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| | Uzushio.
La géante de Konoha, comme la plupart des bons éléments de la Feuille, avait accompagné la délégation de petites pousses au-delà des mers, jusqu'au village caché des tourbillons. L'idée de quitter la terre ferme avait grandement déplu à la Cavalière, mais faute de ne pas avoir de justifications pertinentes pour refuser ses ordres, Eru avait pris sur elle. Puis, il avait semblé préférable d'avoir la colosse près des hautes instances, plutôt qu'oubliée derrière, seule, sans autorité pertinente pour la surveiller... La mer était un royaume incommensurable, mais incapable d'en apprécier sa richesse ou sa splendeur, l'animal lambda, aux premières vagues, aurait tôt fait de vider son contenu gastrique. Pas pour Eru, dont la nausée guettait pourtant. Ses grandes mains puissantes serrées autour de ses genoux, elle avait adopté la position de l’enfant caché, afin de cultiver ce calme glacial qui la caractérisait habituellement. Coincée entre la cale et ses idées sombres, la géante s’était fier aux bourdonnements internes de ses armées, afin d’apaiser l’animal qui grondait dans son ventre. Habituée aux grandes étendues vertes, à la terre riche, aux bruissements de la Vie qui grouillait partout en Konoha, la tranquillité de la mer avait fait écho à sa vide pensée. Eru avait même tenté d’analyser l’horizon, sans succès, afin d’y repérer un élément familier.
Uzushio.
Elle garderait sans doute un goût amer de ce voyage.
Officiellement simple spectatrice pour les examens, Eru avait abandonné son armure sombre dans les recoins de sa chambre d’auberge et avait adopté la cape épaisse, afin de couper le vent froid du pays. Entre les combats lamentables de l’arène, elle se promenait et étudiait l’architecture et les routes. En quelques jours seulement, Eru parvenait désormais à se situer convenablement et pourrait, à la demande, reproduire une carte plutôt précise du village. Toutefois, elle évitait de traîner deux jours de suite dans les mêmes ruelles, car comme le lui avaient demandé ses supérieurs, elle portait nonchalamment le bandeau à son front et tous pouvaient reconnaître son affiliation. Un gage de bonne volonté pour la géante, qui ne comprenait pas l’intérêt de posséder un objet pouvant trahir l’identité de ses employeurs — bien qu’elle ne fût employée par personne pour ses talents (risibles) de cartographe… À nouveau, elle vagabondait dans ses délires et arpentait désormais le centre-ville du village. La foule habituelle des rues marchandes avaient désertée pour les gradins de l’arène, si bien que pour un village qui se basait sur le commerce, le nouveau venu aurait pu croire à la faillite. Eru avançait d’un pas lourd, de son automatisme habituel. Son facies neutre plongé dans l’ombre de son grand front, elle ignorait les têtes qui se tournaient sur son passage. Sa route s’acheva aux abords d’un petit stand de ramen dont les effluves ne rappelaient pas ceux du poisson.
— Ohayo, s’annonça-t-elle sans intonation. — Oha… yo ?! s’étonna le chef aux cuisines, devant l’ombre gigantesque qui s’installait à son comptoir.
La colosse faisait toujours cet effet.
— Ce que vous avez de plus grand, trois fois. Double portion d'oeufs. Beaucoup de viande. Aucun légume. Un temps. Pas de poisson. De la vraie viande seulement, crut-elle bon de spécifier, des années de dégustation avec Chō-sensei derrière la cravate.
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| | Miyamoto AyaUzushio no Genin Messages : 209
Date d'inscription : 08/08/2020
Age : 23
Fiche du NinjaGrade & Rang: Genin d'Uzushio - Rang C Ryos: 230Expérience: (518/500) | Voilà fort longtemps que le petit restaurant 霧のラーメン n'avait pas connu tant d'agitation.
Il faut dire que l'échoppe, modeste et pas très bien placée dans une rue auxiliaire aux rues principales, n'est pas un restaurant à touristes. Il n'est pas non plus un restaurant destiné aux locaux, à vrai dire. Son patron, Izu Masahashi, était ce que l'on appelle un maître expérimentateur. Plutôt que de se tourner vers les arcanes culinaires classiques, l'homme avait longtemps auparavant choisi de destiner sa cuisine vers l'avancée de l'art en lui même, quitte à expérimenter les choses les plus étranges.
