Trust of the People [Tadake Yuriko & Kamiko Raion]

Le Chûnin avait été un exemple de décorum et de discipline lors du rège du Shodaime Hokage. Fier d’un respect éduqué et d’une étiquette au sens le plus Uchiha du terme. Il ne revenait après tout pas à un subalterne de s’ingérer dans les politiques du Clan ou du Village. Malgré ses nombreuses idées ayant portées fruit, il était donc souvent resté en retrait pour laisser les hautes instances prendre les décisions nécessaires. Il avait même par le passé hésité à partager ses projets, sous peur d’être vu comme un hérétique de la politique shinobi.

Pourtant, il semblait oublier toute forme de décorum lorsque la Nidaime était concernée. Ancien élève de cette derière, Nikkou n’avait eu aucun scrupule à bondir au plein milieu de la journée sur les toits environnants pour atteindre la fenêtre de son bureau de la tour cylindrique. Il l’avait déjà sollicité à des heures bien moins convenables pour des affaires plus délicates, disons-le ainsi. D’un rapide coup sur la vitre, le Chûnin attira l’attention de la Hokage déjà en rencontre et d’un grand sourire s’invita en ouvrant la fenêtre en grand.

“Bonjour Yuriko-san. Je ne dérange pas, j’imagine ?”

La question n’était que pure rhétorique. Aucune réponse n’était nécessaire comme pouvait le montrer l’entrée du Shinobi par le cadre de fenêtre, enjambant d’une agilité aérienne les piles de papiers qui étaient désormais le lot de son ancienne Senseï.

“Je reviens de missions et quelque chose d’étrange s’est produit. Rien qui n’a rapport avec la mission. Plutôt une impression générale quant à l’opinion des villageois du Hi no Kuni sur ma présence.”

Sans attendre d’invitation formelle, le Shinobi s’était installé dans un fauteuil avoisinant, l’air penseur alors que ses doigts flirtaient sans mégarde avec le bout de métal accroché à son bicep. Lors de ses dernières expéditions, il avait pu remarquer quelques regards intrigués à la vue de cette pièce métallique où l’insigne désormais bien connue de Konoha y brillait avec une fierté assumée. La feuille représentant le symbole de l’unité des clans Ninja du Hi no Kuni et le changement d’un paradigme accueilli avec enthousiasme pour les Shinobi qui avaient connu une époque plus sanglante, marquée par une guerre multilatérale entre les Clans.

“C’est la première fois que je sens que les les civils voient une plus grande utilité à la présence de Konoha à proximité de leurs demeures qu’un réel danger.”

Le ton de l’invité surprise s’était enhardi, motivé par une perception peut-être maigre, mais porteuse d’un espoir qu’il avait cru envolé depuis bien longtemps. Même lors des événements, il était lui-même demeuré incrédule. Le Chûnin avait tout d’abord ignoré les quelques sourires adressés à sa personne lors de ses voyages. Il ne pouvait imaginer que les civils puissent l’accueillir avec une telle bienveillance. Les Ninja avaient toujours été une source de crainte et d’animosité. Hommes de l’ombre sollicités pour leur maîtrise des arts de l’assassinat et de la guerre, il n’était après tout jamais de bon augure d’en voir un passer par ses terres.

Nombreux étaient les villageois du Hi no Kuni qui racontaient encore les horreurs des guerres claniques. Il était après tout difficile d’oublier les forêts entières commandées par les Senju brûlées par leurs rivaux Uchiha. On se souvenait aussi de récoltes ravagées par les hordes d’insectes des rusés Aburame lorsqu’ils avaient eu vent qu’un village supportait le Clan Hyûga. Sans oublier les plus voraces d’entre tous. Les Akimichi. On racontait qu’ils avaient déjà laissé mourir de faim des villages entiers pour s’assurer d’avoir suffisamment de ravitaillement en cas d’attaque.

Et pourtant, certains villageois n’avaient pas eu peur de saluer en grand l’arrivée du Ninja porteur du symbole de l’éventail. Au contraire, on avait même insisté pour lui parler un instant ou l’accueillir dans leur demeure pour la nuit. Une première pour ce dernier. Interpellé par ce comportement, Nikkou avait posé quelques questions pour tenter de déceler la raison d’un tel changement de comportement (et s’assurer qu’il n’était pas victime d’un piège visant à le mettre en confiance). Et en bon Shinobi, il se devait d’en faire rapport à la Hokage. La tête versée par l'arrière, questionnant ses souvenirs pour s'assurer qu'il ne déformaient pas de ses désirs la réalité, il poursuivit donc d'un ton à l'assurance assumée.

“On s’entend ces individus demeurent rares, mais ils existent tout de même. J’en ai questionné quelques-uns pour connaître la raison de ce changement d’attitude. Et plusieurs m’ont rapporté que s’ils avaient rencontré peu de shinobi de Konoha, ils étaient aux faits de nos exploits et étaient reconnaissants de leurs impacts sur leur communauté.”

On lui avait alors remémoré certains hauts faits du village avec une ferveur à laquelle il ne s’attendait pas de la part de civils. Le Siège de Baransu avait été nommé à plusieurs reprises par exemple. De nombreux villageois qui avaient vu leurs terres menacées par l’arrivée des armées de Tetsu avaient été heureux de l’opposition shinobi dans cette affaire. On l’avait aussi référé à quelques missions de protection où l’intervention de Konoha avait permis aux marchands des environs de mener leurs expéditions à bon port. Bien sûr, la majorité de la population restait dubitative quant au bien qu’apportait les Shinobi au Sekai. De prime abord, les hauts faits dont il était question concernaient d’avantage les Ninja. Sans eux, ces dangers n’existeraient tout simplement pas. Deuxièmement, ils demeuraient des mercenaires qui ne répondaient qu’à l’appel du plus offrant. Prêts à trahir leur mécène pour quelques ryos de plus si nécessaire.

Malgré cela, Nikkou ne pouvait ignorer l’opportunité ainsi offerte à Konoha. Après tout, l’Alliance du Feu dont il avait été l’instigateur avait su profiter à la prospérité économique du Village Caché. Et qui plus est, le Chûnin ne pouvait taire la petite voix dans sa tête lui rappelant son moi passé. L’enfant plein d’espoir clâmant haut et fort que la voie shinobi pouvait pendre une tournure plus salutaire. Peut-être était-ce enfin le temps pour les Ninjas de Konoha de s’affranchir du masque de leur terrible destinée au profit de meilleures opportunités. Et Nikkou n'avait pas de gêne à faire part d’une telle idée, aussi révolutionnaire soit-elle, à celle qui lui avait épargné les souffrances d’une vie trop Uchihesque.

“Il doit y avoir possibilité de capitaliser sur cette situation. Le support des civils ne pourra qu'être bénéfique à notre réputation...et nos affaires.”

Un vent de changement semblait souffler sur l’entièreté Sekai alors que les Villages Ninja entamaient une nouvelle phase de leur histoire. Les dernières figures de proue de l’ancienne ère prenaient leur retraite et cédaient leur place à une nouvelle génération qui n’avait pas connue les plus terribles heures de la guerre shinobi. Peut-être étaient-ils temps de prendre en main ces changements.

Une journée presque ordinaire dans la nouvelle vie de Nidaime de Yuriko, presque parce qu'un étrange oiseau vint frapper à sa vitre sous la silhouette de son cher ancien élève Uchiha Nikkou. Ce fut alors un large sourire qu'elle l'accueillit, ouvrant la fenêtre par laquelle il sauta félinement avant de prendre ses aises sur un siège près de son bureau. Les petites pupilles noires perdues dans l'obsidienne de son regard ne quittèrent pas son camarade avant de reprendre sa propre place. Elle n'ouvrit cependant pas la bouche car elle savait que ce dernier ne venait jamais sans avoir quelque chose à dire, faire savoir ou bien demandé. N'importe qui aurait pu trouver le comportement de ce dernier désinvolte à l'égard de celle qui dirigeait présentement le village, mais aucun signe d'offense ne se lisait sur son visage. Il n'y avait aucun irrespect de la part du shinobi et Yuriko n'était de ses femmes qui se laissaient porter par la folie des grandeurs au point d'oublier ses propres valeurs au prétexte qu'elles avaient gagné en niveau social. La kunoichi avait toujours été une travailleuse, elle le demeurait toujours.

" L'opinion des villageois dis-tu? "

Voilà que son ami l'intriguait. Elle pencha nonchalamment la tête sur le côté avant d'avoir une esquisse qui s'étira lorsqu'il expliqua ce qu'il ressentait. De son point de vue, cela paraissait une fort bonne nouvelle mais cela pouvait être à double tranchant. Pas seulement pour eux, mais aussi pour la population. Laissant ainsi Nikkou lui expliquer l'idée qui lui était venu au fur et à mesure de ses interrogations, une nouvelle protagoniste s'invita dans la conversation. A vrai dire, la Nidaime n'était pas étonnée de sa présence, elle l'attendait un peu mais... pour une toute autre histoire.

