C'est ma zone ici — PV Shirokuma

Me voici aux abords du village de Suna, où les dunes de sable se font plus rares, au profit de quelques blocs rocheux formant comme des canyons. C'était un lieu où j'aimais particulièrement venir m'entraîner, à défaut de me rendre au terrain d'entraînement, si commun pour mes confrères Sunajin. S'il m'arrivait encore de m'exercer là-bas de temps à autre, c'était de plus en plus rare, car je préférais les coins reculés comme celui-ci, avec la faune alentour pour seule compagnie. Au programme d'aujourd'hui : entraînement physique. Un long échauffement m'avait mis en jambes, j'étais prêt à donner tout ce que j'avais. Premier exercice : grimper à la seule force d'un de mes bras à la plus haute des falaises du coin.

Et c'est parti ! D'un bond, je m'élance dans les airs, m'agrippant à la force de mes doigts aux reliefs de la paroi rocheuse. Amortissant mon poids à l'aide de mes jambes, je scrutais déjà les prochains mètres à gravir, à l'affût d'une prise. Bras gauche dans le dos, je recroquevillais mes jambes de sorte à les ramener à hauteur de mon bassin, me retrouvant le cul qui pendouille vers le bas. Soudain, je poussai à l'aide de mes jambes comme pour m'éloigner du mur, jouant sur ma prise de la main droite afin de réorienter ma poussée vers le haut, accompagnant mon élan d'une traction du bras afin de m'élever vers les airs. Ainsi, je me cramponnai de nouveau contre la falaise après une courte ascension, d'une à deux mètres tout au plus. Puis, je répétai le processus encore et encore, jusqu'à atteindre le sommet... ou presque.

— Humpf !

Craquelant sous mon poids, le bout de roche auquel je m'étais rattrapé se brisa, m'emportant dans sa chute. Fort heureusement pour moi, je pus me raccrocher à une de mes précédentes prises, ne perdant alors pas plus d'une demi dizaine de mètres de hauteur. J'étais parti pour quelques sauts de plus...

Après quelques efforts, je voyais finalement le haut de la falaise. Ces plus de trente mètres de dénivelé avaient été dévoré en quelques minutes. En effet, j'étais du genre habile, et l'escalade n'avait jamais été un problème pour moi. Cela n'était au final qu'un dernier échauffement avant le véritable entraînement. Et alors que je réfléchissais à quel exercice j'allais m'appliquer par la suite, ma main atteignant enfin le sommet de la falaise, je m'aperçus de la présence d'un individu inconnu, trônait fièrement au-dessus de ma tête comme s'il attendait ma venue.

J'arquais un sourcil d'appréhension, avant d'apercevoir un bandeau de Suna. Ce n'était pas un ennemi. Du moins, techniquement. Une idée me vint soudainement. Pour une fois, un peu de compagnie lors d'un entraînement n'était pas de refus. Alors, toujours suspendu à ma prise du bras droit, je m'élançai une énième fois dans les airs, surplombant cette fois-ci l'intrus qui se tenait devant moi, lui passant par au-dessus afin de retomber dans son dos.

Nous nous trouvions alors sur une plateforme rocailleuse d'une vingtaine de mètres de large, pour une trentaine de mètres de hauteur. Un terrain idéal pour un affrontement Shinobi en toute frontalité. Dardant du regard l'inconnu, j'agitais mon bras droit afin de le détendre après une telle débauche d'énergie, restant stoïque et silencieux. Après tout, je n'étais pas du genre bavard... Mais l'insistance avec laquelle je le regardais ainsi que cet air malicieux qui déformait mon visage dans un rictus presque malsain en disait long sur mes intentions : qui se trouve dans ma zone pendant mon entraînement n'est rien de plus qu'un sac de frappe. Gare à vous si vous passez dans le coin !

Tout en haut d'un large promontoire rocheux, Kuma était assis, sur le rebord de son perchoir naturel, pour observer le monde qu'il dominait, en contrebas. Cela faisait bien longtemps, qu'il ne s'était pas rendu dans le coin... Entre ses différentes missions, ses responsabilités en tant que Triumvir et la mise en branle de divers projets pour le village, il ne pouvait plus vraiment prendre de temps pour lui, à s'entrainer dans un coin reculé de leur charmant désert. Malgré tout, pour une fois, il avait pu se déplacer, même si le but était bien différent de son simple développement personnel. Il avait une proposition à faire, qu'il avait pu prendre son temps à faire mûrir. Dernièrement, il avait enchaîné les fiascos, en essayant de s'entourer d'apprentis ninjas, mais il ne semblait pas être fait pour avoir une équipe de débutants à sa charge.

Il n'était pas forcément un mauvais tuteur, mais les projets qu'il avait l'empêchaient de pouvoir proposer de bons programmes de perfectionnement aux plus jeunes, il avait des missions trop importantes et dangereuses sur le feu, au cours desquelles il ne pouvait décemment pas couver qui que ce soit. Il avait déjà suffisamment de morts, qui lui pesaient sur ses épaules et voulait à tout prix limiter les pertes, dans le mesure du possible, ce qui l'avait amené à recaler de nombreuses recrues, de qui il ne pouvait se porter garant. Jin, Kenzo, Eien, Rokuemon, Rokasu... Beaucoup de jeunes gens avec du potentiel, mais qu'il n'avait décemment pu se permettre de garder sous son aile, après les avoir vu quelques fois, sur les rares missions dont il avait pu profiter, pour les tester. Les petites têtes blondes s'étaient enchainées, les unes après les autres, renforçant les critères de l'Akayuki, à chaque nouveau recrutement.

Désormais, il se retrouvait seul et, même si une partie de lui s'en réjouissait, il savait pertinnement que ce ne serait pas viable, sur le long terme, ni pour des contrats de grande envergure. Incertain quant à la marche à suivre, il avait énormément ressassé son passé, au cours des dernières semaines. S'il appréciait l'idée d'enseigner, il devait bien se rendre à l'évidence que ce n'était pas la bonne période, pour pouvoir s'y mettre... Il y avait encore tant de choses à faire, tant d'habitudes à plier, de dogmes dont il fallait se débarasser. S'il voulait un jour avoir la possibilité de modeler les esprits de la nouvelle génération, il fallait déjà qu'il puisse s'assurer que celle-ci ait le droit à un avenir. L'ourson des sables n'était pas naïf au point de penser que les pertes humaines pourraient un jour totalement disparaitre, dans le monde qui était le leur, mais cela ne l'empêchait pas d'imaginer une utopie, où les shinobis deviendraient obsolètes, au sein d'un monde uni. S'il n'atteindrait jamais son idéal, surtout en une seule vie, il comptait bel et bien faire de son mieux, pour s'en rapprocher le plus possible.

Il en avait fait la promesse.

Le monticule rocailleux qui lui servait de siège, lui permettant de jeter un regard mélancolique sur leur belle contrée, était chargé de souvenirs, pour le ninja presque trentenaire. Bien avant qu'il n'accède au grade de Jonin, il s'était rendu ici-même, avec ses deux compagnons d'armes : Sanae et Mirai. C'était la femme du trio, qui avait réussi à dénicher ce coin, en patrouillant la zone sur un amas de poussière d'or, afin qu'ils puissent avoir un coin tranquille, pour leur permettre de se parfaire loin des yeux inquisiteurs de leurs compatriotes, ou encore de leur charmant professeur. C'était un endroit rudimentaire, mais qui surplombait la plupart des autres points de vue à portée, tout en étant suffisamment large pour camoufler totalement ce qui pouvait s'y passer, pour les observateurs sur le plancher des vaches. Un bon endroit pour se retrouver, entre éléments perturbateurs, pour se perfectionner, renforcer le lien qui les unissait et refaire le monde, entre deux séances musclées. Pendant longtemps, ils avaient été une véritable équipe de choc, avec des rêves plein les mirettes, prêts à tout pour donner à leur village le rayonnement qu'il méritait, loin de l'obscurantisme de quelques vieux puristes...

« La bonne époque... » Confia-t-il au creux du vent, qui emporta ses mots au loin, comme un secret inavouable.

Une ère qui paraissait à la fois si proche et si lointaine, depuis la tragédie de Baransu. Sanae y avait perdu la vie et Mirai, même s'il avait pu en réchapper, avait commencé à sombrer progressivement dans la folie. Le martialiste pouvait bien tenter de le cacher de son mieux, les pertes qu'il y avait subi formaient une blessure encore fraiche, une plaie béante, qu'il se refusait d'oublier, coûte que coûte. L'effroi était devenu tristesse. La tristesse s'était changée en rage. La rage était venue recouvrir sa détermination ébranlée, pour la forger de nouveau et la renforcer toujours davantage. C'était le monde, qui avait décidé de le persécuter, de lui retirer ce qu'il avait de plus cher, tout en le mettant face à sa propre ignorance. Il s'était donc décidé à persécuter le monde, non pas pour le détruire ou le mettre à feu et à sang, mais pour le sauver, même s'il devait aller contre son propre gré. Le réparer, pour épargner ses tragédies à d'autres.

Ils avaient longtemps théorisé ce qu'ils pouvaient faire, pour ajouter leur pierre à l'édifice et faire une vraie différence et ces discussions résonnaient encore dans son esprit, des années après. Bêtement, il avait pensé pouvoir reprendre le flambeau seul et parcourir le même chemin qu'ils avaient tracé et commencé, main dans la main. Par peur et pesé par ses regrets, il avait fait son possible, pour éviter les endroits emprunts de l'essence de son vieil ami et de son âme-soeur. Ses souvenirs aiguisés lui faisait remarquer la moindre trace sur le sol, le moindre vestige d'emprunte de pas, effacée par l'érosion du temps, mais encore bien clair à ses yeux, qui se remémoraient une période disparue. Ca et là, on trouvait encore des traces inscrites à même la pierre, preuves formelles du passage des lames acérées de quelques marionnettes. Kuma sentait encore le goût du sable d'or, lui râper le palais, après toutes les fois où la promise du clan Serika lui avait fait manger le sol... La brise portait encore ses rires, son parfum, sa douceur...

