Pour tes beaux yeux [Mission Rang B]

Dans la nuit noire, un petit mot griffonné sur un minuscule bout de parchemin jaunis était apparu sous le pas de ma porte. Personne dans ma maisonnée n’avait rien vu, ni entendu, seul un horrible silence persistait chez moi. C’était oppressant de ne rien entendre, mais c’était aussi réconfortant, on avait l’impression que le temps n’avait plus de prise sur nous, on avait l’impression que tout allait pour le mieux. Cependant, ça ne l’était pas, le cliquetis de l’horloge ne cessait de résonner : le temps avait toujours son avancée inexorable : je devais y aller.

Le papier ne me disait que de rejoindre le Quartier Général, un ordre assez vague pour n’être compris que par moi ici, moi qui sentais déjà l’appel du combat, je me permis d'esquisser un léger sourire. Dans le noir oppressant et infinis, je savais bien que ma face souriante était lugubre : j’étais l’empereur lugubre de ce village.

Je ne laissais qu’un vague mot qui expliquait que j’avais été appelé en urgence pour une mission. Je ne voulais surtout inquiéter personne et surtout pas ma fille, Ringo. Je voulais l’épargner au mieux de cette vie dangereuse que je commençais maintenant. J’étais responsable de mes actes et de ceux des autres, mais cette petite fille était libre de tout, libéré du poids de tout.

J’avais laissé tomber mes vêtements par terre sur mon futon et alors que je sortais la malle cachée sous le plancher, une profonde peur m’envahis. Et si je ne revenais pas ? Cette peur me força à poser un genou à terre alors que mon cœur se soulevait douloureusement et violemment. Je n’avais pas peur de la mort, j’avais juste peur de laisser ma fille seule, j’avais peur qu’elle croie que je l’avais abandonné. Des gouttes de sueur me montèrent à la tête alors que je serrai les mâchoires violemment. Puis, après quelques secondes à maîtriser mon souffle, je retrouvai un semblant de calme. Sans attendre le moindre instant, j’enfilais ma tenue, plaçais mon masque sur mon visage. Il me renvoyait déjà mon souffle chaud, c’était rassurant, je ressentais alors une autre présence, je me sentais moins seul. Je n’avais plus peur.

D’ores et déjà, ce n’était plus vraiment Kenzo, mais Enma. Enma n’avait pas à voir peur, Enma obéissait pour prouver sa valeur. Rabaissant ma capuche sur mes cheveux, seuls les cornes de mon masque d’Oni transparaissait. Il était temps de partir. Mon identité cachée, il ne restait plus qu’à triompher

Mobilisant mes talents de furtivité, j’évaporais ma présence de la pièce et disparaissait par la fenêtre, la fermant doucement derrière moi.

Quand j’arrivais au Quartier Général de l’Anbu, on me briefa rapidement. Il y avait un bâtard Hyuga avec sa mère, un peu trop proche des terres d’Uzu. Il fallait s’occuper de la mère et soit tuer, soit ramener l’enfant. Alors que j’entendais les deux issus possibles, mon choix était déjà fait : j’allais ramener cet enfant en vie. C’était le genre mission dont j’avais toujours rêvé, quelque chose qui me permettra de montrer mes preuves. On me rapporta alors que Datenshi et Shiyaku était parti en avance. J’hochai la tête gravement. Le fait d'envoyer trois Anbus sur une mission comme celle-ci ne trompait pas, l'Hokage ne souhaitait pas que les secrets du clan s'éventent: elle était intelligente. Enfin, je considérai à cet instant précis, que je devais ramener cet enfant en vie, pour le clan et me faire bien voir du conseil. Même s'ils avaient été écarté de cette mission, je ne pouvais pas oublié le sang qui coulait dans mes veines. Même si c'était Dame Tadake qui le demandait, je le faisais pour le clan. Sous mon masque d’ogre, je souriais, je sentais déjà la gloire se déverser sur moi. Il me tardait tant de pouvoir ramener cet enfant au clan et faire payer sa mère d’avoir enfanté un sang impur comme lui.

Sans attendre une seule seconde, je tendis une lettre et déclarai :

« Si je ne revenais pas, donnez cette lettre aux miens ! »

Et c’est ainsi que je disparus dans l’ombre. Je traversais à la fois les remparts de la ville, la forêt, je sautais de branche en branche, sentant le vent caresser mes épaules. Toujours persistait cette légère crainte de ne pas revenir. Enfin, si jamais je mourais, au moins Ringo serait au courant de tout.

