[Training] Médecine itinérante

Être une kunoichi n'était pas une profession de tout repos, mais cela était plus dur encore lorsque l'on était accompagné et que l'on se souciait de ses coéquipiers. Rendez-vous bien compte que le choc fut terrible pour Hana lorsque Gintaro se fit blesser à l'arme blanche lors de l'une de leur mission et elle se souvenait avec horreur du sentiment d'inutilité qui l'avait saisi. Être une Omura et n'avoir aucune connaissance médicale, c'était un comble. Oh bien entendu, cela n'était en rien sa faute, mais celle de l'éducation parentale qui voulait cantonner la belle à n'être qu'un pion pour des alliances futures. À leurs yeux, Hana n'était que cela, une beauté singulière et utile, pas un cerveau. Et à quoi servirait une beauté qui pourrait s'abîmer en combat ? Toutefois, maintenant qu'elle était parvenue à repousser les limites que l'on lui avait imposé, rien ne l'empêchait de prouver qu'elle n'était pas uniquement sculpturale, mais bel et bien cérébrale. Son atout ? Sa tante Tamika. Elle était la seule membre de la famille à croire en elle. Et même s'il fut complexe de convaincre la mère d'Hana, cette dernière eut le droit d'accompagner sa tante pour apprendre le métier.

Ce fut pour cette raison que la délicate Hana quitta le village pour ses environs. La durée ? À peu près une semaine au dire de sa tante. En effet, Tamika voulait passer par quelques autres villages environnants vérifier si elle ne pouvait pas offrir son aide et tout simplement s'enquérir de la santé de ses patients réguliers. Il lui était fort agréable d'avoir la compagnie de sa nièce.

" Haaaaaaa! Comme je suis heureuse de t'avoir avec moi ma petite Hana-chan ! Et heureuse de voir que tu t'intéresses à la médecine. "

" Moi aussi Tante Tamika. Je suis particulièrement heureuse de pouvoir être avec toi aujourd'hui et que je pourrais me montrer digne de tes enseignements. "

" Haaaaaa! Tu es trop chou.... et diablement trop polie. Bien sûre que tu seras digne. Tu es une Omura après tout. "

La tante lui fit un clin d'œil alors que les deux jeunes femmes parvinrent dans un premier village. Là, bien rapidement l'aide des médecins fut réclamée. Apparemment, une adolescente semblait avoir du mal à se sortir d'une mauvaise fièvre.

" Bien. Ma chère nièce adorée, sache que je ne vais pas immédiatement te mettre à la pratique. Je veux que tu es l'œil attentif, que tu observes chacun de mes gestes et que tu écoutes chacune de mes paroles. Je vais t'expliquer tout ce que je vais et dès demain, ça sera à ton tour. "

" Bien ma tante. "

" Première leçon. Savoir établir un diagnostic. "

Le petit doigt levé comme pour marquer le chiffre, Tamika se tourna bien vite vers la famille de la patiente. Elle interrogea ces derniers sur les habitudes de l'adolescente et si elle avait effectué quoique ce soit d'inhabituel. Hana, sérieuse et appliquée, enregistra chacune des formules de l'interrogatoire.

" Tu noteras que parfois, de simples questions permettent de déterminer le mal qui rongent un patient. Mais ceci est un savoir-faire que l'on gagne avec l'expérience. Quand nous n'avons pas le temps, il faut savoir utiliser les méthodes ancestrales shinobis : l'iroujutsu. Note que pour être un bon pratiquant, il est préférable de savoir parfaitement manipuler son chakra. La moindre erreur peut être fatale. Mais rassure-toi ma nièce, nous sommes des Omura. Nous avons ça dans notre sang. Haha! "

" D'accord. "

Hana acquiéça d'un mouvement de tête décidé et observa sa tante. Alors que cette dernière était penchée au-dessus de la patiente, une orbe verte apparut soudainement au creux de sa main. Là, comme si elle cherchait à scanner l'adolescente, cette boule d'énergie fut promenée sur son corps.

" Ce que tu voies luire à cet instant, c'est ce que nous appelons vulgairement du chakra médical. Nous détournons notre chakra pour lui permettre de soigner une personne. Ici, je l'utilise pour m'aider à déterminer d'où vient le problème. Lorsque tu t'y essaierais, tu comprendrais mieux. C'est une question de ressenti que je ne peux décrire avec des mots. Et en parlant de mal..."

Sa tante se stoppa nette au niveau de l'estomac.

" C'est ici qu'il y a un nœud. Je pense que cette jeune fille a mangé quelque chose qu'elle n'aurait pas dû. Une très mauvaise indigestion et elle a de la chance que le foi ne soit pas atteint. "

Estomaquée par la précision du diagnostic, Hana ne put cacher son admiration.

" Cette technique est aussi précise ? "

Tamika se mit à rire.

" Hahaha! Je dois dire qu'il s'agit encore une fois de l'expérience qui parle mais cette technique te permet de noter où vient le problème. Le reste est en partie de la déduction. Mais sache que cette connaissance de base te permettra d'aider tes patients à guérir plus vite. Notre énergie a un impact sur eux et tu peux stopper les petites hémorragies avant qu'elles ne deviennent trop sérieuse. "

" Oh je vois. Mais comment fais-je pour transformer mon chakra ? "

Tamika eut un mouvement de sourcil.

" De la même manière que tu l'utilises pour tes autres techniques. Au lieu de vouloir l'affiner pour lui conférer un pouvoir destructeur, ici, tu imagines la guérison. C'est comme visualiser dans ton esprit des cellules que tu souhaites réparer. Ton chakra en est le ciment ou le fil. "

L'Omura était toujours béate face à ses explications. Sa tante semblait lui présenter les choses si simplement qu'elle avait l'impression de tout comprendre. Tout au long de la journée, l'élève qu'elle fut se contenta d'écouter, d'observer et de noter dans son esprit tout ce qu'il fallait connaître. Lorsque la nuit tomba et que les deux uzujins passèrent la nuit au village, Hana chercha en cachette à créer l'orbe de soin comme elle avait pu l'observer tout au cours de la journée, mais ce ne fut que le lendemain et dans le prochain village que Tamika lui donna l'autorisation de s'exercer.

Bien évidemment, Tamika ne "donna" que des cas simples à sa nièce. Elle lui apprit ainsi dans un premier temps à désinfecter les plaies grâce à l'orbe de soin et elle fut surpenamment étonnée de constatée qu'Hana avait des prédispositions aux arts médicaux. Comme quoi la légende Omura n'était pas erronnée. Bien évidement, l'apparente aisance était dû à son entraiement noctune. Ce n'était bien évidemment pas parfait mais cela devint remarquable au fur et à mesure des heures et des patients... sans compter qu'Hana semblait être capable de mettre en confiance chacun de ceux qui passaient sous ses mains. Plus elle réussissait à générer l'orbe, plus Tamika lui confiait des cas un peu plus complexe. Ainsi, au bout de deux jours, Hana semblait être capable de générer le chakra de soin sans difficulté. Quand à ses capacités de diagnostics, seul le temps lui permettrait de l'affiner.

" Tu apprends vite Hana-chan. "

" Merci ma tante mais j'ai une bonne enseignante. "

" Vile flatteuse mais tu es trop mignonne pour que je t'en veuille. Mais bon, je suppose que c'est en lien avec ce qui est arrivé à ton camarade... Gin je-sais-pas quoi? "

" Gintaro-san, oui.... Je me suis sentie si bête et si inutile lorsqu'il a été blessée... et je crois que je me suis évanouie en plus. Je n'ai pas pu l'aider et je m'évanouie. Je suis une copéquipière horrible. Je ne souhaite plus que cela se reproduise. "

Un petit sourire se dessina sur le coin des lèvres de Tamika alors qu'elle tapota la tête de la jeune femme chaleureusement.

" L'iroujutsu ne peut pas accomplir de miracle tu sais.... mais au moins, il te permettra d'essayer de sauver des vies, et ça, sans regret. Je t'aiderais à maîtriser tout ça mais ne perd surtout pas ta motivation. "

" Oui ma tante. Je n'abandonnerais pas. "

Toujours déterminée, Hana se retroussa les manches et chercha à aider sa tante pour la nouvelle journée. Il y avait encore de nombreux patients à aider et de nouveaux gestes à devoir maîtriser...