Lentement, l'Akayuki remonta sa main droite d'un geste machinal, pour la poser sur son épaule gauche, les yeux fermés. Il n'était pas venu pour le simple plaisir de la reminiscence et, pourtant, l'épreuve était plus compliquée qu'il n'aurait pu le croire. Il avait bien fait de venir en avance, pour s'imprégner des lieux et prendre le temps qui lui était nécessaire, pour rester imperturbable, au moment décisif. S'il s'était entouré de novices, à aiguiller sur les bases ninja, il s'agissait également d'une peur déraisonnée. Comme si s'entourer à nouveau d'égals constituait une trahison, envers ceux qui l'avaient accompagné sur le champ de bataille. L'ironie de se retrouver ici, ne lui avait pas échappé, lorsqu'il s'était renseigné sur sa future recrue.

Le Triumvir avait fait de son mieux, pour continuer de se parfaire, continuant à pratiquer ses arts religieusement, sans relâche. Il lui avait fallu du temps, pour faire son deuil et se rendre à une évidence pourtant simple : Il y avait des choses qu'on ne pouvait faire seul, même en dehors de la politique. Il lui fallait également des éléments forts, loyaux, qui pourraient assurer ses arrières et avoir un réel impact. Pour tenir sa promesse, il devait former une nouvelle team Yoarashi. Une vraie.

Il avait alors changé ses critères, après avoir abandonné l'idée de partir de zéro. Le temps était une commodité précieuse, qu'il ne pouvait se permettre de gâcher. Finalement, il avait déniché ce qui pouvait bien être la perle rare, qui représentait, au moins sur le papier, le parfait entre-deux entre son équipe passée et les autres formats qu'il avait tenté, au cours de l'année. Lorsqu'il avait appris, en recoupant de la collecte d'informations et quelques filatures, que son ancien terrain d'entraînement perdu avait été réinvesti, le lieu qu'il devait choisir pour son premier entretien était devenu évident.

Shirokuma dressa l'oreille, au son d'une dégringolade de cailloux, sur le flanc de la falaise à l'opposé de l'endroit où il se trouvait.

« Souhaitez-moi bonne chance. » Murmura le Shinobi, en se redressant, avec un sourire au coin des lèvres.

D'un pas décidé, il se dirigea vers l'endroit d'où arrivait son invité, à son insu. Il attendait le grimpeur, en se faisant le plus discret possible, tout en restant proche du bord, pour le surprendre à son arrivée. Les bras croisés, il portait un plastron léger, ainsi qu'une chemise à capuche fine et légère, marquée des armoiries de son clan, dans le dos. La tenue étincelait de jaune et d'or, en hommage au désert et le bandeau de Suna lui faisait office de ceinture, pour compléter l'ensemble. Après une courte attente, sa proie ne tarda pas à montrer le bout de son nez, amplifiant la satisfaction mesquine de Kuma, qui eut tout le loisir de lire la surprise sur son visage prépubère.

« Yo, Kyo. »

L'intéressé ne perdit pas une seconde pour s'élancer dans les airs, avec une aisance déconcertante, pour dépasser le chef de clan, qu'il mettait ainsi au bord du précipice. Le marchand ne se retourna pas tout de suite, savourant un peu sa mise en scène et attendant de voir si l'adolescent ferait le premier pas. Il n'y avait presque pas besoin de le regarder, pour ressentir la bestialité qui rageait dans son dos. Finissant par faire volte-face, pour observer le lionceau, qui commençait presque à montrer les crocs, comme pour défendre un territoire qui n'était pas le sien. Intéressant. Comme il s'y était attendu, il n'avait pas fallu bien longtemps, pour qu'il ait envie d'en découdre et le regard qu'il posait sur son aîné faisait bouillir son sang de guerrier, lui qui n'était venu que pour une simple discussion cordiale.

La première impression, en tête à tête, n'avait déjà rien à voir avec le reste des élèves qu'il avait pu sélectionner. Ce n'était pas un talent à faire bourgeonner, mais un véritable prédateur, malgré son jeune âge. Levant sa main tendu au niveau de son front, il la décala légèrement pour la porter en direction de Kyo, afin de comparer la différence de taille qui les séparait. Celui-ci dépassait son senpai de dix bons centimètres et le toisait avec malice, prêt à s'enclencher à la moindre occasion.

« Oï, t'es sûr que t'as dix-sept ans, toi ? »

Tout en restant sur ses gardes, en dépit de sa proximité avec le précipice qui se tenait, un pas derrière lui, Shirokuma tendit finalement sa main en arrêtant de faire le pitre, pour serrer celle de son compatriote Sunajin. En le voyant, plein de rage à peine contenu, il avait l'impression de voir une version de lui-même, avant qu'il n'apprenne à se tempérer. Le jeune homme aimait sa patrie et l'avait prouvé à de multiples reprises, ainsi qu'un parcours impeccable. Un bon élément, qui semblait mieux fonctionner en solitaire qu'en équipe, au vu de ses résultats... A moins qu'il n'ait tout simplement jamais eu les bons partenaires, tout au long de ses affectations.

« Je me présente : Akayuki Shirokuma. Tu fais beaucoup parler de toi, depuis ton arrivée. Je me suis dis que tu préférerais un endroit tranquille... Pour discuter. » Avança-t-il, tout en guettant le moindre début de mouvement dans la posture de son interlocuteur. « Que dirais-tu de rejoindre une vraie équipe ? »

« Yo, Kyo » ? Il est sérieux lui ? Et puis c'est moi ou il tapait la pose là ? C'est quoi ce type ? D'où il sort putain ? pensais-je, alors que ce dernier gesticulait d'un air totalement décontracté. En faisant mine d'ignorer l'aura meurtrière qui se dégageait de ma personne, alors que je savais pertinemment qu'il la ressentait, il voulait m'envoyer un message. Il y avait peu de chance que ce soit une coïncidence... Ce type était soit fou, soit très sûr de lui, et il voulait me le faire savoir. Mais peut-être jouait-il un petit peu trop la comédie à mon goût.

— Oï, t'es sûr que t'as dix-sept ans, toi ?, dit-il en comparant nos tailles.

D'un soupir nasal, je vins combler le silence pendant qu'un léger malaise commença à s'installer. Si t'as quelque chose à me dire, viens en aux faits, j'ai pas que ça à faire. Le voilà justement qui s'approche. La main tendue, il se présentait avec courtoisie, une attitude qui se voulait neutre, voire avenante, mais qui avait le don subtil de m'irriter.

— Je me présente : Akayuki Shirokuma. Tu fais beaucoup parler de toi, depuis ton arrivée. J'haussai les épaules. Je me suis dis que tu préférerais un endroit tranquille... Pour discuter. Que dirais-tu de rejoindre une vraie équipe ? Un sourire amusé voire moqueur étira finement un coin de mes lèvres.

— Pour l'heure, tout ce que je veux, c'est m'entraîner. Le reste, on verra quand je tiendrai plus debout. Et puisque t'es là, rends-toi utile, et je prendrai peut-être le temps de papoter.

Sur ces mots, j'avais déjà pris quelques pas de recul, ignorant sa poignée de main avant de me placer à distance raisonnable pour entamer un affrontement shinobi. Une vingtaine de mètres nous séparaient désormais, et seule une légère brise sablonneuse venait perturber le calme olympien qui régnait au sommet de la falaise où nous nous trouvions. Je marquais une courte pause, afin de lui laisser l'opportunité de signaler un refus s'il n'était pas ouvert à la proposition d'un combat, ou de se mettre en garde s'il s'avérait partant. Dans cette éventualité, j'ouvrirais moi-même les hostilités, n'ayant pas l'indécence de l'obliger à combattre et en plus de lui demander d'engager.

Le top départ fut donné par mon premier geste : ramenant le pied droit devant moi, levé à hauteur di genou, je vins à taper de toute mes forces contre le sol, l'impact levant un nuage de poussière dissimulant ma présence un très court instant. Laps de temps qui s'avéra suffisant pour créer la confusion dans l'esprit de mon adversaire du jour. Dès que l'écran de poussière se dissipa assez pour laisser paraître ma silhouette, il n'y en avait pas une, ni deux, mais bien trois, partant chacune dans une direction.

Une version de moi contournait donc l'arène naturelle par la gauche, l'autre par la droite, tandis que la troisième, avec un léger délai de retard, s'élança en ligne droite sur Shirokuma. Grâce à ma petite entourloupe, il lui avait sans doute été impossible de déterminer quelle version était l'originale ; c'était là ma petite entrée en matière destinée à perturber mon adversaire afin d'éviter une entrée en matière trop simple à décrypter. L'Akayuki était donc la cible de trois menaces, dont deux provenaient des côtés, en biais, tandis que la troisième lui faisait face. Les versions des côtés avaient effectué une course en arc de cercle, s'écartant dans un premier temps afin de retomber sur lui. Les deux versions des côtés approchaient dangereusement, n'étant plus qu'à une dizaine de mètres du vétéran Sunajin. Les mains bien en évidence durant leur course, mon adversaire ne pouvait s'attendre à ce qui allait venir : la version de gauche avait pris une inspiration discrète, et soudainement, avait craché une pluie de balles perforantes, le mitraillant de toute part. J'attaquais, comme à mon habitude, avec l'intention de tuer. Après tout, un shinobi est censé mettre sa vie en jeu à chaque instant. Et ce ne serait pas un vrai entraînement si les coups n'étaient pas réels.

Cette technique était déjà difficile à esquiver en temps normal, même à une vingtaine de mètres. La proximité entre Shirokuma et cette version de moi rendait certainement l'esquive impossible, d'autant plus qu'aucune mūdra n'avait pu lui mettre la puce à l'oreille. Au contraire, cela rendait encore plus improbable cet assaut soudain, qui je l'espérais, allais me créer une bonne ouverture. Pendant ce temps, les autres versions de moi continuaient d'approcher, et bientôt, elles allaient atteindre l'Ours pour enchaîner pendant sa réaction face à cette première gerbe venteuse.

Résumé etc:

Avec son air de ne pas y toucher, Shirokuma avait un bon moyen de jauger son adversaire, avant même le début des hostilités. Ce qui l'intéressait, ce n'était pas ce qu'il avait à lui dire, mais bien ce qu'il allait lui montrer. Le martialiste avait l'habitude de porter plusieurs casquettes et de changer de masque à volonté, en fonction de la situation et, pour l'occasion, il semblait avoir fait mouche avec l'habituel "nigaud décontracté", qui avait toujours constitué une valeur sûre de son arsenal. Au bout de quelques secondes à peine, il pouvait déjà voir un des premiers défauts de l'adolescent, qu'il devrait rapidement recadrer : L'impatience. Son agacement se lisait déjà sur sa face sans le moindre problème, mais il l'avait appuyé encore davantage, d'un profond soupir bien équivoque. A la réponse du belliqueux prépubère, qui s'éloignait déjà de plusieurs pas, en ignorant sa main tendue, l'Ours ramena cette dernière à l'arrière de son crâne pour se gratter la tête, avec un air confus.

« Tu penses vraiment que c'est le meilleur endroit, pour s'entrainer ? » Demanda-t-il, amusé, avant de hausser les épaules. « Je ne voudrais pas te faire de mal... »

Tout se déroulait parfaitement comme prévu, en somme. A quelques exceptions près, il s'était attendu à ce genre de scénario et n'aurait pas su comment réagir, si Kyo avait décidé de dévier du programme. Chez les plus jeunes, surtout les puissants, le meilleur moyen d'apprendre à se connaitre semblait toujours être d'en venir aux mains. Un moyen efficace, de se faire une idée d'à qui on avait affaire, tout en essayant de se prouver quelque chose à soi-même. La philosophie du bon petit soldat, dont on avait bourré le crâne sur les valeurs combattives, avant tout le reste et qui ne juraient que par ça. Un phénomène assez fréquent, en définitive, mais qui pouvait parfois être un véritable gain de temps. Kuma rabattit sa capuche sur le haut de sa tête, fronçant les sourcils, alors que ses pupilles luisaient de leur teinte ambrée, perçant l'ombrage créée par le tissu.

« J'imagine que je n'ai pas le choix. »

Depuis sa proposition de poignée de main, l'Akayuki s'était déjà mis mis en condition. L'affrontement avait déjà commencé depuis quelques minutes, à ses yeux, lorsque son opposant commença par frapper le sol avec force, pour soulever un voile de débris et de poussière. Une manoeuvre classique, qui lui faisait davantage s'inquiéter pour la solidité de leur support, qui en avait déjà bien bavé au fil du temps, que pour le reste de la manoeuvre. Au vu de la distance qui les séparait, un tel écran ne changerait aucunement la donne, pour une attaque à distance et s'il voulait dissimuler ses mudras, c'était bien cher payé pour une telle broutille... Kuma gardait les bras le long du corps et pianotait dans le vide, prêt à réagir, en attendant de voir ce que lui réservait l'impétueux combattant. Il haussa un sourcil circonspect, au moment où le camouflage disparut, pour dévoiler le stratagème.

« Je vois... J'ai toujours eu des problèmes pour maitriser cette technique. » Railla l'aîné, dardant les sprinteurs du regard, un à un. « Tu n'aurais pas une astuce à me donner ? »

En plus de diviser son attention et de s'ouvrir plusieurs ouvertures, l'utilisation de réplique l'empêchait de frapper n'importe comment, au risque de gâcher son chakra ou de baisser sa garde à un assaut qui pouvait s'avérer dévastateur. Le réflexe le plus logique, dans ce genre de tentative, était généralement de laisser l'original en arrière, pour minimiser les risques, mais il refusait de croire à quelque chose d'aussi simpliste, de la part d'un jonin aussi assuré et expérimenté. Restait encore les deux autres, qui arrivaient à vive allure dans sa direction, sans arme, sans signe incantatoire... Devait-il se fier à son instinct et frapper au hasard ? Ou s'agissait-il d'un double-bluff ? Pour le moment, en tous les cas, le Triumvir voulait laisser la main au challenger, voir ce qu'il avait dans le ventre. L'adolescent avait beau être rapide, s'il arrivait au corps à corps, ce n'était pas le support de quelques contrefaçons qui allaient vraiment s'avérer problématique.

Kuma malaxait son chakra, sans bouger d'un pouce, alors que la prise en tenaille se rapprochait de plus en plus, avec une profonde déception inscrite sur le visage. Peut-être en avait-il trop fait, avec ses provocations et qu'il n'était pas pris au sérieux ? C'est à ce moment que, sans crier gare, le Kyo sur sa gauche tira une salve de projectiles venteux, aussi naturellement que s'il s'agissait d'un rot.

*Du Nintai..? Non...*

L'entourloupe avait bien porté ses fruits en le prenant de court, ne laissant au vétéran que ses réflexes de dernière minute, pour minimiser les dégâts. Une esquive ou une parade totale paraissait impossible, à cette distance et avec cette rapidité d'action. Il s'avança de quelques pas, restant de profil par rapport à son assaillant pour limiter les surfaces atteignables de son corps, armant son bras gauche pour se préparer à encaisser l'impact au mieux de ses capacités. Les balles élémentaires s'écrasèrent violemment contre leur cible, qui serra la mâchoire en pliant les genoux pour se rapprocher du sol. Kyo ne rigolait pas. Quelque part, son futur sensei en était presque rassuré. Il n'était pas venu pour un novice, mais pour un challenge ! Jusque là, l'assaut avait porté ses fruits, mais le garçon continua de se rapprocher, accompagné de ses doublures, estimant sans doute qu'il ne risquait plus rien, en ayant fait couler le premier sang.

Feignant d'être incapable de réagir, le marchand attendait la dernière seconde, en se basant sur la position des bulldog qui lui fonçaient dessus, sachant qu'il n'aurait qu'un laps de temps très court, s'il voulait pouvoir faire mouche. Modelant le vent tout autour de ses appuis à l'aide de son chakra, il s'apprêtait à lancer sa contre-attaque, profitant lui aussi de l'absence de mudra pour surprendre l'adversaire. Alors qu'il n'était séparé de tous les Kyos que de deux mètres, rapidement rongé par leur avancée, Kuma se détendit d'un coup, pour effectuer un bond tout en tournant sur lui-même. Sa jambe droit se détendit comme un fouet, claquant chacun des ennemis d'un puissant mouvement giratoire, s'assurant ainsi de toucher non seulement l'original, mais aussi de dissiper ses clones d'un seul tour de main.

« Hayabusa Kari ! » Rugit-il,  en guettant la seconde où disparaitraient les répliques.  « Et maintenant... »

Toujours attentif au moment où les Kage Bunshin allaient commencèrent à s'évaporer, alors même que Kuma commençait à perdre de l'altitude, il savait déjà comment il comptait lier son enchaînement. Sans perdre un instant, il réajusta sa posture pour se tourner vers le seul adversaire restant, il usa sa rotation pour frapper violemment le sol de son pied gauche et repartir comme une balle vers l'avant, pied tendu pour atteindre le foie de Kyo du talon droit, sans ménagement, et le sonner sur place. L'impact permit au jonin de rediriger son mouvement, profitant de la proximité qu'il venait de forcer et de la surprise qu'il devait avoir créé, pour retrouver le plancher des vaches, consolidant rapidement ses appuis. Son épaule droite, déjà armée au moment de son saut, se déroula en un puissant crochet visant droit dans le menton de l'adolescent. Pour le moment, il préférait éviter d'y mettre trop de force... Non seulement il lui fallait garder quelques cartes sous le coude, mais il lui fallait aussi se méfier de l'esprit retord de son futur poulain.

Garde levée, Shirokuma tentait de suivre les mouvements de sa cible, pour l'empêcher de profiter de son avantage de portée et le maintenir dans son domaine : Le pugilat. C'était le bon moment de voir s'il allait pouvoir tenir la cadence et ce qu'il avait dans le ventre. La joute ne faisait que commencer.

Résumé Tour:

Nous y voilà enfin. La première attaque a été lancée, le premier sang a coulé. J'avais fait honneur à ma réputation en réussissant cette ouverture. Car même si cela ne voulait rien dire, en tant que challenger, c'était déjà un petit message adressé à l'Ours qui toisait le petit puma que j'étais depuis les hauteurs de sa position bipède. Sa réaction, simple, assurée, trahit immédiatement son talent. Un fou aurait paniqué face à la menace, mais la manière avec laquelle il avait accepté la douleur qu'il allait ressentir, et à quelle rapidité il l'avait compris, témoignait largement de son expérience. Le constat était simple à faire. À vrai dire, il s'agissait d'une de mes bottes secrètes, un petit combo que je connaissais par coeur, que je savais appliquer à la lettre, et dont les enchaînements dépendaient de la réaction de mon adversaire. Il ne le savait pas encore, mais il était déjà dans le piège, comme un insecte embourbé dans la toile d'une impitoyable araignée (s/o Spaïdy). Shirokuma se plaça de sorte à réduire la zone pouvant être touchée, et semblait rester immobile, comme désemparé par ma combinaison. Mais je n'étais pas dupe : il m'avait déjà prouvé qu'il valait mieux que ça. Son immobilisme n'était donc synonyme que d'une seule chose : il préparait un contre. La version de moi-même la plus éloignée effectua alors une mūdra, prêt à exécuter l'une de ses techniques au timing le plus approprié. Les deux autres versions approchaient par les côtés. Shirokuma semblait attendre le moment opportun pour agir, mais il ne réalisait pas que j'étais déjà calibré sur son rythme interne. C'était même moi qui le lui avait imposé, comme un véritable métronome.

