Kata... Nah ! (Entrainement commun - Libre !)

Je me souvenais plus quand j'avais embarqué le papier, mais j'avais retrouvé dans ma poche une annonce de Yukio concernant un cours collectif d'épéiste. Je m'étonnais qu'il ne m'en eut pas parlé... ou bien je n'avais pas écouté. Difficile de savoir exactement. Tout n'était pas toujours clair dans mon esprit, surtout les soirs où je forçais un peu trop sur la bouteille. Le plus vraisemblable était que j'avais arraché l'annonce dans une taverne où je m'étais arrêtée pour le fourrer dans ma poche, endroit même où j'avais vu le papier dépassé.

Quoiqu'il en fut, c'était ce qui m'avait amené à me retrouver au pied du grand escalier des Nozomo. Je commençais à connaître le chemin à force, mais je pris mon temps avant la grande ascension, ne serait-ce que le temps de fumer une clope ou deux. Je devais peut-être leur réclamer une chambre pour y passer un stage complet, mais cela allait foutre en rogne mon vieux. Il ferait une syncope en imaginant que je me consacrais plus au kenjutsu qu'aux marionnettes. Mais il fallait que je me renforçasse à tous les niveaux. La faiblesse des marionnettistes était le corps à corps, et mine de rien, l'art su sabre me permettait aussi une remise en forme physique. Les pantins me servaient à user de ma tête pour la stratégie, le sabre me servaient pour les bras et l'attaque pure. Et puis, je liais les deux ensemble. Ce que je savais faire, Itori le pouvait aussi. Ce n'était pas qu'un travail en l'air et non réfléchi.

Toutefois, je n'avais pas ma poupée fétiche avec moi, seulement mon katana à ma ceinture, Fujinoame, de son véritable nom, signifiant "pluie de glycines" à cause de la couleur de son pommeau et son fourreau. L'ironie était que dans le langage des fleurs, la glycine symbolisait la tendresse et la délicatesse. Je ne vous cacherais pas que quelques cous avaient connu le plaisir de sa caresse... mais pas aujourd'hui. Je me contenterais d'un entrainement bien mené par mon camarade avec qui j'avais la chance de bien m'entendre. La seule chose que je craignais était la collectivité de l'enseignement. J'étais plutôt le genre de femme qui s'isolait, mais j'allais pas faire la fine bouche. J'allais avoir des cours gratuits, il me faudrait supporter le monde en attendant d'atteindre mon objectif du jour.... bien que je ne savais pas ce que nous avait réservé le Nozomo.

Ayant fini mes cigarettes, je me décidais de monter enfin le long escalier qui menait à l'entrée, ainsi que la cour principale. J'étais toujours fascinée par les immenses statues guerrières qui s'y trouvaient. On avait l'impression qu'elles vous regardaient, qu'elles vous jugeaient, finalement un peu comme les marionnettes que nous autre Shirogane pouvions concevoir.

À mon arrivée, il y avait déjà un petit attroupement devant la grande statue principale du domaine. Yukio m'avait expliqué qu'il s'agissait du "roi pourpre". J'avais pas tout capté à ce sujet, mais c'était en somme le boss, ou plutôt le boss originel du clan. En attendant, je m'approchais avec nonchalance pour découvrir de nombreuses jeunes têtes dont il fut facile de deviner qu'ils fussent Nozomo à leur dégaine. Je vis également mon camarade pour qui je fis un petit signe de la main pour lui dire "salut" dans mon silence habituel. Il semblait déjà en forme le bougre, et particulièrement motivé. À tous les coups, il adorait jouer les professeurs ou il voulait se la donner devant les gamins... ou les deux.

Technique à apprendre:

Il fallut attendre un petit moment avant que j'eusse reconnue quelques têtes, alors que mon regard se perdait sur la grande statue du roi pourpre. Ce fut une grande main qui me toucha l'épaule qui me sortit de mes songes en la personne de Ningyo, le jeune géant. Je lui adressai naturellement un petit sourire amical et un hochement de tête. Je ne m'attendais clairement pas à le croiser ici. Sur le domaine, ok mais chez les Nozomo... Si cela continuait, les gens allaient penser qu'il y avait quelques connivences entre nos deux clans.

" Bonjour Ningyo-san. Je vais bien. Je suppose que toi aussi. "

Ce qui était bien avec lui, c'était que je n’avais pas à m'emmerder à écrire même si je fus toujours assez surprise de voir un jeune comme lui maîtriser ce langage. Peut-être que quelqu'un dans sa famille ne parlait pas non plus ? Je lui poserais la question à l'occasion.

