Chasing the Dragon [ft.Jinpachi]

« Y t'es arrivé quoi Tsumi ? »
« Tu veux vraiment savoir ? Dans ce cas assis-toi parce que ça va être une longue, très longue histoire. »

Tout à commencé par une prise de décision vraiment débile. Je ne l'ai dis à personne, mais cela faisait un moment que je n'étais pas dans mon assiette. Les altercations avec Hitagi, ma dernière mission où je me suis fait avoir par un simple civil, la découverte de Masamune et de sa mère, tout ces changements en tant normal ne m'aurait pas autant affecté. Mais la mort de Kaori a été la craquelure de trop. J'avais sincèrement l'impression que le petit monde que j'avais réussi à créer s'était totalement effondré. Comme m'a dit Fuyu, la mort d'un être cher ne devrait pas m'atteindre autant, après tout ça va avec ce que nous sommes. Mais là, c'était différent. Parce que, autant le massacre de notre Clan ne m'avait fait ni chaud, ni froid, autant la perdre elle, a été une déchirure plus vivace que n'importe quel coup de katana. J'ai fait en sorte que personne ne sache pour mon état, même si je me doute que ça devait se voir à des kilomètres que j'étais pas bien. Mais je me devais de faire bonne figure, en particulier pour Etsu qui comptait vraiment sur moi pour être un soutien pour les Chinoike. Cependant, plus je me forçais à sourire et faire comme si de rien était, plus je sentais que je m'enfonçais dans un truc dont je ne pourrais me relever seul. C'est difficile à expliquer comme sensation mais, j'avais besoin de me faire du mal. La culpabilité sans doute. Non, c'est même sûr. Je me sentais fautif pour Kaori. Après tout, c'était à cause de moi si Renard l'avait tué. Je n'avais pas été assez rapide, ni assez impliqué dans ma dernière mission. Une erreur de débutant qui m'a coûté bien plus qu'un simple échec.

Emprisonné dans cette spirale infernale, j'ai décidé un beau matin que j'allais y mettre un grand coup, juste histoire de voir jusqu'où j'étais capable de me descendre. Je suis donc parti sans rien dire. J'espérais vraiment que mon absence passe inaperçu et ça a été le cas pour dire vrai. Les sentinelles sont habitués à mes allés et venus hors du domaine, puis pour la plupart, ils ne m'apprécient pas des masses alors c'est passé tout seul. Quand j'y pense, c'est même triste de voir à quel point cette « famille » que m'avait promis Etsu ne se limite qu'à trois ou quatre personnes.

Je suis donc parti en quête d'une taverne, le Tatsu o Oikakeru. Selon mes renseignements, elle se trouvait à la lisière entre l'Isthme et la Côte Verdoyante et était l'endroit idéal pour cette mission autodestruction. Un choix discutable en soit je suis d'accord, mais la meilleure option pour me foutre plus bas que terre, car en plus de servir de l'alcool, j'avais entendu qu'ils étaient spécialisés dans la vente de produit plus... controversés, aux vertus très discutables. Mais pour moi c'était l'endroit parfait pour ce que j'avais en tête, alors j'y suis allé. Ç’a été plus dur à trouver que ce que je pensais en tout cas. Perdu dans une forêt danse à l'abri d'une montagne, il fallait parcourir un chemin bien spécifique pour l'atteindre. En tout, ça m'a prit cinq heures pour y arriver.

Je te laisse imaginer ma surprise quand je me suis rendu compte que la taverne en question possédait une façade de restaurant abandonné. Avec le recul, c'était sans doute une manière de se protéger des petits curieux, mais d'un autre côté, le nom était écrit en gros sur une pancarte accrochée au-dessus de la porte principale. Je t'avouerai que du coup j'étais pas mal dubitatif sur les capacités intellectuels des propriétaires, mais bon, en soit ma quête n'avait rien d'intelligent alors je suis entré.

Après m'être fait accueillir par le réceptionniste et avoir discuté un peu, on m'a mené au comptoir du bar où j'y ai passé la major partie de ma soirée.  C'est assez difficile à décrire, mais tout semblait te pousser à la débauche. Que ce soit les myriades de bouteilles scintillants à la lueur des bougies, la lumière tamisé dans laquelle était plongée toute la taverne, l'odeur des opiacés et du tabac mélangés à l'encens. Le sommeil me prit très vite, me plongeant dans des songes agréables où j'ai pu revoir le doux visage de Kaori. C'était étrange de la ressentir comme si elle était vraiment là, j'arrivais à ressentir sa présence, le toucher de ses doigts, l'odeur qui émanait d'elle... Tout semblait si réel et pourtant, ça ne m'a absolument pas permit d'aller mieux. Au contraire, ça me rendait encore plus triste de savoir que tout cela n'était que le résultat de tout ce que j'avais ingurgité. Mais ca restait un doux rêves.

Seulement voilà, je n'étais pas seul dans l'antre du Dragon, et alors que je dormais paisiblement accoudé au comptoir, un type m'a bousculé et fait tomber par terre. Un réveil pour le moins compliqué qui m'a mit dans un état de colère assez impressionnant. Il n'avait peut-être pas fait exprès, mais dans ma tête à ce moment-là, c'était à cause de lui que je ne voyais plus ma belle. Je me suis relevé et j'ai pété une durite. Tout mon corps tremblait de rage, à tel point que sans m'en rendre compte, j'avais concentré assez de chakra dans ma main pour que des éclairs en jaillissent. Je te laisse imaginer la stupéfaction générale quand le gars à littéralement volé à travers la pièce et s'est fracassé le crâne contre une table un peu plus loin. C'est à ce moment-là que j'ai fait sa rencontre...

Je ne saurais pas te dire la raison pour laquelle on l'a mit sur mon chemin à ce moment précis. Sur l'instant, je ne me posais même pas la question. Ma seule pensée était tournée vers sa carrure de guerrier et l'aura électrique qui émanait de lui. Je ne pourrais pas dire que j'ai eu peur. Pour dire la vérité, je crois que je l'ai désiré, non pas comme on pourrait l'imaginer, non, loin de là même. Pour tout te dire, je désirais sa force, ses aptitudes de guerrier, son charisme et toute la puissance qui s'échappait de lui. Pourquoi ? Parce que si j'avais eu tout ça, je n'aurais pas eu à pleurer la perte de Kaori. Je sais que je suis redondant sur ça, mais tu sais Yosa, bien que j'apprécie nos discussions et que tout ce que toi ou Etsu avaient fait pour moi... Elle... Elle m'apportait quelque chose d'autre. Une force, un espoir même d'une vie différente de celle que la fatalité m'avait imposé, loin des combats, du sang et de la quête de notre Clan. J'aurais pu tout lâcher pour elle, tu sais ?

« … Je comprend mon garçon... Et que s'est il passé ensuite ? »
« Il m'a parlé. »

Des mots incompréhensibles, une allusion au dieu Raijin, une histoire de descendance étrange qui avec les récents événements, n'avaient pour moi aucun sens. Mais je te le promet, même sa voix en disait long sur les combats qu'il avait pu mener, sur la mort qui avait dû et devait encore joncher le tracé de ses pas. C'était comme si je pouvais le sentir, presque, toucher et voir tout le chemin qu'il avait parcouru pour en arriver là, devant moi, dans cet endroit étrange où plus rien ne semblait exister. Pourtant, dans un excès de rage j'avais tuer quelqu'un. Tu imagines ? J'ai tué, sans sourciller, sans même m'attarder sur la carcasse encore chaude du pauvre homme que j'avais fait valdinguer dans la pièce... Moi. Cette perte avait fait de moi tout ce que je ne voulais pas devenir. Un monstre avide de sang, trouvant une justification à ses actes morbides dans sa souffrance. Ce que j'avais reproché à Hitagi, je me retrouvais à le faire. Pire, il n'y avait aucune raison, aucune connexion possible et logique entre ça et moi. Mais sur le moment, ce n'était pas ce qui animait mon esprit. La seule chose qui le faisait vibrer, c'était l'excitation. Tout ce qui constituait cet homme me parcourait d'un frisson encore plus vivace. Je ne saurais te dire comment, mais avec le recul je sais pourquoi il me faisait cet effet là.

« Pourquoi alors ? »
« Parce qu'il était la mort que je désirais. »

Une mort dur, impitoyable, sans équivoque, brutale et pourtant remplit d'une souffrance que je cherchais à m'infliger sans parvenir à y arriver. Il était inconcevable que je m'en sorte face à lui, c'était inimaginable. La différence de niveau flagrant, la force de son chakra que j'arrivais à sentir...

« Et... Qu'est ce que tu as fait ensuite ? »

J'ai laissé s'exprimer mes plus sombres sentiments. Tout ce que je gardais en moi semblait prendre vie. J'avais déjà connu cette sensation, lorsque le Clan m'avait poussé une première fois en exil et que je m'en étais échappé. Et malgré ce que cela signifiait, je me laissais aller, cherchant plus profondément en moi cette main que j'ai pourtant si souvent refusé. Elle ne fût pas difficile à trouver, cet ombre qui m'avait possédé il y a près de six ans, la même dont Etsu m'avait extirpé en même temps qu'elle m'avait sorti de ma geôle. Elle était là, enveloppé de ténèbres encore plus noires que le néant de mon cœur, laissant transparaître deux yeux rouge sanguinaires... La pire d'entre toutes : Shikyo. Et je n'ai pas fait que la saisir, je l'ai carrément prise dans mes bras, cherchant à la faire entrer en moi pour que nous ne fassions plus qu'un. Je voulais qu'elle me possède, que son chakra meurtrier se mélange au mien pour ne former qu'une seule entité malfaisante.

