Sur les coups de deux heures du matin, Mifuyu se propulsa du capian de son petit navire pour atteindre la terre ferme. Elle venait de poser pied sur l'île la plus à l'Ouest des Trois Sœurs, à peu près à égale distance des villages cachés de la feuille et du tourbillon. La traversée avait pris environ cinq heures et le retour en prendrait autant. Si elle voulait rentrer avant que le village ne s'agite à nouveau dans son tumulte quotidien, elle ne disposait que d'une heure pour conclure ses petites affaires ici. Rester plus longtemps serait dangereux car elle ne pouvait se permettre que les autorités se demandent où elle se trouvait.
Les raisons qui l'amenaient ici étaient macabres bien que nécessaires. La chirurgienne avait l'habitude de s'approvisionner en cadavres pour ses expériences soit à l'hôpital d'Uzushio – chez les patients auxquels personne ne rendait plus visite – ou directement à la DAPHU, avec les "restes" d'expériences précédentes. Toutefois, à l'approche de son renversement, elle avait commencé à se constituer une petite équipe de chercheurs qui, comme elle, étaient guidés par l'ambition de réaliser les prochaines découvertes du monde scientifique. Le clan des progressistes alliés à Mifuyu – il fallait désormais faire la distinction, puisqu'une nouvelle faction s'était déclarée sous la coupe de Gendo – avait donc besoin de plus de matières pour opérer. Des cadavres, des cadavres, et encore des cadavres ! Pour ce faire, la matriarche comptait bien utiliser les fonds que lui avaient accordés le Kage, tandis qu'elle avait mis en place une couverture dans ses affaires légales, à savoir le développement de pilules de chakra.
De l'argent, elle en avait, mais restait à trouver des fournisseurs ! En cas de galère, le marché noir de l'archipel suffisait généralement pour la dépanner. Malheureusement, elle n'était plus sûre de pouvoir faire confiance à ses contacts précédents qui, s'ils s'étaient toujours montrés fidèles, pourraient très bien retourner leur veste s'ils étaient menacés par le Kage ou toute autre source d'interférence. Non, il fallait chercher plus loin. Dans le pays du feu, par exemple. Récemment, la Sorcière avait entendu des rumeurs sur un nouveau vendeur qui savait se faire discret et, disait-on, pouvait fournir en grande quantité. Cet homme là avait donc réussi à garder son existence inconnue au pays du tourbillon jusqu'ici mais, pour une oreille avertie comme celle d'une Omura de génie, ce genre d'informations finissaient toujours par l'atteindre. Ils avaient alors débuté une relation épistolaire – anonyme, bien entendu – et devaient à présent sceller leur accord.
Dans la nuit noire, la Sorcière aurait été aveuglée si cela n'avait été pour cette petite lampe à huile qu'elle avait amenée avec elle. Elle était d'ailleurs accompagné de deux de ses partisans, Omura Ichiro, employé de la DAPHU et Omura Heishi, éphèbe et fils de boucher. Tous deux portaient également une lampe, même si elle suffisait à peine à les guider dans cette brume légèrement soufflée par le vent marin. En dehors de son cercle le plus proche, à savoir Sanada et Hatsumomo, ces deux-là étaient deux de ses soldats envers lesquels elle avait le plus de confiance. Ils étaient tous les deux jeunes et aveuglés par l'admiration qu'ils ressentaient à chaque fois qu'ils la regardaient. Contrairement à un esprit plus affûté et plus âgé, ils ne saisiraient pas la première opportunité pour la trahir.
Ils atteignirent bientôt une petite chaumière dont de la fumée sortait de la cheminée. On pouvait voir de la lumière sous la porte, preuve que son rendez-vous était bien ici et surtout bien à l'heure. Elle regarda la montre qu'elle gardait dans la poche avant de sa traditionnelle blouse blanche. Bon, ils avaient mis onze minutes à rejoindre la maisonnette. S'ils comptaient le chemin du retour, ils disposaient d'un peu moins de quarante minutes pour clore l'affaire. Cela devrait suffire.
Elle donna trois coups consécutifs sur la porte de bois, attendit une seconde, puis frappa deux fois supplémentaires. Tel était le code qui avait été convenu à l'avance. Nerveuse, elle entendit des bruits de pas se rapprocher d'elle. Enfin, la porte grinça et un homme se découvrit.
Et avec ceci ? [feat Mifuyu] Seul, un homme vêtu de blanc attendait son heure, observant machinalement le vide qui s’étalait face à lui. Jouant de ses doigts sur la table en bois, il imaginait la musique enchanteresse d’un instrument dont il pinçait les cordes. La mélodie envahissait son esprit, emplissant l’espace laissé par le silence assourdissant de la nuit, elle vagabondait, de pensée en pensée, sublimant l’attente. Le jeune Kamiko semblait presque dormir éveillé, les yeux vitreux, plongé dans ses propres songes. Il fallait aussi prendre en compte l’heure tardive, les moyens déployés et les plusieurs heures de transport nécessaires pour parvenir dans cette petite maisonnée qui lui servirait de lieu d’échange. Toutefois, il n’était pas nécessairement fatigué, quelque peu éreinté mais avait hâte de conclure un nouveau partenariat commercial – si l’on peut appeler ça comme ça. En effet, la bassesse d’un tel commerce à laquelle s’adonnait le jeune Fumetsu pouvait en révulser plus d’un ; il s’agissait là de vendre, d’acheter, d’échanger parfois, les corps oubliés des uns et des autres, sans famille et sans sépulture. Ou alors, il ramenait, discrètement, le cadavre frais d’une de ses victimes. A vrai dire, il avait cruellement besoin de sujets d’expérimentations et on ne pouvait faire avancer la médecine sans en oublier les conceptions morales que l’on a.
Ainsi, il attendait patiemment, l’esprit tout entier tourné vers l’Art sous toutes ses formes mirifiques, parfois haussant un sourcil dans l’expectative d’un coup frappant la porte de bois. Il n’en était jamais rien, et si quelque chose frappait effectivement le linteau, ce n’était qu’une bête qui rodait à la recherche d’un abri. Parfois, il se levait pour raviver le feu qui rougeoyait dans l’âtre, y plaçant une bûche d’une main experte et délicate, le regard toujours ancré dans la fantasmagorie. Trois coups secs, consécutifs le sortirent brutalement de ses rêveries passagères, il tendait alors l’oreille, sans détourner la tête du feu, afin d’entendre la suite du signal convenu. Deux coups retentirent de nouveaux et le Kamiko s’armait d’un sourire convenu, de circonstance, celui d’un marchand prêt à conclure une affaire déjà réglée par courriers interposés ; une routine commerciale qui n’avait plus de secret pour l’homme de blanc. S’approchant alors de la porte grinçante, il l’ouvrait, curieux de découvrir quel genre d’être abject pouvait bien faire affaire avec lui.
Une femme, à l’apparence jeune, gamine en tous points sauf son air sérieux qui trahissait une vieillesse blasée. Il la connaissait, évidemment, fruit d’un échange désastreux – à défaut d’avoir été quelque peu décevant, voire humiliant par moments -, il s’agissait là de l’Omura la plus susceptible de connaître une recette contre la mort, la vieillesse et l’ennui. Souriant de pleine sincérité, il laissa échapper un rire libérateur et s’écartait pour faire entrer le beau monde qui se présentait à lui.
« Avouons ma surprise de vous voir ici, pour autant la raison de votre présence de m’étonne guère. Entrez donc et mettez-vous à l’aise, nous avons quelques détails à régler. »
Il savait pertinemment qu’une telle situation pouvait être délicate si la prénommée Mifuyu avait la rancune tenace mais il avait décidé de la jouer fine, grand seigneur – comme à son habitude, réellement – taquinant et jouant avec ce fait plutôt que de le considérer comme une barrière. Il espérait, cependant, qu’elle ne rebrousserait pas chemin car il devrait se débarrasser des cadavres cachés ici. :copyright: 2981 12289 0
Omura Mifuyu
Uzushio no Jonin
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La porte s'ouvrit davantage et la lumière vint se refléter dans les yeux de la doyenne, découvrant ainsi l'homme qui lui faisait face. Un rictus inconfortable marqua alors son visage, réminiscence d'une conversation fort déplaisante qu'elle avait tenue il y a à peine quelques semaines. Il était le Jonin de Konoha qui avait profité de l'émulation de l'examen inter-village pour s'introduire dans sa demeure et l'accuser de toutes sortes d'ignominies sous son toit. Elle comprenait un peu mieux, à présent, et ses paroles, bien que toujours autant déplacées, prenaient un tout autre sens. Clients et vendeurs partageaient finalement une vie similaire, interdite et sauvage, mais en tout point excitante. Si elle avait le bénéfice de l'âge pour prendre un peu de recul sur ses actions et les envisager avec plus de modestie, elle comprenait enfin d'où le jeune homme tenait son sourire moqueur et son obsession orgueilleuse. Il était un gamin tout juste lancé dans le milieu, se sentant pousser des ailes jusqu'à croire être capable de rivaliser avec ces humains qui, sous certains regards, se rapprochent même de la divinité. C'est aussi cela, de prendre part à la lutte acharnée contre la mort.
Bien loin de son attitude de la dernière fois, elle lui sourit, amusée. Elle n'aurait pas pensé le revoir de sitôt et surtout pas dans de telles circonstances. Il pourrait bien lui être utile, finalement et, à deux, ils pourraient lancer un mouvement bilatéral qui ferait trembler les tourbillons et la feuille. Si leur accord s'avérait concluant, elle pourrait avoir un soutien de taille au sein d'un village allié. Elle craignait toutefois que sa pédanterie ne lui joue des tours et qu'il expose son affaire de manière stupide.
- Je dois m'avouer aussi étonnée que vous. Je ne pensais pas qu'un homme qui parle tant pouvait également agir, lança-t-elle dans une première réplique cinglante qui donnait le ton de leur conversation à venir. La Sorcière accepta l'invitation et suivit le Kamiko dans la petite baraque. Ils s'installèrent autour d'une table de bois fêlée en son milieu et les deux lieutenants de l'Omura l'attendirent debout, adossée contre le mur le plus proche. Méfiants, ils ne quittèrent pas le Konohajin du regard. Ils ne comprenaient pas d'où ces deux-là pouvaient se connaître et attendaient avec impatience que leur guide leur explique les circonstances de leur première rencontre.
- Déjà, avant de conclure quoique ce soit, puis-je m'assurer de la qualité de votre marchandise ? Où sont-ils ? En effet, avec la première impression que lui avait fin l'individu drapé de blanc, elle aurait besoin de s'assurer de son sérieux d'une façon ou d'une autre. Était-il un guignol ou bien un revendeur sérieux ? Dans la situation où elle se trouvait actuellement, il y avait tant de paramètres et de précautions à prendre en compte qu'il en devenait difficile de réaliser des affaires. La vieillarde ne faisait jamais confiance et encore moins envers un homme qui s'était montré si désagréable dans le passé. Puis-je également savoir d'où ils viennent, et quelles mesures prenez-vous pour leurrer Konoha ?
Cette alliance était donc risquée, certes, mais elle pourrait s'avérer particulièrement fructueuse si les deux parties respectaient leurs engagements. La création d'un réseau entre les deux villages cachés faciliteraient franchement les choses et peut-être même pourraient-ils mener des actions coordonnées. Grâce à cela, elle pourrait berner Uzushio et son dirigeant trop méfiant. Si le partenariat tenait sur le long terme, elle pourrait également l'aider, car elle se doutait bien que ses intentions ne se limitaient pas simplement au commerce. Pas après ce qu'il lui avait montré chez elle.
- Qui aurait pu croire que ces histoires d'alliance entre villages permettraient de développer ce genre de contrats… Ah ! dit-elle, amusée. En revanche, comme il n'était pas dans ses habitudes de se montrer sympathique – encore moins avec un homme si antipathique, elle enchaîna bien vite sur une nouvelle pique. Par contre, jeune homme, si nous voulons travailler ensemble, il faudra vous faire violence pour vous débarrasser de votre ton si condescendant.
De l'orgueil, elle aussi en avait à revendre. Elle approchait de ses quatre-vingt-dix ans et n'avait pas pris une ride, après tout...
Et avec ceci ? [feat Mifuyu] Contrairement à ce qu’il craignait, la vieille femme au corps d’enfant ne s’était nullement offusquée à la découverte du visage du Kamiko, drapé, comme à son habitude, dans ses habits d’un blanc pur. Son sourire s’étirait sur ses lèvres d’autant plus que celle-ci semblait, maintenant, prendre plaisir à le revoir, ce, derrière quelques remarques bien senties et un visage fermé autant qu’ouvert. L’ambiguïté manifeste faisait de cette entrevue la pièce centrale du futur de leur relation ; s’il faisait un nouveau faux-pas, il pourrait dire adieu à deux choses qui lui tenait à cœur, un contrat somme toute lucratif et stratégiquement fructueux ainsi qu’une amitié professionnelle qui pourrait lui apporter une aide pharaonique quant à ses propres recherches médicales. Malgré les apparences, le Kamiko vouait à la doyenne du tourbillon un respect des plus sincères, restait à ce qu’elle trouve la force de lui pardonner son insolence caractéristique d’un orgueil démesuré. Piques et questions impérieuses, elle se plaçait, évidemment, grâce au privilège de l’âge et de l’expérience, comme le chef d’orchestre de cette entrevue, chose que le jeune Fumetsu comprenait et acceptait, laissant couler le poison bileux de la vieille femme, préférant s’intéresser à l’important : la transaction.
Avant de répondre, l’artiste – vendeur de cadavres – s’était installé confortablement, plantant son regard dans celui de son interlocutrice, le même sourire ironique plaqué sur son visage. Il observait les deux gardes du corps de la doyenne, appréciant par la même le rang important de celle-ci ; si elle ne venait pas seule c’est qu’elle possédait un statut bien plus grand que celui de simple jônin réputé de son village. Puis, réfléchissant un temps, le Kamiko se rendait compte de l’absurdité de la situation ; elle n’avait guère tourné talons après l’avoir aperçu, chose étonnante considérant la manière dont la précédente confrontation s’était terminée. Plusieurs facteurs rentraient en considération, ici : peut-être la curiosité la motivait, ou l’idée peu probable de lui offrir une seconde chance, mais sûrement, cela dit, qu’elle avait plus besoin de ce partenariat qu’elle ne souhaitait l’avouer, inconsciemment ou sciemment. Fort aise de ce constat, Fumetsu se rencognait dans son siège, se permettant de paraître bien plus décontracté ; il avait tout son temps et comptait l’utiliser. Finalement, après deux longues minutes de silence, il parlait à travers son rictus habituel, les yeux rieurs.
« Les corps sont entreposés sous froid dans la cave de cette maison. Cela dit, ils sont protégés par quelques sceaux confectionnés par moi-même. Si quelqu’un d’autre que moi y pénètre, ils disparaîtront avec grand fracas, inutile de dire que l’intrus les rejoindra, par la même. Quant à leur provenance et ma discrétion, laissez-moi cette part de secret tout en vous assurant de la qualité des produits et de mes services. Si mon orgueil vous irrite, vous vous apercevrez que j’ai de quoi justifier chaque once d’hubris qui m’anime. »
Ainsi, par sa désinvolture apparente, il laissait traîner quelques menaces sérieuses, peu content de voir son travail, sa fierté, l’œuvre de sa vie bafoué par son allocutaire. Marque même de ceci, il avait ouvert un œil dardant la vieille femme au corps d’enfant tandis que son sourire s’était étiré un peu plus, déformant ses traits dans un masque cruel. :copyright: 2981 12289 0
Omura Mifuyu
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La vieillarde sentit un décalage se former entre eux, comme une crevasse dans laquelle s'engouffrait sans faille l'orgueil de chacun et qui finirait par engloutir les deux personnages s'ils ne se décidaient pas à mettre leur fierté de côté. Lui souriait agressivement, à la façon d'un félin en cage qui percevrait pour la première fois une ouverture vers ce vaste monde et, elle, restait assise sur son siège, plus froide que le marbre. Elle voyait bien que son sourire transpirait d'une malignité animale et que, derrière ses prétendus intérêts commerciaux, il saisirait la moindre opportunité pour la dominer. Elle retrouvait le même regard chez Gendo, simplement camouflé sous un masque différent. De nombreux hommes avant eux, en fait, s'étaient comportés de la même manière. Beaucoup prétendaient être impressionnés par le parcours impressionnant de la doyenne et, pourtant, malgré les qualités évidentes qu'elle présentait, s'imaginaient capables de la renverser car, après tout, elle n'était qu'une femme. Ils se disaient qu'elle ne pouvait pas être si terrifiante, qu'elle ne pouvait pas être si forte. Ils n'ont jamais gagné. C'est cette raison qui la poussait à saluer l'effort du Konohajin pour reprendre le dessus dans cette conversation qui lui échappait – et qui lui avait échappée dans le passé – mais qu'elle ne le laisserait pas faire si facilement. Comme toujours, elle devait prouver à ces hommes qu'elle était plus forte.
Mais, et c'était bien souvent le problème, elle ne devait pas être trop forte non plus. Elle avait besoin de ces cadavres et de l'aide du Jonin de la feuille pour mener à bien sa révolution. C'était un fait. Elle ne savait pas combien de temps il lui restait mais, après la lourde opération qu'elle avait subie, elle se doutait que son cœur avait été meurtri de quelques séquelles graves. Elle avait certes acquis une longévité bien supérieure à n'importe quelle kunoichi, elle n'était pas encore immortelle. Pas encore, car elle avait justement besoin de supports sur lesquels expérimenter pour développer la technique qui la sauverait, puis qu'elle garderait jalousement pour elle, observant les autres dépérir depuis sa fontaine de jouvence personnelle.
Elle prit donc sur elle pendant l'explication du Kamiko. Lui aussi aimait jouer, c'était flagrant. Il avait habilement caché une menace derrière l'exposition de son business, ce qui n'était pas sans lui rappeler une discussion qu'elle avait elle-même eu avec son Kage il y a quelques mois de cela. Elle avait alors appris d'expérience que, si ce genre de menaces pouvaient procurer un plaisir malsain immédiat, celui-ci était éphémère et ne tardait pas à se métamorphoser en inquiétude, voire en paranoïa. Il la mettait en garde, donc. Qu'elle ne s'avise pas d'essayer de lui dérober sa marchandise ou elle ne serait qu'un cadavre de plus à entreposer. Elle masqua un rire léger de sa main droite, amusée. Que cet homme pouvait lui ressembler !
- Bon, très bien. Vous savez, l'âge, ça vous rend un peu parano, dit-elle pour cacher ses inquiétudes derrière une excuse qu'elle trouvait elle-même risible. Mais arrivera-t-elle réellement à lui faire confiance un jour ? Non, bien sûr que non. Il serait d'ailleurs injuste de sa part qu'il le lui demande, car elle ne voulait surtout pas que lui ait confiance en elle. Je me permets toutefois d'insister, ajouta-t-elle, fermement mais sereinement, en même temps que les deux jeunes hommes qui lui servaient de garde du corps ne s'approchent d'un pas de la table. Une menace à peine voilée. Il n'était pas le seul à maîtriser cet art. Pourriez-vous me montrer votre marchandise ? Au moins l'un d'entre eux, pour vérifier leur état. Je peux bien sûr vous attendre ici, je ne voudrais surtout pas prendre le risque de déclencher votre charmant petit piège.
Elle attendit un peu et, avant qu'il ne se décide à se lever ou à lui répondre, elle posa une nouvelle question.
- Si notre affaire se conclut, à quelle fréquence pourrais-je espérer vos livraisons ? Je suis un peu… vorace, plaisanta-t-elle.
Et avec ceci ? [feat Mifuyu] Force est de constater que la vieille femme, dans son corps disgracieusement contrastant sa maturité avec son physique, souhaitait garder, à tout prix, un contrôle parfait de la transaction, et, par extension, de la situation. Cet orgueil, ou cette fierté (dépendant étroitement du point de vue), le Kamiko drapé dans sa dignité et son shihakusho blanc le connaissait que trop bien. Persuadé qu’il s’agissait d’un point de friction terrible entre les deux personnalités – l’un et l’autre n’appréciant nullement les traits psychologiques majeurs de l’un et l’autre -, Fumetsu était prêt à faire quelques concessions afin de permettre à la transaction (et poser les bases d’une future amitié, son souhait le plus sincère) de se faire sans accroc. La ténacité d’une telle doyenne rassurait l’artiste qui s’attendait à un lien fructueux et pérenne, renforcé par l’évidente recherche d’immortalité à laquelle s’adonnait l’enfant au regard d’octogénaire. Constatant, donc, avec amusement, la méfiance et l’insistance – de même que sa propension à la menace (et dont les deux gorilles faisaient office d’appuis) - de la prénommée Mifuyu, le Kamiko souriait avec insolence, encore une fois, face au discours de celle-ci. Cela dit, il ne la provoqua pas, nullement par crainte de représailles quelconques, mais plutôt, comme dit, d’assurer le bien-être de la transaction. Malgré cela, il lui répondait avec un peu plus de mordant qu’il ne l’eut souhaité.
« Inutile de jouer les gros bras, votre physique ne le permet pas. Je m’en vais chercher un échantillon – quel type de vendeur serai-je si je ne vous présente pas un de ces petits bijou. »
Se levant, il regardait d’un regard malicieux les deux gaillards servant de garde du corps, ou de simples apprentis, et leur souriait avec condescendance tandis que son attention fut happée une nouvelle fois par les demandes de la doyenne d’Uzu. Il lui répondait alors, de sa voix suave et arachnéenne.
« Oh… Dès que vous en aurez besoin, vous en aurez. Ma réserve personnelle ne vous intéressera peut-être pas au vu de l’état dans lesquels ils finissent mais j’en ai un stock extérieur – et intérieur - suffisant pour vous alimenter le temps qu’il faudra. Cela dit, tout dépend de vos demandes ; âge, sexe, spécificités particulières et de votre capacité à subvenir, financièrement, au bon déroulement du commerce. »
Sur ces mots, il sortait sans cérémonie ; une trappe se situait sur le flanc droit de la maisonnée, menant à une cave réfrigéré par ses soins. Y pénétrant, il désactivait nonchalamment les pièges au préalablement installés et ne prit pas la peine d’allumer une bougie, la lune éclairant faiblement la demi-douzaine de corps allongés, là, sur des tables polies. Ne perdant pas de temps, il soulevait sans effort le corps d’un jeune homme, finement musclé, trahissant sa profession d’antan, un fermier. Il le remontait, réactivait ses surprises explosives et repassait la porte, son échantillon sous le bras. Le corps était nu, virilité exposée, et retomba avec mollesse sur la table des négociations, devant la sorcière du tourbillon.
« Travailleur, musclé, vingt et un ans, les fibres musculaires dans la force de l’âge, veines saillantes, mort il y a deux jours d’une crise cardiaque, non-réclamé. L’enterrement officiel a déjà eu lieu. Je vous laisse apprécier la qualité d’un tel sujet, à moins que ça ne vous plaise pas. Vous préféreriez peut-être le corps d’une adolescente… »
Souriant d’amusement, la remarque n’en restait pas moins sincère : compte tenu de la singularité du physique de la prénommée Mifuyu, peut-être fallait-il s’intéresser aux corps s’y rapprochant le plus, chose que le Kamiko faisait pour sa consommation personnelle. Ne sachant pas la nature des expérimentations, il ne pouvait qu’assumer des similitudes. Les yeux rieurs, il les laissait balader sur son allocutaire, attendant sa réponse. :copyright: 2981 12289 0
Omura Mifuyu
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Encore le Kamiko la provoquait et encore la doyenne s'énervait. C'était un cycle inlassable. Elle regarda sa montre. Plus que vingt-huit minutes et elle devrait repartir. Vingt-huit minutes, c'était plus que suffisant pour lui prouver qu'elle pouvait jouer les gros bras, contrairement à ce qu'il affirmait. Ainsi, elle ne répondit pas à sa pique immédiatement, mais attendit bien sagement qu'il aille chercher la marchandise. Après, seulement, elle lui jouerait un mauvais tour. Pour le moment, elle préférait se concentrer sur leur accord marchand. Que désirait-elle, au juste ?
"Oh, vous savez, mes demandes sont très variées. Je ne suis pas seule à travailler. En fait, je suis peut-être celle qui travaille le moins, s'amusa-t-elle. Ah ! C'est peut-être ça, d'être sous les feus de la rampe..."
Sans en dévoiler plus sur la teneur de ses recherches - plus par manque d'envie que réelle pudeur - elle regarda le drapé de blanc quitter la pièce. Pour meubler l'attente, elle se mit à rêver de ses expériences prochaines. Cela faisait bien des années qu'elle n'y songeait plus mais, peut-être qu'avec tous ces nouveaux cadavres, elle pourrait reprendre sa quête de la vie éternelle. Elle n'en était déjà plus très loin, après tout. Depuis qu'elle avait amélioré sa technique de greffe à un stade jamais vu auparavant, elle se disait qu'elle était bien mieux armée qu'à l'époque pour y résister. Une seconde opération ne pourrait pas échouer. Un seul problème persistait : elle n'était pas encore chef et n'avait aucunement l'envie d'être bannie du village des tourbillons.
"Les garçons, quoi qu'il arrive après qu'il soit remonté, n'intervenez que si je vous en donne le signal. J'ai bien envie de m'amuser un peu."
Tous deux hochèrent la tête pour lui signifier qu'ils avaient bien compris. A vrai dire, l'avertissement était particulièrement adressé à Heishi, car lui seul savait correctement se battre.
Le shinobi de la feuille arriva, portant en ses bras le corps inanimé d'un homme. Mifuyu l'inspecta brièvement. Musclé, aucune blessure apparente, jeune. "Pour être sûr, il faudrait que je jette un coup d'oeil à l'intérieur, ahah." Aussitôt dit, la vieillarde saisit ses scalpels et fit une large incise sur le torse découvert du produit. Elle écarta sa cage torracique et, d'un rapide coup d'oeil, vérifia que tout était bien là et à sa juste place.
"Il m'a l'air parfait, conclut la doyenne avec une légère pointe d'amertume dans la voix, comme si elle avait souhaité lui prouver qu'il n'était qu'un incompétent. Avant de signer, j'ai une dernière petite vérification à faire."
Lors de leur précédente rencontre, le Kamiko s'était permi une petite démonstration. Cette fois, c'était le tour de la Sorcière. Elle effectua une série de signes incantatoires, les yeux rivés sur son fournisseur. Pendant quelques secondes, rien ne se passa et la pièce resta silencieuse. Elle attira finalement le regard de chacun vers le corps sans vie, toujours disposé sur la table, qui semblait en proie à quelques changements soudains. Il se transformait à vue d'oeil : il devenait plus petit, plus maigre et ses délicates courbes juvéniles se formaient. Ses cheveux poussèrent en carré et, l'instant d'après, la chose se tenait debout. Il s'agissait d'une parfaite réplique du corps de Mifuyu, nue, encore, laissant apparaître l'intégralité de ses cicatrices. Cela faisait bien longtemps que la chirurgienne n'était plus dérangée par la nudité : après tout ce corps n'était pas le sien, mais juste une enveloppe comme tant d'autres auraient pu l'être.
Elle plongea sa main dans sa sacoche et en sortit un petit scalpel, qu'elle tendit à son double. Immédiatement, la chose sur rua à très grande vitesse vers le Jonin de la feuille tandis que l'originale observait le spectacle, les bras tendus et le regard amusé.
- Alors, comme ça, je ne peux pas jouer les gros bras ?
Et oui, la vieille était susceptible.
Récapitulatif combat:
Santé
100%
Chakra
74%
Résumé : Mifuyu transforme le cadavre en clone. Il attaque Fumetsu avec l'éclair de lame. Vitesse S, mais le clone étant plus lent que l'originale, j'imagine qu'on peut compter ça comme un A ?
Et avec ceci ? [feat Mifuyu] Le Kamiko, comme à son habitude, souriait avec malice, observant d’un intérêt redoublé la manière dont la doyenne s’occupait de son patient, maniant le scalpel d’une habilité effroyable. Les yeux rivés sur ce corps, il pouvait apprécier l’expertise, la connaissance érudite de cette femme qu’il respectait, maintenant, abondement. Après des années de recherches autodidactes, il avait mis la main sur un gros poisson, un de ces savants frôlant le génie mortel. Ses entrailles se réchauffaient, peut-être que cette transaction pouvait aboutir sur quelque chose de plus concret qu’un simple échange financier, promesses et autres babilleries inutiles – ou qui n’intéressait guère Fumetsu – mais une relation étroite entre collaboration et amitié.
Cela dit, c’était sans compter sur la susceptibilité de la vieille femme, qui, forcée de reconnaître la qualité de la marchandise, s’entêtait à vouloir prouver sa supériorité face au jeune Kamiko – chose, qui, dans les faits, n’indiquaient qu’un manque de confiance en soi flagrante. Elle s’activait alors, modelant avec brio un clone de chair d’une qualité impressionnante. Haussant les sourcils, toujours souriant, Fumetsu observait le phénomène avec curiosité ne sachant pas réellement ce qu’elle comptait faire. C’est lorsque le corps du jeune homme prit les traits de la sorcière d’Uzu qu’il comprit. Ouvrant les paupières légèrement, perdant son sourire, il regardait avec une haine pure la vieille femme ; elle avait osé ; bien loin d’intimider l’artiste, elle l’avait aliéné.
Sans quitter des yeux la prénommée Mifuyu, il ne réagit pas lorsque la lame du scalpel lui perfora le ventre. La lame n’étant pas assez longue, elle n’infligeait qu’une coupure superficielle. Profitant d’une telle proximité causée par cette attaque soudaine, fatale pour ce cadavre aux traits impies, le Kamiko se permit une démonstration, lui aussi, de ce qu’il en coûtait de le provoquer impunément. Il libérait avec une violence inouïe, emplie d’une haine virulente, usant de ce pauvre clone d’un exutoire à son envie, sa jalousie maladive, son obsession, une quantité innombrable de fils tranchants, stockés sous sa peau, visant à déchiqueter et démembrer l’être honni. Se retirant de quelques pas, rangeant les câbles sanguinolents en son sein, il regardait toujours l’Omura dans une ambiance glaciale.
Sans cérémonie, le visage fermé, son sourire insolent illuminant son visage d’un charisme inquiétant, Le Kamiko drapé dans un shihakusho partiellement déchiré se dirigeait vers la sortie et avant de franchir la porte qu’il ouvrait dans le même temps, répondait à l’injure en se tournant vers les uzujins. « Votre propension à vouloir prouver votre supériorité dans tous les aspects de votre vie vous coûtera cher, aveuglé par une bêtise qui n’a d’égal que votre fierté mal placée. Je ne suis pas un exemple d’humilité, loin de là, mais je sais respecter ceux qui me sont utiles ou semblables et votre susceptibilité m’a fait perdre tout le respect que j’avais pour vous. De fait, la fragilité et l’instabilité émotionnelle que vous portrayez ne me donne pas suffisamment confiance pour un partenariat commercial. »
Un dernier sourire, les mains croisées dans son dos, il se préparait à l’éventualité d’une attaque, ce qui ne l’étonnerait pas.
La vieillarde pensait qu'ils s'amuseraient un peu, que son partenaire de jeu se laisserait lui aussi aller à quelques libertés. Dans le temps, on scellait souvent les accords de cette façon. La reconnaissance mutuelle était primordiale au bon déroulement d'un contrat et, chez les shinobi, cela passait généralement par les démonstrations de puissance. Un peu de rivalité n'avait jamais fait de mal à personne et, au contraire, était moteur de bien des progrès. Malheureusement, et elle s'en rendait compte maintenant, cette époque révolue avait laissé place à l'ère des mollassons et des beaux parleurs, dont elle tenait le parfait exemple entre ses griffes. Les jeunes d'aujourd'hui préféraient combattre verbalement, se donner des grands airs, mais se sentaient froissés à la moindre incartade.
D'abord, sa technique fit sourire Mifuyu, qui applaudit joyeusement sur sa table de bois tout en balançant ses pieds. Elle observa son clone se décomposer et s'écraser sur le sol, cadavre à nouveau. Elle était excitée d'être tombée sur un adversaire avec du mordant. S'il voulait prouver qu'il avait de quoi justifier son orgueil démesuré, c'était le moment. Elle lui répondrait avec la même force. Mais l'homme de la feuille n'en fit rien. A la place, il paraissait visiblement contrarié. La Sorcière n'eut aucun mal à lire dans son regard. Elle connaissait la haine et la force que ce sentiment pouvait conférer, peut-être mieux que personne. Elle qui était souvent en colère savait qu'il fallait du temps pour apaiser cette passion fiévreuse qui vous dévorait de l'intérieur et vous intimait de tout brûler autour de vous, de ne rien laisser. Ah, zut.
Elle tenait à conclure cet accord, certes, mais elle n'avait pas le temps de supporter cela. La faiblesse d'esprit, se dit-elle, est un bien triste défaut. Elle regarda à nouveau sa montre. Il ne lui restait que dix-neuf minutes et son jouet ne voulait plus remplir son rôle. Elle qui avait simplement voulu le taquiner se retrouvait sacrément ennuyée. Oui, elle avait voulu lui prouver sa supériorité, mais n'était-ce pas exactement ce qu'il était en train de faire en essayant de la sermonner ? N'était-ce pas exactement ce qu'il avait essayé de faire tout au long de leurs deux rencontres, particulièrement quand il s'était invité sans peur et sans peine dans son domaine ? Ah, oui, ennuyée, ça elle l'était. Mais elle était aussi fatiguée, bien trop pour se rendre compte qu'elle était fautive.
Elle s'appuya sur ses deux bras frêles pour se relever et descendre de la table. Elle ne bougea pas.
- Ah, ça, je ne m'y attendais pas. Je ne vous pensais pas si sensible. Enfin, bon. Vous n'êtes sans doute pas le mieux placé pour les leçons de respect, mais soit. Puisque vous voulez partir, partez. Ce serait dommage, mais j'ai passé l'âge de courir après les hommes. Elle se retourna vers les deux jeunes garçons qui étaient restés parfaitement silencieux jusqu'à présent. Allez, on rentre, leur ordonna-t-elle simplement.
Tous trois se dirigèrent lentement vers la porte où se trouvait toujours le Kamiko. S'il voulait toujours conclure l'accord, il la retiendrait, mais elle en doutait. Il y avait bien plus de chances qu'il ne l'attaque. Ses cadavres l'intéressaient toujours autant, bien sûr, malheureusement pas suffisamment pour passer au-dessus de sa fierté. Il lui faudrait trouver une autre option pour sa révolution. "Aaaah, faire lever une femme de mon âge à cette heure pour la renvoyer bredouille, quelle irrévérence !" s'exclama-t-elle en passant auprès de lui d'un ton ouvertement désagréable, comme à son habitude. C'était une astuce de vieillarde bien connue que de parler à voix haute de quelqu'un qui se trouvait juste à côté, simplement pour montrer son indignation.
Et avec ceci ? [feat Mifuyu] La vieille femme se levait avec nonchalance, un air faussement peiné sur son visage. Elle avait le don d’irriter le Kamiko, non plus drapé dans son vêtement immaculé, mais drapé dans des lambeaux provoqué par la violence de sa riposte. Il serrait la mâchoire, rien ne l’énervait plus que l’avortement forcé d’accords commerciaux durement négociés. Sortant dans la fraîcheur de la nuit, il jetait un œil vers la cave ; il ne pouvait abandonner les corps ici, un dilemme se présentait à lui : détruire les corps ou les vendre, ravalant, ainsi, sa haine ponctuelle pour la doyenne du tourbillon. Tandis qu’elle passait la porte, dardant l’acidité de ses paroles vers le Kamiko, il ne put s’empêcher de sourire amèrement. Il comprenait évidemment la difficulté de la situation et lui répondit, acerbement.
« Quelle cruauté de gâcher mes belles années de jeune homme pour un fossile cherchant désespérément à survivre, accroché à la vie comme un pauvre à une piécette. » Il ne savait plus quoi penser de la sorcière qui aurait pu être sa partenaire commerciale – si ce n’est plus ; il aurait pu apprendre d’elle, il aurait pu construire une relation des plus fructueuses, regroupant sous un seul égide le progrès absolu, faisant de l’être humain un être parfait, puissant et indomptable. Cette relation tuée dans l’œuf, il lui fallait réviser ses ambitions à la baisse ; peut-être bien plus égoïstement, à l’instar de cette vieille femme aigrie par l’âge. Au lieu de l’universalité médicinale, il pouvait s’intéresser à son propre corps, le transformant pour atteindre son idée déjà bien formée de la perfection absolue. Cela dit, il lui faudrait, de toute façon, un apport financier important pour maintenir à flot ses expérimentations les plus demandeuses en corps. Il refusait de s’infliger des mutilations inutiles tant qu’il existait des risques concrets de ruiner son apparence, aspect sacré pour le Kamiko.
Les yeux rieurs, il attendait, seul – il n’avait pas besoin d’entourage pour se savoir important -, dans le noir de la nuit. Encore hésitant à prononcer ce seul mot qui réduirait en cendre, littéralement, tout espoir de contrat. Haussant les épaules, il décidait de rester sur place, il ferait quelques expériences ce soir… Une rivalité naissait-elle ? Il en doutait. Mais qui savait ce qui se passait dans l’esprit de la doyenne d’Uzu. Un sourire ironique, agrémenté de ce même regard rieur, il observait la petite femme et ses gardes du corps. Malgré tout, il ne pouvait pas s’empêcher d’apprécier le mordant d’une telle personnalité ; les similarités pouvaient éloigner autant que rapprocher.
"Hahahaha !" Elle rit franchement, sincèrement amusée par les paroles du Kamiko. Il lui prouvait une nouvelle fois à quel point il ignorait encore la vérité sur elle. Comment aurait-il pu savoir, de toute façon ? "Vous vous trompez, mon jeune ami. La vie ou la mort, cela fait bien des années que je les ai vaincues." Un jour, elle le lui prouverait pour de bon. Quand elle sera transformée à nouveau, quand elle ne sera plus une enfant, mais pas tout à fait une femme non plus, elle reviendrait pour lui et le serpent engloutirait l'araignée.
C'était peinant de l'admettre, mais les deux scientifiques étaient construits dans le même bois, à la réaction près. Tous deux cherchaient à montrer leur indignation, tous deux avaient besoin l'un de l'autre et pourtant voulaient garder le dessus sur la conversation à tout prix. Ils étaient prêts à gâcher une transaction qui serait fructueuse pour les deux parties au titre de la préservation d'un ego surdimensionné. C'était peinant car c'était cette similarité qui les rendait si incompatibles. Avec un caractère si fort, si tranché, était-il seulement possible de s'entendre ? Probablement pas. La Sorcière aurait besoin d'être réellement impressionnée par le garçon s'il voulait qu'elle le respecte à sa juste valeur. De la valeur, il en avait assurément et elle pouvait le reconnaître, mais ce n'était pas encore suffisant pour émouvoir une vieillarde qui avait déjà tout vu et tout fait. Elle ne changerait pas pour un Konohajin arrogant, aussi doué fut-il. Et ce, même si ses techniques étaient… intéressantes.
Accompagnée de ses deux gorilles – bien qu'il était incontestable que c'était elle qui représentait la plus grosse menace du trio – elle s'éloigna lentement de la barraque de bois et de chaume. Avançant doucement, elle laissait une dernière chance au tisseur de la rappeler. Puis, résignée, elle se tourna une ultime fois vers lui avant de traverser à nouveau la nuit sombre et brumeuse qui régnait sans rival sur les archipels de l'est. Elle le toisait d'un regard froid, distant, bien loin de la vieillarde joueuse qu'elle était encore il y a quelques minutes.
"J'imagine qu'on se reverra. Enfin, si votre arrogance ne vous a pas porté jusqu'au tombeau avant…"
La Sorcière se détourna de lui, regarda une dernière fois sa montre et s'enfonça dans l'obscurité. Il lui restait quatorze minutes pour atteindre sa barque. De loin, on aurait pu jurer l'entendre ricaner.
Le retour jusqu'au village des tourbillons se fit sans encombre, mais sans parole aucune non plus. L'ancêtre ressassait, réfléchissait et maudissait ce malentendu qui l'avait empêchée de conclure ce contrat. Elle avait voulu s'amuser un peu, avait pris le Konohajin pour un joueur, mais s'était trompée. Qui pourrait dire encore quelles conséquences aurait ce débordement ? Quoiqu'il en soit, il lui faudrait trouver un substitut de plan de recherche rapidement, afin de supporter les besoins de ses découvertes récentes. Depuis qu'elle maîtrisait le secret de Fusuke, elle aurait besoin de cadavres pour créer la plus belle des chimères. La vie éternelle était toute près.
Mifuyu transforme le cadavre en clone. Il attaque Fumetsu avec l'éclair de lame. Vitesse S, mais le clone étant plus lent que l'originale, j'imagine qu'on peut compter ça comme un A ?