Je ne tardai pas à arriver aux portes de la ville. Debout sous une branche à l’envers, camouflé dans l’ombre de la fin de la nuit, je regardais avec intensité cette grande ville, où devait se trouver notre cible. C’était ici que tout commençait pour moi et où tout finissait pour la mégère. Savoir cela me fit lâcher un léger rire et me rendait lyrique d’une victoire que je pensais déjà avoir. Je me permis même quelques vers :

« Toi qui avances ici, trépasse à tout jamais,
Tu seras vraiment saigné sans aucun respect ! »

Et croisant mes doigts, j’exécutais quelques mudras avant de prendre l’apparence banale d’un vieil homme habillé de guenille. C’était pour mieux me fondre la foule. Après tout, avec ma capuche, mon accoutrement noir et mon masque de démon, je n’avais aucune chance de passer inaperçus. Il valait mieux instiguer à visage découvert, enfin, pas le mien dans ce cas-ci.

Je descendis de l’arbre sans le moindre bruit, alors que ma silhouette nouvellement, voûtée entrait dans la ville, à la recherche du moindre indice.

Je comptais faire mon loup solitaire jusqu’à ce que je retrouve mes compagnons probablement déjà arrivés dans la ville, à la recherche de notre cible. Il était de mon honneur de Hyuga de retrouver cet enfant et de le ramener en vie. Kenzo comme Enma en arrivait à la même conclusion : c’était la meilleure chose à faire.

Vient-ici petit Hyuga, tu seras bien mieux avec moi !

Récapitulatif combat:

De ma démarche brinquebalante, j’avançais, voûté comme un bossu jusqu’au village. Ma barbe crasseuse tombait sur ma poitrine et quelques mèches filasses et éparses de cheveux trônait sur un crâne ridé. Le visage dévoré par des rides et des taches de vieillesse. Je n’avais pas fière allure déguisée comme je l’étais, mais c’était avant tout pour attiser la pitié pour moi, qui n’avait pas confiance dans un vieil homme au corps brisé, vêtue de guenilles et marchant par terre de ses pieds noircis par la poussière et dévoré par d’infâmes plaies. J’étais à cet instant précis, horrible par l’apparence, mais tel était le prix à payer pour ainsi ramener un enfant en vie auprès de la seule famille qu’il devrait avoir.

J’avançais ainsi péniblement, engoncé dans cette apparence qui était assez éloigné de celui que j’étais. Non pas que je sois d’une propreté irréprochable, mais même pour moi, on touchait des sommets de crasse. Mais, c’était un sacrifice nécessaire Enma ne se plaignait pas, il écoutait et regardait dans l’ombre.

Parce qu’il fallait bien commencer quelque part, je m’étais décidé à rejoindre l’auberge, qu’on m’avait indiqué sans trop de mal. Si jamais la femme et son marmot s’étaient arrêté ici, nul doute qu’il y aurait des échos à l’auberge. Une mère célibataire, cela attirait généralement l’attention. De plus, vieux comme je l’étais en apparence, on ne me craindrait pas, ni se méfiera. Qui se méfiait d’un vieux ? Personne et c’était bien pour cela que j’avais pris cette apparence. Enfin, c’était avec ce genre de comportement qu’on se faisait avoir. Pour ainsi dire du coup, personne ne se méfiait d’un vieux, sauf moi, car je savais bien que les apparences étaient parfois trompeuses. Ironique pour un assassin qui tuait sous couvert d’avoir le visage caché et qui enquêtais en volant l’identité et l’apparence de quelqu’un.

En scrutant bien cette ville, la petite famille en cavale dans ses abords ne devait pas être bien joyeuse. J’en voulais surtout à la mère, qui avait kidnappé cet enfant et lui offrais alors une existence bien misérable. Une telle vie sur les routes pour un métis n’était pas acceptable. J’étais plutôt tolérant pour un membre de la branche principale et je ne considérais pas un enfant comme coupable de sa naissance. La seule coupable était donc son horrible mère et son père déjà mort. Il avait déjà payé le prix de ses erreurs, il était temps pour la bonne femme de le subir. Je sauverai cet enfant de cette existence.