« Et alors ? »
« Je me souviens avoir vu des éclairs noirs jaillir de mon corps. Il me semble même qu'une aura carmin s'en dégageait. »

Je goûtais à une puissance que je m'étais interdite. Je voulais sombrer au plus profond du chaos et n'en ressortir qu'une fois qu'il m'aurait achevé. Mais pas sans combattre, pas sans sentir mes muscles se déchirer, pas sans comprendre l'effet que des os brisés peuvent avoir sur ton système nerveux. Je me condamnais au purgatoire et je l'avais désigné comme mon bourreau. D'une voix semblant sortir des enfers je me rappelle lui avoir dit ces mots.

« Je ne suis qu'une ombre. »

Ma main se leva à hauteur de mon visage et mon pouce s'actionna sur la première phalange de mon index, provoquant un craquement semblable à un coup de tonnerre. Ses intentions étaient clairs, les miennes d'une infinie noirceur. Nous étions le Yin et le Yang prêts à s'opposer. Dans un flash, mon poing traversa l'espace qui nous séparait. Ce n'était pas un coup pour jauger, mais bien pour tuer, avec pour cible son plexus.

Mon purgatoire commençait.

Car si mes intentions étaient néfastes, ma force quant à elle n'était pas à la hauteur face au guerrier qui encaissa le choc sans broncher. Sans trop de surprise, sa repartie fût brutale et sans équivoque. Un coup de pied latérale qui me frappa à l'épaule, me faisant valser le long du comptoir dont le contenu venait se briser sur mon crâne. Mais aussi étrange que cela pouvait être, je ne ressentais aucune douleur. En fait, c'est comme si quelque chose ou quelqu'un m'avait extirpé de mon propre corps, me poussant comme spectateur et à la fois me donnant la possibilité d'agir comme bon me semblait. C'était une sensation très étrange honnêtement, mais qui sur le moment m'allait parfaitement.

L'enchaînement de mon adversaire était maîtrisé et bestiale. Chaque coups portés l'étaient avec une précision déconcertante au vu de la frénésie des impacts que malgré tout j'arrivais à ressentir. Il était fort, peut-être même trop fort pour moi. Mais après tout, c'est exactement ce dont j'avais besoin à ce moment précis. J'ai été incapable de ne pas subir les coups qui suivirent. Cependant il me fallait réagir, non pas pour gagner, mais pour pousser l’énergumène à sortir toute sa férocité et ainsi m'en faire pâtir d'autant plus. Je pouvais voir mon corps se mouvoir tel un pantin alors que mon œil était fermé. Même maintenant je ne saisis pas encore ce qui a pu m'arriver à ce moment-là. Je me souviens juste cet instant, fugace et rapide, où j'ai vu mes lèvres dessiner un léger rictus. C'était juste avant que ma main droite attrapa son poignet, le tirant vers moi, profitant de mon point d'ancrage pour vriller sur le coté et l'emmener avec moi, inversant nos positions. J'étais maintenant au-dessus et lui en dessous, mais je n'ai toujours aucune idée par quel prodige cela pu être possible. Je me souviens juste de ma main gauche qui le saisit au niveau du col et de mon corps qui se recroquevillait sur lui-même. Et lorsque mes pieds furent à hauteur de son torse, tous mes muscles se bandèrent pour le frapper. Le choc me fît partir en arrière et lorsque je retrouva le sol, je me vis réaliser les mêmes mudras que mon adversaire. Comment j'avais pu aussi vite saisir et recopier une technique que je n'avais vu qu'une seule seconde ? C'est bien simple, c'était impossible. La tentative fût un fiasco totale, si bien qu'à la place de sa technique, j'avais juste réussi à me faire péter un éclair à la gueule qui m'envoya valser contre le mur derrière moi.

Cruelle erreur. La douleur semblait lanciner mon corps et pourtant, mon esprit divaguait encore dans cette sorte de transe que je ne m'explique toujours pas. J'étais hors de mon corps, un fantôme voguant aux aléas de la scène qui se déroulait devant moi. Pourtant, ce qui semblait habité ma chair continuait à se mouvoir. Mais pas assez rapidement. Le coup fût rapide et brutal encore une fois. Le pied de mon adversaire se logea dans mon flan, alors que son poing vint s'incruster dans ma mâchoire, laissant une gerbe de sang s'extirper de ma bouche. La scène aurait pu se finir là, sur un quasi chaos, mais mon tortionnaire se décida à m'attaquer de la plus fourbe des manières. Capable d'une vitesse ahurissante, il se positionna derrière moi, armant ses doigts d'un senbon, visant à le faire entrer dans ce que je n'avais vu comment étant autre qu'une porte de sortie.

Pourtant, cette chose qui me possédait n'avait pas dit son dernier mot. À sa place, je n'aurais sans doute pas su riposter avec autant de sang-froid. Comme si elle avait pressenti l'attaque, elle bascula mes bras en arrière, joignant ses mains autour du pic qui se brisa sous l'impacte. Mais si ma virginité se retrouvait sauvé, cela n'entama pas le choc violent qui suivit, précédé par la même attaque qui m'avait fait valdinguer un peu plus tôt.

« Pauvre Tsumi... Si faible... Si seul... Si misérable... »

Cette voix, je ne la connaissais que trop bien. Mais cette fois-ci, elle ne résonna pas en moi comme d'accoutumé. Non. Dans cette scène incompréhensible de chaos et de violence, elle semblait venir de... moi ?

Je vis alors mon corps se plier en plein vol, adoptant des postures inhumaines avant de se redresser et d'accuser avec mes pieds l'impacte sur le mur qui se profilait. Mon visage se redressa et à ce moment précis, je ne sus dire s'il me regardait moi ou le descendant de Raijin, mais son regard fût emplit d'une lueur rougeoyante qui ne présageait rien de bon pour la suite des événements. Collé au mur, il tendit la main vers son adversaire, laissant perler de ses plaies béantes l'arme de prédilection de mon Clan. Dans un éclair, je vis le liquide vermeille prendre vie, s'enroulant autour de son bras, formant une appendice semblable à des griffes, qui, dans un dernier mouvement, se virent imprégnés d'éclairs noirâtres. Sans plus d'attente, je vis mon corps foncer droit vers l'autre, cherchant à le taillader à plusieurs reprises, comme s'il était prit d'une frénésie macabre qui ne se tairait qu'une fois sa proie déchiqueté, le suivant comme son ombre dans chaque recoin de l'auberge qui ne ressemblait plus qu'au chaos qui régnait en son cœur.

Spoiler:

Cette chose qui possédait mon corps, je la connaissais. Nombres de fois, elle avait voulu me déposséder de moi-même et là, elle avait réussi. J'étais dans une mauvaise passe, la mort de Kaori, les difficultés que je vivais au sein du clan, tout cela me portaient vers des abysses dans lesquelles mes démons m'attendaient patiemment. Le premier a saisir sa chance était celui dont le sentiment était le plus fort en moi à cet instant même... Car malgré ce désir d'ôter la vie de cet homme dont je ne connaissais rien, il y avait avant tout une profonde envie de mort... De ma mort. Je voulais mettre un terme à toute la peine de mon existence dans un ultime combat. Souffrir une dernière fois et laisser mon corps se briser sous la volonté d'un être plus puissant que moi. Mais pour être honnête, au plus je me voyais agir ainsi... Au plus je me trouvais pathétique.

Le combattant contre lequel mon corps se battait avait eu raison de sa rage. Sans difficulté, ni peur, il avait tout bonnement esquivé l'attaque de l'ombre, la tournant au ridicule, comme une pauvre marionnette à qui on fait faire n'importe quoi. Il l'avait utilisé pour échapper à l'assaut, profitant de l'effet de surprise pour atterrir sur moi dans la plus humiliante des positions. D'un certain côté, ça me foutait la haine de le voir ainsi se jouer de moi et d'un autre, j'étais satisfait de voir Shinda en aussi mauvaise posture. Oui, Shinda est le nom de l'ombre qui me possédait. Ils ont tous leurs noms et leurs caractéristiques. En ce qui le concerne, il est l'oublie de soi, la déchéance de l'existence dans un torrent de souffrance, il est la solution à toutes les tortures de la vie, la seule finalité qui nous attend tous... La volonté de Mort.

 « - Réveille toi gamin, je m’ennuie, c’est un combat à sens unique! »

Le descendant de Raijin se jouait de lui. C'était agréable de le voir ainsi se faire malmener ou du moins, de me voir me faire malmener. Il imposait à mon corps la sanction qu'il méritait pour le crime que j'avais commis. C'était tout ce que je désirais au plus profond de moi. Au point que j'avais laissé un de mes démons prendre le contrôle de ma corps, orchestrant par ce même acte la déchéance de mon existence. Avais-je peur ? Non, j'étais bizarrement extrêmement serein en me voyant dans cet état. C'était... tout ce que je voulais au plus profond de mon être.

« Ahhhhh saleté de corps... Si faible... Si inutile... Si pathétique... »

Limité par mes propres capacités, Shinda était piégé. Et comme si cela ne suffisait pas, quelque chose avait changé chez mon adversaire. C'était comme si quelque chose une lueur divine s'était emparé de lui, le rendant encore plus lumineux que le jour. Une lumière pour chasser les ténèbres... Quand j'y repense, cela faisait tellement cliché... Et pourtant, ça a fonctionné. Je ne saurais dire si c'était du fait de l'ombre et de sa lassitude envers ce combat, mais peu à peu, je pus ressentir quelques sensations qui en très peu de temps, s'intensifièrent, me laissant en proie à de terribles souffrances qui me déchiraient l'esprit. La griffe qui avait prit possession de mon bras se brisa en milles morceaux alors que des larmes s'écoulèrent le long de mes joues. J'avais mal, mal comme jamais je n'avais eu mal physiquement et pourtant, ce qui me faisait pleurer ce n'était pas les coups que j'avais reçu... Mais bien le fait de me rendre compte qu'aussi puissant pouvait-être cet homme, il n'avait pas même effleurer la douleur qu'avait produit en mon âme la perte de Kaori.

« ...Je...je suis trop faible... Trop faible pour sauver ma vie... Trop...faible pour sauver la vie de Kaori... Je ne mérite pas de vivre... Kaori... Pardonne moi... » Mes mots étaient entrelacés de sanglots incontrôlable. J'avais tout perdu. L'amour de ma vie, la raison, le contrôle, ce combat... et même le droit de mourir... « Achève-moi... Fais taire ma douleur je t'en supplie ! » tels furent mes dernières paroles...

Mais cela était sans compter la pitié de mon bourreau. Il aurait pu mettre fin à mon existence, me libérer du mal qui me rongeait le cœur et l'âme, pourtant, il en avait décidé du contraire. N'usant d'aucune pitié dans ses paroles, il me somma de me relever, me promettant un futur où je serais, apparemment, plus apte à pouvoir défendre ma vie. À quoi cela pouvait-il bien servir ? Je n'étais capable de rien, encore moins de protéger qui que ce soit. Etait-ce notre ressemblance affinitaire qui l'avait convaincu qu'il pouvait m'aider ? Ou simplement, un élan de grâce mal placé de la part d'un être dont l'aura semblait touché au divin ? Va savoir. Il s'extirpa de moi, me tendant une main qui aurait pu être chaleureuse si son regard ne puait pas la condescendance. Je ne sais pas ce qui était le plus dur dans tout ça. Avoir eu envie de mourir, ou qu'il ne veuille pas accéder à ma requête.

On m'offrait une chance. Une chance de quoi ? Va savoir, je n'en savais rien, je me disais juste qu'au fond, à défaut de mourir, peut-être que la suite de cette histoire allait me permettre de plonger un peu plus vers mon trépas ? Je me saisis de cette opportunité, quittant la basse conjoncture dans laquelle le descendant de Raijin m'avait poussé, retrouvant un semblant de dignité avec de le voir se diriger vers l'extérieur. Il était fort et puissant, bien plus que ce que je n'étais. Je profita de ce moment pour contempler le chaos qui gisait autour de moi. Nous avions fait tant de dégât, mais rien n'était comparable à la douleur qui lancinait mon corps.

Il m'ordonna de le suivre. Qu'aurais-je pu faire d'autre de toute manière ? Je n'avais clairement pas d'autres options viables vu que celle de mourir m'avait été prohibé. Je parcouru la distance me séparant de lui, m'arrêtant un instant pour voir l'horreur que j'avais occasionné. Sur un des murs, coulait encore le sang et quelques bouts de cervelles du pauvre homme que j'avais envoyé valdinguer. Soudain, je me sentais coupable, me rendant compte que mon auto-destruction avait mit fin à une vie innocente. Il était clair pour moi que le seul chemin qui pouvait s'offrir, était celui des Enfers. Cet homme semblable à la foudre était-il mon charron ? Je baissa la tête, détournant mon œil de l'immonde spectacle sanglant, murmurant un piètre « désolé »...

C'était comme si plus rien en moi n'était humain. Moi qui appréciait tant la vie et l'existence, je me retrouvais à réaliser les pires péchés de ce monde... Nous arrivâmes à l'extérieur...

Sans véritable conviction je suivis l'homme jusqu'à une colline éloignée de tout. Le long du chemin, je me demandais ce qui allait m'arriver tout en espérant que ce soit pour le pire. Je ne saurais pas t'expliquer cette sensation de vide et de désespoir qui me tourmentait mais pourtant elle était bien présente, m'oppressant le cœur comme s'il était lacéré par milles couteaux. Pas après pas, nous arrivâmes en haut de la fameuse butée de terre et je regardais cette personne dont je ne savais même pas le nom. Il se mit à parler, me sommant de contempler ce qui était vraisemblablement l'étoile protégeant ce monde. Je n'entendais rien à cela, sur le moment, je n'étais que tristesse et néant, aussi, je ne pus m'empêcher d'afficher un rictus lorsqu'il me proposa de boire à son divin nectar.

« Comme si j'étais capable de protéger quoi que ce soit... » murmurais-je à moi-même.

Ce fût à cet instant qu'il se mit à continuer à parler, mettant en avant un fait des plus évident. Si je n'avais pas réussi à le frapper, c'était parce qu'au fond de moi, il n'y avait aucune conviction à me battre. Bien sûr, cela n'avait pas été du goût de l'ombre qui avait prit possession de mon corps, mais même sans ça, rien en moi ne désirait la mort. Ou du moins, pas celle d'autrui. Aussi me conseilla-t-il de trouver une raison de me battre, une idée qui eût pour effet de me faire rire jaune, comme si tout cela était si simple ! Et là, comme un couteau planté en plein cœur, il énonça les raisons le poussant à se battre. Si la première pouvait être fantasque, la seconde mit fin au faux sourire de Tsumi, le plongeant dans des tourments qui réveilla la douleur, lui occasionnant une larme qui s'écoula le long de sa joue avant de se perdre dans le sol herbeux de la colline.

