Gintaro tira, sous les instructions de son capitaine, sur les pattes avant de l’habitant de la forêt pour essayer de l’extirper de cette bouillabaisse noire. C’était compliqué, ils avaient l’impression d’avancer dans de la gadoue. Ils arrivèrent à le sortir petit à petit. Soudain, un phénomène étrange se produisit. Bambi parla.
Sur le moment, Gintaro tomba un peu des nues. Un faon qui parlait, c’était clairement bizarre, mais, après tout, n’étaient ils pas à la poursuite d’un animal gigantesque au milieu d’une forêt des plus étrange ?
-Euh, de rien ? Répondit le genin en continuant de tirer.
Puis vint la fin du discours de l’animal. Un pouvoir de téléportation donné grâce à la grande ourse ? Gintaro fronça les sourcils et chercha des yeux la seule capable d’un truc comme ça. Il vit Aya planquée derrière le Faon rigolant de sa connerie. Il souffla du nez et ne put se retenir de rire. Quelle naïveté, il avait dû avoir l’air fin en répondant à ça.
Après quelques efforts, le groupe de shinobi réussit à sortir l’animal du bourbier. Il s’éloigna un petit peu en faisant un petit bond. Le jeune épéiste grogna en regardant sa main recouverte de cette substance gluante et sombre, il avait l’impression qu’elle était en train de brûler. Il releva la tête et aperçut de la fumée se dégager du faon.
-Regardez ! Dit-il en montrant l’animal d’un mouvement de tête. C’est à cause de ce truc, à tous les coups. Dit Gintaro en montrant sa main droite pleine d’eau moisie.
Le sol se mit à trembler. Gintaro tourna la tête et regarda d’où provenait le bruit. Une énorme bête sauvage avança vers les ninjas d’Uzu. Elle essaya de progresser parmi les arbres à pas de loup, mais son poids et sa taille était tel qui pouvait créer une clairière juste en se roulant par terre, arrachant et déracinant même le plus solide des arbres.
Le jeune homme s’interrogea sur la situation. Ils étaient à la recherche de ce monstre et maintenant qu’ils l’avaient trouvé, qu’est-ce qu’ils devaient faire ? L’abattre et le manger ? Discuter avec lui ? Le suivre ? Et s’il décidait d’attaquer ?
À peine eut-il le temps de trouver réponse à ses questions, que le loup gigantesque se mit à parler. Gintaro était un peu dubitatif sur le moment. Il pencha la tête pour regarder Aya, afin de voir si ce n'était pas elle qui lui faisait une blague, puis il se reconcentra sur le gros loup. La créature expliqua qu’il voulait que les ninjas toilettent le faon et uniquement le faon qui ne semblait pas affolé de la situation.
Ça n’arrangeait pas trop Gintaro qui sentait ses mains le piquer et son bas de pantalon disparaître sous l’effet de l’eau polluée. Le grand loup fit apparaître de l’eau entre ses pattes, qui, en s’écoulant vers eux, effaca toute la pollution sur son chemin. Gintaro lança un regard dubitatif à son chef. Depuis qu’il était arrivé dans le coin rien de bien ne se passait, il n’avait pratiquement aucune information sur sa mission, mais pour la première fois un semblant de réponse. Et si les personnes disparues dans cette forêt, c’étaient faites manger par le loup ou l’avaient suivi jusqu’à un endroit plus reculé et vivaient en paix avec la nature et les animaux ?
Qu’un seul moyen de le savoir de toute façon, faire ce qu’il demande. Gintaro fit un pas en avant, sa jambe commença à le brûler, la souillure avait passé le tissu. Il se baissa pour récupérer de l’eau dans le creux de ses mains et partit commencé à nettoyer le faon. Il s’étonna lorsqu’il appliqua l’eau sur une des blessures de l’animal, la souillure partit et elle s’arrêta de fumer. Avec du recul, ses mains ne le brûlaient plus, l’eau fournit par le loup semblait éliminer le poison.
-C’est plutôt efficace. Chuchota Gintaro.
Il se retourna pour observer la gigantesque créature. À première vue, le loup géant était menaçant, mais il voulait qu’on aide le faon, donc ça ne devait pas être un mauvais bougre.
-Vous pensez qu’il sait un truc sur la disparition d’Ibari ? Demanda Gintaro. On ferait mieux de le suivre, si on veut des réponses. Dit Gintaro en passant sa main sur la fourrure trouée du faon qui avait l’air soulagé. Par contre, j’ai les jambes en feu. Dit le genin en regardant s’il n’était pas littéralement en train de brûler.
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Chakra
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Ōshanburazā Rinkusu
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Tout se passa comme prévu, ou du moins, du mieux qu'il était possible que cela se passe. Beaucoup de mots pour dire au final qu'on avait réussi à sortir le pauvre animal de sa tourmente. Mais à quel prix ? À peine avais-je posé les mains dans la boue que je sentis quelque chose me brûler. Cette mixture était acide, et je vous parle pas des relents de lendemain de soirée qu'on éjecte dans la fosse commune. Non, là, on aurait presque dit que la vieille Omura avait plongé mes doigts dans un poison corrosif... Comment je le sais ? Disons que nous avons eu quelques moments intimes avec Mifuyu par le passé qui induit PEUT-ÊTRE l'utilisation d'un de ses poisons... MAIS JE NE DIRAIS RIEN ! Et encore moins sous la contrainte ! Revenons plutôt à nos moutons, ou notre Faon !
Du moins, c'était ce que j'aurais voulu, si une voix d'outre tombe n'avait pas provoqué le herissement des poils de Kai et notre peur bleu à tous ! Un loup apparu soudainement, plus grand qu'un homme de taille adulte (c'est à dire pas moi), avec un pelage surnaturel qui me rappelait bizarrement un Lynx que j'avais rencontré dans les terres enneigés il n'y a pas si longtemps de cela. Une rencontre effrayante, qui pourtant, ne semblait pas surprendre outre mesure notre petite bestiole qui restait de marbre face à un prédateur qui aurait pu nous bouffer tout cru.
« Fais gaffe Capitaine à ce que tu fais... On est jugé... »
Les murmures de mon camarade à poils me fit comprendre la teneur de la situation. Nous n'étions pas face à un vulgaire animale. Un clan animal ? Dans ces terres ? Voilà qui allait compliquer les choses. Pour autant, je n'eus pas le temps de prévenir Gintaro ou Aya que je vis le jeune homme s'avancer vers le Loup d'où un petit ruisseaux d'eau pure venait de naître entre ses pattes. Un élan de courage de mon élève qui me laissa sans voix. Il se mit à laver le Faon, cherchant à suivre les instructions du monstre de férocité qui le regardait d'un air froid et sévère. Etait-ce dû à sa gentillesse naturelle ? Ou sa tendance à accepter toutes les situations dans lesquelles il se retrouve ? Quoi qu'il en soit, une grande fierté s'empara de moi, tandis que je le vis commencer à se poser des questions sur la présence de l'animal géant.
« On pourra peut-être lui demander plus tard oui. Pour l'heure, faisons simplement ce qu'il dit et tâchons de faire profil bas. » Mon regard se posa sur Aya, qui, comme à son habitude, avait tendance à avoir le katana facile. « Je t'interdis de sortir ton arme ! Nous ne sommes pas en position de force Aya. L'attaquer ici serait une bêtise et nous mettrait le Clan des Loups à dos. » Je vis l'étonnement se lire sur le visage de mes élèves, je leur devais bien une explication. « Oui, je pense que ce Goro est membre d'un clan animal, tout comme Kaizoku l'est avec les Lynx... Nous battre contre lui ne nous attirerai que plus d'ennemis. Alors restons calme et faisons ce qu'ils demandent. Je compte sur toi Aya! »
Un pari risqué ? Mais non... Elle va resté calme... HEIN AYA ?!
Un sourire béat se dessina sur les lèvres de la genin en voyant le loup géant commencer à raconter sa vie, elle qui avait instinctivement posé sa main sur la garde de son katana en le voyant approcher. Elle fut un peu déçue de ne pas avoir la baston de sa vie contre le giga lupin comme elle le voulait initialement, mais elle trouva bien vite son bonheur dans la perspective de pouvoir potentiellement gagner un loup géant qui parle comme copain.
Elle se voyait déjà revenir, triomphante, à Uzu sur son mammifère géant qui parle, pour manger Sanada le vil et sa queue ridicule.
Pourtant, le loup parlant se montra bien mystérieux et, surtout, assez peu coopératif. Si la jeune femme remarqua que l'eau "magique" avait bel et bien nettoyé le daim qui ne semblait plus souffrir, elle, en revanche, commençait à vraiment sentir sa peau la bruler. Ses sourcils se froncèrent, alors qu'elle commençait à voir le véritable visage de l'intrus. Souhaitait il jouer avec leur vies ?
Un sursaut d'énergie vint traverser la cervelle d'Aya, qui se mit à fonctionner à plein régime. Le temps sembla se figer alors que la main de la jeune femme se posa sur la paume de la garde de son Katana, prêt à le dégainer.
Ils étaient empoisonnés. Empoisonnés par une substance inconnue, dont le loup avait forcément le remède. Il semblait de bonne foi, mais fallait il vraiment avoir confiance en un animal doué de parole ? Si des humains avaient bien causé un tel désastre, alors leur guide pourrait très bien voir en eux le même visage que celui qui avait contaminé toute leur forêt, un peu comme un homme voit en un loup un visage identique à celui de tous les autres loups. Si tel était le cas, leur infliger une lente agonie serait un châtiment tout a fait approprié, étant donné qu'ils avaient eux-même infligé le même châtiment à toute une série d'autres animaux.
Dans ce cas... Jamais le loup n'accepterait de les soigner. Il se jouait d'eux, attendant que leurs forces se délitent pour qu'ils meurent en rampant, tels les animaux mourants de la maladie qu'ils avaient contracté par le poison des hommes.
La main de la jeune femme se raffermit sur son pommeau, alors que ses yeux commencèrent à s'agiter et un sourire un peu fou à se dessiner.
Bordel, elle avait fait la maligne, mais ce truc était énorme. Elle n'avait probablement pas l'ombre d'une chance... La mort par les crocs du loup, ou par le lent poison. Sa main s'était figée, indécise.
Elle avait peur.
En s'en rendant compte, son sang ne fit qu'un tour. Elle. N'était. Pas. Peureuse. La mort avait tourné autour d'elle toute sa vie, et elle n'avait pas peur de passer de l'autre coté. Elle ne redoutait qu'une chose, finalement.
Elle voulait mourir debout, en guerrière.
Alors, même si son adversaire était du genre impossible à vaincre, elle préférait tout tenter, jeter sa vie dans la mêlée et mourir debout, crachant sang et os, plutôt que de se laisser flétrir misérablement, ne marquant pas de sa mort le monde des vivants. Sa fin se devait d'être comme elle avait décidé de mener sa vie... flamboyante.
Elle dégaina son katana, laissa apparaitre un microcentimètre d'acier, quand l'interjection de son capitaine vint la faire frémir. Elle se retourna vers lui, les yeux un peu fous, l'entendant la sommer de garder son calme et ranger son arme. Les dents serrées, elle ne lâcha pas son arme, ne lâchant pas le grand loup des yeux.
En entendant Rinkusu évoquer le clan des loups, les certitudes d'Aya vacillèrent un peu. Le clan des loups, comme le Lynx ? Ils pourraient peut-être vaincre un loup géant, mais tout un clan ? La rage de l'impuissance de la genin lui fit contracter la main sur le pommeau de son arme, et elle prit la parole, d'une voix emplie d'un sentiment qui lui était pourtant normalement étranger. "Capitaine ? Je veux pas mourir comme ça. Si il ne nous aide pas, jamais... Si il veut que nous mourrons lentement par le poison, comme tous ses semblables ayant pu rencontrer le même sort... capitaine... capitaine, je veux pas mourir comme ça..."
Un sourire se dessina sur le visage de la jeune femme, à la voix hachée. La pression générée par le loup parlant était écrasante. "Les Miyamoto doivent mourir sabre à la main, capitaine..."
Les mains de la jeune femme tremblaient... non, tout son corps tremblait. Elle mit un genou à terre. "Mais, je... je n'y arrive pas."
La main de la genin, serrée au point que les jointures de ses doigts étaient blanches, ne parvenait pas à dégainer le katana qui y était rangé.
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