Drink Up My Hearties Yo ho ! [Rang A ft Otohime]

J’ai bu. J’ai bu comme une grosse dégueulasse. J’étais un gouffre sans fond.

En plus je suis même pas majeure; les gars de la taverne s’en rendent jamais compte, parce qu’ils sont bien trop occupés à regarder ailleurs. Je peux pas dire que j’ai fait ça souvent, mais fallait au moins que je sache avec qui j’allais partir en mission le lendemain hein, pis fallait vraiment que je lui montre que j’ai des couilles.

Faque j’ai toute bu. J’ai bu à en perdre mon souteneur de rack à Jo’s, pis je me souviens même pas d’où c’est que j’lai mis… mais c’pas grave, parce que j’ai gagné. Otohime a torché tout le monde à coup de shooter de saké, pis maintenant tout le monde le sait!

En tout cas, ça en a fait chier plus qu’un, parce qu’après tout le monde s’est mis à se taper su’a yeule comme s’ils se battaient pour de l’argent. J’ai pas trop compris qu’on avait parié, moi je voulais juste me retrouver dans le caniveau le lendemain matin sans me rappeler de ma vie d’marde.

Anyways, ça tapait… faque moi aussi j’ai tapé. On m’a souvent dit que j’tape vite sur un esti d’temps, pis… oui. Ouioui. Je sais pas combien de nez j’ai pété hier soir – en même temps de base je sais pas compter hein, imaginez quand j’suis saoule morte – mais je sais que je l’ai fait.

Pis quand tu as une soirée comme ça où presque tout est dans le vide pis que tu te souviens pas de tout, faut s’accrocher au peu de souvenirs qu’on a. J’en ai pété, des yeules. Pis j’suis fière de l’avoir fait.

Je sais pas comment j’ai réussi à rentrer, mais je me suis réveillée dans mon lit.

À peu près. La tête en bas du lit et les pieds encore dedans, les seins en train de m’étouffer en me couvrant la face, j’ouvre les yeux. La seule chose que je trouve à me dire, c’est qu’heureusement ça s’est passé avant de partir, parce que sinon ça aurait été très glorieux à écrire dans un rapport de mission ça…

Quoique.

Qui aurait été capable d’écrire ça dans le rapport? Qui s’en souviendrait?

«Arh… Jashin, t’aurais pu m’achever hier à la place de ça...» Non, j’ai pas d’animal de compagnie; je dis juste au dieu de la mort et de la guerre qu’à la place de me donner un mal de tête infernal demême, il aurait pu juste me rapatrier. Mais honnêtement je suis reconnaissante du mal de crâne; il me rappelle que j’ai encore un couple de neurones qui savent encore communiquer.

Entéka. (Traduction : En tout cas, anyways, bref…)

C’est l’temps pour la mission.

… Mais. J’ai pu mon support à tits. C’est ma seule brassière en plus, parce que je les passe comme un enfant s’enfile des mini-dango dans la gorge. Pis elle m’a coûté cher en plus la tabarnaque.

Je m’enroule les obus avec des bandages pour pas me casser le nez avec quand je vais courir, pis je pogne mes affaires en vitesse pour aller au quai : j’ai été assez intelligente pour préparer mes affaires à l’avance, parce que je suis prévoyante pis que je me doutais de comment ma soirée allait être. J’ai déjà entendu parler de Rinkusu; ça pète, ça bois, ça chie pis ça rit en même temps.

Y’er un peu comme mwé.

Honnêtement je suis contente de travailler avec lui; je le connais pas mais je connais sa réputation, pis je me dis que c’est la même chose pour lui. Ça doit être pour ça qu’il travaille avec moi. Sauf que là il va m’attendre si je grouille pas mon gros cul.

Faque je cours comme j’ai jamais courue dans ma vie, pis je me dis que je le trouverai quand j’arriverai. Un des cinq dieux va m’envoyer un signe, c’est certain.

Je cherche comme une folle en demandant à tout le monde s’ils ont pas vu un blondinet torché couvert de tatoo pis de mauvaises décisions qui sent la pisse et le rhum passé date, mais… personne sait. Je me mets à paniquer pis soudainement je l’entends au loin; je me tourne pis je vois le bateau qui s’en va.

«J’ARRIVE SAC À MARDE, ATTENDS-MOI! ... PIS T’ES MIEUX D’AVOIR MON PROTÈGE-BOULES!!!»

Propulsée vers le quai, j’ai en main un couteau avec beaucoup de fil de fer attaché dessus; je l’ai lancé comme une pro pour attacher l’affaire au bateau pis j’ai sauté comme une crisse de folle en tirant sur le cordage improvisé.

Je me fracasse le buste contre le bois mais au moins je suis pas dans l’eau, et finalement je monte en escaladant le bateau comme une Boss. Ça c’est de la bonne gymnastique du matin!

«Scusez-la! J’SUIS ARRIVÉE!» Vite, il me faut mon équipement unique pour sceller le démon des montagnes jumelles, ça presse!

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Ça se fâche vite et sur un moyen temps, mais je m’en badre même pas parce que je sais que le destin avait gardé la meilleure pour la fin – moi – et que mon retard n’allait pas ruiner leur itinéraire anyway. J’arrive juste à temps pour me faire dire que je suis une grosse crottée pas présentable pis ça me dérange même pas, mais comme je dois faire un effort cette fois-ci – parce que sinon l’autre dans son gros bureau va encore chigner comme une lopette – je prends le temps de m’excuser après m’être levé.

«J’m’excuse à vous quand même en premier, c’est juste que j’avais perdu quelque chose d’important pour faire mon travail. J’ai beau être une très bonne ninja qu’est-ce que tu veux j’ai des obus – que j’t’ai vu regarder r’commence pas.» Au début, je parlais au second poliment… pis je me suis souvenu qu’il a reluqué, faque…

Si sa veine voulait lui péter dans le front, moi je me frottais le derrière de la tête un peu trop nonchalamment. N’en reste pas moins que j’oblige quand il me demande de me replacer un petit peu. «Une dizaine de minutes pis on arrive monsieur!»

Je récupère mon soutif sitôt que je peux pis je me tourne dos aux marins pour le glisser en dessous de mes vêtements pis l’attacher. «Marci de l’avoir gardé au chaud, c’est gentil… oh attends j’va t’aider quand j’aurai fini avec mon armure de guerre.»

Pas trop longtemps après, je me retrouve à enlacer Rinkusu en collant mes imposants avantages personnels dans son dos, pis en liant mes mains au niveau de son ventre. «Prépare-toé ma terreur des sept merdes, faut faire sortir le méchant!»

Faque j’ai pesé sur son ventre comme une grosse débile pour l’aider à recracher son incident diplomatique, me disant que ça l’aiderait. Il m’admet après qu’il ait reprit quelques couleurs qu’il se souvient pas du mon du monsieur, pis je lui réponds que «oh s’pas grave moi je le sais! Son nom c’est… uuuuuuuh...»

… Ouain.

Cette mission, on l’a dans l’cul.

Non je l’avais dit; il a aucune estie d’idée de dans quoi il s’embarque à faire une mission avec moi, mais quand ça va se donner pour vrai il croira pas à ça. Là c’est d’la grosse marde parce qu’on peut rien faire d’autre que d’agir comme des épais pis essayer d’assumer les conséquences, mais quand on va me fielder une flotte ennemi pis que je vais la nuker en deux-trois pimpslap de chaines de bondage, il va se chier dessus. Tout le monde va se chier dessus.

Les autres noms, c’est secondaire. J’suis Otohime. Les autres on s’en fout.

On passe dans les dortoirs pis dans la cuisine; les lits je m’en fous mais la bouffe je me l’enfilerais au complet dans le gorgoton comme une grosse pas propre. Il m’offre un peu d’eau pis je me gargarise comme il faut avec avant d’avaler – après tout, on n’est jamais à l’abris d’une haleine de testicules pas claire. «Oh non tu comprends pas, on va la torcher cette mission, r’garde-moé. Faut protéger le gros flotteur… personne a dit de pas faire couler avec extrême préjudice tout ce qui va essayer de le toucher; je l’ai lu le papier de mission.»

Il a l’air nerveux comme ça se peut pas, et il essaie de se donner du courage, faque je pose une main sur son épaule pour l’encourager à ma façon… soit en faisant ma grosse vantarde. «J’en ai pas l’air, mais la stratégie, là, bin je connais un peu ça. Si tu tues ce qui a de méchant sur le bateau pis que je tue ce qui veut monter sur le bateau, bin… y’en aura pas de problème. T’as-tu regardé mes rapports de mission? J’vais te dire ce qui est écrit dedans : la grosse conne fait trop bien sa job faque il reste plus rien quand elle passe quelque part.»