« Je n'ai, ni rêve, ni but... Plus depuis qu'elle a disparu... » Une autre larme. « Elle s'appelait Kaori et... je n'ai pas réussi à la protéger... » un sanglot. « Je n'ai pas été assez rapide... J'aurais dû être avec elle lorsque c'est arrivé mais j'étais ailleurs... » je me mis à pleurer à chaude larme.alors que mon corps tomba à genoux. « Il la tué... et j'ai rien pu faire... J'étais ailleurs alors que j'aurais dû être là... » Je frappa le sol, détournant mon regard des étoiles. « Quand je suis arrivé, il était trop tard... Elle était.... elle était....AHHHHHHHHHH ! » Mon cri se mélangea à mes sanglots. Je me remémorais toute la mission. Comment Renard s'était joué de moi, comment il avait réussi à me prendre au dépourvu pour au final me prendre la seule chose qui comptait réellement à mes yeux.

Après ça, il n'y avait plus eu que de la tristesse et l'envie de mourir. J'avais perdu la femme que j'aimais et qui m'aimait, mais aussi la trace de ce monstre. Et plus j'y pensais, plus un sentiment étrange commença à s'emparer de moi. Une sorte de force consumériste qui me fit fermer le poing, relevant le visage vers le monstre de puissance qui me toisait du haut de sa prestance.

« Je veux pouvoir être ici et là-bas. Montre moi comment être aussi omniprésent que cette étoile qui voit tout. Je veux retrouver ce sale fils de pute et lui faire payer pour la mort de ma bien aimée ! »

Utiliser la haine. Le colosse avait-il seulement idée de ce qu'il lui demandait ? Ce sentiment, il vivait avec chaque jour sur une dimension que nul à sa connaissance n'était capable d’effleurer. La haine, il la touchait, l'entendait rire, elle se moquait de lui, ricanant à chaque occasion qui se présentait, se jouant de Tsumi avec une arrogance des plus horribles. Et il devait l'utiliser ? Faire de ses tourments une force ? Dans le fond, cela n'était guère quelque chose de nouveau pour le Borgne. Et ce n'était pas comme si sa vie n'avait été qu'une succession de chute vertigineuse dans chaque cercle des enfers. Pourtant, il était toujours vivant et cela ne faisait qu'appuyer la théorie de cet homme dont il ne connaissait rien.

Se relevant, le regard remplit de colère, il fixa son aîné, prenant alors conscience de ce qui était entrain de se passer sous son œil unique. Ce guerrier aux dons de foudre était prêt à l'instruire. Etait-ce dû à une quelconque pitié ? Difficile à croire au vu de la raclée qu'il avait subit plus tôt. Alors quoi ? Un transfert personnel ? Quel pouvait bien être l'intérêt de cet homme dans cette entreprise étrange ? Ce fut lorsqu'il le vit se dédoubler que le Renégat comprit qu'il réfléchissais peut-être trop. Comme l'aurais sans doute dit son sensei improvisé, c'était sans doute l'oeuvre du destin, de Raijin, ou de cette étoile qui en cette nuit, semblait briller d'une clarté surnaturelle. Il était peut-être temps de tourner une page, ou du moins... D'acquérir la force qui lui manquait.

« J'accepte ton enseignement... Maître... Et bien que mon sang soit Chinoike, je n'ai rien à voir avec mon Clan. Je m'appelle Tsumi et je compte bien te prouver que je peux être un digne fils de la foudre ! »

Frappant ses poings l'un contre l'autre, il essaya de répéter la série de mudras que son professeur avait réalisé. Mouvement après mouvement, geste après geste, il sentit une aura électrique émaner de lui, grossissant peu à peu alors qu'elle ne demandait plus qu'à imploser. Ce fut alors qu'il sentit son âme se déchirer, comme si une lame venait de le pourfendre en deux, séparant chacune des partie de son être. Une division qui pourtant, semblait avoir du mal à s'étendre. Bien loin de la facilité avec laquelle le colosse avait réalisé cette technique, le Borgne lui, se battait pour ce don. Celui qui lui avait manqué à l'époque et aurait pu faire toute la différence. Celui qui, en cette nuit merveilleuse, finirait par être sien, eut-il nécessité à effleurer la mort encore une fois.

Ce fut ainsi qu'il continua à forcer sur cette division de son être, cherchant à puiser toujours plus profondément en lui plus de puissance, incapable de lâcher-prise sur cette tentative qu'il voulait réussir du premier coup. L'esprit n'était plus vraiment là, où du moins, pas celui avec lequel on réfléchit. Il n'y avait plus que la passion, la colère et l'envie de puissance, qui peu à peu tendait à se déchaîner de son corps en quelques éclairs éparses. Il n'abandonnerait pas.

« Je vais y arriver.... Je n'abandonnerais pas.... Plus jamais... J'ai besoin...de plus... de pouvoir !... »

Un éclair jaillit alors du centre de son cœur, le projetant contre un arbre, lui brisant une énième côte alors qu'il vit son souffle se couper. Assit contre le végétal, il tentait de reprendre sa respiration, se maudissant par la même occasion d'autant de faiblesse. Il commençait à haïr cette sensation bien plus qu'il n'aurait cru pouvoir détester quelque chose. Elle devenait, une obsession, un parasite dont il devait se débarrasser. À dire vrai, il y avait quelque chose en lui, qui n'était plus lui-même. Mais ça, il n'allait que l'apprendre plus tard...

Techniques et Objets Utilisés:

Pourtant, déjà la voix du maître de la foudre s'élevait dans les airs, tonnant telle un éclair jusqu'aux oreilles du Borgne qui ne su accepter ses paroles. Non, il n'était pas faible. Non, ses paroles n'étaient pas que du vent. Non, il n'abandonnerais pas, jamais. Il avait trop souffert de sa condition, trop pâti de son manque de pouvoir, trop encaissé de coups sans jamais être capable d'en donner. Ce n'était plus envisageable, plus possible de continuer à survivre ainsi. D'ailleurs, ce n'était plus ce qu'il désirait, non. Il voulait vivre, pouvoir embrasser son existence loin des ténèbres et de la douleur, dans un monde où plus rien ne lui serait impossible, ni même refusé.

Difficilement, il se releva, faisant face une fois de plus à ses membres endoloris, à l'omniprésence de la peine et de la douleur qui lui lacérait l'âme et le corps. Son esprit pour seul guide, il en désirait plus. Un sentiment qu'il n'avait jamais connu par le passé et qui pourtant flamboyait en lui comme une flamme dans les ténèbres. Enfin debout, il regarda son nouveau maître se décupler une fois de plus, vérifiant d'un œil à demi fermé les signes incantatoires nécessaires. Le problème ne venait pas de là, il venait d'autre chose, une notion plus profonde que le Goliath du nom de Jinpachi tenta de lui transmettre sans que ses paroles ne prirent de sens pour le Chinoike. Bien que cet homme semblait faire partie d'un Clan lié aux esprits, il ne semblait pas pouvoir sonder celui du Renégat qui avait du mal à rester figé sur ses jambes. Pourtant, il l'avait promis, il n'abandonnerait pas.

Laissant ce désir de puissance se mélanger à la colère de l'échec, il rejoignit ses mains, réalisant avec une facilité déconcertante les mudras, jouant de cette force qui l'habitait pour la faire frémir, jusqu'à ce que de nouveaux éclairs parsemèrent son corps. C'était là, qu'il avait échoué la première fois. Bien sûr, il aurait pu réfléchir d'avantage à comment ne pas reproduire encore et encore la même erreur, mais la réflexion ne faisait guère partie des prédispositions de Tsumi en cette heure. Non, à la place, il laissa exprimer ce qu'il maîtrisait le mieux, plongeant son esprit plus profondément dans cet enfer d'où il puisait la force de restait debout. Il en voulait plus, toujours plus. Il cherchait à remplir de cette soif de puissance ce corps percé par la douleur, fouillant toujours plus loin dans les méandres de son esprit la clé qui lui permettrait d'ouvrir une bonne fois pour toute cette porte qui depuis des années était fermée.

Son grognement se transforma en cri, son cri en hurlement alors que ses mains, posées sur mon buste, cherchait à extraire cette chose de lui-même. Il sentait qu'il y arrivait, il pouvait ressentir cette déchirure en son âme qui se divisait, petit à petit, agrandissant la déchirure de son être, l'étirant de toute ses forces pour que les derniers liens la gardant complète puisse céder. Il se voulait plusieurs, il se voulait double. Et si pour cela, il fallait abandonner une partie de lui-même, il était prêt à le faire. Et alors que la plaie déchirant son unité cédait de plus en plus, il plongea ses ongles dans sa chair, mêlant le sang à la chair et à l'électricité, brisant dans un ultime effort ce carcan mortel qui l'empêchait d'atteindre son objectif.

« Je veux plus...de... POUVOIR ! »

Ce fut alors que son âme se scinda et que dans un éclair il vit son autre lui faire face, un œil unique dont la couleur rougeoyante brillait d'une toute autre clarté que la sienne. Il était son autre et bien qu'il soit loin d'être parfait, il était pourtant là, le toisant de son regard, affichant ce sourire qu'il connaissait que trop bien pour l'avoir vu dans ses cauchemars. Et dans un dernier souffle, il disparu, emporté par la brise qui glissa jusqu'en haut de cette colline où les deux hommes se faisaient face.

L'adrénaline et les émotions qu'il ressentait, elles venaient de s'évanouir soudainement, le laissant dans l'inertie, figeant son visage d'un inexpressif effroyable. Il sentait plein et à la fois vide. Il venait d'entre-ouvrir la porte, et pour cela, il semblait avoir perdu quelque chose d'important, tout en retrouvant une partie de lui-même. Il lui fallut quelques secondes avant de pouvoir cligner de l'oeil et reprendre un minimum d'expression. C'était comme si... Non, il n'y avait aucune comparaison possible à ce qu'il ressentait.

« Est-ce... est-ce que j'ai réussi ?... »

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Perdu dans le chaos de ses propres émotions, le Borgne n'arrivait pas à mettre de mot sur ce qu'il avait ressenti et qui le prenait encore au corps. C'était comme si l'espace d'un instant, quelqu'un avait prit sa place dans sa propre existence, avant que les deux entités ne finissent par se scinder en deux. Ce sourire, oui, il avait vu étirer ses lèvres dans un semblant de démence. Comme si, à travers cette épreuve, il avait donner une substance à quelque chose d'enfoui en lui. Se sentant à la fois plein et complètement vide, il sentit alors la main du colosse se poser sur sa tête, l'extirpant de toutes ses interrogations.

Lui n'avait rien vu, ou du moins, pas l'expression de cet autre qui inquiétait le Renégat. Il se contenta de lui exprimer son ressenti, se permettant de lui donner un conseil lourd de sens et dont Tsumi saisissait peu à peu l'importance. Ne pas se laisser sombrer dans la démence, ni dans l'ivresse du pouvoir, connaître ses limites et ne pas jouer avec cette sombre flamme avec laquelle nombres s'étaient déjà brûlé. Derrière l'aspect très brute de Jinpachi, se cachait une forme de sagesse. Non pas celle qui se complaisaient dans de fringants discours, mais bien la pure, la vraie, sans équivoque ni contre-sens. Le Chinoike acquiesçait d'un mouvement de tête, se plongeant plus dans des réflexions qui ne le menait nul part. Il devait recommencer, cette fois-ci un peu plus calmement.

Ce fut alors que le descendant de Raijin lui fit part de quelques sentiments à son égard. Il avait foi en lui. Si le jeune homme ne saisit pas dans un premier temps pourquoi une telle confiance, il ne put s'empêcher d'esquisser un sourire. Lui qu'il y a quelques minutes avait cherché à le détruire, aujourd'hui lui offrait un peu d'espoir. Enfin quelqu'un qui croyait en lui. Non pas qu'il crachait sur la confiance d'Etsu, mais d'entendre de telles paroles venant d'une personne extérieur au clan lui procura un peu de bonheur. Tout n'était peut-être pas perdu.

Laissant échapper une larme discrète, il ferma l'oeil, se concentrant sur tout ce qu'il avait apprit et pu ressentir durant ses premiers essais. La division. Tout résidait dans cette simple logique. Mais en avait-il encore la force ? Les doutes commencèrent à se frayer un chemin jusqu'à son esprit, le plongeant un temps dans une certaine inertie, ne sachant pas par quoi commencer et surtout, vint la crainte de l'échec. Il voulait y arriver. D'abord par quelques soucis de fierté, mais surtout, pour ne pas décevoir la foi que lui portait le Guerrier. Fixant son regard une dernière fois, ses craintes s'échappèrent alors que ses mains commencèrent à réaliser les signes incantatoires.

Doucement, il sentit son énergie se condenser, péniblement, il tenta de la concentrer d'avantage, cherchant à recréer cette division de lui-même qu'il avait pu ressentir. L'oeil fermé à nouveau par soucis d'introspection, il put voir le visage de cet autre resurgir de ses ténèbres. Il était lui, mais différent, arborant ce sourire qui lui avait glacé le sang tant de fois par le passé. Cherchant à ne pas se faire troubler par cette vision, il plissa d'avantage sa paupière, comme si ce simple acte allait lui permettre de le chasser de son esprit. Mais il n'en fut rien. À la place, l'autre lui tendit sa main, lui faisant signe de la saisir alors que son énergie spirituelle s'apprêtait à imploser. D'une intention timide, il lui tendit la main, brisant peu à peu la limite imaginaire qui les séparait. Et à chaque fois qu'il s'en rapprochait, il pouvait sentir la pression augmenter. Il avait peur, mais avait conscience que la réussite de ce prodige devait passer par là.

Ce fut dans un dernier élan de courage que leurs doigts se touchèrent, que la force intérieur du shinobi éclata et que dans un éclair de lumière, naquît un pur double de lui-même, arborant un sourire de satisfaction des plus viles. Et alors que le Borgne voulu trouver l'avale du Colosse, il sentit son esprit vaciller, alors que son corps chancelant, finit par sombrer, le laissant tomber à la renverse, épuisé par tout ce qu'il avait vécu en aussi peu de temps...

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