La jeune Kamiko savait parfaitement manier ses mots. Son clan était d'aussi redoutables shinobis que commerçants, il ne fallait pas s'attendre à moins de verve de sa part. Pendant une bonne partie de son monologue, la kunoichi pleine d'assurance expliqua sans demander son reste sa vision du monde et des choses, sans tourner autour du pot, sans atteindre la permission de parler. Elle finit toutefois par sortir de son retrait jusqu'à les rejoindre autour du bureau de la Nidaime à qui elle avait, d'un geste, demandé la permission de finir ce qu'elle avait à dire sans interruption. C'était à croire que Yuriko n'était plus maîtresse de son propre bureau. Cependant, elle resta particulièrement attentive.

" Et bien, nous ne pourrons pas dire que nous manquons de shinobis impliqués. "

Un sourire apparut sur le visage de la Nidaime qui finit par s'enfoncer un peu plus confortablement au fond de son siège. C'était à son tour de parler.

" Il m'est agréable d'attendre ton rapport, Nikkou-san, et je vois que votre esprit commerçant a déjà réfléchi au possibilité de nourrir cette confiance accordée par le peuple, Raion-san. Mais vous semblez oublier deux choses : la paix n'est pas un rêve candide auquel je me suis attachée sans y croire et je ne courre pas après la gloire. N'oublions pas ce que nous sommes : des shinobis. Nous commettons des exactions pour offrir le premier et nous attirer une trop grande gloire pourrait faire échouer cette dernière. "

La jeune femme conserva son sourire alors que son regard passait de l'un à l'autre.

" Il nous faut trouver le parfait équilibre entre le deux. Aussi schizophrénique que cela puisse paraître, si le peuple nous accorde une trop grande confiance, il finirait par se montrer moins vigilant et à trop compter sur notre intervention. Ils se mettront plus aisément en danger et le moindre manquement nous serait reproché. Bien évidemment, avoir un minimum de considération du peuple ne pourrait nous être bénéfique, notamment si nous avons besoin de soutiens ou d'informations. De plus, vous oubliez un tout petit détail. Nous demeurons sous les ordres de Tokugawa Shigeshige, le daimyo de notre pays. Si nous gagnons une trop grande popularité à son détriment, il pourrait se retourner contre nous. Il y a des orgueils qu'il est préférable à ne pas froisser. "

Un léger petit rire s'échappa entre les lèvres étirées de la Nidaime qui s'accouda à son siège, lumineuse et chaleureuse.

" En tout cas, je vous remercie Raion-san pour l'estime que vous m'accordez, et sachez que j'en ai autant pour vous. Vous avez parfaitement raison lorsque vous faites remarquer que nous devions entretenir une bonne image sur la durée et je pense qu'aucun d'entre nous remettrait en cause notre désir de paix pour tous. "

Yuriko finit par se redresser et s'accouda sur son bureau, portant son visage sur ses deux mains entrelacées.

" Nous allons devoir jouer de harangue et de pédagogie. Il serait bon de rappeler le rôle qui est le nôtre, que nous ne sommes pas de vils mercenaires et que nous agissons à l'unisson avec le daimyo. Rappelons que nous sommes un bras armé dévoué à la protection de la paix et de l'égalité des chances pour chacun de vivre une vie sereine. "

Sur ces paroles, la jeune femme prit une petite moue qui laissait à penser qu'elle réfléchissait.

" Bien évidemment, une telle campagne réclamera un certain nombre de bras pour être efficace, mais si nous pouvons compter sur le réseau du clan Kamiko pour faciliter le dialogue, je pense que nous pourrons intervenir plus promptement. Il faudrait avant tout rôder un message clair et compréhensible afin de toucher toutes les castes sociales. Mais je suis certaine que je pourrais compter sur vous deux? Nikkou avec sa connaissance du terrain et ses derniers rapports; Raion-san avec sa connaissance commerciale et ses relations. Une collaboration commune entre vous deux pourrait nous permettre d'obtenir des atouts supplémentaires pour le Village. Qu'en pensez-vous? "

Yuriko les observa tous les deux avec un immense sourire. Elle était en train de leur accorder sa confiance sur un sujet qui en réclamait beaucoup. Elle comptait sur les atouts de chacun pour offrir quelque chose de plus grand.

Le regard interrogateur du Chûnin se tourna en direction de la nouvelle venue, légèrement étonné de voir quelqu’un (d’autre) s’imposer ainsi dans l’officine de la Hokage. Ancien disciple de cette dernière, il se permettait bien ce genre d’attitude, mais en bon Uchiha il était faussement offensé d’un tel manque de décorum. Ou du moins aurait-ce été sa première réaction si l’habile Kamiko n’avait pas fait preuve d’un discours aussi sensé.

Les yeux d’amande du shinobi se firent plus intéressés et plus amusés alors qu’ils suivaient la progression de la Chuunin dans le bureau. Véritable maître de son art, la femme d’affaires analysait d’un esprit vif la situation et les opportunités qui se présentaient. Et ce, tant pour le village que pour son clan.

“La fameuse Kamiko Raion, je présume. J’ai entendu parlé de vous. Je ne suis jamais sûr si vous êtes plus redoutable shinobi ou femme d’affaires. À première vue, je dirais les deux. ” complimenta le shinobi alors qu’elle s’asseyait à son tour, avec autant d’aise que le Uchiha, dans le bureau de la Hokage.

Les considérations de l’ange gardienne de Konoha étaient justes. Peut-être plus ancré dans la réalité shinobi que les idées et opinions lancées par ses deux collaborateurs du jour. La voie shinobi n’était après tout pas synonyme de popularité. Et si la paix était un but visé par les hautes instances du village, il demeurait que la guerre était une activité lucrative pour le village. Après tout, leurs principales activités consistaient à œuvrer dans les ombres pour éliminer des concurrents politiques, des maîtresses un peu trop bavarde ou des héritiers batards...rien qui n’attire la popularité ou qui

“Tu as évidemment raison Yuriko-san. Nous restons des shinobi et un juste équilibre doit être maintenu pour que nous puissions contiuer d’œuvrer dans les ombres.” laissa échapper le Uchiha d’un ton délétère en laissant sa tête tomber vers l’arrière pour fixer le plafond. Perdu dans ses pensées en réflexion aux commentaires des deux Kunoichi.

“Il nous faut le genre de réputation qui ne suscitera aucune acrimonie, mais également aucune admiration. Simplement habituer les civils à notre présence, pour assurer notre acceptation dans la masse. Cela devrait également ne pas trop attirer l’attention de note cher Daimyo.” déclara-t-il de manière plus affirmée afin de se rappeler les propensions justes que pouvaient prendre leur projet compte tenu de leurs fonctions.

Il demeurait un shinobi. Un assassin. Il devait éviter de l’oublier dans quelques rêves de son ancienne personnalité. Lorsqu’il désirait encore la vie calme et paisible d’un fermier du Hi no Kuni ou d’un danseur de rue libre de ses actions et parcourant le Sekai avec une troupe qu’il aurait appelé famille. Terrible romantique qu’il était à l’époque. On lui avait donner le pouvoir d’influer le destin. Il ne pouvait se laisser aller à des délires d’enfant.
 
“Il me fera plaisir de collaborer avec vous Raion-san.” répondit le Maître des Ours en se retournant en direction de la Kunoichi pour lui offrir un sourire complice qui éclairait le visage plus sobre qu’il affichait habituellement.

À croire que le Uchiha retrouvait un peu de l’étincelle de sa vie d’autrefois. Lorsqu’il entrevoyait une direction différente pour lui et ses frères d’arme. Avant qu’il ne laisse complètement aller aux préceptes martiales de la voie Shinobi des Uchiha.

“Les différents lieux que j’ai visités autour du village pour mener mon enquête pourront servir de premiers essais. Nous enverrons des équipes incluant des Genins, puisqu’ils sont souvent moins imposant et plus approchables pour la population. Ils seront également sous ordre strict de ne pas faire étalage de l’art Ninja pour ne pas susciter trop d’attention. Seulement une aide physique devrait suffire à apaiser certaines craintes et susciter l'intérêt des civils, sans nous compromettre. ” Le discours plus emporté du shinobi l’incita à se relever de sa position évachée, appuyant ses dires en se levant même du fauteuil au sein duquel il avait pris place.

“Il faudra cependant préparer le plan de communication. J’imagine que nous pourrons compter sur votre talent pour jouer des mots et de l’opinion de la masse Raion-san.” proposa-t-il d’un ton élogieux à la jolie jeune femme au kimono de qualité.

Le duo impromptu pourrait certainement arriver aux fins de leur Hokage en mettant en commun leurs talents respectifs.