Ainsi, le restaurant avait provoqué un véritable engouement à son ouverture, mais les plats proposés, leur variance et leur pouvoir déstabilisateur avaient fini par chasser la clientèle, rendant l'endroit méconnu des foules, voire même évité.
Un endroit parfait pour une fugitive, en somme.
Aya avait trouvé ce restaurant fort peu banal lors de ces pérégrinations loin du domaine Miyamoto. Elle avait été frappée par l'ambiance mystérieuse qui y régnait alors, et surtout le prix battant toute concurrence : gratuit pour ceux qui acceptent de "tester". Elle avait alors subi moult essais culinaires qui auraient pu faire pâlir un Akimichi, mais elle s'était lié d'amitié avec le tenancier qui avait parfois couvert sa jeune cliente lors de recherches Miyamoto.
C'est pourquoi Aya se trouvait là bas cet après-midi. Occupée à déguster des ramen au goût fort épicé (elle ne demandais que rarement les ingrédients), elle fut tirée de son repas par l'arrivée d'une autre cliente. Enfin, plus que la cliente en elle même, les murmures l'accompagnant étaient là aussi plus qu'étranges. Une petite foule de curieux s'étaient assemblés devant le restaurant qui n'avait vraiment pas l'habitude que cela arrive.
Aya jeta un œil en direction de la... femme ? Géante, qui s'était assise à côté d'elle. Elle était vraiment très imposante, dépassant presque du double la jeune femme qui se considérait pourtant comme grande, mais pourtant cela ne lui allait pas si mal. Certains (ou certaines) y verraient même sans doute une forme de beauté.
Impressionnée tout d'abord par la femme complètement inconnue, puis ensuite par la commande qu'elle passa et enfin par son bandeau de Konoha qu'elle ne remarqua que plus tard, Aya ne put se retenir de lui poser des questions alors que Masahashi, ravi par le défi imposé par l'aburame, était en train de retourner toute sa réserve afin de se surpasser en créativité.
Elle s'adressa donc à elle, sans aucune appréhension :
"Dites donc, vous devez avoir sacrément faim pour commander autant ! Et faites confiance à Masa, il saura vous satisfaire. Il a pas souvent l'occasion de servir d'autres clients, du coup il va se surpasser."
Aya marqua une pause avant de reprendre, désignant d'un geste de la main les quelques badauds amassés devant le restaurant.
"Et eux, ils vous suivent depuis longtemps ? Si vous voulez je peux essayer de leur dire de partir."
Elle ajouta, clignant des yeux.
"A moins qu'ils doivent vous escorter ? Moi, on doit m'escorter aussi mais je me débrouille toujours pour semer mes surveillants. Je peux vous aider si vous voulez. "
Elle marqua une nouvelle pause, se rendant compte qu'elle manquait à toutes les politesses. Elle s'inclina légèrement devant la chuunin qui devait se demander à quoi jouait la jeune femme.
"Excusez-moi, kunoichi-san, je m'emporte. Je suis Miyamoto Aya, genin d'Uzushio."
Elle fi une nouvelle pause, avant d'ajouter, ne sachant trop si c'était bien poli de poser la question.
"Et vous, kunoichi-san, vous vous appelez comment ?"
Et enfin le moulin à paroles s'arrêta, laissant à l'Aburame le loisir de répondre (ou non) aux questions d'Aya. |
| | | Eru était comme à son habitude aussi immobile qu'un insecte collé au mur par un chaud après-midi d'été, bien que le temps d'Uzushio lui glaçait les os. Elle patientait, son regard mort tourné vers les flammes des fourneaux, instinctivement agacée par la chaleur qui devait y régner, mais inévitablement attisée par la rougeur du feu. Derrière ses instruments, Masahashi dansait et ses couteaux tournoyaient entre ses doigts, entre deux coupes agiles de cet habile chef. Encore quelques instants et Eru aurait pu s'imaginer sa grosse Reine qui s'agitait devant les repas que les Cavaliers partageaient, autrefois ; un rêve éveillé rapidement dissipé par les aboiements de la petite bête naïve qui venait renifler sa jambe. La Cavalière ne broncha pas et se laissa agacer par l'insistance de la jeune femme. L'ignorance est la sagesse des fous, après tout.
Lorsqu'elle eut fini de vomir sa présentation, la chūnin bougea enfin. Elle roula des épaules, comme habituée à portée sa lourde armure qui lui nouait les muscles, et ses os craquèrent dans la rotation.
— Eru. Aburame. Eru. souffla-t-elle, comme pour tapoter la tête d'un chat, l'air de dire : « Ok. Maintenant va. » ; mais les chats ne comprennent jamais quand partir, avait remarqué la géante.
Secrètement, elle espérait que ce fameux Masa lui dépose à l'instant ses plats, pour qu'Eru puisse s'y cacher. Les genins entreprenants étaient ceux qui exaspéraient le plus la chūnin : tout dans le verbe et rien dans le bide. Le petit gros qu'elle avait balancé en pâture à l'ennemi et qui lui avait valu une rétrogradation, était de ceux-là. Les rāmens n'étaient pas prêts. La colosse emprunta ce geste animal d'abandon, celui où on soulevait les épaules et poussait un soupir. Eru ne fit que soulever les épaules et elles craquèrent à nouveau. Elle tiendrait une de ces conversations pénibles, comme le souhaitait l'ambiance du lieu.
— Je n'avais pas remarqué, commença la colosse en réponse aux premières remarques de la Miyamoto. Ce ne sont pas eux qui me suivent.
Elle avait beau porter le bandeau, Eru restait une arme bien surveillée par Konoha. Même dans son propre village, les ombres l'observaient aux détours des ruelles. Avec le temps, elle s'y était habituée.
— Je ne peux pas les semer, pensa à voix-haute l'Aburame. Vos poursuivants. Qui sont-ils, questionna-t-elle ensuite de son ton monocorde et insensible, toujours à fixer les flammes rouges devant.
Eru ne savait pas faire la conversation.
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| | Miyamoto AyaUzushio no Genin Messages : 209
Date d'inscription : 08/08/2020
Age : 23
Fiche du NinjaGrade & Rang: Genin d'Uzushio - Rang C Ryos: 230Expérience: (518/500) | La colossale kunoichi donna son nom qui hérissa instantanément les poils de la plus jeune : Une aburame. De sombres histoires circulaient sur ce clan dont on disait les shinobis n'être que des réceptacles vides emplis d'insectes, dont le cœur et l'énergie vitale n'existaient même pas. Et pourtant, Aya ne frémissait pas d'horreur mais d’excitation. Elle avait toujours voulu en rencontrer l'un de ces entomologistes invétérés, car elle entretenait une fascination pour la pluspart des insectes de ce bas monde.
Elle se souvient avoir passé des heures à crapahuter dans la forêt pour attraper des dizaines d'insectes différents aux couleurs chatoyantes, et même si elle avait grandi depuis elle ressentait encore cette même attirance pour eux. Alors un Aburame ne pouvait que la fasciner !
Cependant, elle semblait fort peu à l'aise avec la discussion. Peut-être que les gens n'osaient jamais lui parler, effrayés par son apparence fort peu avenante et sa réputation. La jeune femme trouvait cela un peu triste, ne comprenant que trop bien ce que l'exclusion d'une communauté parce que l'on ne rentre pas dans le moule peut provoquer.
Eh bien tant pis ! Elle lui parlerait, elle. C'est pas une colosse aux expressions machinales et à la réputation souffreteuse qui allait lui faire peur.
Elle raconta quelque chose de très curieux par rapport aux badauds qui la suivaient (une histoire de personnes qu'elle ne pouvaient semer) ce qui éveilla la curiosité de la Miyamoto. Parlait-elle littéralement ou non ? Ou peut-être voulait-elle dire par là qu'elle ne peut semer le regard des autres... Allez savoir.
Surprenamment, l'Aburame enchaina avec ce qui semblait être une question, ce qui réchauffa le cœur de la genin. La colossale Konohajin souhaitait visiblement poursuivre la conversation, ce qui prouvait donc que la Miyamoto ne l'ennuyait pas avec ses bavardages.
"Oh, vous êtes de Konoha donc ça va probablement rien vous dire, mais je dois souvent fausser compagnie à mes professeurs. Et du coup, quand je m'enfuis, ils me cherchent. D'ailleurs là..."
Aya marqua une pause, comptant avec ses doigts silencieusement avant de reprendre :
"Oui, bon, ils doivent déjà me chercher, ça fait deux heures que j'aurai du être à mon cours de philosophie. Mais avec toutes ces histoires d'examen ils sont occupés, donc je devrai être tranquille."
Elle ajouta alors :
"D'ailleurs, Eru-san, c'est pour l'examen que vous êtes ici, non ? Vous êtes sensei ?"
Sur ces entrefaites, les plats gargantuesques de la chuunin arrivèrent, portés à bout de bras par un Masa fier de lui. Il avait tout préparé en un temps record, et avait réussi l'exploit de respecter les demandes précises de la Kunoichi tout en y ajoutant sa touche personnelle, transformant une requête purement alimentaire en un petit chef d’œuvre gastronomique. Les odeurs faisaient presque saliver la genin, malgré son propre plat déjà fort gouleyant.
"Vous allez réussir à manger tout ça ? Vous êtes bien grande mais pas tant épaisse que ça..."
La Miyamoto était dubitative. Certes, c'était un colosse, mais quand même ! |
| | | Le regard chargé d'admiration subite à l'énonce de son nom lui sembla d'abord bizarre. Du coin de son oeil mort, la chūnin craignait ces sens focalisés sur son être, par instinct seulement, habituée à n'être qu'une ombre d'une Reine sans trône. Pourtant, la Cavalière reconnaissait cette étrange excitation, ce tressaillement qui lui réchauffait le visage lorsque son rire grotesque montait. Il arrivait parfois que dans des moments rares, la géante éprouve un lien puissant envers un interlocuteur quelconque. Cette rencontre était un de ces moments. Eru se retourna aussitôt d'un seul mouvement, ce qui fit craquer le bois de son siège. Soudainement, à son tour, elle concentra toute son attention vers la petite chose enthousiaste qui fanfaronnait à ses pieds, sans qu'une once de ce regard épouvanté qu'on lui portait toujours ne puisse être aperçu dans les yeux de l'adolescente. Les réactions chimiques qui animèrent alors ses neurones d'images et de sensations douces calmèrent l'alarme, celle d'avoir été repérée. Eru communiquait.
— Affirmatif. L'Examen est la raison de ma présence... Négatif. Je ne suis plus sensei...
Eru communiquait, mais elle communiquait avec l'ennemi. Sa vision du monde, composée d'ordres et de rigueur, ne pouvait considérer l'alliance de deux puissances ninja. L'Aburame était à son désavantage dans ces lieux inconnus et elle devait faire attention aux propos qu'elle tenait : le Nid ne peut être trahis. Le signal d'alarme revint et Eru se raidit à nouveau, abandonnant soudainement tout espoir de parvenir à comprendre la fillette qui la dérangeait dans son repas posé désormais devant elle. Mais la minuscule genin ne se laissa pas ainsi abandonner et passa un nouveau commentaire. L'alarme se tut. D'un long souffle qui fit virevolter les vapeurs de ses soupes, elle mit fin à son analyse et classa la Miyamoto : inoffensive. Ses muscles se débandèrent. D'un bras, elle repoussa un des grands bols vers sa nouvelle amie.
— Les plats d'un vrai chef ... Souff-souff ... sont faciles à manger, répliqua la colosse à un souvenir lointain ; elle avait reproduit avec Aya l'un des premiers moments importants au côté de Chō-sensei. Manges. Toi tu n'es pas très grande, ajouta Eru, sans que son faciès ne trahisse le désir de se moquer.
Sans plus, Eru entama les cérémonies d'usage à l'approche d'un bon repas et s'attela à la dégustation. Méthodiquement, elle goûta d'abord le bouillon, puis les accompagnements. Les pâtes vinrent ensuite, qu'elle enfournait de coups de baguettes puissants. Peu habituée à découvrir de nouvelles textures, le plat en soit était bon — selon des standards maintes et maintes fois éprouvés par les petits plaisirs gastronomiques de Shodaime — mais l'explosion de nouvelles saveurs portée par le bouillon riche de Masahashi, animait son appétit. Rapidement, la géante progressa vers le second bol. Ses lampées étaient bruyantes.
Slurp.
— Encore, prononça-t-elle en verdict une fois son bol reposé.
Le chef fut enflammé par ce commentaire et il rétama un sifflement dans son gigotement vers ses cuisines. La Cavalière recentra son énergie sur la genin.
— Les muscles, spécifia d'abord Eru, oubliant que les animaux ne pouvaient pas la comprendre lorsqu'elle utilisait le langage du silence ; Les muscles demandent de l'énergie. Je suis très forte. Alors je mange beaucoup. Peut-être que si tu mangeais plus, tes professeurs te chercheraient moins, ajouta la chūnin, alors que son grand corps se penchait vers l'avant pour fouiller sous le comptoir ; L'alcool aide à digérer. Buvons maintenant. Avant que la seconde entrée n'arrive. |
| | Miyamoto AyaUzushio no Genin Messages : 209
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Fiche du NinjaGrade & Rang: Genin d'Uzushio - Rang C Ryos: 230Expérience: (518/500) | Dégustant son propre plat, Aya observait sa formidable nouvelle amie engloutir les plats de ramen avec une redoutable efficacité. Peut être devant son regard incrédule, la chuunin tendit un bol vers la Miyamoto, l'invitant à en manger une partie. Elle accepta poliment pour ne pas la contrarier, bien que remettant en doute l'affirmation de l'aînée.
"Mh, enfin je suis quand même relativement grande... Pas autant que vous, mais je dépasse presque Sanada."
Elle marqua une petite pause, avant d'ajouter pour elle-même :
"Puis être trop grand c'est pas pratique pour se battre. Trop grande cible."
Elle leva alors de nouveau les yeux vers l’immense chuunin, incarnation vivante de l'exception faite à sa phrase. De toute évidence, être un grand Aburame n'était pas un handicap.
Sur ces entrefaites, une pause se fit dans les conversations alors que les deux kunoichis faisaient honneur à leurs plats. Aya finit tout d'abord son premier ramen aux épices palpitantes, soupçonnant la présence d'un aliment fort peu recommandable dans celui-ci. L'estomac déjà bien rempli, elle se fit légèrement violence pour attaquer le deuxième ramen, dont la puissance et richesse la surprit très vite. Il faut dire que, pour respecter la colossale Konohajin, Masa avait chargé ses plats afin de la combler.
Sauf qu'Aya n'était pas une géante de 3 mètres.
Cependant, et malgré l'épreuve que cela représentait, Aya termina son plat. Hors de question de froisser sa nouvelle amie ! Et puis, elle perdrait bien vite les kilos qu'elle venait de prendre afin de garder un bon contrôle de son corps. Un petit excès de temps en temps, ce n'était pas si grave. Si ?
En posant son second bol, Aya nota que l'Aburame avait elle aussi fini avec soulagement. Elle n'en avait pas laissé ! Son estomac était formidable !
Encore.
Le regard de la genin devint sidéré lorsque son aînée en redemanda. La titanesque Konohajin n'allait pas se stopper, transcendant par ce simple mot les limites humaines. Pour la Miyamoto, c'était comme voir un maître sabreur s'entrainer, ou un athlète de haut niveau en action... Une force de la nature, une anomalie ? Une rencontre unique en tout cas.
Elle décida alors d'arrêter de s'en étonner. Elle était gigantesque, elle était un puits sans fond de nourriture, elle avait plein d'insectes. C'était cool.
L'Aburame expliqua son formidable régime par ses muscles, ce qui fit sens. Après tout, pour porter un corps comme le sien, elle devait avoir une musculature de compétition ! La genin hocha donc légèrement la tête à cette explication.
"Je ne sais pas... Je suis déjà forte mais ils me cherchent quand même tout le temps. Ils sont persuadés que leur éducation est essentielle pour survivre. Mais je survis très bien sans elle, non ?"
"Les traditions sont faites pour être bousculées, ils vivent encore dans le siècle précédent."
"Moui, sans doute..."
La genin se reconcentra sur la Konohajin après avoir machinalement répondu à la voix dans sa tête, remarquant qu'elle avait sorti plusieurs bouteilles de Sake. Un petit sourire se dessina sur les lèvres de la Miyamoto.
"Ah, si vous saviez ce que penseraient mes claniques si ils savaient ! Je pense qu'ils doivent avoir banni l'alcool, surtout les p'tits vieux. Pourtant je trouve ça agréable, et je le tiens plutôt bien..."
Aya avait fait l'expérience du Sake très tôt, Masahashi en imposant parfois avec certains plats pour en rehausser la saveur, peu importe l'âge du client. La genin, alors très innocente, avait accepté et expérimenté sa première gueule de bois. Depuis, elle avait appris à apprécier le liquide dangereux, et à mieux le supporter. Elle avait même remporté un obscur concours de beuverie contre un Uzumaki un peu vantard, ce qui lu avait valu une formidable victoire personnelle et un châtiment tout aussi formidable.
Elle porta un petit verre de Sake à ses lèvres, qu'elle laissa doucement glisser le long de sa gorge avant de le reposer. Elle demanda alors à la chuunin :
"Dites, Eru-san, vous pensez quoi d'Uzushio ?"
Elle ajouta alors, révélant sa véritable pensée :
"Et Konoha, c'est beau ? Il y a la mer aussi ?"
La genin n'avait jamais voyagé, confinée comme elle était dans le village caché. Ainsi, elle avait été bercée d'histoires sur Konoha, le décrivant parfois comme un village où toutes les maisons sont dans des arbres, où les statues sont faites d'or et d'émeraudes et où un titanesque jutsu empêche tout intrus d'y entrer avec de mauvaises impression. Alors, elle ne pouvait laisser passer l'occasion de pouvoir en rêver un peu plus ! |
| | | La petite jouait le jeu et ils trinquèrent. De son gros pouce, Eru fit sauter les goulots, avant d'agripper entre son majeur et son index une bouteille qui parut subitement moins grande. La géante la porta à sa bouche et la boisson coula sans interruption. Une fois de plus, Eru émit ses commentaires personnels dans le silence ; ce saké n'équivalait pas l'arôme d'un produit de la Vallée d'Enokizu (principal importateur de riz à Konoha), mais il avait l'avantage de chasser l'amertume de fin de soupe. En soit, elle se rinçait le gosier et se préparait à accueillir de nouvelles saveurs. Ce repas était appréciable. Les kunoichis papotaient et Eru passa à la seconde bouteille, respectant un ratio alcool/nourriture précis que son maître en la matière lui avait enseigné.
— Tu ne peux pas survivre sans règles.
Eru désapprouvait toute forme de désobéissance. Dans son monde du Nid omniscient, la géante portait toujours à terme les ordres qu'on lui adressait. Les règles étaient des ordres commandés par les Anciens, tout simplement. Les animaux croyaient parfois, dans la naïveté de leur espèce, que leurs instincts pouvaient être plus puissants que les lois, ou que les règles étaient conçues pour être brisées. Devant ces inepties, la colosse les brisait, eux. Prise dans ses pensées sur la loyauté et l'honneur, l'Aburame observait d'un oeil terne la petite chose tremper ses lèvres et pensa aux bêtes plus expressives qu'elle avait rencontrées. Si tu brises les règles, fais-le avec panache, aurait été le phrase parfaite pour illustrer sa pensée, si seulement la Cavalière accordait de l'importance à l'excès. Miyamoto Aya sautait d'un sujet à l'autre, sans que cela ne semble importuner son interlocutrice. Après tout, la colosse de Konoha étalait ses faits mais ne possédait pas les qualités nécessaires pour les défendre. Son argumentaire tournait bien souvent en rond, incomprise dans sa pensée et son ressentiment profond.
— Konoha est Konoha. On a une mer verdoyante... Eru ne fait pas confiance à la mer marine, répondit-elle aux questions du second sujet.
Dissociation dans la dernière phrase, Eru vivait ce sentiment puissant qu'elle ne pouvait expliquer, à l'évocation de l'environnement marin. Une peur instinctive, que les règles du Nid ne pouvaient rassurer. Elle ne comprenait pas la mer, ce lieu sans fond et instable, où elle coulait comme une pierre, sans savoir où sa chute sans sensation pourrait bien la mener. D'ailleurs, du temps où Konoha n'était encore qu'une idée saugrenue, les nourrices du clan Aburame redoutaient toujours le moment où il était temps de donner le bain à la petite géante, qui se débattait contre quiconque qui tentait de lui mouiller les orteils. Seule sa mère alors parvenait à la laver, mais Jeune Eru tremblait durant tout le soin. L'eau est étrange, voilà ce qui résumait sa pensée sur le sujet. Autant dire qu'elle n'appréciait pas Uzushio pour sa simple position géographique.
— Konoha est un arbre qui pousse, continuait la géante en citant vaguement les propos d'un autre ; elle ne pouvait appliquer un critère aussi subjectif que celui de la beauté ; « Son positionnement est idéal. »
Construit au pied d'une falaise abrupte et ses contours tracés d'une épaisse muraille, Konoha était un bastion facilement défendable. Les couleurs et ses agencements, l'architecture, tous ces concepts qui apaisaient le coeur devant une présentation harmonieuse... devenaient inutiles si le lieu était capturé.
— Uzushio a un port. Les ports permettent trop de trafic. C'est dangereux. Survivre dans ce village est impossible. Petite, viens à Konoha. Je vais t'apprendre à survivre moi.
Comme l'alcool ne parvenait jamais à colorer ses traits cadavériques, il serait bien difficile pour Aya de déterminer d'où venait réellement cette idée saugrenue. Masahashi arriva à la fin de la proposition et le deuxième service leur fut présenté, plus innovant que ne l'avait été le premier. Une fois de plus, Eru repoussa l'un des bols vers son amie.
— Mangeons. Itadakimasu. |
| | Miyamoto AyaUzushio no Genin Messages : 209
Date d'inscription : 08/08/2020
Age : 23
Fiche du NinjaGrade & Rang: Genin d'Uzushio - Rang C Ryos: 230Expérience: (518/500) | Peut-on survivre sans règles ? Probablement pas. Aya reconnaissait volontiers que certaines règles étaient nécessaires pour la vie en société, sinon le monde devenait un endroit sans foi ni loi, où seule la loi du plus fort règnerait. Cependant, toutes étaient elles pertinentes ?
"Celles du clan certainement pas."
"Certainement pas..." souffla-t'elle en réponse entre ces dents.
Elle avait toujours trouvé toutes les restrictions et attentes Miyamoto stupides et insipides. Elles étaient censées encenser les capacités d'un shinobi pour lui donner la formation la plus complète, mais Aya avait juste l'impression qu'on la prenait pour bien plus stupide qu'elle ne l'était, n'ayant pas besoin de toutes ses "aides" pour s'en tirer très bien.
Elle finit doucement son verre en écoutant attentivement les explications de l'Aburame. Une mer verte ? C'était presque inimaginable pour la genin, habituée aux arbres marins solitaires et aux forêts clairsemées. Un arbre qui pousse... Aya visita en esprit ce lieu enchanteur, construit au sein d'un arbre millénaire, emplis de konohajins élancés vivant en harmonie avec leur hôte. Des maisons seraient taillées dans l'arbre, et le village serait fait tout en verticalité, avec en son sommet le bureau sylvestre de la dame Hokage.
Elle irait, un jour.
Elle manqua de s'étouffer en entendant la proposition saugrenue de l'Aburame, toussant quelques fois avant de lui répondre une fois calmée.
"Eru-san, je vous aurait suivie avec plaisir mais je sais que les Miyamoto et Uzushio ne me laisseront pas partir comme ça... Si ils envoient pas des gens pour me tuer quand ils sauront que je suis allée chez... l'ennemi ?"
L'ennemi. C'est vrai que la chuunin était techniquement son ennemie. Mais bon, ils étaient en paix pour le moment et prévoyaient de le rester, non ? Devançant une potentielle réponse d'Eru dont elle commençait à comprendre le raisonnement, elle ajouta.
"Et, de toute façon, j'aime bien les ports moi. Même si ils peuvent être dangereux, ils permettent d'apporter plein de marchandises des quatres coins du monde." Elle ajouta, après un instant de réflexion. "Et puis j'ai le vertige, je serai pas à l'aise dans l'arbre."
Elle n'avait pas le vertige, mais elle voulait surtout éviter que Eru propose de tuer tous les Uzujins pour qu'ils ne puissent pas la poursuivre. Ça serait pourtant idéal, aller vivre une vie tranquille loin du clan... Mais les devoirs de son sang son comme marqués au fer rouge sur sa peau, et elle savait qu'elle n'aura pas le droit de vivre si elle ne les respectait pas, peu importe ce que ça lui coutait.
Elle fut tirée de sa rêverie par Eru qui lui tendait un nouveau plat, alors que son second banquet venait d'arriver. Déjà bien remplie, elle fut fort tentée de refuser, mais finalement l'odeur doucement astringente du bol la fit céder. Elle grignota plus qu'elle manga cependant, car c'était sa gourmandise qui parlait.
"Merci..."
Elle rêvassa un moment, plongée dans ses pensées que la perspective d'une autre vie lui avait apportée, et finalement reporta son attention vers la jeune femme, changeant de sujet comme une sauterelle saute de pousse en pousse.
"Dites, Eru-san, vous devez avoir beaucoup d'insectes non ? Votre préféré, c'est lequel ?"
Elle ajouta, enthousiasmée :
"Quand j'étais plus jeune j'avais toute une colonie de scarabées verts et oranges, mais j'ai du les relâcher quand on m'a prise avec. Vous devez en avoir des jolis, vous, non ?"
Et puis, elle se demandait si les insectes étaient bien en elle, comme le disaient les légendes. Ça devait faire sacrément mal d'avoir plein de petites bestioles dans son corps, non ? A moins que ça chatouille... |
| | | Sur la discussion du voyage vers Konoha, l'argument final de l'adolescente Miyamoto fit sourire Eru. Enfin, d'un faible tressaillement de la commissure droite seulement, pour celle qui était prisonnière de ces traits amorphes. La petite disait bien des bêtises. Konoha n'était pas dans un arbre.
— Les marchandises sont inutiles aux morts.
Provocation crue. Comme cette tranche de poisson qu'elle aspira dans un bruit de succion visqueuse. La contoction du chef était devenue surprenante, sans doute souhaitait-il apaiser cet appétit monstrueux. Eru gagnerait, toutefois. Pourtant, Aya exprimait des idées qui semblaient hostiles par leur nouveauté. Il y avait longtemps que la colosse n'avait pas voyagé et bien que cette délégation lui avait aux abords miné le moral, elle apercevait désormais des avantages. Un sentiment qui fut renforcé lorsque la chose s'enthousiasma sur la spécialité de son clan. Un terrain dangereux, vers lequel se dirigeait désormais ce duo improbable. Les hiddens étaient choses trop secrètes pour être ainsi discutés sur le coin d'un bar. Mais l'innocente curiosité dont resplendissait cette genin inoffensive calmait les sens de la géante.
— Je ne connais pas de préférences. Les animaux aiment toujours qualifier leurs possessions affectives. Selon la situation, ces possessions peuvent les faire tomber ou les sauver. Mes insectes me sont utiles dans toutes les situations qui se présentent à moi. Et je suis utile à Konoha.
La petite mangeait moins. Ce n'était pas bon. Eru s'empressa de finir son bol pour pouvoir se retourner ensuite vers Aya. Sans demander, elle plongea ses baguettes dans son bol et souleva une bonne porte de pâtes. L'oeil sombre et plongeant brillait d'une étrange énergie. La Miyamoto était sans doute la seule créature nouvellement découverte à être parvenue à partager sur le seul sujet qui passionnait réellement l'Aburame : l'incroyable biodiversité du monde des minuscules et les facettes incroyable de son utilisation...
— Petite, manges maintenant. Après tu me montreras où tu chassais ces scarabées...
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