Alors que j’arrivais finalement à l’auberge, je me tirais jusqu’au comptoir et à moitié pleurant en demandant un verre d’eau, les larmes aux yeux, je sanglotais de la manière la plus pitoyable qui soit:

« Auriez-vous vu ma fille et son enfant ? Ils sont passés dans cette ville il n’y a pas longtemps. Je les recherche. L’enfant n’a pas plus de cinq ans. Aidez-moi à les retrouver, je vous en supplie ! »

Et le prix du meilleur acteur était offert à Hyuga Kenzo, dans le rôle du vieil homme esseulé à la recherche de sa famille.

Je n’avais aucune honte à mentir à la populace comme cela. Ils ne pouvaient pas comprendre l’importance de cette tâche. Je n’avais pas de temps à perdre, je devais avoir la position le plus rapidement possible. C’était nécessaire que ses sous-hommes m’offrent la position de l’autre, que je puisse en finir vite. A ce niveau-là, c’était presque rendre service à l’enfant que d’exécuter la mère.

Je ne savais pas ce que fera Datenshi et Shiyaku, ni ce qu’ils avaient en tête, mais je préférais régler cela seul et trouver tout avant qu’eux trouvent. Après tout, ils se pouvaient très bien qu’ils veuillent tuer l’enfant. Cette pensée me déplaisait, car se serait dommage, qu’une lumière portant en elle le sang le plus beau et glorieux qu’il soit s’éteigne.

C’était presque une affaire personnelle pour moi.

Offrez-moi désormais leur position, bande d’ivrognes !

Récapitulatif combat:

C’était pénible, car je sentais bien qu’on se défiait de moi. Il semblerait que tout le village, ou plutôt tout le monde était dans la confidence. Ma réponse serait assurément plus qu’importante dans cette situation. Mon esprit réfléchissait à toute vitesse, je ne pouvais pas vraiment prendre le risque de tout gâcher. Il me fallait faire attention et redoubler d’effort pour berner tous ses badins qui représentaient un obstacle à la mission qu’on m’avait confié.

Le barman attendait une description détaillée des deux personnes que je suivais, ce dont je n’étais pas vraiment capable. J’allais donc devoir ruser et tenté plusieurs choses. Ils m’énervaient tous à défendre cette greluche qui avait osé mettre au monde un sang impur. C’était tout bonnement ridicule, protégé une femme de ce genre était une honte. Je la mettrai à mort, qu’ils en soient sûrs. Qu’ils se dépêchent aussi de me donner ce que je voulais, sinon j’allais m’énerver. Je n’avais aucun problème avec le bétail, mais ce n’était pas pour autant que je les appréciasse, surtout quand ils se plaçaient au milieu de ma route… C’était très gênant et je remerciais le ciel d’avoir fait de moi quelqu’un de calme, car sans cela, j’aurais probablement déjà empoigné sans vergogne l’homme et lui aurais fracassé le crâne.

Derrière moi, quelqu’un se leva et le fixant quelques instants, intensément, chercha à retenir le visage de l’homme et son physique. Cela me paraissait bien trop innocent que quelques secondes après mon arrivée, quelqu’un parte aussi calmement. Au pire, je me trompais, mais patience était mère de sûreté et je voulais ne négliger aucune piste. Après avoir retenu tout ce que je pouvais de cet être, je retournais ma tête vers le barman et arborant une expression effrayée, me rapprocha et murmura :

« Cela fait des années que je n’ai pas eu de nouvelles de ma fille, elle a probablement bien changé. Elle ne me fuit pas moi… Moi, je veux la retrouver et la protéger. Mais, j’ai eu des informations de certaines personnes, elle est poursuivie elle et son enfant. C’est un enfant qui n’a pas plus de cinq ans, ils sont tout deux en danger… Konoha en a après son enfant, ils n’abandonneront pas… Des mercenaires violent sont déjà en route… Si je ne fais rien, ma famille mourra… Je veux la protéger. S’il vous plaît, aidez-moi ! Je vous en supplie !»

