Chiyo était de plus en plus prise, non seulement par sa carrière fleurissante, mais également par de nouvelles responsabilités au sein du clan. Responsabilités qu’elle prenait plus régulièrement et avec un entrain certain. La belle Hyuga avait commencé à s’impliquer réellement au sein des siens et bien plus que le commérage dont elle avait l’habitude. Au départ, son père était resté bouche-bée devant ce changement d’attitude. Après tout, la Chiyo d’un an auparavant n’aurait jamais fait ses efforts, elle rechignait à l’idée de l’entrainement et ne pensait qu’à son futur mariage. Depuis quelques semaines, c’était autre chose et avec chaque jour qui passait, elle ressemblait un peu plus à sa mère. Elle cherchait à progresser d’elle-même, chose qu’il n’avait jamais imaginé possible dans le passé. Le patriarche devait avouer ressentir une fierté grandissante à l’égard de sa fille unique.
Cette journée-là, il la trouva dans le jardin de leur demeure, l’air pensif et le regard dans le vague. En bon père de famille, il alla donc la rejoindre, s’asseyant à côté d’elle sur la terrasse. Pour une kunoichi aux sens mystique, experte en détection, elle faisait bien piètre performance, puisqu’elle ne semblait même pas avoir senti la présence absolument pas camouflée de son père.
Le quinquagénaire posa un regard perle sur la demoiselle, restant silencieux quelques instants. Comme il aimerait savoir quels maux affligeait ainsi le trésor de sa vie. Mais elle ne parla pas. Après quelques instants silencieux, il dut se résoudre à rompre le moment.
« Chiyo, ma chérie, que se passe-t-il ? »
Il était inquiet, plus qu’il ne l’aurait cru. La voir ainsi enfermée dans ses propres pensée … Il n’avait pas l’habitude.
Au son de la voix de son père, la jeune femme sursauta et porta enfin son attention sur l’homme de la maison.
« Je … Hum … Je réfléchissais. - J’ai bien vu cela, mais dis-moi, à quoi est-ce que tu pensais pour ne pas te rendre compte de ton environnement ? - Ma dernière mission. »
Il était vrai que depuis qu’on avait commencé à l’assigner à de plus grosses missions, des choses plus importantes pour le village, Chiyo avait définitivement commencé à changer. Elle dégageait de plus une maturité qu’il ne lui connaissait pas et elle semblait plus souvent qu’autrement prise par celles-ci. Il y avait dans son regard lunaire, un détachement grandissant et une compréhension qu’elle n’avait pas dans le passé.
« C’est-il passé quelque chose ? - Non … enfin si, mais … Je ne sais pas. Je suis senseur et je suis également Hyuga. Normalement, il devrait être impossible de passer ma vigilance, non ? - Dans ce monde … l’impossible est malheureusement possible, Chiyo. Tu verras par toi-même. - Je le sais père … je sais bien … mais j’aurais pu le voir … j’aurais dû ! »
L’homme garda le silence face à la déclaration de celle qu’il chérissait le plus dans ce monde. Dans la voix de sa fille tant aimée, il y avait une détresse qu’il n’avait jamais entendue, une détresse qu’aucun parent ne voulait entendre dans la voix de leur enfant. Voilà donc ce qui la rongeait tant … Bien qu’il sût qu’un jour sa précieuse fille allait devoir affronter les défis de la vie de shinobi, comme il aurait voulu pouvoir l’en garder, ne serait-ce qu’une journée de plus.
Un soupir franchi ses lèvres alors qu’il prit dans sa main celle, frêle, de la genin.
« Si tu m’en parle de cette façon, c’est qu’il s’est bel et bien passé quelque chose. »
Chiyo secoua la tête doucement, la mine de plus en plus triste. Pendant une seconde, elle sembla revivre le moment dans sa tête, comme tous les guerriers tourmentés qui avaient hanté ce monde. Avant que le clan n’exigeât que la prunelle de ses yeux ne devienne kunoichi (et tous savent à quel point la prunelle des Hyuga est précieuse), jamais il n’aurait imaginé voir ce genre d’expression sur son visage. En tant que père, de la voir ainsi, ça réveillait quelques émotions contradictoires en lui. Sa princesse, celle qu’il avait choyé et chéri plus que le plus précieux trésor, qu’il avait surprotéger – oui il le savait et peut-être avait-il eu tord de le faire, mais il n’en avait que faire – lui fendait le cœur en deux, mais éveillait une fierté sans nom pour la femme qu’elle devenait, petit à petit, épreuve après épreuve.
Enfin, elle reposa ses iris légèrement lavande sur son père, rompant de nouveau le silence.
