Two Friends, One Destiny [PV Akira]

Qui y-a-t-il de pire, que de ne pas voir le mal que l'on nous fait ? De croire en une vérité qui n'est que mensonge ? L'espace d'un instant, les réflexions de Tsumi l'avait poussé à se rendre compte que peut-être, du certaine manière, il avait grandi et que ses problèmes passés n'étaient peut-être plus aussi important qu'aujourd'hui. Qu'à l'image de ces murs qui l'avaient retenu pendant trois ans, les limites de son monde s'étaient étendus bien plus loin que l'horizon, ramenant à cette cage sa nature première de simple grotte. Pourtant, les choses ne semblaient pas aussi simple.

Bien qu'Akira sembla vouloir faire de l'humour, le Borgne ne comprit pas vraiment la blague. Si bien qu'il commença à rougir, se confondant en excuse pour l'inquiétude qu'il avait sans doute produit chez son ami alors que dans le fond, il aurait très bien pu gérer cette blessure seul. Mais voilà, l'espace d'un instant, il avait apprécié pouvoir compter sur quelqu'un. Pour la première fois de sa vie, alors qu'il allait mal, il pouvait demander à l'aide à une personne qui lui était cher. Ce doux sentiment, bien que contrasté par la douleur lancinante, valait à ses yeux tout l'or de ce monde. Mais maintenant qu'il y repensait, il se sentait bête d'avoir pousser son camarade à de tels choses. Cependant, il n'eût pas vraiment le temps de s'excuser comme il l'aurait voulu que l'Uchiha commença à parler de choses qui le perturbèrent.

Si au départ, ses mots semblaient anodins, presque anecdotique concernant le passé de l'albinos. Peu à peu, il commençait à comprendre où il voulait en venir. Pourtant, dans sa tête, quelque chose commença à faire obstacle, comme si, au plus profond de lui, quelque chose, ou quelqu'un, lui refusait de croire aux paroles du jeune homme qui, malgré quelques larmes incontrôlés qui montaient à l'oeil de Tsumi, continua son récit. À la fin, le coup d'épée trancha net les pensées du Renégat. Son visage n'était plus qu'incompréhension et détresse. Si bien qu'il chercha autour de lui un point de repère, quelque chose auquel s'accrocher. Il ne voulait pas y croire. Malgré la douleur, il se releva, évitant le regard de son ami, se dirigeant vers la sortie, cherchant à fuir cette fatalité qu'il ne voulait entendre.

Mais lorsque son corps arriva au niveau de cette parois d'où il avait vu Etsu pour la première fois, il s'arrêta net. Des larmes se mirent à couler. D'où venaient-elles ? Il n'en savait rien, il n'avait plus aucun contrôle sur quoi que ce soit. Doucement, il se retourna vers Akira, son œil vibrant d'une incompréhension des plus légitimes. Et malgré son envie de ne pas y croire, il était bien là, devant ce mur qui n'avait rien d'infranchissable. Il avait la preuve devant lui, n'importe qui aurait su trouver la sortie...

« C'est... pourquoi... »

Son visage se tourna vers le sol qui avait connu ses larmes et son sang. Cette grotte qui l'avait vu grandir, pleurer, désespérer et rire aux éclats dans une solitude des plus extrêmes. Ce morceau de terre creusé à même la montagne n'avait rien d'une cage. Bien entendu, le « pourquoi », il en avait la réponse. Depuis son retour au domaine il y a quatre ans on ne cessait de lui rabâcher son crime. Bien sûr, il avait ôté la vie d'un des siens, et ce geste méritait punition. Mais...

« Si je comprends bien... Tu me dis que j'ai passé trois ans enfermé dans cette grotte, parce que quelqu'un m'a plongé dans une illusion... »

Soudain, un prénom naquît dans les ténèbres de sa conscience. Cet homme, avait tous les prérequis à la réalisation d'un tel acte. Cela expliquait pourquoi il vivait si mal sa promiscuité avec leur Intendante, ou pourquoi à l'époque il avait été si aisé pour lui de le plonger dans une illusion alors qu'il ne faisait rien de mal. Mais alors que des sentiments contraires commençaient à enrager Tsumi, son œil se posa sur Akira, ce qui, étonnement, le calma assez vite.

« ...je... je comprends pas de quoi tu parles... c'est quoi cette ...caille ?... Et en quoi un oiseau m'aiderait... »

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L'incompréhension de Tsumi était risible à quiconque connaissait cette arcane pour le moins basique. Mais l'aspect simpliste et incontournable de cette dernière ne l'était que pour ceux qui avaient subit un entraînement académique, ce qui n'était pas le cas du Borgne qui, malgré la légère moquerie de son ami, ne le prit absolument pas mal. À vrai dire, il sentait bien qu'il arpentait un domaine dans lequel il n'avait aucune connaissance, contrairement à Akira qui, de part sa nature et son sang, semblait en savoir beaucoup plus. Mais alors que le Chinoike s'attendait à quelques explications théoriques, il fut décontenancé de percevoir le monde d'une nouvelle manière. La surprise fut moindre cependant, car il n'eût aucun mal à reconnaître l'illusion que l'Albinos avait déjà utilisé auparavant. Bien au-delà de la perturber, il trouvait admirable et quelque peu amusant de voir le monde sous un nouveau jour, mais surtout de voir les traits de son camarade qui luisaient dans les ténèbres.

Un nouveau monde se présentait à lui, pourtant, un simple signe de la main suffit à mettre fin à cette exubérance de couleurs. Une légère déception se fit sentir, alors que la voix d'Akira commençait à expliquer la théorie sur ce qu'était une illusion et sur comment il était possible d'y mettre fin. Cela aurait pu être barbant pour le Renégat qui n'avait jamais été très intéressé par les grands théorèmes, mais il se mit à sourire lorsque la métaphore du Lac revint tout naturellement pour expliquer la forme de cette arcane. Encore une fois, il s'agissait d'une perturbation au sein d'un endroit calme. Ici, il n'était plus question d'image, quoi que dans un certains sens, cela aurait pu. Mais non, petit à petit, il comprenait, bien que cela ne lui paru pas immédiatement comme logique, il arriva très vite à en comprendre le concept et à se l'imaginer.

« Je comprends mieux... »

Mais même si c'était le cas, il ne pouvait s'empêcher de ressentir une certaine douleur. Celle d'avoir été trompé, par quelqu'un qu'il devait sans doute encore côtoyer, qu'il devait voir tous les jours et qui avait agit en toute impunité. Loin de l'envie de vengeance, ce fut un sentiment de trahison qui le prit au cœur, si bien qu'il eut du mal à se concentrer à nouveau, bien que les indications d'Akira était aussi clair que l'eau de ce lac qu'il se devait de troubler pour trouver une issue à ces illusions pour lesquelles il n'était qu'une cible trop facile.

« Non... »

Telle fut sa réponse alors qu'un léger sourire s'afficha sur son visage, son œil plongeant dans le regard de l'Uchiha qui avait usé d'une douceur qu'il ne connaissait que trop peu. Bien entendu, son refus n'avait rien à voir avec son envie, mais bien parce que, à l'image de leur précédent échange, les deux jeunes hommes réagissaient d'une manière différente. Ne voulant donc pas causer une quelconque gêne, le Renégat posa sa main sur celle de son ami, approfondissant le sourire sur son visage alors qu'il délia enfin sa voix.

« Ce que tu me demandes, est exactement la même chose que ce que je t'ai demandé sur le lac... Et même si, je comprends que ce n'est pas totalement identique... Je préfère essayer sur le tas... Après tout, si tu es plus un cérébrale, je suis plus un émotionnel... Les deux parties d'une même pièce. »

Il lui souriait, serrant un peu sa prise sur son épaule avant de l'en libérer, se reculant un peu, prêt à s'armer contre ceux qui lui ont fait tant de mal. Doucement, il roula ses épaules, faisant craquer ses vertèbres comme si cela allait changer quelque chose.

« Je suis prêt, on y va quand tu veux... et s'il te plaît... Vas y franchement. »

Il plongea alors son regard dans celui de l'Uchiha. Etait-il seulement prêt ?

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Les paroles de son ami ne laissaient aucune équivoque à ce qu'il allait vivre. Dans son esprit, résidait la base de cette arcane dont il répéta le signe dans sa mémoire. Il savait qu'en demandant d'y aller à fond, il s'apprêtait à revivre les pires moments de son existence. Pourtant, loin de la crainte viscérale de replonger dans ses ténèbres, le Borgne ne quitta pas le regard de l'Albinos qui vint à se teinter d'un rouge flamboyant. Pendant un instant, il s'amusa à constater que malgré leurs griefs, les deux clans partageaient bien plus de similitude que ses paires ne voulaient admettre. Mais à peine eut-il le temps d'y penser, que déjà, la noirceur commençait à avaler tout ce qui se trouvait autour de lui.

Un sentiment étrange naquît, alors qu'un frisson lui parcouru l'échine. Lui qui était si sûr de lui, commençait à douter, même si au fond, il savait très bien ce à quoi il allait devoir faire face. Peu à peu, il se retrouva seul, enfermé dans ces abysses qui l'avaient vu survivre malgré son état pitoyable de l'époque qui se désagrégeait de jour en jour. Comme un mauvais retour en arrière, les souvenirs ressurgissaient, plongeant peu à peu son âme dans des tourments qu'il aurait voulu ne jamais se rappeler. Pourtant, il le devait et quelque part au fond de lui, il le savait... Même si cet état de conscience commençait à s'évaporer.

Sa respiration s'accéléra soudainement lorsqu'il se rendit compte qu'il n'arrivait plus à se rappeler de pourquoi il était là. Il ne savait plus les raisons, ni les tenants de tout ceci. Ne restèrent qu'une vérité, apprise il y a peu, sur le fait que tout ceci était l'oeuvre de quelqu'un qui lui voulait du mal. Là était sa punition pour le crime horrible qu'il avait commit. Souffrir pour la douleur causé à cet enfant dont la voix, d'abord semblable à un murmure, sembla faire écho aux néants dans lequel le Chinoike se retrouvait. Il sentit ses jambes flancher et le monde tournoyer autour de lui. L'espoir n'avait désormais plus sa place dans ce monde, ne restait que la brutalité et l'amertume de ses propres tourments.

« C'est ta faute... Uniquement de ta faute... » Cette voix qui s'élevait n'était pas la sienne. Il le savait. Que ne fut le nombre de fois où il l'avait entendu. Pourtant, lorsqu'il regarda autour de lui, il n'y avait rien. Pas d'Akira, pas de grotte, pas de monstre. Juste lui-même et les méandres d'un esprit brisé qui retombait avec une facilité déconcertante dans ses propres ténèbres. « Tout est de ta faute. »
Le temps semblait s'arrêter, alors que tournoyait l'écho de ses regrets autour de lui, l'accablant toujours plus, le forçant, pendant des secondes qui lui parurent des heures, à tomber à genoux, les bras le long du corps. Tout semblait distordu, comme manipulé par l'arrogance et le chaos d'un esprit malin qui voulait le voir flancher. Et bien entendu, peu à peu, il y arrivait. Si bien qu'au bout d'un moment, une larme de sang se mit à couler le long de sa joue. Il avait conscience qu'il était seul face à lui-même et que rien, ni personne, ne pourrait le sortir d'ici.

Car devant lui, venait d'apparaître des yeux de couleur rouges...

Une forme presque humaine s'extirpa du néant, alors que son corps semblait être fait de ténèbres. Tsumi avait peur, il connaissait la force de cette chose qui pouvait à tout moment prendre possession de lui. Déjà à l'époque, il avait bien failli, mais Etsu était apparu à temps pour l'en empêcher. Mais aujourd'hui ? Qui pouvait l'aider ? Il est seul. Seul face à sa réalité, seul face à ses actes, ne pouvant échapper une fois de plus, au courroux de cet être impalpable qui, d'une main vaporeuse, fit relever le visage du Renégat, plongeant son regard dans le sien alors qu'un immense sourire s'affichait sur ce qui ressemblait à un visage.

Dehors, Akira pouvait voir son ami à genoux, il avait même pu percevoir la larme de sang s'écouler le long de sa joue. Mais le jeune homme devait aussi faire face à une réalité, c'était qu'il ne pouvait plus l'approcher. Autour du corps du Chinoike, se déplaçait un serpent. Ce dernier n'était pas fait d'écaille, mais d'une matière intangible, dont les crocs acérés laissés entrevoir quelques flash de lumière semblable à des éclairs. Tout autour du Renégat, une pellicule de ténèbres semblait s'être formé, le préservant de toute agression physique, ainsi que de toute aide extérieur.

« Alors... Comme on se retrouve. » Cette voix, il s'en rappelait comme si c'était hier. C'était la sienne, celle de cette mort qui parcourait ses veines et avait cherché à le posséder pendant tant d'années. Elle lui faisait face, en arborant toujours ce sourire des plus viles, tandis que ses yeux se rapprochèrent de sa proie. Tsumi ? Il ne pouvait rien faire, il en avait bien conscience, ou du moins, c'était ce qu'il croyait. Car dans son esprit, il se savait déjà abandonné. Par ses amis, sa famille, ses paires. Toutes ces personnes qui devant lui prétendait l'apprécier mais qui en réalité ne voyait en lui qu'une arme, un simple moyen d'aller de l'avant. Voilà tout ce qu'il était. Une chose. Une bête de foire, à qui tout le monde sourit sans pour autant la considérer comme des leurs. Il n'était rien d'autre qu'un pion pour son Clan. Ce même Clan qui avait et disposait encore de lui à son bon vouloir. Pourquoi s'entêtait-il à croire que les choses seraient différentes demain ? Au fond de lui, il y avait cette vérité, que la chose en face de lui finit par mettre en mot. « Tu n'es rien et ne mérite que de mourir. Abandonne toi... »

Une larme de sang s'échappa de la cicatrice d'où se trouvait jadis son deuxième œil, écartant peu à peu la peau qui commença à se déchirer, provoquant des cris de douleurs qui pour Tsumi, ne firent aucun son. Il avait mal. Mal de voir que cette entité qui lui faisait face avec raison. Que rien de tout ça ne valait la peine de se battre. Qu'il n'était, de toute manière, pas à la hauteur de sa propre existence. Un simple pion, un meurtrier, une arme dont on dispose et un chien que l'on pique lorsque son utilité n'était plus avéré. Voilà comment il se voyait, et comme le monde le percevait. Il n'était pas l'ombre menaçante qu'il aurait aimé devenir, ni cette âme en quête de rédemption qui obtiendrait un jour le Salue. Non. Il était la masse sombre d'un temps oublié, gouverné par les émotions les plus abjectes.

Les pores de sa peau commencèrent à laisser échapper le liquide carmin qui s'écoula le long de son corps. Il ne contrôlait plus rien et c'était comme si son esprit poussait son corps à se détruire. Il n'était rien. Ne serait rien. Et l'immonde forme spectrale qui le préservait de son ami commença à gagner en substance, montrant à l'Uchiha la puissance des cauchemars que le Borgne contenait en lui-même. Des griffes de sang commencèrent à se former autour de ses poings, alors que le serpent qui l'entourait commença à se voir parcouru d'éclairs pendant que le liquide qui s'échappait de sa peau se transforma en ronce sanguine, lui perforant la peau. Il avait mal sans comprendre pourquoi. Il aurait voulu s'échapper, tout en sachant que c'était sans espoir. Et lorsque enfin, il pointa ses propres griffes vers son cœurs, désirant mettre fin à son existence, il put sentir une membrane se former, le préservant de cet acte suicidaire. Les ombres n'en avaient pas fini avec lui et voulait encore le torturer.

Hanté par la Jalousie, la Haine, l'Envie, la Tristesse et la Domination, Tsumi ne savait plus rien. Il ne lui restait, au fond de lui, que l'assurance qu'il était la chose de ces abominations, comme il l'était de ce Clan. Doucement, la nécessite de vivre lui parut sans intérêt, alors que chaque tentative pour mettre fin à toute cette mascarade donnait sur un échec. Il était fini, mais ne pouvait en finir. Que pouvait-il bien lui rester ?

Ce fut à cet instant, que dans son esprit, il sentit une vibration. Une goutte de sang venait de tomber sur la flaque qui grossissait autour de lui, provoquant une onde qu'étrangement, il perçut du bout de ses doigts. Peut-être était-ce son imaginaire, mais lorsqu'il releva les yeux, il se retrouva au bout milieu d'un lac de sang, immergé jusqu'au torse. Tout autour de lui, n'était que ténèbres et liquide rougeâtre. Il tenta de bouger, mais ce fut comme si quelque chose l'en empêchait. Et étrangement, malgré son envie d'en finir qui se faisait monstrueuse, il ressentait le désir de parcourir cette étendue liquide qui s'échappait jusqu'au confins du néant. Mais rien à faire. Son corps ne voulait pas bouger. Il en était incapable, comme bien trop de chose. Pourtant, le désir de se mouvoir le poussa à la colère, le chagrin de ne pouvoir se déplacer commença à créer une sentiment de rancoeur, qui très vite finit par l'envahir.

Au-dehors, Akira ne pouvait assister qu'impuissant à la scène cauchemardesque qui se dessinait devant lui. Son ami, s'était presque transformé en un monstre informe qui cherchait à se libérer de ses entraves. Durant un instant, il avait même pu percevoir le croquis d'une tête de dragon qui pourtant, s'évapora aussi vite qu'elle était apparu. Rien n'allait pour son ami et pourtant, déjà, quelque chose semblait s'améliorer, sans comprendre vraiment pourquoi.

Car toujours enfouis dans les ténèbres au milieu de ce lac, le Borgne commença à résister, forçant sur tous ses membres pour se mouvoir dans cette étendue de sang bien trop calme à ses yeux. Peu à peu, ses bras se mouvèrent, faisant se rejoindre ses mains, qui, par réflexes peut-être ? Formèrent une arcane. Celle qu'il avait toujours utilisé pour rassembler ses forces. Celle qui, dans une ultime impulsion qui lui extirpa un long cri strident, finit par déverser toute sa puissance, créant au sein l'eau calme de terribles vagues se brisant les yeux contre les autres.

Lorsque son œil s'ouvrit, tout avait disparu.

« Qu...qu'est ce qui s'est passé... »
Il plongea alors son regard dans celui de l'Uchiha. Etait-il seulement prêt ?

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La seule réponse que reçu le Borgne fut des plus troublantes. Son ami était face à lui, assit par terre dans une tenue nonchalante, le regardant avec une certaine fierté mais beaucoup de crainte aussi. Tsumi ne comprit pas directement en quoi il avait bien pu dépasser l'homme qui se tenait face à lui. Tout ce qu'il savait, c'était qu'il avait eu de la chance, que les ténèbres avaient bien failli l'engloutir, mais que, alors qu'il s'apprêtait à sombrer, quelque chose lui était venu en aide. Etait-ce son ami ? Kaori ? Ou la pitié de ces ombres qui se déchaînaient de plus en plus souvent en son esprit ? Il n'avait aucun moyen de le savoir à cet instant, ne restait que le silence et les questions qui ne trouvèrent aucunes réponses. Il était face à son alter ego, qui pourtant, pour son bien-être, se mettait à le torturer. Mais ce qui ne le tuait le rendait-il vraiment plus fort ? Il aurait voulu y croire, en avoir la preuve. Cependant, Akira ne voyait pas les choses ainsi...

Une dernière épreuve. Les mots de l'Uchiha semblèrent s'échapper alors que le monde se mit à tourner autour du Renégat, qui, perdu dans ce nouveau tourment, ne se sentit pas partir avant que le monde ne se tinta à nouveau d'ombres dépourvus de lumières. Sa réalité se brisait à nouveau, accablé par les visions d'horreurs de ce passé qui ne semblait vouloir le laisser tranquille. Encore une fois, il se retrouvait face à cet enfant que la mort semblait avoir épargné. Pourtant, encore une fois, son bras se relevait, alors qu'une douleur lancinante le frappait à l'oeil. La même scène, encore et encore, tournoyant comme une girouette dans son esprit, le mettant encore et encore et encore, face à cet instant. Celui où il est devenu ce que son Clan attendait de lui. Le moment où, son cœur, bercé par la lumière et l'espoir d'une vie nouvelle, avait sombré dans les plus viles pêchés de ses paires.

Peu à peu il sombrait, laissant s'écouler comme bien trop souvent des larmes de son œil unique. Résultat de ce vice offrant son origine à tout le mal qui l'accablait encore à ce jour. Mais cette fois-ci, malgré la redondance de tout ceci, quelque chose n'allait pas comme d'habitude. Comme si, à défaut de se faire rabâcher, encore, et encore la même faute, son esprit et son âme s'en était lassé, ne voyant plus que dans cette réalité, une simple scène se passant en boucle. Plus il la regardait, plus il la sentait s'éloigner, jusqu'à ce que, enfin, plus aucune larme ne vienne glisser le long de sa joue. Mais il se devait de faire face, une dernière fois, clôturer ce chapitre de sa vie, laisser derrière lui ses regrets et comprendre, que tout ceci, il n'y pouvait plus rien. Que la seule leçon qu'il devait en tirer, c'était qu'à jamais, il se devait d'être différent.

Ses mains se lièrent presque naturellement, alors que son œil ne quittait pas l'image du petit garçon tombant dans les bras de la mort. Une fois de plus, il suffisait d'une simple impulsion et tout s'arrêterait pour toujours. Ce fut ainsi qu'il ferma les yeux, revoyant la scène derrière ses paupières alors que le son du corps touchant le sol atteint ses oreilles. C'était maintenant ou jamais.

« Un jour, nous nous retrouverons... KAI ! »

Lorsqu'il ouvrit les yeux, son visage était étrangement détendu et son regard se porta sur son ami. Un sourire naquît doucement, alors qu'une dernière larme s'écoulait, tombant jusqu'au sol de la grotte.

« Merci... »

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La nuit plongea les deux amis dans un sommeil bien réparateur. Pour la première fois depuis longtemps, le Borgne s'endormait avec le sourire, la présence d'Akira suffisant à l'apaiser et lui offrir cette petite bulle hors de l'espace et du temps qui suffit bien souvent à deux amis. Au dehors, une lourde tempête hurlait sa colère et pourtant, rien ne sembla déranger les deux comparses, peut-être trop épuisés par les récents événements ? Ce qu'il y avait de sûr, fut que ce déchaînement des éléments n'était pas la sans raison. Car après la tempête vient le beau temps, et la journée qui s'annonçait se devait d'être belle. Ne ressentant plus la présence de l'Uchiha à ses côtés, le Renégat finit par se réveiller, peinant à se mouvoir, le bras encore endolori par cette plaie qui n'irait sans doute pas en s'arrangeant s'il continuait à ne pas s'en occuper. Pourtant, son attention ne se porta pas sur ses maux, mais sur l'ombre en contre-jour qu'il reconnu et le fit sourire.

S'approchant à pas de velours pour ne pas déranger le jeune garçon dans ses pensées, le Chinoike tituba pourtant, frappant dans un petit cailloux dont le choc fit écho dans la grotte, prévenant son camarade de sa présence alors qu'il arriva à son niveau, ne s'attendant pas aux paroles que ce dernier allait prononcer.

Il était question de ne pas rentrer, de rester là, avec lui, dans ces terres gelées que le monde a oublié. De nombreuses questions semblaient le tourmenter, des doutes que le Borgne ne comprenait que trop. Mais à la place de le couper, il s'installa en silence à ses côtés, laissant le flot de paroles s'écouler pour enfin se permettre une réponse.

« Si tu veux rester. Tu peux. »

Les choses ne seraient pas simples au quotidien. Il y aurait une lourde phase de mensonge envers le Clan, mais avec le temps, peut-être qu'Etsu aurait fini par l'accepter ? Les possibilités semblaient infinies et pourtant, le jeune homme n'osait se lancer dans de telles rêveries. Car en son for intérieur et malgré toute l'affection qu'il pouvait avoir pour son nouvel ami, il savait que sa place, pour le moment, n'était pas ici avec lui. D'autres personnes devaient sans doute s'inquiéter pour lui, des amis, des camarades de classes. Tout ce dont Tsumi avait été privé durant toute sa vie. D'une certaine façon, il l'enviait, car si demain il devait partir, celui qui restera seul, c'était bien lui.

« Mais tout les deux, nous savons que ta place n'est pas ici Akira... »

Une légère larme commença à s'échapper de son unique œil valide alors qu'il s'essuyait l'oeil, ne voulant pas que son ami le voit aussi triste face à cette inéluctabilité qui arrivait enfin.

« Pense à tous tes amis. À Hako, Yume et ton professeur dont j'ai oublié le nom. Pense aux plats de nouilles, aux friandises et à la magnifique forêt qui borde ton village... » Il s'était appuyé sur ses bras, le corps légèrement penché en arrière. « Et encore mieux ! Pense à la mémorable douche brûlante que tu vas pouvoir te prendre en rentrant ! Sans compter que je suis sûr que beaucoup de personnes s'inquiètent pour toi. Peut-être pas ton père, ni ta famille, certes. Mais tu sais... »

Il laissa un temps, se demandant si tout ce qu'il s'apprêtait à dire se devait d'être dit maintenant. Mais au lieu d'écouter sa raison, comme l'aurait sans doute fait son ami, il préféra laisser parler son cœur.

« Les liens du sang, ça ne veut rien dire. Tu peux partager son nom, tu n'as rien à voir avec ton père et c'est ce qui te rend puissant Ô Akira, grand sauveur de lapin de l'Isthme ! » Il lâcha un rire, tapant amicalement son épaule contre celle de son camarade avant de reprendre. « Après je dis pas, t'avoir avec moi ici pour toujours ne serait pas pour me déplaire. Faudrait que je fasse passer la pilule auprès d'Etsu mais au pire on pourrait fuir aussi... À ce qui paraît les archipels du Sud sont magnifiques... » Vint un long soupire, le temps de revenir à la réalité avait sonné. « Mais on sait très bien, toi comme moi, que ce n'est pas la bonne solution. Tu ne peux pas fuir indéfiniment, un jour où l'autre, tu devras faire face malheureusement... » Il plongea alors son œil dans celui d'Akira. « Et si c'est la peur de ne pas être assez fort qui te fait trembler, alors soit. J'avais dis que je t'entraînerai non ? Et comme je tiens toujours mes promesses, je vais faire de toi un guerrier des terres glacés en un rien de temps tu vas voir ! » Il lui sourit, détournant son visage vers l'horizon qui était des plus magnifiques aujourd'hui.

« En tout cas, même si ça sonne bizarre... Je suis content que ton père soit un vrai connard... » Il laissa un temps, essayant de ne pas laisser la larme qu'il sentait arriver couler sur sa joue. « Car sinon, j'aurais peut-être jamais su ce que c'est d'avoir un véritable ami... » Il se releva alors, sentant les pleurs arriver alors qu'il tourna le dos à l'Uchiha. « Allez, ramènes toi. Je refuse que tu partes avant que j'ai pu tenir ma promesse. » dit-il alors que quelques des gouttes commençaient à tomber aux pieds du Chinoike.

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Qu'aurait-il pu sortir de son chapeau ? La question restait entière, mais le Chinoike avait déjà une petite idée de ce qu'il allait apprendre à son ami qui resta bloqué sur l'idée de rapporter de la nourriture dans l'Isthme. Et bien que cela pouvait lui réchauffer le cœur, il ne pouvait laisser de côté toute l'amertume de la réalité qui serait bientôt la leur. Car dans son esprit, il savait, qu'à partir du moment où Akira quitterai cette terre gelée, ils ne se reverraient plus avant un long moment, voir peut-être jamais. Telle était la vie des shinobis, qui plus était pour deux êtres venant de Clan que l'histoire opposé. Il aurait voulu rire avec l'Uchiha, mais il n'en avait, ni l'envie, ni le courage dans l'instant, alors que des larmes s'écoulaient péniblement le long de ses joues. Aussi, il ferma les poings, essayant d'aller contre la douleur de cette inéluctabilité qui s’apprêtait à s'abattre sur eux.

« Je n'en aurais pas besoin ne t'inquiètes pas... » arriva-t-il à souffler, espérant peut-être qu'un jour ils pourraient manger côte à côte dans un restaurant de Konoha. « Tout ce que je désire... C'est qu'on se revoit un jour... » murmurra-t-il, ne sachant même pas si ses paroles arriveraient à se frayer un chemin jusqu'à son ami dont les pieds continuez à balancer dans le vide. Se frottant les yeux, tentant de chasser la tristesse qui lui prenait le cœur, Tsumi finit par se retourner. Avançant vers Akira, il se glissa derrière lui, se mettant à genou alors qu'il glissait sa tête sur son épaule. « Tu connais l'histoire de l'Oiseau de Tonnerre ? » lui dit-il en posant ses mains sur ses bras.

« Il y avait autrefois, un oiseau magnifique et gigantesque dont la puissance n'avait d'égale que la bonté qu'il offrait à quiconque l'approchait. Un jour, le Dieu Raijin, appréciant le cœur pur de l'animale, lui offrit les pouvoirs du tonnerre. Pour se faire, il devait réaliser un rituel spécial. Au sein de la terre, inscrire un cercle parfait, au creux de ses mains, tenir une offrande, au fond de son cœur, chanter des paroles divines, avec pour témoin, les êtres les plus purs de ce monde. Un beau jour, l'oiseau demanda l'aide du ciel et réalisa le rituel. De cet instant, il en ressorti des plus puissants. Une puissance, qui le rendit orgueilleux, au point que fier de ses nouveaux pouvoirs, il se pavana devant les autres animaux, bâclant le rituel pour montrer sa divine puissance. Mais Raijin ne l'accepta pas, et pour punir l'oiseau de sa vanité, le força à le servir pour l'éternité... Cette histoire est là pour nous apprendre deux choses. La première, c'est que qu'importe les dons que nous offre les dieux ou la nature, nous devons faire preuve d'humilité. La seconde... » il glissa ses mains le long de ses bras, récupérant les mains de l'Uchiha dans les siennes, leurs faisant faire doucement un arc de cercle. « C'est que pour invoquer la force de Raijin, il faut d'abord, inscrire une unité dans notre cœur, puis, offrir à la nature notre chakra. » continua-t-il en dessinant un yin et un yang dans les airs. « Et puiser en nous la force nécessaire pour faire jaillir sa puissance. » il guida ses mains de par et d'autres de son corps. « Avec pour témoin de la mort, la vie elle-même. »

Deux orbes naquirent de leurs mains jointent, une de chaque côtés de leurs corps. Laissant échapper plusieurs éclairs qui dessinèrent dans les airs quelques arabesques éphémères, avant de prendre la forme d'un oiseau majestueux qui s'évapora dans le ciel ensoleillé de cette belle journée.

« Alors ? Ce que je sors de mon chapeau te plait ? »

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Un léger sourire espiègle, cachant une amertume des plus prononcés alors que le Borgne lâche son emprise, laissant les éléments retomber dans la quiétude qu'imposait l'Isthme du Gel. Bien évidemment, il avait compris comment fonctionnait son ami maintenant, pourtant, la vraie raison de tout ça n'était pas de le garder infiniment avec lui. Non, cette idée, il l'avait chassé il y a bien longtemps en prenant conscience que sa place n'était pas ici, même si elle résiderait toujours en son cœur. La vraie raison, se cachait dans toutes les peines et les souffrances de l'albinos. Le Chinoike voulait préparer autant qu'il le pouvait ce frère qu'il n'a jamais eu, à pouvoir faire face à ses pères sans craindre de devoir subir la même sentence que lorsqu'il l'avait retrouvé.

« Suis-je si prévisible ? » lacha-t-il malgré tout pour ne pas détonner avec l'ambiance un peu détendu, laissant l'Uchiha s'extirper de ses bras avant de commencer à mettre en avant les similitudes de cette arcane avec celle du Raiga. L'esprit analytique du jeune homme fascinait Tsumi, a tel point qu'il resta silencieux, souriant simplement d'une certaine fierté à le voir ainsi réfléchir avec autant de facilité. Très vite, ce dernier créa une simple orbe, demandant l'aide de son ami à contrôler tout ceci, prétextant ne pas vouloir être à la traîne sur le sujet. Bien sûr, le Loup Solitaire hocha la tête avec un grand sourire. Refuser de passer un moment avec lui était inenvisageable.

« Créativité et Logique. Esprit et Corps. Force et Intelligence. Ces facettes donnent l'impression d'être opposés en tout point. Pourtant, comme le feu et l'eau qui s'opposent, ils sont cependant les facettes d'une même pièce. C'est le concept même du Yin et du Yang. » Ses bras commencèrent à bouger, créant des arcs de cercle dessinant le symbole d'unité. « Comme tu dois le savoir, l'électricité réagit de la même manière. Un pôle négatif, un autre positif, tous deux permettant la fluctuation d'énergie. Dans ce cas présent, le but étant de séparer ces deux entités dans chaque main. Comment ?... Ca j'aurais bien du mal à te l'expliquer comme tu as l'habitude de le faire... Lorsque j'ai appris cette arcane, j'ai surtout utilisé mon ressenti, cherchant à mettre d'un côté tout le bon qui sommeillait en moi et de l'autre, tout ce qui pouvait m'accabler... Ce que je te propose, c'est que tu commences à essayer et pendant ce temps, j'essaie de mettre des notions plus concrète sur ce ressentit ? »

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Malgré son désir de bien faire, ou du moins, de vouloir faire plus, Akira sembla vouloir le rassurer. Déjà, il avait été suffisamment explicite pour que le jeune Uchiha se fasse une image mentale de ce qui était attendu. Bien évidemment, la théorie semblait souvent plus simple que la pratique, car au delà du simple double Raiga, il y avait une notion qui rentrait directement en conflit avec la psyché des deux garçons. Discerner le bon, du mauvais, la lumière des ténèbres, n'était pas une chose facile, encore moins pour le descendant du Clan à l'Eventail qui, alors qu'il se tentait à un essai, fut vite prit de court par ses propres ténèbres.

De sa main droite, jaillissait une orbe parfaite, remplit de toute la souffrance et le mal qu'on avait pu lui faire, et de l'autre, ne naquît qu'une faible lueur. C'était prévisible et en même temps, si triste de voir que l'esprit de l'Albinos n'était pas capable de sortir la moindre chose heureuse de son existence. L'essai fut donc un désastre, qu'il coupa court en manifestant un agacement que Tsumi ne pouvait que comprendre. Il devait aujourd'hui jouer sur un terrain dont il n'avait pas l'habitude et pour l'aider, un pauvre Borgne ayant du mal à s'exprimer comme le commun des mortels.

Comment faisait-il lui, pour y arriver ? Lui dont les démons étaient légions et que la vie avait malmené depuis sa plus tendre enfance. Regardant en l'air, le Chinoike se posait la question de savoir ce qui avait fait la différence. La réponse, bien qu'évidente, ne lui apparu pas sur l'instant, le laissant à de lourdes réflexions alors que, à défaut d'autres choses, il finit par hausser les épaules, affichant un sourire amusé à son ami. « Disons que... Je m'en fou. » Devant cette phrase si vrai et pourtant si incomplète, il s'approcha d'Akira, posant sa main sur son épaule gauche, gardant le même rictus alors qu'il plongeait dans l'iris de son camarade. « Ou du moins, j'ai appris à prendre le meilleur de chaque chose... Tu connais le symbole du Yin et du Yang non ? Deux Magatama, noire et blanche, possédant chacune un point de la couleur de l'autre... C'est pas pour rien Aki... Ce simple symbole nous apprend deux choses. D'un côté, que lumière et ténèbres sont les deux parties d'un tout que l'on nomme existence, mais aussi que dans chaque lumière se trouve des ténèbres, et qu'inversement, dans toute ténèbres, il y a une lueur. Parfois, ce n'est pas évident, car tu te dis que le peu de bien qui t'es arrivé c'est à cause de tout le mal qu'on t'a fait... Mais si au lieu de penser comme ça, tu te disais que... C'est grâce à ces maux que tu as pu connaître ceci ou cela ? De la même manière que, si je n'avais pas...ces ombres... Jamais je ne t'aurais retrouvé car c'est elle qui m'ont guidé à toi... Voir le bon dans ce qui te fait du mal est l'ultime épreuve pour atteindre l'accomplissement... »

Laissant le temps à son ami d'ingérer toutes ces informations, il finit par pencher la tête, riant légèrement avant de lui lancer. « Il y a pas une personne sur cette planète qui te fait te sentir bien ? Tu m'avais parlé de ta grand-mère il me semble non ? »

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Il était difficile pour l'Uchiha de prendre conscience des notions qui lui évoquer son ami. N'est-ce pas au fond le problème de tout être humain ? Être capable de voir dans le mauvais, tout le bon qu'il peut en ressurgir. Une notion allant avec celle du laisser-aller. Mais lorsque le contrôle se doit d'être omniprésent, comment faire pour changer ses habitudes ? Si dans un premier temps, le Borgne s'était contenté de garder le silence, la suite fut beaucoup plus détonante. Peu à peu, le jeune homme qui s'évertuait à plonger dans les ténèbres semblait trouver des raisons de sourire. La première surprit Tsumi. Cependant, il le laissa continuer, enchaînant ces petites choses qui au fur et à mesure du temps, nous deviennent si importante. Qui se souvient des grandes victoires à la fin du monde ? Personne. Ne reste que la douceur de ces instants de joies si éphémère parcourant nos vies.

Une odeur, une sensation, un rire partagé avec quelqu'un que l'on aime. Tout prend peu à peu une importance que l'on n'aurait cru et nous offre la force nécessaire de faire face. Comme Akira à cet instant précis. Peu à peu, son visage s'illuminait. Se rappelant la douce odeur de quelques nourritures, de la fierté qu'impose la réussite, son esprit se rendait peu à peu compte de la vérité. Tout n'était pas si noir et surtout, des gens étaient là pour lui. Il énonça Uzu et un certain Sanada. Curieux prénom qui remplit un peu de jalousie le Borgne qui se contentait cependant de sourire. Puis vint la sœur et la meilleure amie. Hako et Yume à n'en pas douter. Et alors qu'il pensait revoir l'intégralité des personnes dont il avait déjà ouï le nom, le Chinoike fut surpris de voir qu'il était le prochain. S'était-il fait un frère ? Pour seul réponse, il lui sourit, appréciant le magnifique spectacle, tout comme l'honneur qu'Akira lui faisait.

Pourtant, le déchaînement d'énergie eut raison de sa conscience. Titubant dans un premier temps, les éclairs prirent fin tandis que le Loup se jeta sur l'Albinos, le préservant de sa chute. Tenant dans ses bras, le jeune homme souriait malgré que son esprit soit parti ailleurs. Avaient-ils réussi à le libérer ? Tsumi lui avait montré une porte qu'il commençait à entre-ouvrir. Le chemin était encore long et pourtant, il savait qu'il était sur la bonne voie... Du moins... Le pensait-il à tord.

Les heures s'écoulèrent et le silencieux Borgne resta là, veillant sur son ami tout en le détaillant de son œil. Dans son esprit, il dessinait la courbe de son visage souriant, préservant l'image au creux de ses souvenirs, conscient que bientôt, il devrait partir.

« Tu as été parfait Akira... Encore un peu d'entraînement et je suis sûr que tu sauras la maîtriser sans tourner de l'oeil. »

Son visage était resplendissant de fierté alors qu'il regardait son camarade avec un large sourire. Oui, il avait comprit et bravé bien des obstacles pour en arriver là, et l'affection qu'il lui portait n'était qu'à l'égale de sa réussite. Et puis, même s'il ne l'avouerait jamais, il y avait la joie des derniers mots. Tsumi s'était fait un ami, un frère d'arme sur qui il pourrait sans nul doute compter. Un premier lien, hors du sang, qui allait changer à jamais toute sa destinée.

Cependant, une ombre vint assombrir le tableau alors que le soleil commençait à se coucher. Le temps avait filé et hors de leurs bulles, le monde continuait d'exister. Une plaie avec laquelle le Chinoike devait faire face. Se relevant, il épousseta sa veste, prenant une grande inspiration avant de plonger son œil dans celui de son ami et frère. Doucement, il s'approcha, se posant au niveau de ce dernier avant de lui poser sa main sur son épaule.

« Continu comme ça Akira... Et tu deviendras un grand shinobi... » Forçant sur la prise sur son épaule, il tira l'Albinos jusqu'à lui, le serrant contre lui alors qu'une larme commença à perler sur sa joue. « Et oui, tu as gagné un frère... » murmura-t-il avant de le délaisser, se relevant pour s'approcher de l'entrée de la grotte. « Mon Clan m'a appelé. Je vais devoir partir en mission et je ne sais pas combien de temps cela va me prendre... » Il se retourna, affichant un sourire. « Si tu veux rester tu le peux bien sûr... » dit-il, même si au fond de lui, il savait, que le temps de dire au-revoir était arrivé. « Prends soin de toi d'accord ?... Ne fait rien de stupide et surtout... Si jamais tu as besoin n'hésite pas à m'appeler... Je serais là. »

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