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Yamata-No-Orochi

Chinoike Tsumi
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Yamata-No-Orochi Jeu 10 Sep - 18:40
Chinoike Tsumi


L'Ascension du Dragon de Sang

« A scattered dream
that's like
a far-off memory. »




Faded Sun - Dark Ambient

Tout a commencé... Par un rêve. Ou plutôt, un cauchemar. Cela faisait de nombreuses nuits que j'étais tourmenté par des visions d'horreur durant mon sommeil. Principalement, il s'agissait d'un homme, qui avait pour moi une haine sans fin, qui me pourchasser jusqu'aux confins onirique de mes pensées. Au début, je pensais qu'il ne s'agissait de rien d'autre qu'un mauvais rêve. Mais plus les nuits s'enchaînaient, plus ce cauchemars s'intensifiait, gagnant en détails, en sensations, si bien qu'aujourd'hui, il me faisait perdre toute notion entre réalité et imaginaire. Souvent, Yosa me disait que nos rêves ne sont que la retranscription de notre angoisse et de nos apprentissages de la journée et que les mauvais rêves, n'étaient là que pour nous mettre en garde contre nous-même. Si j'avais su, j'aurais sans doute prit plus à cœur ces mots. Pourtant, gouverné par mes insomnies et mes craintes, je m'étais laissé aller à des recherches plus poussées, essayant de trouver un moyen de libérer ma tête de ce démon qui hantait. C'était ainsi, qu'après quelques recherches infructueuses dans le peu d'archive de notre Clan, que je suis tombé dessus. Un vieux recueil de contes et légendes du Sekai, mettant en scène d’innombrables monstres et créatures chimériques que les anciens aimaient à rendre réel auprès des enfants. Cela leurs inculquaient bien souvent des notions de morales ou de respects indispensable pour la suite de leurs vies. Pourtant, lorsque j'entrepris d'ouvrir au hasard une page de ce livre, une vision d'horreur éclata devant moi. Il était là. L'homme qui me haïssait dans mes rêves. Peint dans un soucis du détail tel, que je crus un instant qu'il était prêt à surgir de son support de papier pour venir mettre fin à mon existence.

« Le conte de Susanoo... »

Je me mis à lire chaque caractère, cherchant une réponse à mes questions dans ce livre dont les fragiles pages, menaçaient de se déchirer au moindre mouvement brusque. Éclairé par la lueur d'une bougie, je me laissais transporter dans cette aventure, oubliant un temps mon existence, bercé par les péripéties de cet être divin que j'avais vu en rêve.

« Nichée au sein des Montagnes, le grand Susanoo, déguisé en simple passant, découvrit une luxueuse résidence retentissant de pleurs et de lamentations. Curieux, il se rendit au seuil de cette dernière, ouvrant timidement la porte qui le mènerait à son destin... »

Les mots s'enchaînaient, décrivant la détresse d'un couple de noble. Cette dernière poussa Susanoo à les questionner sur l'origine de leurs malheurs dont la simple évocation de son nom, suffisait à les replonger dans le chagrin.

« Ya...mata...no...O...rochi... Le dragon à huit têtes. »

Un détail vint troubler ma lecture. La description du monstre était incroyablement bien détaillé, comme si l'auteur avait voulu lui donner vie au travers de son récit, comme si... il avait déjà vu pareil monstre. C'en était troublant, presque inquiétant, mais ce qui était vraiment étrange, c'était la manière dont il avait décrit ses yeux. « Chacune de ses huit têtes étaient ornées de deux orbes, dont la couleur, d'un rouge aussi flamboyant que le sang, semblait s'écouler en flot perpétuel dans ses pupilles, rendant son regard... hypnotisant pour quelconques mortels croisant sa route. »

Ma lecture fût alors troublé par la présence de Dame Fuyu, qui, sans s'annoncer, referma le livre d'un mouvement sec, me fusillant de ce fameux regard avec lequel elle m'avait regarder durant les trois années où elle fut ma sensei.

« Tu ne devrais pas être là Tsumi. »
« Dame Fuyu je... Je ne faisais rien de mal. »
« Qu'importe, oublie ce que tu as pu lire et va-t-en d'ici. »
« Mais je... »
« C'est un ordre. »


Acte Premier.
A Scattered Dream

Je ne comprenais pas pourquoi Dame Fuyu avait été aussi sévère. Après tout, à part lire un vieux conte, je ne faisais rien de mal ? Certes, j'étais entré sans autorisation, mais cela ne justifiait en rien une telle froideur... Allongé sur mon lit, je ressassais les écrits dont elle m'avait empêché de continuer l'étude, me remémorant la peinture de l'homme que je devinais être Susanoo et qui me poursuivait dans mes rêves. C'était à ne rien y comprendre. Comment une telle ressemblance était elle possible ? Je n'avais jamais vu ce livre auparavant et pourtant, les similitudes entre les deux personnages étaient beaucoup trop importantes pour n'être qu'une coïncidence, même si d'un autre côté, la probabilité qu'il y eut un lien était très faible. Je passa le restant de la nuit à y réfléchir, triturant les méandres de ma mémoire pour me rappeler de chaque détails que j'avais pu lire, tentant de comprendre... Mais comprendre quoi ?

Je ne me sentis pas partir. L'accumulation de fatigue de ces derniers jours avaient eu raison de mon esprit. Je plongeais sans aucune retenue dans le monde onirique, laissant les abîmes de mon subconscient créer les mirages qui animeraient ma nuit. Mais comme trop souvent, ce n'était pas de doux songes qui m'attendaient, mais bien la traque, perpétuelle et avide de réelle qui m'accabla. Je pouvais sentir sa haine comme si elle était mienne, son regard, froid et sombre, immisçait la peur et le désarroi dans mon âme. Je ne pouvais et ne voulais que fuir cet homme qui, armé d'une épée de foudre, attentait à mon existence irréelle. C'était tellement prenant et en même temps, j'avais conscience qu'il n'y avait rien de vrai dans tout cela. Je ne pouvais cependant pas m'empêcher de fuir. Bien sûr, à force de toujours revivre la même scène, j'essayais quelque fois de m'arrêter, désirant me retourner et faire face à cette illusion accablant mon esprit. Mais rien n'y faisait, j'étais voué à suivre le lit de cette rivière, remontant par la terre le courant de cette dernière. Ce cours d'eau... Il me paraissait si familier. Où l'avais-je déjà aperçu ?...

Le lendemain matin, lorsque les premiers rayons du soleil percèrent jusqu'à moi, je me mis en tête de trouver ce lieu. L'Isthme était un pays immense et le nombre de rivière la serpentant était aussi important que le nombre de montagne qui en parsemait le paysage. Pourtant, j'étais bien décidé à la trouver. Avec le recul, peut-être était-ce mes nombreuses insomnies qui me jouait des tours ? J'étais persuadé que trouver ce lieu me permettrait de mettre fins à ces cauchemars. À cet instant, j'étais encore bien loin de m'imaginer jusqu'où cette quête allait me mener...

Quelques heures plus tard, j'atteignis enfin l'étendue d'eau glacée qui avait donné son nom à notre région. Scrutant l'horizon à la recherche d'un début de cours d'eau, je me mis à repenser à mon ami Akira et à nos séances d'entraînements qui avaient eu lieu ici même. Le revoir tentant de copier mes techniques dessina un sourire sur mon visage, peut-être le premier depuis son départ... Peut-être que s'il était resté, il aurait pu m'aider à comprendre l'origine de mes cauchemars ? Cette pensée me plongea dans une certaine mélancolie, que le chant de la douce brise glaçant mes oreilles intensifia. Non, il n'était plus là, et comme lui dorénavant, je devais me débrouiller seul face à mes propres problèmes... Aki'... J'espère que tu vas bien.

Vêtu comme à mon habitude de mon long manteau et de ma besace, je remonta nombres de cours d'eau, suivant le lit de ces derniers, espérant trouver le lieu que j'avais vu en rêve, mais qui, avec les heures passant, semblait ne pas vouloir apparaître. Je commençais à sérieusement douter de moi. Le manque de sommeil m'avait-il rendu fou ? Après tout, pourquoi étais-je parti dans cette quête invraisemblable ? Parce que j'avais vu dans mes songes le même homme que sur un vieux parchemin centenaire ? Au plus j'y pensais, au plus je me trouvais stupide. J'en avais tellement assez de ces cauchemars, que je m'étais inventé une pauvre histoire abracadabrantesque pour me donner un semblant d'espoir. Mais la réalité était là, devant mes yeux. Tout ceci n'était qu'une illusion de plus d'un esprit bien trop tourmenté... Je me demandais si quelqu'un au domaine aurait pu m'aider. Mais du peu de personnes qui m'appréciait à minima, je vis personne capable de m'apporter un quelconque soutien. Yosa ? La pauvre femme n'avait aucune connaissance sur le sujet. Fuyu-sensei m'avait clairement montré que tout ceci n'était pas sujet à discussion et quant aux autres... Non, il n'y avait personne, pas même Etsu qui, croulant sous le travail et les responsabilités, n'auraient pas pu être là pour le dégénéré que je suis. J'étais seul. Une solitude dont m'avait tiré un temps Akira et qui était revenu avec son départ. C'était bizarre de penser comment je me sentais fort à ses côtés... Qu'importait, la journée touchait à sa fin et les rayons du soleil teintait déjà d'orange la cime des montagnes. Je me devais de rentrer, le plus serait le mieux.

Perdu dans mes pensées, je remontais le chemin menant au domaine, repensant à cette figure de Susanoo qui hantait mes songes. Pourquoi lui ? Pourquoi un tel être s'était-il aventuré jusqu'aux méandres de mon subconscient pour m'y tourmenter ? Il n'y avait bien entendu, aucune réponse logique ou digne de bon sens à cette question. Mon état de fatigue jouait de plus en plus sur ma psyché, me rendant plus irritable, à fleur de peau et prompt à des démences intellectuels bien plus loufoques que l'apparition de mes ombres. Sur ce constat je m'arrêtai brusquement. Cela faisait des jours qu'aucune d'entre elles ne s'était manifester. Non pas que cela fut été déplaisant bien au contraire, mais un tel mutisme de mes tortionnaires mentales n'était pas normal. Ou peut-être que mes insomnies quotidiennes avaient déréglé quelque chose dans mon cerveau, les empêchant par la même occasion de venir me pourrir la vie ? Cela semblait bien trop beau pour être vrai. Elles devaient sans doute attendre bien sagement, dans les alcôves de mon esprit, patientant jusqu'à ce que je sois assez crevé pour s'emparer de moi. Mon dieu mais... À quoi pensais-je franchement ? La paranoïa s'emparait peu à peu de moi, me laissant sombrer dans des réflexions de plus en plus sombres. Je me devais de mettre fin à ça avant de perdre la raison.

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Re: Yamata-No-Orochi Lun 21 Sep - 12:31
Chinoike Tsumi

L'Ascension du Dragon de Sang

« A far-off memory
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scattered dream. »



No Trace... No Shadow - Hammock

Acte Second
Far-off memory

Trois nouveaux jours sans dormir étaient passés, avec eux, les tourments de mon esprits s'amplifiaient. Je n'avais de cesse de me demander à partir de quand je finirais par sombrer dans la démence ? Peut-être y étais-je déjà ? Le temps n'avait plus d'importance à mes yeux, tout me semblait plat et à la fois si lourd. Je peinais à manger le peu que j'arrivais à avoir dans mon assiette et vomissais les tentatives de traitements de Yosa, qui, fort d'un esprit de grand-mère, s'était rendu compte de mon mal être. La pauvre, elle essayait de m'aider du mieux qu'elle le pouvait et pourtant, rien n'y faisait. Pourquoi devais-je vivre tout ceci ? Au plus je cherchais des réponses à mes questions, au plus elles me paraissaient s'éloigner, emporter dans le tumulte de mes pensées, semblable à des vagues qui engloutiraient un navire déjà brisé. Le seul bon côté, était que la douleur ne m'affectait plus, ou du moins, elle était tellement omniprésente que je m'en étais accoutumé. Etais-je voué à mourir ainsi ? Meurtri par un assaillant sans visage, je m'abandonnais à l'Isthme, parcourant nuits et jours les versants abruptes de ces montagnes que je ne connaissais que trop bien. Pourtant, dans une époque pas si lointaine, je les découvrais avec l'envie et la joie de vivre une existence qui s'annonçait pleine de possibilités. Aujourd'hui, je n'étais qu'une âme errante, cherchant son salut dans le manteau immaculé et glacé qui, avec un peu de chance, finirai par m'ensevelir et me faire plonger dans un repos éternel...

Etait-ce un hasard ? Ou un coup de ce satané destin ? Le fait étant que sans m'en rendre vraiment compte, mes pieds m'avaient mené à un endroit que j'avais juré ne plus jamais fouler. Non loin de la grotte où le domaine se dressait, il existait une falaise, où le Clan y délaissait ses morts. Longtemps je me suis demandé pourquoi nous n'enterrions pas ceux qui étaient tombés. C'était un jour parmi tant d'autres que Dame Fuyu m'expliqua la raison. Elle n'était ni rituel, ni motivé par quelconque croyance, bien au contraire, ce n'était que de la pure logique découlant d'un manque de place évident et d'une volonté de ne pas alerter d'une présence humaine dans ces lieux. Aussi, ne pouvant offrir aucune sépulture à nos défunts, et ne pouvant les garder au sein de la grotte à cause de la putréfaction de leurs chairs, nous nous en délaissions. Je me demandais souvent ce qui était le mieux. Se faire enterrer et laisser son corps se faire absorber par la terre, se faire incinérer et redevenir poussière, ou bien se voir jeter du haut d'une falaise, dans un gouffre sans fond jusqu'à son abîme où nos os s'écraseraient sous l'impacte du sol... Sombre étaient mes pensées, morbide même, au point qu'un instant, j'eus l'idée de rejoindre mes pairs en m'abandonnant à la gravité et aux ténèbres. Mais cela était sans compter ces souvenirs.

Car de tous ceux qui avaient chuté, un seul était revenu. L'âme meurtri par la folie, parlant de milles voix, le corps blasphémé par la présence d'une entité au nom multiple qui s'était manifester sous la forme de serpents de sang. Tout cela, on me l'avait raconté. Comment je m'étais extirper de ma geôle mortel, revenant parmi les vivants telle une bête monstrueuse, comme celles que l'on décrit dans les contes d'épouvantes. Un monstre. C'était tout ce que j'étais, aujourd'hui plus qu'hier, et bien moins que maintenant. Mes genoux cédèrent sous le poids de mon esprit embrumé par la noirceur de mon âme. À deux ou trois centimètres de moi, le vide m'ouvraient ses bras, m'appelant, me promettant la fin de ces tourments insensés qui n'avait de cesse de me plonger dans la pire des souffrances. J'avais mal, pas physiquement, mais intérieurement. Quelque chose en moi voulait ma fin. Pourquoi ne pas le lui offrir ?

Le regard perdu dans les ténèbres, ce n'était que lorsque je sentis le souffle du vent sur mon visage que je me rendis compte de mon acte. J'avais chuté. Laissant la gravité faire son office sur mon corps décharné, je m'abandonnais à la brise qui faisait danser mes cheveux. Tête la première vers une mort certaine, j'avais fermé l'oeil, me laissant profiter de cette instant si doux où l'adrénaline faisant battre mon cœur à tout rompre, contrastait avec une quiétude sereine. J'allais mourir, là où j'aurais dû disparaître il y a de cela des années. Une maigre révolution pour un destin fatalement lié à la mort. Très vite, le soleil et la lumière disparurent, ne laissant place qu'à un océan d'encre noir sans forme. J'avais l'impression que ma chute durait des heures. Et c'était là, perdu dans le temps et dans l'espace que des images vinrent à se manifester.

La douceur de la main d'Etsu et de ses baisers sur mon front. Le goût des maigres mets de Yosa arborant comme toujours son magnifique sourire. Le rire d'Akira lézardant sur les murs de cette grotte où notre amitié était né. Le parfum de Kaori alors que nous dormions accolés l'un à l'autre sur de maigres matelas, cherchant la chaleur lors des nuits de tempêtes... Ma belle Kaori... J'étais sur le chemin pour la rejoindre. Cette simple pensée suffisait à dessiner un maigre sourire sur mon visage. L'idée de retrouver ses bras, son odeur, la candeur de son regard et la pureté de âme me paraissait comme une bien haute récompense au vu de la lâcheté de mon acte. Mais si un vie de tourment signifiait une éternité de bonheur, c'était près d'elle que je m'imaginais vivre la mort.

Cependant, lorsque mon œil s'ouvrit à nouveau, ce n'était pas la délicate voix de la jeune fille qui m'accueillit, mais bien le froid, pénétrant, incisif et mortel qui parsemait mon corps de spasmes incontrôlables. Comment avais-je survécu ? Pourquoi n'étais-je pas mort ? Je n'en savais rien. La seule chose qui me percuta dès mon réveil, c'était la sensation d'être là où je devais être. Comme une évidence, un sentiment de déjà-vu, je parcourais les ténèbres, cherchant une moindre trace de lumière, même vacillante, qui aurait pu éclairer mon chemin. Mais rien. Il n'y avait autour de moi que le néant et une odeur, semblable à celle d'une fleur s'ouvrant aux premières lueurs du printemps. Je mis quelques minutes avant qu'une réminiscence me rappel cette technique si cher à mon âme, qui, bien loin des affrontements les plus barbares que j'avais pu vivre, m'avait permit de gagner le plus ardu de mes combats. Levant la main dans l'obscurité, une Lueur vacillante commença à jaillir de mes doigts, pourfendant l'épais rideau sombre qui m'entourait, découvrant à mon regard une scène des plus magnifique.

Tout autour de moi s'étendait un champ d'Higanbana, dont les pétales rougeoyants avaient réussi à fleurir je-ne-sais-comment, offrant à ma vue le plus beau et le plus triste des spectacles. Avaient-elles amorti ma chute ? Comment étaient-elles arrivés là ? Pourquoi sans soleil, elles avaient réussi à survivre ici bas ? Je ne comprenais pas et en tout honnêteté, cela m'importait peu. J'étais simplement ébahit devant autant de beauté, si bien que je me demanda alors si dans le fond, je n'étais pas tout simplement mort et que, ces plantes, étaient juste là pour me montrer le chemin jusqu'aux Enfers où m'attendait mon jugement.

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Re: Yamata-No-Orochi Mer 23 Sep - 18:48
Chinoike Tsumi

L'Ascension du Dragon de Sang

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the pieces up »



In Memoriam - John Trevor

Acte Troisième - Part I
Pieces


Perdu dans les limbes de ce gouffre, je m'abandonnais à l'obscur horizon, tentant de trouver vainement une fin à ce jardin rougeâtre qui s'étendait infiniment sous mes pieds. Comment en étais-je arrivé là ? Mais surtout, pourquoi ? Je me rappelais pourtant avoir chuté, inlassablement, encore et encore pendant de longues secondes qui m'avaient paru des heures. Et malgré cela, je me retrouvais... vivant. C'était à n'y rien comprendre. Rien ici n'avait de logique, ni même de raison d'exister. Au plus le temps semblait défiler et au plus mon esprit se noyait dans la folie, se laissant frapper par une multitude de questions auxquels rien ne voulait répondre. Pourtant, je continuais de marcher, me laissant plonger plus profondément dans cette infinité inconnue, souhaitant au plus profond de mon âme, comprendre, pourquoi j'étais ici.

La réponse jaillit devant moi comme un éclair pourfend la nuit. Je n'avais aucune certitude sur le temps que cela m'avait prit et pourtant, perdue entre deux parois de glace, à peine dévoilée par un faible rayon de lumière, elle m'apparut. Faite de bois vieilli dont les couleurs avaient disparus, surplombé par un toit où les morceaux manquant étaient légion, une maison se dessina sous mon regard ébahit. Comment pourrais-je la décrire ? Elle était vieille à n'en pas douter, les matériaux qui la composait semblait prompt à céder à tout moment. Pourtant, malgré la vétusté du lieu, il s'en échappé quelque chose de plus profond que l'obscurité l'entourant. Comme... Une certaine mélancolie mais surtout, une profonde tristesse.

Précédée d'un Tori brisé, cette demeure était entouré de roses blanches, contrastant énormément avec le rouge vif des Higanbana qui m'avait accompagné jusqu'à cet endroit. Doucement, je passais l'immense édifice dont le temps avait rompu les articulations, ne laissant plus qu'un amas de bois grisâtre. Et c'était là, à ce moment précis, que je la vis.

Perdue au milieu du champs de fleurs immaculés, la Nymphe silencieuse me faisait face. De toute sa beauté, elle semblait m'attendre, plongeant son regard dans mon œil unique avec, comme toujours, ce léger sourire remplit d'une tristesse à damner les cieux. Délicatement, elle tendit la main vers moi, libérant un pan de sa robe qui se mit à virevolter, laissant apparaître quelques morceaux de sa jambe dont les courbes parfaites étaient teinté d'une pâleur réfléchissant la lueur fantomatique dans laquelle tout semblait baigner. D'un pas incertain, je m'approcha d'elle, essayant au plus qu'il m'était possible de n'écraser aucune plante sur mon passage. Pourquoi ? Car quelque chose, au fond de mon âme me disait de ne rien altérer à la pureté de ce lieu. Comme si, inconsciemment, je savais que j'étais en un lieu sacré, bien qu'oublié des dieux eux-mêmes. Et lorsque enfin, j'arrivais à sa hauteur, je pu contempler avec plus de détail la grandeur et la magnificence de la Belle, dont les traits du visage semblaient avoir été sculpté par la beauté en personne. Cependant, malgré cela, c'était de lourdes larmes qui s'écoulaient de ses yeux dont l'iris était teinté d'un noir profond, faisant tomber mon âme dans cet abîme, sans me rendre compte qu'autour de nous, les roses blanches s'étaient changé en Higanbana dotés d'un rouge rappelant la couleur du sang.

Délicatement, elle m'attrapa la main, la posant sur sa joue glacé où des larmes continuaient de perlés, se frayant un chemin entre mes doigts pour s'échapper vers le sol, occasionnant la transformation de nouvelles roses. Paisiblement, elle posa son autre main derrière ma tête, la faisant basculé en avant après l'avoir attiré vers elle, et y déposer, dans un moment hors du temps, ses lèvres sur mon front... Je mis du temps avant d'accepter cet acte. C'était la première fois que la Muse me permettait de la toucher, mais aussi qu'une des ombres s'adonnait à autant de bienveillance envers moi. Et bien que Batsu fût la seule de mes démons intérieurs à qui j'octroyais une certaine affection, un tel élan de bonté me perturba, avant de me laisser complètement aller à elle, profitant de ce moment unique de tendresse.

L'oeil fermé, je me vis partir au loin, comme basculant dans l'inconscience, je laissais mon âme et mon cœur vaciller à leurs bons vouloir. Les lèvres pulpeuses de la belle étaient froide et pourtant, une certaine chaleur s'y dégageait, m'enveloppant dans une douce couverture chaude, comme lorsque je me lovais dans les bras de l'être aimé. Je ne sais dire, combien de temps je resta ainsi. Peut-être quelques secondes, peut-être des heures. Mais ce qui était sûr, c'était que j'étais inconscient de ce qu'il se passait vraiment autour de moi. Je m'étais laissé envoûter par la muse de la tristesse, qui peu à peu, extirpait la vie de mon cœur, vampirisant mon âme, le laissant sombrer dans des illusions de douceurs, me forçant à rester bloquer dans cette certitude que tout allait pour le mieux, alors qu'en réalité, elle se délectait de ma force vitale, vidant mon corps de son sang et de son chakra peu à peu alors que son corps s'était scindé en deux, laissant apparaître un trou béant dont la noirceur aspirait la moindre lumière de mon être.

J'étais voué à disparaître. Et avec le recul, je crois que j'en avais conscience. Même bercé par le mirage dans lequel elle m'avait plongé, quelque chose en moi savait que j'étais entrain de sombrer dans le néant. Et pourtant, j'étais loin d'en avoir peur, à dire vrai, j'y trouvais une certaine... libération. Après tout, cela faisait des jours et des nuits que mon esprit me plongeait dans des tourments sans fin, m'empêchant de dormir, bloquant mes réflexions, me poussant à la paranoïa alors que le manque de sommeil me coupait toute envie de manger. Dans un cas ou dans un autre, la mort était la seule finalité à tout ceci et à dire vrai, j'étais content quelque part, que ma fin se déroulait ainsi. Sans douleur, l'esprit perdu dans des songes, loin de toute souffrance, à milles lieux d'imaginer que dans quelques secondes, je donnerai mon dernier souffle. J'avais envie de la remercier, de la prendre dans mes bras et de déposer mes lèvres sur les siennes. Non par vice, mais bien parce que j'étais heureux de pouvoir en finir aussi paisiblement...


« Alors c'est tout ?... Tu vas te contenter de te laisser bouffer par ta tristesse sans te défendre ? Je trouve ce dénouement un peu trop facile, même pour toi !... Allez, il est temps que tu retrouves la lumière ! »

Perdu dans le néant de mes songes les plus sombres, sa voix venait d'éclairer mon chemin. Combien de temps cela faisait-il que je n'avais pas entendu cette douce mélodie ? Une éternité, peut-être plus ? Allez savoir. L'important étant qu'à l'écoute des premières notes, mon cœur se mit à battre plus fort, éveillant en moi ce désir de vivre une seconde de plus pour pouvoir la voir et peut être, enfin, pouvoir lui dire tout ce que je pouvais ressentir pour elle. C'était sans compter mon œil qui, perdu dans les illusions de Batsu, n'arrivait pas à voir la chevelure d'or tombant en cascade sur le visage si parfait de mon amour perdu.

Allais-je me laisser emporter ainsi ? Si proche de pouvoir revoir cette personne si chère à mon cœur ? Etait-ce donc trop tard pour moi ? J'avais sombré, trop profondément sans doute, et toute la volonté du monde paraissait insuffisante pour m'extirper des bras de la Nymphe dont l'emprise avait été total.


« Allez, un peu de nerf ! Je t'interdis de mourir dans les bras d'une autre que moi ! »


Ces paroles, ce timbre de voix, cette franchise qui s'écoulait de ses mots sans filtre aucun. C'était bien elle. Elle était là, aussi improbable que cela pouvait paraître, je pouvais la ressentir, comme une flamme ardente prenant naissance au creux de ma poitrine, prenant à chacune des syllabes produites par sa bouche, plus d'ardeur et de ferveur encore. Qu'importait ma vue, je cherchais maintenant à me démener. Difficilement dans un premier temps, cherchant des points d'accroches, me battant contre ce vide qui m'étouffait et m'empêchait de voir la femme pour qui j'avais ouvert mon cœur. Il n'en était pas question. Pas aujourd'hui. Pas maintenant... Et pourtant... Je sentis mon esprit vaciller. Il était trop tard. Je plongeais amèrement dans les ténèbres, le cœur meurtri par l'envie de la revoir et la déception de ne pas avoir eu la force d'y arriver...

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Re: Yamata-No-Orochi Jeu 1 Oct - 10:56
Chinoike Tsumi

L'Ascension du Dragon de Sang

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Acte Troisième - Part II
Pieces


Aveugle à ce qui pouvait m'entourer, je me sentais tomber de plus en plus profondément dans ce gouffre de ténèbres sans fond. Etrangement, je ne ressentais aucune crainte, ni angoisse à cette chute qui me semblait infinie. Comme si les ténèbres autour de moi m'enveloppaient d'un voile chaud et agréable. Comme si de voir ma fin venir, apportait en mon cœur une certaine quiétude. Pour moi, mon destin était déjà tout tracé. Je repensais à ceux que je laissais derrière moi, aux promesses que je ne tiendrais jamais, à ces personnes que je ne verrais plus et au vide infime que je laisserai sans doute derrière moi.

C'était alors que je me redressais, portée par une force invisible, comme si quelqu'un ou quelque chose ralentissait peu à peu ma chute, me poussant à me relever face à cette fatalité que j'avais pourtant embrassée. Et sous ce fut sous le couvert de cette nouvelle sensation qu'un sourire se dessina sur mon visage. Ils étaient là, je le savais. Ces choses qui partageaient mon esprit et mon corps, ces entités dont l'apparence abjectes avaient teinté d'obscurité ma vie. Mais ce n'est que lorsque je posa le pied sur ce qui ressemblait à un sol que mon œil s'ouvrit, faisant d'abord face au néant, d'où doucement, apparaissaient leurs corps déformés.


Raelsan - Skread


« Tssssssumi ! Ccccela faisait longtemps mon ami... » siffla Yokubou le serpent de l'Envie.
« Hihihhihihi nous voilà encore face à face ! J'espère que tu es prêt hihihihih » ricana Nikushimi le sourire de la Haine.
« J'espère que cette déconvenue n'importunera pas l'échange que nous apprécierions avoir avec ta personne mon chère. » s’inquiéta Seifuku le crâne de la Conquête.
« Pauvre Tsumi... Si inconscient, si près de la fin, si faible... » murmura Shinda, l'ombre de la Mort.
«  Bientôt...FIN...toute....Histoire. » balbutia Shitto, le lapin de la Jalousie.

Ils étaient tous présent, face à moi, alignés dans un arc de cercle me permettant de distinguer chacun d'entre eux avec une netteté déconcertante. Mon cœur commença à battre plus fort alors que je prenais conscience de ce qu'il s'apprêtait à arriver. Doucement, je chercha mes armes sans arriver à les trouver. Je me fis une raison, si affrontement il devait y avoir, ce ne serait qu'avec ma propre force que j'allais pouvoir me défendre. Cette simple pensée contrastait avec l'acceptation de ma funeste destiné. Il était étrange de voir comment j'étais prêt à l'idée de disparaître, mais pas de succomber à ces démons qui me possédaient. Chassant de mon esprit ces simagrées, je regardais les ombres qui à ma grande frayeur, arboraient tous un œil dont la teinte n'était pas sans rappeler celui du sang.

« Permettez-moi mes frères, de prendre la parole en ce jour de grâce, pour expliquer à notre hôte, les tenants et aboutissants de cette curieuse et au combien plaisante situation... »
« Toi... parler...PAS ! »
« Sssssshitto a raissssson. Voyons d'abord comment il sssss'en ssssort. »
« Hihihihi nous verrons après s'ihihihil le mérite hihihihi. »

« Pauvre Tsumi... Si inconscient...Si seul... Si près de mourir... »
« Ainsi la parole de mes paires s'est fait entendre. »

Je ne vis pas le coup venir. Dans un éclair, Yokubou avait disparu, se frayant un chemin jusqu'à mon bras où ses crocs acérés vinrent se loger, occasionnant une douleur des plus atroces, je poussais un hurlement de terreur alors que tout autour de moi semblait se mouvoir. Je tombais à genoux, tenant mon bras en voyant tourner les ombres dans un tourbillon macabre. La peur s'insinuait en moi, et la peine que je ressentais alors n'était qu'à l'image des pensées morbides qui sévissaient dans mon esprit. J'allais mourir. Cela était aussi certain que le sang qui s'écoulait de ma plaie d'où le serpent avait maintenant disparu. Et lorsque je releva mon regard vers mes tortionnaires, une vision d'horreur s'imprégna dans ma rétine. Face à moi, les bourreaux de ma psyché avaient laissé place à une créature dont les traits étaient en tout point commun avec ce monstre que j'avais vu dans le livre de Susanoo. Des yeux couleurs carmines, m'observant du haut de ses cinq têtes, raccrochées à un corps par de longs cous, dont les sombres écailles laissaient suinter de fins filets de sang. Dans chacune de ses gueules, des crocs acérées me faisaient face, menaçant de plonger sur mon corps à tout moment. Il était gigantesque, magnifique et à la fois terrifiant. Je n'en croyais pas mes yeux et pourtant, se dressait devant moi le dragon de la légende. Telle était ma destinée, survivre, ou périr, face au Yamato-No-Orochi.

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Re: Yamata-No-Orochi Mer 14 Oct - 11:30
Chinoike Tsumi

L'Ascension du Dragon de Sang

« Emotions aren't meant to be used to hurt people...»



Interlude

Main Theme - Fairy Tail

Les coups pleuvaient sur le pauvre corps de Tsumi qui peinait à tout esquiver. Sa vitesse pouvait être impressionnante, mais elle n'était clairement pas à la hauteur face à un ennemi pareille. Ce dragon à cinq têtes qui le toisait s'amusait de lui, l'attaquant, gueule après gueule, ne lui laissant aucun répit pour reprendre son souffle, désirant le dévorer, plonger leurs crocs dans la chair rougit du pauvre Borgne qui ne savait plus comment faire. Comment s'en sortir face à un monstre aussi grand et sans arme ? Perdu dans les ténèbres, son cœur vacillait entre espoir et acceptation de sa triste fatalité. Il était inéluctable que la finalité de cette histoire soit bercé par le doux son du trépas de notre shinobi, qui au plus les minutes filaient, au plus avait du mal à se protéger du reptile.

Il y eut un moment où il se laissa tenter par une attaque de son affinité primaire. Une orbe de foudre aurait sans doute pu mettre à mal la puissante créature, il s'en faisait une certitude. Pourtant, dans ces ténèbres profondes, aucun éclair ne voulu jaillir. Comme si, dans cet espace de néant, rien d'autre ne pouvait exister que le sang et la peine. Destitué de ses armes, le cœur battant à tout rompre, il ne lui restait rien, si ce n'était ses poings et ses pieds et le courage de faire face à ce monstre d'un autre temps.

Alors il combattu, avec ses faibles moyens, il défiait la force colossale du dragon, frappant en retour de chaque attaque, cherchant à chaque seconde un instant de répit pour pouvoir se reprendre, analyser et trouver cette faille, qui lui permettrait de gagner ce combat. Mais rien. Aucune ouverture, ni porte ne semblait vouloir s'offrir à son regard, il n'y avait que la noirceur et la certitude de finir empaler par la myriade de crocs acérés de la bête. Etait-ce donc là la fin du Renégat ? De celui dont le destin se devait d'être exceptionnel ? Celui qui aurait dû unifier les ennemis d'antan sous une même bannière ? Celui qui, sans distinction, acceptait son prochain et les merveilles qu'il pouvait lui offrir ? Celui pour qui, l'Envie et le désir de Conquête des terres de son clan, la Haine désirant la Mort de ceux qui les avaient trahis par le passé, créant une Jalousie face à ce qui était perdu n'avaient nuls impactes dans sa vie, si ce n'était ces ombres qui aujourd'hui le tourmentait ?

Mais surtout, pourquoi se battait-il encore ? Peut-être parce qu'il savait ce que ce Dragon représentait au fond de lui. Il n'était pas le monstre qui sommeillait au plus profond de lui-même, ni même l'image rémanente d'une peur injustifié prenant naissance dans un lointain passé. Il était eux et ce que Tsumi ne voulait jamais être. Toutes ces ombres, avaient naquît le jour où le premier sang fût couler de sa main, lui rappelant jour après jour que chacune de nos émotions, bénéfiques ou non, peuvent engendrer nombres de malheurs.

Et pour le Renégat, il n'était pas question de perdre ce combat. Il était inconcevable pour lui de céder à ces ombres, qui représentaient tout ce qu'il haïssait le plus dans son propre sang, ce qu'il aurait aimé ne jamais découvrir et surtout, avait une chance, encore aujourd'hui, d'y faire face et de se prouver qu'à contrario du jour où il perdit une partie de sa vue, là, il était capable de se contrôler.

Les gueules du Yamato-No-Orochi s'abattaient les unes après les autres sur le corps du jeune homme qui avait de plus en plus de mal à esquiver les attaques incessantes. Pourtant, dans son regard, se lisait une détermination sans précédente, qui eût pour effet d'agacer le reptile qui usa d'encore plus de force. Y avait-il seulement une chance pour que ce combat ne finisse pas tragiquement pour le Chinoike ? Sans doute pas, mais cela ne l'empêchait pas de parer, bloquer, esquiver, échappant à la fatale sentence des crocs acérés... Jusqu'à cet instant.

Le croc perça sa jambe, irradiant son membre d'une chaleur insoutenable, comme si l'on avait planté une lame rougit par le feu dans son muscle et qu'il se mettait à brûler de l'intérieur. Une douleur sans précédent, qui fît s'écrouler Tsumi, tenant sa jambe dans l'espoir de mettre fin à cette peine insoutenable en poussant en même temps sur la gueule immense du dragon pour le faire lâcher. Mais cela ne suffit pas, à la place, il se vit malmener, tirer à droite et à gauche, dans un jeu morbide visant à extirper de long cri de douleur qui brisèrent le maigre silence de ce combat. Il avait mal, et lorsque enfin l'appendice se retira de sa plaie, il constata avec horreur qu'il était dans les airs, prêt à retomber dans la gueule béante du monstre prêt à le dévorer.

Blesser, l'esprit embrumé et le cœur menaçant de rompre ses côtes tant il battait fort, le Borgne se laissa sombrer dans ce cercueil d'écailles et de crocs, fermant les yeux, acceptant difficilement qu'en ce sombre jour, il allait mourir... La gueule se referma sur lui, l'enfermant dans les ténèbres, patientant péniblement que la mort vienne le prendre.

« Tu connais toi la différence qu'il peut y avoir entre deux sourires ?... L'émotion qui l'accompagne. »

Plongé dans le néant, son œil s'ouvrit alors qu'une douce présence chaleureuse se fît sentir dans son dos.

« C'est à cause de ça, que lorsque j'étais petit, tout le monde se riait de moi. Mais tu sais, au fond, je ne leurs en veux même pas. Car c'est eux qui souffrent, pas moi. »

Cette voix, il la reconnaissait....

« Moi, quand j'ai envie de quelque chose, ce n'est pas négatif. J'ai pas Envie de ce que l'autre pourrait avoir tu sais, moi je me contente d'avoir l'envie de rire et de sourire à la vie ! »

il la pensait perdue....

« C'est comme ceux qui se détestent. Comment peux-tu haïr quelqu'un au point de vouloir lui faire du mal ? Si je devais avoir la Haine, ce serait bien contre ça ! »

oublié à jamais...

« Les grands n'arrêtent pas de penser à la Conquête de plus de terres, pourtant, ça ne serait pas plus judicieux de partir à la conquête de notre propre bonheur avant tout ça ? »

et pourtant...

« Non, je n'arrive pas à voir la Mort comme une ennemie... Après tout, elle fait partie intégrante de nos vies ! »

en cette instant...

« Être Jaloux des autres ? Je trouve ça aussi débile que d'être jaloux de l'oiseau qui peut voler ! »

il était là.

Il ferma son œil, laissant un doux sourire se dessiner sur son visage poussiéreux. Le sentir ainsi, si proche de lui, cela n'était plus arrivé depuis des lustres et pourtant, il était là. Cette chose qu'il avait perdu en ce funeste jour, ce petit truc qui faisait toute la différence entre lui et le reste du monde. Cette vision de la vie, qui lui avait valu nombres de remontrances, et qui pourtant, était la seule chose à le plonger dans le bonheur. C'était lui, des années auparavant. Aussi lumineux que l'astre lunaire au beau milieu de la nuit, aussi simple que le mouvement de l'eau qui s'écoule le long d'une montagne, et aussi pure que le bruit des roseaux glissant sous la force du vent.

« Il est temps d'allumer la lumière, qu'est-ce que tu en penses ? »
« Je suis d'accord... Faisons le... »
« Ensemble... »

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Re: Yamata-No-Orochi Lun 19 Oct - 22:47
Chinoike Tsumi

L'Ascension du Dragon de Sang

« I don't want to hurt myself...
Anymore...»




Acte Finale

Blinding Light - The Weeknd

La bête hurlait de rage, tordant ses nombreux cous dans une danse chaotique. Quelque chose n'allait pas, au plus profond d'elle-même naissait une douleur lancinante provoquant son désarroi. Durement, accusant chaque spasme de son immense corps, une des têtes semblait vouloir régurgiter. Après plusieurs minutes à lutter contre cette sensation, un corps s'extirpa de la gueule monstrueuse, provoquant la colère et les cris du Dragon qui pendant quelques secondes fût décontenancé par ce qui venait de se produire. Lui tournant le dos, le Chinoike venait d'atterrir, genou et poing au sol. Pour l'Hydre cette vision était inconcevable. Comment avait-il trouvé la force de se relever ? Comment osait-il lui faire face ? Il n'était pas faible, il était l'une des chimères les plus puissante des ténèbres et pourtant, il était là, comme si de rien était. L'humiliation était insoutenable, au point que sans attendre plus, il envoya une de ses têtes à l'assaut de sa proie.

