Ce rp fait suite au châtiment n°16Ost, pour rendre ça poétique...Une fine brise, douce et légère, vient délicatement caresser mes chevilles.
Je suis... Où suis-je ? Mes yeux encore endormis viennent caresser de leur regard les environs, ne révélant qu'un paysage idyllique.
Je me redresse, laissant tomber le chapeau de paille me servant de couvre chef, et devant moi s'étant un titanesque lac azur dont les milles reflets chattoient comme une infinité de galaxies. Sa profondeur semble insondable, et pourtant sa surface n'est qu'à peine agitée, reposée et apaisante.
Je me lève alors, ramassant ce chapeau étranger pour le remettre afin de couvrir mes cheveux détachés qui viennent taquiner ma robe de tissu albâtre. Une tenue estivale pour un climat qui le paraît tout autant, ayant encore chaud malgré le soleil dont l'éclat diminue tranquillement à l'horizon.
Peut-être devrais-je m'inquiéter de mon apparence tellement étrangère, ou de cet endroit inconnu ? Peut-être. Pourtant, l'atmosphère de ce paysage est tellement serein qu'aucune question de ce type ne traverse mon esprit.
Je suis ici, en cet instant.
Au bord du lac, sous un saule pleureur, se tiens un homme. Assis, le dos légèrement voûté, il épluche machinalement un morceau de bois avec un couteau au rythme du vent. Ses cheveux mi-courts volent librement, et il fredonne une mélodie que la brise me porte.
Douce et lancinante, elle vient caresser délicatement mes tympans, éveillant en moi comme un souvenir brumeux, effacé. Comme attirée par la sérénité de l'homme, je m'approche doucement de lui au rythme de sa mélodie, sentant la caresse des brins d'herbe que je foule de mes pieds nus.
Il est jeune. Je lui avait inconsciemment donné de l'âge, mais il est semble plus proche de la 20aine que je ne l'aurai imaginé. Ses yeux gris ainsi que son sourire un peu triste viennent lui donner un visage mélancolique d'une grande beauté.
C'est sans nul doute l'un des plus beaux garçons que j'ai vu.
Pourtant, sa veste aux armoiries étranges ainsi que le katana vide à sa ceinture trahissent une origine guerrière. Mais je me garde bien de lui poser des questions, ne voulant pas rompre la magie de ce moment.
La mélodie, le soleil, le lac, la brise... La paix. Cet instant magique où la terre arrête de tourner pour un instant, une parenthèse. Plus rien n'a de sens, plus rien ne veux dire quelque chose, plus rien n'existe. Hormis cet instant.
"Alors, tu y es parvenue."
La voix chaude et douce de l'homme ne fait que renforcer cette harmonie au lieu de la briser, comme un ange vous accueillant devant le paradis. Je ne réponds pas tout de suite, le laissant reprendre sa mélodie, avant de murmurer.
"...il semblerait."Un ange passe. Je ne sais dire si seulement quelques secondes séparent cette parole du reste ou s'il s'agit d'heures. Il est en tout cas certain que l'homme s'interrompt de nouveau pour reprendre la parole, toujours avec paix.
"Est-ce tout ce que tu souhaite me partager après toutes ces années, Aya-Chan ?"Tant de temps... Je ne peux même plus me souvenir du jour précis où il avait fait irruption dans mes pensées. Nous avions conversé tant de fois avec tellement de facilité, et pourtant je n'avais jamais pu mettre de visage sur la voix qui me tourmentait...
"Dis moi, Bob... Quel est cet endroit ?"
Le sourire de l'homme s'accentue et son mouvement devient plus fluide et rapide.
"Ceci est ton paradis mental, très chère. l'Eden primaire dans toute sa pureté."
Il marque une légère pause, ajoutant.
"L'endroit où je vis."
La brise devient plus forte à cette parole, comme pour appuyer sa déclaration. Nos cheveux volent de plus belle, avant de se calmer de nouveau.
"Pourquoi... Que fais-je ici ?" Bob arrête sa tâche machinale, posant délicatement son couteau à côté de lui avant de faire rouler le petit rondin de bois taillé entre ses doigts.
"Cela, je ne peux que le supposer. Souhaites tu entendre mes réflexions ?"Je lui fait un léger signe de la tête, surprise malgré tout par son ton de voix, infiniment plus respectueux que lors de nos échanges habituels. Il est si distingué, si pacifique...
"Pour être venue ici de ton plein gré, tu dois avoir touché du doigt le potentiel Miyamoto. Tu n'étais pas encore éveillée, mais on dirait que c'est maintenant chose faite... Hm, intriguant. Je suppose que nous devons remercier Seiren pour cela.""Peut-être bien..."Les châtiments corporels intenses du patriarche m'ont toujours obligé à me réfugier au plus profond de moi même. Bob y faisait sans aucun doute référence. Un nouvel ange passe, pendant lequel Bob reprends sa mélopée lancinante.
"Hm... Hmhm... Hm... Hm... Hmhm... celà te suffit donc, Aya-Chan ?"Me berçant au rythme de la mélodie et du vent, je met quelques secondes à émerger avant de lui répondre doucement.
"Dois-je vraiment chercher à comprendre ces histoires d'éveil Miyamoto ? Je n'ai jamais été en phase avec le clan... Alors pourquoi essayer de maîtriser leurs arcanes... Je veux juste vivre comme je le sens."Il arrête de jouer avec sa pièce de bois pour la tailler de nouveau. Je remarque qu'elle est de retour à l'état brut, comme si ses efforts étaient futiles.
"Nous allons manquer de temps, Aya-Chan... Que le destin est cruel d'avoir guidé ma langue ainsi, ton esprit n'en est que plus brumeux... Mais ne fais pas cette erreur. Ne confonds pas le potentiel et le clan, car s'ils portent le même nom ils n'ont rien en commun." Le monde commence à se troubler, comme si un peintre fou venait le consteller de mille et une couleurs. Petit à petit, il s'estompe, et seule la mélodie chantonée par le gardien de mon Eden m'accompagne.
"Hm... Hmhm... Hm... Hm... Hmhm... Nous nous reverrons, Aya-Chan... Hm..." ***
Je rouvre les yeux avec difficulté dans mon lit, les côtes douloureuses. Une fois de plus, les soins omura après mon châtiment avaient fait des miracles, mais je sens mon corps encore fragile. J'allai devoir faire un peu attention.
Mais mon esprit ne peux se détourner de l'étonnante rencontre de cette nuit. L'inimaginable calme qui s'était alors emparé de moi ne fait qu'exciter ma curiosité tandis que des milliards de question se forment dans ma tête.
Quel est ce potentiel ? Pourquoi Bob était aussi réel ? Comment ne pas croire que cet endroit existe réellement ? Qui est vraiment Bob ? Ou oni ?
J'y retournerai. Et j'aurai mes réponses.