Cours du soir n°101 • ft. Uzushio

Qui aurait cru qu’une femme aussi revêche et intraitable se propose – soulignons-le, volontairement – pour pareil travail, nécessitant bienveillance et pédagogie ? Certainement pas l’un des titulaires de l’Académie qui posait sur Junko un regard interloqué, dans lequel se mêlaient étrangement curiosité et terreur. Peut-être se demandait-il si elle était encore saine d’esprit ; il savait que ces derniers mois avaient été particulièrement éprouvants pour la dame… Mais elle balayait d’un geste de la main toutes ses inquiétudes. « Je vais finir par me vexer, tu sais. C’est toi qui m’en as donné l’idée et je reconnais qu’elle était bonne, tu devrais plutôt être content. » De fait, cet homme (qui, à l’heure actuelle, était peut-être pour elle ce qui s’approchait le plus d’un ami) l’avait introduite, quelques jours plus tôt, auprès d’un groupe de gradés suivant des cours du soir. Au départ, elle avait été particulièrement rebutée à l’idée de rejoindre un tel programme, forte de ses préjugés. Et puis elle avait découvert à cette occasion un tout nouveau domaine et une professeure admirable, et elle avait compris l’importance de ces cours. Ce n’était pas, comme elle avait pu le croire au départ, une façon de remettre à niveau un ramassis de shinobis ratés et il ne fallait pas voir cela comme une punition. A vrai dire, c’était l’occasion de s’ouvrir à de nouvelles choses, de se diversifier et de combler ses lacunes de façon intelligente. Alors, elle avait décidé d’apporter sa pierre à l’édifice. Après tout, c’était rendre service à son pays que d’éduquer les masses ; ainsi, lorsque l’occasion se présenterait (comprendre, une guerre), ils seraient prêts.

« Ça va être l’heure, je te laisse. » Et, ignorant le vœu de bonne de chance de son ami, elle pénétrait la salle qui lui avait été attribuée pour l’occasion. Il n’y avait encore personne, mais elle était confiante. Installant ses affaires, elle jetait un œil à la liste d’inscrits ; son cours acceptait tout le monde sans distinction de grade, et pour être certaine que les gens ne soient pas inutilement réticents elle avait emprunté son nom à un autre professeur de l’Académie (histoire que sa mauvaise réputation ne joue pas sur le succès de son programme). Ce serait une surprise pour les participants, mais une fois un pied dans la salle, il serait trop tard pour s’échapper. Quant au contenu du programme… Elle proposait une série de cours s’étalant sur toute la semaine, avec pour thématique le Ninpō. Elle allait aborder des techniques très basiques, à vrai dire, mais qu’il était essentiel de maîtriser et elle espérait bien que ceux ayant privilégié jusqu’alors des voies telles que le Taijutsu ou le Bukijutsu verraient un intérêt à développer cet aspect. C’était un programme qu’elle avait déjà déroulé un peu avant l’examen Chûnin, pour former quelques Genin en vitesse avant qu’ils ne prennent une rouste – mais, à l’époque, on lui avait forcé la main.

Finalement, un premier « élève » se présenta, puis un second. Junko devait l’admettre, elle était tout de même rassurée de ne pas se retrouver seule avec une classe vide. Peu à peu, cette dernière se remplit. Elle reconnut quelques têtes, d’autres lui furent tout à fait inconnues. Ils n’étaient pas très nombreux, mais cela suffisait à son bonheur.
Lorsqu’elle estima avoir suffisamment attendu les retardataires, elle s’éclaircit la gorge et réclama l’attention de chacun. « Bonsoir à tous. Pour ceux que je ne connais pas, je suis Myōshin Junko. Je serai votre professeur pour cette formation spéciale sur le Ninpō. » Elle leur rappelait alors le déroulement de la semaine : chaque jour une nouvelle technique, comme indiqué dans le parchemin au moment de l’inscription. « Nous commençons donc dès ce soir par le Kai. »

Leur offrant un bref sourire de convenance, elle enchaînait directement. Les gens qu’elle avait en face d’elle n’étaient plus des élèves de l’Académie, certains étaient Chûnin, voire peut-être Jûnin (ce qui l’effrayait un peu, mais bon, elle avait promis de ne juger personne), il y avait donc fort à parier que chacun veuille aller droit au but. La dame commençait alors par un rapide exposé théorique : « Si vous ne l’avez peut-être jamais vu employé, je pense que vous en avez au moins déjà entendu parler. A vrai dire, il n’y a pas grand-chose à expliquer, la maîtrise du Kai vient surtout avec la pratique. Mais voilà : dès que vous ressentez les effets d’un Genjutsu, il vous suffit de faire le mudrâ du tigre. Concentrez alors votre chakra, un peu comme si vous reteniez votre respiration, puis relâchez-le d’un coup, comme si vous vouliez le faire exploser. Cela perturbera votre flux de chakra et tout redeviendra normal. Vous verrez que cela consomme très peu de chakra en réalité, et cela vous évitera un bon coup de kunai dans la cuisse. » Pour une raison qui lui échappait, c’étaient souvent les utilisateurs de Genjutsu qui maîtrisaient le mieux le Kai… Ce qui était parfaitement stupide, puisqu’ils les utilisaient et que les autres les subissaient. Les mystères de la vie, sûrement. Elle jeta un œil à son assistance s’assurant que chacun ait bien saisi son discours.

« Bien, nous allons donc tout de suite passer à la pratique. Puisque tout le monde ne maîtrise pas le Genjutsu, je vais utiliser une technique de zone, ce sera plus simple. Vous ne réussirez sûrement pas du premier coup, mais ce n’est pas grave. Cela va avec votre capacité d’observation, car il faut que vous ayez conscience qu’un Genjutsu perturbe vos sens. » Elle joignit alors les mains et, après leur avoir donné un top départ, afin qu’ils soient tous sur le qui-vive, elle lança Nehan Shoja. C’était un Genjutsu qui avait l’avantage de ne pas affecter tout de suite les cibles les plus averties – ses « élèves » du soir auraient donc un certain laps de temps pour tenter le Kai avant d’être réellement touchés. Bien entendu, elle s’apprêtait à réveiller ceux qui n’y parvenaient tout de même pas ; pour ceux-là, peut-être qu’elle emploierait des techniques moins élaborées, comme un Narakumi, par exemple.

Technique à enseigner:

Genjutsu à contrer: