Croquer le Kraken [Mission rang A - avec PNJ+Kudo Tsume]

Hajoon continuait à questionner leur captif en toute impunité. C'était l'avantage avec les prosélytes : ils aimaient discourir sur leurs dieux.
Le petit genin flatta les croyances du zélote du Dieu Poulpe, laissant sous-entendre que leur survie tenait du miracle.
Hajoon n'eut guère à attendre pour voir briller les yeux de leur prisonnier : poussée par les déclarations sibyllines de l'uzujin, nul doute qu'il se voyait déjà l’Élu de son Dieu...
"Oui... C'est sûrement vrai. Notre Dieu nous protège. Il punit les mécréants et attire leurs nefs dans Ses Tentacules, nourrissant notre Foyer des restes des vaincus... Mais sachant qu'il y avait à bord quelqu'un qui avait la foi et portant Son Sigle, il a rappelé Son Envoyé dans les tréfonds... Sans doute pour que je porte la Sainte Paroles !"

Il en bavait presque, roulant des yeux fous et affichant un sourire inquiétant. Il se voyait sans doute déjà rentrant sur son île, triomphant et accompagné de nouveaux convertis... Et de sacrifices. Voilà qui lui ouvrirait les portes des plus autres responsabilité dans le culte...
"Oui, le Kraken n'est que l'une de ses émanations. Le serviteur convoqué par le Père grâce aux Prières Anciennes pour broyer les impies et leurs vaisseaux qui sillonnent nos eaux sacrées et pillent la mer de ses trésors qui doivent nous revenir !" s'enflamma le cultiste avant d'hululer un chant étrange, discordant et désagréable.

"Mais ouiii... Vous avez été épargnée grâce à ma foi miséricordieuse pour que je vous montre le vrai chemin vers les Profondeurs ! Sentez-vous sa présence, Ô mon jeune ami ? Sentez-vous le Destin en marche ? Le retour de la Mère portant encore les chaînes de sa prison, maîtrisant la colère des cieux et dictant sa volonté à la lune et aux étoiles, avait été prophétisée ! Une fois le Père et la Mère réunis, il devient possible de parachever le réveil du Dieu. Et le monde sera engloutit !"
Le voilà qui repartait dans ses délires... Mais en bon shinobi, Hajoon compris combien il serait facile pour une kunoichi de berner la tribu de cultistes à l'aide d'un peu de genjutsu ou de ninjutsu, surtout si on connaissait un peu leur étrange religieux et si on en sacrifiait quelques un de manière divine.

Le genin profita de l'état extatique du zélote pour essayer d'en apprendre d'avantage, mais il devenait de plus en plus difficile de tirer quoique soit de cohérent de ses fantasmes théologique.
"Grâce aux Prières Anciennes héritées de notre Dieu et qu'il enseigne aux plus saints d'entre-nous, le Père contrôle les flots et convoque Ses Émissaires lors de fastueuses cérémonies. Sa lame infaillible vers le sang des impies dans la mer !" ricana le cultiste avec un sourire mauvais. "Libères-moi ! Je sens de la grandeur en toi... Tu dois savoir qui dans ce vaisseau serait digne de recevoir la bénédiction des profondeurs et qui en est... indigne. Avec mon aide, nous les purgerons de cette nef pour la ramener auprès des miens. Nous t'introniserons dans une cérémonie du sang et jetterons le cœur encore chaud et pulsant des infidèles dans les flots écumants ! Et je m’assiérais à la droite du Père."

Bon, voilà que son captif voulait qu'il le libère (et au passage, sans doute qu'il égorge une bonne partie de l'équipage).
D'un coté, cela permettrait aux uzujin d'avoir un guide local, mais ce cinglé allait sans nul doute exigeait qu'il sacrifie au moins quelques personnes, ne serait-ce que pour remercier son Dieu ou pour que les ninjas prouvent leur foi...
Bien évidemment, ça ne mettrait pas les marins survivants en joie (de plus l'équipage était déjà bien réduit), sans parler de l'autre équipe de shinobi, dont l'un d'eux avait presque fendu en deux l'émissaire d'un Dieu...
Il vaudrait peut-être mieux de laisser ce psychopathe attaché à fond de cale, voire même de s'en débarrasser avant qu'il trouve une oreille encore plus complaisante... En plus, sa seule présence risquait de mettre mal à l'aise l'équipage déjà bien secoué par leurs aventures. Les marins ont tendance à vite céder à la superstitions...

Pendant que le jeune genin se confrontait à la folie du zélote du Dieu Poulpe, Junko avait la lourde tâche d'essayer de faire avancer tout ce joli petit monde dans la même direction. Et dans celle voulue par Uzushio.
L’obsession d'Ashabu à traquer le Kraken qui s'était volatilisé s'avérait un brin agaçante, mais c'était ses ryô qui payaient les shinobi. Il fallait donc manœuvrer pour ne pas trop frustrer leur commanditaire. Un obsédé pareil risquait de prendre des initiatives dangereuses...
Il ne fallait pas non plus s'exposer à l'ire des ninjas embauchés par le rival d'Ashabu. Ils étaient sur leur nef et un nouveau combat ne risquait que des les affaiblir.
Ou d'attirer l'attention d'une autre monstruosités des mers.

Junko usa donc de tout ces talents diplomatiques pour ménager la chèvre et le chou, leur mission et la requête d'assistance de leurs rivaux.
"C'est bien vrai qu'à part des pirates bourrés au rhum frelaté, les marins du Daimyo ne tirent pas grand chose de l'océan... Et encore." ricana Ashabu. "Ce vieux sagouin d'Isamu a bien dû vous dire qu'ils sont pas fichus de trouver leurs miches même avec une carte. Surtout dans ces îles là. Les courants y sont traîtres, la brume souvent impénétrable."
Momoku soupira, mais la jônin cru desceller un petit sourire vite effacé sur le visage de l'aveugle. Nul doute qu'il avait dû entendre ce genre de discours dans la bouche de son propre commanditaire.

"C'est vrai que cette échappée est plus qu'étrange... Mais tant mieux : j'aime quand la poiscaille se débat !" continua gaillardement Abashu. "Et on va faire comme vous dîtes, jeune fille : après tout, avec vous on l'a bien trouvé, ce Kraken. Et les pêcheurs au gros le savent : il faut se montrer patient, guetter le bon moment... Et savoir ce qu'on a au bout de la ligne. Donc : allons tiré le gros cul d'Isamu de la marmite de ces sauvages... Mais à une condition : même si après on harponne le Kraken depuis son bateau, même avec lui à bord et ses gars, il est à moi !"
Ouf, voilà leur bailleur de fond presque convaincu. Junko pourrait toujours négocier avec Isamu après à propos de cette exclusivité sur la chasse au monstre marin.
Il fallait espérait que l'autre capitaine soit moins têtu (pas gagné ça) mais le fait de lui sauver la vie aiderait sans doute à le convaincre...

"Je partage votre point de vue sur une approche discrète et prudente. Notre arrivée précédente dans les eaux de cette île maudite s'est fait bien trop en fanfare à mon goût." déclara Momoku, visiblement soulagé de l'aide consentit par les uzujin. "Tsubomi restera à bord avec notre navigatrice et Kuohyou. Sa puissance est... requise pour protéger le navire, si jamais cette monstruosité revenait. Ce serait dommage de tirer notre employeurs des griffes de ces sauvages pour nous retrouver coincé sur leur maudite île parce qu'on aurait perdu le bateau."
Pour fêter leur alliance, Ashabu voulu trinquer, chose que l'aveugle autorisa... Surtout pour envoyer au cuisine le vieux marins et pouvoir discuter un peu en privée avec Junko.

"Êtes-vous sûr qu'il soit sage d'amener ce vieux f... loup de mer dans cette expédition ?" demanda promptement l'aveugle dès que Ashabu se fut éloigner en quête d'un tonnelet de rhum. "De ce que j'ai vu, il connaît bien la navigation et c'est un sacré harponneur, si j'en crois ce que racontait Isamu mais ce n'est pas un guerrier ou un shinobi. Il risque de nous encombrer ou de nous faire repérer..."
Les craintes de Momoku semblaient plutôt justifiées, mais Junko savait aussi qu'il valait sans doute mieux garder leur commanditaire sous la main. Obsédé par sa traque, il n'avait guère de patience : si elle le laissait seule sur cette nef, qui sait s'ils se mettraient pas en tête de repartir à la chasse au monstre "juste pour voir, pas pour longtemps"...

L'aveugle eut un petit sourire fatigué quand l'uzujin aborda le sujet de Kuohyou.
"Je vois que nous avons quelques talents en commun..." murmura-t-il d'un ton las, voire laissant transparaître une certaine inquiétude. "Mais vous savez comme moi qu'il ne vaut mieux pas fouiller dans la vie d'un autre ninja... Disons juste que si je recommande que mon collègue reste sur le vaisseau avec notre médecin, quitte à me priver de sa force au milieu de ses cinglés, ce n'est pas pour rien. Vous êtes une kunoichi expérimenté, ça se voit. Vous devez donc savoir que la puissance à souvent un coût..."

Il n'en dit pas plus et Ashabu revint pour qu'ils trinquent à leur mission de sauvetage. Déjà les yeux du vieux marins brillaient : il rêvait sans doute de tirer son rival de l'autel sacrificiel des fanatiques juste pour lui arracher la promesse de lui laisser le Kraken...
Très vite, l'équipage se mit en branle, obéissant presque avec plaisir à Ashabu : à l'inverse des ninjas à bord, il parlait leur langage et savait ce qu'il faisait.
La nef s'arracha des vestiges de leur combat dantesque contre le léviathan tentaculaire pour se diriger vers une île sombre, isolée par d'étranges courants parsemé de récifs vicieux et des brumes inquiétantes...

Les uzujins et leur comparse arrivèrent en vue de l'antre du Dieu Poulpe et de son culte.
Toute de pierre volcanique noire, il exsudait littéralement le Mal sous forme de courants traîtres et de langue de brume avide qui masquait des récifs déchiquetés, véritables griffes noires de l'océan.
Heureusement, l'équipage du Héron Noir avait déjà risqué sa vie sur ces eaux et ils avaient récupéré non seulement leur navigatrice, mais un autre capitaine tout aussi expérimenté qu'Isamu.
Ashabu se montra d'ailleurs aussi sournois qu'un shinobi dans son approche de l'île maudite, usant des bancs de brumes et de minuscules îlots de basaltes noir aux formes torturées pour soustraire le navire à la vue d'éventuels observateurs sur l'île.

Le soleil descendait, teintant la mer et les rocs noirs d'un lueur sanguine inquiétante. Pour l'instant, nul trace de Kraken ou de nef des barbares.
"Le courant est vraiment mauvais, surtout au nord de cette maudite île... Il y a un truc bizarre ici." grommela le vieux loup de mer en observant les flots.
"Le capitaine Isamu avait dit la même chose. Il y a une crique sur la partie Sud de l'île. C'est là où nous avons accosté... Pour notre malheur." ajouta Momoku, baissant la voix par réflexe ou étrange déférence. "Mon instinct me souffle que le village de ces cinglés est sur la côte Est."

Il faudrait choisir un endroit où mouiller le navire. Dans la crique ? Il y serait protégé, mais aussi une proie facile pour les indigènes... Isamu et son équipage y étaient tombés dans une embuscade... Mais est-ce que les fanatiques vérifierait deux fois au même endroit.
Ashabu avait remarqué un étrange et puissant courant au nord de l'île... Ce serait sans doute délicat d'y amarrer le bateau, mais qui disait endroit risqué disait sûrement un endroit  où n'irait normalement pas les fanatiques.
Sinon... Après l'interrogatoire du captif, Hajoon aurait peut-être des informations à même de leur ouvrir d'autres options.

Caressant le captif cinglé dans le sens du poil de son culte, Hajoon enroba son refus de libérer pour l'instant le sectateur de mensonges et (peut-être vaine) promesses, jouant au convertit zélée mais impuissant. Le fanatique était désormais quasiment convaincu d'être une sorte d'élu ou de prophète attendant son heure de gloire.
Bien évidemment, il fut déçu de ne pouvoir échapper à ses chaînes infamantes.
"Le destin me met à l'épreuve... Mais comme les étoiles s'alignent et les vagues reviennent toujours, je sais que le Dieu-Poulpe ne rappellera à lui. Il enverra les tentacules de Ses Envoyés broyer la frêle coque de cet esquif impie ou déchaînera la fureur de mes frères contre les incroyants. La mer se teintera de rouge et il m’appellera à Ses cotés !"

Il darda un regard fou sur le genin d'Uzushio, qui était sans nul doute un des instruments envoyés par son Dieu pour réaliser son glorieux destin.
"Tu ressens l'Appel du Dieu-Poulpe, je le sais... Si tu ne peux faire tomber mes chaînes, soit mon instrument ! Guides tes compagnons pour qu'ils mouillent leur navire dans la crique à l'ouest de l'île sous l'oeil des nos guetteurs. Marche ensuite vers l'est : tu trouveras facilement un chemin menant à notre village. Il est possible de s'y rendre aussi par la voie des flots, mais une brume bénie en protège l'accès et les récifs ou les miens entraîneraient vite cette nef barbare sous les flots..."

Avec lui dedans, ce qu'évidemment il espérait éviter. Du moins pour l'instant : Hajoon se doutait que ce genre de fanatisme pouvait conduire à la dernière des extrémités.
"Pour passer les sentinelles et obtenir une audience avec le Père, tu dois porter le Signe et t'en être montré digne. Prends mon médaillon et bénis-le abondement de ton sang ! Ainsi, tu prouveras que tu es des nôtres et nul doute que les gardes du Père t'ouvriront les bras. Dis-lui que son serviteur, Warui, lui apporte d'autres sacrifices."
Hajoon avait appris le nom du captif et aussi l'importance de son médaillon, qui servait visiblement de signe de reconnaissance pour les vrais croyants.
Le genin d'Uzushio pouvait simplement s'en emparer, mais cela révélerait au prisonnier sa duplicité. Sinon, il lui faudrait jouer le jeu et couvrir l'amulette de son propre sang, ce qui allait faire mal...

En tout cas, l'uzujin ne tirerait rien de plus du fanatique. Il remonta donc et alla informer sa supérieure de ses prodigieuses avancés.
Cependant, Junko rejeta certaines des idées du genin. Elle ne voyait pas l'intérêt de libérer le captif, tout en reconnaissant qu'au moins son apparence pourrait éventuellement être utile.
Hajoon savait par contre qu'un henge risquait d'être insuffisant : une connaissance sommaire du culte et surtout le médaillon du Dieu-Poulpe seraient sans doute nécessaire pour tromper les exaltés.

Momoku lui non plus ne semblait guère emballé par l'idée d'Hajoon, jugeant sans doute le subterfuge risqué : ils étaient relativement nombreux et dans le village de barbare, les fanatiques devaient tous plus ou moins se connaître. Et on risquait de remarquer sa cécité. Dans ces communautés primitives et sanguinaires, ce genre de handicap faisait de vous soit un saint, un intouchable ou un sacrifice. Il prônait une approche plus directe : ils se coulaient jusqu'au camps des sectateurs, abattaient en douce les gardes, libérer les prisonniers au plus vite et en silence, avant de se carapater le plus loin possible de ces lieux maudits.

La jônin d'Uzushio demanda à leur commanditaire s'il pouvait jeter l'ancre au nord de l'île, un endroit où les courants semblaient à la fois étranges et dangereux d'après les marins.
"Eh ! A qui croyez parler ? J'ai poursuivit des baleines et de requins géants au travers de tempêtes bien pire que ces vaguelettes !" ricana Ashabu, avant de donner une série d'ordres secs et précis à l'équipage de son rival. Bien qu'il y eu un moment de flottement, les marins se hâtèrent de s'exécuter. Certais commençaient même à sourire méchamment : Ashabu avait beau être le rival de leur capitaine, il savait s'y prendre pour manœuvrer un bateau. Et avec lui, ils allaient peut-être sauver Isamu.

L'approche de l'île s'avéra toutefois compliqué. Les matelots n'avaient pas mentit : la nef tanguait et gîtés, comme si les flots noirs et l'île maléfique cherchait tantôt à le repousser, tantôt à l'engloutir. Les embruns fouettaient sans relâche l'équipage qui se donnaient à fond.
Pendant un moment, Junko s'inquiéta : pour manœuvrer sur la mer déchaînée, Ashabu et les marins devaient beugler leurs ordres. Pas l'approche la plus discrète... Mais en voyant les falaises noires de basalte s'approcher, sans la moindre traces de vie sur leur flancs déchiqueté, elle fut rassurée : ce coté de l'île était tellement inhospitalier qu'il ne devait y avoir aucun cultiste en vue.
Quels cinglés braverait ses flots ? Ashabu riaient, luttant avec l'océan et les tourbillons digne du pays ayant donné son nom à Uzushio.

"Bon, je ne pourrais pas nous approcher davantage." fini par laisser tomber le vieux capitaines. "Les courants et les vagues nous broieraient contre les falaises. Mais y'a un truc louche ici... Ces flots sont anormaux : on dirait que je lutte contre une cascade ou un torrent. Pas sûr d'ailleurs qu'il soit possible d'approcher avec les canots..."
C'était suffisant pour Junko : ils étaient assez près des falaises pour que des shinobis expérimentés n'aient pas besoin de canot.

Le vieux marins baissa la voix, pour n'être entendu que de la jônin.
"Par contre, on est encore en sous-effectifs et garder le navire à flot ici est un combat de tous les instants. Je ne sais d'ailleurs pas si on pourra rester ici une fois la lune et la marée haute. Les gars ont besoin de moi, d'un vieux loup de mer qui connaît tout les caprices de l'océan. J'vais pas pouvoir vous accompagner à terre..."
Le capitaine exagérait-il ou se souciaient-il vraiment du navire et de l'équipage de son rival ? Junko pourrait peut-être le convaincre tout de même de les accompagner : il suffirait probablement de mentionner le Kraken, sûrement lié au village de cultistes. Surtout que désormais le Héron Noir avait récupéré Yuna, sa navigatrice : elle pourrait peut-être s'assurer que l'équipage maintienne le bateau en place sans Ashabu.

En tout cas, Ashabu leur avait aussi donné une nouvelle limite de temps : la marée haute compliquerait grandement les manœuvres du navire. Si les ninja d'Uzushio tardaient trop, le navire serait forcé de lever l'ancre sans eux.
Mais cela coïncidait avec la pleine lune, donc avec le sacrifice rituel d'Isamu. Ils devaient donc le libérer et regagner la nef avant.
"J'ai fait une découverte intéressante." annonça alors Yuna, repliant une longue vue de vigie. La navigatrice restait pâle et affaiblit, mais sa sœur avait réussie à la requinqué assez pour qu'elle reprennent au moins une partie de ses fonctions. "Ce courant impossible, comme si un fleuve se déversait dans la mer... Je crois savoir d'où il vient."

Tendant sa longue vue à Ashabu et aux shinobi, elle indiqua une portion de la falaise noirâtre battus par les flots.
"Là, regardez. La falaise s'interrompt : c'est quasiment immergé, mais il semble qu'il y ai là-bas l'entrée d'une immense grotte, probablement à demi sous-marine..."
Ashabu se mit soudain à ricaner, l'oeil brillant, quasiment la bave aux lèvres.
"Ohohoho ! Je vois ! Oui ! C'est là, je le sais, je le sens ! C'est sa tanière, j'en suis certain." s'enthousiasmait le vieux marin obsédé par sa chasse au montre marin.
Oubliée l'idée de sauver son rival pour instant ou même de maintenir en place le navire battus par les courants : Ashabu voulait explorer cette entrée, persuadé qu'elle menait à l'antre du Kraken.

Bon, voilà qui n'arrangeait pas les affaires des uzujins : à peine le plan en place que déjà leur commanditaire voulait s'en écarter. Combien de temps leur ferait perdre l'exploration de cette grotte ? Déjà, est-ce que c'était faisable ?
Le bateau ne pourrait évidemment pas si engager. Un canot pourrait, si ses passagers étaient assez fort (et fou) pour braver le courant démoniaque. Et il faudrait quand même se baisser.
Des shinobis à même de marcher sur l'eau y arriveraient plus facilement, bien sûr... Mais à part satisfaire les lubies d'Ashabu, qu'est-ce que ça leur apporterait ? Bon, cela pourrait servir à amener le capitaine à terre...

Et qui sait, s'il s'agissait vraiment de la demeure du Kraken, il y avait à parier que l'endroit aurait un rapport avec le culte des indigènes. Qui sait donc ce que les uzujins pourraient y découvrir...
Étant la plus gradée, c'était à Junko de prendre la décision.
S'en tenir au plan et ignorer la grotte ? Amener Ashabu avec eux ou non ? Utiliser les informations d'Hajoon et du captif ou compter seulement sur leurs talents de shinobi ?

Pourvant (censément) sa dévotion au Dieu des Profondeurs, Hajoon se mutila pour "bénir" le sinistre médaillon du sauvage capturé. Cela sembla contenter le zélote, qui lui donna son aval pour contacter les siens. Il l'informa d'une signe secret des membres du culte : lors de sa demande d'audience, il devrait présenter le médaillon dans sa main gauche, tout doigts écartés.
Visiblement, le fanatique avait fait passé une épreuve à l'uzujin : nul doute que s'il avait rencontré le Père sans cette information qu'il se serait fait embastiller et rudement questionné.

Le genin rejoignit ensuite sa supérieure, après avoir profité d'une petite séance de soin dispensée par leurs alliés de circonstance.
Hajoon était un poil revêche, se sentant ignoré alors qu'il avait mené de main de maître l'interrogatoire du seul membre du culte dont disposait les ninjas.
Avec son médaillon sanglant et ses informations, il disposait d'un moyen de rencontrer pacifiquement les zélotes du Dieu-Poulpe.
Cependant, une approche plus furtive avait été décidé et bon gré mal gré, le genin informa Junko de son intention de suivre les ordres.

Les ninja décidèrent de passer à l'action une fois le navire difficilement mouillé au large des sombres falaises de l'île. Falaises qui semblaient en outre abrité une grotte à demi submergé dont sortait un puissant courant sous-marin.
Usant de leurs talents shinobi, les uzujin et Momoki se jettèrent à l'eau, au plutôt sur l'eau. La progression n'était pas si simple : comme indiqué par les marins, l'océan était particulièrement démontés et les courants puissants.
Néanmoins, ils étaient des ninjas expérimentés et la plupart venait du Pays des Tourbillons. Les vagues traîtresses, ils connaissaient.

Junko trimballait sur son dos le vieux capitaine Ashabu, qui laissait échapper un sifflement admiration devant la technique de marche sur l'eau des ninja.
"Que j'sois damné ! C'pas la première fois que je vois ça, mais pour un vieux loup d'mer, ça fait toujours son effet. Combien d'marin aimerait pouvoir faire ça..."
Il bouda ensuite un peu face aux réticences des shinobis d'explorer la caverne inondée, à ses yeux l'antre de la Bête qu'il traquait.
Junko calma le jeu, ce qui plongea le vieux capitaine obstiné dans un silence agacé. Néanmoins, il avait besoin des ninjas et on ne contredisait pas celle qui vous transporter au dessus des abîmes glacés de l'océan.

Arrivés devant les imposantes falaises luisante d'écume, les ninja se lancèrent dans l'escalade.
"Je ressens quelque-chose... Quelqu'un là-dessous... C'est faible et distant." déclara alors Momoku, alors qu'ils étaient proche de l'entrée de la grotte marines.
Elle aussi doté de sens mystique, la jônin d'Uzushio confirma le ressentit de l'aveugle. Il y avait bien quelqu'un disposant d'un chakra digne d'un shinobi au fin fond de cet caverne inondée.
Néanmoins, Junko ne ressentait pas l'inquiétante présence du monstre marins. L'aura dans son esprit devait être humaine.

Bien sûr, se réveilla la passion du capitaine Ashabu.
"Il est donc là ! Ne devons le traquer et l'abattre ! Sus au Kraken !" tempêta bruyamment le marin obsédé par son montre marin.
L'aveugle soupira, lançant un coup de menton d'excuse à la jônin : il n'aurait pas dû parler à voix hautes de leur découverte.
"Capitaine Ashabu, cet écho faiblissant n'est point le terrible monstre marins que nous traquons." déclara fort diplomatiquement Momoku. "Il s'agit probablement de l'un de ces sauvages, sans doute un prêtre de leur culte barbare. La grotte étant mystérieuse et à reliée à la mer, je parie qu'il s'agit bêtement d'un de leur lieux de culte pervers. Peut-être un temple secret. Nous pourrons toujours aller voir et la purger une fois les captifs libérés de ces sauvages..."

L'aveugle avait réussit à convaincre le vieux loup de mer, bien qu'il grommelait dans sa barbe sur le dos de Junko.
L'ascension de la falaise battue par des flots déchaînées ne fut pas simple : même avec leur fabuleuse technique pour adhérer aux roches noires luisantes d’embrun, l'escalade fut traîtresse et pénible, surtout pour Junko qui devait s'assurer de la sécurité d'Ashabu.
Au moins le vieux marins se tut, visiblement peu rassuré lors de leur ascension.
Au final, il arrivèrent au sommet, découvrant un panorama de l'île. Il se trouvait que les falaises en était le point culminant. Peut-être les vestiges d'une ancienne caldeira volcanique.

Des lumières étaient visibles de l'autre coté de l'île : sans doute les torches et feux du village des barbares sans doute anthropophage.
La pleine lune montait doucement, leur rappelant que l'heure tournait.
Gagner le village des fanatiques allait s'avérer plus complexe que prévus : malgré la lumière de la lune, une jungle épaisse les en séparait.
Normalement, cela n'aurait nullement était un problème de jour. Mais la nuit, sans source de lumière, les ombres s'épaississaient, masquant les pistes et chemins. Le sous-bois était tellement danse que les rets lunaires peinaient à le percer.

Néanmoins, ce n'était pas ça qui allait arrêter des shinobi.
Ashabu proposa d'allumer une torche, non seulement pour mieux y voir, mais aussi pour repousser les bêtes féroces qui devaient se tapir dans cette jungle.
Bien évidemment, en échange l'équipe de shinobi serait bien plus repérable, aussi Momoku conseilla de ne point s'en servir.
La décision revenait par contre à Junko et l'aveugle se plierait à son jugement.

Après un plus ou moins long et discret trajet dans ces bois obscurs, les shinobi approchèrent enfin du fief des fanatiques du Dieu-Poulpe, entourée d'une simple mais haute palissade de bois.
Visiblement, l'entrée vers la jungle du village n'était que peu gardé.
Junko ressentit la présence de deux personnes servant de sentinelle. Hajoon put même repérer seul l'une d'elle : un homme musclé qui fumait adossée à la palissade, le regard perdu vers la jungle. Un lance était posé à ses cotés.
L'autre était plus jeune, assis sur un antique pilier de pierre détruit depuis des éons, adjacent à un cénote qui devait servir de puit au village. Il jouait du tam-tam, visiblement peu intéressé par sa garde. Par contre, Junko remarqua qu'il avait le chakra digne d'un shinobi.

Du haut des arbres, les ninjas purent également se faire une idée du village et de ce qui s'y tramait.
Déjà, ce dernier s'avéra surprenant : dans cette région sauvage et peuplé de primitif sanguinaire, les uzujin s'étaient attendu à un ensemble de paillasses, cases et tentes rustiques.
Or, le village des fanatiques s'avéra doté d'imposant édifices en pierre sombre. Des pyramides à degrés d'une taille écrasante et des édifices cyclopéens à l'architecture chargée, des temples aux larges colonnes de pierre sculptés de bas-reliefs contournés et inquiétants.
Des braseros de pierre illuminait le faciès hideux de statues de monstruosités mi-homme, mi-poulpe.
Néanmoins, tous ces édifices antiques semblaient plus ou moins déliquescent, témoins d'une civilisation aujourd'hui disparu. Les cultistes du Dieu-Poulpe, peut-être les descendants dégénérés de ces glorieux (bien qu'un brin dérangés et obsédé par les animaux marins) bâtisseurs, se contentait de squatter ces ruines antiques.

Le village était doté d'une large place, toujours animée malgré l'heure tardive. On y préparait visiblement un grand festin. Des feux de joie illuminaient l'endroit, étirant les ombres. Autour dansant des sauvages hululant ou jouant une musique syncopée à la flûte de pan. Il était évident qu'une grande fête était en cours.
Et chez ces sauvages, qui disait festivité disait sacrifice humain...
Plissant les yeux, les ninjas purent deviner des silhouettes bien moins joyeuses, enfermés dans de larges cages de bambous, dressée devant l'entrée de la plus imposantes des pyramides. Un lieu de culte ? Une prison ? Les deux à la fois ?
Il faudrait s'approcher pour en savoir plus.

Les ninjas avaient plusieurs manière de pénétrer dans le village. Ils pouvaient s'occuper des gardes de faction ou tenter d'escalader la palissade en catimini. Ou alors, ils (ou seulement le genin) pouvaient suivre l'idée de Hajoon et se présenter comme convertis et demander une audience au mystérieux "Père".