Tic, tac. Tic, tac...

Les deux Kyo des côtés arrivaient à environ deux ou trois mètres de l'Akayuki. S'il croyait que ma diversion avait seulement pour but d'entamer le combat, il se fourrait le doigt dans l'oeil jusqu'au coude. Dès le premier instant, j'avais placé mes pièces sur l'échiquier idéalement, et je n'attendais plus que le moment opportun pour le cueillir en toute beauté. Car c'était là, que j'allais enfin voir de quoi il était vraiment capable. Son corps se crispa, tandis qu'il entamait un geste murement réfléchi, mais qu'il allait amèrement regretter. Il se détendit tel un ressort afin de bondir, amorçant une rotation destinée à envoyer un coup de pied. Malheureusement pour lui, à cet instant précis, la version de Kyo la plus reculée apparut à ses côtés suite à un déplacement rapide, avant d'intercaler son genou et son coude sur la trajectoire de la jambe du Triumvir, l'interceptant dans un impact donc le choc se ressentit tout autour. La violence du heurt fit même disparaître cette doublure dans un fin écran blanchâtre, en plus d'endolorir particulièrement le membre touché pour celui ayant reçu le coup. Mais il n'était pas au bout du compte.

Le timing de Shirokuma se voulait précis, les deux mètres qui le séparaient de ma position et de celle de mon unique clone restant allaient être dévorées rapidement, il n'avait donc qu'une toute petite fenêtre de tir. Seulement, il était encore dans les airs, après que mon clone ait stoppé sa rotation et la bourrasque qui l'accompagnait. Lorsque l'un des clones disparut, ma version de gauche, celle qui avait craché le Fūton auparavant, s'était déjà élancé les bras grands ouverts contre lui, et traversa le petit nuage de fumée blanche avant de l'impacter avec son épaule droite à la manière d'un tacle de foot US. Dans un même temps, depuis l'autre côté, ma version de droite avait tendu le bras droit vers la gauche, générant une lame d'air quasiment invisible au bout de ses deux doigts, avant d'envoyer un coup en revers, s'ajustant par rapport à sa réaction face au plaquage afin d'être sûr de ne pas le louper.

Après un tel déferlement d'énergie, je commençais à sentir le contre-coup : je manquais de souffle, comme si je venais de taper le plus grand sprint de ma vie. Mais je ne perdais pas encore en lucidité. En fonction de la réussite de mon assaut, une telle surcharge pouvait s'avérer payante, in fine. Et puis, le seul moyen de voir son vrai visage, celui qui se cache derrière ce masque de mec désinvolte et ignare, était de lui faire comprendre que moi non plus, je n'avais pas une seule seconde de mon espérance de vie à perdre dans quelque chose qui ne m'approche pas de mon but ultime. S'il cherchait quelqu'un de spécial, il devait être servi, restait à savoir maintenant s'il méritait de me recruter.

Résumé etc:

Kyo avait bien parlé d'entraînement et pourtant, ses méthodes en disaient long sur ce qu'il recherchait vraiment. Cette petite rixe était aussi sérieuse à ses yeux qu'un champ de bataille et il n'entendait pas lésiner sur la moindre ressource, pour venir à bout de son ennemi. L'adolescent était un animal déchainé, qui ne reculerait devant rien, au cours de cet échange de courtoisie. Comme lors d'une partie d'échec où Kuma aurait un coup de retard, son opposant venait encore une fois de le surprendre, en alliant à la perfection un shunshin et un contre, pour arrêter la chasse du faucon. Au lieu de perdre tous ses clones et de se prendre un juste retour de flamme, le challenger n'en avait perdu qu'un, en plus d'irradier la jambe qu'il avait intercepté d'une douleur vive. L'enchaînement de l'Ours s'était brisé avant même d'aboutir, sur les crocs du jeune tigre.

Encore en suspension dans les airs, il n'eut pas le temps de se concentrer sur sa jambe qu'il lui fallait déjà réagir, car il devait encore s'occuper de la charge qu'il n'avait pu interrompre. Ses options étaient plus que limitées, mais il ne perdit pas une seconde pour se mettre en branle. Pour survivre face à la fougue de la jeunesse, l'Akayuki allait devoir mettre à profit toute l'expérience qu'il avait accumulé, s'il voulait éviter que son recrutement se transforme en lynchage à sens unique. C'était bien loin d'être la meilleure chose à faire, pour inspirer la confiance à ses membres d'équipe. Il n'y avait pas à dire, Kyo était d'un tout autre niveau, par rapport à ce qu'il avait pu voir auparavant... Il aurait été dommage que le professeur ne se fasse ridiculiser à son tout premier cours, sans même avoir réussi à porter le moindre coup.

Avant qu'un autre énergumène ne lui arrive dessus, il plia le bras gauche pour le glisser dans sa besace, où il gardait son habituel kit d'urgence du ninja. Son coude se déplia brusquement, dès qu'il mit les doigts sur le papier qu'il recherchait, pour l'interposer sur le chemin de l'assaillant de gauche, dont la trajectoire ne pouvait avoir changé depuis son tir d'ouverture. Le tacleur était déjà sur lui et il allait évidemment s'endommager lui-même avec une explosion, mais il avait peut-être une chance de détruire la dernière réplique, avant qu'elle ne le percute pour l'immobiliser. Le parchemin se mit à crépiter, momentanément suspendu dans les airs, comme un papillon de mauvais augure, entre l'un des Kyos et l'utilisateur de Nintaijutsu.

« Katsu ! »

La déflagration repoussa Kuma, qui s'était recroquevillé pour protéger ses parties les plus sensibles, avant d'être soufflé sur la courte distance qu'il avait réussi à gratter, pour réduire l'aplomb de la pluie de vent. Il roula momentanément sur la roche, avant de retrouver ses appuis, accroupis prêt du sol, tel une bête prête à bondir. Son air était déjà bien différent de celui qu'il arborait avant que l'affrontement ne démarre. Tout sourire l'avait abandonné, alors que ses yeux ambrés analysaient tout ce qui se trouvait à leur portée, pour éviter un nouvel effet de surprise, qui pourrait bien s'avérer désastreux.

De son côté, Kyo n'avait pas fini les réjouissances et s'apprêtait à lancer une nouvelle technique, bien plus dévastatrice que les précédentes, qu'il ne pouvait prendre à la légère. Une rapidité d'action remarquable ! Le contrecoup risquait tout aussi bien de l'être, lui aussi, il fallait donc en profiter. Kuma se redressa en direction de son opposant, toujours au ras-du-sol, la garde montée pour protéger sa tête comme il le pouvait, avant que la tempête ne s'abatte sur lui. Les lames de vent commencèrent à lui lacérer les vêtements et la chair, alors qu'il terminait de malaxer son énergie, pour s'offrir une chance de répliquer.

*Raion Higashikaze !*

Un tourbillon de Futon commença à vriller, tout autour de son corps, pour atténuer la morsure de l'épée du vent, qui commençait à le raser de bien trop près à son goût. Cette fois-ci, il ne devait pas y avoir d'erreur possible : Il devait  s'agir du vrai. Même lui ne devait pas être assez fou, pour se mettre sciemment au travers du danger d'une telle attaque... Serrant la mâchoire, sans prononcer un mot, Shirokuma poussa de toute ses forces pour aller de l'avant, en utilisant son appui encore valide pour la majorité de l'effort, tout en fusant en avant. Il avait brièvement caressé l'idée d'utiliser sa botte secrète, mais en dehors du danger que cela pouvait représentait, il avait bien peur de se retrouver à court d'atout, si jamais il devait faire la moindre erreur de calcul. Ce n'était pas pour autant qu'il comptait ménager le jeune homme, qui l'avait déjà poussé à sortir une des pièces maitresses de son arsenal, encore incomplet.

Affrontant les lames de rasoir en réprimant des cris de douleur, son cuir taillé en lambeaux de part et d'autre, il se releva d'une impulsion, poussé par la fureur de l'adrénaline. Il prépara son bras droit en se relevant, arrivant de profil pour délivrer un coup de poing brutal et sans pitié. Les phalanges gorgées de chakra n'eurent même pas le temps de rentrer en contact avec la peau du grand ténébreux que celle-ci s'enfonçait déjà, sous l'impulsion du Futon accumulé, qui lui permettait à la fois de surpasser l'écart d'allonge qui les séparait, mais aussi de toucher sa proie bien avant que celle-ci ne puisse le réaliser. S'il ne faisait pas encore étalage de toute sa force, l'Ours venait de viser le plexus avec une précision d'orfèvre et la délicatesse d'un boulet de démolition, le tout démultiplié par le Vent Printanier du Lion, qui continuait de faire rage autour de son maître.

« ÔKASHÔ ! »

Il avait mis plus de puissance qu'à l'accoutumée dans cette frappe sans merci et risquait peut-être de briser quelques os, s'il parvenait à faire connecter sa frappe, mais il pourrait s'occuper des blessures du gamin, après lui avoir fait entendre raison... Il avait d'ailleurs beau faire le coq, même Kuma allait avoir bien besoin de soins, après la violence de cette escarmouche. Toutefois, le moment de souffler n'était pas encore venu. Décidé à coller son adversaire, le guerrier marchand se préparait à la suite de son assaut, à condition que Kyo ne décide pas de tirer un trait sur toute cette histoire...

Comme il était beau, d'être encore naïf et plein d'espoir, après tout ce qu'avait vécu le petit ourson. Mais il restait malgré tout prudent. Il commençait déjà à en avoir assez, de se faire avoir comme un bleu.  

Résumé Tour: