Kougen revenait d’une mission effectuée en collaboration avec Uzushio dans le Pays des Tourbillons, dans un état lamentable. Le contrat qu’on leur avait présenté était somme toute assez basique mais quelques imprévus avaient grandement compliqué la tâche de son petit groupe. C’est une petite escouade autonome formée de deux chuunin de chaque village qui avait été formée sur le tas, sans vraiment que les membres aient le temps de vraiment se présenter ou apprendre à se connaître, ce qui n’avait pas facilité le tout. Malgré tout, ils s’en étaient sortis et rentrèrent tous ensemble en pour faire leur rapport. Le petit Aburame avait décidé de se séparer de son collègue des feuilles, plutôt que de rentrer chez eux, pour découvrir un peu cet endroit dans lequel il n’avait encore jamais mis les pieds, en dépit de ses nombreux déplacements.
Ses compagnons de route ne lui avaient pas beaucoup adressé la parole et acceptèrent plutôt à contrecoeur de le laisser les suivre, avant de se débarrasser de lui à la première occasion une fois dans le coeur de la ville en lui disant de mettre la main sur une auberge ou de se rendre dans un baraquement, au pire des cas. Avant qu’ils n’aient le temps de dire quoi que ce soit, ils avaient déjà disparu dans les dédales inconnus de l’albinos, qui se retrouva seul en terre inconnue. Le corps couvert d’ecchymoses et de blessures en tout genre, ses vêtements de mission avaient une pauvre allure. Son manteau noir était déchiré de part en part et sa capuche s’était complètement arrachée, l’empêchant de camoufler les trainées de sang séché sur ses joues irritées, ainsi que sa chevelure crasseuse et pleine de terre, après plusieurs jours sur le terrain sans pouvoir mettre la main sur la moindre douche potable.
Ses chaussures n’étaient plus que des lanières qui lui pendaient mollement entre les orteils et il avait même perdu son bandeau de shinobi, ce qui le laissait sans la moindre identification. Autour de lui, il n’y avait pas âme qui vive et les rues étaient à peine éclairées par quelques torches éparpillées le long du chemin. Levant les yeux vers les étoiles, il réalisa qu’il n’avait pas pensé à l’heure au moment de pénétrer dans l’enceinte étrangère, estimant que les coups de minuit devaient déjà être passés. Difficile, voire impossible, de trouver un logis convenable sans avoir la moindre idée de vers où se diriger pour lui et sa petite colonie.
Peu importait, car tout cela faisait partie de l’aventure telle qu’il l’appréciait ! Aller directement chez l’habitant, faire de nouvelles rencontres incongrues dans des situations hasardeuses ! Loin de se démonter, il suivit les quelques lanternes en longeant ce qui lui sembla être un fleuve, tout en espérant mettre la main sur quelqu’un de réveillé, les mains dans le dos, tout en sifflotant. Ses Kikaichuus appréciaient également cette nouveauté et certains, plus curieux et braves que les autres, ressortaient de la peau de leur maître pour essayer d’observer et analyser ce tout nouvel environnement. Il devait sans doute y avoir quelques espèces endémiques de ces terres que la petite troupe n’avait encore jamais rencontrées et c’était l’occasion rêvée pour tout le monde de tisser de nouveaux liens.
La lueur des flammes dansait sur sa peau en exacerbant sa teinte blafarde ainsi que ses pupilles sanguines et exorbitées, tandis que sa gorge sèche et ses lèvres abimées produisaient un bruit désagréable et irritant de porte grinçante. Au milieu des ombres, sa tenue semblait disparaître, lui donnant l’allure d’un spectre dont le buste flottait en vacillant. Les insectes qui se baladaient sur son corps en entrant et sortant à intervalles irréguliers donnaient l’impression que des ténèbres animées se baladaient en occultant la chair pour lui permettre de se fondre dans la nuit.
Prenant facilement goût à son petit périple, il gardait l'œil ouvert mais la simple possibilité qu’une âme charitable ne l’accueille le réjouit tant et si bien qu’il laissa sourire béant lui ceindre les joues. Atroce rictus maladroit, qui lui donnait un aspect à la fois simplet et dément, souligné encore davantage en faisant ressortir ses dents blanchâtres semblables à celle d’un prédateur. Peu à peu, il commença même à pousser la chansonnette, alternant son sifflement plaintif. Il marcha un bon moment, en alternant ce qu’il avait accumulé dans son registre, avant de tomber sur le moindre badaud.
« ♫ Ooooh, quelle misère ! Tout le monde veut être mon adv… » S’interrompit-il soudainement au détour d’une allée, en rencontrant une jeune femme seule.
Pour une raison qu’il ignorait totalement, l’inconnue ne l’avait pas encore remarquée mais elle ne semblait pas tout de même pas particulièrement rassurée. Elle agrippait fermement son sac contre son bassin et se déplaçait avec empressement en scrutant dans tous les sens, comme si une étrange entitée se trouvait à ses trousses. Coup de bol, lorsqu’il s’arrêta de chantonner, elle se figea complètement sur place en portant la main sur sa bouche, comme tétanisée par une menace quelconque qu’elle ne voulait pas alerter. Les rues de Uzu ne devaient vraiment pas être sûres, pour que les gens vivent avec un tel sentiment d’insécurité !
« C’est bien tard, pour se promener seule comme ça le soir madame. » Essaya-t-il pour briser la glace et l’informer de sa présence. Elle pivota très lentement sa tête pour chercher d’où la voix qu’elle venait d’entendre venait, jusqu’à ce que leurs regards ne se croisent soudainement. « Qui sait quel genre de détraqué se balade, à cette heure-là ? Vous voulez que je vous raccompagne, j’ai just… » S’arrêta d’un coup Gen en voyant des larmes perler des yeux de la pauvre dame.
Que pouvait-il donc lui arriver, pour qu’elle se retrouve dans cet état ? Chercher où se loger passa immédiatement au second plan, devant cette âme en pleine détresse apparente. Même au beau milieu de la soirée et après tout le dur labeur dont il sortait à peine, les besoins de son prochain prenaient toujours la priorité. Les insectes, inquiets de ce qu’ils ressentaient, pointèrent leurs antennes extirpées de la silhouette ombragée de leur ruche humaine. La peau de la villageoise vira au blanc maladif, sous l’effet d’une peur panique. Le Konohajin n’avait rien dans son champ de vision et pensa un instant que la menace pouvait donc se trouver derrière lui. Il passa rapidement la tête par-dessus son épaule pour couvrir son angle mort, mais ne remarqua absolument rien.
Aussitôt, l’inconnue se mit à détaler pour partir dans la sens opposé au moment où il détourna les yeux. Le tout en poussant des cris terrifiés, elle appelait à l’aide comme si sa vie en dépendait et surtout, comme si elle ne l’avait même pas remarqué ! Incroyable, était-il vraiment transparent à ce point, pour qu’elle préfère fuir en l’ignorant, plutôt que d’accepter son aide ? En tout cas, il ne perdit pas une seconde pour s’élancer en à sa poursuite, avant de la perdre, se disant que la situation était encore pire qu’il ne l’avait pensé de prime abord. Peut-être même ne l’avait-elle pas vu ou confondu avec quelqu’un d’autre, ce qui pouvait également expliquer sa fuite soudaine.
« Attends ! Je peux m’occuper de toi, tu vas voir ! » S’écria l’adolescent, pour essayer de la rassurer.
Malheureusement, ce n’était pas très efficace. Il la coursa sur quelques centaines de mètres en rattrapant peu à peu l’avance que la fuyarde avait réussi à prendre, préférant ne pas y aller directement à pleine vitesse pour essayer de se ménager un peu. Il arriva finalement sur un carrefour et s’arrêta pour essayer de voir par où la pauvrette était partie mais se retrouva incapable de la localiser, peu importe où il pouvait essayer de regarder. Il mordit ses lèvres arides, qui n’avaient vraiment pas besoin de ça, pensant avoir failli à sa tâche et perdu quelqu’un qu’il essayait de secourir. Mais de qui pouvait-elle bien fuir comme ça ?
Par chance, il remarqua finalement quelqu’un d’autre, sur l’un des embranchements, qu’il avait commencé par rater dans sa précipitation. D’un pas assuré, il se dirigea vers l’énergumène en estimant qu’il devait avoir vu quelque chose et serait donc capable de le renseigner. Situé juste face à une flamme, l’iris de Kougen brûlait comme un fer rouge et luisant, tout droit sorti d’outre-tombe. Avec une posture et un air qui se voulaient avenants, il tendit la main vers l’étranger en lui adressant sa meilleure grimace de salutation incontrôlée. Pour un oeil non averti et sans le moindre contexte, son apparition soudaine pouvait certes désarçonner le tout- venant et l’Aburame en était bien conscient. Ainsi, pour désamorcer tout malentendu ou quiproquo, il résuma très brièvement et avec brio ce qu’il était en train de faire et surtout sans laisser la moindre place à une mauvaise interprétation.
« Vous avez vu une femme passer par là ? » Demanda-t-il, ce qui n’était pas un mauvais départ en soi. « Elle est en danger. Je la suis depuis tout à l’heure mais je finirais bien par lui mettre le grappin dessus. Où qu’elle aille, j’ai les moyens de la retrouver. Mais si quelqu'un l'attrape avant moi...
Un message clair, concis. Impossible à comprendre de travers. Malgré l’urgence de la situation, il avait réussi à faire preuve d’un calme olympien et d’une réflexion rapide pour s’exprimer avec quelqu’un qui ne le connaissait pas le moins du monde. Fiers de leur maître, les Kikaichuus se manifestèrent en pullulant au niveau de son cou et de ses manches en lambeaux, devenant de larges masses noires et grouillantes de toute part, sans forme réellement stable ou tangible.
Kougen se balade très tard le soir dans les rues désertes et se retrouve finalement non loin du port. Il cherche quelqu'un pour l'héberger ou lui donner la direction d'une auberge mais lorsqu'il tombe finalement sur une jeune femme, celle-ci s'enfuit sans demander son reste ! Kougen la poursuit alors, en se disant qu'elle a peut-être besoin d'assistance et la perd malheureusement à un carrefour, n'étant pas familier de la ville. Il croise un autre passant et lui demande gentiment s'il n'a pas vu l'étrangère qu'il tente d'aider. La promenade commence bien !
Techniques et objets utilisées :