Mais de l'autre côté, l'homme qui se redressa lentement n'était plus le même. Il avait retrouvé quelque chose qui avait été perdu, une part de lui-même, sans doute la plus belle qu'il soit. Il comprenait alors pourquoi. Pourquoi il avait dû vivre tous ces tourments, pourquoi il avait dû plonger si profondément dans les ténèbres, pourquoi cet être lui faisait face. Lorsque l'attaque survint, il ne chercha pas même à se retourner complètement, interposant juste sa main à l'encontre des crocs acérés de la bête, ce qui, aussi incroyable que cela pouvait être, la bloqua dans son attaque. Le museau du Dragon percuta une sorte de bouclier immatériel, dont seul l'écho de l'attaque arrivait à se distinguer, telle l'onde que provoquait un caillou jeté dans l'eau. Face à ça, la chimère pleine de rage commença à enchaîner ses attaques, se heurtant encore et toujours à cette membrane protectrice, alors qu'un sourire commençait à se dessiner sur le visage de son opposant.

Tentant le tout pour le tout, le monstre élança toutes ses têtes à l'assaut du garçon qui n'avait pas bougé. Et ce ne fût qu'à la dernière seconde, juste avant l'impact, qu'il tourna son visage vers son adversaire, lui dévoilant son œil à la couleur carmine et un sourire d'ange. Le choc eût lieu, provoquant de terribles rafales de vent et d'énergie dans ce néant qu'était leur champ de bataille. L'Hydre usait de toute sa force pour percer cette protection intangible qui se dressait entre lui et sa proie. Ses crocs se resserraient, ses yeux se plissaient, il força sur chacun de ses membres postérieurs, usant de tout ce dont il était capable pour prendre le dessus sur le petit être qui osait encore le défier. C'était à ce moment-là, qu'une chose curieuse se produisit. Comme un mirage qui se dévoilait, chacune des têtes laissa transparaître un de ses démons. Ils étaient tous présent, ces calomnies qui l'avait torturé durant toutes ces années, le plongeant dans la noirceur de ses ténèbres intérieur, l'empêchant de retrouver la lumière qu'il y a quatre ans, s'était évanouis l'espace d'un instant. C'était eux qui l'avait volé et aujourd'hui, il l'avait récupéré... L'espoir.

« Vous ne me faites plus peur démons ! Aujourd'hui, je reprends ce qui est à moi de droit ! »
« JAMAIS ! TU ES À NOUS DESORMAIS ! »

Son œil se referma, guidant un sourire détendu le long de ses lèvres.

« C'est terminé... Pendant trop longtemps, j'ai laissé mes émotions prendre le contrôle de mon existence... »
« TU NE PEUX NOUS BATTRE ! NOUS SOMMES INELUCTABLES ! »
« Je sais... Et je ne veux plus vous combattre... »
« HM ? »
Son œil s'ouvrit à nouveau, laissant apparaître la pupille du Clan Chinoike.
« Aujourd'hui, je vous accepte... »
« QUOI ? »
Le Dragon n'existait plus, le mirage venait de céder, laissant place aux ombres qui tentaient vainement de s'en prendre au Renégat.
« J'accepte la Jalousie qui a animé mon regard lorsque je voyais l'intérêt que d'autres ne me portait. »
Le Lapin de la Jalousie disparu dans un hurlement, aspiré par la main sanguinolente du garçon.
« J'accepte l'Envie, qui a embrasé mon âme lorsque je désirais ce que je n'avais. »
Le Serpent de l'Envie s'effrita telle de la poussière, attiré par la paume du Borgne.
« J'accepte la Conquête qui a brûlé mon esprit lorsqu'à autrui j'ai dérobé... J'accepte la Haine qui a empoisonné mon cœur, lorsque le mal m'a été prodigué ! J'ACCEPTE !... La Mort... qui m'a tout prit... »

Une larme de sang s'écoula de son œil unique, alors que toutes les ombres se faisaient happer les unes après les autres dans le corps de Tsumi. Et lorsque enfin se fût terminé, l'énergie qui l'avait protégé cessa, le laissant tomber à genoux alors que des torrents de tristesses s'écoulèrent sur son visage. Il pleura, longtemps, prenant conscience qu'après toutes ces années dans les ténèbres, le fautif de ses tourments n'était pas les autres, mais bien lui-même. Perdu dans sa geôle, à l'écart du monde, il avait obstrué son esprit, laissant ses émotions prendre le contrôle de sa personne. Mais aujourd'hui, c'était fini, car dans les profondeurs de son âme, il avait retrouvé cette part de lui qu'il avait cru oublié à jamais.

Lorsqu'il reprit conscience de ce qui l'entourait, tout avait changé. Il se retrouva à genoux sur un plancher poussiéreux, dans ce qui semblait être la maison délabré qu'il avait entraperçu avant que Batsu n'intervienne. Plongé dans la pénombre, un faible halo lumineux arrivait à éclairer un bout de la pièce, passant par le trou béant que la chute du toit avait créé. Dans ce cercle de lumière, il put y reconnaître la Nymphe de la Tristesse, arborant comme toujours, le délicat sourire remplit de peine qui la caractérisait tant. Vêtu de sa longue robe noire, elle ne bougeait pas, se contentant de regarder le jeune garçon qui doucement s'éveillait, prenant conscience que son combat n'était pas encore tout à fait fini.

« J'accepte... La Tristesse que l'on a imposé à mon être lorsque je ne désirais que la lumière... »

Cette fois-ci rien ne se produisit. À son grand étonnement, l'ombre resta figé dans le halo, regardant toujours le Chinoike avec le même regard. Ce dernier ne comprenait pas. Pourquoi ne s'était-elle pas fait aspirer comme les autres ? Pourquoi n'était-elle pas comme les autres, transformé en monstre cherchant à la dévorer ? Bien sûr, elle avait déjà réussi à l'absorber une fois, mais là, à ce moment précis, elle semblait si calme...

« Ah Tsumi... Toujours le même problème encore et toujours ! »

L'oeil du Borgne s'ouvrit en grand lorsqu'il vit l'image de Kaori apparaître derrière l'ombre, se posant juste à côté de cette dernière, regardant son ancien camarade de ce sourire pour lequel il aurait pu se damner.

« Tu penses toujours que c'est la faute des autres... Mais tu sais très bien que ce n'est pas vrai... N'est-ce pas ? » lui dit-elle en lui tirant la langue.
« Mais ils... »
« Ils ? Allons, tu n'es plus un gamin ! Tu devrais savoir que nous sommes tous responsable de nos actes... Mais aussi de comment nous nous comportons face à nos erreurs... »
Il serra les dents, basculant sa tête sur le côté, cherchant à ne pas se rappeler à quel point il se sentait fautif de la mort de son amour. De comment il n'avait pu rien faire face à Renard. De comment il avait tout perdu à cause de sa faiblesse.
« Toujours la même rengaine hein ?... » Elle commença à jouer la comédie, caricaturant ses paroles par des actes disproportionnés. « Je suis le pauvre Tsumi, je suis capable de rien, tout le monde est méchant, moi j'voulais être gentil et eux ce sont des méchants bouhouhou. »
Le Renégat regarda la belle, oscillant entre l'étonnement et l'agacement de la voir ainsi se moquer de lui.
« La vérité... » elle arrêta son cinéma, prenant un air un peu plus sérieux mais toujours avec le sourire au lèvre. « C'est que la vie parfois, c'est naze... Mais te laisser ainsi sombrer dans la tristesse à chaque petit problème ce n'est pas une bonne chose... Je sais qu'au fond de toi, tu t'en veux pour ce que tu as fait, mais on ne change pas le passé. Il faut savoir aller de l'avant, que ce soit pour lui, ou pour moi... »

Elle avait raison, il le savait, mais n'arrivait pas à s'y faire. Après tout, on lui avait donné une autre chance, mais malgré ça, il n'arrivait pas à passé à autre chose... Et la concernant, il ne pouvait tout simplement pas, c'était plus fort que lui.

« ...Pardon... »
« Hum ? J'ai pas entendu ? »
« Pardonne-moi... Je n'ai pas été assez fort... J'étais trop confiant, je n'ai pas su réagir assez vite... J'aurais dû être là pour te protéger... »
« Pfff... Non. Je ne te pardonne pas, car tu n'as rien à te faire pardonner ! »
Son œil qui commença a briller de ses larmes s'arrêta soudainement, regardant avec surprise Kaori.
« Tu as fais ton possible et c'est déjà beaucoup... Tu es venue... Tu as cherché à me protéger et tu m'as trouvé... Et je suis heureuse d'avoir pu partir dans tes bras... C'est la plus belle chose qui pouvait m'arriver, mourir en étant aimé par une personne aussi merveilleuse que toi. »
Il n'en croyait pas ses oreilles, cependant, ces mots lui réchauffèrent le cœur. Doucement, la belle se rapprocha de lui, le prenant dans ses bras avant d'apposer un baiser sur son front.
« Maintenant, je veux que toi, tu vives... Ne laisses pas notre histoire ternir la tienne, nous méritons bien mieux que ça, tu ne penses pas ? »
« Oui... » lui dit-il en la serrant dans ses bras, alors que peu à peu, son corps s'effaça, ne laissant derrière elle que quelques lueurs, qui, paisiblement, se faufilèrent jusqu'au cœur de Tsumi pour finalement entrer en lui.

Une douce chaleur naquît en son for intérieur. Bercé par cette émotion nouvelle, il plongea son regard sur le visage de Batsu qui depuis lors, était resté inerte, simple spectatrice de cette pièce où elle n'avait nulle voix. Tranquillement, il s'extirpa du sol de la maison et dans un soupir, il s'avança vers la Nymphe, s'arrêtant à quelques centimètres d'elle comme il l'avait fait auparavant. Il baissa les yeux, puis, dans une dernière expiration, il releva son visage, faisant face à la dernière ombre de son âme.

« Il est vrai, j'ai fait beaucoup d'erreurs et j'en ai payé le prix, je ne sais pas si un jour on me pardonnera ou si même je cherche à l'être... Mais ce qui est sûr, c'est que je ne veux plus ressasser tout ça... Il faut que j'aille de l'avant. Et si pour ça, je dois accepter d'être un meurtrier et d'avoir manqué de force alors... Soit... J'accepte la Tristesse que j'ai causé par mes actes... et en assume l'entière responsabilité... »

Pour la première fois depuis toujours, le sourire remplit de peine de la Nymphe se changea, offrant pour cette occasion unique, un visage rayonnant de joie et de bonheur alors que cette dernière s'évanouissait dans les ténèbres, qui, dans leurs dansent, entrèrent en Tsumi.

Désormais seul parmi les décombres de la bâtisse, il prit le chemin de la sortie, laissant derrière lui la maison délabré, le terne Tori, rebroussant chemin dans le jardin d'Higanbana dont les fleurs semblaient faner après son passage. Et lorsque enfin, il arriva à l'endroit où il s'était réveillé de sa chute, il pencha la tête en arrière, prenant conscience de la hauteur du mur de glace qui lui faisait face. Comment allait-il pouvoir remonter tout cela ? Lui qui n'avait ni ailes, ni la force nécessaire pour espérer survivre à une telle ascension, se retrouvait coincer parmi les fleurs mourantes qui l'entouraient.

Paisiblement, il s'accroupit, cueillant un de ses plantes dont les pétales rougeoyants n'allaient pas sans rappeler la couleur du sang. Dans un mouvement lent, il la porta à son nez, humant avec insistance le parfum de cette dernière avant de la laisser retomber sur le sol, joignant dans un mouvement brusque ses deux mains, provoquant un puissant écho qui fît virevolter nombres de pétales. Son œil s'ouvrit aussi rouge que le sang et illuminant l'espace tel un phare dans la nuit. Et c'est alors que la magie opéra. Les Higanbana qui parsemait le sol glaciale autour de lui se mirent à perler du sang, les privant de leurs couleurs naturelles pour les teinter d'un blanc immaculés, alors que le liquide ruisselait, goutte à goutte, jusqu'au pied du Chinoike, d'où une masse sembla se dessiner, le poussant vers les hauteurs et se détaillant de plus en plus. Au bout de quelques secondes, une patte aux griffes acérés se posa sur la parois de glace tandis que les souffles rauques de bêtes monstrueuses laissaient échapper nombres de voûtes de fumées.

C'est dans un effort infime que le Dragon marqua la falaise de chacun de ses pas, alors qu'une des huit têtes la composant emportait Tsumi dans son ascension. Mètres après mètres, la créature et son maître se dirigeaient vers la lueur du soleil qui semblait fondre dans l'horizon, s'extirpant des ténèbres et de la mort, laissant l'Enfer et la damnation derrière eux, ils parcoururent ensemble les derniers centimètres les séparant du rebord de ce gouffre où le Borgne avait cru mourir. Pourtant, ce n'était pas le cas, pour la deuxième fois de sa vie, il se jouait de la grande faucheuse, retrouvant l'air pure de cette fin de soirée, profitant des derniers rayons du crépuscule, alors que l'Hydre se mit à hurler de toutes ces gueules...

Ainsi fini l'histoire de Tsumi et de l'Ascension du Dragon du Sang.

La Légende de l'Higanbana:

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