. Comment ne pas comprendre les suspicions et insinuations de sa camarade ?

" Mmmm... dans mes souvenirs, nous n'avions parlé que de politiques et de certaines de nos coutumes, de notre vision des choses et de notre collaboration future. Ce n'était pas très palpitant et cette jeune femme aux bras de bois posait beaucoup de questions... et faisait d'étranges jeux de mots. "

Restant sur cette lignée de conduite, Yuriko demeura très premier degré dans son discours, mais il était vrai que les vapeurs d'alcool ne l'aidait guère dans la crédibilité de sa démarche. Cela ne l'empêcha pas d'afficher un large sourire à la Kamiko, avant de noyer ses lèvres dans son verre. Il fallait dire que la Tadake était incapable d'aborder le sujet, ou tout du moins, pas encore, de la même façon qu'elle ne semblait pas capable de reconnaître l'intérêt véritable qu'avait suscité Hayato. Après tout, il n'était pas sans rappeler que la kunoichi avait à peine accepté et fait le deuil de Jinpachi, que l'on venait de lui annoncer la mort de son frère. Aimer à nouveau ne paraissait être un des sujets centraux de ses pensées à l'instant même de cette soirée.

Heureusement pour elle, la conversation tourna court pour un sujet plus croustillant encore, celui de l'expérience de sa cadette... qui la surprit sans la surprendre totalement non plus. Alors qu'elle se fit resservir un verre, la Nidaime écouta avec beaucoup d'attention, hochant de la tête en fonction des propos de Raion.

" Et bien, et bien... cet homme semble t'avoir fait une très forte impression.  "

Une légère esquisse amusée se glissa sur le visage de la femme aux poings d'acier, qui, dans un mouvement gracile but une petite gorgée de sa liqueur.

" Je ne suis pas certaine d'être de très bon conseil, mais s'il y a une chose que tu dois toujours avoir en tête, c'est de rester fidèle à toi-même, quel que soit le domaine. Soit simplement à l'écoute de ton ressenti, ne le renie pas. "

Le regard de Yuriko se perdit soudainement dans le fond de son verre. Même si on pouvait apercevoir qu'elle tentait de conserver son sourire, il était aisé de noter qu'une pointe de tristesse accompagnait ses mots.

" Nous sommes des shinobis et nous ne savons pas de quoi sera fait demain, surtout pour nous même. Si effectivement nous allons au bout de ce projet et que tu épouses cet homme, ne l'oublie jamais. "

La jeune femme releva la tête, tentant de retrouver un peu de jovialité.

" Surtout pour ta nuit de noce, un moment crucial qui scellera ton destin à ce Shirokuma. "


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