« Je … J’avais mon Byakugan d’activé, je regardais devant, là où nous allions à la recherche de piège ou d’une embuscade … Même mes sens étaient en alerte. »
Une petite pause, un silence lourd, étouffant, puis Chiyo reprit :
« Mais je ne l’ai jamais vu père. Je ne l’ai jamais senti arriver non plus. C’était mon travail, mon rôle et … et j’ai échoué. »
Un nouveau silence, mais cette fois-ci, la tristesse fut remplacée par le remord sur son petit visage de poupée de porcelaine.
« Mon équipier … Il s’est retourné juste à temps. Juste à temps pour voir l’ennemi … pour me protéger. Il s’est jeté entre moi et l’ennemi … Maintenant, il est aux soins intensifs. »
Ses deux orbes lunaires se dérobèrent au regard de son père, la honte peinte sur chaque centimètre de son faciès. Elle tenta même de récupérer la main que son gardien tenait encore, mais il resserra son emprise avant de reprendre la parole :
« Tu sais … tu as pris toutes les précautions que tu pouvais. Tu as littéralement fait tout ce que tu pouvais faire. Parfois, il faut simplement accepter qu’on joue ne joue pas dans la bonne ligue. - Mais père, qu’est-ce que je dois faire si je refuse de l’accepter ? - Ça dépend seulement d’à quel point tu le refuses. - De toute mon âme. »
Quatre mots gorgés d’une détermination sans faille, si bien que le patriarche pouvait voir les flammes brûler dans les pupilles opalescente de ce bout de femme qui venait d’entrer dans le onde shinobi. Un demi sourire apparu sur ses traits aigris par les années.
« Tu ressembles tellement à ta mère en ce moment. Rien ne pouvait l’arrêter. Soit. Repose-toi aujourd’hui, change tes idées, demain nous allons commencer. - Commencer quoi ? - À t’entraîner sérieusement.»
Janvier, an 17 L’esprit dans les vapes, Chiyo se réveilla d’un bond. Quelqu’un venait de toquer à sa porte de chambre. Un son sec, rapide, mais pourtant doux. Elle entendit la voix de son père qui lui disait de se hâter. Était-elle si en retard ? Une rapide regard au tour d’elle confirma que non, puisqu’il faisait encore noir. Ce n’était même pas encore l’aube. Pourquoi alors ? Chiyo secoua la tête et se leva malgré ses paupières encore lourdes. Elle se pressa à se préparer, sans prendre le temps de se faire aussi jolie qu’à son habitude jugeant qu’elle n’avait pas réellement le temps.
En arrivant dans le jardin, la jeune femme se frottait encore les yeux, espérant que cela l’aiderait à se réveiller un peu plus, mais à l’exception d’irriter ses paupières, ce geste ne servait à rien. Son père fit mine de ne rien remarquer alors qu’il lui tendait un morceau de pain.
« Ça devrait te faire tenir jusqu’au déjeuner. Mange et nous commencerons immédiatement. »
La genin hocha la tâte. C’était la première fois qu’il était aussi dur dans son entraînement et elle ne pouvait s’empêcher d’être curieuse pour la suite des événements. Évidemment, Chiyo savait que cette situation était née de la discussion de la journée précédente, mais jamais elle ne s’était attendue à cela. Son père semblait décidé de lui impartir son savoir, même s’il avait à mettre en place un régime spartiate. Se fut à ce moment là que la délicate Hyuga compris quelque chose : ça ne cesserait de s’empirer. Si cette perspective aurait fait fuir la Chiyo d’il y avait un an, celle d’aujourd’hui se jurait de voir le bout de cet entraînement. Elle décida donc de manger rapidement avant de rejoindre celui qui allait ouvrir les pages d’un savoir nouveau.
Il était un peu plus loin, le regard posé sur la lune en attendant qu’elle termina de manger. Un air nostalgique flottait sur son visage et Chiyo pouvais voir qu’il ne s’était pas rasé ce matin-là. Ses yeux perle, reflet de l’astre qu’il regardait si intensément, étaient perdu et ne semblaient même pas voir le ciel encore parsemé d’étoile de ce matin d’hiver. Pourtant, à l’approche de frêle genin, il réagit en commençant un discours :
« Je ne peux pas t’aider à affuter tes dons de senseur ou à perfectionner ton contrôle du Suiton, mais je peux te guider dans l’art de notre clan. Je peux te révéler les secrets de nos yeux, comment les faire grandir en puissance et comment perfectionner plusieurs coups que toi-même tu connais déjà. Hier tu as dit refuser l’échec, alors c’est ce que nous allons faire : repousser et rejeter l’échec. L’entraînement sera difficile. Mais je vais commencer en douceur. »
Cette fois-ci, la belle Hyuga offrit un hochement de tête décidé, prêt à affronter peu importa ce qui allait lui être lancer dessus. Ce n’était plus simplement au nom des Hyuga – quoi que son désir de perfection et de puissance fût alimenter par sa fierté d’être une Hyuga et son envie de contribuer au nom de celui – mais c’était également pour survivre, pour vaincre ce qui ne pouvait l’être et tailler sa place.
À cette détermination, les traits du quinquagénaire s’adoucirent un peu et il reprit la parole.
« Je sais que tu as travaillé sur une façon de projeter ta vision vers l’avant, de voir plus loin que tes yeux ne devraient le pouvoir. C’est effectivement l’une des arcanes de notre clan, mais ce n’en est que la forme incomplète. Tu devrais pouvoir voir autour de toi en même temps. L’entraînement que je vais te faire suivre sera divisé en étape. D’abord, nous verrons comment activer ton Byakugan puis projeter ta vision sans perdre de temps. Ensuite, nous allons repousser encore le limite de ton Byakugan pour voir encore plus loin. Finalement, tu apprendras comment garder un œil tout autour de toi pendant que ta vision est poussée à son paroxysme. »
Le plan semblait bon. Il allait lui enseigner comment éviter une situation comme la dernière fois et surtout, elle allait pouvoir jouer son rôle avec bien plus de méticulosité qu’elle ne l’avait d’abord prévu. Cette idée fit naître un sourire sur son visage et fit briller ses yeux d’ambition. Ce sourire fut interprété comme une invitation à poursuivre par le paternel qui reprit son monologue.
« Notre Byakugan est un œil particulier, mais ça tu le sais bien, c’est la fierté de notre clan. Non seulement nous pouvons voir tout autour de nous, mais également de voir le système de circulatoire du chakra et le chakra lui-même. Nous voyons ce que les autres ne peuvent voir, comme, par exemple si quelqu’un d’autre que nous est sous l’emprise d’un genjutsu, ou même voir au travers de la matière même. Nos yeux peuvent différencier les clones des réels dans la plupart du temps. »
Tiens, Chiyo ne savait pas quelle pouvait voir si quelqu’un d’autre qu’elle était sou l’emprise d’un genjutsu. Arès tout, elle n’avait jamais eu l’occasion de le voir d’elle-même … Outre cela, elle savait plutôt ce que faisait son œil, s’en étant servi plus d’une fois, elle ne comprenait pas où il voulait en venir. Malheureusement, il ne lui laissa pas réellement le temps de réfléchir davantage.
« contre, notre œil est loin d’être sans faiblesse. Nous ne pouvons pas l’utiliser sur une période de temps trop allonger sans y causer une faiblesse ou une fatigue extrême. Il faut s’en servir avec parcimonie et bien sûr, cela nous rend vulnérable au genjutsu et à tout ce qui est fait pour aveugler quelqu’un. »
Encore une fois, ce n’était pas du nouveau pou Chiyo qui ne comprenait toujours pas le lien entre ses explications et ce qu’elle devait apprendre à faire.
« Notre pupille est fragile, plus qu’on ne pourrait l’imaginer. Elle est sensible au chakra et il ne faut pas nécessairement y mettre une immense quantité pour la faire réagir. Même que de trop en mettre pourrait blesser l’œil, mais ça ce n’est qu’un avertissement pour plus tard. Si je t’ai dit tout cela, choses que tu avais expérimentés toi-même, choses que tu savais des livres de théorie, pourquoi penses-tu que je le l’ai répété ? »
C’était ce qu’elle se demandait depuis le début du discours ! Mais l’homme resta silencieux. À la place il posa son regard insistant sur sa fille. Il était clair qu’elle devrait trouver la réponse d’elle-même. Elle réfléchit donc à ce que son père avait dit. La prouesse qu’elle devait demander à ses yeux nécessitait que son Byakugan soit activé. Et pour avoir fait le test quelques semaines auparavant, d’étendre la portée de sa vision, c’était directement envoyer du chakra dans ses yeux …
« C’est une mise en garde. - Oui et non. Il y a plus dans ce que je te dis qu’une simple mise en garde. Si j’avais voulu te mettre en garde, j’aurais directement commencé par ça. - Hm … Si la première étape de notre entraînement concerne directement l’activation ‘’rapide’’ de notre Byakugan, alors tu voulais que je visualise la tâche, mais aussi les risques de l’entreprise. C’était aussi pour rappeler que les étapes ne peuvent pas être sautées, sans quoi il y aurait un réel risque et de ne pas me laisser appâter par une impatience qui pourrait mettre ma sécurité en jeu. - C’est un bon début, mais il manque encore quelque chose. - … »
Elle ne trouvait pas ce qu’il voulait dire. Ses orbes clairs croisèrent celles identique de son père et ce fut comme si soudainement elle comprenait. Il lui avait donner tout ce dont elle avait besoin pour la première étape de l’entraînement. Pour réussir cette partie-là, elle n’avait pas besoin de nouveau savoir, pas réellement. Il lui fallait simplement travailler sur la maîtrise du flot de chakra qui entrait dans son œil et la façon dont elle le faisait.
En voyant le déclic dans les yeux de sa fille, l’homme posa une main sur l’épaule maigrichonne de celle-ci avant de faire signe de son autre main d’y aller.
« Maintenant, tu peux commencer ton entraînement. Si tu as des questions je reste là à côté de toi, mais sache que tu n’as pas besoin de trop en faire pour réussir. Le chakra utilisé pour faire ce tour ne doit pas être plus rediriger vers tes yeux, mais vers mains et ton cerveau, là où l’on déchiffre ce que l’on voit et où on lui donne du sens. La première étape de l’entraînement, tu l’as compris, ce n’est pas de faire plus, mais c’est de le faire mieux. »
Là maintenant, ça ne semblait pas faire de sens pour personne qui aurait écouté cette conversation, mais pour Chiyo, c’était tout qu’il lui fallait pour connecter les points manquants et réaliser l’exercice, ou du moins, essayer de réaliser l’exercice.
Dans son explication, son père lui avait expliquer ce qu’il attendait d’elle dans cette première étape, il lui avait également rappeler les forces et les faiblesses du Byakugan, mais surtout, il avait révélé que le chakra qu’elle avait déjà employé ne devait pas être concentrer dans ses yeux, sans quoi elle risquait de les blesser.
Elle n’était pas médecin, malheureusement, alors la zone du cerveau qu’il avait mentionné ne disait rien à Chiyo, mais elle savait où sa tête lui faisait mal lorsqu’elle se faisait aveuglée – après tout, c’était arrivé en mission quelques mois plus tôt. Et les mots de son père étaient logique. Un œil était quelque chose de sensible et encore plus lorsque c’était fragile comme la pupille d’un Hyuga. Si elle concentrait trop de chakra dans sa vision, il y aurait plus de chance de se blesser. Et comme cette étape ne demandait pas de pousser encore les limite de sa vue, mais de se concentrer à tout faire en même temps, il n’était que logique qu’elle rédige le surplus de chakra non dans la pupille, mais dans le centre névralgique qui gérait tout son corps et le traitement d’information. C’était exactement comme lorsque que l’on tentait de renforcer telle ou telle partie du corps pour maximiser sa puissance ou sa vitesse à l’aide du chakra, mais se serait de maximiser l’efficacité à traiter ce qui était vu et donner un sens à tout cela.
Chiyo commença donc à activer son Byakugan, puis à mette en pratique la version inachevée de sa technique … Mais elle ne comprenait pas exactement ce qu’elle faisait. Si elle suivait les indications précédentes de son père en redirigeant le chakra supplémentaire dans son esprit, ça ne la rapprochait pas de son, mais pas du tout puisque qu’au final l’effet finissait toujours par être le même et prendre le même temps. Et ce n’était pas faute d’essayer. Il lui manquait la clé qui lui permettrai de réussir.
Elle la chercha de longue minutes, si ce n’étaient des heures, mais elle avait beau rediriger le chakra comme indiqué après avoir activé son Byakugan mais peut importait la vitesse d’exécution, ça n’allait pas plus rapidement.
Après un moment, l’homme se leva de son siège et rejoignit de nouveau la danseuse.
« Envoie ton chakra dans ton cerveau avant d’activer ton Byakugan, puis, tente de le rediriger une petite partie de celui-ci dans tes yeux, ce qui déclencherait normalement l’activation de la technique. - Mais … père … En fait, comment fonctionne cet exercice … ce n’est pas réellement d’activer rapidement mon Byakugan, mais de préparer le déclanchement de la technique aussitôt que mon Byakugan s’active en fait. »
L’homme hocha de la tête avant de retourner à sa position précédente sur la terrasse. Chiyo suivit donc ses instructions, malaxant son chakra pour le rediriger dans sa tête en faisant les sceaux appropriés pour la qui lui permettait de voir au loin. Elle activa ensuite son Byakugan. L’effet fut presque instantané. Elle n’eu pas réellement le temps de voir ce que son Byakugan lui montrait habituellement, à la place, elle pu immédiatement voir à l’autre bout du domaine, en cône devant elle. La plupart des gens qu’elle voyait dormait encore ou commençait à se réveiller maintenant que l’aube se levait.
Estomaquée d’avoir réussi, elle tourna la tête vers son père, un sourire victorieux au visage.