L'ère du renouveau - ft. TADAKE Yurikô

Jettant un dernier coup d'œil dans le reflet de son miroir, Fushimi fût ébloui par une lueur scintillante. Le symbole du village caché de la feuille gravé sur la pièce en metal qui composait son bandeau ressortait parfaitement avec sa tunique de ninja confirmé. Il avait ressorti cette vieille tenue qu'on lui avait confié, accompagné d'un certificat, lorsqu'il devint chuunin. Sa nomination en tant que conseiller succéda peu de temps après son nouveau grade. Aujourd'hui, les années avaient bel et bien passées, le shinobi avait presque atteint la trentaine et était toujours au même niveau. S'il avait passé le plus clair de son temps au service de l'Hokage Premier du nom, il ne s'était absolument pas consacré à son évolution et possédait le même grade que certains adolescents du village. Certains confrères portaient un jugement accusateur sur le Senju, lui associant une malsaine complaisance dans sa stagnation. Pourtant, Fushimi se moquait de ce qu'on pouvait dire de lui, personne ne connaissait ses véritables intentions et ses motivations. Peu importe le rang qu'on lui attribuait, il savait où était sa place et quel était son rôle. Il s'élèverait en même temps que le village, telle était sa vision.

Arborant la tenue des ninjas de Konoha, Fushimi pris la route en direction du centre ville. Autrefois hautement populaire, Fushimi avait perdu en notoriété au fil des années. Toutefois, il n'hésitait pas à répondre aux salutations des habitants qui le reconnaissaient. Commerçants, collègues, aspirants de l'académie, quelques uns se rappelaient de ce qu'il avait accompli lorsqu'il servait le patriarche Akimichi. Les autres, il ne leur en voulait pas, qui pourrait leur en vouloir, il avait failli à ses obligations à une ou deux reprises. En progressant dans les halles marchandes, Fushimi commençait à percevoir des bouts de la célèbre Tour de l'Hokage, un bâtiment qu'il avait souvent côtoyé et dont il connaissait pas mal de recoins. Il devinait sa forme cachée par les appartements les mieux situés. Quelques années auparavant, il logeait dans l'un d'entre eux aux frais du village, son rôle impliquant l'omniprésence. Revenir au sein du clan, se raccrocher aux racines qui dépassaient du sol faisait du bien, renouer le lien torturé qu'il entretenait avec son clan lui avait permis de prendre un peu de hauteur et de distance. Maintenant qu'il revoyait ces appartements de l'extérieur, il ne les enviait pas, préférant le confort et l'animation du la Maison du Clan. Aujourd'hui, il reprenait un chemin qu'il avait effectué des milliers de fois, sans se presser. Toujours légèrement en avance, on ne reprochait jamais au shinobi sa ponctualité et son respect des horaires, probablement l'un des héritages de son éducation militaire. Il contemplait les visages des enfants qui courraient à travers les rues animées, insouciants et enjoués. C'était une chance inavouée et inexplicable pour eux de ne pas avoir connu les affres de la guerre. Cette chance, ils la comprendraient et l'accepteraient lorsqu'ils seraient adultes, tout comme lui.

Au pied de l'édifice des dirigeants, l'ancien conseiller, qui avait ses mains sur ses hanches, releva la tête pour en mesurer sa hauteur. Le soleil frappant ne lui permis pas de connaître la réponse à ses interrogations, le Senju se contenta alors de pénétrer dans l'enceinte et d'emprunter les longues marches vers le sommet. Il traversa de longs couloirs, gravit de nouveaux escaliers, arpenta de nouveaux couloirs, connaissant le trajet sur le bout des doigts. Reproduisant la manipulation jusqu'à s'arrêter devant une porte qui, d'apparence, était semblable aux autres, avec pour seule particularité un écriteau "Hokage" qui révélait le contenu de la pièce. Toquant machinalement à trois reprises, il attendit qu'on lui donne le signal pour tourner la poignée et se révéler aux spectateurs présents dans la salle. En son sein, il distingua tout de suite les deux ninjas en fonction portant les tenues singulières de la nouvelle unité d'élite du village, l'ANBU. La formation de cette entité était sujet à débat dans le coeur du chuunin, voyant l'avantage militaire qu'elle présentait, mais également les dérives qu'elle permettait. Pourtant, il avait un profond respect pour ses membres, ces personnages particuliers aux compétences surprenantes. S'avançant au milieu de la pièce, se tenant à bonne distance des gardes et de la femme qui se trouvait face à lui, il s'inclina.

"Maître Hokage, merci de me recevoir aujourd'hui". La femme qui se trouvait face à lui et qu'il venait de remercier possédait une longue chevelure corbeau lui tombant sur son front, des pommettes saillantes et des traits si fins qu'il donnait à son visage une rare légèreté. Sans le moindre doute, elle avait toutes les caractéristiques d'une jeune femme ravissante, le genre de femme qui séduirait n'importe quel homme si elle le voulait. Plongeant son regard dans ses yeux de biche, Fushimi devina le caractère impérial et la détermination de la femme qui avait réussi à asseoir sa volonté sur cette chaise. Elle était vraisemblablement plus jeune que lui, mais forçait un respect que peu d'élus pouvaient revendiquer. "C'est un honneur de rencontrer officiellement la Hokage Deuxième du nom". L'aura qui se dégageait de son interlocutrice était palpable, pourtant, Fushimi n'était pas impressionné, il était admiratif et l'expression sur son visage trahissait de la fierté de voir une femme aussi jeune avoir accédé à la fonction la plus prestigieuse du village. "Maintenant que je vous vois ainsi, je comprends les mots de mon maître, l'Hokage Premier du nom". C'était vrai, Chô avait été un maître d'exception, aussi bien lors des entrainements martiaux que dans les enseignements de la vie. C'était donc ça, laisser la place à la jeunesse verdoyante de Konoha.