Mitsuha n’était pas encore prête pour ce genre d’évènement, elle le savait pertinemment.
Elle le savait mais cela ne voulait en aucun cas sous-entendre que cela ne l’agaçait pas un tantinet. La nouvellement genin ne pouvait se permettre de participer au tournois. Pas encore du moins, il était beaucoup trop tôt. Elle avait tant de choses à apprendre, à comprendre avant d’en arriver au stade de pouvoir se battre contre un autre ninja, potentiellement d’un autre ninja. Mais c’était pour cette raison que l’on avait convié la jeune Uzumaki à l’évènement : pour qu’elle puisse apprendre, observer les techniques des autres, en prendre de la graine comme aimaient répéter les anciens du clan. Alors c’était en bougonnant – plus pour la forme que par réel mécontentement – que Mitsuha avait accompagné des chuunins pour voir s’affronter des ninjas de Uzushio et de Konoha. Et par tous les dieux, les ninjas de Konoha n’étaient guère à prendre à la légère.
Mitsuha se surprit elle-même à être prise à la gorge par l’intensité des combats et à pousser des hurlements des encouragements quand les couleurs de sa nation se trouvaient sur le terrain. A courir jusqu’à la rambarde, appuyant son estomac dessus en poussant des cris à s’en crever les poumons … Et si par hasard elle reconnaissait un Uzujin … Rien ne pouvait arrêter la petite Uzumaki de se faire remarquer encore et encore. Et il y avait ces ninjas de cet autre pays, au-delà de la mer. Le village caché de la feuille, Konoha. Le village ainé du leur. Certains étaient impressionnant, à couper le souffle. Et leurs techniques … Elle entendait certains de ses ainés lui expliquer que certains venaient de clans propres au pays du feu. Il y avait ce garçon, d’à peut-être son âge … En soi, il n’avait rien d’extraordinaire physiquement si ce n’était cette immense tâche sur le front. A moins que cela soit une cicatrice ? A méditer. Un garçon donc qui en apparence n’avait rien d’extraordinaire : mais là était toute la fierté du ninja. Qu’importe son attirail, il ne fallait jamais se fier à l’habit de ce dernier. Lors de ce match contre cet adulte, Mitsuha en vint même à applaudir à deux mains lors de la défaite de ce dernier : saaaaah que c’était plaisant de voir un p’tit gars de la campagne botter l’arrière train d’un adulte.
Vraiment, très satisfaisant, dix sur dix, elle recommande vivement.
Ses ainés lui apprirent que c’était un Uchiha, l’un des membres du clan fondateur de Konoha. Meh, il n’avait pas l’air bien méchant pour un membre de clan fondateur – au moins, on pouvait voir de loin les Uzumaki. On lui expliqua qu’il possédait une sorte de violente conjonctivite qui s’éveillait après un traumatisme et qui leur permettait de copier ce qu’il voyait. Meh, vraiment pas impressionné, deuxième fois. C’était même limite masochiste … Mitsuha savait que les ninjas étaient destinés à porter une forme de souffrance sur leurs épaules, mais de là à se l’infliger volontairement pour copier son voisin. Quelle bande de drama-queen.
Mais tout pour tout avouer, elle restait tout de même excitée à l’idée de voir son prochain combat. Contre une Aburame. Un autre clan de Konoha qui manipule les insectes. Yurk. Mais le combat fut … expéditif pour résumer simplement. La rouquine n’eut même pas le temps de se lever ou d’hurler ses encouragements envers cet Uchiha qu’il avait été explosé par cette petite demoiselle. Visiblement, il ne valait mieux pas chercher des noises aux petits à Konoha.
C’était retenu.
Le garçon quittait la zone pour laisser place au prochain combat … Et certainement par instinct – car ne nous mentons pas, Mitsuha était une créature qui réagissait essentiellement à ses pulsions – et sous les appels de ses ainés, la petite Uzumaki se mettait déjà à courir dans les escaliers pour rejoindre le jeune perdant. Ses pas se firent plus précipités avant de tourner, glissant sur ses talons pour approcher le jeune homme, les mains sur les hanches.
De près, il semblait dans un encore plus mauvais état que de loin. Pauvre garçon.
« Et bien … On peut dire que la demoiselle verte t’a pas loupé ! J’crois qu’elle a même pas dépenser un quart de son chakra. Pouah ce monstre qu’elle est. » commença-t-elle en accroche, parce qu’évidemment, il n’y avait rien de mieux au monde que de parler de la récente défaite pour approcher quelqu’un. « J’aurai vraiment pas aimé être toi, et pourtant, ça m’gêne pas d’entrer dans la bagarre. »
Arrivée à hauteur, la rouquine lui fit un immense sourire, fière comme un roc avant de tendre sa main pour lui offrir son aide.
« Uzumaki Mitsuha, genin de Uzushio ! Enchanté Uchiha truc ! Un coup de main pour aller à l’infirmerie ? Parce que je sens que ça te prendra 107 ans si tu t’y mets tout seul. »
Fûma Shigeru
Uzushio no Jonin
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Le crâne de Shishio lui semblait prêt à exploser, à céder sous la pression atroce qui s’exerçait contre ses os. Il avait l’impression qu’un soleil de plomb cherchait activement à l’écraser, saisissant son visage dans une poigne incandescente pour mieux lui faire subir le sort funeste d’une pastèque innocente prise dans un jeu estival de piñata littorale. Le climat n’était pas spécialement impitoyable, ce jour-là – il était même très généreux – mais c’était le genre de sensations déplaisantes qu’un passage à tabac aussi brutal que ce que le garçon venait de subir pouvait vous faire ressentir. Les coups de la jeune Aburame résonnaient encore à travers son corps comme autant de tambours cruels, faisant battre le peu de sang qui avait bien voulu rester dans son corps à ses oreilles. Tandis qu’il claudiquait en dehors de l’arène, luttant contre l’inconscience, son raisonnement absent le poussant à fausser compagnie à l’équipe médicale du Temple du Bois Bleu – prétendant tant bien que mal qu’il pouvait se rendre à l’infirmerie de lui-même – il maugréa lentement contre l’idée catastrophique qu’il avait eu de se joindre à ce tournoi. Il ne pensait pas réellement les jérémiades qui passaient par son cerveau – il avait trouvé, dans ce combat comme le précédent, de précieux trésors que toute la douleur du monde ne saurait effacer. Cette petite voix sarcastique qui se donnait à cœur joie n’était qu’un effort de tourner en dérision son état physique misérable, s’amusant de sa situation pour laisser moins de place à la torture que représentait chaque mouvement. Il n’avait pas subi autant de dégâts depuis… Eh bien, depuis des souvenirs beaucoup moins amusants que celui de s’être fait tabasser par une furie vert pomme. Instinctivement, il porta la main à son torse, passant lentement des doigts inquiets sur des cicatrices nettement plus vieilles que les ecchymoses laissées là par les poings d’Hako. Les tissus fragiles semblaient encore attachés ; il acquiesça pour lui-même avant de pousser sur quelques mètres supplémentaires.
On ne pouvait pas vraiment dire qu’il marchait ; à ce stade, ça ressemblait plus à se laisser tomber en avant et se rattraper au dernier moment en avançant l’une ou l’autre de ses jambes. C’était sans doute pourquoi il fut aussi facile à rattraper.
La voix bien trop enjouée d’une jeune fille atteignit soudain ses oreilles. Pris par surprise, il leva lentement la tête, regardant l’inconnue avec son œil droit – le gauche reposait sous une paupière bien trop gonflée pour qu’il puisse voir quoi que ce fut. Elle avait des cheveux rouge flamboyant – quelque chose disait à Shishio que c’était un trait distinctif qu’il était censé reconnaître, mais son cerveau mis à mal par les multiples chocs et contusions ne semblait pas motivé à retrouver cette information – et son visage enthousiaste accompagnait terriblement bien son franc parler. Le jeune Uchiha ne retint pas un petit sourire amusé en entendant la compassion très superficielle de la demoiselle – lui non plus n’avait pas vraiment aimé être à sa place, pour le coup.
Lorsque Mitsuha se présenta avec son nom complet, faisant quelques pas en avant pour lui offrir une main secourable, les souvenirs de Shishio acceptèrent enfin de s’activer. Uzumaki. C’était ça, le signe qu’il était censé reconnaître. En tant que l’un des clans fondateurs d’une village ninja, une tribu avec des signes physiques très distinctifs du reste du monde et une réputation qui n’était pas à refaire, le clan au tourbillon avait été plus d’une fois comparé au clan à l’éventail – une comparaison dont les Uchiha tendaient à prendre ombrage, d’ailleurs, arguant que les Uzumaki étaient bien loin de pouvoir prétendre rivaliser sur le plan de la puissance militaire.
Serrant la main tendue pour répondre à la présentation, Shishio tâcha tant bien que mal de sourire, laissant un peu plus de sang piégé dans sa bouche couler sur son menton.
« Chalut, » commença-t-il, avant de s’essuyer rapidement le visage pour pouvoir parler sans gêne, « moi c’est Shishio. Uchiha Shishio, pour être précis, mais ça tu le savais déjà. Et… »
Il jeta un regard en arrière. Il aurait pu simplement accepter l’aide de l’équipe médicale de l’arène mais, d’une certaine manière, faire ce trajet avec une personne de son âge, cela lui semblait bien plus sympathique que de se laisser mettre sur un brancard. Il n’était habituellement pas du genre à souffrir d’une fierté mal placée, mais là… Il tenait vraiment à atteindre l’infirmerie à pied, même s’il devait accepter une main extérieure pour arriver jusque-là.
« Et je veux bien. Ce serait un peu idiot de mourir parce que j’ai perdu ce qu’il me reste de sang sur le chemin de l’infirmerie, pas vrai ? »
Alors que les deux genins entamaient le chemin, le garçon réfléchit un instant avant d’ouvrir la bouche à nouveau, cherchant tant bien que mal un sujet de conversation potable.
« Je ne crois pas t’avoir vue parmi les participants… Tu es venue observer le tournoi, c’est ça ? Tu as vu des trucs intéressants, à part mes os qui se brisent ? »
Feat.
Uzumaki Mitsuha
Uzushio no Genin
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« Tu sais, si tu as du sang dans la bouche, c’mieux de le cracher pour éviter d’obstruer les voies respiratoires. C’serait con de mourir comme ça ! »
Mitsuha rit légèrement en passant le bras du malheureux par-dessus ses épaules pour l’aider à marcher. Agrippant fermement sa taille, elle commença à avancer en direction de l’infirmerie. Il n’était vraiment pas bien lourd … Ils devaient avoir à peine dix centimètres de différences de taille et le malheureux était un peu penché sur la plus petite, déséquilibrant l’ensemble ; la rouquine restait néanmoins en excellente forme, permettant de diriger le duo sans risque de chuter. Elle s’était proposée après tout, c’était son devoir de l’accompagner, surtout s’il était un membre d’un clan d’un village ami au sien. La courtoisie, messieurs dames, voilà ce que c’était.
« Je ne crois pas t’avoir vue parmi les participants … Tu es venue observer le tournoi, c’est ça ? » Mitsuha releva la tête vers son ainé, curieuse de ce début de conversation. « Tu as vu des trucs intéressants, à part mes os qui se brisent ? »
Mitsuha lâcha un nouveau rire avant de se frotter le nez de l’index. Ah ça, des choses, elle en avait vu. Notamment sur l’adversaire du jeune blessé.
« J’suis pas venue participer, j’suis pas encore prête de c’que disent les vieux … » et ça l’embêter de le reconnaître, mais elle doutait du simple fait de réussir un combat. « Néanmoins, ce que je peux te dire, c’est que t’as pas à avoir honte de ton combat. Ta concurrente, la gamine verte, c’est une monstre. Genre vraiment, genre je l’ai vu utiliser que du taijutsu. Que ça. Et on m’f’ra pas croire qu’elle sait utiliser que ça, donc c’était qu’elle avait d’autres cartes dans sa manche. Et puis cette puissance …. Pouaaaah, j’aurai pas aimé me prendre une tarte de sa part. »
Ce que, techniquement, Shishio s’était méchamment pris pour le mettre dans un tel état. Elle lui tapota vaguement le dos pour le consoler, souriant.
« C’était un beau match. Et ta conjonctivite était cool … Même si tu devrais voir un médecin pour ça, on ne sait jamais. » Les yeux rouges du clan Uchiha étaient impressionnant, à n’en pas douter. Mais il était bon de plaisanter pour détendre l’atmosphère. « Et puis de ce que j’ai compris, toi et la petite verte, vous êtes du même village, non ? Entraine-toi et bats là. »
Mitsuha avait laissé tomber l’espace de quelques secondes son ton plus léger. Peut-être qu’elle transférait cette situation à la sienne : après tout, l’Uzumaki aussi avait un rival à battre. Et pour cela, il n’y avait qu’une seule et unique solution : se surpasser à l’entrainement, encore et toujours. Devenir meilleur pour surpasser l’adversaire et pouvoir le mettre à terre. La rousse lui offrit un sourire confiant, déterminée.
« Après tout, quand on tombe de cheval, il faut remonter le plus rapidement possible ? Et qui sait … Peut-être que je participerai au prochain tournoi et qu’on se retrouvera l’un contre l’autre. » Un petit clin d’œil, discret et malicieux. « Même si j’aurai déjà eu un aperçu de tes compétences, Mossieur l’Uchiha. »
Bukijutsu, taijutsu, sharingan … Ouep, le petit tourbillon avait déjà eu un bel éventail.
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