L'apprentissage d’Hana était bien loin d'être fini, car si cela faisait déjà trois qu'elle cherchait à maîtriser convenablement l'art de base de l'iroujutsu, elle n'était pas encore capable de soigner à proprement parler, hormis de manière conventionnelle. Car oui, si Tamika lui enseignait les arts médicaux shinobi, elle ne mettait pas de côtés les connaissances classiques du domaine médical. Sans cela, les techniques d"iroujutsu seraient bien inutiles. Ainsi, l'utilisation de l'orbe de soin était accompagné de leçon concernant toutes les pratiques "anciennes" : la meilleure façon de poser des atèles ou bien des bandages, comment choisir le remède le plus efficace, comment suturer une plaie ouverte, etc... Il y avait énormément à apprendre, bien trop pour une semaine en compagnie de sa nièce. Pourtant, Hana était avide de connaissance et apprenait étonnamment vite. Elle semblait doter d'une forte détermination et sans doute une très bonne mémoire. Qui l'aurait cru ? De plus, ces gestes étaient étonnamment assurés, elle ne semblait pas tressaillir à la vue du sang... chose étonnante au vu de l'histoire que lui avait conté Hana. Pourquoi avait-elle paniqué devant son camarade ? Parce qu'elle le connaissait ? Dans tous les cas, elle ne fit pas défaut un seul instant à sa tante et ce ne fut que le soir, avant d'aller se coucher que cette dernière lui expliqua ce qui allait l'attendre.

" Ma petite Hana-chan, demain nous passerons aux choses un peu plus sérieuses. Je vais t'apprendre l'utilisation de la paume mystique. C'est véritablement LA technique que tout bon shinobi médecin se doit de maîtriser à la perfection. C'est elle qui te permettra de soigner un large panel de blessures. "

" Bien ma tante. Je me sens prête. "

" Je ne m'en attendais pas moins de ma nièce préférée. Bien. Je vais tâcher de te donner un cours rapide sur la théorie. Écoute bien. "

À ces paroles, la délicate Hana se saisit d'un carnet qu'elle avait pris avec elle depuis le début de son apprentissage. Elle y notait tout ce qui lui semblait important, faisant même quelques esquisses pour mieux comprendre - ses dessins étaient approximatifs, elle ne pouvait pas être douée partout.

" La paume mystique est une véritable technique de guérison, contrairement à l'orbe que tu as utilisé jusqu'ici. Mais retient qu'elles sont complémentaires. L'orbe te permettra de préparer ton patient et rendra la paume mystique plus efficace. "

" Compris, ma tante. Je le note. "

" Parfait. Le Shosen est assez polyvalent en réalité. Tu peux l’utiliser pour soigner des blessures superficielles comme profondes et de manière chirurgicale. Conséquence ? Il te faut être capable d'ajuster avec exactitude ton chakra et posséder une grande capacité de concentration pour l'utiliser. "

Hana écrivit avec dextérité sur son carnet, tout en agitant la tête pour dire qu'elle avait compris. Là, les cheveux attachés, les yeux déterminés, elle donnait l'air d'être une étudiante aguerrie... et ce n'était pas si faux que cela.

" Ici, ton chakra médical va permettre d'accélérer la régénération des cellules de ton patient et par extension sa guérison. Bien évidemment, plus la blessure est profonde et importante, plus il te faudra puiser dans ton chakra et te montrer d'autant plus méticuleuse.  "

" Mmmm... je comprends. Je suppose que je ne pourrais pas encore soigner de grands blessés. "

" Tout va dépendre de ton niveau ma nièce, mais nous aurons jusqu'à la fin de la semaine pour le déterminer. Dès demain, tu commenceras la pratique et le perfectionnement les jours suivants. "

" Je ferais de mieux. "

Sur ces derniers mots, les jeunes femmes se couchèrent pour un réveil à l'aurore. Leur destination était un nouveau village qui se trouvait au cœur des forêts de Uzushio, plus reculé que les autres. Une fois sur place, la belle Hana put très rapidement se mettre à l'œuvre, suivant chaque consigne que lui offrait sa tante. Elle continuait à naturellement utiliser l'orbe de soin - ce qui lui permettait de s'améliorer au passage - et commença à s'attaquer aux blessures superficielles : des petites égratignures, des plaies légères, des petites fièvres... Dans chacun des cas, elle plaçait ses mains au-dessus des blessures avant se concentrer son chakra médical. Si au début, il lui parut compliquer de faire en sorte de le maintenir dans la durée, elle commençait à comprendre les propos de Tamika. Il lui fallait visualiser le mal tout comme la guérison.

Hana fut très enthousiaste lorsqu'elle découvrit qu'elle arrivait à faire disparaitre les petites lésions - il fallait dire que sa tante lui laissait uniquement des enfants avec des petits bobos - jusqu'à ce qu'elle lui concédât un cas plus difficile. Bien évidemment, Tamika était prête à intervenir un cas où et reprendre la main. L'Omura ne laissa rien au hasard, sa nièce apprenait, mais il était hors de question de faire de son patient un cobaye. D'ailleurs en parlant de patient, ce dernier semblait hurler à la mort. Il avait une plaie ouverte à la jambe, assez sévère. Tamika lui avait déjà donné un tranquillisant pour qu'il cessa de bouger.

" Allez Hana-chan. Applique ce que je t'ai appris. N'oublie pas que tu dois agir vite et avec précision. "

" Oui, ma tante. "

Aussitôt, la délicate jeune femme passa ses mains au-dessus de la plaie mais elle ne pratiqua qu'une simple orbe de soin.

" Je commence par désinfecter la plaie et stopper les petites hémorragies. J'analyse les blessures. "

Etudiante modèle, elle expliqua à haute voix ce qu'elle faisait. Tamika acquiéçat comme si elle était d'accord avec ce début.

" C'est une sérieuse fracture ouverte. Je commence à soigner la plaie. "

Très concentrée, la genin commença à manipuler son chakra jusqu'à faire apparaître une lumière verdoyante autour de ses mains. Elle passa calmement le halo au-dessus de la blessure et chercha à infuser son énergie au travers du patient pour accélérer le processus de guérison. Les yeux froncés, Hana ne quitta pas une seconde du regard ce qu'elle était en train d'accomplir, créant dans son subconscient une image approximative de cellules qui se réparaient d'elles-mêmes. Cela pouvait paraître bien bête mais cela aidait curieusement la jeune femme à se focaliser. Petit à petit, au fur et à mesure de ses efforts, il devint bien visible la fermeture de la blessure.... tout comme la sueur perlant sur le front la belle. On ne naissait pas docteur en une semaine et la fatigue se faisait sentir. Ce fut au bout de quelques minutes qu'elle sortit de sa torpeur, lorsque la main de sa tante se posa sur son épaule.

" C'est vraiment un bon début, Hana-chan. Vraiment bien.... mais retiens aussi cette leçon : un médecin ne doit pas se surmener, sous peine de devenir inutile. Je vais prendre le relais maintenant. Repose-toi un peu. "

" Oh! Mais j'y étais presque.... "

" Il est vrai et tu as le bon geste, la bonne attitude. Mais regarde-toi dans un miroir Hana-chan ! Tu fais vraiment peur à voir ! "

" Comment ??? "

Cette simple remarque suffit à ce que la demoiselle à la chevelure améthyste cessa son devoir pour se précipiter en direction d'une glasse. Cela fit sourire Tamika - qui connaissait le point sensible de sa nièce - alors qu'elle reprenait la paume mystique pour terminer le travail. Alors qu'Hana était dépitée de constater que son doux visage était cernée au possible, elle n'oublia pas devoir d'apprentie et revint bien vite aux côtés de sa professeure. Il lui fallait continuer à observer le temps où elle ne pouvait employer la technique à proprement parlée, et ce fut ainsi tout le reste de la journée puisque la belle avait besoin de repos.

Toutefois, les jours suivants, Hana reprit le travail auprès de Tamika et s'entraina sur chacun des cas que lui laissait sa tante. Si les problèmes de santé - les plus légers - furent un relatif succès à guérir, la genin comprit rapidement ses limites pour les cas les plus graves.... mais elle pouvait sauver une vie dans l'urgence ou au moins éviter la mort à quelqu'un. C'était ce que lui confia la doctoresse itinérante pour la rassurer de ses efforts. L'Omura procéda ainsi tout au long des jours suivants, entre phase de quelques heures de repos et reprises ses soins médicaux jusqu'à arriver à agir avec aisance. Quand bien même elle eut à douter à quelques reprises, Tamika était confiante. Hana apprenait vite et ne se décourageait jamais. Et puis, il fallait dire que la jeune fille avait bien des raisons de ne pas laisser tomber. Au-delà de prouver à ses parents qu'elle était digne des enseignements du clan, elle désirait aussi prouver qu'elle était un élément important de son équipe - ou tout du moins utile. Et qui serait fier d'elle ? Devinez...