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Fleur fanée [Sanada ft. Mifuyu]

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Fleur fanée [Sanada ft. La Sorcière]


Uzugakure no Sato
Égouts
Une dizaine d'heures tout au plus avant le début de l'enquête


Fouiller les égouts à la recherche d'un supposé réseau de messagers clandestins. Ridicule. Voilà quelques heures que Miyamoto Mahina se démenait dans les boyaux fétides du village caché des tourbillons. L'odeur était insupportable et seule la fierté dont elle faisait preuve, propre à son clan, l'empêchait de sortir et de couper court à son affectation. Il ne lui restait que quelques tunnels à explorer. Les plus sombres et les plus isolés de la zone. Ils passaient sous le Kagaku no Shinden, le domaine d'Omura Gendo, chef de la D.A.P.H.U, une institution réputée des Omura. En gros, elle marchait dans la fange générée par le numéro deux du clan Omura. A quelque chose près qu'il y avait aussi cette vieille sorcière dont son beau-père lui avait parlé. La protectrice de Sanada apparemment. Cette pensée fit resurgit l'image du jeune sauvage avec qui elle avait effectué de nombreux entraînements. Elle sourit tristement. L'avait-elle aimé? Sans doute. Mais elle était avec Koman maintenant.
Hmpf. Elle chassa ces pensées inappropriées de sa tête et s'engouffra encore plus loin dans le sinistre cylindre à moitié rempli d'excréments. Une chose était sure, aucun réseau de messagers clandestins ne traînait par ici. Pourtant, quelque chose l'intrigua. Un bruit, une lueur. Elle n'aurait pas su quoi dire mais le rejet de substances fluides visqueuses par un tuyau sur sa droite et l'étrange bruit de machinerie derrière ne lui inspira rien qui vaille. En digne héritière du style de l'Ecole de l'Air, elle découpa une ouverture dans le tuyau. Aussi surement qu'elle venait de couper le fil qui la reliait à son destin, elle pénétra dans l'ouverture ainsi crée. Pourquoi avait-elle fait ça? L'atmosphère lugubre, les odeurs, la curiosité? Nul ne le saurait. D'un bond, elle franchit l'ouverture, attirée par un bruit de gargouillement étrange.

Ce qu'elle vit la fit frémir de terreur. Elle se trouvait dans une immense pièce éclairée de néons. Espacés d'environ un mètre chacun, des corps inconscients macéraient dans des cylindres remplis de l'espèce de liquide transparent qui venait d'être rejeté dans les égouts. Un laboratoire apparemment. Interdite, elle eut à peine le temps de se cacher derrière un des tubes quand des scientifiques s'approchèrent d'un des cobayes.

"Son taux d'adaptation est de 86%. Ce n'est pas assez."

"C'est bien moins que ce que nous avions avec X-23 en tout cas. Nous avons pris au moins six mois de retard. Sans Okoso-sama, nous ne pourrons finir avant au moins un an. Prévenez Gendo-sama."

Des gouttes de sueur perlèrent sur le front de la kunoichi. Bordel. Qu'était donc cet endroit? Il fallait qu'elle dégage au plus vite et qu'elle prévienne quelqu'un. Mais qui? Peut-être que ces expériences étaient autorisées? Les pas des scientifiques la firent tressauter. Dégager d'ici en premier. En quelques bonds, elle sortit du lieu par l'endroit d'où elle venait d'entrer.

___________________________________

Quelques dizaines de mètres plus haut.
Kagaku no Shinden.
Le Salon de thé.


Omura Gendo prenait son thé du soir dans le grand salon extérieur. Assis sur un tatami, il dégustait une nouvelle espèce de thé, importée du lointain Pic des Géants. Délicieux. Impeccablement mis dans son kimono de soie, le vieillard entendit les pas derrière lui. Il prit le temps d'inspirer et de prendre une dernière gorgée de thé. La chaleur lui fit du bien.
Dans le fond de la pièce, Soko jouait du violon. L'air s'arrêta quand les deux individus entrèrent dans la pièce. Kei et Kurima. Les deux enfants adoptifs de Gendo-sama. La troisième main et la quatrième main. Elle était jalouse d'eux. Ils étaient bien plus proches de son maître qu'elle ne le serait jamais. Son coeur se serra quand elle vit Kurima enserrer le vieil homme. Pourquoi étaient-ils...

"Un intrus. Secteur deux. A ouvert une canalisation et s'éloigne actuellement vers le port. Menace faible. Que doit-on faire père?"

Quoi? Quelqu'un avait réussi à accéder au secteur 2? Même pour Soko, habituellement froide et impassible, cette nouvelle fit l'effet d'un coup de tonnerre. Le secteur 2 était leur laboratoire de secours, monté pour reprendre la suite des expérimentation du laboratoire qu'ils venaient de perdre. Il ne fallait absolument pas que quelqu'un révèle son existence. Les doigts de Soko se crispèrent sur son archet, manquant de le briser. Gendo-sama ne sembla pas s'en soucier outre mesure. Son regard regardait au-delà de la chair qu'il avait adoptée, au-delà du jardin. Il était perdu dans ses pensées. D'abord le laboratoire X-23, ensuite ça. Les choses allaient plus vite qu'il ne l'aurait cru. Un sourire se figea sur ses lèvres tandis qu'il terminait sa coupe, la reposant calmement.

"Je suis content de vous voir mes enfants mais je n'ai pas de temps à vous consacrer. Occupez vous en à ma place et usez les ressources dont vous aurez besoin."

Le sévère Kei et la douce Kurima s'inclinèrent respectueusement au moment où vieil homme se relevait avec prestance. D'un signe de main, il fit signe à Soko de reprendre son morceau et avança de quelques mètres dans le jardin pour profiter de la fraîcheur du soir. Kei et Kurima partirent, la tête respectueusement baissée jusqu'à la sortie.
Quelle bien belle soirée. La lune rasait l'horizon. Le temps semblait s'être arrêté un instant. Omura Gendo sourit et étendit les bras dans la nuit. Une vie d'attente. Et le destin lui réservait encore des tours. Il éclata d'un rire grave dans l'obscurité. Sans même y penser, il venait une nouvelle fois d'ordonner la mort.

___________________________________

Port d'Uzugakure no Sato
Sortie des égouts


Ambiance:

Mahina sortit des égouts essoufflée. Plein de pensées se bousculaient en elle. Que devait-elle faire? Avait-elle réellement vu tous ces corps? Cet endroit? Sa main se serra sur son sabre tandis qu'elle s'approchait de la jetée la plus proche. Elle avait besoin d'un peu de temps pour réfléchir. Elle n'avait qu'une seule envie, oublier cette journée. Mais elle ne pouvait pas. C'était une shinobi du village d'Uzu. Une Miyamoto de surcroît. Elle avait des devoirs et des responsabilités et ne comptait pas s'y soustraire. Il fallait en parler aux autorités. Mais... Que se passerait-il si tout cela était normal? Elle serait réprimandée et blâmée pour s'être immiscée dans quelque chose qui ne la concernait pas. Devait-elle en parler au clan? Trop compliqué. A Koman. Oui. En parler à son mari était la bonne chose à faire. Il saurait quoi faire. Bien qu'un peu rude, c'était un homme bon au fond. Il saurait la guider et lui conseiller la bonne méthode. Rassérénée, la kunoïchi entendit le tintement lointain d'une cloche de navire.

Elle reprit sa course dans les ruelles du port. Pas un chat à l'horizon. Cela aurait pu lui mettre la puce à l'oreille mais non. Fonçant dans les ruelles, elle se dit qu'elle aurait même le temps de se détendre à la maison un peu. Raconter sa journée horrible à son mari.
Elle ne le ferait jamais. Elle semblait courir depuis longtemps. Trop longtemps en fait. A bout de souffle, elle s'arrêta un instant. Qu'est-ce que? Quand était-elle entrée dans une ruelle? Qu'est-ce que? Une sensation de picotement la traversa. Mahina n'était pas dans son état normal. Non. Quelque chose clochait. Sa conscience s'éteignait peu à peu tandis que ses jambes se dérobaient sous elle. Etait-ce la fin? Au fond d'elle, elle sut. C'était la fin. Ses mains se serrèrent sur son Nodachi tandis que ses yeux se fermaient doucement. Une larme commença à se former sur le bord de ses yeux. L'image d'un homme aux yeux verts se dessinait à elle. L'homme de sa vie. Il caressa sa joue et la prit par la main. Il était temps de partir.

Mahina Miyamoto venait de s'en aller.

En face d'elle, deux individus entrèrent dans la ruelle. L'un d'eux portait un masque d'Oni et avait le gabarit d'un ogre. Le second, une femme masquée, avança jusqu'au corps et hocha la tête d'un air satisfait.

Banyu - Le Dévoreur:

Zheng:

D'une main, le géant souleva le bras qui tenait le sabre de Mahina et s'empara de celui-ci, laissant retomber le bras inerte. Une belle lame. Il allait la faire sienne, en remplacement de celle qu'il venait de briser. Pendant ce temps, son acolyte terminait son oeuvre. Nulle trace. Tout était parfait.
Les deux shinobis repartirent comme ils étaient venus.
Non loin de là, deux ombres veillaient sur le lieu pour que personne ne surprenne quoi que ce soit. Kei et Kurima. Les Âmes Damnées de la Main de la Science. Ils avaient fait en sorte que tout se passe de manière idéale. Personne ne retrouverait jamais de trace.
Il ne restait plus qu'à aller faire leur rapport.

Une vie venait d'être prise au milieu du village d'Uzu.

___________________________________

Une dure tâche attendait désormais Masamune Sanada. Un corps, à peine refroidi. Celui d'une amie, d'un amour perdu. Comment allait-il réagir face à cela? Son jugement allait-il être obscurci par son affect pour la défunte? Tant de questions. Lui seul trouverait la réponse.
D'une part, le corps de la jeune shinobi l'attendait à la morgue. Deux jeunes Genins avaient été mis en faction devant le lieu où le corps avait été trouvé. Deux jeunes Miyamoto fraîchement sortis de l'académie. Le mari n'avait pas encore été prévenu. Son père, bien placé dans la hiérarchie du clan Miyamoto, attendait le résultat de la contre-expertise avant de lui annoncer. Il voulait que les choses soient faites dans les règles. Proprement. L'Ecole de l'Air venait de perdre une disciple bien prometteuse.

Que va donc faire le jeune Masamune? Les possibilités sont multiples et la pilule dure à avaler. La dure réalité du monde vient de le frapper en plein visage. Saura-t-il trouver quelque chose? Classera-t-il l'affaire? Une fleur vient de faner et les graines du destin sont de nouveau plantées. La suite? Dans le prochain épisode.

Parchemin de mission:
         

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Masamune Sanada

Fleur fanée

Ft Mifuyu



Lentement, les yeux de Sanada suivaient la course d'une feuille portée par l'eau. Le ciel pleurait depuis plusieurs jours, comme un signe annonciateur de la funeste nouvelle que le soldat des Cinq venait d'apprendre.
La membrane végétale traversa la rue, croisant la marche de ceux qui n'avaient comme soucis que celui d'éviter le crachat des cieux sur sa bien-aimée.
Mahina était morte.

Les larmes se mêlant à la pluie, le jeune homme relisait le parchemin de mission que les dieux lui avaient confié. Il voulait graver chaque mot, chaque virgule dans sa mémoire. Pourtant plus il relisait, plus cela lui paraissait inconcevable, inacceptable. Elle ne pouvait pas mourir, pas elle. Jashin, le gardien des fils du destin, n'avait pas le droit de lui faire ça, lui qui dévouait sa vie à l'accomplissement de la quête divine qu'ils lui avaient confié au travers de la Pythie.

Le prophète était loin dans son esprit, perdu au milieu d'un brouillard de rancœur et d'incompréhension. Le village et ses stupides traditions lui avaient arraché la Miyamoto, voilà que les cieux dont il se réclamait l'apôtre venaient de le trahir aussi.

Soigneusement, il plia l'ordre de mission en quatre et la glissa dans la poche intérieure de son kimono. Après une prière rituelle qui sonnait, pour la toute première de sa vie, fausse. Il attacha sa cape et se leva.
Avant tout, il se devait de voir de lui-même ce que son âme ne pouvait appréhender. La force du corps faisait plier l'esprit chez les faibles et les égarés, Sanada à cet instant, était les deux.

La sensation des getas qui s'enfonçaient dans la terre rendue meuble lui paraissaient différente. Pourtant, depuis la découverte de son don par la Sorcière, il vivait sous un nuage orageux ou de pluie presque quotidiennement. Mais rien n'était plus comme avant. Les gouttes n'étaient plus ses alliées, êtres éphémères venus le narguer de l'immortalité des divins et de la Nature. Les nuages, normalement hôte d'une partie de son âme, semblaient s'être transformés en remparts infranchissables qui mettaient en lumière ce qu'il avait oublié, trompé par le voile de l'arrogance caractéristique de sa malédiction. Il était un mortel, et jamais, il ne pourrait atteindre la puissance de ceux qu'il servait.

Presque absent, il déplia l'ordre de mission et le tendit à l'accueil de l'édifice Omura qui se chargeait de la préservation des morts avant qu'ils ne reviennent à la terre. De par sa proximité avec la Sorcière, sa tête était plus ou moins connue des membres administratifs du clan, et la jeune femme n'eut donc aucune réticence à le guider vers sa destinée.

Comme dans la majorité des bâtisses du clan médecin accueillant le public, l'ambiance balançait entre l'austère et étincelant, la simplicité de la décoration, réduite au strict minimum, mettait encore plus en valeur la propreté chirurgicale du lieu. Malgré cette promiscuité, la dernière demeure des shinobis morts au village portait dans ses larges colonnes toute la gravité que représentait le trépas dans la vie des hommes.

Sanada avait envie de fumer. Il voulait entendre le crépitement de l'herbe qui s'enflamme, il désirait plus que tout humer le parfum suave des fleurs qu'il cultivait, sentir ses poumons s'emplirent du nectar divin pour enfin expulser la fumée, et le mal qui le rongeait avec.

Mais, songeant à la fois à cela et mille autres choses, il laissait toutefois ses pas suivre l'ombre de la femme en blanc.

La salle pourtant petite lui parut avoir la taille d'un temple.
Des murs blancs venaient vainement habiller son désespoir qui trônait au centre de la salle, belle, calme. Aucun de ses traits si doux ne semblait désarticulé par la douleur. On aurait presque dit qu'elle dormait, souvenir des nuits passées sur le toit végétal. Pourtant, elle était blême. Presque aussi blanche que les murs. Ses pommettes roses, ses lèvres pastel n'étaient plus.
Seule restait l'uniformité, autel du morbide par excellence.

Le choc fut tel pour Sanada qu'il eut un haut-le-coeur, qu'il parvint partiellement à camoufler en prétextant avoir attrapé quelque chose à cause du temps humide de ces derniers jours. Il demanda à être seul et referma soigneusement la porte.

Longtemps, il resta là, debout devant le corps inanimé de la Miyamoto. Il relisait l'ordre de mission, puis regardait Mahina, avant de relire l'ordre. Pourtant, une seule et unique phrase résonnait dans son esprit. Mots bénis de la Pythie.

“Le réel c’est quand on se cogne.”


“Le réel, c’est quand on se cogne”.

Refermant la porte doucement comme s'il n'avait pas voulu la réveiller de son sommeil pourtant éternel, il retrouva la jeune Omura de l'accueil pour demander le dossier de transfert de la jeune femme.

Adresse où on avait retrouvé le corps, inventaire des affaires de la défunte, rapport médical. Rien ne manquait.
Cela ne surprit pas le jeune homme, après tout, c'était un clan qui portait le protocole en très haute estime de par leur religion, la science.

Sanada prit le temps de lire attentivement chaque partie. S'il ne comprit pas la moitié du rapport médical, la conclusion établissait à l'évidence une mort naturelle. Le marteau qu'il avait dans le ventre devint encore plus lourd. Le destin n'avait pas de carotide à trancher.
C'est en relisant une seconde fois l'inventaire des affaires de Mahina qu'il remarqua une chose étrange. Le nodachi de la demoiselle n'était pas mentionné. D'un bond, il se leva.

- Excusez-moi, je vois ici que vous n'avez pas mentionné une arme, un nodachi plus exactement que la victime ne quittait jamais, même pour dormir...selon les dires de son mari ! S'empressa-t-il de conclure.

- Ce qui est marqué là.

- Oui.


- On a trouvé ce qui est marqué là, ce n'était pas une question.

- Donc pas de Nodachi.

- Non, pas de Nodachi.

- Très bien. Gardez-là sans la toucher jusqu'à mon retour. Je vais demander à Mifuyu-sama de venir faire sa propre expertise. j'espère que vous comprendrez. Ce n'est pas contre vous. Je suis sûr que ce cas va intéresser la grande scientifique qu'elle est.

Sanada sortit. Il savait que la simple évocation de la Sorcière jetait un voile de doute sur les plus courageux des Omura. Personne, éthique ou progressiste, n'avait envie d'énerver la Harpie en culotte-courte.

Il prit la route du drame et se présenta aux jeunes gardes dépêchés par le clan de la jeune fille une fois sur place.

- J'ai simplement une question. Mahina était elle en mission lors de sa mort ?

- Je ne sais pas.

- Moi non plus, désolé ! Dit l'autre en s'inclinant.

Le soldat des Cinq avait une idée en tête. Avant d'aller voir son mentor, il se devait de voir l'endroit où la jeune fille avait perdu la vie et l'administration.

Si elle était morte en pleine mission, la thèse du meurtre prenait un peu d'ampleur.

Peut-être allait-il retrouver l'épée et connaître ses intentions juste avant sa mort. Mais, dans une rue étroite des bas-fonds du port, il savait que le moindre marin avait pu s'en emparer juste avant de mettre les voiles vers le continent.

Les autorités allaient-elles lui dire la vérité ? La jeune femme était peut être sur une mission secrète qui dépassait grandement son aura de non clanique et simple genin.

Les chances étaient ridicules, mais c'était la seule chose qui le raccrochait à la raison.

À la vendetta.


Une simple successions de petits entrepôts, de la terre boueuse détrempé par la pluie qui ne cessait de tomber, il n'y avait aucune trace de l'épée ni d'un quelconque lutte. Rien. Mahina n'était pas le genre de femme à traîner dans ce genre de ruelle pour flâner, non. Il voulait croire que les hommes l'avaient tuée. Il voulait croire que les cieux ne l'avaient pas assassinée.

Guider par la flamme de la vengeance, Sanada s'attarda tout de même sur les lieux, à la recherche du moindre indice.
Une fois ses recherches terminées, il se dirigea vers le bureau des missions.

S'il existait, il avait un autre ordre de mission à "collectionner".

Récapitulatif combat:





Mission
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Uzugakure no Sato

Le jeune Masamune venait d'être frappé par la mort. Violemment. Tel un éclair, elle s'était abattue sur sa vie, ne laissant qu'un immense sentiment de vide et d'impuissance. La vie restait bien ancrée en lui tandis qu'elle s'en était allée ailleurs pour Mahina. Injuste? Etait-ce réellement injuste? Pouvait-on blâmer la mort pour son effet? Le débat faisait encore rage parmi certains sages passionnés. Ici, la question ne se posait pas. Ne restait que le déni.

Passer voir la défunte l'engourdit peu à peu. Il balançait entre la mission et le corps immaculé de la Miyamoto devant lui. Que pouvait-il bien se passer dans sa tête? D'autres auraient hurlé, crié, cassé des bouts de leur environnement. Sanada n'était pas de ceux-ci. Inspecter l'inventaire de Mahina lui redonna un peu d'entrain. Une lueur d'espoir commença à poindre au fond de ses yeux. Le sabre. Il manquait le sabre de la jeune femme. L'Omura de l'accueil se fit le plus aimable possible mais elle se raidit en entendant prononcer le nom de Mifuyu. Bien que jeune, ses parents l'avaient avertie de ne jamais s'opposer à la Sorcière comme ils l'appelaient dans le clan. Elle était trop innocente pour savoir de quoi il retournait mais la bonne éducation de ses parents lui fit comprendre qu'elle n'avait pas d'intérêt à se renseigner si ce n'est raccourcir sa durée de vie.

Mifuyu pourrait inspecter le corps. Soit.

Qui était donc cet homme? Trop tard, il venait de repartir. Le Masamune n'avait pas de temps à perdre. Il voulait battre le fer tant qu'il était chaud. La ruelle était donc toute trouvée pour chercher des indices. Le temps qu'il y passa n'aida malheureusement guère. La bruine avait déjà lavé la terre de toutes traces en la transformant en gadoue molle et collante sous les semelles. Le voisinage, voyant des shinobis, avait témoigné. Étrangement, personne n'avait rien entendu dans ce quartier normalement toujours quelque peu animé. Tous avaient souvenir d'une étrange musique dans la soirée mais rien de plus. Chaque seconde passée dans cette ruelle semblait pourtant user Sanada. Mahina était morte ici. Comment? Son coeur s'était arrêté. Au milieu d'une ruelle. Même si cela semblait simple, le lieu et la victime ne collaient pas. Que faisait-elle ici?

Son intuition d'aller voir le bureau des missions fut bonne. Mahina avait effectivement une mission. Simple au demeurant. Enquêter sur un réseau de messagers clandestins dans les égouts. L'information avait tout d'une rumeur mais la Miyamoto avait tout de même était dépêchée sur place. La personne qui avait rapportée ces rumeurs venait du port également. Il s'agissait d'un vieil homme nommé Burai. Alcoolique reconnu, le vieil homme n'en avait pas moins été un garde du corps reconnu dans le temps. Peut-être aurait-il quelque chose à communiquer à Sanada? Un réseau clandestin à Uzu avait peu de chances d'exister, surtout dans les égouts à cheval entre le quartier Omura et le port mais tout était possible. Fallait-il aller jeter un œil? A voir.

______________________________

Uzugakure no Sato
Bureau d'Omura Gendo


Le vieillard couchait sur le papier une missive codée à destination d'un de ses contacts. En face de lui, Kei et Kurima venaient de le saluer. C'était réglé. Tant mieux. L'efficacité de ses deux enfants n'était plus à prouver. Il ébaucha même un sourire. Si Soko avait été là, elle en aurait été jalouse. Ce problème étant résolu, les quelques neurones qui le conservaient l'effacèrent de sa mémoire encyclopédique. Peu de pions se dressaient entre lui et sa destinée. Bientôt. Oui. Bientôt il régnerait sur le clan. L'incident d'hier l'avait forcé à prendre quelques mesures mais rien de grave. D'un signe de tête, il congédia les deux porteurs de mort.
L'heure appelait à un thé. Dommage que Soko ne soit pas là.

______________________________

L'enquête sur le corps et sur les lieux du crime ne donnent rien à première vue. Sanada est dans une impasse. Pourtant, Mifuyu peut venir examiner le corps pour trouver quelque chose que les Omura auraient pu louper. De plus, Mahina était en mission lors de sa mort. Peut-être est-ce lié? L'est-ce vraiment après tout? A voir dans la suite. Et la suite? Dans le prochain épisode.
         
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Le crachin continuait de tomber sur les toits du village. Sanada relisait le petit parchemin qui lui servait d'exutoire pour le trop-plein d'informations qu'il recevait.
Son esprit était encore engourdi par la nouvelle. Il était perdu dans un brouillard intérieur qui l'égarait de plus en plus. Seule une petite lanterne brillait dans ce néant gris. La vengeance du destin. Le hasard n'existait pas pour le soldat des Cinq, et si les dieux avaient guidé la main d'un assassin ou la griffe de Jashin pour tuer Mahina, ils avaient aussi placé l'ordre de mission entre ses mains. La lueur devenait fanal, le message était clair.

Le jeune homme ajusta sa capuche et alluma son calumet. Le clapet qu'il utilisait normalement en mer pour protéger le foyer incandescent refermé, il quitta le porche de la tour du Senkage et retourna vers le port.

En chemin, il tenta de chasser le nuage qui engourdissait ses sens pour pouvoir penser.
D'abord, il y avait eu la disparition du sabre de la défunte, puis, certains habitants de la rue qui n'avaient entendu qu'une musique étrange, enfin, cette mission concernant un réseau de messagers souterrain.
Sanada n'avait que des notions de base en genjutsu, il n'avait reçu que l'enseignement général de la discipline à l'académie. Il savait pourtant que certains sons pouvaient être des vecteurs d'illusions parce qu'il en avait été la victime contre le directeur de l'orphelinat, Shun. C'était une piste hautement improbable pour le jeune homme, la technique qu'avait utilisée le Kudo était puissante certes, mais à mille lieux d'une illusion à même d'ensorceler toute une rue.
Il se promit tout de même d'en parler à un spécialiste en genjutsu du village, au moment opportun. Avant, il se devait de retrouver ce soûlard.

Le pas rapide comme si le corps avait pris l'ascendant d'un esprit malade, incapable de régner, le genin se dirigea machinalement vers les rues les plus mal-famées du port. Il enleva le bandeau qu'il portait autour du cou et s'engouffra dans une ruelle.

Avec ce temps, le sol était spongieux, les quelques échoppes habituellement ouvertes avaient tiré leur rideau pour la journée. Il ne restait que les bars pour marins en manque de beuverie et de femme et les clubs privés de certains armateurs en marge de la ligue Somei. Les lumières tamisées par la fumée ambiante caractéristique de ce genre d'endroit ressortaient dans la grisaille ambiante. En cette journée, un alcoolique ne pouvait qu'être ici.

Incapable de savoir où commencer sa recherche, il entra dans la première auberge pour marins qu'il trouvait bien remplie.
Il déposa ses getas souillés à l'entrée et enfila les chaussons de la maison. Une charmante jeune fille en kimono qui ne paraissait pas de très bonne qualité, mais qui se voulait noble, l'accueillit avec un brin de retenue.

- Bienvenue sur la terre ferme ! Dit-elle en se dirigeant vers la porte battante qui menait au lieu de débauche.

La jeune fille ouvrit la porte avant de retourner vers l'entrée de l'établissement.

Le jeune homme pénétra dans la salle principale et embrassa la pièce du regard.

Des dizaines d'hommes étaient assis par terre, entourant des petites tables carrées qui regorgeait de bouteilles et de mégots. Affalé sur des coussins, ils se faisaient masser par des jeunes femmes qui ne semblaient pas y prendre un immense plaisir. Mais, trop ivres pour se rendre compte du dégoût qu'ils inspiraient, les hommes les embrassaient à pleine bouche et laissaient leurs mains se balader sur leurs corps.
Une seconde, Sanada pensa à Otohoime. Si l'Uzumaki avait été là, elle aurait fait un malheur auprès des marins, puis un malheur tout cours en les faisant exploser.

Une serveuse vint interrompre son rêve de massacre pour le guider vers une table et l'invita à s’affaler comme les autres sur des coussins qui sentaient le parfum bon marché et la poussière. À la vue des énergumènes qui occupaient les lieux, la propreté n’était pas la priorité et pour ne pas faire exploser sa couverture, si elle n’était pas déjà brisée par la différence de tenue et d’attitude, il se jeta dans le tas de tissu rembourré, commanda une bouteille de saké et trois filles.

Sanada fit semblant de boire et resta à bonne distance des dames de joie prétextant qu’il resterait la nuit ici avec elles et qu’il préférait se reposer un peu et boire tout en discutant. Il relata son voyage imaginaire de son île natal au plus grand port du Sekai avant d’interroger, d’un ton qu’il voulait innocent les jeunes femmes. Il voulait en savoir plus sur le quartier, les clients habituels, un certain Burai par exemple.

Sanada se prit au jeu et écouta l'histoire de ces malheureuses. Enfants de paysans ou de pauvres pêcheurs, elles avaient été attirées par l'attrait du village commercial, vivier inépuisable de richesse à ramener sur les petits bouts de terre au milieu de l'océan dont elles étaient originaires. Mais tout ne s'était pas passé comme prévu et voilà que pour vivre, elles en étaient résolues à coucher avec des marins saouls et brutaux qui ne voyaient en elles que des récompenses matérielles à leur labeur en mer.

- Mais vous n'avez jamais pensé à changer de métier ?

- Il est drôle ! Changer de métier ! Ben vas-y, tu m'offres une place de bourgeoise dans les quartiers huppés du port ? T'es bizarre toi pour un marin. Tu nous touches pas, tu veux nous parler, tu veux nous faire partir du seul endroit qui nous permet de vivre. T'es qui ?

- Je suis juste un marin...Je...je..

Il décida de tenter le tout pour le tout et demanda si elles connaissaient l'instigateur de la mission. Apparemment, il était inconnu au bataillon.
Sanada avait perdu du temps, il fallait qu'il ait une approche plus directe, il n'avait pas peur du combat, mais si la rumeur d'un jeune homme encapuchonné le recherchant parvenait aux oreilles de Burai.

Le bougre pouvait fuir alors qu'il ne lui voulait aucun mal, du moins jusqu'à ce qu'il dise tout ce qu'il savait.

Le patron de l'auberge se dirigea alors vers la table, voyant que les filles s'agitaient un peu.

- Le monsieur recherche un certain Burai patron.

- On est trop cher pour Burai ici, faut pas rêver. Vous allez le trouver au fond d'une impasse. L'endroit s'appelle "La Crique", mais c'est plutôt une cave si vous voulez mon avis. Un shinobi passerait pas là que ça ferait pas que du mal si vous voyez c'que j'veux dire. C'est un endroit réservé aux habitués. Ils ne vous laisseront pas entrer. Les magouilles c'est privé en général.

- Pourquoi vous me dites cela ? Demanda Sanada quelque peu interloqué par l'aide spontanée de l'homme.

- Pour rien, je veux aider, c'est tout. Et puis, je préfère que votre règlement de compte ne soit pas ici. Je sais qu'il a des dettes partout, mais c'est pas mon souci. Moi, j'ai des marins et des filles à gérer vous comprenez ?

Sanada paya ce qu'il devait et sortit sous la pluie, jetant un dernier regard vers le tenancier qui fêtait quelques choses avec les trois filles qui l'avaient accompagné.
Tout cela ne lui disait rien qui vaille, mais il n'avait pas le choix.

Il aurait pu certainement consulter Mifuyu pour une autopsie approfondie du corps, ou bien même Dame Junko pour lui parler de la musique entendue au moment de l'accident, mais l'arrogance incommensurable du soldat des Cinq le poussait à l'action.

Il se mit donc à la recherche de cette fameuse "crique". Il erra plusieurs minutes dans le dédale de rues boueuses demandant son passage à des gens vraisemblablement trop saouls pour ne serait-ce que comprendre ce qu'il articulait. Enfin, alors qu'il allait abandonner, il découvrit une allée si miteuse et minuscule qu'il était passé devant plusieurs fois sans même la voir. Partiellement cachée par des plantes, elle finissait en cul-de-sac. Une seule porte, en métal, habillait le mur de droite. L'autre était entièrement vide. Sans inscription sur la devanture, Sanada ne pouvait pas savoir s'il s'agissait de la crique. Pour s'en assurer, il frappa trois fois à la porte. Le judas s'ouvrit, ne laissant qu'un grillage entre le genin et les yeux qui le scrutaient.

- Bonjour, je suis un voyageur et on m'a conseillé votre auberge.

- Qui ?

- Une auberge pas si loin à l'est.

- Très bien. Taille, poids, âge.

- Heu... Je fais un mètre soixante-dix-sept, soixante-dix kilos à peu près. Mais pourquoi cette question ?

- Trop frêle.

Sans un autre mot, la petite fenêtre se referma et le silence retomba. Seule la bruine continuait d'accompagner le jeune homme.
Trop curieux, et bien déterminé à entrer dans la crique coûte que coûte, il fit le tour du bâtiment à la recherche de l'endroit par lequel il allait entrer.

Le ranton permettait une multitude de choses, dont une qu'il avait découvert il y a peu, la faculté de se rendre immatériel à la manière des nuages.
Sous cette forme, la masse n'était plus une contrainte et il pouvait se glisser dans les serrures ou les fissures sans difficulté.

En quelques mudras, il pénétra dans l'enceinte interdite par une meurtrière située en hauteur. Espérant que le bleu électrique n'avait pas attiré l'œil d'un employé, il se glissa le plus naturellement possible dans un couloir avant de descendre un escalier qui lui parut interminable.

La descente déboucha sur une pièce circulaire creusée à même la roche. Autour d'une arène très sommaire au centre, des dizaines d'hommes encourageaient à s'en casser la voix des combattants qui semblaient s'affronter à coups de chaises, de barres de fer, tout ce que le public jetait au-dessus du grillage qui séparait le chaos de l'affrontement aux chaos des parieurs harcelant les bookmakers.

Retrouver Burai là-dedans n'allait pas être une mince affaire. s'il était bien là et que le patron de l'auberge ne l'avait pas roulé...

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Fleur fanée

Avec Sanada


En cette funeste matinée, Mifuyu se trouvait comme à son habitude assise sur la chaise de bois qui faisait face à son bureau ancien et parfaitement rangé à la DAPHU. Elle était bien loin de se douter des éléments de la veille ou de faire attention à la pluie battante qui abreuvait le village des tourbillons comme rarement en cette saison – de quoi ravir les quelques paysans de l'île et affoler les marins restés en mer. De sa place, elle se contentait de feuilleter naïvement quelques rapports scientifiques qui avaient été déposés le matin même au pied de sa porte, ses subalternes osant rarement s'aventurer dans l'antre de la Sorcière sans que son consentement n'ait été donné au préalable. Celui qui avait laissé ces papiers avait bien fait de ne pas tenter un tel outrage, tant les documents étaient désolants par leur manque d'intérêt évident. On lui relatait des hypothèses scientifiques, des procédés d'expérimentations, mais aucun résultat concret. En rogne, elle classa les dernières feuilles de parchemin avec les autres sans leur porter de réelle attention. Si par malheur elle était venue à manquer quelque information importante, il était évident qu'on le lui dirait à nouveau dans l'après-midi.

Quand elle eût finie la pile, elle fut étonnée de voir qu'une lettre dressée à la hâte se trouvait en dessous. Elle reconnut immédiatement l'écriture de Sanada qui, d'ordinaire, ne se gênait pas pour lui rendre visite lorsqu'il avait besoin de son aide. Qu'expliquait donc cette formalité gâchée par une rédaction négligée de son message ? L'adolescent avait visiblement été pressé par le temps – ou était-ce par ses émotions – aussi cela ne manqua pas d'alerter la chirurgienne qui voyait très rarement son élève perdre son sang-froid.
Était joint à sa lettre la copie d'un ordre de mission qui avait été adressé au soldat des cinq. Ce fut ce document qu'elle lut en premier, car elle estima que la lettre de Sanada devait être une réaction à ce papier officiel.  

Elle resta une seconde interdite en lisant les terribles mots inscrits sur le papier. Miyamoto Mahina. Elle connaissait ce nom et elle ne mit qu'un instant à comprendre le trouble de son élève. Elle les avait vus maintes fois l'un avec l'autre et avait depuis longtemps deviné le lien de tendresse qui pouvait – ou en l'occurrence avait pu – les unir. Au fond, elle se moquait pas mal de ce qui pouvait bien arriver à cette fille, mais les circonstances de son décès étaient suspectes. Dans sa lettre, Sanada indiquait que le rapport préliminaire faisait état d'une mort naturel et ce, quand bien même la jeune femme n'avait jusque là émis aucune inquiétude sur sa santé. Le petit libraire l'implorait de venir examiner une nouvelle fois le corps, ce qui, malgré la situation, fit sourire l'ancienne : elle y voyait la preuve de sa loyauté envers elle. Il en était arrivé à un point où il ne faisait plus confiance qu'à elle.

Aussitôt sauvée de cette pénible matinée, la doyenne emporta son ombrelle blanche ornée en son centre du symbole de la grande famille des médecins, prit les documents sous ses bras et quitta son bureau pour se rendre à la morgue. Elle y arriva en une dizaine de minutes seulement, les deux édifices étant pour des raisons aussi évidentes qu'intrigantes reliés par une simple ruelle pavée. Elle qui n'avait pris son ombrelle que par souvenir de la légère pluie qui agitait le ciel à son réveil prit enfin conscience de la météo. Contrairement à son disciple, la première pensée de la Sorcière ne fut pas d'attribuer ces gouttes aux larmes des dieux rendant hommage à la petite Mahina, mais plutôt d'y voir un effort de la nature pour camoufler l'un de ses méfaits : la pluie effacerait malheureusement tous les indices qui pourraient être trouvés sur la scène de crime.
Enfin, pour l'instant, elle se contenterait d'analyser son corps et, si elle ne découvrait aucune raison de suspecter une cause criminelle, elle en resterait là. Autrement, elle se joindrait à l'effort de son élève, pour qui elle ressentait désormais une relation presque maternelle – en tout cas dans le sens qu'en comprenait l'esprit scientifique et vicié de la guerrière Omura.

- Mifuyu-sama ! C'est vous ! Venez avec moi, je vais vous mener jusqu'au corps.
- Je vous en remercie,
répondit simplement la doyenne, dont le ton grave fit frissonner chacun des membres de l'employée qui venait de l'accueillir.

Les deux femmes arrivèrent devant le corps recouvert d'un drap blanc légèrement taché du sang séché de la défunte. Mifuyu fit signe à son accompagnatrice de la laisser seule, qui s'exécuta sur le coup. Au fond, elle aurait souhaité voir en action cette vieillarde légendaire dont on entendait tant parler dans son clan, cependant ce désir était largement contrebalancé par les rumeurs effrayantes qu'elle avait entendues à son sujet et qui l'incitait à ne surtout pas lui désobéir.

La Jonin se plaça au-dessus de la table de bois qui retenait la dépouille et souleva lentement le drap. Elle reconnut immédiatement la jeune fille qu'elle avait aperçut quelques fois et qui avait conservé son air suffisant et noble au-delà même de la mort. Pour cela, elle l'admirait. Après avoir imaginé longuement la réaction de son élève en face de ce corps qu'il avait aimé, et qu'il avait dû observer dans la mort également, elle reprit son sang froid et entreprit d'analyser son cadavre. Elle devait au moins cela au garçon qui la suivait aveuglément dans sa voie.

A sa grande déception, Mifuyu arriva bien vite à la même conclusion que ses prédécesseurs. Rien, sur le corps, en apparence, n'indiquait que Mahina était morte autrement que de cause naturelle, quand bien même il semblait presque impossible d'indiquer cette cause avec certitude. Qu'y pouvait-il y avoir de mauvais, de pourri, dans ce corps ci jeune ? C'était impossible, elle devait continuer de chercher, d'analyser chaque pan de sa peau raffermie par la mort. Elle allait bientôt abandonner quand elle décela une très légère marque à la base de la nuque. Elle s'en voulut d'abord, car c'était une des premières parties qu'elle avait analysées et y était repassé au moins trois fois avant d'apercevoir le petit trou – ne trouvant aucun mot plus savant à ce moment pour appeler ce phénomène. Elle avait d'abord pensé à une simple imperfection de peau mais, en l'analysant de plus près, elle eut l'impression qu'il avait été causé par un objet extérieur : une aiguille, peut-être ? une seringue ? La réponse n'était pas loin, elle le savait. Toutefois, c'était déjà suffisant pour prolonger l'enquête.

En tant qu'empoisonneuse de talent, la première solution qui vint à l'esprit de la doyenne fut celle de cet art cauteleux et létal. La pauvre enfant avait sans doute fait une mauvaise rencontre. Mifuyu préleva une petite quantité de sang, qu'elle soumit aussitôt à différents tests après l'avoir passé au microscope. Son analyse révéla une très légère dose du venin d'un serpent – elle avait de la chance d'être une experte en ce domaine, autrement elle ne l'aurait sans doute pas remarqué – qui déjà semblait s'évaporer. Elle était bien incapable d'identifier avec certitude le reptile dont il provenait, mais il s'agissait clairement d'une substance rare qui n'avait pu être achetée par le premier bandit venu. La personne qui avait fait cela était un pro. Et ça voulait dire que son protégé était en danger.

Avant d'aller retrouver Sanada, l'Omura prit la décision de se rendre dans la tour du Kage pour faire part de ses découvertes aux autorités. Un meurtre avait été commis au sein d'Uzushio, l'affaire ne pouvait pas reposer entre les mains seules d'un Genin. Elle mit en avant ses connaissances d'empoisonneuse ainsi que sa relation de sensei à l'égard du jeune libraire afin d'être officiellement assignée à l'enquête. Elle demanda également si Sanada l'avait précédée ici et s'ils savaient où il était parti. Il pourrait bien se frotter à plus dangereux que lui.

On lui indiqua qu'il était à la recherche du type qui était à l'origine de l'ordre de mission confié à Mahina. C'était une bonne piste, aussi elle le félicita intérieurement, avant de s'inquiéter à nouveau. Elle ne pouvait pas perdre son plus précieux cobaye si proche de la révolte qu'elle planifiait depuis si longtemps. Elle se rendit au port, comme on le lui avait dit, à la recherche de son élève. Ses pas la menèrent naturellement devant une grande taverne réputée pour être essentiellement fréquentée par les travailleurs du port. Connaissant Sanada, il devait sans doute avoir commencé par là ou au moins par un lieu similaire. S'avançant vers un groupe de poivrot posté devant l'entrée, dont un était dangereusement penché contre le mur, à tel point qu'elle crût plusieurs fois qu'il basculerait vers l'avant à la moindre secousse, elle s'adressa à eux avec autorité afin de compenser pour son apparence juvénile.

- Dites-moi, vous autres, vous n'auriez pas vu un jeune homme, encapuchonné, sûrement avec un masque et un calumet ? Du genre qui n'est pas habitué à venir dans des lieux comme celui-ci.
- Hein ? répondit l'un d'entre eux d'une voix braillarde. Z'ont quoi les mioches aujourd’hui ? C'est jour de sortie à l'académie ?

Ordinairement, la doyenne se serait énervée et aurait menacé cette joyeuse troupe pour obtenir les réponses qu'elle désirait. Elle n'avait pas le temps pour ça.

- Donc vous l'avez vu ? Où est-il allé ? demanda-t-elle en agitant devant eux une poignée de ryo qu'elle donnerait en récompense à celui qui daignerait bien la renseigner.
- Bon, ça va, ça va. Il est parti vers la Crique, c'est un peu plus loin là-bas, dit l'un d'eux en pointant du doigt une allée qui semblait s'enfoncer dans les profondeurs des docks. Mais c'est pas un endroit pour les gamines, j'serais pas étonné qu'il soit déjà arrivé malheur à ton grand frère.

Mifuyu le remercia d'un hochement de tête et jeta les quelques piécettes à ses pieds. Elle se rendit, comme on le lui avait indiqué, vers la Crique en suivant la direction indiquée. Quand elle pensait s'être trompée, elle revenait sur ses pas et demandaient à quelque habitué le bon chemin. Beaucoup, étonnamment, connaissaient ce lieu dont ils refusaient pourtant toujours de parler.

Elle arriva finalement devant la vieille bâtisse, juste à temps pour voir le kimono de Sanada disparaître, laissant place à l'orage pour s'infiltrer dans ce lieu qui, vu de l'extérieur, ne ressemblait à rien d'autre qu'à un entrepôt vieillot. A quelques mètres de l'endroit où son élève s'était infiltré, l'Omura repéra une petite fenêtre d'aération légèrement entrouverte à environ huit pieds du sol. Imprégnant ses pieds d'énergie spirituelle, elle entreprit d'escalader discrètement le mur et de soulever doucement la fenêtre en essayant de faire le moins de bruit possible. Quand l'espace fut suffisamment grand – mais encore bien trop petit pour qu'un homme de constitution normale puisse s'y introduire – la Sorcière se disloqua, se contorsionna et fit passer progressivement les différentes parties difformes de son corps de l'autre côté du mur jusqu'à se trouver totalement à l'intérieur. Elle reprit sa forme normale, remit la fenêtre dans sa position initiale et se laissa retomber sur le sol.

Pas loin d'elle, elle vit Sanada et le rejoignit pour lui révéler les résultats de son enquête. Mahina avait bien été assassiné, probablement par poison. Mais l'affaire ne s'arrêtait pas là : il était capital d'identifier les assassins de la jeune Miyamoto, autrement c'était tout le village qui pouvait se retrouver menacé.

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Uzugakure no Sato
La Crique


Une arène clandestine comme on en voit tant. Et pourtant, celle-ci existait au sein même d'un village caché, preuve de sa discrétion. Ou de la qualité de ses combattants. Ou les deux peut-être. Cela dit, il n'allait pas falloir longtemps à Sanada pour le découvrir. L'odeur de sang séché associée à celle de la sueur donnait à l'endroit une atmosphère lugubre où seule la clameur des hommes venait réchauffer l'ambiance. Ah les hommes et l'alcool. Et les femmes. Une femme en particulier. Qui? Il suffisait de regarder dans l'arène. Une valkyrie de près d'un mètre-soixante régnait sur la cage après avoir défait trois hommes de deux à trois fois son poids en moins de cinq minutes. Rukia la Disloqueuse. Elle était plutôt connue dans le coin. En même temps, se balader mi-nue dans un accoutrement de viking avec des tatouages de chaînes sur le visage n'était pas la meilleure façon de rester dans l'anonymat.

Etait-ce cela qui fit rentrer Sanada dans la cage? Ou plutôt l'annonce brutale de Mifuyu qui venait d'arriver et de lui révéler ses découvertes pour le moins troublantes? Ou même les effluves d'alcool se dégageant ça et là et engourdissant petit à petit les esprits les plus vifs? A moins que ce ne soit la clameur de la foule et sa folle envie d'en découdre? Personne n'aurait pu le dire à cet instant mais des mains s'emparèrent de lui et le menèrent dans la cage. Ou plutôt l'y jetèrent. Il semblait un peu abasourdi par les révélations à vrai dire. Ainsi, il ne vit pas venir le talon qui gifla violemment sa tempe et l'envoya embrasser le doux grillage à l'autre bout de la cage. Les cris de la Skjaldmö le tirèrent de sa torpeur. Il allait devoir se battre. Sauf s'il désirait que Rukia la Disloqueuse ajoute encore un peu plus de vérité à son surnom.

"Aouch. Il a du prendre cher le petiot. C'est votre poulain?"

A côté de Mifuyu venait d'arriver un homme, plutôt âgé, le nez gris et le foie jaune mais l'oeil alerte. Il tenait dans sa main un grand verre de whisky, sans glaçons. Malgré l'apparence juvénile de l'Omura, peu de personnes l'avaient approchée dans ce lieu pourtant sinistre. C'était là le témoignage de l'aura entourant la gamine. Ou plutôt des rumeurs qui circulaient à son sujet. Oui, même ici, Mifuyu avait une petite réputation. En tout cas assez pour ne pas se faire approcher à tout va.
Pourtant cet homme venait de s'adresser à elle sans crainte, l'haleine transpirant l'éthanol. Du coin de l'oeil, Sanada put apercevoir ce monsieur parler à la Sorcière. Aurait-il le temps de comprendre que cet homme était Burai? Pas sur car déjà Rukia sautait sur lui en lançant un coup de poing meurtrier. A ce rythme-là, cela allait vite finir en eau de boudin. L'ancien garde du corps siffla son whisky en dodelinant de la tête, signe d'une déception de voir ce combat mal tourner si vite. Si ça n'avait tenu qu'à lui ça ne... ça ne se serait... Il glissa et se rattrapa à l'Omura.

"Oups. P... Pard... Pardon. J'ai un peu. Fyuuu ça tourne ici."

L'homme semblait voir ses jambes se ramollir au fur et à mesure du combat, glissant sur la Sorcière et s'agrippant à elle comme une moule à son rocher. Cela devait certainement l'exaspérer mais causer un esclandre ici n'était peut-être pas la meilleure manière de se faire discrets. Hmpf. Que pouvait donc bien penser la Sorcière de cette situation?

L'enquête? Quelle enquête? Ne voyez-vous pas qu'on a lancé un bon vieux Street Fighter? Sanada est dans la cage. Va-t-il sauter par dessus la troisième corde? Ou se faire écraser la colonne par un dossier de chaise? Mifuyu sert de pilier de bar. Au sens littéral. Burai est accroché à elle comme une moule à son rocher. C'est ça le témoin? Pour le moment elle ne peut le savoir. A moins que le jeune combattant Masamune ne lui ait fait un signe? Avant de manger un violent coup? L'a-t-il vraiment fait? On a hâte de le savoir. Et la suite? Dans le prochain épisode mesdames et messieurs.
         
Le Conseil du Coach AKA Sanada, les yeux! Vise les yeux!:
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Masamune Sanada
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Ft Mifuyu



Tout devenait encore plus confus. La Sorcière venait d'arriver et avec elle, la confirmation que les cieux réclamaient une vengeance en bonne et due forme. C'était un mortel qui avait ôté la vie de la belle Miyamoto, et de par cette même condition, il venait de se condamner.

Sanada était si reclus en lui-même qu'il n'entendit pas ce que lui disait son voisin, un homme avec un embonpoint certain et des liasses de tickets dans les mains. Pour écourter la conversation, il se contenta de hocher la tête.

- ... Z'êtes d'accord vraiment ?

- Quoi ? Rétorqua Sanada qui n'avait pas entendu un mot jusque-là.

- Alors en piste mon garçon !

Soudain, des dizaines de mains le poussèrent en avant, l'éloignant de l'Omura qui, ne dépassant pas les aisselles en sueur des spectateurs, finit par vite disparaître de son champ de vision.

Quand la foule s'écarta enfin, il faisait face à un petit escalier de deux marches. Dans un encadrement en fer, une porte grillagée était entrouverte. Sanada fut littéralement poussé à l'intérieur, sous les acclamations de la foule et de la valkyrie qui venaient de trouver une nouvelle proie.

Il n'avait pas encore retrouvé l'équilibre quand il reçut un coup, de pied, présuma-t-il, en pleine tempe. L'effet fut immédiat, une voile noire tomba sur ses iris pendant une seconde, suivie de flash lumineux scintillant çà et là. La vue brouillée, il ne put que s'écraser contre le grillage, recevant des bouteilles jetées par les parieurs saouls qui ne passaient heureusement pas les mails de métal. Bien que puant, le liquide froid contenu dans les projectiles le réveilla un peu et un cri annonciateur d'une nouvelle charge termina le travail.

Se retournant, il aperçut Rukia les bras écartés, la tête baissée en pleine takedown. Pliant légèrement les genoux pour abaisser son centre de gravité comme la Sorcière le lui avait appris, il attendit le dernier moment pour lancer son genou alors que la sauvagesse dénudée jetait son crâne contre son sternum. Malgré la violence de son coup, Sanada constata que cela n'arrêtait pas son adversaire. Sa force était telle qu'elle parvint sans mal à le plaquer une nouvelle fois contre le grillage. Complètement bloqué et à l'opposé de sa sensei qu'il tentait de chercher dans la foule, il dut se résoudre à l'évidence. S'il voulait un peu de paix pour continuer son enquête, il allait devoir se battre sérieusement.

Bien entendu, il n'était pas question d'utiliser son chakra, il aurait probablement grillé leur couverture ainsi que les civils trop proche de la cage de fer. De plus, sa sensei aurait considéré l'utilisation du chakra comme un affront face à une civile, aussi compétente soit-elle dans l'art de la destruction.

Sans doute, la valkyrie était plus forte, mais Sanada avait pour lui l'agilité et la vitesse. Concentrant ses efforts dans l'esquive, il écarta légèrement les jambes pour pouvoir agiter son buste alors que les coups de la disloqueuse pleuvaient. Acculé, Sanada ne pouvait pas s'échapper, il se contentait de contenir les attaques, sentant le souffle de son adversaire devenir de plus en plus bruyant. Enfin, il vit une ouverture au niveau du foi. Imitant les mouvements de la Sorcière qu'il avait tant observée, il fit pivoter son pied d'appui vers l'intérieur en se baissant. Le bras en extension vers l'arrière, il jeta son poing là où la reine de la Science plantait ses scalpels et sentit son membre s'enfoncer dans l'abdomen de la jeune femme.
L'effet fut immédiat, les jambes musclées de la combattante se dérobèrent sous son corps et elle chuta au sol sous les cris de stupeur de l'audience.

Sanada se précipita de l'autre côté de l'arène. Au bout de quelques secondes, il parvint enfin à distinguer la chevelure et la blouse blanche de sa sensei. Elle était en train de servir d'accoudoir à un homme passablement éméché. Assez grand, l'œil vif, la carrure d'un ancien soldat, tout correspondait à la description qu'il avait pu obtenir de ce fameux Burai.

Il allait crier en direction de Mifuyu de vérifier son identité quand il sentit un bras s'enrouler autour de son cou tandis que des jambes s'accrochaient entre elles au niveau de ses cuisses.

Incapable de bouger, il partit à la renverse sous le poids de la guerrière.

La clé bien fermée sur sa glotte, Rukia tentait de contenir son envie de vomir, elle ne pouvait pas perdre, sûrement pas face à un garçon aussi efféminé et faible. Elle se devait de gagner, pour prouver, encore et encore, qu'elle n'avait rien à envier à ses frères, terreurs du grand large.

Sanada se sentait de plus en plus léger, peu à peu, ses forces l'abandonnaient, mais il n'y avait rien de violent ou douloureux, au contraire. L'inconscience allait peut-être l'apaiser, lui faire oublier une seconde la peine et la haine qui le rongeait. Mais il ne pouvait pas. Il fallait accomplir la destinée des cieux. La mission, l'empoisonnement, la disparition de son sabre, les dieux réclamaient la vie du meurtrier, et chaque signe le démontrait un peu plus clairement pour son esprit enfermé dans une religiosité maladive.

Avec la dernière goutte de conscience qui lui restait, il asséna un violent coup de tête à son adversaire derrière lui. Malgré le tissu de sa capuche, il sentit le cartilage se fracasser sous son crâne et l'étreinte se desserrer légèrement. Il recommença plusieurs fois, écrasant l'arrière de son crâne sur le visage de la combattante aux cris rythmés de la foule qui battait le tempo avec les coups. Enfin, il se releva.

- Mifuyu-sama. Dit-il d'une voix faible et enrouée par l'étranglement qu'il venait de subir.

Bien entendu, cela était trop bas pour que l'Omura ne puisse l'entendre. Il fut jeté à terre avant même de pouvoir recommencer.

Au sol, les deux combattants enchaînèrent les clefs et les positions. Profitant de la promiscuité pour s'insulter allègrement.

- Tu es fort petit con, trop fort pour ton gabarit. Je parie que t'es un ninja. Une raclure de shinobi qui ne sait pas se battre sans ses poupoupouvoirs !

- Nan, mais tu t'es vu avec ta culotte de fourrure ? Qu'est-ce que tu fous ici d'abord.

- J'essaie de gagner ma croûte ! Et je peux pas perdre tout ce que j'ai gagné ce soir avec une défaite ! Dit-elle en attrapant sa cheville pour la tourner dans tous les sens.

- Je suis pas là pour les combats, je suis là pour retrouver un dénommé Burai. Si je te laisse gagner, tu m'aides ?

Elle regarda le genin une seconde comme interloquée.

- Donc tu es bien une raclure de shinobi-chiotte !

- Ouais, mais ça tu peux le garder pour toi, sinon, je te glisse un éclair là où tu penses et on verra si tu es toujours apte à combattre.

- Tape trois fois au sol.

- Il est où ?

- Je le vois d'ici, tape !

- Montre-le d'abord !

- TAPE ! C'est lui ! Dit-elle en indiquant le vieil homme juste à côté de Mifuyu.

- Mimi ! C'est lui ! Cria Sanada sans s'embarrasser des titres d'usage envers son mentor pour la première fois .

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Avec Sanada


Mifuyu n'avait pris aucun plaisir à voir le visage de son élève s'éteindre après ses dernières révélations. Elle se l'imaginait secoué, vidé, peut-être même terrifié à l'idée que celle qui avait partagé son lit et avait quitté notre monde si tôt ne l'avait pas fait naturellement, qu'une main extérieure avait transformé cette adolescente vigoureuse en une victime, en un cadavre énigmatique que jamais on n'aurait imaginé découvrir dans les rues du village caché des tourbillons. Cette mort ravivait les images de la guerre, les déchirements, les explosions, les cris, les sanglots, tout cet amas de tristesse que la paix ainsi que la fondation des villages, entités orgueilleuses, s'étaient targuées d'anéantir. Sanada n'avait certes pas vécu ces temps douloureux, mais il en subissait encore le contrecoup et de la pire des façons : comme si ce n'était rien, un incident discret au sein d'un océan de bonheur et d'insouciance apporté par Uzushio ; se rendant ainsi compte que tout ce en quoi il avait cru n'avait été qu'une façade destinée à le convaincre, à lui faire croire que plus rien de mauvais ne pourrait plus arriver sous ses yeux. Or, depuis qu'il avait rencontré la Sorcière, celle-ci lui avait bien montré le contraire. Puisque celle qui lui servait de guide sentait une part de culpabilité en cette triste prise de conscience, elle ferait son maximum pour le rassénérer, pour découvrir à ses côtés la cause de la mort de Mahina et punir son coupable.

Avant cela, Sanada allait devoir se battre, et pas uniquement métaphoriquement. La femme-enfant avait vu son élève – n'était-il pas devenu plus que cela au fil du temps ? – se faire projeter dans l'arène malgré lui, trop interdit par l'émotion pour réagir à temps et esquiver un premier coup de la terrible valkyrie qui déjà rêvait de l'ajouter à sa collection, d'écraser son petit crâne masqué contre le clôture métallique.

La vieillarde serait bien intervenue, mais elle craignait que cela ne mette à mal leur couverture et n'avorte avant l'heure la tentative de Sanada de retrouver le commanditaire de la mission de Mahina. De plus, à bien y réfléchir, un traumatisme crânien ne serait pas de trop pour remettre les idées en place du jeune garçon, le confronter à la dure réalité qui déjà aujourd'hui l'avait frappé en plein cœur ; qu'il ait l'occasion de se défouler un peu et d'oublier sa peine l'espace d'un instant d'affrontement trivial, brutal et préhistorique.

De toute façon, quand bien même elle aurait voulu intervenir, elle fut interrompue dans ses pensées par l'arrivée d'un vieil homme – bien moins qu'elle, mais qui pourtant paraissait avoir quatre fois son âge – un verre à la main. D'expérience, elle savait que c'était rarement bon signe, quand un homme s'approchait d'elle, armé de sa boisson et tentait d'entamer la discussion. Elle l'aurait bien repoussé au loin si encore une fois elle n'avait pas eu peur de griller sa couverture, et si elle lui avait accordé la moindre attention. En réalité, elle était bien trop concentrée sur l'affrontement de Sanada, sur ses préoccupations mentales pour sentir la présence de l'homme, à qui elle se contenta de répondre : "Hm ? Un poulain, non. Plutôt une expérience". Elle feignit ensuite de rire à sa blague afin de conformer à la réputation dont elle jouissait ici également, et ce même si son affirmation précédente n'avait rien de vrai. Elle l'avait été, à l'origine, quand elle avait rencontré le garçon et en avait fait son cobaye. A présent, il était bien plus que cela : il était son plus fidèle allié. Il était la relève.

Elle ignora sa réaction, qui avait été un simple rire gêné accompagné d'un sifflement ironique, et se tourna plutôt à nouveau vers la cage, où elle voyait le garçon se débattre péniblement. Déjà, elle l'avait oublié mais aussitôt il se rappela à sa mémoire en s'effondrant sur elle. Il s'accrocha à son épaule, d'abord doucement, puis de plus en plus lourdement, ce qui ne manqua pas d'agacer notre héroïne antipathique qui, quittant le combat des yeux une seconde, se retourna vers lui d'un air mauvais. Elle avait d'abord essayé de se dégager doucement de son emprise puis, voyant que cela n'avait aucun effet, attrapa son poignet et le fit glisser avec force hors de son épaule, laissant ainsi le poivrot s'écrouler au sol. Il grogna, se releva, et regarda la chirurgienne d'un air mauvais. "Eeeh, c'était pas.. c'tait pas gentil ça." Puis il déglutit légèrement, faisant craindre le pire à l'Omura qui imaginait déjà sa belle blouse blanche tâchée de l'infame vomi orange de ce déchet humain.

Elle était prête à le plaquer au sol, à accompagner son geste d'une douce menace glissée au coin de son oreille pour qu'il se pisse dessus au milieu de la foule, qu'il évacue enfin toute cette bière qui rendait son haleine détestable aux narines de la Sorcière. Elle n'avait jamais eu une grande tolérance à l'alcool, elle qui ne buvait jamais rien de plus fort qu'un thé aromatisé à la résine ou un lait de chèvre daté d'un ou deux jours. Heureusement, elle ne fit rien de tout ça car la voix de son élève lui parvint avant qu'il ne soit trop tard.

Un regard vers Sanada, puis un regard vers l'homme qui s'était à nouveau accroché à son épaule. Elle ne comprenait pas. Elle regarda encore, dans les deux directions, avant de s'insurger intérieurement contre l'emploi de ce drôle de surnom. "Mimi" ? Elle resta interdite et n'agit pas immédiatement, laissant le temps au vieil homme de se méfier. "Comment ça, c'est lui ? Qui ça, moi ? Lui ? Moi ? Toi ?" demanda-t-il en pointant trois personnes différentes du doigt à tour de rôle. De peur que sa proie ne file, Mifuyu revint à elle-même et attrapa les deux bras du solide gaillard en dessous des épaules et entreprit de l'emmener vers la sortie, se promettant par la même occasion de faire payer à son élève l'utilisation de ce sobriquet dégradant, qui n'était en rien excusé par la période difficile qu'il vivait actuellement.

Elle trimballa Burai jusqu'au couloir où ils étaient arrivés, un peu à l'écart de la scène. "Bon, j'te ramène chez toi" lui dit-elle, "mais dis-moi, où est la sortie ?". Elle dût serrer ses bras avec plus de vigueur pour qu'il cesse de se débattre et se décide enfin à lui pointer la direction à prendre. Elle passa la porte en mimant de peiner à ramasser l'homme, qu'elle présenta comme son père ivre mort aux deux gardiens qui regardaient la petite fille avec étonnement, ne se rappelant pas de l'avoir laissée entrer. Elle attendit Sanada pour commencer l'interrogatoire.

"Dis-moi, Burai, c'est quoi, cet ordre de mission que t'as déposé au Kage ? La petite qui s'en charge, tu la connais ?"

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La Crique


Le combat de Sanada avec la Valkyrie semblait passionner la foule. Bien qu'il était plus que probable que le jeune homme présente des capacités proches de celles de shinobis, seuls les parieurs les plus avertis l'avaient sans doute senti. Alors quand ils le virent taper trois fois au sol après avoir roulé-boulé avec la Disloqueuse pendant quelques instants, ils hurlèrent. Un match truqué? Comment ça? Depuis des années qu'ils étaient ici, la Crique était réputée pour ses combats sans mauvais tours. C'était d'ailleurs cela qui faisait la gloire du lieu. Une arène légendaire pour les petites roulures des bas-fonds. Il fallait mériter son entrée dans ce lieu. Quelque part, n'étaient-ils pas en train de se considérer comme des gentleman de caniveau? Sans doute. Et cela avait gonflé leur orgueil bouffi pendant bien trop longtemps. Cela aurait pu continuer sans ce combat... Un peu étrange.

"Etrange? Vous vous foutez de ma gueule oui?"

Une bouteille partit s'écraser contre la scénette surélevée qui servait de promontoire au speaker des combats. Pendant que les quelques membres de la "Sécu" de la Crique arrachaient Sanada en dehors de la cage, Mifuyu arrachait le vieux Burai à l'alcool en le sortant par le couloir que Burai avait indiqué comme sortie. Bizarrement, il était assez court ce couloir. Car il débouchait dans un bar. Deux portes battantes type saloon gardées par deux gorilles au crane rasé et à la mine méchante. Tandis que la Sorcière jouait au babysitter, les choses prenaient une tournure toute différente du côté de Sanada. Exfiltré de justesse par le staff qui ne lui avait pas laissé le temps de reprendre son souffle, il venait d'être amené dans une toute petite salle et on l'avait assis de force sur une chaise. Quelques secondes après entra en trombe un petit homme en costume gris, tirant sur ce qui avait dû être un cigare quelques minutes plus tôt et qui ressemblait désormais à une locomotive en pleine accélération. Flanqué de trois bonhommes musclés comme des bodybuilders, Sanada eut tout de même le droit à une bouteille d'eau et une serviette tandis que le petit homme sec et nerveux écrasait son cigare contre le mur dans un profond soupir.

"Bon. Soyons clairs, nets et précis. Qui t'a demandé de foutre mon match en l'air petit con? Je te laisse dix secondes pour répondre et après les prix augmentent. Ce sera une dent la poignée de secondes et une côte la minute"

Enfoncé dans un costume hors de prix, cet homme se permettait de le menacer d'un sourire carnassier mais quelque part captivant, du genre représentant de commerce capable de vous vendre une piscine alors que vous vivez en appartement. Qu'allait donc faire Sanada? Aucune idée.
De l'autre côté, Mimi la Biscornue crut voir arriver Sanada et avait lancé ses questions.

"Ah. Des ninjas, je me disais aus... Blr... Aussi. Fallait le dire plus tôt ça vous aurait épargné l'voy..."

Burai ne finit pas sa phrase car un homme venait de voler littéralement par les deux portes battantes, sous le regard surpris des gardiens de porte qui, bien que stupides, ne mirent que quelques instants à repartir en direction du couloir et de la Crique. Les choses tournaient mal. Et elles allaient encore plus mal tourner quand l'homme qui venait de voler se releva, chancelant, tituba jusqu'au bar, empoigna une bouteille et la brisa sur le comptoir. Levant son bras au ciel, il beugla.

"BASTOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON"

Et merde. Comme si cela ne suffisait pas. Burai, reprenant un peu de couleurs, venait de vomir sur le plancher ciré du bar, en toute sérénité. Plus alerte, il regarda Mifuyu et lui lança, de l'air malicieux dont il faisait usuellement preuve:

"Dites, ça risque de mal tourner pour l'expérience là non?"

Et comme pour appuyer ses propos, il décocha un crochet du droit à un type qui venait de se jeter sur lui, le faisant choir sur ses deux genoux d'une frappe puissante. Ce vieux n'était pas n'importe qui. En son temps, on l'appelait Bourre-Pif. Sous les yeux interloqués de Mifuyu, il venait de la "sauver" d'un soiffard qui appelait à la révolte. Il était certes trop tard pour stopper cela car déjà des bouteilles se brisaient à gauche à droite, signe que le sang allait être versé.

Les Street Fighters sont désormais encerclés par les sbires de Shadaloo. Vont-ils s'en sortir et défaire M. Bison? Oups pardon. Il ne s'agit là que d'une bonne baston de bar. Le souci? Aussi loin qu'ils s'en souviennent, les deux shinobis n'ont jamais entendu parler de ce genre de bastons dans le coin. Surtout au coeur d'Uzu. Bien que disposé à les aider, Burai ne voit vraiment pas comment faire si ce n'est aller parler dans un endroit plus calme. La foule en colère va-t-elle avoir raison d'eux? Qui est le mystérieux homme en costume fumant comme un pompier? La suite? Dans le prochain épisode.
         
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Masamune Sanada
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Ft Mifuyu



Pour seule récompense, Rukia obtint des huées du public qui semblait de plus en plus agitée et passablement énervée dans la fun abrupt d'un combat qui n'aurait pourtant jamais dû avoir lieu. La porte en fer et grillage s'ouvrit à la volée et Sanada, la lèvre ouverte et la pommette tailladée, fut emporté Manu miliatri dans une minuscule pièce qui ne comportait qu'une chaise en son centre et une lanterne qui diffusait une lueur jaunâtre sur les murs défraîchis.

Le genin ne comprenait pas vraiment ce qu'il se passait, il ne pensait qu'à une chose, retrouver Mifuyu et l'homme qui était à ses côtés. C'était la seule piste qu'ils avaient concernant la mission de Mahina, la dernière de la pourtant très jeune Miyamoto. Un linge et de l'eau fraîche lui furent rapportés par un étrange homme bedonnant dans un costume gris qui devait coûter une fortune au vu de l'écusson kamiko qui était brodé discrètement, comble de l'élégance, sur sa manche droite. L'homme était riche, à n'en pas douter. Écrasant un cigare à l'odeur nauséabonde, il jeta un coup d'œil satisfait aux trois gorilles qui l'accompagnaient et s'adressa enfin au soldat des Cinq.

- Bon. Soyons clairs, nets et précis. Qui t'a demandé de foutre mon match en l'air petit con? Je te laisse dix secondes pour répondre et après les prix augmentent. Ce sera une dent la poignée de secondes et une côte la minute

Le ton était calme, ce qui le rendait d'autant plus menaçant. Cet homme n'était pas là pour plaisanter. Mais, avant de faire quoi que ce soit, Sanada se devait d'en être sûr. Il raconta la stricte vérité, sachant qu'elle n'était pas au goût de ce qui semblait être le patron des lieux.

- J'ai été envoyé dans la cage par hasard. Je n'ai pas compris la phrase d'un bookmaker et il a cru que j'acceptais le combat contre la sauvageonne. Mais je ne suis venu que pour boire un coup et rencontrer un vieil ami de la mer.

- Et comment s'appelle cet ami ?

- Akira. Dit Sanada, prononçant le premier prénom qui lui était venu à l'esprit. Cela le fit rire, il se demanda rapidement où était son ami konohajin en ce moment même.

Sa torpeur fut cependant brisée par un violent coup de poing. Les doigts recouverts de bagues saillantes, le coup laissa une trace visible sur la joue du jeune homme qui commençait à ne pas être très beau à voir.

Le test avait été concluant, il n'avait plus le choix. Attrapant son eau, il se rinça le visage et tenta de se lever. Deux gorilles se jetèrent sur lui, le forçant à mettre les mains derrière le dos. Sans ménagement, ils attachèrent ses poignets au dossier de la chaise, lui interdisant l'accès à une quelconque défense. Du moins, c'est ce qu'ils croyaient.

Si la crique était un établissement rentable au milieu de la capitale économique du Sekai, c'est qu'ils n'étaient encore jamais tombés sur des ninjas du village. Sans doute assez discret pour ne pas faire des émules. Le désavantage était qu'ils ne connaissaient pas la réelle puissance des hommes maniant le chakra, trop habitué aux brutes qui se succédaient dans la cage, de fins combattants certes, mais loin du niveau des plus grands ninja de ce monde.

Sanada attendit que les gorilles reprennent leurs places, et le boss son monologue pour contorsionner ses poignets afin de se libérer le plus directement possible. Certainement trop imbu de lui-même, l'homme au cigare n'eut pas le temps de comprendre ce qui arrivait quand Sanada se leva et attrapa sa chaise des deux mains avant de tourner sur lui-même, la chaise tentant de faucher les jambes des malfrats. Le boss et deux de ses sbires tombèrent à la renverse, et tandis qu'un autre sortait un couteau si long qu'il ressemblait à une machette, Sanada se couvrit les yeux d'un bras tout en envoyant une boule lumineuse par terre.


Sous l'incantation du genin, elle explosa dans un flash si lumineux que malgré les yeux clos et le bras sur les paupières, Sanada fut partiellement aveuglé. La salle était sombre et le contraste avait accentué l'effet du gadget ninja.

Sanada évita la charge du dangereux garde en sautant au-dessus de lui, puis, se servant de son dos comme d'un appui, il se jeta le coude en avant sur la figure du boss toujours hébété par le changement de luminosité. Sanada fouilla rapidement sa veste à l'endroit même où il l'avait vu ranger ses clés. Le trousseau entre ses doigts, il se releva et asséna deux coups de pied secs dans la bouche du boss qui cracha du sang et quelques morceaux de dents sur son bel habit noble.

- Chez moi, les prix ne sont pas aussi chers.

Puis, précipitamment, il quitta la petite pièce pour s’épargner une nouvelle charge de celui encore debout et partit à la recherche de son mentor.

Le long couloir dans lequel il arriva était empli d'employés de la crique et du personnel de sécurité. Il ne leur fallut que quelques secondes, avant de se rendre compte que l'étrange silhouette encapuchonnée qui marchait d'un pas vif dans le couloir n'était pas des leurs.

Sanada se mit à courir, slalomant entre les personnes qui ne comprenaient pas ce qu'il se passait, il parvint à éviter de justesse un garde et glissant entre des serveuses qui portaient une immense bouteille de Saké. Au bout du couloir, en face, il aperçut deux des gorilles de la petite salle, se retournant, il constata que le boss était derrière lui, le visage ensanglanté, mais pas autant que ses yeux injectés de sang.

- fuez-moi fette raclure ! S'écria-t-il en pointant Sanada du doigt, sa diction bien moins classe qu’auparavant.

Celui-ci enfonça la première porte à sa gauche et atterrit dans une espèce de salon privée où des notables semblaient se faire punir au martinet par des femmes dévêtues.

- Bonsoir... Dit il en marchant le plus rapidement possible tout en ayant l'air naturel.

La porte s'enfonça pourtant bien vite, et l'uzujin dut reprendre sa folle course.

Il traversa des cuisines, puis des loges où les danseuses qui attiraient l'excitation animale des parieurs se changeaient, des latrines et enfin, le ring.
Sanada avait dû faire un tour, et pour le moment, il était toujours libre. Il jeta son regard sur la salle, qui était maintenant en proie à la bagarre générale. de l'autre côté de la pièce, deux portes battantes menaient à l'épicentre de la bagarre si l'on se fiait aux bruits. De plus, des étranges et terribles hurlements se faisaient entendre, ce ne pouvait être que la marque de la Sorcière. Reine des scalpels et de la mort.

Distribuant quelques coups aux hommes qui tombaient dans ses bras entre deux bouteilles et autres tabourets. Il se fraya un chemin jusqu'à la source des cris, qui se révélèrent être l'œuvre de Mifuyu en personne.

Heureux d'avoir retrouvé son mentor, mais épuisé par la fuite et meurtri par le combat, il se joignit à la fête, attendant les ordres de son sensei.

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Mission
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Omura Mifuyu
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Fleur fanée

Avec Sanada


Mifuyu n'aimait pas les bars, les tavernes, les auberges ou autres lieux de débauches où se retrouvaient les soifards de la région autour d'une bonne bouteille. Elle n'aimait pas beaucoup les hommes, non plus. La plupart, quand ils n'appartenaient pas à l'illustre clan Omura, étaient des rustres ; et les rustres se retrouvaient où ? Dans les bars, bingo. Ils se retrouvaient là où l'on sentait la sueur, où l'on se collait les pieds au sol sucré tapissé de restes de bières, où l'on parlait fort et rotait en claquant les fesses de la tavernière. Telle était la vision de la chirurgienne, femme distinguée, noble par son sang mais surtout par sa puissance, regardant de haut toute cette population qui se livrait sous ses yeux à sa fête traditionnelle, à savoir la légendaire et pitoyable bagarre de bar.

Assistant au spectacle avec mépris d'abord, puis avec dédain, elle fut finalement impliquée lorsqu'un vieil homme tenta de lui fracasser la tête avant de se heurter à Burai, l'homme qui cinq minutes auparavant était tombé à ses pieds, bien trop saoul pour marcher ou ne serait-ce que pour aligner trois mots correctement. L'homme l'avait "sauvée", ou du moins s'était-il interposé pour la défendre. Cela ne rendrait certainement pas la scientifique plus tendre avec lui, néanmoins cela lui assurait que, mine de rien, il était dans sa poche. Si elle parvenait à l'extraire de cette masse abstraite et irrégulières de mâles en pleine action, elle pourrait obtenir de lui les informations qu'elle souhaitait.

Malheureusement, pour cela, encore fallait-il mettre fin à cette foutue baston ! En effet, le Burai, de bonne volonté, semblait avoir décidé de prendre part au festival de poings et de combattre sous l'étendard de sa nouvelle belle à défendre, qui n'était autre que l'infâme Mifuyu dans son corps de fillette. Celle-ci le regardait, dépitée, tandis qu'il enchaînait les coups de coudes, de pieds et de poings, ou qu'il voyait sa mâchoire se faire déformer par une jambe qui s'était élancée un peu au hasard vers un attroupement de cibles, qui avait finalement touché le pauvre homme par mégarde, qui s'était retourné vers son assaillant, riant, avant de le cogner sérieusement à l'aide d'un pied de tabouret qu'il avait trouvé juste à côté.

L'Omura, habituée au calme des réunions claniques, au silence des patients endormis et à la lumière éclatante des salles d'opération, se sentait parfaitement étrangère ; c'était à peine si elle se souvenait que la scène qui se déroulait sous ses yeux avait lieu dans son village, à Uzushio. Son premier réflexe fut de rester immobile, ne réagissant pas même aux quelques bouteilles qui volaient à gauche et à droite pour s'écraser à l'entrée du bar. Elle se contenta de suivre Burai, du regard d'abord, puis en courant pour ne pas le perdre tandis qu'il s'immergeait avec l'aisance d'un prédateur aquatique dans cette marée de petits poissons qui n'attendaient que d'être dévorés par son auguste gueule. Elle aussi, finalement, se laissa prendre au jeu, plus par nécessité et impatience que par réel attrait de la violence gratuite. Au contraire, il fallait qu'elle mette fin à ce vacarme qui l'empêchait de voir, qui l'empêchait de réfléchir surtout, car c'était bien là la pire offense que l'on pouvait faire à une femme comme elle.

Elle cria plusieurs fois le nom de sa cible, Burai, puis celle de son élève, Sanada, sans succès. Le dernier restait toujours porté disparu mais, au moins, elle parvint à garder un contact visuel avec le premier, alors que déjà elle commençait à trancher autour d'elle avec ses scalpels. Elle n'était pas une femme à frapper avec ses poings. Elle darda, taillada, coupa, trancha, délivrant un torrent de hurlements au fil de son avancée dans la foule enragée qui s'éloignait progressivement d'elle, la laissant seule au milieu du bar. Elle retrouvait peu à peu ses repères dans cette violence informe, bien différente des centaines de champs-de-bataille qu'elle avait parcourus durant la grande guerre, bien différente des formations précises, des équipes ennemies organisées au millimètre près, sporadiques, oppressantes à leur façon. Un homme parvint à la frapper au visage, elle referma aussitôt sa main d'enfant autour de son poignet et le retourna dans un craquement infâme qui vint se dessiner sur le visage même de sa victime. Il fut le premier d'une longue série, la Sorcière laissant libre court à sa violence, sentant qu'ici aucun cadre ne la freinait, mais au contraire banalisait cette violence que La Crique habitait tous les soirs, supportait en silence tandis que ses fondations ensanglantées fléchissaient misérablement jusqu'au jour où elles s'effondreraient enfin, cédant sous le poids de la barbarie des hommes.

Au bout de ces quelques minutes de folie – elle ne laissa heureusement aucun cadavre, seulement quelques ivrognes évanouis un peu partout dans le bar – elle fut ramenée à la réalité en constatant l'horreur du décor : le bar avait été le théâtre d'une danse macabre dont elle avait été l'orchestre principale, qui rappelait d'une certaine façon ces scènes de suicides collectifs dont on avait entendu parler peu avant la fin de la guerre, qui avaient notamment eu lieu dans les clans mineurs dont la défaite et la ruine étaient assurées et qui, sur le point d'être envahis, retournés, torturés, avaient cédés à la tentation de la mort douce et commune. On racontait surtout l'histoire de ce chef de clan, alors que sa maison était assiégée, qui ordonna à ses fils de tuer tous les hommes et toutes les femmes de la demeure, puis d'assassiner les animaux, chevaux compris et, enfin, de faire exploser les armes avant de s'ôter la vie sur un immense lit où il les attendait. Il lui semblait d'ailleurs en avoir vue une tapisserie.

Quand elle fut revenue à elle-même, elle attrapa d'un bras Burai, amoché mais toujours conscient, ainsi que Sanada qui déboulait à son tour dans le bar à toute allure, visiblement suivie. Sans rien dire, elle les tira de force en dehors du bar, continua de courir en direction du port et les jeta contre un pont en bois qui surplombait un petit bras du canal qui entrait dans Uzushio. Elle reprit sa respiration, tourna sur elle-même une fois ou deux pour se remettre les idées en place et, enfin, comme si elle ne saisissait que maintenant l'urgence de la situation, l'ampleur du drame qui avait touché Mahina mais aussi du mystère qu'il recelait, elle entreprit d'interroger à nouveau l'ivrogne, avec l'aide de son élève.

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Uzugakure no Sato
Une des sorties de la Crique


Une bonne chose de faite. Sanada, Mifuyu et Burai étaient finalement réunis tous ensemble. Certes après que Mifuyu ait rétamé la moitié du staff de la Crique ainsi que la moitié de la clientèle d'un des établissements les plus rentables des propriétaires. Mais bon, ils étaient ensemble, apparemment sains et surtout saufs. Burai, revigoré par tous ces événements, tirait sur une cigarette en regardant l'horizon. Les deux ninjas qui l'accompagnaient n'étaient pas n'importe qui. Le premier avait réussi à se tirer tout seul de la Crique après avoir été "invité" par la Direction. Rien que cela démontrait une capacité athlétique non négligeable. Et qu'il survive en plus de ça. Bon. Et le second ninja. Ou plutôt la seconde. Il savait qui elle était. Certes, il n'était plus "actif" comme garde du corps depuis des années mais les rumeurs à son sujet couraient aussi les bas-fonds. La Sorcière. Son regard se fit plus grave. Ce soir, comme bien d'autres soirs, il avait trop bu. Maintenant, il n'avait qu'à cracher le morceau pour espérer bien terminer la soirée. Écrasant sa tige mortelle entre ses doigts, il la jeta dans une poubelle en contrebas, témoignage de sa connaissance parfaite du quartier.

"Bon les champions, qu'est-ce que vous me voulez du coup? S'cusez moi j'ai mis un peu de temps à dessaler."

Les ninjas furent brefs, concis et secs. La mission? Ah oui. Cela lui revenait maintenant. Étonnamment, il semblait avoir repris du poil de la bête de manière assez rapide. Où en étions-nous déjà? Oui, la mission. Il leur expliqua qu'il avait fait cela pour ne pas attirer l'attention de la "pègre" locale mais que, depuis peu, de nombreux combattants de la Crique disparaissaient. Souvent après les combats au sein de la Crique. Au début, cela avait été un combattant par an, puis par mois, maintenant par semaine. Son instinct de justicier alcoolisé s'était brièvement réveillé et il avait donc décidé de prévenir les autorités. Par contre, au vu de l'inquiétant quiétude dans laquelle la Crique se permettait d'opérer, il avait demandé à ce que son nom ne figure pas dans les registres de mission. Il sentait que quelque chose se tramait dans les égouts, de pas net. Un de ses collègues de beuverie lui avait même dit qu'il avait vu un des combattants amenés à disparaître encadré par la Direction prendre la direction des boyaux d'Uzu. Ni une ni deux, il avait sorti ce prétexte de "messager clandestin" pour attirer l'oeil des ninjas sans pour autant alerter ceux qui, selon lui, tiraient les ficelles. Voilà. L'histoire de Burai était désormais claire. Certes, cela n'expliquait pas comment une shinobi comme Mahina puisse mourir seule dans une ruelle de mort "naturelle". Mais c'était louche, très louche. Qu'allaient-faire les deux Uzujins de cette information? Après tout, ils s'étaient renseignés à ce sujet. Leur rôle de shinobi les intimait de creuser plus loin mais le feraient-ils? Sanada en aurait-il le courage après cette soirée haute en couleurs?

Uzugakure no Sato
Un immeuble d'habitation niché dans un riche quartier proche du port


"Et... Et... Et z'après le pfwetit a été efffcorté jusqu'au..."
D'un mouvement de doigt, l'homme s'écrasa et déglutit avec difficulté. Enfoncé dans son grand canapé en cuir de veau tout comme il l'était dans son costume, Sagi Muraba, le dirigeant de la Crique, n'en menait pas large. La soirée avait été ruinée par deux fouineurs et voilà que ses donneurs d'ordre se pointaient chez lui, au milieu de la nuit, alors qu'il ouvrait la porte de chez lui. Où était passée ses gardes? Il n'en avait aucune idée et c'est tout bonnement ce qui lui foutait la trouille. Kei et Kurima. Voilà les noms des deux personnes pour qui il travaillait. Il ne savait pas qui ils étaient, d'où ils venaient, ce qu'ils faisaient. Ce qu'il savait c'est qu'il devait leur fournir des corps. A un rythme de plus en plus soutenu. Et les déposer dans les égouts. Cela n'avait jamais été question de plus. Et ainsi, il était devenu un des plus grands parrains du monde souterrain d'Uzu. Jamais personne ne l'avait plus embêté. Bien sur, quelques ninjas venaient faire le show de temps à autre mais jamais étaler tout un bar. Généralement, ils étaient assez malins pour se douter que l'existence de la Crique était liée à un ponte au sein du village. Mais pas ceux de ce soir. Oh non.

Un long filet de sueur venait d'achever de tremper la toile de sa veste de costume quand il avait fini de raconter sa soirée. La jeune femme avait juste pouffé tandis que son acolyte émit un soupir nasal en écoutant la description de la femme qui avait retourné la taverne. Ils l'avaient, semble-t-il, reconnue. Sagi non. A peine informé des dangers qui couraient à Uzu, il n'avait nulle idée de qui était la Sorcière. Pourtant, quand la femme prononça les mots "La Sorcière?", l'homme se contenta d'acquiescer en silence. Et ils s'en furent, le laissant littéralement chier dans son froc l'espace d'un instant, en sautant par son balcon. Il devait y avoir au moins vingt étages, des ninjas ne pourraient pas. Sagi connaissait la réponse mais il alla tout de même vérifier sur son balcon. Aucune trace des deux ombres qui venaient de passer. Se relaxant un moment, son sang se figea à peine son demi-tour terminé. UnOni se dressait devant lui, une lame dans le dos. D'un grand mouvement de bras, ce dernier l'empoigna à la gorge tandis que son taux d'adrénaline atteignait le sommet de sa carrière. Seul un son étouffé put sortir de sa gorge, ses forces le quittaient étrangement tandis que ses yeux, se fermaient petit à petit. Sa conscience s'éloignait vers le royaume des songes. Et elle n'y arriva à vrai dire jamais. Ou y resta pour toujours en fait. L'Oni avança jusqu'au bord du balcon et fit choir le corps d'une manière très douce, assez étrange pour son grand corps. Quand le corps s'écrasa au sol, un grand hoquet incontrôlable le saisit. Encore, encore. Un sifflement le tira de sa folie. Zheng était là, derrière un rideau. Il fallait qu'ils partent, ils avaient fort à faire.

La Sorcière a enfin mis un terme à cette rixe de bar. Le souci? Les propriétaires ne vont pas être contents. Les propriétaires? Ce n'était pas ce type qui? On parle du gaspacho écrasé au sol? Non, ce n'était bien sur pas lui le responsable réel derrière cette pièce de théâtre jouée dans une cage. Les deux Uzujins sont donc sur la piste de quelque chose de gros, de plus gros. Et, comme si le destin se jouait d'eux, les deux affaires sont en réalité liées. Cela, ils ne le savent malheureusement pas pour le moment. Kei et Kurima, eux, savent que quelque chose ne va pas. Comment la Sorcière a-t-elle trouvé la Crique? Pourquoi les attaque-t-elle si frontalement? Ne connait-elle donc pas leur puissance?L'intuition de Burai était bonne. Quelque chose de sombre se trame. La suite? Dans le prochain épisode.
         
Damn son.:
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Masamune Sanada
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Rikudô Sennin
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Ft Mifuyu



Fermant son calumet avec le clapet qui protégeait le foyer incandescent de la pluie, Sanada tira une longue latte, laissant l'adrénaline du combat s'estomper. Les paroles de Burai n'avaient pas l'air de mensonges.
Le garde du corps à la retraite semblait sincère et inquiet de la situation. Sanada, lui, n'avait retenu qu'une chose.

Une chose qui tournait et retournait dans son esprit comme une obsession. Burai avait sciemment minimisé le problème. Il avait prévenu les autorités certes, mais en inventant cette histoire de messagers et de réseaux clandestins, il avait condamné un jeune ninja du village. Ça aurait pu être lui. À cet instant, sans doute l'eut-il espéré, mais c'est le destin de Mahina qui avait été brisé. C'est elle qui avait péri en tentant de découvrir, alors qu'elle ne le savait même pas, un trafic humain.
Malgré la fumée, le soldat des Cinq n'arrivait pas à se détacher de ce sentiment de dégoût.
Les égarés craignaient la mort, et avec cette crainte, naissait tous les vices les plus abominables du genre humain.

- Pour continuer à vous abreuver comme un ivrogne vous avez donc condamné une genin du village. Le fils de l'orage se leva. Vous avez la morale amputée, il en manque la moitié. Orienter les autorités sur une fausse mission... Vous savez combien ça va vous coûter ? Dit-il en s'approchant d'un air menaçant. Oh...je ne vous parle pas d'un tribunal rassurez-vous. Quand on s'attaque à mes proches, le juge, c'est moi !

À ces mots, Sanada se saisit de son kunai et lacéra d'un coup rapide, le torse de l'homme.
Il avait usé de son chakra pour être sûr de toucher.
Le corps ouvert, peut-être que ses paroles allaient glisser plus facilement dans l'esprit du malheureux qui se retrouvait au milieu d'un affrontement qui le dépassait.

Saisissant Burai par les cheveux, il s'approcha de son visage, son masque rituel maintenant collé à la joue tuméfiée du vieil homme.

- Vous allez nous suivre. D'abord, parce que la sentence des cieux n'est pas encore tombée, et en l'absence de responsables, vous restez le premier sur ma liste, ensuite, parce que vous venez de griller votre réputation dans les bas-fonds du port. Tout le monde vous a vus sortir avec nous. Alors, en route.

Sur le chemin qui menait à un petit cabanon secret de la Sorcière près des tourbières, Sanada décida de faire le point avec son mentor. Sortant les notes qu'il avait prises durant la journée, il récapitula ce qu'ils savaient.

- Mahina est morte sans doute dans la nuit. Les habitants du quartier ont parlé d'une musique qui résonnait à leurs oreilles ce soir-là. Je ne sais pas si un genjutsu peut agir sur autant de monde sur un périmètre aussi large, mais je sais que les genjutsu sonore existe. Shun m'en a fait expérimenter un. Je pense qu'il faudrait que l'on demande à un spécialiste du domaine.
En prononçant ses mots, une évidence lui vint à l'esprit. La Dame. Il ne l'avait revue que de loin depuis leur dernière rencontre, pourtant, avec la Sorcière, c'était sans doute l'être qu'il respectait le plus au sein du village.
Dame Junko, nous devrions lui demander conseil concernant cela. Ensuite, il y a cette présence de poison dans le sang de Mahina, cette petite trace au niveau de son cou. Enfin, la mission pour laquelle elle a été affectée ne concernait pas un réseau de messagers, mais la disparition de corps. Apparemment beaucoup de corps. Qui pourrait bien avoir besoin de corps en si grand nombre au sein du village ? Demanda-t-il en regardant la Sorcière, persuadé que si quelqu'un faisait des expériences sur le corps humain, elle devait forcément être au courant de quelque chose.

Le trajet qui les éloignaient de l'île principale fut silencieux, quelques minutes suffirent à rejoindre le petit cabanon de bois.

Sanada se sentait comme saoul, balloté sans doute par un trop-plein d'émotions qu'il avait enduré le long de cette journée, il s'endormit presque aussitôt, un des habits blancs de l'ancêtre Omura comme couverture.

Le soleil n'était pas encore levé quand il se réveilla et pourtant, ni Burai ni Mifuyu ne dormaient, peut-être avaient-ils échangé toute la nuit durant, peut-être venaient-ils tout simplement de se réveiller.

Sanada sortit pour allumer son calumet. Il le savait, cette journée allait changer le cours de sa vie. Jashin avait placé un nœud sur son fil du destin, allait-il rompre avant le coucher du soleil ? Allait-il lui aussi devenir un simple genin mort, un nombre sur une fiche, un corps sous une couverture ? Il ne pouvait pas, ne devait pas échouer.
Sa mission divine n'avait pas encore débuté. Le surhomme et la fusion avec la Nature qu'il impliquait était encore loin. Non, il n'allait pas mourir aujourd'hui, mais il allait tuer.

Il retourna dans le cabanon quand le soleil perça l'horizon et commeça à éclairer l'eau verdâtre de la zone marécageuse.

Avec application, il attacha Burai à un barreau de fenêtre et laissa quelques vivres à portée de sa main libre. Rien d'autre.

- Vous, vous restez ici. On revient ce soir, si les Cinq le permettent.

Sanada avait prononcé la dernière phrase comme une prière. Après quelques ablutions salvatrices, il était fin prêt à affronter cette journée.

- Si vous me permettez Mifuyu-sama, je pense que l'on devrait trouver dame Junko pour confirmer nos soupçons quant à la musique. Si jamais c'est réellement une illusion, alors nous aurons tous les éléments pour prouver que la mort de Mahina n'est pas un accident. Mais vous connaissez les autorités, ils vont me décharger de cette affaire, ils ne voudront pas un genin dans leurs bottes.
Oubliant la bienséance qu'il s'était efforcé de replacer au centre de la relation qu'il entretenait avec la sorcière, il se réfugia dans ses bras. Non pour pleurer, mais pour trembler d'une fureur qui ne s'était pas éteinte avec la fraîcheur de la nuit.
Il ne faut pas nous allions prévenir quelqu'un. Je veux, je dois me venger. Les Cinq m'ont envoyé une requête, je ne peux m'en détourner pour une hiérarchie que je n'ai jamais respectée. Vous devez comprendre que les ordres de la Pythie passent avant le village. Ma vengeance sera divine. Car les cieux l'ont ordonné. C'est à moi qu'ils ont confié la mission. Une banale mission pour confirmer un mort. Ne voyez-vous pas le labeur des trois tisseuses derrière tout ça ?

Reprenant son calme, il attrapa les armes qu'il avait posées la veille et les plaça à sa ceinture.

- Quand on aura fini avec Junko, si elle confirme nos suspicions, je veux aller dans les égouts directement. Nous allons faire passer un message clair : ceux qui s'attaquent à nous entravent les desseins des cieux, et, comme les blasphémateurs brûlés par £egok Mino, ils le paieront au centuple.


Récapitulatif combat:





Mission
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Omura Mifuyu
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Fleur fanée

Avec Sanada


L'ivrogne avait fini par cracher le morceau, et ce n'était pas joli. Il avait menti sur l'objet de sa mission afin de ne pas éveiller les soupçons et, indirectement, avait condamné la petite Mahina à la mort. Il ne l'avait pas fait exprès, plutôt par instinct justicier, mais le fait était que tout idiot qu'il fût, il aurait pu se douter que les criminels responsables d'un trafic d'humains n'auraient aucune pitié à éliminer une gosse du village. Cette bêtise, cette erreur, était l'élément déclencheur de la colère de Sanada. La Sorcière n'avait jamais vu son élève dans un tel état mais, pour avoir vécu la mort de son mari durant la guerre, elle le comprenait et bien plus encore. Elle-même avait été prise d'une frénésie destructrice, avait tué des dizaines de personnes pour tenter de combler le vide, en vain, avant de se tourner finalement vers une œuvre scientifique qui était devenue la principale ligne directrice de sa vie, sa seule motivation. Cette vengeance, non pas dirigée contre l'homme individuel en tant que coupable, mais contre l'humanité dans toute sa faiblesse, l'avait poussée à combattre la mort, à renier son statut d'humaine et à devenir l'affreuse Sorcière que tout le monde connaissait aujourd'hui. Alors certes, sa voie n'était pas nécessairement la bonne, elle n'avait pas la prétention de penser détenir toutes les clefs, mais elle avait été la seule à se présentait cela lui suffisait pour la convaincre ne pas interférer avec la colère de Sanada. Elle le laissa blesser Burai, le malmener, l'insulter, le cogner jusqu'à ce qu'il en oublie sa peine, mais toujours dans la limite du raisonnable ; il y avait déjà eu bien trop de violence mêlée à cette affaire.

Le duo et leur prise de la soirée se réfugièrent pour la nuit dans un cabanon clandestin détenu par la vieillarde, légèrement en périphérie du port, dans une large membrane de terre inhabitée car trop humide, non loin du quartier résidentiel dit populaire du village. Personne, en théorie, ne devrait les y trouver. Ils n'étaient pas dit qu'ils soient recherchés, toutefois il y avait fort à parier que les responsables de cette organisation clandestine aient été informés de la présence des deux shinobi à la Crique et, la Sorcière étant elle-même une sombre légende dans le monde du trafic de cadavres, il se pourrait bien qu'ils l'aient reconnue.

Pendant le trajet, elle discuta avec son élève, qui semblait raisonnable à nouveau. Bien, ils auraient besoin de cette détermination pour vaincre. Au vu des nouvelles informations apportées par Burai, et bien que l'Omura ne détînt aucune certitude, il se pouvait que la situation soit plus grave encore qu'elle ne l'avait imaginée. La liste des suspects pouvant mener une telle opération sans être découverts était mince et composée d'individus effrayants ; pire encore, si le coupable était parvenu à rester parfaitement inconnu à la chirurgienne, cela signifiait qu'il était encore plus puissant.

- Le genjutsu est une piste plausible et ça expliquerait l'absence de témoins. Les genjutsu sonores couvrant une zone aussi vaste existent, mais nécessitent une maîtrise exceptionnelle. Si c'est le cas, c'est mauvais pour nous. Très mauvais.
Elle aussi, et avant même que son élève ne prononce son nom, pensa immédiatement à Junko, dame avec qui elle avait effectué une périlleuse mission il y a quelques mois et qui lui était restée en mémoire de façon très positive. Elle l'avait d'ailleurs vue utiliser un genjutsu de ce type, alors peut-être était-ce le même. Dans tous les cas, la consulter serait un atout.

- Nous irons donc voir Junko demain. Pour ta seconde question, j'ai bien quelques petites idées, mais aucune ne m'enchante… et pour être franche avec toi, ce ne serait vraiment pas de chance que mes soupçons s'avèrent exacts.
Deux noms s'imposaient d'eux-mêmes à son esprit : il y avait d'abord le Kamiko qu'elle avait rencontré à plusieurs reprises et avec qui elle avait eu quelques accrochages ; il y avait peu de chance qu'ils se permettent de mener une telle action en territoire Uzujin, mais la possibilité n'était pas à occulter. La deuxième option, c'était bien sûr Omura Gendo. Elle connaissait ses capacités et, si c'était lui, les deux étaient dans une sacrée merde. Plus encore, ce serait tout le village qui se retrouverait dans une sacrée merde, car cela sonnerait le glas de l'organisation du clan Omura telle qu'on la connaît aujourd'hui et, par un enchaînement de conséquences irrémédiables, des remous potentiellement destructeurs à l'échelle du village dans sa globalité. Enfin, il ne fallait pas oublier l'essentiel : garder les yeux ouverts. Un troisième individu, plus influent encore que les deux précédents, pouvait être la menace.

La nuit se déroula sans encombre : Sanada tomba de fatigue et Burai, après avoir fait un peu de résistance, finit par céder au poids de l'alcool et à tomber dans les vapes lui aussi, attaché d'ailleurs par les poignets à un petit lit. Si l'on ne compte pas son ronflement, il ne causa plus de soucis à la doyenne. Celle-ci, pensive, ne trouva le sommeil que plus difficilement, aussi bien qu'elle resta éveillée une bonne moitié de la nuit. Elle souhaitait éviter à son disciple de tomber dans un cercle de la haine comme celui qui l'avait corrompue par le passé mais, d'un autre côté, elle admirait sa résolution et savait que se mettre en travers de son chemin n'était pas la bonne solution. Pour le moment, elle resterait en retrait, le laisserait prendre les décisions que ses passions lui indiquaient et ne serait que le bras armé qui le défendrait. En revanche, si cela venait à nuire à l'investigation ou à ses projets futurs, il lui faudrait recadrer le gamin.

Le matin venu, ils quittèrent leur cachette en laissant Burai derrière eux. "Mène moi à Junko", dit simplement la doyenne en réponse à la requête de son élève. La suite fut des plus étranges pour cette femme qui n'avait plus connu la chaleur humaine ni même l'inquiétude ou la compassion depuis des décennies, depuis que son dernier enfant avait quitté ce monde. L'adolescent la prit dans ses bras, se serra à elle et, ainsi, elle put sentir toutes ses peurs, ses craintes, sa colère et sa haine. Elle ferma son étreinte sur son dos d'un mouvement maternel, qui signifiait au garçon qu'elle le comprenait et qu'elle l'aiderait. En cet instant, elle se rendit compte de l'horreur de la situation : elle était attachée à lui comme une mère et pourrait souffrir pour lui, alors même qu'elle s'était persuadée depuis leur rencontre qu'il serait le seul à souffrir pour elle, qu'elle l'utilisait pour ses plans, qu'il ne représentait rien à ses yeux. Au contraire, il représentait tout. Elle avait besoin de lui, et elle avait besoin de lui en forme.

Il était à peine huit heures quand le duo se présenta devant la porte de Junko. Sanada fut celui qui s'occupa d'expliquer la situation à l'experte des illusions et à lui demander ses conseils. Il lui parla de la musique qui avait été entendue dans le quartier et la questionna sur les pratiques de genjutsu sonores qu'elle pourrait connaître ; et, le cas échéant, si elle connaissait des illusionnistes suffisamment puissants dans le village pour utiliser de telles techniques. Mifuyu, quant à elle, resta quelque peu en retrait, debout alors que son élève était assis, adossée à un mur, pensive.

Récapitulatif combat:

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Myōshin Junko
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« Entrez… » D’un geste de la main, la dame indiquait l’intérieur de son humble demeure. Il était encore relativement tôt et elle devait admettre qu’une telle visite la prenait un peu de court, mais il était des gens pour lesquels Junko ouvrirait toujours sa porte. Masamune Sanada et Omura Mifuyu en faisaient partie, bien entendu. Elle n’avait aucun doute sur le fait que, contrairement à d’autres Uzujins, ces deux personnes ne se permettraient pas de la déranger – et encore moins de venir jusqu’à son domicile – si la situation ne le requérait pas. Et, de fait, ses soupçons ne tardèrent pas à se confirmer.
Alors que la jûnin ajoutait deux tasses sur la table basse où un service à thé était déjà disposé, le jeune Masamune explicitait les raisons de leur présence. Rapidement, elle comprit qu’ils n’étaient pas venus boire le thé et prendre de ses nouvelles ; le duo était en mission au sein d’Uzushio et sollicitait son expertise sur une affaire impliquant potentiellement du Genjutsu. Ah, elle devait admettre qu’elle aurait préféré les revoir en d’autres circonstances, mais qu’ils aient pensé à elle la réjouissait déjà bien assez et il aurait été égoïste d’en désirer plus – et certainement mal placé, car il était ici question de la disparition d’une jeune kunoichi du Village, après tout.

Elle laissa le jeune homme s’exprimer jusqu’au bout, sans le couper, mais son esprit travaillait à toute vitesse et son expression s’était figée, sourcils froncés. Malheureusement, elle ne pouvait pas tirer grand-chose de ce qu’il relatait. Se mordillant la lèvre inférieure nerveusement, elle finit par trancher : « Votre intuition est bonne, il est effectivement possible qu’il s’agisse d’un Genjutsu. D’autant plus s’il s’agit d’un fait inhabituel pour un tel quartier… Mais difficile d’être catégorique, cependant. Quant à déterminer la nature exacte d’une telle illusion, à moins d’aller moi-même sur le terrain, je ne peux guère vous aider dans l’immédiat. » De fait, entendre une musique était une chose, mais déterminer à partir de là les effets de l’illusion était impossible. Souvent, les utilisateurs de Genjutsu adaptaient leurs illusions à la situation, et il existait peut-être autant de variantes d’une même illusion que de shinobis capables de la créer. En outre, la musique pouvait être le déclencheur de l’illusion, entraînant d’autres effets sur tous ceux qui l’entendraient, tout comme elle pouvait constituer l’illusion elle-même, servant par exemple de diversion. Tout en expliquant cela, Junko leur assurait cependant que, s’ils le souhaitaient, elle pourrait obtenir de plus amples informations sur les lieux du crime. De fait, elle ne maîtrisait pas seulement le Genjutsu, elle était également douée pour détecter le chakra et s’il subsistait des traces de la technique, elle les verrait et serait rapidement fixée sur ce qui s’était passé.

Finissant son breuvage, elle poursuivit : « Pour ce qui est de votre seconde question… Encore une fois, difficile de donner une réponse catégorique. Une illusion de zone, si elle nécessite une bonne maîtrise du chakra, peut être suffisamment basique pour que n’importe qui puisse la mettre en place. Même si, en pratique, un novice en la matière multiplierait les erreurs, rendant son illusion rapidement bancale… » Elle réfléchissait presque à voix haute, à présent, car le problème que lui posait le duo n’était vraiment pas simple. Se rendant compte qu’elle n’était pas d’une très grande utilité, elle s’excusa. Elle aurait aimé en faire plus, résoudre pour eux ce mystère, mais elle avait l’impression de l’épaissir. Fouillant dans ses souvenirs, elle tentait d’apporter quelques ultimes renseignements : « Je ne connais pas tous les utilisateurs de Genjutsu d’Uzushio, mais parmi ceux qui ont une bonne réputation… Vous devez peut-être connaître Shun, mon élève. Ogi Yajiro, également, même s’il se fait discret. Oh, et je crois qu’il y en a un chez vous… Ah, son nom m’échappe ! » Elle s’était tournée vers Mifuyu, comme elle se souvenait à présent avoir entendu quelques rumeurs au sujet d’un des membres de son clan. Cette dernière voyait-elle de qui elle voulait parler ?

Dans tous les cas, elle ne pouvait guère leur apporter plus d’informations en l’état ; à eux de voir si cela leur suffisait ou s’ils souhaitaient qu’elle poursuive l’enquête, en allant sur place.

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Masamune Sanada
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Ft Mifuyu



Dans le salon décoré avec le goût et l'élégance qui caractérisait le Dame, comme l'appelait Sanada en son for intérieur, le jeune homme pouvait à peine avaler le thé pourtant excellent qui leur avait été servi à leur arrivée.
La gorge nouée, il écoutait de toute son âme les hypothèses de la spécialiste de l'art des illusions.

Sanada n'avait pas besoin d'être certain, il voulait juste que la possibilité d'une telle illusion puisse exister.
Avec la confirmation de Junko, il n'avait plus aucun doute. Lui qui n'avait jamais cru au hasard ni à la liberté, avait été amené à réfléchir sur ses questions grâce à l'érudite, mais cette fois-ci, trop d'éléments concordaient dans le sens d'une machination.
L'arme disparue, les signes de poison dans le corps de Mahina, la marque dans le cou, le trafic humain.

Sanada ne doutait plus de l'assassinat de celle qui fut un temps sa bien-aimée, pour ne pas que le village empêche les cieux de se venger au travers de leur serviteur, le genin était bien décidé à foncer tête baissée dans les entrailles de la ville.

Après les salutations d'usage, il se promit de repasser voir la dame après la mission. Il aimait les moments studieux qu'il passait avec elle, son intelligence et sa culture lui rappelait sa mère, bien que, heureusement pour lui, Junko se faisait bien plus aisément comprendre.

Après un dernier sourire sincère, il enfila sa capuche et repartit à pas vif dans les rues détrempées de la cité marchande, la Sorcière couverte par un élégant parapluie à ses côtés.

En chemin, il regarda subrepticement l'Omura. Certes quelque chose de plus gros que l'assassinat de Mahina se tramait et cela devait l'intéresser autant que lui, si ce n'est plus concernant le trafic de corps. Mais, sans savoir tout cela, par sa simple demande, elle était venue l'aider. Sans poser de questions ou interroger son intelligence qui aurait pu être diminuée par la passion vengeresse, elle l'avait suivi, et voilà maintenant qu'elle s'apprêtait à laisser la justice divine s'abattre sur ses ennemis.

Sanada ignorait encore que les ennemis de la Sorcière étaient liés à cette affaire, il ne savait pas encore que ce qu'ils allaient au-devant d'une série d'événements inédits au sein du village. Il ne savait pas qu'en pénétrant dans ses tunnels odorants, il déclarait une guerre ouverte à Gendo Omura.

Mifuyu et son élève arrivèrent dans la rue qui avait porté le corps inanimé de la Miyamoto.

Ambiance:

Ils remontèrent lentement la chausée longeant les maisons soigneusement fermées pour épargner à ses habitants les rafales de vent et de pluie qui s'abattait ce jour-là encore. À quelques centaines de mètres du lieu du crime, une simple grille de bronze marquait la frontière entre la ville et ses entrailles.

Soulevant la partie centrale destinée à l'accès pour le personnel, le jeune homme sauta le premier dans le bourbier puant.

L'atmosphère y était encore plus pesante que dans son imagination, malgré les parois assez larges pour y faire entrer plusieurs hommes de concert, l'air y était vicié, plus que les déjections de la civilisation, l'odeur du péché hantait ces briques.

Les pas dans une eau qui arrivait aux genoux du genin était difficile, la pluie incessante ces derniers jours avaient fait monter le niveau, et même sur les rebords surélevés, les getas trempaient dans un liquide souillé.

À mesure qu'ils avançaient le bruit de la pluie, la couleur grise du ciel, la réalité du monde de la surface s'effaçait au profit d'un univers encore inconnu du jeune homme.

S'il avait su à ce moment que, comme Mahina, il n'allait pas ressortir de cet endroit comme il y était entré, qu'il allait être changé pour le reste de ses jours par l'expérience qu'il allait vivre et subir au sein de ces enfers, aurait-il continué à avancer d'un pas si décidé ?

Pour le moment, encore innocent et humain, trop humain, il se laissait guider par sa colère et sa passion vengeresse.

Chaque pas les rapprochait des découvertes de l'épéiste, il en était certain.

Quand, au détour d’un virage, il entendit un vague bruit suspect et aperçut un tuyau tranché net, sans doute par une lame, il jeta un regard à celle qui allait le faire renaître, à celle qui avait sa fidélité et son respect pour toujours, et enfila son masque rituel.

Ici-bas, les cieux étaient les rues pavés du village. Jamais, Sanada n’avait été aussi loin du ciel, et pourtant, jamais il ne s’était senti aussi proche des dieux.

Avec la Sorcière, ils allaient accomplir la volonté divine. Ils allaient détruire les enfers en y apportant un feu encore plus ardent que celui qui brûlait en son sein.

Ils se prenaient pour des démons ?

Ils allaient avoir affaire à des £egoks.

Récapitulatif combat:
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Ambiance :

La chirurgienne resta silencieuse, laissant tout le soin à son élève d'expliciter la situation et accordant toute son attention à la réponse de la Dame, qu'elle n'osait interrompre tant l'affaire était sensible. Cette dernière leur confirma la possibilité de l'hypothèse d'un genjutsu, bien qu'elle ne pût y mettre aucune certitude, n'étant pas allée sur les lieux. Mifuyu estimait qu'il n'y avait pas besoin de la déranger davantage car elle avait l'intime conviction que cela était bien le fait d'un maître illusionniste, qui avait ainsi détourné l'attention de tout un quartier pour y commettre son odieux méfait, le meurtre de la petite Mahina. Les détails importaient peu à la doyenne qui, de toute façon, était loin d'être une spécialiste en la matière ; pourtant, une information, capitale, retint toute son attention. Bien que Junko resta laconique à ce sujet, la liste des suspects précisa ses soupçons, peut-être infondés, sûrement liés à sa paranoïa grandissante à l'approche de sa confrontation avec le reste de sa famille. Elle ne voyait pas Shun comme capable d'une telle atrocité, restait alors Ogi Yajiro, dont elle avait entendu parler, mais qu'elle ne connaissait pas plus que cela et, de manière légèrement plus problématique, la mention d'un Omura. Il était évidemment trop tôt pour se lancer dans des accusations hasardeuses, toutefois il fallait avouer que les faits pointaient tous dans la même direction : un potentiel trafic de corps humain, une organisation agissant dans les égouts et, pour finir, le talent d'un des rejetons de Gendo – elle ne se souvenait plus duquel – dans l'art de l'illusion. Car oui, cet Omura, bien qu'elle ne le connaissait pas, elle savait qu'elle en avait déjà entendu parler et qu'il était intimement lié à son plus grand rival.

Toute cette machination se précisait dans sa tête. Attisée par sa rage d'avoir été humiliée par Gendo, ainsi que par sa volonté de le détruire, ce qui n'était originellement que des soupçons se transforma bien vite en certitude dans l'esprit voilé de la Sorcière. Tout cela était le fait de Gendo et serait l'occasion pour elle de le sortir définitivement de la course.

A ce stade, il était inconcevable de s'en remettre aux autorités : elle n'avait aucune preuve et, qui savait si dans son enquête, elle ne serait pas mise face à des éléments qui la compromettraient également ? Il lui fallait être prudente, car dorénavant, cette mission pour Mifuyu n'avait plus rien à voir avec la petite Mahina, pauvre adolescente disparue, mais regroupait au contraire tous les éléments nécessaires à la déclaration d'une guerre.

Le duo laissa bientôt la Jonin tranquille après l'avoir saluée et remerciée amicalement. Décidemment, cette femme était bien l'une des rares personnes au village que l'Omura appréciait. Dehors, la pluie s'était encore intensifiée, le vent se levait et l'air gris du matin n'avait pas encore disparu. Les deux Uzujin marchèrent côte à côte, lui couvert de sa capuche, elle protégée par sa nouvelle ombrelle, noire, ornée du symbole de son clan tissé de fils rouges en son sommet, à la différence de ses tenues toujours blanches. Ensemble, ils rejoignirent bientôt l'allée où avait échoué le corps sans vie de Mahina, l'amante de Sanada ; non loin de là était située l'une des entrées aux entrailles de la ville. Ensemble, toujours, ils s'engouffrèrent vers les ténèbres, ignorant ce qui les y attendait.

Ce qui fut le plus dur à supporter pour la Sorcière, ce n'était pas l'odeur ; une médecin comme elle, ayant tué des centaines d'ennemis et arpenté des dizaines de cimetières de clan, avait eu son lot d'odeurs fétides et, du haut de toute son expérience, elle pouvait affirmer sans nul doute qu'il n'y avait pas pire odeur que celle de cadavres en décomposition ; la somme des excréments du village, à côté de cela, n'était pas grand-chose. Non ce qui fut plus dérangeant pour elle, était la hauteur de l'eau, qui, de par sa petite taille, lui arrivait presque au niveau de la taille. Avancer dans un tel bourbier n'était pas une chose aisée et, visiblement, Sanada éprouvait les mêmes difficultés. Venait ensuite la saleté. L'idée de couvrir sa blouse blanche de sang ne la dérangeait pas quand c'était pour la science, mais se couvrir de déjections n'était pas une chose que l'on enseignait aux jeunes Omura, même ceux de sa génération. L'atmosphère sombre, enfin, en rajoutait encore à l'oppression que le duo pouvait ressentir dans ces canaux lugubres, alors même qu'ils semblaient pourtant y être seuls, exception faite des centaines de petits rongeurs qui grouillaient le long des tuyaux.

Bientôt, ils arrivèrent sans le savoir à la porte de l'enfer, ou plutôt de leur enfer. Un petit bruit d'abord attira leur attention et porta leur regard vers un tuyau qui avait été tranché d'une coupe franche, de la main d'humains, sans doute pour y créer un passage. La Sorcière capta immédiatement le regard vengeur de son élève et hocha la tête pour lui confirmer ce qu'il savait déjà : il leur fallait aller là-dedans. Tandis que l'adolescent enfilait son masque, la chirurgienne, par un geste étrange, sortit à nouveau son ombrelle, comme si ce simple bout de tissu noir et opaque pourrait les protéger des atrocités qu'ils y trouveraient.
Des atrocités, tout du moins, pour le commun des mortels. Quand il en venait à Mifuyu, elle était pratiquement certaine qu'elle ne rencontrerait pas plus grosse monstruosité qu'elle-même dans ces boyaux.

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Égouts


Aussi certains que Mahina quand elle était entrée dans le boyau, Sanada et Mifuyu venaient également de prendre un grand tournant sur le chemin du destin. Peut-être une volonté supérieure avait décidé de les amener ici? Combien de chances y avait-il pour que la petite fouine refroidie quelques dizaines d'heures plus tôt n'attire le disciple de la plus grande ennemi de Gendo, amenant la senseï à mettre son nez dans les affaires de la Main. Et quelles affaires...

Devant eux se dressaient de grands tubes de verre intégralement vides. Ceux-ci étaient reliés à une sorte de machinerie complexe qui se faisait démonter par des opérateurs bien trop pris dans leurs affaires pour remarquer la présence des deux shinobis. Interdits devant l'étrangeté de l'endroit, Mifuyu et sa disciple pouvait cependant être certains que l'endroit n'avait pas grand chose de légal. Et la Sorcière devait par ailleurs se douter plus ou moins de l'endroit sous lequel ils se trouvaient. Le Kagaku no Shinden, le domaine de Gendo. Voici donc qu'ils étaient dans un de ses laboratoires secrets. Au coeur du village. Une information très sensible entre de mauvaises mains. Entre les siennes? Une information mortelle.

Cela dit, malgré tous ces éléments et l'éclairage désagréable du lieu, un frisson de plus vint leur parcourir l'échine. Si les opérateurs travaillaient si calmement, c'est qu'un plan de contingence des plus stricts avait été mis en place. Et que l'équipe de sécurité avait, jusqu'ici, éliminé tous les intrus, principalement des vagabonds, qui avaient pénétré le lieu. Le hic cette fois-ci? La signature de chakra d'une des deux présences. Un ninja expérimenté.

Un doux tremblement de plaisir parcourut le corps de Kurima tandis qu'elle reconnaissait la source de cette énergie si dangereuse. La Sorcière. Il était trop tard pour partir. Les deux "jeunes" individus venaient de se jeter dans la gueule du loup. Avant qu'ils ne puissent agir, une voix résonna dans leur dos.

"Bienvenue à vous."

La surprise était totale. Comment quelqu'un avait-il pu se glisser si près d'eux. Kei se tenait dans l'embrasure du cylindre, bloquant totalement l'accès vers la sortie. Impeccablement vêtu d'un costume noir, il était l'image même de la simplicité et du danger. Un regard sévère, une mine froide. Dans son dos, Kurima, sa sœur, sensuellement vêtue de bleu, éventails acérés flottant devant son joli minois, souriait doucement en faisant de l'œil à Sanada.

Kei & Kurima:

Les enfants de Gendo n'avaient nullement l'air d'enfants de choeur. Pour le coup, Sanada devait possiblement se sentir oppressé et Mifuyu, cherchant sans doute une autre sortie, ne pouvait pas louper Zheng et Banyu arrivant de l'autre côté de la pièce, escortés par une douzaine de shinobis en formation, armés de sabres courts et tous vêtus de noir.

"Je crois que quelques présentations s'imposent Mifuyu-dono. Je m'appelle Kei."

Quelques secondes passèrent, laissant la petite troupe progresser de l'autre côté du laboratoire. Sanada pouvait désormais distinguer clairement la lame dans le dos de Banyu qui le regardait d'un large sourire derrière son masque. La situation ne leur était pas favorable et nul doute que deux vies pouvaient être prises aujourd'hui. Accompagnées d'autres probablement. Mais était-ce vraiment raisonnable?

"Gendo-sama souhaiterait, si vous le souhaitez bien, avoir une petite conversation avec vous. Vous pouvez laisser votre jeune protégé entre nos mains. Nous en prendrons soin."

Il allait de soi que ce souhait était plus une main forcée qu'autre chose. Mifuyu avait-elle le choix? La situation devait la rendre furieuse mais rien n'était laissé au hasard. Se tirer d'ici ne serait pas une maigre affaire. Peut-être allait-il falloir user de sa langue au lieu de ses muscles? L'avenir nous le dira.

Que de rebondissements mesdames et messieurs. Le boyau emmène nos deux protagonistes dans une embuscade menée d'une main de maître par deux la Main. Deux options possibles, la victoire ou la mort. Non, je rigole. Une option parlementaire est possible. Cela dit, Sanada devra être laissé entre les mains des gentils gardes du domaine voire de la Main... Le choix est entre les mains de Mifuyu. Et celui de la suite? Dans le prochain épisode.
         
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Ft Mifuyu



La pièce qui se dévoilait devant leurs yeux avait quelque chose d'étrangement familier pour Sanada. Les longs cylindres de verres reliés par des dizaines de câbles lui rappelaient le laboratoire clandestin de Fusuke, le génie scientifique tué des mains de la Sorcière. Sans nul doute, ils avaient devant eux un laboratoire Omura, et par en juger le regard de Mifuyu, c'était un labo clandestin.
Plusieurs secondes, ils restèrent ainsi, immobiles, observant les employés qui démontaient tranquillement le laboratoire comme s'ils n'avaient pas à se soucier des deux uzujins.


- Bienvenue à vous.


Sanada et Mifuyu n'étaient pas dotés du don de senseur, ils furent donc surpris par l'arrivée d'un homme assez grand et fin, les cheveux noirs et un peu gras tombant sur ses joues émaciés. L'homme semblait impassible, pas une once de surprise ne traversait son regard glacial. Derrière lui, une jeune femme contrastait totalement avec l'austérité de l'homme. Vêtue d'un ensemble de lanières de cuir et de soie bleue, sa tenue laissait entrevoir des formes dignes d'une déesse. Même masquée, elle semblait resplendissante. Elle joua de ses éventails à la manière d'une geishas qui cherchait à plaire à Sanada, jouant de poses aguicheuses qui dévoilaient sa plastique.

Sanada n'avait pas besoin des explications de la Sorcière pour comprendre que tout cela n'était pas bon pour eux. Quand deux autres "gardiens" de ce domaine apparurent accompagnés d'une dizaine d'individus vêtue de noir et armés de ce qui semblait être une réplique d'un wakizashi, les prières intérieures de Sanada cessèrent pour faire place à une réflexion biaisée par la peur et la rage.
La femme avait un masque noir et doré qui lui couvrait le visage à l'exception des yeux, d'un bleu perçant. De simples bandages couvraient partiellement ses pieds nus, à la ceinture, on pouvait aisément observer deux magnifiques dagues qui semblaient sœurs. À côté, un colosse portait un masque de Oni, démon religieux. Mais ce n'est pas ce blasphème qui fit exploser le cœur du soldat des Cinq. Derrière son dos, fermement tenue par sa main d'une taille impressionnante, gisait le nodachi de Mahina.

Dans le large tuyau, Sanada observa le voleur les contourner pour bloquer une éventuelle sortie. S'ils voulaient fuir, ils n'avaient plus qu'un seul choix, rebrousser chemin. La destinée, pourtant, allié à l'arrogance du fils de l'orage ne prit pas ce chemin.

Sanada ne voulait qu'une chose, tous les tuer. Il se savait presque condamné face à autant d'adversaires et si la Sorcière était sans doute l'une des shinobis les plus puissantes du Sekaï, il n'était pas certain qu'elle puisse massacrer tout un régiment de shinobis à elle toute seule. Pourtant, malgré la lucidité dont faisait étrangement preuve son esprit, sa détermination y était étanche. Non seulement ces personnes avaient fauté envers le village, mais plus encore, la détermination des cieux à les mettre sur son chemin ne prouvait qu'une chose. Les cieux exigeaient une punition divine. Ce n'était pas juste une affaire de vengeance, non, c'était une guerre sainte qu'ils avaient déclarée.

- Je crois que quelques présentations s'imposent Mifuyu-dono. Je m'appelle Kei.Gendo-sama souhaiterait, si vous le souhaitez bien, avoir une petite conversation avec vous. Vous pouvez laisser votre jeune protégé entre nos mains. Nous en prendrons soin.

Sanada se mit à pleurer derrière son masque, s'effondrant à genoux et tenant l'épaule de la sorcière comme pour se maintenir debout. Il n'avait pas besoin de faire semblant, non. La rage qui brûlait ses entrailles, la vendetta qui creusait le trou en lui étaient assez douloureuses pour laisser couler un flot de véritables larmes. Il n'avait qu'à se laisser aller pour cela.

- Mifuyu-sama, laissez-moi donc avec eux, nous n'aurions jamais dû creuser cette enquête. La rage qui brûlait ses entrailles, la vendetta qui creusait le trou en lui étaient assez douloureuses pour laisser couler un flot de véritables larmes. Désolé.... Dit-il en serrant fort l'épaule de son mentor. Tout en pleurant, il tentait d'observer l'emplacement exact des quelques tubes de verre qu'il restait. Désolés, car en attaquant cette jeune fille, vous avez commis l'irréparable, non seulement contre ce village, mais contre nous.Désolés comme un décor désertique. Désolé comme le sera bientôt cette pièce.

Sanada concentra son chakra ranton promptement pour ne pas éveiller les soupçons de ceux qui le voyaient éploré. En se relevant, il concentra toute la rage qu'il avait accumulée et lança un front nuageux.

La formation opaque et parsemée d'éclairs d'une couleur d'or emplit tout le tuyau pour s'élancer vers ses cibles. Le ranton avait l'avantage de couvrir de larges zones et sans nul doute, cette technique en lieu fermé allait être efficace. Comme il l'avait appris et pratiqué des centaines de fois, il retint une partie de ce nuage opaque pour créer un brouillard d'orage tout autour de lui et de la Sorcière.

Ainsi, si tout le monde était aveuglé, le duo avait l'avantage de la surprise. Sans attendre, Sanada attrapa un kunaiaffublé d'un parchemin explosif dans chaque main et les jeta dans cet épais voile foudroyant qu'il venait d'invoquer.

Il espérait pouvoir toucher les tubes et les faire exploser. Tout en priant, il incanta la formule explosive et sentit le souffle traversé le nuage opaque. Il regarda son mentor avec un sourire, s'il devait mourir aujourd'hui, il en aurait été fier. Plus qu'un mentor, Mifuyu était devenu une mère. Savait-il à ce moment qu'elle allait effectivement le faire renaître ? Non. Et il n'en avait pas besoin pour l'aimer profondément.

Le jeune homme invoqua un clone d'orage, qu'il lança à l'aveugle en direction de ses ennemis.
Le nuage était douloureux, il en était sûr. La réplique allait sans doute être aussi radicale que son amorce, mais il se sentait prêt.
Ces démons devaient comprendre que les conventions et les pourparlers n'étaient pas pour ce duo. L'heure des négociations était révolue depuis des lustres.

Ils avaient déclaré la guerre, et ils s'attendaient à pouvoir discuter autour d'un thé. Qu'ils en sortent triomphant avec le cadavre de Sanada en trophée ne lui importait que peu à ce moment. Il fallait qu'ils comprennent que s'attaquer à eux n'étaient pas s'attaquer à une vulgaire bande de shinobis.
La radicalité faisait partie de leur nindo, s'échapper de la condition humaine pour embrasser l'animal était leur voie, un prédateur ne parlementait pas avec un rival qui avait attaqué sa meute, il mordait.

Jusqu'au sang.

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Fleur fanée

Avec Sanada

La Sorcière releva légèrement son ombrelle pour découvrir son environnement. Sa tête basculait à toute vitesse dans toutes les directions, absolument épatée par la découverte qui s'offrait à ses yeux. Elle n'avait aucun doute sur la nature de cet endroit. Un laboratoire secret. Un laboratoire Omura, comme elle en avait arpenté des dizaines, caché au cœur même d'Uzushio, invisible pourtant pour la surface. Pas n'importe quel laboratoire, cependant. Si son intuition était juste, au vu du chemin qu'ils avaient pris, ils se trouvaient sous le domaine Omura. Il se trouvait sous un domaine particulier, où elle avait bu un thé chargé de la plus grande tension quelques semaines seulement auparavant. Le Kagaku no Shinden. Ce ne pouvait être une coïncidence : c'était le laboratoire de Gendo. Ah ! Si seulement elle parvenait à en extraire une preuve, elle pourrait le détruire, l'écraser aux yeux de Leiko et du Senkage ! A elle, la puissance. A elle, le pouvoir.

Vite, il fallait agir vite ! Déjà les petites mains de son rival vidaient les lieux sans se soucier d'eux. Ils avaient peur qu'on les démasque, qu'on les piège, et à juste titre. Il fallait se montrer plus malin qu'eux. Qu'est-ce que Gendo avait bien pu garder dans ces immenses tubes de verres ? Elle avait besoin de cette réponse, tant pour son plan que pour sa curiosité de scientifique. Gendo était-il allé plus loin qu'elle dans ses découvertes ? Non, impossible.

Le duo restait interdit devant cet impressionnant spectacle. Malgré le danger, leur concentration avait été ailleurs l'espace de quelques petites secondes, toutefois cela avait été suffisant pour que leurs ennemis les encerclent. Quand la voix grave résonna en elle, "Bienvenue à vous", la Sorcière sentit un frisson lui parcourir le dos. Ils étaient en plein dans la gueule du loup, en plein dans la bouche de l'enfer. Ils s'en étaient doutés, évidemment, et était entrés de leur plein gré malgré tout, n'empêchait que cela faisait un petit effet, d'être si proche d'un danger que l'on savait mortel.

Deux des enfants de Gendo étaient là. Et ils étaient armés. Derrière, deux autres de ses sbires leur coupaient la retraite, accompagnés d'une bonne douzaine d'ennemis supplémentaires. Le masque de l'homme était particulièrement menaçant. "Merde" ne put retenir Mifuyu en regardant son élève. Heureusement, elle se savait plus menaçante encore. Elle les observait, longuement, un par un, et détaillait leur apparence. Le danger, se disait-elle, résidait principalement dans les enfants de Gendo. Si seulement elle parvenait à en attraper un, juste un, et à le tirer par la peau du cul jusqu'au bureau du Kage… que dirait-il, hein ? Ne serait-il pas obligé de lui faire confiance ? Devant la présence d'un laboratoire clandestin en plein village, mené par Gendo et qui ne pouvait assurément pas être ignoré de Leiko – du moins, il suffirait de le lui faire croire – ne verrait-il pas que Mifuyu était la seule à être restée fidèle au village ? Certes, la vieillarde avait quelques obsessions malsaines, mais n'était-elle pas un moins grand mal, comparée aux deux autres monstres qui détenaient le clan médecin entre leurs mains corrompues et tâchées du sang de leurs cobayes ?

La Sorcière fut ramenée à elle, à l'urgence de la situation, par la main pesante de son élève, appuyée sur son épaule. Il se tenait presque sur le sol, visiblement mu par l'émotion – mais était-ce la crainte, ou la colère ? Elle avait sa petite idée, toutefois elle espérait que cela ressemble à une marque de désespoir aux yeux de leurs ennemis. Elle, n'était pas dupe. Elle connaissait trop bien Sanada et la rage qui l'habitait pour savoir qu'il ne pleurnicherait pas de peur, pas quand s'offrait à lui l'occasion de venger la mort de Mahina.

Quand il parla enfin, la tension monta d'un cran dans la salle. Alors, comme pour compléter ses paroles, Mifuyu conclut :

- Ce serait un plaisir de converser un peu avec ce cher Gendo. Je pourrai ainsi lui dire que je n'aime pas du tout ses méthodes. Peut-être que si je lui apportais vos têtes en trophées avec, il comprendrait mieux. Non ?
demanda-t-elle finalement.

Elle laissa Sanada commencer. Il avait le pouvoir de manipuler les éléments, d'attaquer à distance et en grand groupe, aussi son attaque servirait de bonne diversion. Pendant ce temps, l'experte en combat rapproché pourrait les détruire un par un. Après avoir mémorisé la position de tout le monde, elle baissa simplement son ombrelle et profita des violentes détonations déclenchées par l'adolescent pour s'élancer dans le brouillard ambiant avec une vitesse fulgurante. Elle comptait sur un triple effet de surprise : le nuage, les explosifs et, enfin, sa vitesse inhumaine. En arrivant proche du premier ennemi, qui était le colosse au masque démoniaque, elle sortit rapidement un tanto du manche de son parapluie et tenta de le taillader sur la route, avant de rapidement passer à la cible suivante, la fille qui l'accompagnait, puis les quelques péquenauds qui les accompagnaient et, enfin, le gros lot, Kurima, puis Kei.

Elle s'arrêta sur ce dernier, pour la simple raison qu'il avait eu le malheur d'être celui qui parlait. Elle n'avait pas apprécié son air supérieur, sa petite démarche altière et son sourire en coin. Il méritait une grande punition. Alors, aussitôt qu'elle avait fini son premier assaut, elle mit toute sa colère, toute la noirceur de son âme dans son épée courte, imaginant toutes les tortures qu'elle désirait faire subir à ce petit prétentieux, toute la souffrance qu'elle voulait qu'il ressente, jusqu'à le voir tomber à ses pieds, la bouche remplie de son sang pourri, qu'il l'appelle à l'aide, qu'il l'implore, qu'enfin, dans un ultime espoir, lui promette de se retourner contre son père et, alors, qu'elle le transperce de la mâchoire jusqu'au sommet du crâne avec sa lame ensanglantée. Elle voulut le planter en plein torse, espérant lui faire les plus gros dégâts possibles sur ses points vitaux. En parallèle, et pour prévenir l'arrivée de sa sœur, qui finirait sans doute par la retrouver malgré la présence de cet épais nuage, elle lança trois senbon dans sa direction. Elle voulait la clouer au sol.

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Uzugakure no Sato
Laboratoire secret de la D.A.P.H.U


La demande impérieuse de Kei n'avait pas été suivie. Soit. Après tout, s'ils ne voulaient pas écouter la demande de Gendo-sama, sans doute préféreraient-ils s'amuser avec eux un moment. La vue de la lame de Mahina avait dû faire un choc au divin disciple. Et pourtant... Il aurait peut-être pu attendre de voir ce que sa senseï allait faire avant d'agir. Non? Cela ne paraissait pas dénué de bon sens en tout cas. Pas pour un ninja. Mais étaient-ils toujours des ninjas? A les avoir réagir, on eut vite pensé à des bêtes enragées. Leur réponse était pourtant construite, rapide et, potentiellement, mortelle.

Le brouillard sembla surprendre un instant les douze ninjas vêtus de noir et le front orageux en déstabilisa plus d'un. Pire, ceux-ci, en plus d'être blessés par la foudre, lâchèrent leurs lames et reculèrent de quelques bonds. Une bonne nouvelle pour Sanada. Vraiment? Ce repli apparent était bien entendu une manière de temporiser les assauts du jeune homme pour trouver un contre à son Ranton auquel ils n'étaient pas préparés. Sanada avait affaire à une troupe rompue au combat. A leurs mouvements, ils étaient peut-être plus lents que lui ou peu connaisseurs du dangereux orage mais ils avaient pour eux le nombre et l'expérience. Et Banyu. Et Zheng. D'ailleurs, ces deux-là étaient de parfaits opposés. Là où Zheng était sortie du nuage pour aller se poster sur un des tubes en verre, Banyu avait encaissé de plein fouet l'attaque et, au lieu de hurler de douleur, venait d'éclater d'un rire inquiétant. Les kunaïs? Quels kunaïs? Il avait pu dévier le premier mais Zheng, en mouvement, n'avait pu arrêter le second qui venait de faire sauter un des longs tubes en verre, répandant au sol une sorte de mélasse hideuse. Elle resta cependant impassible et regarda d'un sourire Banyu trancher Sanada d'un violent mouvement de bras. Un de moins. Voilà ce qu'elle avait cru. La décharge qui s'ensuivit paralysa le Dévoreur un instant, le laissant de nouvelle fois éclater dans un rire dément. Son bras droit hors-service, il empoigna la lame de Mahina de sa main gauche et sortit du nuage en direction des tubes de verre. Il était certes fou mais pas idiot. Le Masamune venait de leur jouer un mauvais tour et, à voir les blessures qui venaient de s'ouvrir sur certains des douze hommes de l'escouade d'intervention et sur le bras engourdi de Banyu, la Sorcière venait de passer à l'oeuvre aussi. Zheng était inquiète. Leur force de frappe était certes écrasante mais à aucun moment elle ne s'était attendue à une telle résistance. Perchée sur son tube, elle cherchait du regard la Sorcière. Il suffirait d'une ouverture et elle ramènerait son corps froid à Gendo.

A quelques mètres de là, dans le nuage, la Sorcière continuait ses mouvements avec une précision d'horlogère. Sa dernière cible? Kei. Etait-ce une erreur là encore? Sans doute pas. Il était clairement le chef du groupe et sa présence froide laissait dégager une aura de prédateur que Mifuyu n'avait senti que chez de puissants ninjas. Kurima, de son côté, était excitée à n'en plus pouvoir. Un long frisson de plaisir parcourut son corps tandis que la scène se déroulait sous ses yeux. Le signe de tête de son frère fut ce qu'elle attendait. Elle savait ce qui allait se passer. Kei était prêt à en payer le prix de toute manière.

La rapidité de Mifuyu était telle qu'il faillit manquer son coup. Tandis que Kurima dansait sensuellement en envoyant une violente bourrasque de vent souffler le nuage noir, Kei sentait filer vers lui l'intense et meurtrière aura de Mifuyu. La lame aurait pu lui être fatale. Elle l'aurait été pour bon nombre de ninjas. Mais il était Kei, fils adoptif de Gendo Omura. Mourir ainsi ne lui aurait pas valu les louanges de quiconque, surtout pas de son père. Là où sa sœur réussissait en séduisant avec malice et volupté, il impressionnait par sa perfection, sa capacité à atteindre les résultats qu'il attendait sans difficultés, du moins en donnait-il l'impression.

Le timing était impeccable. La Sorcière ne pouvait pas le savoir. La lame fila vers lui à une vitesse folle. Il raidit son corps et se gaina tandis que l'acier filait vers un de ses points vitaux. Sa main manoeuvra alors à une vitesse folle, déviant le bout de la dague vers sa chair, son épaule pour être plus précis. La lame s'enfonça alors dans les tissus, laissant jaillir le sang. Mifuyu avait même pu entendre un petit bruit métallique tandis que la lame passait sur la main de Kei. D'un rapide coup d'oeil, elle put voir un poing américain aux rebords plats sur les phalanges de l'homme. Il avait dévié le coup de la paume. Tandis que le vent de Kurima soufflait les nuages plus loin dans le laboratoire, laissant deviner les tubes de verre, Kei darda un air satisfait sur Mifuyu, la lame encore plantée dans sa chair.

"Dieu merci... Vous êtes arrivé à temps, Gendo-sama et..."

D'un air las, il se laissa choir à genoux tandis qu'émergeaient du boyau plusieurs silhouettes. La première, Mifuyu aurait pu la reconnaitre entre milles. Un vieil homme au visage émacié et presque aussi âge qu'elle, presque notons-le. Son supérieur hiérarchique et l'homme qui, depuis trop longtemps, ne cessait de lui mettre des bâtons dans les roues. Elle avait à de maintes reprises discuté avec lui et longtemps ils s'étaient jaugés. Depuis peu, la guerre était déclarée. Progressistes tous deux, ils savaient que seul l'un d'eux emmènerait leurs idéaux scientifiques affronter le monde. Gendo avait décidé que ce serait lui. Et il misait tout sur cette journée. Des décennies à se brimer et à faire croire qu'il représentait l'idéal d'un membre de la faction Ethique. Des journées entières à freiner son désir de faire avancer la science pour débattre dans des comités éthiques. Mais le jour était enfin venu. Son dernier domino venait de tomber. Emergeant de derrière Gendo, la seconde silhouette était connue de la Sorcière également. A vrai dire, c'était sans doute la seule personne en dehors de Leiko qu'elle n'aurait pas imaginé une seconde voir en ce lieu. L'homme semblait calme en apparence mais une aura de rage intense bouillonnait en lui et ses yeux pétillaient d'une intensité peu commune. Connu sous le nom de Meyo Tsuri, l'homme s'avança dans le silence de mort qui planait désormais sur le lieu. Tous l'avaient reconnu. Tous étaient suspendus à ses prochains mots. Qu'allait-il donc faire?

TADAM. Acte III Scène quasi-finale messieurs. Que dire de plus? Vos coeurs s'emballent-ils à la lecture de ces mots? Il me tarde de le savoir. Y aura-t-il une suite? Sans nul doute dans le prochain épisode.
         
Dio mio!:
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