Pis on rentre. Juste avant, je glisse un dernier détail important :

«… Maisc’esttoéquiparleparcequesic’estmoéonestjustefinisokayGO.»

Le chef m’invite à m’asseoir et se présente, j’avoue que j’ose même pas regarder qui d’autre est dans la pièce parce que je me concentre trop; je m’assis comme il faut et où on me l’indique – si on le fait, sinon je trouverai bien un siège vide ou genre un trou de souris où enterrer mes boules explosives – et je laisse Rinkusu parler.

Mauvaise idée.

Mauvaise idée parce que je suis aussi mature que lui faque même si j’ai aucune idée de pourquoi il rit bin moi aussi je ris mais je lui met un petit coup sur la cuisse pour essayer de le calmer mais j’arrive pas à me calmer mais esti je sais pas pis la je vois l’esti d’laid pis j’essaie de me retenir aussi fort de pas mouiller ma culotte que quand j’avais trois ans pis que mon frère était pogné dans la salle de bain à se tripoter les parties pendant genre deux heures pis que j’apprenais à pas me pisser dessus.

Mais moi je me calme vite. J’essaie de rattraper le caca situationnel avec mes mains en sachant très bien que je vais me beurrer pis que ça va mal finir, mais au vu de ce qui se passe oublions ça j’ai pu le choix. «Je sais pas exactement de quoi ça parle mais j’ai crue comprendre qu’il y a des affaires importantes que vous venez d’apprendre. Ça me fait plaisir de vous aider à protéger vos affaires et votre vie, pis je veux sauter au point en vous disant tout de suite que si vous voulez, je peux mettre quelques protections sur les points d’entrée du bateau pour empêcher quelqu’un d’infiltrer ou de voler ce que vous voulez protéger. Aussi, je veux vous dire qu’en cas d’attaque par d’autres bateaux, j’ai deux boulets explosifs avec moi pour vous débarrasser des gêneurs s’il le faut.»

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Esti que les gens ça panique à rien!

J’ai même pas le temps de lui dire que j’ai deux ou trois powpow cachés dans mes poches que ça crie déjà à la fin du monde. Moi, le monde demême, pas capable. Je vais lui répondre tout de suite parce que c’est hors de question qu’on vienne me critiquer demême pis penser s’en tirer.

«Bin écoutez; on veut vous tuer ou non? Oui, j’ai des bombes pis je sais m’en servir; ce que je t’ai dit, c’est qu’en cas d’attaque extérieure, j’ai des boulets de canon pour te défendre. Si tu préfères juste mourir sans te protéger, okay, mais je te garantis qu’en cas d’attaque mon artillerie sera efficace.» J’ai l’air un peu sur les nerfs en lui répondant, pis c’est voulu; non non non non non n’est pas une vraie réponse quand ta vie est en jeu, à ce que je sache.

Pis à part ça il me confirme ce que je pensais; l’ennemi peut être n’importe où, n’importe quand, n’importe comment. «C’est merveilleux, ça fait juste plus de trucs à ignorer : si c’est toi qu’ils veulent, ils n’auront pas le choix de venir sur ton bateau. Au pire, ils peuvent te bombarder et faire couler le bateau, mais… pourquoi? C’est certain que s’ils t’attaquent, ils le feront ici. Pis oui, j’ai un plan.»

Mon ami pirate fait tout son show et me laisse le droit de faire la vedette, et il me donne même la chance d’être en tête à tête avec le monsieur; j’apprécie, surtout que s’il sait vraiment qui suspecter sur le bateau c’est tant mieux qu’il écarte tout le monde d’ici.

«Bon… écoutez. Mon plan est très simple; je dois vous faire survivre et protéger votre cargaison. Le seul danger que je ne peux pas me préparer à bloquer, c’est si les gens qui sont après vous décident de faire couler le bateau. Si vous avez des moyens de protéger davantage la coque de votre bateau, c’est le moment de le dire; quelqu’un parmi vos gardes saurait arranger ça? »

Je continue, parce que j’ai un peu détourné de mon idée de base en disant ce qui me poserait problème avant : «À part la possibilité de couler le bateau, ils peuvent essayer de venir vous tuer; je vais vous enfermer dans la calle avec votre marchandise et mettre une protection sur la porte, comme ça vous ne pourrez pas être atteint.»

Puis, je m’approche pour parler moins fort, ne voulant pas être entendue si quelqu’un se trouve près :

«Pour plus de sécurité, la seule autre personne qui sera au courant, ce sera mon ami; si l’assassin m’entend parler en ce moment, supposons qu’il est déjà ici, maintenant il sait qu’il va avoir à se battre pour vous atteindre. Je pourrai vous débarrasser des menaces extérieures et vous garder – normalement – hors d’atteinte, et Rinkusu sera notre protection d’extra sur le bateau. Vos gardes du corps, pour faire sur qu’il n’y ait plus de problème avec Rinkusu, je conseille de les laisser soit avec moi pour qu’on protège ce bateau-ci en priorité – en laissant donc les deux autres – soit on les envoie surveiller les autres bateaux.»

Je me mets aussi à le presser, à cause de ce que Rinkusu a dit avant de sortir; en disant qu’il sait qui est sensé être l’ennemi, il les force à agir avant qu’il ne révèle leur identité. «Sachant ça, Rinkusu pourrait aussi être une cible. Le plus vite on vous cache, le moins il y a de risques qu’on vous attaque. L’ennemi aura deux choix; laisser la situation évoluer – donc on arrive à bon port – soit tenter une attaque violente le plus tôt possible avant que Rinkusu parle, soit en vous visant vous, soit en le visant lui.»

Hein? Pas si conne que ça, la bimbo.

J’attends de voir la réponse à toute ma diarrhée verbale, que je sache quoi répondre et quoi mettre en place à ce moment-là.

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Ce petit esti de mange-marde aura jamais été aussi chanceux de toute sa vie.

Je l’aurais tué drête-là moi-même, à mains nues. Ses jolies petites fesses n’ont pas le droit de se poser sur un barril le temps qu’on sauve sa vie? Bin dans ce cas, sa vie vaut rien et autant le passer par dessus bord tout de suite; il a plus de chances de survivre par lui-même aux requins que de survivre à Moi.

Esti, j’va le tuer. J’ai l’air de vouloir tuer, ça se lit partout dans ma face et ça commence même à sortir par ma yeule. «Écoute p’tit crisse de mange-m–» Heureusement, l’intervention divine de je sais pas lequel des cinq dieux vient de sauver mon chèque de paie et la vie de ce petit emmerdeur.

J’suis surpris de le voir, mais je suis contente que Rinkusu ne soit pas vraiment parti (même si ça me prend chacun de mes neurones encore vivants pour ne pas lui dire qu’on laisse faire et qu’on s’en va d’ici dans la minute). Je l’écoute, parce que j’ai besoin de me changer les idées avant de ramasser l’autre petit accident par les cheveux pis le garnotter bord en bord de la coque comme une grosse guenon enragée.

J’écoute, pis j’écoute en crisse parce que si je gère la situation c’est clair que ça se finit pas bien pour personne. «J’te laisse t’occuper de l’extérieur, j’va rester ici avec l’autre. Si jamais tout pète en morceaux pis que t’as besoin d’aide, reviens. Je vais sceller la porte, le code pour rentrer ce sera...»

Je m’approche de Rinkusu et lui donne des instructions claires sur comment entrer.

«Sors, je m’occupe de l’autre et je vais sceller la porte tout de suite après. » Une fois qu’il est sorti, je me retourne vers la chose.

«Bon. Assis-toi.» Je pointe la chaise. «Si tu veux être certain de survivre, va falloir que tu m’écoutes, pis j’parle au doigt et à l’oeil, parce que sinon je te le dis tu VAS mourir.»

Je prépare des sceaux en continuant de lui parler : «d’abord, garde les yeux sur la porte pendant que tu me parles; tu surveilles pendant que je me prépare. J’ai besoin de savoir s’il y a d’autres moyens d’entrer dans ta cabine. Je vois pas de fenêtre, pis je pense pas qu’il y ait de passage secret mais on sait jamais.»

Une fois ma préparation faite, je lui dis de m’attendre ici. «Reste assis et ne bouge pas, ça pourrait être dangereux.» Autour de lui, je mets en place un piège; si quelqu’un est assez con pour l’approcher, il se fera coincer dedans. Après m’être assuré qu’il est en sécurité, je me dirige vers la porte. Si jamais il m’a dit qu’une entrée secrète existe dans son bureau, je la piègerai en conséquence avant de sortir. «S’il se passe dequoi, tu CRIES.» Je sors et ferme la porte, puis j’applique mes parchemins et je les cache comme je le peux dans les moulures de la porte ou je sais pas quoi; je fais l’effort de les cacher comme il faut avant de retourner voir le monsieur.

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