" Le grand type en pierre représenterait le grand chef des Nozomo... personnellement, je pense qu'il avait un truc à compenser si tu veux mon avis... mais sinon, je suis là aussi pour le cours gratuit. "

La gratuité. La plus belle invention pour mon porte-monnaie de pauvre. Quelques minutes plus tard, nous fûmes rejoints par Hayato. Je l'avais entraperçu sur les toits, en mode faucon sentinelle, mais je m'étonnais qu'il vint à un cours de sabre. La première idée qui me vint était qu'il ne fut là que pour soutenir son frère parce que je le voyais très mal utilisé autre chose que son arc. Il fallait dire qu'il le regardait comme un amant follement épris. Bizarre mais chacun ses fétiches. Un marionnettiste était beaucoup trop mal placé pour juger l'admiration que l'on vouait à son arme après tout. Je levais la main en guise de salut mais je penchais légèrement la tête sur le côté pour lui signifier ma surprise de le voir ici. Comme je ne connaissais pas ses progrès dans le langage des signes, je tentais de poser une question simple.

" Tu souhaites apprendre le sabre ? "

Mais à peine eus-je temps de signer ses quelques mots qu'un jeune garçon excentrique sauta littéralement sur le dos de l'aîné des Nozomo.... avec un surnom plutôt...  Étonnant. Si j'étais mauvaise, j'aurais pu aisément dire "criant de vérité" mais cela serait mentir. Hayato m'avait montré une face bien plus humaine de lui qui me laissait à croire que son balai n'était qu'un instrument de façade. En attendant, ça surprenait quand même. Je levais la tête vers Ningyo qui me dépassait comme pour lui demander s'il connaissait le gamin. Mais l'information qui m'étonna le plus, et cela se lut sur mon visage, c'était le coup du "papa numéro deux". Il parlait de...  Yukio? Il avait adopté un gamin ? Je m'y attendais clairement pas à celle-là, je ne pensais pas que le Nozomo était branché enfant et pouponnerie.... ni qu'il était de l'autre bord en fait. S'il était le numéro deux, cela signifiait qu'il y avait un papa numéro un avec qui il avait adopté le petit roux. Finalement, c'était peut-être le plus surprenant quoique... à force de passer son temps à faire de la compétition entre mecs, des corps tendus et en sueur... Chaque goût était dans la nature, mais je n'aurais pas parié sur cette carte-là. Les frangins étaient vraiment étonnants.

Haussant finalement les épaules face à cette étonnante révélation - en notant que je n'en avais eu cure en ce qui concernait le compliment lancé par le petit rouquin parce que je ne me sentais pas tellement concernée - il se présenta comme se nommant Rokasu. Je fouillais dans mes poches parce que pour cette fois-ci, il me fallut me résoudre à écrire.

" Tu peux simplement m'appeler Honoka. "

Une fois mon message présenté, je rangeais mon carnet pour écouter les instructions de notre "professeur". J'allais pas mentir, je n'avais pas écouté la moitié de son speech, le laissant faire les présentations, ses blagues et tout le reste. Il ne capta mon attention qu'à l'instant où il entra dans le vif du sujet pour décrire la technique qu'il souhaitait nous apprendre. Je n'avais jamais trop aimé les blablablas qui enjolivaient les choses et les fioritures. C'était une perte de temps et le temps était précieux.... il paraissait en tout cas. Il fallait dire ce que l'on avait à dire, et faire ce que l'on avait à faire.

Je retins donc qu'il s'agissait d'un coup brutal et sans finesse, et en soit, c'était une attaque toute basique que je m'étonnais de ne pas connaître. Yukio rajouta que tout était dans la force du coup à donner et donc que cela passait par les muscles. Je ne pus que soupirer à cette information. La puissance, c'était pas là où j'excellais, clairement pas. La filouterie sans doute mais la force... j'étais plutôt du genre à la détourner et on allait pas se mentir, je n'avais toujours pas récupérer ma puissance d'autrefois, même pas du tout. Les médecins m'avaient même indiqué que peut-être cela ne reviendrait jamais. Et les types voulaient que je me remémorasse celle que je fus ? Bonjour la frustration. Cependant j'allais pas me démonter pour si peu.

L'unique chose qui me chiffonnait était qu'il parlait de taijutsu... mais j'y connaissais rien là-dedans. Il fallait dire que ce n'était pas forcément inné pour un Shirogane. Nos mains étaient notre outil de travail principal, prendre le risque de les bousiller en filant des coups de poings.... Notre boulot réclamait de la finesse, on était des manuels habiles, mais des petites brutes. Surtout dans mon cas. Je ne pus m'empêcher de regarder mes poings, un petit rictus agacé qui disparut dans un soupir quand on me plaça devant le nez un mannequin d'entrainement. Il fallait que je dépassasse cette angoisse parce qu'après tout, je prenais le risque de me bousiller les mains n'importe quand, non ?

Me plaçant devant mon punching-ball, je cherchais vite à me mettre dans le bain, prenant une grande inspiration et cherchant à me concentrer. Je me répétais les paroles de Yukio qui nous invectivaient à renforcer nos membres avec notre chakra, trouver le bon ratio comme il disait. Toujours plus facile à dire qu'à faire mais on avait déjà eu ce genre d'entrainement sur des techniques plus évoluées. C'était dans mes cordes. Chassant alors mes appréhensions, je fermais mon poing, essayant de concentrer mes forces et je frappais. Une petite grimace froissa mes lèvres et un petit craquement me laissa à penser que j'aurais peut-être dû échauffer mes doigts. Néanmoins, je recommençais mais cette fois-ci en cherchant à corriger mon dosage de chakra. Il m'en fallait un peu plus pour avoir moins mal aux phalanges. Il me fallait frapper. Encore. Encore. Je restais focus sur mon objectif et je frappais. Il fallait que je renforçasse mes muscles, il me fallait oublier le reste. Il fallait que je m'imaginasse au moment ultime où j'abaisserais mon katana avec cette même force pour tailler l'adversaire... mais putain... ça faisait mal aux mains.

Technique à apprendre:

Je savais pas si c'était moi qui avais eu une éducation particulière ou si c'était le petit roux. On pouvait pas dire qu'il manquait de bagout, mais il était clairement bizarre. Je ne pus m'empêcher de sourciller devant son "beauté fatale" et rouler des yeux quand il me parla de mariage ? Il était sérieux ? Papa numéro deux ? Je tournais mes yeux vers Yukio en comprenant qu'il parlait de lui. J'avais visiblement pas pigé un truc là. Je croyais qu'il était... avec papa numéro un. Bref, je savais pas pourquoi je m'interrogeais, les paroles du gamin n'avaient aucun sens. J'avais pas besoin de chercher plus loin, ni même de sa volonté manifeste de me caser avec le cadet des Nozomo. Il devait y avoir une sorte de conspiration avec la mamie Maté.

Une fois que ces pitreries furent balayées, on peut tous se mettre à s'entrainer et s'exciter sur un mannequin de bois comme demandé par notre senseï. On avait chacun notre méthode pour se renforcer le biceps et moi j'étais à deux doigts d'y laisser mes mains. D'ailleurs, Yukio me corrigea sur ce point. J'avais visiblement pas besoin de chercher à m'énerver avec mes poings, simplement m'imprégner du geste pour le transposer sur le katana. J'enregistrais l'infos mais maintenant que j'avais les mains abimées....

Ce fut à ce moment-là que Ningyo s'approcha de moi et me tendit des gants. Je fus un peu surprise, mais je lui souris en relevant la tête à la recherche de son regard du haut de ces deux mètres. J'allais chopper un torticolis.

" Merci Ningyo. Je te les rendrais à la fin de l'exercice. "

Je les enfilais puis repris le geste pour continuer à frapper en prenant en considération les paroles de Yukio. Il y avait des choses sur lesquelles je pouvais me montrer très scolaire, les entrainements en faisant partie... enfin souvent. Du coup, je continuais à frapper jusqu'à me sentir à peu près satisfaite. Est-ce que je fus la dernière à sortir sa lame ? Peut-être. Je devais avouer que je n'avais pas maté les autres élèves. J'étais beaucoup trop concentrée sur ce que je faisais. Un coup direct. C'était ça le délire. Au bout de plusieurs minutes de tapages intensifs, je me résolus enfin à sortir mon katana.

Lentement, le son du métal qui glissait dans le fourreau sonna comme une douce musique à mes oreilles. J'allais enfin être un peu plus dans mon élément. Maintenant, il était temps de vérifier si l'exercice de taijutsu porterait ses fruits dans le renforcement de mon bras et dans l'attitude à avoir pour porter le coup désiré. Dans un premier temps, je voulais me contenter de frapper le plus simplement du monde, sans renforcement, sans chakra. J'avais les muscles un peu endolori par les impacts du mannequin, je devais me réapproprier mon épée.

Me concentrant, je commençais à frapper. Un coup direct. Je visais le tronc. C'était plus facile. Je repris l'exercice et je me mis à marteler férocement ce satané mannequin de bois comme si je voulais l'empaler. J'enchainais si vite que l'on pouvait se demander si je n'étais pas en train d'imaginer quelqu'un que je n'aimais pas à la place de l'engin.... je ne vis même pas le regard des gamins qui se tournèrent vers moi, un peu inquiet.

Je finis par passer en suite à l'exploitation de mon chakra. J'étais pas certaine que j'avais besoin d'y mettre une dose phénoménale. Le katana avait déjà sa puissance de frappe, mon bras en état une de plus, le chakra ne ferait qu'apporter un pouvoir perforant plus efficace. Je me mis à me concentrer, laissant couler mon énergie dans mon bras. Je sentis mon muscle se contracter sous l'effet du chakra jusqu'à tout relâcher en un coup violent et sans finesse. Ma lame traversa le tronc du mannequin.

Je savais pas si je devais dire "oups" ou "victoire". Comme je n'étais pas sûre de moi, je préférais recommencer. Je suivis le même schéma que précédemment puisque visiblement, cela avait été efficace, mais je visais un autre fois sans faire de chichi. Je compris que ce n'était pas nécessaire de toute façon, c'était une technique de bourrin. On était pas là pour faire de la grâce. Sans aucun remord, je donnais à nouveau un coup violent, mais cette fois dans la tête. Au bout de la pique le bourgeois de bois.

Je levais mes yeux en direction de Yukio, comme si je guettais son approbation ou bien qu'il me corrigea. Puis, je me mis à observer les autres élèves que je connaissais, Ningyo, Rokasu, Hayato. Est-ce que j'étais à la traine ? Es-ce que j'avais le bon geste ? Mouais... j'étais peut-être pas la plus bourrine de tous finalement...

Technique à apprendre:

Les techniques de base avaient toujours des allures de chose facile à maîtriser, pourtant, elles étaient toutes les piliers de ce qui découlaient par la suite. Ne pas les maîtriser convenablement, c'était avoir une faille dans ses connaissances et j'espérais justement la boucler par la leçon du jour. Alors, ce n'était pas pour rien que je me montrais si sérieuse. On gonflait les muscles, on concentrait son chakra et on frappait comme une vraie. Cependant, faire et maîtriser, c'était clairement pas la même chose.

Et en parlant de maîtrise, pendant quelques secondes, j'avais bien failli croire que Ningyo perdrait son calme. Le petit Rokasu était... débordant d'énergie et de connerie, on n’allait pas se mentir. Cela ne plaisait visiblement pas le moins du monde à mon camarade qui le jugeait bien trop bruyant à son goût, chose que je pouvais aisément comprendre. Pourtant, ça restait qu'un adolescent qui aimait se faire remarquer, je n'étais pas certaine qu'il méritait de se faire chopper par le cou. Dans tous les cas, les menaces avaient suffi à faire redescendre la pression ou je le crus ainsi.

Je fis un signe de tête au Shirogane, ma manière pour moi de lui dire que je le félicitais de garder son contrôle... mais peut-être devait-il encore apprendre à mettre un peu plus d'eau dans son vin. Je lui souris avant de planter ma lame dans le sol pour lui faire quelques signes.

" Si le bruit t'agace, fait comme moi et concentre-toi uniquement sur un point, un objectif. Ça te coupe un peu du monde et tu feras pas gaffe à ce qui t'entoure. Sinon, tu peux toujours te meumeuner une chanson en tête. "

Une fois la crise passée, on reprit nos katas, lame à la main, on chargeait comme des petites brutes sur notre poteau d'entrainement. Non pas que j'étais spécialement perfectionniste ou que je manquais de confiance en moi, mais j'avais quelques difficultés à me jauger moi-même. Visiblement, ce n'était pas le cas des autres. Ningyo me complimenta avec sa naïveté habituelle, cela me faisait étrange d'entendre le terme "talentueux" pour me décrire. Je n'en avais vraiment pas la prétention. Cela ne m'empêcha pas de le remercier par un petit sourire.

La seule personne qui était capable de nous dire si on était bon ou pas, c'était notre professeur Nozomo vers qui nous nous tournions tous les deux. Dans un premier temps, il complimenta mon camarade Shirogane pour sa capacité d'analyse et d'exécution, puis se tourna vers moi pour m'expliquer que j'avais visiblement bien compris la leçon. Je fis un simple mouvement de tête pour montrer ma gratitude, avant de ranger ma lame dans son fourreau. Alors que Yukio se chargeait de ses autres élèves, je retirais les gants prêter par Ningyo et les lui rendit. Mes mains étaient encore rougies par les coups donner dans le poteau.

" Merci, Ningyo-san. Ils m'ont été bien utiles. "

La leçon finie, Yukio se sentait prêt à en annoncer une nouvelle, mais cette fois-ci, je n'allais pas être dans le coup. Le vice, je connaissais. Les coups foireux aussi. Je serais une bien mauvaise Shirogane le cas échéant. J'affichais une petite moue et je me tournais une nouvelle fois vers Ningyo.

" Je connais personnellement cette technique. Si tu le souhaites, je peux te prêter mon katana. Tu peux aussi t'entrainer sur moi s'il te faut un binôme. "

Ma générosité me perdra. À tous les coups, j'allais me briser le postérieur.

Technique à apprendre:

Quel drôle de garçon ce Ningyo. Il ne connaissait pas de chanson ou de musique ? J'écarquillais un peu les yeux, plutôt étonnée mais dans un sens s'il n'aimait pas les bruits, peut-être que les mélodies sonnaient de manière irritante à ses oreilles. Je tentais alors une sorte de traits d'humour, enfin à moitié.

" Aucune chanson ? Si je pouvais chanter, je t'en aurais appris une, mais pas de bol. "

Il faudrait qu'il comptât sur quelqu'un d'autres pour combler sa lacune. Pour la blague, je lui aurais sans doute appris une chanson grivoise. Cela aurait été très drôle... quoique s'il le prenait mal... nan. J'aurais tenté un truc classique, je voulais pas me faire démonter la tête à coup de bras mécanique. Et en parlant de la possibilité de se faire dévisser les rotules, je fus presque soulagée en mon for intérieur que Ningyo refusa mon offre. Il semblait tout à fait conscient de sa puissance et ne désirait pas me blesser. Je lui souris face à cette attention. Il y en avait qui n'aurait eu aucun scrupule.

" Merci Ningyo-san. Je te laisse entre les mains d'Hayato. "

Ce dernier venait tout juste de se proposer pour comme binôme au géant Shirogane. Ça m'arrangerait clairement, et puis le Nozomo était de meilleure consitution physique que moi. Comment je le savais ? Héhé parce que je l'avais vu. Grâce au henge de Yukio et grâce à la baignade dans l'oasis. Il fallait dire que même si les deux frangins ne se ressemblaient pas physiquement, les Nozomo s'étaient bien occupé à renforcer leur musculature. Bref, des guerriers quoi, pas des ventripotents.

Je levais les yeux vers mon camarade marionnettiste, avant de lentement défaire mon épée de ma ceinture. Là, je lui tendis ce dernier avant de lui répondre.

" Tu m'as prêté des gants. Je te prête mon katana. Échange équivalent. Ce sera plus simple pour toi. "

Sur ces paroles, j'abandonnais mes camarades pour me mettre sur le côté et les observer se mettre sur la tronche alors que je fus rejointe par notre professeur du jour. J'eus un petit sourire en coin lorsqu'il me proposa de boire un verre.

" Si c'est toi qui offres, je te suis où tu veux. "

J'étais pas radasse, mais fauchée comme toujours. S'il faut, on allait atterrir à voir un verre chez lui, mais ça m'allait tout aussi bien. Dans le pire des cas, je pouvais aller faire mes courses chez mon vieux. Je savais où ce sagouin planquait des bouteilles et comme à l'heure qu'il était, il serait dans son atelier, je pouvais fouiner tranquille dans son appartement. Moi, une mauvaise fille ? Peut-être... je faisais ça pour son bien. C'était pas bon pour le cœur il paraissait. Il n'y avait qu'un geste altruiste dans mon acte d'emprunt.

Concernant la seconde question, je me mis à regarder mes mains. J'avais quelques écorchures et mes jointures étaient rougies. Cela me brûlait un peu à cause du frottement du bois mais rien d'insurmontable

" T'inquiète. J'ai connu pire. Il parait qu'on m'a déjà brisé les mains alors ça, c'est pas grand-chose. "

Il fallait relativiser dans la vie.

" C'est chouette ce que tu fais pour ces gamins. Donner des cours comme ça. Ils ont l'air heureux d'apprendre, signe que t'es un bon prof. "

Je me mis à fouiller dans mes poches, j'avais besoin d'une cigarette.