J’avais les larmes aux yeux, pour rendre mon discours plus poignant et tâcher de faire plier l’homme qui n’était que du commun et en dehors de notre monde. C’était un coup de bluff parfait, surtout que je ne pouvais pas être plus sincère en disant que je voulais protéger ma famille. Quand j’avais imploré cela, ça avait été l’image de ma fille et de feu Michiru qui était apparu dans mon esprit et m’avait arraché un sanglot. Heureusement que le masque d’Enma cachait la tristesse de Kenzo.

Je ne pouvais pas vraiment faire mieux que cela, il restait désormais à voir si ça allait marcher et si mes talents de shinobis et de menteur ne s’étaient pas érodés avec le temps et que je voulais toujours quelque chose.

De toute façon, elle savait déjà qu’elle et son enfant ne pourraient pas vivre en paix éternellement. Je n’avais pas vraiment vendu la mèche. De toute façon, une bête acculée avait beau être plus dangereuse et encore plus quand elle protégeait son enfant, je n’avais aucun doute sur notre victoire… Après tout, nous étions trois ninjas d’élites, pas n’importe quels assassins sans talents. Il était l’heure pour moi de récupérer l’enfant et de le remettre aux autorités compétentes, le clan.
Je ne faillirai pas pendant la mission !

Récapitulatif combat:

Je gardais en moi le sourire qui illumina mon esprit lorsque le barman décida de me filer quelques infos ! Que les humains étaient faibles pour se laisser ainsi avoir par de tels sentiments ; pensais-je, sans me rendre compte que les enfants étaient ma corde sensible. J’avais berné avec facilité l’autre et j’en étais plutôt fier, je n’étais pas un shinobi aussi mauvais que j’aurais crus l’être. Peut-être que caché derrière ce masque d’Oni, Enma compensait toutes les faiblesses de Kenzo, les émotions, tout cela, peut-être qu’en se rendant compte du gouffre abominable dans sa poitrine, alors j’étais capable de donner le meilleur de moi-même de manière professionnelle ?

Je ne savais pas et ce n’était pas le moment de se laisser aspirer par mes pensées comme je savais-si bien le faire. Je notais dans un coin de ma tête tout ce qu’on me raconta, sur cette femme qui cherchait des hommes forts et qui les avaient trouvés. Nul doute qu’il parlait peut-être de ma cible, après tout, pour avoir réussi à ensorceler un Hyuga, il fallait que ce soit une belle femme, ma race avait évidemment du goût, plus que ce que certains pouvaient croire. Probable que l’autre gars qui avait pris la poudre d’escampette en me voyant arrivé avait déguerpis rapidement était de ces gars qui avaient été missionnés. Sûrement qu’il allait informer la gente mère qu’un vieil homme la cherchait et nul doute que rapidement, elle se rendrait compte que son père ne correspondait pas à la description.

Je fis demi-tour, remerciant l’aubergiste avec émotion, lui prenant même les doigts. Je n’allais pas poser plus de question, il ne me fallait pas non plus être suspect, ce serait là une erreur, pousser sa chance serait une folie. Je pris alors mes vieux os et partis.

Il me fallait maintenant retrouver le gars qui avait pris la poudre d’escampette et rapidement, si je ne voulais pas me faire distancer. Je sortis alors difficilement de l’auberge, puis me cachant dans l’ombre, pour que personne ne me remarque, je changeai d’apparence pour prendre celle d’un moine au crâne rasé, la quarantaine, une fine barbichette sur le menton, les sourcils large et épais et le front ridé par quelques rides. Je portais avec une longue bure, cette apparence déjà plus jeune me permettait alors d’avancer plus vite et surtout de me fondre plus facilement dans la ville qui possédait un temple dans les hauteurs.

Je m’aventurai alors rapidement dans la rue, espérant l’apercevoir, mais sans information sur le lieu d’où elle était, cela ne me facilitait pas la tâche. Je retins un grommellement, chaque second passé dans cette ville risquait de voir s’échapper la mère et son gosse et cela, c’était tout bonnement intolérable pour moi.

Je n’avais plus qu’à ouvrir les yeux et pour cela, je n’avais pas mieux, j’activais mon Byakugan pour apercevoir à travers les gens et les murs pour espérer voir le type ! Je n’étais pas à court de moyen, loin de là et j’espérais bien réussir quelques progrès avant de retrouver Datenshi et Shiyaki, je ne pouvais pas être un poids mort pour le groupe, c’était intolérable ! J’allais tout mettre en jeu pour réussir !  

Récapitulatif combat: